755,1 – Volonté ; Persévérance / Obstination

« Vouloir sans croire que l’on saura vouloir, sans se faire à soi-même un grand serment, ce n’est point vouloir … Ainsi la première vertu est foi, foi en son propre vouloir … C’est en avançant qu’ils trouvèrent des passages (les alpinistes). C’est pourquoi décider d’avance et de loin que les choses feront obstacle au vouloir, ce n’est pas vouloir. Essayer avec l’idée que la route est barrée, ce n’est pas essayer. » (Alain)

Dans l’Antiquité : « était libre celui qui bougeait comme il l’entendait ; le critère était le Je-peux,  non le Je-veux. » (Hannah Arendt)

« Le moi voulant se délecte de lui-même dans la mesure où le Je-veux anticipe un Je-peux ; leur conjonction ravit la Volonté. » (Hannah Arendt)

« Ou bien la volonté est l’organe de la spontanéité libre et brise tous les enchaînements de motivations causales qui pourraient l’entraver, ou bien elle n’est qu’une illusion … La volonté est l’arbitre entre la raison et le désir (de plus alors que la raison révèle ce qui est commun à tous les hommes et le désir ce qui est commun à tous les organismes vivants, seule la volonté m’est entièrement propre) … Face au désir, d’une part, et à la raison, d’autre part, la volonté produit comme ‘une espèce de coup d’état’ selon Bergson. » (Hannah Arendt)

« Ce n’est pas la raison qui est capable de donner des ordres mais la Volonté … laquelle est le grand réalisateur. » (Hannah Arendt – reprenant Epictète)

« La volonté, avec ses projets de futur (elle suppose l’existence d’un temps ‘droit’), défie la croyance en la nécessité, l’adhésion à l’organisation du monde. » (Hannah Arendt)

« Une des grandes caractéristiques de la volonté est de donner des ordres … Si la volonté n’avait pas le choix de dire ‘non’ ce ne serait pas une volonté ; et s’il n’y avait pas en moi de contre-volonté provoquée par l’ordre même, le ‘tu dois’, si ’le péché n’habitait pas en moi’, je n’aurais en rien besoin d’une volonté … ‘C’était moi qui voulais et c’était moi qui ne voulais pas … Ni je ne disais pleinement oui, ni je ne disais pleinement non … Une même âme qui flottait au gré des volontés contradictoires’ … Elle commande ce qu’il faut faire, mais en même temps, par sa liberté, elle empêche ce qu’elle commande … Comment la volonté, divisée à l’égard d’elle-même, atteint le moment où elle devient entière reste un mystère … ‘Vouloir c’est commander … en tout acte de volonté il est une pensée qui commande’. » (Hannah Arendt – citant saint Paul, saint Augustin et Nietzsche)

« La volonté veut toujours ‘faire’ quelque chose et, par conséquent, méprise implicitement le penser pur dont toute l’activité est conditionnée par le ‘ne rien faire’ … Le Je-veux anticipe un Je-peux … Le moi voulant est normalement plongé dans l’impatience, l’agitation, le souci, non seulement parce que l’âme réagit au futur par la crainte et l’espoir, mais aussi parce que le projet de la volonté implique un Je-peux qui n’est nullement assuré … La tension qui en résulte, à la différence de l’agitation assez stimulante accompagnant, à l’occasion, la résolution des problèmes, plonge l’âme dans une espèce de trouble facilement proche du tumulte, mélange de crainte et d’espoir. » (Hannah Arendt)

« Une des grandes caractéristiques de la volonté est de donner des ordres. La raison peut se charger de cette fonction … puisqu’elle s’intéresse à la vérité et que la vérité est contraignante. Mais elle agit par persuasion, non par impératifs … et ses ordres ne sont pas nécessairement suivis. » (Hannah Arendt)

« L’idée de l’éternel retour, puisqu’elle comporte un retour au vieux concept cyclique du temps paraît en contradiction flagrante avec la notion de volonté qui suppose un temps rectiligne et un futur inconnu et, par conséquent, accessible au changement. » (Hannah Arendt)

« Et puisque la liberté est définie par le fait de ne pas être déterminée par des causes externes, seule une volonté libre de tout penchant peut être dite bonne ou libre … Ou bien elle est libre ou bien elle n’existe pas ; elle doit être la ‘cause totale d’elle-même’. » (Hannah Arendt – citant Duns Scott)

« Vouloir et pouvoir ne sont pas la même chose. » (saint Augustin)

« Pour guérir la volonté, il faut réprimer la puissance. » (saint Augustin)

« L’esprit commande au corps, et le corps obéit sur le champ ; l’esprit commande à lui-même et il rencontre de la résistance. » (saint Augustin) – Là, le corps représente le monde extérieur, c’est à l’intérieur du moi, dans la demeure intérieure, que le conflit entre l’homme et lui-même éclate, que la volonté est défaite.

« Vouloir partiellement et partiellement ne pas vouloir : c’est une maladie de l’âme. Celle-ci, soulevée par la vérité, mais entraînée par le poids de l’habitude, ne peut se mettre tout à fait debout. Il y  a donc deux volontés, toutes deux incomplètes et ce que l’une possède fait défaut à l’autre … Ces volontés sont aux prises jusqu’à ce qu’intervienne un choix qui emporte, rassemble et unifie la volonté, antérieurement partagée. » (saint Augustin)

« Il faut que la volonté imagine trop pour réaliser assez. » (Gaston Bachelard)

« Rien n’est impossible à la mauvaise volonté de l’homme. » (René Barjavel)

« Un excellent caractère est toujours un produit de la volonté. » (Anne Barratin)

« L’obéissance est impossible si la liberté n’est pas respectée. L’obéissance est l’exercice éminent et ultime de la liberté, par où l’homme renonce librement à sa volonté propre. Il n’y a pas de plus grand emploi de la volonté que d’en faire don. » (Jean Bastaire)

« A défaut de la volonté de puissance, bien diminuée, et de la volonté de savoir, problématique, il reste partout aujourd’hui la volonté de spectacle (de sauvetage des spectres et des fictions). » (Jean Baudrillard)

« La volonté est piégée par la liberté illimitée qui lui est donnée, et elle y consent par l’illusion d’une détermination propre. » (Jean Baudrillard)

« Le choix est un impératif ignoble.Toute philosophie qui assigne l’homme à l’exercice de sa volonté ne peut que le plonger dans le désespoir … Rien n’est plus fascinant (pour l’un des aspects de notre conscience) que de ne pas savoir ce qu’on veut, d’être délivré du choix. Mieux vaut s’en remettre à quelque volonté insignifiante que d’être suspendu à sa propre volonté ou à la nécessité de choisir … Non seulement les gens n’ont pas envie qu’on leur dise ce qu’ils veulent, mais ils n’ont même certainement pas envie de le savoir, et il n’est même pas sûr qu’ils aient envie de vouloir … La masse sait qu’elle ne sait rien, et elle n’a pas envie de savoir. La masse sait qu’elle ne peut rien, et elle n’a pas envie de pouvoir … Tous les médiateurs (politiques, intellectuels…) ne serviraient au fond qu’à ceci : gérer par délégation, par procuration, cette affaire fastidieuse du pouvoir et de la volonté, délester les masses de cette transcendance pour leur plus grand plaisir et leur en offrir le spectacle par surcroît. » (Jean Baudrillard)

« Une volonté cherche la satisfaction d’un intérêt, l’autre celle d’un orgueil. » (Julien Benda)

« Une forte volonté permet d’être ce que l’on veut, n’importe ce que l’on était. La volonté prime tous les déterminismes, même celui de la naissance. » (Alain de Benoist)

« Le ‘moi’ n’obtient la conscience de son action que dans le ‘vouloir’ seul et l’expression de la volonté est la première condition de la conscience de soi-même … La conscience du moi senti, reconnu distinct des autres existences n’est autre que ‘l’effort voulu’ … L’effort voulu et immédiatement aperçu constitue expressément l’individualité, le ‘moi’. » (Maine de Biran)

« Lorsqu’on se laisse aller à toute la mobilité d’une imagination vagabonde, sans frein, sans contrepoids, sans mélange d’activité, à tout le mécanisme et aux distractions de l’habitude, l’automate sentant et moteur ne joue-t-il pas son rôle d’autant plus parfaitement que le moi n’y est pour rien ? Mais que la volonté vienne tout à coup s’emparer de la direction des mouvements et des images, alors seulement il y a dualité dans le sentiment de l’existence ou de la personne, qui est et s‘aperçoit cause de ce qu’elle opère par le vouloir ou l’effort, en même temps qu’elle sent les effets opérés. » (Maine de Biran)

« Quand la volonté fait défaut, on n’entreprend rien parce qu’on ne veut rien ; mais en l’absence de capacité la volonté ne servirait à rien. » (Boèce)

« Le difficile n’est pas de vouloir un instant mais de vouloir sans trêve. » (Gustave Le Bon)

« Une volonté forte a le plus souvent un désir fort pour soutien. Le désir est l’âme de la volonté. » (Gustave Le Bon)

« On n’est pas maître de ses désirs, on l’est souvent de sa volonté. » (Gustave Le Bon)

« Les volontés faibles se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes. » (Gustave Le Bon)

« ‘Pouvoir ce qu’on veut, vouloir ce qu’il faut’. Lorsque vous ne pouvez pas ce que vous voulez, c’est que vous en avez été empêché par une cause étrangère ; et lorsque vous ne voulez pas ce qu’il faut, le défaut en arrive toujours infailliblement par votre propre dépravation, si bien que le premier n’est tout au plus qu’un pur malheur, et le second toujours une faute .» (Bossuet – reprenant saint Augustin sur la volonté) 

 « Où tout le monde peut faire ce qu’il veut, nul ne fait ce qu’il veut ; où il n’y a point de maître, tout le monde est maître ; où tout le monde est maître, tout le monde est esclave. » (Bossuet – cité par Eric Zemmour)

« Les réussites ne sont pas attribuées, comme par le passé,  à la ‘chance’, à la ‘providence’ ou à ‘Dieu’ ; ce qui reflète la tendance des sociétés laïques  modernes à croire plutôt au pouvoir de la volonté individuelle. » (Alain  de Botton) – La culpabilisation dans les sociétés méritocratiques.

« Les trois volontés des magistrats élus. – La volonté particulière qui domine les autres et entraîne à suivre l’intérêt personnel – La volonté de corps qui entraîne à suivre le corps auquel on appartient (celui des magistrats…) – La volonté du peuple enfin. Mais cette ‘volonté générale est toujours la pus faible, la volonté de corps a le second rang et la volonté particulière le premier de tous… Dans le gouvernement chaque membre est premièrement soi-même et puis magistrat et puis citoyen. Gradation directement opposée à celle qu’exige l’ordre social.’ » (Raymond Boudon – citant Le Contrat social de J. J. Rousseau)

« La volonté, il faut que tu en aies pour en avoir ! ça ne s’invente pas ; on ne peut pas faire semblant. » (Daniel Boulanger)

 « La mélancolie ou la volonté, il n’y a pas d’autre choix. » (Jean Cau )  – Stagner ou avancer, coûte que coûte.

« La faiblesse du caractère anéantit la puissance de la position. Celui qui ne sait pas ajouter sa volonté à sa force, n’a point de force. » (Chamfort – d’un homme accrédité mais échouant dans toutes  ses recommandations)         

« Notre volonté, mise en régie sous la surveillance de tous, verrait nos facultés tomber en désuétude. » (Chateaubriand – évoquant une égalité absolue)

« Au carrefour l’un aime toutes les routes, l’autre les hait toutes … Ils restent à la croisée des chemins … Celui qui veut ne rien rejeter, veut la destruction de la volonté ; car la volonté ne consiste pas seulement à choisir quelque chose mais encore à rejeter presque tout. » (Chesterton)

« Dés qu’on commence à vouloir, on tombe sous la juridiction du démon. » (Emil Cioran)

« La volonté, qui contient un principe suspect et même funeste, se retourne contre ceux qui en abusent. Il n’est pas naturel de vouloir ou, plus exactement, il faudrait vouloir juste assez pour vivre ; dés qu’on veut en deçà ou au delà on se détraque et on dégringole tôt ou tard. Si le manque de volonté est une maladie, la volonté elle-même en est une autre, pire encore : c’est d’elle, de ses excès, bien plus que de ses défaillances, que dérivent toutes les infortunes de l’homme. » (Emil Cioran)

« Plus on ‘est’, moins on ‘veut’ … ce que je ‘sais’ démolit ce que je ‘veux’. » (Emil Cioran)

« On insiste sur les maladies de la volonté, en oubliant que la volonté comme telle est suspecte, qu’il n’est pas normal de vouloir. » (Emil Cioran)

« L’homme est libre, sauf en ce qu’il a de profond. A la surface, il fait ce qu’il veut ; dans ses couches obscures, ‘volonté’ est vocable dépourvu de sens. » (Emil Cioran)

« Il n’est nullement prouvé que la volonté soit bonne ; il est même certain qu’elle ne  l’est pas du tout. Seuls les hommes au vouloir déficient sont spontanément bons ; les autres doivent s’y appliquer, et n’y parviennent qu’au prix d’efforts qui les aigrissent. » (Emil Cioran)

« L’homme aime agir suivant sa volonté et non comme l’ordonnent la raison et l’intérêt. » (Dostoïevski – Carnets du sous-sol)

« La volonté n’a d’action sur les passions que si elle est elle-même une passion. » (Louis Dumur)

« La vertu comme le péché résident dans la volonté. » (Maître Eckart)

« La bonne volonté n’a pas moins de force pour le bien que la mauvaise volonté n’en a pour le mal. » (Maître Eckhart)

« L’indifférence désinvolte aux grandes causes  a pour contrepartie l’abdication devant la force, et le fanatisme qui disparaît des sociétés occidentales risque bien de céder la place à une autre maladie de la volonté, guère moins inquiétante : l’esprit de collaboration. » (Alain Finkielkraut)

« La volonté … ne relève pas davantage du principe d’utilité que de la grandeur d’âme … Imprévisible et insaisissable, elle est aussi réfractaire aux principes de l’intérêt qu’aux maximes du désintéressement. Et comme elle ne calcule pas, elle ne peut être calculée. Rien ne discipline ce cheval fou : ni l’altruisme ni l’égoïsme, ni la loi qui commande ni la loi qui interdit, ni l’impératif catégorique ni la nécessité scientifique. » (Alain Finkielkraut – commentant les Carnets du sous-sol de Dostoïevski)

« Les gens de bonne volonté, qui n’ont que de la bonne. » (Charles de Gaulle ou André Malraux)

« Sache te redire sans cesse : il ne tient qu’à moi’. » (André Gide)

« Nous savons tous que la bonne volonté, le fait de vouloir le bien des autres, n’apporte aucune garantie, ni de la connaissance de ce bien, ni de la qualité des résultats … La bonne intention n’induit pas  la qualité du résultat. » (Jacques Godbout)

« Depuis que l’homme occidental s’est défini comme individualité libre, qui ne reçoit sa loi ni de Dieu ni de la nature, mais de lui-même, la volonté a été regardée comme un absolu. C’est la volonté personnelle qui choisit ou est censée choisir le métier, le partenaire sexuel, la vie (naissance) et bientôt la mort, qui fait ou défait les présidents, les cotes de popularité, le marché, le succès ou le prix. La volonté est devenue l’instance ultime de légitimation. » (Christian Godin) – Attrape-Gogos

« L’autonomie de la volonté qui fût le postulat juridique implicite … commence sérieusement à prendre l’eau …’ Le ‘moi’ n’étant seulement pas maître dans sa propre maison. ‘» (Roland Gori – citant Freud) – En plus des innombrables contraintes sociales et des déterminismes sociaux de toute sorte. « Arrivera-t-on à sauver ce qui reste d’un sujet autonome et éclairé par sa raison critique en régime libéral ? » (approximation de Roland Gori) – Ecrasons l’individu et ensuite proclamons-le autonome.

« Ne rien vouloir, c’est déjà une volonté. » (Maxime Gorki)

« Si le propre de la vie est d’adapter l’individu à son milieu, le propre de la volonté est de l’en soustraire … Ainsi l’esprit tend-il à s’affranchir de la vie qu’il a reçue pour accomplir celle qu’il a décidé de se donner. » (Nicolas Grimaldi)

« Comme la vertu, la volonté est une faculté. Elle se découvre à mesure qu’elle se développe, et ne se développe qu’à mesure qu’elle s’exerce. » (Nicolas Grimaldi)

« Qu’est-ce que notre volonté, cette débile puissance. Elle veut un jour ce qu’elle ne veut plus le lendemain. Elle décide une chose et s’arrête au milieu de l’obtenir. Quand elle ne se fie plus aux indications de la nature, elle hésite entre mille chemins … Un monde soumis à nos velléités ne serait certainement pas plus libre ni moins périlleux que celui formé par la nature. » (Fabrice Hadjadj)

« Un monde soumis à nos velléités ne serait certainement pas plus libre ni moins périlleux que celui formé par la nature » (Fabrice Hadjadj) – On le voit bien aujourd’hui, et on le verra encore mieux demain. 

« L’extériorisation de la volonté est l’action. » (Hegel)

« Celles-ci (les actions que les hommes accomplissent volontairement), procédant de leur volonté, procèdent de la liberté ; et néanmoins, étant donné que tout acte d’une volonté humaine … procède de quelque chose, et celle-ci d’une autre suivant une chaîne continue, ces actions procèdent aussi de la nécessité. » (Thomas Hobbes)

« La logique du supermarché induit nécessairement un  éparpillement des désirs : l’homme du supermarché ne peut être l’homme d’une seule volonté, d’un seul désir. D’où une certaine dépression du vouloir chez l’homme contemporain ; non que les individus désirent moins, ils désirent au contraire de plus en plus, mais leurs désirs ont acquis quelque chose d’un peu criard et piaillant … Produits de déterminations externes (publicitaires). Rien en eux n’évoque cette force organique et totale, tournée avec obstination vers son accomplissement, que suggère le mot de ‘volonté’. D’où un certain manque de personnalité, perceptible chez chacun. » (Michel Houellebecq – Rester vivant)

« Lorsque toute expression de la volonté est énoncée sous la forme d’un droit, confusion entre désir et droit, la moindre contrariété rencontrée dans la réalisation de cette volonté paraît scandaleuse, inacceptable … une injustice, une offense faite à l’individu … Et tout le monde peut se déclarer victime de tout ce qui n’est pas conforme à ses attentes. » (Patrice Huerre et Mathieu Laine)

« Parce qu’il peut prendre le contre-pied de ses propres désirs, notre vouloir élude son destin, notre vouloir transcende à l’infini toutes les législations qu’on lui impose. » (Vladimir Jankélévitch)

« La volonté est plus ironique et plus intelligente que le désir ; le désir veut la fin mais non les moyens, tout de suite, naïvement, magiquement … Vouloir, au contraire, c’est tendre à la fin à travers les moyens … Pour être capable de vouloir, il faut regarder devant soi, vers le futur … on peut désirer n’importe quoi, mais on ne veut que le possible. » (Vladimir Jankélévitch)

« Le mauvais vouloir, on le reconnaît à ceci qu’il est tantôt la volonté de la fin-sans-les-moyens, tantôt la volonté des moyens-sans-la-fin. Dans le premier cas, la soi-disant volonté prétend vouloir la fin tout de suite en escamotant les moyens qui la rendraient possible … c’est peut-être qu’elle ne veut pas ? … On reconnaît le machiavélisme hypocrite, la malice intéressée, l’arrière-intention du sabotage … A l’inverse, dans le deuxième cas, la volonté est rendue monstrueuse par l’inflation hypertrophique des moyens … Elle veut des moyens superflus avec l’espoir machiavélique d’escamoter le ‘fiat’ dans la propice confusion du discours. » (Vladimir Jankélévitch)

« La volonté qui veut tout en général, la volonté sans chose voulue (sans complément direct) est une velléité ou tout simplement une mauvaise volonté, une subvolonté de sabotage. » (Vladimir Jankélévitch)

« On voudrait que la volonté ressemble à une fabrication au cours de laquelle l’acte se construit par morceaux en passant graduellement de l’existence virtuelle ou délibérée à l’existence actuelle ou résolue, mais une expérience vraiment contemporaine de l’action démontre qu’on délibère ’après’ avoir résolu bien plutôt qu’avant de répondre … C’est au futur antérieur qu’on délibère. » (Vladimir Jankélévitch – cité par Raphaël Enthoven)

« Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse être érigée en loi universelle. » (Emmanuel Kant)

« Le désir est un fantasme, il est illimité et ne nous met pas en mouvement pour atteindre notre but. Au contraire, la volonté est une faculté réaliste. Pour parvenir à ses fins, elle met en œuvre des moyens concrets. … Pour passer au stade de la volonté, il faut d’abord avoir un but et le désirer, car la volonté a besoin de la flamme du désir pour arriver à se mobiliser. » (Francesca Larcher).

« Là où il y a une volonté il y a un chemin. » (Lénine) – Sûrement emprunté à quelqu’un d’autre.

« La peur de la causalité représente une des raisons d’ordre affectif qui nous font attribuer une si haute valeur à l’insondable (peur de voir bridé notre libre arbitre) … Cependant jamais la connaissance des causes d’un comportement ne peut diminuer le ‘vouloir’, l’empêcher de transformer en actes sa volonté … L’homme qui saurait, comprendrait, l’enchaînement causal de tous les processus de l’univers, y compris ceux qui se déroulent dans son propre organisme, ne cesserait pas pour autant d’avoir une volonté. » (Konrad Lorenz)

« C’est dans cette troisième puissance (la volonté) que l’homme se sent blessé à mort. Il ne sait ce qu’il veut ; il veut ce qu’il ne veut pas ; il ne veut pas ce qu’il veut ; il voudrait vouloir. Il voit dans lui quelque chose qui n’est pas lui et qui plus fort que lui. » (Joseph de Maistre)

« Une bonne volonté confuse mène à plus de catastrophes que la malveillance ou la bêtise. » (Henning Mankell)

« Il faut pré considérer dans la volonté un certain défaut, une certaine déficience avant l’acte de choix lui-même déficient. » (Jacques Maritain)

« Ma volonté n’est pas une force distincte de moi, elle est moi-même agissant. » (André Maurois)

« Qui a la volonté a la force. » (Ménandre)

« La liberté de la volonté consiste précisément dans la mise en conformité de la volonté avec des désirs de second ordre ; les désirs d’avoir tels désirs et d’en refuser d’autres … La volonté gouverne les désirs selon certaines préférences stables. » (Yves Michaud)

« Il s’agit typiquement d‘un homme qui ne sait pas ordonner des choix … Son drame … c’est le manque de volonté. A désirs contradictoires, volontés faibles, velléités et finalement volontarisme de la parole et de la posture …… Dialectique de la parole et de l’impuissance. » (Yves Michaud – sur Jacques Chirac)

« Selon la théorie calviniste, le plus grand péché de l’homme est d’avoir une volonté propre. Tout le bien dont l’humanité est capable tient dans l’obéissance … ‘Tout ce qui n’est pas un devoir est péché’. La nature humaine étant complètement corrompue, il n’y a de rachat pour quiconque n’a pas tué en lui la nature humaine. » (John Stuart Mill)

« Qu’on me donne l’action la plus excellente et pure, je m’en vais y trouver vraisemblablement cinquante vicieuses intentions. Dieu sait quelles diversités d’images ne souffre notre interne volonté. » (Montaigne)

« Si vous n’avez pas à l’horizon de votre vie des lignes solides et calmes comme des lignes de montagnes et de forêts, votre volonté la plus intime s’agite, se disperse, s’emplit de désirs comme celle du citadin : cet homme n’a plus aucun bonheur et n’en donne plus aucun. » (Nietzsche)

« Bien des gens sont obstinés en ce qui concerne la voie une fois prise, peu en ce qui touche au but. » (Nietzsche)

« ‘Ce qui fut’ : ainsi s’appelle la pierre que la volonté ne peut soulever. » (Nietzsche)

« En arrière ne peut vouloir la volonté. » (Nietzsche)

« Soyez d’abord de ceux qui peuvent (et savent) vouloir. » (Nietzsche) 

« Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides. » (Nietzsche)

« L’insatiable volonté, par l’illusion qu’elle déploie sur les choses, trouve toujours un moyen de tenir fermement en vie ses créatures et les contraint à continuer de vivre. » (Nietzsche – Naissance de la tragédie)

« La volonté est un désir qui sait où il va. » (Michel Onfray)

« La non liberté du couloir ne rend plus personne responsable. »(Paul Rée) – Thèse d’imbécile malfaisant  gauchiste et soi-disant idéaliste, thèse de complice d’assassins

« Scrupules : vermine de la volonté. » (Jules Renard)

« Si nous avions assez de volonté nous aurions toujours assez de moyens. » (La Rochefoucauld)

« Nous avons plus de force que de volonté, et c’est pour nous excuser à nous-mêmes que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. » (La Rochefoucauld)

« La volonté individuelle est le mythe d’un autre âge ; une race usée par la civilisation ne peut croire dans la volonté. » (Pierre Drieu la Rochelle – Le feu follet)

« Ne lâchez pas la bride à votre volonté. » (Fernando de Rojas)

« La volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. » (J. J. Rousseau) – Le despotisme représentatif, formule des Jacobins lors de la révolution.

« Trois genres de liberté : la liberté physique, la liberté intellectuelle, et la liberté morale, laquelle constitue, à proprement parler, le libre arbitre … Liberté de vouloir : la volonté dépend-elle de quelque chose qui la précède … Une volonté libre serait une volonté qui n’est déterminée par aucune raison ou aucune cause, c’est-à-dire par rien … C’est l’indépendance de nos volontés par rapport aux circonstances extérieures qui constituerait véritablement le libre arbitre … Ou bien nos actes résultent de circonstances précédentes comme des effet qui se produisent nécessairement à la suite de leurs causes … La ‘motivation’, forme de causalité motrice agissant par l’intermédiaire de l’entendement, se situant hors de la réceptivité des excitations, caractérise le règne animal … C’est cette force motrice intérieure dont chaque manifestation individuelle est provoquée par un motif … que nous désignons sous le nom de volonté … Au contraire de l’effet produit par une cause d’excitation externe  les particularités du motif (durée, intensité…) ne changent rien dans ce cas à l’intensité de l’effet … Lorsque nous nous élevons dans la série des êtres, la cause et l’effet se différencient de plus en plus, la cause devenant de moins en moins matérielle et palpable, la cause contenant toujours moins de force et l’effet toujours davantage, leur lien devient fugitif, insaisissable … avec le motif, la cause, indépendante du moment présent et des objets immédiatement contigus, restant cachée à l’observateur et devenant une simple représentation … Si l’on admet le libre arbitre, chaque action humaine est un miracle inexplicable, un effet sans cause … Comme l’eau reste tranquille et limpide sauf lorsque des circonstances déterminantes l’amènent à un autre état (vent, pente plus ou moins forte, chute verticale, chaleur bouillante ou gel…) ; l’homme n’agit que mû par des causes, ou motifs, et alors il agit comme l’exigent les circonstances  correspondant à chaque cas et s’il ne rencontre pas de motif de contradiction impérieux (l’amour de la vie ou la crainte de la mort contrebalançant l’envie de suicide – réticence à tout donner aux pauvres, sauf caractère de sainteté…) … Les motifs opposés ayant sur moi trop d’emprise pour que je ‘fasse ce que je veux’ … Ce n’est que par l’expérience, et à mesure d’occasions, que notre connaissance de nous-mêmes s’approfondit, et c’est sur elle que repose notre confiance et notre méfiance en nos propres moyens … c’est-à-dire sur le caractère acquis (d’ailleurs l’opinion ne blâme pas tellement l’action que l’auteur, considéré comme le vrai responsable : ‘Que voilà un méchant homme, un coquin’), les actes sont le signe de la disposition intérieure  … Les actions individuelles s’enchaînent suivant un rigoureux déterminisme une fois que le caractère est donné … Chaque action individuelle est le produit de deux facteurs : le motif et le caractère individuel … Il faut que la cause active puisse agir sur ce caractère, et que ce caractère soit déterminable par une telle cause … Si la volonté est la cause nécessitante des actes volontaires, elle est nécessairement causée par d’autres choses indépendantes d’elle … ‘La volonté, comme toute chose, demande une cause qui la détermine à exister et à agir d’une manière donnée’ (Spinoza). » (Schopenhauer)

« Dans le cours naturel des choses, le dépérissement du corps que provoque la vieillesse favorise la volonté. La soif des jouissances disparaît aisément avec la faculté de les goûter. » (Schopenhauer)

« Quand tu auras désappris à désespérer, je t’apprendrai à vouloir. » (Sénèque)

« La voix de l’Occident va progressivement être mise en cause, puis s’éteindra, parce qu’il a perdu toute volonté. » (Alexandre Soljénitsyne – approx.) – Toute exigence, tout courage, toute virilité, toute rigueur, toute honnêteté…

« Ce qui manque aujourd’hui à l’âme de la vie, c’est désormais la volonté qui, les bras ballants … ne marche contre personne si ce n’est contre elle-même … C’est au but court et sans relief que l’on doit le ressort distendu et la mort de toute envolée. A fin étroite, volonté faible. » (Père Zanotti-Sorkine)

« La volonté s’appelle ténacité pour un bonne cause, obstination pour une mauvaise. » (Laurence Sterne)

« Le meilleur moyen d’apprendre aux hommes à violer les droits individuels des vivants est de ne tenir aucun compte de la volonté des morts. » (Alexis de Tocqueville)

« ‘Un homme est de son extraction, un homme est de ce qu’il est. Il n’est pas de ce qu’il fait pour les autres’ … Si l’être l’emporte à ce point sur le faire, il reste peu de chose de la libre volonté. » (Tzvetan Todorov – citant et  contredisant Charles Péguy)

« La pire lassitude, c’est quand on ne veut plus vouloir. » (Jean-Paul Toulet)

« Imposer sa volonté aux autres c’est force. Se l’imposer à soi-même c’est force supérieure. » (Lao Tseu)

« Une culture tombe malade à chaque fois qu’elle se laisse envahir par un processus de désymbolisation. A chaque fois que, renonçant au sens, à la pensée, à l’intériorité, elle se précipite hors de la pensée, dans la technique ou le mythe, soit dans un rapport de violence ou de fusion avec le monde. Une culture, en revanche, guérit à chaque fois qu’elle rentre dans un processus de symbolisation en s’efforçant de faire vivre un sens, à travers une parole, une œuvre, un concept ou une expérience intérieure … Le risque d’une approche métaphysique, c’est d’oublier l’homme. Le risque d’une approche humaniste, c’est d’oublier l’être … La profondeur qui consiste à ne pas chercher à savoir, mais à vivre avant de savoir … C’est la vie vécue de l’intérieur qui fait jaillir du sens et non un sens donné en soi de l’extérieur qui crée sa direction propre … La peur, la bassesse veulent toujours savoir avant d’aimer … Osons vivre, osons vouloir, et tout aura du sens … A-t-on la connaissance d’une chose parce qu’on en a l’idée ? Ne connaît-on pas une chose quand, justement, on n’en a pas simplement l’idée mais l’expérience ? … L’idée d’un grand vin de Bordeaux remplacera-t-elle le fait de l’avoir goûté ? …  La dimension pratique des choses et, par là, le rôle clé de la volonté … le sujet étant davantage un sujet constituant qu’un sujet constitué (position de Kant) … L’être cherchant à être plutôt que d’attendre d’être visité par l’être, protection contre la tentation d’attendre un quelconque miracle, un hasardeux destin, un improbable sauveur (totalitarisme) … Au lieu d’être englué dans la présence captivante des choses, l’homme a conquis la possibilité de mettre celles-ci à distance grâce au symbole qui permet d’ouvrir tel signe, telle image sur une autre signe, une autre image, afin de donner à voir au-delà des choses …Le sens fait sens dès lors que l’on se saisit de soi afin de faire quelque chose de soi  … Le dire ‘je’ qui s’oppose au sujet en le dépassant … Renverser le rapport théorie-pratique en plaçant la pratique au-dessus de la théorie et non la théorie au-dessus de la pratique. Notre règle intérieure doit régler notre savoir. »   (Bertrand Vergely – interprétant Ernst Cassirer)

« Dieu fait les quatre volontés de celui qui fait sa volonté. » (Jean Marie Vianney, curé d’Ars)

« Quand tu auras désappris à espérer, je t’apprendrai à vouloir. » (Maxime d’un stoïcien)

« Qui veut le fruit doit grimper à l’arbre. » (proverbe)

« Le dire ‘je’ qui s’oppose au sujet. » (?) – ou plutôt le dépasse en le surmontant.

« La mauvaise volonté est une stratégie qui a fait ses preuves, elle n’exige qu’un minimum d’investissement et épuise remarquablement la résistance de l’adversaire. » (?)

Ce contenu a été publié dans 755, 1 - PER - Volonté, Persévérance, Obstination, avec comme mot(s)-clé(s) , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.