175,9 – Marxisme, Communisme – Socialisme – Fascisme

Le nom philosophique est matérialisme historique : analyse historico-économique en réaction matérialiste à l’idéalisme romantique émotionnel du XIX° siècle qui fut générateur à terme de conflits stupides. « C’est l’être social, les conditions de production, la sphère économique,  qui détermine la conscience des hommes. » (?)

– Sa traduction pratique, le communisme, étant née de la conjonction, en la personne de Marx, du socialisme français, de l’économie anglaise et de la métaphysique allemande.

– Les rapports de production constitueraient l’infrastructure dont dépendraient les institutions politiques et les idéologies. Prééminence des rapports entre le développement des forces productives (structures) en perpétuelle évolution et l’état des rapports sociaux (superstructures) figés et dépassés, rapports destinés inéluctablement à devenir de plus en plus contradictoires.

– D’où, aujourd’hui, le forcing (qui n’a rien de marxiste mais en a retenu la leçon) pour contraindre les peuplades à endosser idéologiquement et rapidement la mondialisation économique, ce, notamment, en bouleversant et détruisant sans cesse leurs mœurs coutumières ( réformes dites sociétales) ; façon d’accorder autant que faire se peut les superstructures (en les rendant mouvantes et incertaines) avec la structure (capitalisme mondial).

– Ne pas confondre marxisme et communisme, marxiste et communiste. Le communisme qui se voulait matérialiste s’est transformé en un idéalisme, au pire sens du terme, « L’idéalisme des Lumières a engendré les utopies les plus dévastatrices. » Les deux Marx : le philosophe analyste et théoricien d’abord et l’agitateur militant ensuite. Quel dommage que d’avoir soi-même par la suite dévalué une analyse historique pertinente fort utile pour démonter les faux-semblants en démasquant l’hypocrisie et les bien-pensants d’alors et de toujours (le matérialisme historique), en une utopie, facteur d’agitation inéluctablement sanglante et vouée à l’échec final (le communisme). On ne plie pas la nature humaine, tout religieux le sait. Mais un religieux n’est pas un idéologue, ou tout au moins son ministère le force-t-il à garder les pieds sur terre.

– Combien il est étrange que dans un pays (la France) marqué par le marxisme (plutôt de bazar d’ailleurs), où l’Education nationale fut longtemps marxisé à l’extrême, il n’existe aucun enseignement sérieux du matérialisme historique originel. Débarrassée de ses oripeaux idéologiques, cette analyse (certes n’expliquant qu’une face de la réalité) aiderait à démonter certaines attitudes de surface assez hypocrites, à démasquer d’autres idéologies et tous les bien-pensants (bobos aujourd’hui) soumis à celles qui dominent leur époque, à déniaiser partie d’une ancienne bourgeoisie politiquement ignare. Evidemment, un enseignement correct du matérialisme historique et du marxisme aboutirait inéluctablement à dévoiler l’hypocrisie et la corruption, au moins mentale, de grand nombre de nos élites, prétendus marxistes en tête. Ceci expliquant sans doute cela.

– A ce dernier propos, il est intéressant de remarquer que nombre, sinon la majorité, des éditorialistes, essayistes, clairvoyants et pertinents, comprenant notre époque et allant au fond des choses et des causes, ont reçu une formation marxiste avant de se détourner de l’engrenage communiste.

– On ne peut juger de certains des fondements de la pensée, ou plutôt de l’action, de Marx et d’Engels aboutissant au communisme ainsi que de la croyance de ses meilleurs militants, sans considérer les influences millénaristes évoquées au début de la rubrique : Esprit, 280,1 (Joachim de Flore)

– « Aujourd’hui tout ce qui touche au nazisme est tenu, à juste titre, comme une horreur morale imprescriptible et tout ce qui touche au régime jumeau, le communisme, comme un regrettable accident météorologique. Falsification historique dont nous ne sommes pas près de sortir. » (Alain Besançon – Trois tentations dans l’Eglise – sur l’oubli et le pardon des méfaits communistes demandés par l’Eglise polonaise dans les années quatre-vingt-dix)

– « Quand il s’agit du nazisme, il y a, universellement reconnu un devoir de mémoire ; quand il s’agit du communisme, il existe, tacitement admis, une obligation de silence. » (Jacques Julliard

-« Distinction entre deux formes de totalitarisme : idéologie directe pour le nazisme, médiatisée par l’utopie pour le communisme … Mais épiphénomène car, ‘de facto’, l’horreur criminelle se révélait, au bout du compte, équivalente. » (Jean-François Revel – résumé)

– « Pour le communisme, l’idéologie est toujours à décharge, puisque son intention était louable ; pour le nazisme, elle est toujours à charge, puisque son intention était perverse. » (Jean-François Mattéi) –  D’où le deux poids deux mesures, le silence sur les crimes de masse d’un côté, leur mise en accusation (justifiée) de l’autre

-François Furet voyait dans le bolchevisme une pathologie de l’universel, et dans le nazisme une pathologie du national … A l’ennemi générique de classe, le bourgeois, correspond symétriquement l’ennemi générique de race, le juif, les deux modèles d’hommes servant de repoussoir aux deux idéologies pour renforcer leur illusion d’humanité … Point de fuite similaire, la fin de l’histoire pour la société communiste, le millénarisme du III° Reich.

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«  Par son optimisme, le marxisme est bien du XIX° siècle … Autant qu’une sécularisation de l’espérance chrétienne, il est une version dialectique du rationalisme du progrès. Il définit le terme de l’aventure par certains événements précis, possibles ou réels (propriété collective, pouvoir du prolétariat…) » (Raymond Aron)

« L’eschatologie marxiste attribue au prolétariat le rôle d’un sauveur collectif. Les expressions qu’emploie le jeune Marx ne laissent pas de doute sur les origines judéo-chrétiennes du mythe de la classe, élue par sa souffrance pour le rachat de l’humanité. Mission du prolétariat, fin de la préhistoire grâce à la Révolution, règne de la liberté, on reconnaît sans peine la structure de la pensée millénariste : le Messie, la rupture, le royaume de Dieu. » (Raymond Aron)

« Marx esquisse un projet idyllique du régime post-capitaliste qu’il n’a jamais décrit mais dont il évoque les bienfaits par contraste. » (Raymond Aron) – Pas besoin de décrire ce que l’on va édifier, puisque, par hypothèse, ce sera l’inverse de ce qu’on va démolir.

« Le communisme a séduit non parce qu’il est une hérésie chrétienne, mais parce qu’il semble la forme extrême, l’interprétation résolue de la philosophie rationaliste et optimiste … Autant qu’une sécularisation de l’espérance chrétienne, il est une version dialectique du rationalisme du progrès … Il définit le terme de l’aventure par certains événements précis … (propriété collective, pouvoir du prolétariat…). » (Raymond Aron)

« Les communistes, qui se veulent athées … sont animés par une foi : ils ne visent pas seulement à organiser raisonnablement l’exploitation des ressources naturelles et la vie en commun, ils aspirent à la maîtrise sur les forces cosmiques et les sociétés, afin de résoudre le mystère de l’histoire et de détourner de la méditation sur la transcendance une humanité satisfaite d’elle-même. » (Raymond Aron) – On a pu douter de l’exploitation raisonnable des ressources (lac Baïkal…), de l’harmonie de la vie en commun (au Goulag peut-être), on aurait douté encore plus d’une humanité et privée de transcendance et satisfaite d’elle-même (voir l’état de notre société occidentale libérale)

« Deux familles d’esprit sont sensibles au message marxiste, les chrétiens et les polytechniciens (les techniciens en général) : ceux-là y perçoivent l’écho du prophétisme, ceux-ci l’affirmation d’un orgueil prométhéen. » (Raymond Aron) – Pour certains des premiers, il faudrait ajouter une sensiblerie doublée d’une naïveté politique qui les prive de toute raison.

« A partir du moment où il a donné son adhésion, pourquoi le militant refuserait-il la tâche qu’on lui confie ? Plus cette tâche lui paraît rebutante, plus volontiers il l’acceptera. Tout comme le chrétien, il témoignera pour sa foi en surmontant ses désirs … Là est le piège fascinateur du communisme. Dans une religion de salut, l’autonégation du croyant aboutit à la quête de la sainteté. Dans une religion séculière, le mécanisme est le même, et le résultat inverse. Le croyant ne refoule pas les appétits de la chair, mais les scrupules que des siècles de civilisation ont inscrits dans sa conscience. Il s’interdit de mettre en question les ordres qu’il reçoit. L’ascèse n’est pas orientée vers la pureté, mais vers l’action efficace. Plus le militant sera dévoué, moins il hésitera à commettre des actes que réprouve l’éthique traditionnelle. » (Raymond Aron – Le Dieu des ténèbres)

« La discipline du Parti, avec ses excommunications, ses interprétations, sa vérité représente pour beaucoup d’hommes sinon une épreuve mais un soulagement … Etrange tribulation du rationalisme européen … On saluait dans le rejet de la religion transcendante une libération de l’esprit, voici les plus ‘avancés’ des intellectuels qui se découvrent incapables de vivre sans foi et se soumettent à une autorité, autrement totalitaire et irrationnelle que celle de l’Eglise. » (Raymond Aron – sur le communisme – Le Dieu des ténèbres) – Mais, s’applique à des utopies totalitaires autres que le communisme.

« La force de l’œuvre de l’auteur du Capital est de pouvoir être expliquée en « cinq minutes, en cinq heures, en cinq ans ou en un demi-siècle. » (selon Raymond Aron)

« Le marxisme est une religion … Il a notamment en commun avec toutes les formes inférieures de la vie religieuse le fait d’avoir été constamment utilisé, selon la parole si juste de Marx, comme un opium du peuple. » (Raymond Aron)

« Les héros d’aujourd’hui ‘Che’ ou ‘Mao’, incarnent le culte de la violence ; ils exaltent le combat plus que la victoire, le sacrifice plus que ce qui le justifie,  ils  sacralisent le non-sens comme les fascistes le faisaient. Les dérivations les plus différentes recouvrent l’état émotionnel dont naît le fascisme. » (Raymond Aron) – Che Guevara, comme Mao et leurs supporters parisiens,  parfaits fascistes. 

 « L’incapacité pour le matérialisme historique de passer au-delà de l’économie politique, dont témoigne, vers le passé, son incapacité à déchiffrer les sociétés primitives, vaut aussi pour le futur, et selon la même logique : Il apparaît de plus en plus incapable de dessiner une perspective révolutionnaire qui soit véritablement au-delà de l’économie politique. Il s’enferre ‘dialectiquement’ dans les impasses du capital, tout comme il s’enferre dans la méconnaissance du symbolique … Apparemment, le marxisme ‘pur et dur’ prône la libération des forces productives sous les auspices de la négativité du travail. Mais ne s’agirait-il pas là, face à l’idéalisme vulgaire de l’évangile du travail (l’exaltation du travail comme valeur, comme positivité, comme fin en soi, comme impératif catégorique de l’idéologie bourgeoise), d’un idéalisme ‘aristocratique’ … Le respect de la machine, la sauvegarde de l’instrument de travail … et l’appropriation future des moyens de production, institue la classe ouvrière dans une vocation productiviste qui relaie la vocation historique de la bourgeoisie … Sous couvert de matérialisme historique, c’est l’idéalisme de la production qui finit par donner une définition positive à la classe révolutionnaire » (Jean Baudrillard)

 « La facilité étrange avec laquelle tous ces pouvoirs communistes se sont effondrés. Ils n’ont pas été vaincus : il a suffi qu’on y touche pour qu’eux-mêmes s’aperçoivent qu’ils n’existaient plus … Ils n’ont pas succombé à un ennemi externe, ni même à un ennemi interne (sinon ils auraient résisté), mais à leur propre inertie, profitant en quelque sorte de l’occasion pour disparaître (ils en avaient peut-être assez d’exister ?)… Le spectacle de ces pouvoirs qui implosent avec une telle facilité devrait faire trembler ceux de l’Ouest, ou ce qu’il en reste, car ils n’existent guère davantage … L’inexistence du pouvoir est certes moins visible à l’Ouest, à cause de sa haute dilution et de sa transparence qui lui permet de survivre. A l’Est, il était opaque, et à haute concentration, si bien qu’il a suffi d’une dose de plus pour le faire se liquéfier. » (Jean Baudrillard)

« La guerre idéologique, les Américains l’ont gagnée à plate couture … parce qu’en matière de contrôle informationnel (propagande…), ils sont depuis longtemps les plus scientifiques et les moins sensibles aux scrupules et aux états d’âme … En se refusant à penser qu’on doit mettre cet effondrement au crédit des Américains, on refuse l’idée que c’est à cette occasion que les Etats-Unis ont activement imposé au monde leur propre régime et leur propre vision de l’avenir, ce qu’ils étaient  dans l’incapacité de faire avant cette victoire malgré leur insolente domination sur le camp occidental. » (Jean-Léon Beauvois – sur les raisons de l’effondrement de l’URSS, le communisme ne s’est pas effondré que sur ses propres bases)  – Sur tous les procédés de propagande mis en œuvre par les Américains, on pourra se référer à la rubrique Désinformation, Propagande, 435, 2, et notamment à la citation de Jean-Léon Beauvois : « La propagande glauque est une dissémination d’idées, d’opinions et d’affects dans une population en dehors du débat public, dissémination qui s’opère par l’usage de techniques scientifiquement éprouvées réalisant des influence inconscientes. L’absence d’argumentation des idées et opinions disséminées est une condition de son efficacité … Elle ne repose que sur la sélection de tout un personnel bien-pensant et par l’intériorisation de certaines définitions, ainsi que sur la concentration des conglomérats qui emploient ce personnel bien-pensant … Le ‘conditionnement évaluatif’ consistant à associer régulièrement, à un concept donné ou à une croyance donnée, dans le processus de communication sociale, des valeurs positives ou négatives qui soient conformes à la valeur de ce concept ou de cette croyance doit avoir dans la pensée publique, le sens important peu (la France est le pays des ‘droits de l’homme’, et c’est tant mieux, cela sans que personne n’en ait jamais discuté, sans savoir qui les promeut, avec quels effets et à quelles fins…) Le ‘modelage’ consistant à présenter des modèles au public, des modèles dont les attributs peuvent être associés à de très apparentes sanctions sociales positives (réussites financière, sociale, sentimentale, sexuelle, familiale…), personnages de nos séries télévisées, des publicitaires. »    

« Le prolétariat aurait la mission de délivrer l’humanité de l’esclavage et de l’exploitation ; c’est lui qui incarnerait pour la première fois l’unité du genre humain ; C’est la forme sécularisée de l’ancien millénarisme judaïque. Puisque l’époque socialiste porte en elle des promesses de perfection et de bonheur universel, elle est messianique. » (Nicolas Berdiaeff)

« La conscience humaine n’est considérée que comme une superstructure surmontant les rapports économiques … elle est simple reflet du processus de production … Transfert à une seule classe, le prolétariat, de l’idée messianique qui animait le peuple juif, comme peuple élu de Dieu. » (Nicolas Berdiaeff)

« User de l’homme d’aujourd’hui comme d’un simple moyen en vue de l’homme de demain. » (Nicolas Berdiaeff) 

« Parler un peu moins de Marx, quitte à le lire un peu plus. » (Emmanuel Berl – Conseil aux jeunes contestataires de 1968)

Ne pas oublier que « Marx a vécu l’époque où le progrès naissant permettait tous les espoirs et n’avait pas encore révélé tous les inconvénients qu’il charrie. Marx est le contemporain de Jules Verne. » (Emmanuel Berl)

« Le communisme est plus pervers que le nazisme parce qu’il ne demande pas à l’homme de faire consciemment le pas moral du criminel et qu’il se sert de l’esprit de justice et de bonté qui est répandu dans toute la terre pour répandre dans toute la terre le mal. » (Alain Besançon – Le malheur du siècle) – Voilà qui va choquer tous nos Biens-pensants officiels.

« J’ai décrit le communisme léniniste comme un gnosticisme. C’est-à-dire une formation  intellectuelle se donnant pour rationnelle et donnant un programme de salut. Salut pour la société dont elle analyse les ressorts et prévoit l’évolution, salut pour tout homme qui œuvre à la rénovation générale de lui-même et de la société selon les lignes indiquées par le système gnostique … Persuasion de type gnostique, mais qui se pense garantie par le savoir scientifique moderne. ‘L’avenir radieux’ est donc possible. Il est inscrit dans le développement de l’humanité devenue ‘consciente’ et qui devient l’instrument de son propre salut. » (Alain Besançon)

« Ce qu’il y a de plus pénétrant est l’intuition que le communisme bolchevik est une perversion de la doctrine chrétienne … ‘Contrefaçon de la rédemption des humbles’ … Toutefois, il aurait fallu marquer plus nettement que le ressort du bolchevisme est une séduction intellectuelle s’appuyant sur la recherche d’un salut … Il aurait fallu l’envisager métaphysiquement et non sociologiquement. » (Alain Besançon – analysant l’encyclique Divini rédemptoris de Pie XI) – « Le communisme peut s’analyser comme une imitation perverse du christianisme. Le communisme promet un salut universel, pour toutes les conditions et pour toutes les nations. Son moyen d’extension est la propagation d’une parole. Il s’étend principalement par la conversion. La structure du parti ressemble à celle des Eglises gnostiques, manichéennes ou cathares avec la séparation tranchée des initiés et des simples adhérents, les premiers ayant tous les droits et des devoirs très lourds, les seconds étant à leur service, manipulables à merci, sans aucun droit mais avec des obligations très légères. » (Alain Besançon)

« Les marxistes réclament la liberté d’expression au nom des principes du libéralisme, puis ils la suppriment ensuite en vertu du monopole scientifique du marxisme. Tant qu’ils n’ont pas le pouvoir, ils brandissent l’étendard de la Liberté, puis à partir du moment où ils gouvernent, ils dénoncent cette même Liberté comme une idée bourgeoise à abolir … De la ‘dictature du prolétariat’ à la dictature sur le prolétariat … Société sans classes où la caste des membres du Parti et de bureaucrates bardés de privilèges s’est substitué à l’ancienne noblesse et à la bourgeoisie. » (Jean Brun)

« Marx, avec la société sans classes, remplace l’au-delà par le plus tard.  Echappé à la prison de Dieu, le premier souci du marxisme-léninisme sera de construire la prison de l’histoire et de la raison. » (Albert Camus)

« Marx participe intégralement de l’imaginaire capitaliste : pour lui, comme pour l’idéologie dominante de son époque, tout dépend de l’augmentation des forces productives … On ne trouve chez Marx aucune critique de la technique capitaliste … ni du processus de travail dans l’usine … l’essentiel de ses critiques porte sur l‘utilisation qui est faite de cette technique et de cette organisation : elles profitent uniquement au  capital, au lieu de profiter à l’humanité entière. » (Cornelius Castoriadis) – Copie du capitalisme, le monde communiste ne pouvait concurrencer l’original.

« La séduction du marxisme dans les milieux intellectuels tient bien plus à son côté religieux inspiré du christianisme qu’à son matérialisme. De cette démystification mystifiante, le clerc reetient surtout le second terme, l’idéologie totale qui comble et, par conséquent, fige la pensée. De la condamnation de l’idéalisme renaît ainsi un idéalisme redoublé. » (Bernard Charbonneau) – Il faut avoir constaté, l’ignorance crasse, au moins des petits intellectuels marxistes de jadis, quant à la doctrine matérialiste.

« Ce qui crée pour une élite la tentation du néo-marxisme, c’est bien moins son évangile humanitaire que sa vision d’une civilisation totalitaire, fortement reliées aux puissances cosmiques de la matière. Le vrai nom du communisme serait le terrénisme. » (Père Teilhard de Chardin)

« La figure de l’histoire doit son profil exact à la volonté de l’homme. Une histoire économique ne serait pas une histoire du tout … Ce n’est pas parce que l’homme ne peut vivre sans manger qu’il ne vit que pour manger. » (Chesterton – contre le matérialisme historique)

« La Russie croit à l’action magique du verbe. Si étrange que ce soit, les Bolcheviks fervents du matérialisme, apparaissent en réalité comme les idéalistes les plus naïfs. Pour eux, les conditions réelles de la vie humaine n’existent pas. Ils sont convaincus que le verbe possède une puissance surnaturelle. Tout se fait sous l’ordre du verbe … Les décrets pleuvent par milliers. Jamais encore … on n’a autant parlé. » (Léon Chestov) – Nos démocraties aussi verbeuses qu’inefficaces ont pris le même pli. 

« Si l’utopie était l’illusion hypostasiée, le communisme, allant encore plus loin, sera l’illusion décrétée, imposée : un défi jeté à l’omniprésence du mal, un optimisme obligatoire. » (Emil Cioran)

« Loin d’être un produit de circonstance, un accident historique, le communisme est l’héritier  des systèmes utopiques et le bénéficiaire d’un long travail souterrain. » (Emil Cioran) – Depuis les utopies de Campanella, de More…

« Le pouvoir d’appel affectif du communisme résidait justement dans les sacrifices, tant matériels que spirituels, qu’il exigeait des convertis … Son pouvoir d’appel consistait à ne rien offrir et à tout demander … Le néophyte communiste, soumettant son âme au droit canon du Kremlin, goûtait à ce soulagement que le catholicisme apporte, lui aussi, à l’intellectuel qui succombe sous le poids de sa liberté. Le sacrifice une fois consenti, l’esprit, au lieu d’opérer librement, devient le serviteur d’une fin supérieure qu’il cesse de discuter … Car il est bien plus facile de faire le sacrifice de son orgueil intellectuel, sur l’autel de la révolution mondiale, que d’en reprendre possession. » ( Richard Crossman) – « Le sacrifice à l’utopie pure et la révolte contre une société corrompue sont  les deux pôles qui fournissent la tension de toutes les fois militantes … On avait déjà vu, dans les églises médiévales, dans les sectes mystiques, la nécessité du mensonge et de la calomnie pour sauver les masses de leur propre myopie … L’acrobatie mentale sur la corde raide de la dialectique, par laquelle des hommes intelligents et de bonne foi parviennent à se tromper … La lâcheté intellectuelle si courante à gauche … Lorsqu’on a goûté le poison de l’utopie, l’on reste tenté d’en prendre une dernière goutte, fût-ce avec beaucoup d’eau et présentée sous une étiquette différente.  » (Arthur Koestler) – Le Dieu des ténèbres.

« Je suis communiste parce que cela me dispense de réfléchir. » (Frédéric Joliot-Curie) – Il n’était pas le seul ! Maintenant il serait gauchiste avec les bourgeois bien-pensants et leurs rejetons.

« La pensée de Marx consiste à historiciser la religion, la morale, la politique et l’économie, de façon à leur garantir la contingence et ainsi à démontrer leur caducité … Le marxisme n’a (cependant) supprimé aucune des ‘essences’ qu’il avait temporalisées. » (Chantal Delsol) – Marx, un des pères du relativisme.

 « Raisons des différences multiples de traitement entre la stalinisme et le nazisme. ’Le premier se veut et est l’héritier des Lumières, le second en est le fossoyeur’ … A crimes égaux, on peut afficher Staline dans nos universités (émancipation), mais pas Hitler (enracinement) … Dans l’excès et la perversion, le communisme cherche à réaliser la modernité, le nazisme à l’écarter … Les barbaries sont  innocentées quand elles sont du côté du progrès. » (Chantal Delsol – citant Bernard Bruneteau)

« L’idée messianique du marxisme reposant sur l’idée de la mission du prolétariat s’est identifiée et confondue avec l’idée messianique russe. » (Henri Desroche)

« Et pourquoi donc devrais-je aimer mon prochain ou bien votre humanité future, que je ne verrai jamais, qui ne me connaîtra pas, et qui à son tour disparaîtra sans laisser ni traces, ni souvenirs ? » (Dostoïevski – L’Adolescent)   

« Si on commence à leur laisser dire la vérité, nous finirons pendus … Pour ceux qui ne partagent pas notre système de pensée, quatre murs, c’est trois de trop. » (Formules de Dzerjinski, fondateur de la Tcheka, ancêtre du KGB soviétique)

« Marx reprend et prolonge un des grands mythes eschatologiques du monde asiano-méditerranéen, à savoir : le rôle rédempteur du ‘Juste’ (l’élu, l’oint, l’innocent, le messager, le prolétariat), dont les souffrances sont appelées à changer le statut ontologique du monde … La société sans classes trouve son plus exact précédent dans le mythe de l’Âge d’Or, qui suivant des traditions multiples, caractérise le commencement et la fin de l’histoire. » (Mircea Eliade) 

« Le marxisme se trompe en croyant à une diffusion (des lieux communs) à partir de la classe dirigeante, car notre civilisation est devenue bien plus totalitaire qu’il y a un siècle, et tous les hommes sont engagés dans un processus d’évolution commun. Ils appartiennent à l’élaboration du monde technicien avant d’appartenir à une classe, au risque atomique ou démographique avant d’être un peuple socialiste ou capitaliste… » (Jacques Ellul)

« D’après la conception matérialiste de l’histoire, le facteur déterminant dans l’histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle.  Ni Marx ni moi n’avons jamais affirmé davantage. Si ensuite quelqu’un torture cela jusqu’à dire que le facteur économique est le seul déterminant, il transforme cette proposition en une phrase vide, abstraite et absurde. » (Friedrich Engels)

« Le capitalisme moderne est, autant que le marxisme, une subversion. Identique est leur vision matérialiste de la vie ; identiques, qualitativement leurs idéaux ; identiques leurs prémisses, solidaires d’un monde qui a pour centre la technique, la science, la production, le ‘rendement’… » (Julius Evola)

« Le marxisme est dans la pensée du XX° siècle comme poisson dans l’eau ; c’est-à-dire que partout ailleurs il cesse de respirer. » (Michel Foucault – cité par Raymond Aron)

« On se demande avec anxiété ce qu’entreprendront les Soviets une fois tous leurs bourgeois exterminés … Tout en bannissant impitoyablement tous les systèmes idéalistes et toutes les illusions, le marxisme, mis en pratique, a lui-même créé de nouvelles chimères qui ne sont ni moins douteuses, ni moins indémontrables que les anciennes. » (Sigmund Freud  – Malaise dans la civilisation)

« Marx s’est trompé, c’est plutôt l’opium qui est devenu la religion du peuple. » (André Frossard)

« La fin dernière de notre lutte historique est de conquérir cette unité de l’homme, où chaque homme sera à la fois technicien et philosophe, travailleur et poète, maître de son propre destin et inventeur de son propre futur. » (Roger Garaudy – sur le communisme) – Et dire que des millions d’hommes ont cru à ce salmigondis ! Arrachez-vous aussi les dents les uns les autres,  ajoutait Alain de Benoist.

« Le marxisme a ceci de commun avec la théologie qu’il est capable de tout expliquer. » (Etienne Gilson)

« Le marxisme est devenu la doctrine d’un régime qui, systématiquement, poursuit depuis cinquante ans ‘l’élimination’ du questionneur. » (André Glucksmann – écrivant en 1975)

« Le marxisme n’est pas seulement une théorie économique, c’est une philosophie, c’est même une théologie. » (Jean Grenier)

« Chose extraordinaire, paradoxe insensé : pour ce qui concerne la ‘promesse’ (les lendemains glorieux), l’essentiel du message communiste est beaucoup plus proche du judéo-christianisme que de n’importe quelle autre tradition de pensée … Avec le recul, il n’est pas absurde d’assimiler le marxisme à l’une ou à l’autre des innombrables hérésies qui ont jalonné l’histoire du judéo-christianisme. » (Jean-Claude Guillebaud) 

« Habillant d’un discours d’apparence scientifique la vieille haine des riches jadis excitée par les mouvements millénaristes, la pensée de Marx n’a jamais quitté la religiosité révolutionnaire du millénarisme. » (Jean-Louis Harouel)  

« Un mouvement qui promet avant tout de nous enlever toute responsabilité ne peut être qu’anti-moral dans ses effets quel que soit l’élévation de l’idéal qui lui a donné naissance. » (Friedrich A. Hayek)

« L’essence du marxisme-léninisme est religieuse ; comme la religion, le communisme fournit à ses croyants, pour les dédommager de leurs souffrances, de leurs privations actuelles, la promesse d’un au-delà meilleur. » (Roland Jaccard)

« Le culte de la technique jouit ici (pays communistes) d’un prestige qui n’a rien de comparable à l’Ouest, allié au point de vue anthropocentrique suivant lequel la nature entière (même la nature humaine) n’est rien d’autre qu’un moyen pour l’autoproduction de l’homme qui lui-même est encore inachevé … Le matérialisme de l’utopie marxiste fait du bien-être matériel une présupposition impérieuse de la libération recherchée du potentiel humain … Par conséquent la poursuite de l’abondance à l’aide de la technique, par-delà les incitations vulgaires qui travaillent dans ce sens et sont partagées avec le capitalisme, devient l’obligation d’ordre supérieur des serviteurs de l’utopie. » (Hans Jonas – Le principe responsabilité)

« Adam et Eve étaient soviétiques ; ils étaient nus, le fruit qu’ils mangeaient était défendu, et néanmoins ils s’imaginaient être au paradis. » (Arthur Koestler)

Implique « Le retour soudain de la nature angélique dans la race humaine, le rejet de l’éventualité que certaines sources de conflit et d’agression pourraient bien être inhérents aux caractéristiques permanentes de l’espèce et non susceptibles d’être abolies par des changements institutionnels … Il n’y a pas de raisons de croire que soit possible la restauration de l’unité parfaite de la vie personnelle et collective de chaque individu (l’identité parfaite et intériorisée de chaque personne avec la totalité sociale, l’absence de tension entre ses aspirations personnelles et ses diverses fidélités sociales). » (Leszek Kolakowski)

« La propension au mensonge n’est pas un défaut accidentel du communisme : il est la condition absolue de sa santé, de sa vie, beaucoup plus que dans le cas des tyrannies non-totalitaires. » (Leszek Kolakowski)

« Marx n’appartient pas à la famille des utopistes mais des prophètes. Hormis dans quelques pages de son œuvre, il s’interdit de tracer ce que sera la cité communiste. » (François Laplantine)

« Le matérialisme historique inauguré par Marx devait être une science de l’histoire accomplissant, réunissant, abolissant et dépassant (la fameuse ‘aufhebung’ hégélienne) l’économie politique anglaise, la philosophie de l’histoire allemande et le socialisme utopique français, suivant une formule célèbre de Lénine. » (Serge Latouche)

« Le marxisme est la plus terrible des religions parce qu’il repose sur des actes de foi maquillés en vérités et en méthode scientifique ; ses militants ont la fureur du croyant et l’autorité de l’homme de science. Cette double et trompeuse appartenance qui permet tout dans l’action confère un pouvoir infernal à une église qui s’appelle le parti. » (Jacques Laurent)

«  Les hommes sont ce qu’ils font et pensent d’après ce qu’ils sont. Et cependant ils ignorent ce qu’ils font et ce qu’ils sont. » (Henri Lefebvre)

« Fuite de reptile devant l’argument gênant, allusion à des mobiles supérieurs incommunicables, refuge dans les textes sacrés, grandiloquence outragée en réponse au doute, manœuvre de l’inquisiteur. » (Claude Lefort – sur l’intellectuel communiste) –  « Puissance de l’appareil, division dirigeants-exécutants, manipulation des assemblées, rétention de l’information, cloisonnement des activités, stéréotypie du discours dominant, imperméabilité aux événements qui risqueraient de mettre en défaut la pratique  et la théorie… » (Claude Lefort – sur l’appareil  communiste)

« Il est facile de chasser la classe exploiteuse ; moins facile de l’empêcher de se reformer. » (Lénine) – Vœu pieux : ‘nomenklatura’, ‘énarchie’, ‘copains’…

« La société tout entière deviendra un seul immense bureau et une seule immense usine avec égalité de travail et égalité de distribution. » (Lénine) – Joyeuse perspective !

« Le ‘Manifeste communiste’ est au premier chef un document prophétique, une sentence et un appel à l’action, mais certainement pas une analyse purement scientifique … Il conserve le trait fondamental de la foi : la certitude confiante de la venue de ce qu’on espère. » (Karl Löwith)

« Ils ont bien vu le terme, mais, en méconnaissant la voie, ils s’interdisent d’y jamais atteindre. » (cardinal Henri de Lubac  – sur les marxistes – – parodiant saint Augustin sur les  Platoniciens)

« Chercher à rendre à… l’homme son sens, c’est lui interdire d’user jamais de l’homme d’aujourd’hui comme d’un simple moyen en vue de l’homme de demain. » (cardinal Henri de Lubac)

« Dans quel livre éternel les marxistes ont-ils lu ce sens de l’histoire tel qu’ils le déterminent avec tant d’assurance ? D’où leur vient l’idée du terme où, selon eux, l’histoire s’achemine infailliblement ?  Comment savent-ils en quel état dernier  l’homme aura enfin de quoi résoudre tous les problèmes humains dont la solution lui est maintenant insoluble : ‘les problèmes du bonheur, de la connaissance, de l’amour et de  la mort’ ? (Henri Lefebvre)  Où ont-ils vus que, de contradictions en contradictions, tout tendait à une réconciliation universelle ? Qui leur a prédit le triomphe définitif du oui et la pleine réciprocité de l’amour ? Qui leur a garanti que, peu à peu, les contradictions s’usaient ? » (cardinal Henri de Lubac)

« Avant d’être un phénomène social, le marxisme – Berdiaeff l’a dit depuis longtemps – le marxisme est un phénomène spirituel … Marx n’a pas cherché seulement une libération sociale de l’homme, il en a cherché la libération spirituelle … Si la première tient une grande place, elle n’est qu’un moyen … Il s’agit de l’homme achevé, unique et collectif, comme dans saint Paul. Seulement, ce que le chrétien espère pour un autre monde, à la fin du temps, le marxiste le rêve pour ce monde-ci, à l’intérieur de notre temps – Liste des illusions marxistes sur le monde et surtout sur l’homme – De quel côté les miracles sont-ils les plus incroyables ?  … ‘Le marxisme consiste dans une sorte de projection sociologique de l’idéal chrétien … c’est un immanentisme qui a poussé jusqu’à ses extrêmes conséquences la négation radicale de toute transcendance’ … Mais, la condition humaine contient-elle avec son problème la solution même du problème ? … Ce que n’a point engendré le désordre social, l’ordre social est impuissant à en guérir. » (cardinal Henri de Lubac – citant Jean Lacroix) – Le cardinal de Lubac avait beaucoup étudié le marxisme, et sans aucun parti pris hostile.   

« On me fait admirer l’homme de la lutte marxiste au sein de la société capitaliste. Je l’admire ; j’y reconnais bien des traits humains qui ne doivent rien au marxisme, et j’y trouve aussi quelques déformations graves qui sont de son fait. Ce qui m’intéresse en tout cas davantage pour savoir si je dois suivre … c’est d’avoir quelque idée du résultat final, c’est-à-dire de l’homme soumis et content au sein de la société marxiste. Or, cet homme-là, je le vois bien autre, et pas si beau. » (cardinal Henri de Lubac)

« ‘Feuerbach, écrivait Marx, dissout l’être religieux dans l’être humain. Mais l’être humain n’est pas une abstraction inhérente aux individus isolés. Dans sa réalité, c’est l’ensemble des rapports sociaux’. Feuerbach dissolvait l’être religieux dans l’être humain; Marx, achevant le processus, dissout l’être humain dans l’être social. Ce qui devait magnifier l’homme, achève de le ruiner. » (cardinal Henri de Lubac)

« Ce n’est pas la prédominance des motifs économiques  dans l’explication de l’histoire qui distingue de façon décisive le marxisme de la science bourgeoise, c’est le point de vue de la totalité … Pour le marxisme, il n’y a pas de science juridique, d’économie politique, d’histoire, il y a seulement une science, historique et dialectique, unique et unitaire, du développement de la société comme totalité. » (Georg Lukàcs – Histoire et conscience de classe, œuvre controversée par les marxistes eux-mêmes)

« L’essence du marxisme scientifique consiste à reconnaître l’indépendance des forces motrices de l’histoire réelle par rapport à la conscience (psychologique) que les hommes en ont. » (Georg Lukàcs)

« Le marxisme orthodoxe ne signifie pas une adhésion sans critique aux résultats de la recherche de Marx, ne signifie pas une ‘foi’ en une thèse ou une autre, ni l’exégèse d’un livre ‘sacré’. L’orthodoxie en matière de marxisme se réfère bien au contraire et exclusivement à la ‘méthode’. » (Georg Lukàcs – lui-même très controversé par ses petits camarades)

« L’un des succès les plus étonnants dans l‘histoire mondiale du capitalisme se sera produit sous l’égide du parti communiste. » (Amin Maalouf – à propos de la Chine)

« Si le marxisme a été souvent transformé en discours coupé du réel, cela n’a été rendu possible que par son caractère eschatologique qui en a fait une véritable religion séculière avec son cortège inévitable de fanatismes et d’hérésies. » (J. W. Makhaïski)

« Le marxisme … a élaboré un système précis d’illusions anesthésiantes … Il est devenu un enseignement religieux de la légitimité, de la conformité au but, du caractère bienfaisant du progrès bourgeois, de son rôle historique à la préparation du paradis socialiste. » (J. W. Makhaïski)

« Marxisme, manière singulière  de conjuguer un irrationalisme extrême et un rationalisme non moins extrême de telle sorte qu’en surgisse une rationalité d’un nouveau genre (‘dialectique’). » (Karl Mannheim)

« La révolution communiste est une crise par où la tragédie d’une civilisation ordonnée avant tout à la jouissance des biens terrestres et au primat de la matière atteint à son dénouement logique : les principes radicaux du désordre capitaliste sont exaspérés, non pas changés. » (Jacques Maritain) – En effet, sur le plan économique, la seule différence entre les deux mondes réside dans l’inefficacité du monde communiste.

« L’Etat est la forme par laquelle les individus d’une classe dominante font valoir leurs intérêts communs. » (Karl Marx, Friedrich Engels  – L’idéologie allemande)  

« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine l’existence, c’est l’existence, l‘être social qui détermine la conscience. » (Karl Marx et tout le matérialisme) – Contrairement à l’idéalisme qui descend du ciel sur la terre.- Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants.  – Il s’agit de la conscience intellectuelle, spéculative, non de la conscience morale.

« Le pouvoir politique est le résumé officiel de l’antagonisme dans la société civile. » (Karl Marx)

Dans une société marxiste il n’y aura plus de peintre, comme Raphaël qui était enfermé dans les limites d’un art déterminé … « Dans une société communiste il n’y aura plus de peintre, mais tout au plus des gens qui feront de la peinture. » (Karl Marx cité par André Glucksmann) – Et aussi sans doute qui piloteront des avions de ligne à leurs moments perdus ?

« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience. » (Karl Marx – Engels) – Les superstructures (idéaux, croyances, législation, coutumes, formes de socialité…) découlent des structures (essentiellement les formes et rapports de production qui dictent les statuts et l’existence effective).

« L’essence de l’homme n’est plus identifiée à l’être d’un individu naturel et isolé, robinsonnade … Elle est l’ensemble des rapports sociaux … Ce que sont (les individus) coïncide avec leur production, aussi bien avec ce qu’ils produisent qu’avec la façon dont ils le produisent. Ce que sont les individus dépend donc des conditions matérielles de leur production. » (Karl Marx – Engels)

« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production et donc les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux … Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays … Elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elles ce qu’elle appelle civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image … Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variés qui unissent l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autres liens, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du ‘paiement au comptant’. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a supprimé la dignité de l’individu devenu simple valeur d’échange ; aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises, elle a substitué l’unique et impitoyable liberté de commerce. En un mot, à l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a substitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. » (Karl Marx-Engels – Manifeste du parti communiste) – Dans le langage marxiste, la bourgeoisie n’est pas composée de ce qu’on appelle de nos jours les classes moyennes, mais des grands possédants et décideurs et de leurs laquais, les politiques et les intellectuels (gens des média aujourd’hui ?).

« Ce qui distingue l’époque bourgeoise de toutes les précédentes, c’est le bouleversement incessant de la production, l’ébranlement continuel de toutes les situations sociales, bref la permanence de l’insécurité et du mouvement. Tous les rapports sociaux incrustés de rouille, avec leurs cortèges d’idées et d’intuitions admises et vénérées se dissolvent, ceux qui les remplacent vieillissent avant même de se scléroser. Tout ce qui était solide, bien établi, se volatilise, tout ce qui était sacré se trouve profané… » (Karl Marx-Engels – Manifeste du parti communiste) – La nouvelle bourgeoisie socialo-gauchiste fait encore pire.

« A l’encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c’est de la terre au ciel que l’on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent … pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle ; à partir de leur processus de vie réel… La morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de  conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d’autonomie … Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience. » (Karl Marx – Engels – L’idéologie allemande) – Les superstructures (idéaux, croyances, législation, coutumes, formes de socialité…) découlent des structures (essentiellement les formes et rapports de production qui dictent les statuts et l’existence effective).

« Le Marxisme reflète la vieillesse du monde. » (Gabriel Matzneff)

« Ce ne sont pas les pires : eux, au moins, ils ne sont pas républicains. » (Charles Maurras – sur les communistes)

« Dans la  séduction que le marxisme exerce (a exercé) sur les porteurs du nom juif, on reconnaît une forme particulière de la séduction du savoir absolu … Le Juif révolutionnaire est un des avatars du Juif de savoir … Le savoir a pris la place de l’étude juive … Le Juif de savoir a substitué le savoir à l’étude, mais cette substitution est une rupture : il a tourné le dos à l’étude … La cause de la Révolution et la cause du savoir sont unies si étroitement … La relation ne doit rien à la naissance de l’Union soviétique ; elle la précède largement … La seule doctrine capable d’assurer le passage réciproque entre Révolution et savoir, c’était le marxisme … Tous les marxistes ne sont pas Juifs, tous les Juifs ne sont pas marxistes, mais presque tous les Juifs révolutionnaires sont marxistes … Ai-je besoin de décliner tous les noms ? Ceux de Rosa Luxemburg et de Trotski suffiront … L’universel à portée grâce à la Révolution et au savoir dont elle s’autorise. » (Jean-Claude Miilner) – L’importance, au moins numérique, de la judéité dans les élites révolutionnaires occidentales (bolcheviques, trotskistes, et.) est reconnue –   Mais « Aux yeux d’une certaine gauche, les voila déchus de leur mission essentielle : subvertir l’Occident chrétien. Les Juifs étaient sympathiques quand ils étaient, à l’instar de Spinoza, agents des Lumières, puis d’une modernité révolutionnaire et de transnationalité …  Devenus forcément quelque peu nationalistes avec Israël, ils ne présentent plus d’intérêt, bien au contraire, pour un gauchiste conséquent. (Paul-François Paoli) – Devenus forcément quelque peu nationalistes avec Israël, ils ne présentent plus d’intérêt, bien au contraire, pour un gauchiste conséquent.

« L’universalisme délirant, qui a sous-estimé l’importance des racines religieuses, ethniques, nationales, et qui accepte, pour le bonheur de l’humanité, le sacrifice des populations rétives, c’est-à-dire la religion du salut terrestre. » (Edgar Morin – sur le communisme)

«  Nos sociétés sont-elles guettées par le collectivisme ? Il y a des prémices troublantes. La repentance, la haine de soi, les excuses publiques, les projets de rééducation du peuple, l’admonestation des adultes par les jeunes façon Thunberg, le divorce d’avec la réalité, le dirigisme d’État, l’obsession égalitaire et son corollaire, la suppression des privilèges (le privilège blanc est en vogue, qui établit la culpabilité sans procès) : le climat actuel ne présage rien de bon.  » (Sylvie Perez –à  propos d’un musée de la terreur communiste) – A Londres, pas à Paris, ne rêvons pas.

« Toute révolution peut échouer par une erreur sur l’homme aussi bien que par une erreur sur la tactique. Le Marxisme vise trop court. » (Emmanuel Mounier)

« L’optimisme que le Marxisme professe sur l’avenir de l’homme est un optimisme de l’homme collectif recouvrant un pessimisme radical sur la personne. » (Emmanuel Mounier)

« Il n’y a qu’un seul communiste en Pologne, mais comme nul ne le connaît, il faut se méfier de tout le monde. » (plaisanterie populaire polonaise de jadis – citée par Paulina Dalmayer)

« Le pouvoir du marxisme sur l’esprit s’appuie sur un processus exactement inverse de celui de la sublimation freudienne. Les besoins moraux de l’homme, auxquels est déniée une expression en termes d’idéaux, sont mis au service d’un système de pur pouvoir auquel ils confèrent la force d’une passion morale aveugle … L’être humain moralement inverti n’a pas seulement substitué, au plan philosophique, des buts matériels aux finalités morales, mais il met dans l’action toute la force de ses passions morales orphelines, dans un cadre de références purement matérialistes. » (Karl Polanyi – bon connaisseur du marxisme pratique) – On voit la puissance en actes de la doctrine.

« Il a cru que tu étais capable d’émancipation, que tu étais capable de protéger ta liberté après l’avoir conquise … Tu n’as retenu qu’un seul mot : ‘dictature’ … Tu as jeté par-dessus bord tout le reste, la liberté, la clarté, la liberté, la solution du problème de l’esclavage économique, la méthode permettant des progrès intellectuels, tout cela, tu l’as jeté par-dessus bord ! … Tu as construit un système gigantesque de mensonges, de persécutions, de tortures, de geôles, de bourreaux, de police secrète, d’espionnage, de délation, d’uniformes, de médailles et de feld-maréchaux ; tout le reste a été jeté par-dessus bord. Est-ce que tu comprends un peu mieux ta vraie nature, petit homme ? … Tu as confondu les ‘conditions économiques’ de la joie de vivre et d’aimer avec une ‘machinerie’, la libération des êtres humains avec la grandeur de l’Etat ; le désir de sacrifice avec la ‘discipline’ stupide du parti ; la montée des masses avec une parade militaire ; l’émancipation de l’amour avec le viol de chaque femme que tu as trouvé en occupant l’Allemagne ; l’élimination de la pauvreté avec l’extermination des pauvres, des faibles ; l’éducation avec une ‘pépinière de patriotes’ ; le contrôle des naissances avec des médailles pour les ‘mères ayant mis au monde dix enfants’… » (Wilhelm Reich – très vraisemblablement sur le communisme tel qu’appliqué, le pamphlet n’est pas toujours explicite – Ecoute, petit homme ! )

« Les succès des communistes, tout comme ceux des psychanalystes, tiennent à ceci qu’ils se placent sur le vrai terrain des besoins de l’âme, tout en s’imaginant qu’ils font de l’analyse économique. Comme les psychanalystes, ils initient à des mythes, tout en s’imaginant qu’ils font de la science. » (Raymond Ruyer) – Ecrit dans les années 1970. 

« Renversement complet du marxisme, c’est l’idéologie qui détermine la place dans les rapports sociaux … Imaginons les chances d’une postulante qui dirait simplement  qu’elle veut travailler pour gagner de quoi vivre ! » (Michel Schneider) – Exigence de motivations personnelles dans les CV, exigence de lettres de motivation. Naturellement l’idéologie portée par le postulant doit être conforme à l’idéologie officielle imposée.

« La faculté du Parti à transformer le négatif en positif et la répudiation en rédemption fournit exactement la thérapie psychique qui manquait à ceux qui avaient perdu toute foi religieuse et tout attachement civique. » (Roger Scruton)  

« Qui ne comprend qu’une telle somme de dévouement et de générosité individuelle ait produit la plus sobre, la plus meurtrière folie de ce siècle, ne comprendra jamais rien au communisme. » (Jorge Semprun)

« Le Parti devint famille, école, église, caserne ; hors lui, le reste du monde était à détruire … Identification du militant avec l’organisation collective … avec des résultats à peu près analogues qu’on trouve dans certains ordres religieux et certaines écoles militaires … Chaque sacrifice … juste contribution personnelle au ‘prix du rachat commun’ … Les liens qui nous rattachaient au Parti devenaient toujours plus forts non pas en dépit des dangers et de sacrifices qu’ils comportaient mais à cause d’eux. » (Ignazio Silone – Le Dieu des ténèbres)

« La complète incapacité, chez les communistes, de discuter loyalement des opinions contraires aux leurs … Un adversaire, par le seul fait qu’il osait contredire, était un opportuniste, sinon un traître et un vendu. Un adversaire de bonne foi semble aux communistes russes inconcevable … Comment avions-nous pu nous imaginer que, dans une organisation totalitaire, il fût possible d’examiner avec sérieux, loyauté, bonne foi, des thèses controversées ? Les épithètes de ‘traître’, ‘renégat’, ‘vendu’, sont simples synonymes d’opposant. » (Ignazio Silone – Le Dieu des ténèbres) – Il en est devenu de même pour les apparatchiks du gang des censeurs-inquisiteurs qui ont seuls le plein droit de s’exprimer dans nos démocraties, sauf que l’adversaire n’est plus qu’un salaud.

« Ce n’est pas un hasard si c’est seulement dans les pays communistes que l’on s’enfuit clandestinement, au risque… » (Raffaele Simone)

« Le communisme n’a pas produit une société postcapitaliste, mais une société postmonétaire qui … a abandonné ce média cardinal qu’était l’argent pour le remplacer par la langue pure du commandement, ressemblant en cela à un despotisme oriental … L’ivresse philistine de l’expropriation et l’exigence de vengeance sur la fortune privée … ont toujours été bien plus importantes que la libération des flux de valeurs. » (Peter Sloterdijk)

« L’éducation léniniste fait que celui qui ne saisit pas ce qui est à portée de sa main est toujours considéré comme un pauvre imbécile. Si tu peux prendre, vas-y et prends ; si tu peux attaquer, vas-y et attaque ; mais si tu rencontres un mur, alors recule. Les dirigeants communistes ne respectent que la fermeté, ils n’ont que mépris et moquerie pour ceux qui leur cèdent constamment. » (Alexandre Soljénitsyne – sur la lâcheté servile de l’Occident dans les années fin 40 et 50 et 60…, exception faite des Etats-Unis et de l’Allemagne alors dévastée)

« Les gens un peu instruits savent que le marxisme, loin de se réduire à l’expérience soviétique, est d’abord un outil d’analyse. Un outil d’analyse qui conçoit la réalité comme une totalité historique en cours, et dont les performances sont bien supérieures à ce que peut produire l’idéalisme, qu’il soit ontologique ou subjectif. Le marxisme, dit aussi matérialisme historique ou dialectique, donne à quiconque s’intéresse à la complexité du réel, une telle leçon de virilité intellectuelle, qu’il est difficile après de se contenter des visions passéistes d’un Maurras, nostalgiques d’un Heidegger, naïves d’un Marcuse, et même du mono-déterminisme plutôt sympathique d’un René Girard. » (Alain Soral) – Virilité, ou solidité, intellectuelle, avec quelques réserves certes, mais tout est dit. Malheureusement, tout le monde confond marxisme, appréhension philosophique interprétative et explicative de l’Histoire, et communisme, action tendue vers un but complètement utopique ; confond les deux Marx, le philosophe et l’agitateur messianique.

« La conservation d’un langage marxiste par des gens devenus complètement étranger à la pensée de Karl Marx, constitue un grand malheur pour le socialisme. » (Georges Sorel) – Et une gigantesque escroquerie intellectuelle.

« Il faudrait être bien naïf pour supposer que les gens qui profiteraient de la dictature démagogique, en abandonneraient facilement les avantages. » (Georges Sorel) – Et c’est bien évidemment ainsi que cela s’est passé en URSS.

« On a montré d’innombrables fois que le communisme n’était qu’un démarquage purement temporel de l’eschatologie chrétienne : la classe ouvrière formant un Christ collectif, les ‘damnés de la terre’ devenant les rachetés et les rédempteurs… » (Gustave Thibon)

« La route de l’incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne. » (général Toukhatchevski lors de l’offensive soviétique de 1920 sur la Pologne) – Aux doux admirateurs pacifistes du communisme.

« Le communisme, hérésie chrétienne, page tirée du livre du Christianisme, page arrachée et mal lue, vidée de la moitié de sa signification… » (Arnold Toynbee)

« L’ancien principe : qui ne travaille pas, ne mange pas, est remplacé par un nouveau : qui n’obéit pas, ne mange pas. » (Léon Trotski)

« La grande erreur des Marxistes et de tout le XIX° siècle a été de croire qu’en marchant tout droit devant soi, on a monté dans les airs. » (Simone Weil)

« Le ‘Gros Animal de Platon’ – Le Marxisme, pour autant qu’il est vrai, est entièrement contenu dans la page de Platon sur le gros Animal, et sa réfutation y est contenue aussi. » (Simone Weil)

« La critique par Marx du capitalisme mondialisé qui détruit toutes les structures traditionnelles pour imposer le régime planétaire du marché est beaucoup plus pertinente aujourd’hui qu’à son époque. » (Eric Zemmour)

« Même le Marxisme ne peut démontrer que ‘l’opérationnel’ soit le véritable sens de la vie ; il ne peut que le promettre et en faire ainsi un objet de foi. » (?)

« Pourquoi la réconciliation de tous les hommes devrait-elle sortir de la victoire d’une seule classe (le prolétariat). » ( ?)  – Ce postulat marxiste est parfaitement idéaliste, ce qui est un comble.

« Avec la société sans classes, Marx remplace l’au-delà par le plus tard. » (?)

« Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme ; le socialisme, c’est le contraire. » (proverbe des dissidents de l’Europe de l’Est)

Ci-dessous extraits remaniés et simplifiés du livre d’Emmanuel Todd, La chute finale sur la décomposition de la sphère soviétique. Essai prémonitoire datant de 1976, treize ans avant la décomposition effective !

« Comment analyser les résultats économiques : les échanges extérieurs (import/export), les statistiques commerciales,  peuvent renseigner de façon précise sur le fonctionnement interne d’une économie (en 1976, l’URSS a acheté 60 millions de tonnes de blé, presque deux fois la production française) … La démographie (absence de statistiques de mortalité et de natalité) pour l’époque des grandes purges … Les pyramides des âges gardent incrustées la marque des ‘erreurs’ du stalinisme comme du maoïsme … Seul pays d’Europe où la mortalité infantile ait augmenté entre 1970 et 1973 … Le taux de suicide donne l’inverse d’un indice de satisfaction, un indice de malheur … La glorification de la science (Lyssenko !) va de pair avec la dé-marxisation de la société, histoire, économie et sociologie étant considérées comme des disciplines mineures. »

« Tension entre entre idéologie égalitaire et réalité inégalitaire, entre la réalité et le mythe de la genèse, entre les inégalités de 1976 et le messianisme égalitaire de 1917 …  L’utilisation révolutionnaire du marxisme contre le système soviétique ne serait pas absurde … L’opposition apparatchiki/travailleurs y remplace le couple bourgeoisie/prolétariat ; le style des cadres et oligarques soviétiques méprisants, autoritaires, rappelle d’ailleurs en pire, l’attitude du patronat de droit divin du XIX° siècle … Les soviétiques doivent parler marxistes, mais il faut éviter qu’ils pensent marxiste … Textes de Marx, ensemble de sonorités dépourvues de signification … Le marxisme puissant instrument de déstabilisation sociale, se révèle à l’usage un mauvais instrument de conservation sociale … Le communisme réel a tous les vices du capitalisme mythique critiqué par les marxistes : misère, conflits de classes, aliénation … La socialisation des moyens de production n’assure pas la disparition des classes sociales … Se débarrasser  des dogmes, des mythes, dictature du prolétariat, centralisation et planification économique, agriculture collectivisée, c’est ouvrir la voie à toutes les prises de conscience, admettre publiquement que les Russes ont souffert pour rien, que des millions d’entre eux sont morts pour l’établissement d’un système politique, social et économique miteux ; passé un peu lourd pour la nouvelle classe dirigeante soviétique, rendant sa tâche particulièrement difficile, peut-être même  franchement hasardeuse… La posture agressive est en fait une attitude défensive, de plus l’URSS produit des canons parce qu’elle est incapable de produire du beurre ou des automobiles, l’impuissance économique du système communiste, de variété centralisée, implique la puissance militaire … Cousinage et népotisme seront bientôt des caractéristiques fondamentales du système social de l’URSS, comme ils le sont de toutes les sociétés stationnaires. »

« Le Kremlin, contrairement aux paris communistes d’Europe centrale, travaille sans filet. Si une réforme économique dérape en agitation politique, il n’y aura pas en URSS, comme à Budapest ou à Prague,  de parti ‘frère’ pour rétablir le socialisme … Les dirigeants des démocraties populaires sont libérés de préoccupations sordides par la présence de l’armée rouge chez eux …Ils peuvent se livrer à des expériences économiques, favorisées de plus par la petite taille de leurs pays … A l’intérieur de l’URSS et pour maintenir l’intégrité de l’union, les dirigeants ont dû faire des concessions importantes aux colonies héritées de la période tsariste, raisons importantes du conservatisme économique … Il n’y a pas en URSS de contrepoids externe, d’armée étrangère (rouge) pour rétablir l’ordre ou protéger les membres du parti … Le niveau de vie dans les démocraties populaires extrêmement élevé par rapport aux normes soviétiques est  une injure permanente pour l’URSS … L’URSS a été peu à peu expulsée de l’idéologie et de la culture des démocraties populaires. »

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– Socialisme

– « Le passage au socialisme passe par la subversion des esprits, par la victoire dans la guerre culturelle. » (? – la leçon d’Antonio Gramsci est là).

– Œuvres d’une présidence et d’une assemblée socialiste (1981-83, 2012-14). Les deux premières années : matraquage fiscal, arrosage et placement des copains, destruction de l’économie, écœurement de ceux qui travaillent à quelque niveau que ce soit, récompense aux associations hurlantes et groupuscules en faisant voter des lois démagogiques qui bouleverseront la société, complication de la vie de tout le monde par des mesures imbéciles et tatillonnes. Après deux ans, ce sabotage réalisé : dire qu’on s’est trompé, que crise et environnement n’étaient pas ce qu’ils auraient dû être et continuer de même mais en mettant la pédale douce ; sans oublier de veiller au sort injuste des bons copains tombés dans le malheur entre temps en raison de l’ingratitude du corps électoral.

– On pourra également regarder à : Socialistes, 575,3 et à Gauche / Droite, 575,6

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« Le socialisme connaît donc l’ordre parfait qui instaurera la société égalitaire et heureuse, après suppression de toutes les sources d’inégalité. C’est pourquoi le socialisme est tendanciellement totalitaire … Dans la mesure où les  socialistes s’évertuent à réaliser le socialisme, ils ne peuvent éviter le totalitarisme, l’austérité et la médiocrité. » (Jean Baechler)

« Le socialisme, qui se croit nouveau, est un vieux parricide. Il a toujours tué la République, sa mère, et la liberté, sa sœur. » (Balzac)

« Ce grand parti qui a accepté l’entreprise du bonheur du genre humain. » (Baudelaire)

« Se proposant aujourd’hui comme modèle stable et crédible, le socialisme n’est plus une exigence révolutionnaire, c’est une simulation de changement (simulation au sens de développement du meilleur scénario possible) et une simulation du futur. » (Jean Baudrillard) 

« Le socialisme, selon lui, avait pour premier devoir de laisser en paix le citoyen… » (Alain Besançon évoquant George Orwell) – Et non pas, comme aujourd’hui, de s’acharner à détruire les mœurs, les coutumes, les traditions et de se mêler de tout.

 « La leçon des faits n’instruit pas l’homme prisonnier d’une croyance ou d’une formule. » (Gustave Le Bon) – Sclérose typique du socialiste.

 « Si la jalousie, l’envie et la haine pouvaient être éliminées de l’univers, le socialisme disparaîtrait en un jour. » (Gustave Le Bon) – Il y a quand même quelques autres raisons moins méprisables, au moins chez certains jeunes socialistes et à la base. Mais elles s’estompent si vite.

« La foi socialiste rend aux simples l’espérance que les dieux ne lui donnaient plus, et les illusions que la science leur avait ôtées. » (Gustave Le Bon – légèrement ironique mais compréhensif)

 « Le socialisme n’est que la religion de l’envie. » (Blanc de Saint-Bonnet)

« La force et le crédit du socialisme viennent de ce qu’il hérite de l’utopie religieuse et, Dieu se mourant, qu’il prétend réaliser sur terre le royaume de Dieu. Le socialisme est purement et simplement un détournement du sacré. » (Jean Cau)  – On aura compris qu’il s’agit du socialisme de jadis qui avait un idéal autre que d’accéder au champagne–caviar et aux privilèges.

« Tous les éléments de l’idéologie socialiste : abolition de la propriété privée, de la famille, de la hiérarchie, hostilité envers la religion, peuvent donc être considérés comme la manifestation d’un principe fondamental : celui de la répression de l’individualité. » (Igor Chafarévitch)

« Le socialisme démocratique apparaît comme un religion dangereusement abstraite, sans incarnation, dépourvue en conséquence de sentiments forts et de liens d’identification personnelle. C’est pourquoi il est régulièrement balayé dans les moments critiques… » (Régis Debray) – Autrement dit, c’est de la guimauve !

« Le socialiste chrétien est plus dangereux que le socialiste athée. » (Dostoïevski) – Oui, ne serait-ce que parce que lui il y croit.

 « Les économistes et les penseurs de la tradition libérale … expliquent généralement la violence, le vice et la misère par une cause unique, la rareté … On retrouve cette idée chez Marx … La pensée qui les sous-tend, la nécessité suspend la morale … La rareté est cause de violence, parce que la limitation des ressources est à l’origine du mal. L’envie et la convoitise deviennent hautement recommandables parce qu’elles sont les moteurs de l’activité économique et que celle-ci permet d’échapper à la pauvreté, de vaincre la rareté, la nécessité qui engendrent … la violence et la destruction, le vice et la misère. L’économie devient une morale plus haute que la morale. » (Paul Dumouchel – sur le primat de l’économique) – On reconnaît le stupide et pernicieux angélisme de tous les socialismes qui ont repris, sans le savoir ni y rien comprendre, les idées libérales les plus étriquées.

« La magie croit aux transformations immédiates par la vertu des formules, exactement comme le socialisme. » (Flaubert)

 « L’idéal de l’Etat, selon les socialistes, n’est-il pas une espèce de vaste monstre absorbant en lui toute action individuelle, toute personnalité, toute pensée et qui dirigera tout, fera tout ? Une tyrannie sacerdotale est au fond de ces cœurs étroits. » (Flaubert)

 « Le rêve du socialisme, n’est-ce pas de pouvoir faire asseoir l’humanité monstrueuse d’obésité, dans une niche toute peinte de jaune comme dans les gares de chemins de fer, et qu’elle soit là à se dandiner sur son siège, ivre, béate, les yeux clos, digérant son déjeuner, attendant le dîner en faisant sous elle. » (Flaubert)

« L’expression laïque du messianisme  prophétique. » (Erich Fromm – sur le socialisme)

« L’avantage de la notion de ‘gauche’ (par opposition au terme socialisme)  est de définir une position relative, contre la droite, tout en restant élastique et floue sur le fond. Car s’agissant de concevoir ce que pourrait être une société socialiste, la panne est générale. Dans ces conditions, il reste en lice la gauche morale, qui compense son vide intellectuel par la virulence de ses postures dénonciatrices, et la gauche électorale, qui s’occupe des affaires sérieuses, c’est-à-dire la conquête du pouvoir et les carrières politiques. Pour cela un bagage élémentaire suffit. » (Marcel Gauchet)

« Les secours spirituels de l’antiracisme tombent à pic pour faire oublier l’abandon à peu près complet des buts et des moyens du socialisme. » (Marcel Gauchet)

« Le socialisme français a montré maintes fois sa capacité de changer d’idées, un tête-à-queue dans ses convictions l’affole peu. » (André Glucksmann)

« Comme le soulignait Durkheim, le socialisme vise ‘le rattachement de toutes les fonctions économiques … qui sont actuellement diffuses aux centres directeurs et conscients de la société’. » (André Glucksmann) – Pour les arracher à la périphérie inconsciente ? D’ailleurs on admire la science, la préscience, le savoir, l’incorruptibilité de ces fameux centres directeurs et conscients (comités de copains).

« Le socialisme est (se prétend) le mode de production du Bien par les bons, par les vrais, par les beaux. » (André Glucksmann)

« Libéralisme et socialisme riment avec électoralisme comme deux manières d’expliquer que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des hexagones. » (André Glucksmann)

« Le socialisme, le rénové, est peut-être la plus haute forme de sociabilité. Aussi n’y a-t-il rien qu’il ne fasse céder à ce qu’en attendent les camarades. Quelle meilleure occasion de les servir, quand on est au pouvoir, que le service public ! » (Nicolas Grimaldi)

« Il a suffi qu’un jour le parti socialiste nouât une première alliance avec une fraction de la bourgeoisie pour que sur cette pente glissante il menace de rouler jusqu’au bout. » (Jules Guesde) – Sa trahison des classes populaires remonte à loin, mais au moins jadis, s’il les trahissait dans les faits, au moins ne les insultait-il pas.

« Un mouvement qui promet avant tout de nous enlever toute responsabilité ne peut être qu’anti-moral dans ses effets quel que soit l’élévation de l’idéal qui lui a donné naissance. » (Friedrich A. Hayek)

« Le socialisme semble ne jamais fonctionner conformément aux intentions de ceux qui l’ont impulsé … Ont-ils songé qu’il pourrait y avoir des faits qui transcendent le contexte historique, ou qui constituent des obstacles insurmontables pour les désirs humains ? » (Friedrich von Hayek)

« La liberté individuelle signifie que l’individu est guidé dans ses décisions par des  règles de juste conduite, et non par  des commandements spécifiques … Le socialisme, à qui fait défaut tout principe de conduite individuelle, n’en rêve pas moins à une situation qu’aucune action morale de libre individu ne peut réaliser. » (Friedrich von Hayek) – Alors que feront nos 576 députés, s’ils ne peuvent plus nous contraindre ? 

« La fonction idéologique du P.S. semble être de récupérer toute une série de thèmes qui auparavant formaient le fonds de commerce intellectuel de la droite techno et de les affubler d’un label humaniste-progressiste. » (François-Bernard Huyghe)

« A la base des socialismes, on retrouverait tous les mythes de l’ancien et du nouveau Testament : la cité idéale, la nouvelle Jérusalem, le paradis perdu, le dépassement de l’Histoire ainsi que le mythe essentiel, la marche ascensionnelle, la (technique de la rédemption : le progrès. Comment peut-on croire au progrès sans être mystique ? Pourquoi y aurait-il progrès  .C’est vraiment le mythe ascensionnel par excellence. » (Eugène Ionesco)

« Le socialisme cherche à retrouver l’unité sans la foi qui la rend possible (comparaison avec la vie monastique), il cherche à retrouver le sens du partage confraternel sans l’accompagner du dédain des biens de ce monde … En revanche, il fait sien le dogme fondamental de la société moderne suivant lequel il nous faudrait toujours jouir davantage de biens matériels. L’idéal socialiste se greffe sur une société de progrès et adhère à la vénération que cette même société voue aux biens de consommation … Ambiguïté du socialisme : si le bien de la société, c’’est l’accroissement des richesses, pourquoi cela ne serait-il pas vrai de l’individu ? » (Bertrand de Jouvenel)

« Il ne faut pas oublier qu’avant d’être colonialiste, le Parti socialiste avait voté ‘Oui’ à Pétain et ‘Non’ à de Gaulle ! » (Jacques Julliard – se référant aux Guy Mollet et autres Robert Lacoste)

« Cette gauche qui courut à l’argent comme on va au bordel. » (Jacques Julliard) – Sur « l’invraisemblable corruption et la mise au pillage de l’Etat des années Mitterrand. » (Marcel Gauchet)

« Dans sa précipitation … à voir le péril brun chez ceux qui tentent juste de garder quelque chose des repères et des structures qui les font vivre, le socialisme s’est tourné contre le peuple. » (Hervé Juvin)

« Sans illusions, les socialistes n’auraient peut-être pas fait grand chose. Mais lorsque les illusions deviennent incorrigibles et s’immunisent contre les corrections empiriques, elles se renversent fatalement en une justification idéologique de l’oppression. » (Leszek Kolakowski)

« Les sociétés qui se disent socialistes ont remplacé la vénalité universelle (’j’achète tout’, dit l’or) par la manipulation universelle (‘je tranche tout’, dit l’épée) … Simple substitution de système. » (Karel Kosik)

« Le socialisme intégral n’est pas une attaque contre des abus spécifiques du capitalisme mais contre la réalité. » (Martin Malia, historien – cité par Emmanuel Carrère)

« En persistant à se définir comme le ‘parti du changement’ et l‘ensemble des ‘Forces de Progrès’, la Gauche moderne, c’est-à-dire celle qui n’avait même plus l’excuse d’affronter pratiquement les puissances traditionnelles de l’Ancien Régime (éliminées par les deux guerres mondiales), se trouvait donc à peu près condamnée à refermer définitivement le piège historique sur les travailleurs et les simples gens … la référence ‘socialiste’ ne pouvait devenir qu’un  ‘autre nom’ du développement à l’infini du nouvel ordre industriel et, d’une façon générale, de l’approbation précritique de la modernisation intégrale et illimitée du monde (mondialisation des échanges, tyrannie des marchés financiers, urbanisation délirante, révolution permanente des technologies de la surcommunication, etc.) … La peur pathétique d’être dépassé par quoi que ce soit ainsi que son inévitable complément spirituel, l’esprit ‘libéral-libertaire’ … L’appel de la Gauche à innover sur tous les fronts de l’ordre humain, et à rompre radicalement  avec la moindre trace de mentalité ‘archaïque’ ou ‘conservatrice’ avait un mal croissant à se distinguer des autres exigences culturelles du système capitaliste. » (Jean-Claude Michéa – évoquant George Orwell)

« Le socialisme est, par définition, incompatible avec l’exploitation capitaliste, la gauche, hélas, non. » (Jean-Claude Michéa)

« Expropriation du socialisme ouvrier, qui désire la justice, par le socialisme intellectuel, qui désire le pouvoir. » (Jean Claude Michéa – évoquant George Orwell)

« Le militantisme est le chemin le plus court permettant à l’intellectuel de retrouver, dans l’appareil hiérarchique des partis, ce pouvoir qui le fascine (et ses avantages substantiels). Dans cette optique, l’histoire du mouvement socialiste devient l’histoire de la prise en main progressive, par des intellectuels auto-baptisés révolutionnaires professionnels, des mouvements spontanés d’une classe ouvrière qui se dressait contre l’ordre industriel non pas selon les impératifs de la science mais au nom de la plus élémentaire justice … Expropriation du socialisme ouvrier, qui désire la justice, par le socialisme intellectuel, qui désire le pouvoir.. » (Jean-Claude Michéa – résumant George Orwell) – L’expropriation est achevée depuis une bonne cinquantaine d’années. Qui a vu un ouvrier au parti socialiste ?

 « Le socialisme d’Orwell a depuis le début été pour lui une possibilité offerte à l’activité des classes populaires et non une nécessité historique dont les experts de la théorie serait chargés d’organiser l’avènement … ‘Le mot socialisme a un sens très différent selon que l’on est un travailleur ou un marxiste des classes moyennes’. » (Jean-Claude Michéa – sur, et citant, George Orwell) – Et maintenant qu’il n’y a plus ni travailleurs ni marxistes, que reste-t-il ? Des politicards de profession, de pauvres et malheureux élus dévoués… 

« Mauss ne prend pas seulement ses distances avec l’idée absurde d’un socialisme ‘scientifique’ qui, parce qu’il s’imagine construit sur le modèle des sciences de la nature, se condamne à penser l’action révolutionnaire comme une simple science appliquée, sous le contrôle naturellement, de ceux qui savent, et donc indifférente à toute considération morale. » (Jean-Claude Michéa – évoquant Marcel Mauss et son Essai sur le don)

« Le socialisme contemporain, la nouvelle ‘ère des sosies’. » (Philippe Muray)

« Le socialisme, fantastique frère cadet du despotisme … qui travaille à l’anéantissement formel de l’individu : car celui-ci apparaît comme un luxe injustifiable de la nature qui doit être par lui corrigé en un organe utile à la communauté. Par suite de cette parenté, il se montre toujours dans le voisinage de tous les déploiements excessifs de puissance. » (Nietzsche ou Georges Palante ?)

 « Le type de personne qui désormais est le plus disposé à accepter le socialisme est aussi celui qui considère le progrès mécanique, en tant que tel, avec enthousiasme. »  (George Orwell) – Et même le progrès tout court, la dynamite sur laquelle il est  assis, rêvant des noces de l’Avenir radieux et du Cybermonde.

« Attirer par une attraction magnétique tous les buveurs-de-jus-de-fruit, les nudistes, les illuminés en sandales, les pervers sexuels, les Quakers, les charlatans homéopathes, les pacifistes et les féministes d’Angleterre. » (George Orwell, un vrai socialiste – sur les attraits d’une certaine mystique socialiste – Le quai de Wigan)

 « Il a cherché à fixer sur la terre l’idéal du ciel. » (Frédéric Ozanam – sur le socialisme) – Comme si une telle ambition, aussi déraisonnable, était à notre portée. On a vu, et on voit encore, le résultat.

 « L’erreur fondamentale du ‘socialisme’ est de caractère anthropologique. En effet, il considère l’individu comme un simple élément, une molécule de l’organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l’individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien et le mal. L’homme est ainsi réduit à un ensemble de relations sociales, et c’est alors que disparaît le concept de personne comme sujet autonome de décision morale qui construit l’ordre social par cette décision. » (Jean-Paul II)

 « C’est un spectacle amusant que de voir comment nos socialistes antichrétiens, particulièrement anticatholiques, insoucieux de la contradiction, encensent le même monde sous le nom de modernisme et le flétrissent, le même, sous le nom de bourgeois et de capitaliste. » (Charles Péguy)

« Le parti politique socialiste est entièrement composé de bourgeois intellectuels. » (Charles Péguy) – Déjà ! Depuis la seule différence c’est que de bourgeois on est passé aux grands bourgeois.

« Le pouvoir du marxisme sur l’esprit s’appuie sur un processus exactement inverse de celui de la sublimation freudienne. Les besoins moraux de l’homme, auxquels est déniée une expression en termes d’idéaux, sont mis au service d’un système de pur pouvoir auquel ils confèrent la force d’une passion morale aveugle … L’être humain moralement inverti n’a pas seulement substitué, au plan philosophique, des buts matériels aux finalités morales, mais il met dans l’action toute la force de ses passions morales orphelines, dans un cadre de références purement matérialistes. » (Karl Polanyi – bon connaisseur du marxisme pratique) – On voit la puissance en actes de la doctrine.

 « Je déteste un certain socialisme parce qu’il a la haine de l’argent au lieu d’en avoir le mépris. » (Charles-Ferdinand Ramuz) – Ce qui n’empêche que « Socialisme et amour des places aillent  souvent de pair. » (Joseph Proudhon)

« Le socialisme semble être quelque chose que l’échec ne réfute jamais, que la haine du peuple ne démoralise jamais. » (Jean-François Revel) – Il suffit de posséder les média, les syndicats et le système éducatif.

« L’échappatoire coutumière : les abominations du socialisme réel sont présentées comme des déviations, trahisons, perversions, du ‘vrai’ communisme, lequel ne peut donc qu’émerger encore plus fort des calomnies dont on l’accable. » (Jean-François Revel) – URSS, Cuba, Cambodge, Vietnam, Corée du Nord, Chine…

« Les deux puissances morales dont cette guerre contagieuse a de plus révélé la faiblesse, c’est le christianisme, et le socialisme. Ces apôtres rivaux de l’internationalisme religieux ou laïque se sont montrés soudain les plus ardents nationalistes. » (Romain Rolland – sur le délire réciproque de 1914)

« Un monde possédant une civilisation parfaite pourrait être en même temps un monde saturé de haine, un monde ‘démoniaque’. » (Max Scheler) – C’est vers quoi tendent toutes les utopies socialistes à base d’envie. 

« Un coup d’œil sur l’histoire de l’Europe nous convainc que la part du ressentiment dans la genèse des morales y est considérable … La morale bourgeoise qui, depuis le XVIII° siècle, n’a cessé de désintégrer la morale chrétienne, et dont la Révolution française a été l’apogée, a sa source dans le ressentiment. Tout prés de nous, dans le socialisme contemporain, le ressentiment est devenu un facteur de première importance qui petit à petit a évincé la morale éternelle. » (Max Scheler – cité par Paul-François Paoli)

« La grande force du socialisme : s’appuyer sur l’effet assuré de l’envie … L’exploitation systématique, dans un esprit utilitaire, de sentiments d’envie. » (Helmut Schoeck)

« C’est l’effet assuré de l’envie qui explique  le grand succès des mouvements inspirés par le socialisme (Raiga) … Il suffit de promettre à l’envieux  la suppression ou la destruction d’un bien que l’autre possède  …  L’aspect tragique de la pensée socialiste réside dans le fait de vouloir fonder tout un système d’économie politique et tout un programme de mesures coercitives sur une chimère : celle de fonder une société libre de toute envie. … La critique née du ressentiment ne ‘veut’ pas sérieusement ce qu’elle prétend vouloir, elle ne critique pas pour faire cesser un mal, elle l’utilise pour s’exprimer à tout prix … Choix conscient d’une tactique politique. » (Helmut Schoeck) 

« Les politiques socialistes empêchent en réalité les individus les meilleurs et les plus utiles de faire usage de leurs talents et de leurs compétences. Or nous dépendons tous du succès de ces individus… » (Roger Scruton)

« La nature contradictoire des utopies socialistes est une explication de la violence qui accompagne leurs tentatives de s’imposer ; il faut une force infinie pour mettre en œuvre l’impossible. » (Roger Scruton) – Tous auront tout, mais sans rien faire. 

« Dans l’histoire du mouvement communiste, une certaine schizophrénie était nécessaire, un comportement agressif et militariste envers les autres, généreux et faisant place à la conscience mutuelle envers les camarades : un passage magique qui se réalisait rarement. » (Richard Sennett – d’après son expérience familiale) – Peut être étendu au socialisme de jadis, datant d’ un siècle et plus, regroupant de vrais socialistes qui y croyaient.

« Ce n’est pas un hasard si c’est seulement dans les pays communistes que l’on s’enfuit clandestinement, au risque… » (Raffaele Simone)

« Lorsque Sartre disait ‘le socialisme est un humanisme’, il aurait fallu répondre le socialisme est un somnanbulisme. » (Peter Sloterdijk)

« Si, par hasard, nos socialistes parlementaires arrivaient au gouvernement, ils se montreraient de bons successeurs de l’Inquisition, de l’Ancien régime et de Robespierre. » (Georges Sorel) – Comme tous les prétendus vertueux. Prédiction réalisée.

« Le parti socialiste est devenu une cohue puisqu’il ramasse ‘des officiers, des gens décorés, des riches, des gros rentiers, des grands patrons’… Il parle autant de langages qu’il a d’espèces de clientèles … Aucune contradiction ne l’arrête. » (Georges Sorel)

« Les socialistes parlementaires, les tenants de ce socialisme bruyant, bavard et menteur qui est exploité par les ambitieux de tout calibre qui pratiquent l’art de concilier les oppositions par le galimatias. » (Georges Sorel – cité par Pierre-André Taguieff)

« Comment a changé le socialisme français ? Sans jamais l’assumer explicitement. Curieux destin pour un parti que de toujours évoluer sous la pression des circonstances, d’avancer à reculons, de manière un peu honteuse et sans se donner les moyens de le reconnaître explicitement ! » (Monique Canto-Sperber) – Hypocrisie.

« Lorsque les socialistes au pouvoir ont réellement entrepris d’entraîner la société vers un but, les moyens qu’ils ont choisi pour parvenir à cette fin ont jalonné de tragédies l’histoire du socialisme. L’avenir radieux s’est souvent révélé être un présent sinistre. » (Monique Canto-Sperber)

« Karl Kautsky disait un jour à nos socialistes  que la France démocratique est le pays qui a fait couler le plus de sang ouvrier. 1848, 1871, 6 février 1934 … Pour fusiller un peuple libre, rien ne vaut un vieux démagogue, qui a parlé, toute sa vie, sur la liberté. … Adolphe Thiers, etc. … ‘Il n’y a que des gouvernements anonymes qui puissent se permettre impunément de telles répressions’» (André Tardieu – citant Louis-Philippe exilé)

  « Le socialisme ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres. » (Margaret Thatcher)

« En une société socialiste, ceux qui monteraient au sommet seraient les plus habiles dans une compétition bureaucratique obscure. » (Max Weber – pronostic)

 « Défaire n’est pas faire. » (?)

« Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme ; le socialisme, c’est le contraire. » (proverbe des dissidents de l’Europe de l’Est)

– Ci-dessous quelques petits extraits d’un livre de Jan Waclaw Makhaïski (révolutionnaire marxiste russo-polonais) : Le socialisme des intellectuels (début du XX° siècle), qui garde quelque valeur, si on l’adapte au temps présent et à la terminologie actuelle. Les critiques féroces de l’auteur visent essentiellement le socialisme parlementaire. Certains textes sont résumés par son commentateur, Alexandre Skirda.

« Les socialistes ont de tout temps répandu parmi les ouvriers un immense mensonge. Il n’y aurait que les capitalistes qui vivraient de l’exploitation et du pillage. Pourquoi ce mensonge ? Qu’apporte-t-il aux socialistes ? Il préserve toute la société cultivée des attaques d’esclaves insurgés, car les ouvriers socialistes qui en sont victimes ne s’en prennent qu’à la seule classe des pillards. Aussi ce mensonge garantit-il la survie de la société dominante. »

« Le socialisme ne serait que l’idéologie d’intellectuels qui tirent avantage de la position charnière qu’ils occupent au sein de la société capitaliste, par le contrôle de la production et la gestion de l’économie, ainsi que de leur monopole des connaissances pour tenter de s’ériger en une nouvelle classe dominante … Le socialisme est un régime social basé sur l’exploitation des ouvriers par les intellectuels professionnels. »

« Les intellectuels, dés qu’ils reçoivent le droit de gouverner l’Etat, cessent immédiatement de se rebeller et s’efforcent seulement de conserver l’ordre qui les consacre en gouvernants et en maîtres. »

Ceux qui « observent attentivement et utilisent le mouvement ouvrier comme moyen pour leurs propres fins, ces couches de la société cultivée qui ne peuvent, sous le régime autocratique, parvenir à leur complète domination, accéder à toutes les responsabilités du pouvoir … occuper de confortables et bénéfiques petites places. » – Aujourd’hui tout le monde peut, en théorie, il suffit de s’installer en politique plutôt que d’aller travailler.

« Le socialisme serait l’idéologie qui représente au mieux les intérêts d’une nouvelle classe dominante et ascendante : les ‘capitalistes du savoir’. »

« Le travail aux ouvriers, le pouvoir aux gens cultivés ! C’est ainsi qu’ils entendent la hiérarchie sociale. »

« Le socialisme  est une foi semblable à celle qu’ont offerte toutes les religions aux esclaves. Le socialisme est la religion créée pour les esclaves du régime bourgeois … Sermon sur le bonheur, sur la vie juste, sur l’égalité universelle des prochaines générations. »

« L’idéal socialiste, cette peau de mouton qui dissimule le loup. »

« En conséquence, toute lutte des ouvriers contre l’Etat et ses lois doit disparaître dés maintenant, car l’Etat soviétique est un Etat ouvrier. Une lutte menée contre lui serait une rébellion criminelle contre la volonté de la classe ouvrière. Une telle lutte ne pourrait être menée que par des voyous, par des éléments socialement nuisibles et criminels. » – Critique ironique évidente de la part de l’auteur. Seuls les intellectuels pourris français (Sartre et des centaines d’autres) trouvaient arrangeants pour eux et leurs intérêts de faire semblant de croire à ces fables.

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– Fascisme   

– Ne pas confondre le fascisme, doctrine politique d’origine italienne, fascio, les faisceaux, avec le nazisme, allemand, national-socialiste. Le premier né précédemment à l’arrivée au pouvoir du parti nazi allemand) ; même s’il a existé une alliance pratique, et d’ailleurs conflictuelle.

 – C’est l’accusation majeure (surtout pour ceux qui ne savent même pas ce que le terme veut dire), décernée par l’action combinée du procédé diffamatoire (Hitler aimait les chiens, vous aussi… donc…) et du procès d’intention (vous dites A, mais en fait ce que vous voulez dire c’est B… donc…). Est déclarée fasciste toute entreprise qui menace vraiment les positions de l’intelligentsia. On peut être fasciste par pensée, par action et par omission. Accusation inquisitoriale, à vous de faire la preuve de votre innocence, une seule preuve étant admise : l’aveu suivi d’un repentir à renouveler sans cesse. Le plus expéditif est encore de traiter de fascistes tous ceux qui ne pensent pas comme vous.

– On trouvera ci-dessous quelques considérations sur le fascisme français tirées du livre de Marc Crapez, La gauche réactionnaire, mythes de la race et de la plèbe dans le sillage des Lumières (essentiellement, dernières parties, Epilogue et Annexes, pages 245 à 318), corroborées par les deux remarquables ouvrages de Pascal Ory, La France allemande et les collaborateurs, ouvrages non exploités dans ce blog car trop spécialisés et étant hors de sa préoccupation plus générale. Ouvrages mettant en relief le fascisme changement, rénovation, révolution, anti-capitaliste (surtout Mussolinien) tel que vu même par Léon Blum avant-guerre dans le journal Le populaire (source Guy Hermet) et le fascisme dur, oppressif (c’est le moins qu’on puisse dire), le fascisme de la collaboration dure de Paris (Doriot, Déat … tous ex-hommes de gauche, souvent au nom de plus jamais de guerre telle que la alors récente boucherie de 1914)

– Il est simplement question d’esquisser le rattachement de ce qu’on appelle fascisme, au moins l’ultra-fascisme, à des souvenirs, fantasmes, tendances, attirances de nature révolutionnaire dont les racines lointaines remontent au jacobinisme de la révolution française, avec tous les dangers qu’engendrent les ambitions de nettoyage et de table rase qui lui sont inhérentes : délire purificateur et son dérivé, l’esprit de supériorité caractéristique de l’idéologue bien-pensant qu’il implique en dépit de ses ambitions égalitaires affichées, ainsi que le chauvinisme, en matière raciale notamment, poussant au racisme pur et simple ).

– Rien à rappeler sur les causes de l’émergence du fascisme italien (1922) et du nazisme allemand (1933). Les deux sont les fils de 1914-1918 (comme ailleurs la révolution bolchevique). La frustration et la misère italienne. La stupidité revancharde française du traité de Versailles, réparations, occupation de la Rhénanie et de la Ruhr (aucune occupation n’est douce !), la misère en Allemagne…

– Une peinture de cette atmosphère de l’entre deux guerres mondiales, et des origines du fascisme  est donnée dans l’ouvrage de Robert Brasillach, Notre Avant-Guerre. Sans y voir une apologie quelconque de ce mouvement ni une évocation de ses déviations d’ailleurs plus marquées  ultérieurement.

– Une peinture de cette atmosphère de l’entre deux guerres mondiales, et des origines du fascisme  est donnée dans l’ouvrage de Robert Brasillach, Notre Avant-Guerre. Sans y voir une apologie quelconque de ce mouvement ni une évocation de ses déviations d’ailleurs plus marquées  ultérieurement. Trompeuse et partielle est toute évocation de la seconde guerre mondiale sans tenir compte de l’atmosphère fétide de la décennie des années 1930, au moins en France. 

– Ci-dessous, il est hors de question de justifier des errements graves, mais de dévoiler leur genèse, pour l’avenir comme pour le passé. « Comprendre, expliquer, n’est pas justifier. » (?)

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« Les trois caractéristiques du fascisme progressiste qui le font furieusement ressembler à n’importe quelle  idéologie conservatrice : – La domination de la majorité se trouve en pratique subvertie par des minorités agissantes bien organisées. Elles bénéficient de la caisse de résonance des médias incroyablement complaisants… – La réduction du monde à une opposition binaire entre victimes et coupables. Toute personne qui parvient à s’élever à l’enviable dignité de victime patentée peut à volonté créer son propre cercle d’exclusion, pratiquer activement ce qu’elle reproche aux autres… –  La fausse tolérance. Il n’est plus imaginable d’émettre un discours contraire à la doxa. Les discours progressistes sont devenus peu à peu un arsenal hargneux prétendant interdire tout discours alternatif… Indignations à géométrie variable, censure au nom de la liberté, exclusion au nom de l’inclusion, discrimination au nom de la lutte contre la discrimination. » (Olivier Babeau) Alors, nous sommes en plein fascisme .

« Tout est bon pour échapper au processus de désenchantement de la valeur et des valeurs collectives, à cette neutralisation et pacification de la vie, à la sécularisation rationnelle, à l’opérationnalisation et à l’unidimensionnalisation de toute vie sociale et individuelle … Le fascisme est une résistance à cela, résistance profonde, irrationnelle, démente, peu importe, il n’aurait pas drainé cette énergie massive s’il n’était pas une résistance à quelque chose de pire encore. » (Jean Baudrillard – Simulacres et simulation – note P72) – Ne pas voir là une justification du fascisme, seulement une explication de son irruption.

« L’antifascisme ‘parisiano-bobo’ est un racisme à l’envers, un ‘racisme de classe qui s’ignore’. » (Matthieu Baumier – citant un livre de Willy Pelletier et Gérard Mauger, Les classes populaires et le FN) – Ce que tout le monde sait hormis le groupe politico-médiatique et sa cour de Bobos au service de rares privilégiés dominants.

« On assassine des blasphémateurs, on bouscule des comédiens, on culpabilise, on terrorise, on en impose, on s’impose. Les nazis ne procédaient pas autrement pour défendre des minorités allemandes soi-disant humiliées, soi-disant menacées … » (Cyril Bennasar) – On dénonce à tout va. Etrange ressemblance dans les comportements d’hier et d’aujourd’hui, et de soi-disant adversaires.

« L’antifascisme est un leurre, destiné à couvrir du voile de la pudeur une politique internationale inspirée par la raison d’Etat. » (Denis Berger et Henri Maler – Une certaine idée du communisme – cités par Philippe Raynaud – sur l’exploitation stalinienne de l’antifascisme) – Aujourd’hui,  tout autant leurre à usage de politique intérieure, il couvre le monopole qu’entend garder l’oligarchie dominante.

« J’entends par fascisme, non pas l’entité démonisée qui réunit le fascisme avec le nazisme comme l’ont toujours fait et peu à peu imposé les communistes, mais le régime mi-populiste, mi-nationaliste, qui régnait en Italie, en Espagne, au Portugal, en Hongrie… qui était autoritaire mais qui n’était pas totalitaire, qui avait des ‘chefs’ mais qui n’avait pas vraiment d’idéologie… » (Alain Besançon)

« Le concept d’antifascisme est un produit élaboré par la propagande soviétique de l’époque des fronts populaires (et qui sert encore quatre-vingt ans après). Il enveloppe sous le nom générique de fascisme le nazisme et les régimes sans communauté de nature avec lui : mussolinisme, franquisme, salazarisme, régimes militaires, régimes de droite autoritaire, et même de droite démocratique (comme le gaullisme) toujours suspects d’une dérive fasciste, démocraties irréprochables mais menant une politique qui déplaît, institutions telle la police, journaux  conservateurs… Toute contrainte est fasciste, la famille, la langue selon Roland Barthes … C’est simple, devient fasciste tout ce qui n’est pas d’extrême gauche … L’antifascisme, norme éthique obligatoire, attitude morale globale dont on ne saurait s’écarter … Cette religiosité s’organise non autour  d’un idéal positif, mais d’une commune détestation d’un mal . C’est une religiosité du négatif … Dans les années soixante-dix, l’antiracisme remplace progressivement l’antifascisme. » (Alain Besançon) – Ne remplace pas exactement. Mieux vaut avoir deux pistolets.

« La grande révélation et l’essentielle originalité du fascisme, c’est l’intervention des ‘sentiments’ comme facteurs autonomes et d’importance considérable dans le domaine même de la politique … Le fascisme mise sur les ‘exaltations collectives’. » (Jean-Michel Besnier) – Tout à fait exact, du moins du fascisme mort des années trente, quarante.

« Le fascisme … qui avait surpris par l’alliance qu’on croyait nouvelle d’une certaine forme de socialisme et d’exaltation nationale … Être à la fois socialiste (au service du peuple) et patriote (au service de la nation) … voilà qui paraissait une bonne réplique aux prétentions du communisme bolchevique … La surprise, c’est que le communisme dont la vocation est d’être international renonce officiellement à toutes prétentions œcuméniques, tandis que le fascisme, qui affirme à l’origine ne convenir qu’à un seul pays, tend à se propager à la manière d’une épidémie et se propose comme un modèle universel. Pourquoi ce renversement ? Qu’est-ce qui attire dans le fascisme ? L’irrationnel, le pouvoir du spectacle et une résurgence bâtarde de certaines formes du sacré : autrement dit, le besoin d’une société qui voudrait à nouveau s’ouvrir aux mythes. » (Maurice Blanchot – sur les années trente – Les intellectuels en question) – Nazi : national-socialiste.

« Professer l’antifascisme au XXI° siècle, c’est croire aux revenants … aussi inconsistant qu’anachronique … L’antifascisme incantatoire a ceci de moralement confortable qu’il permet d’épancher ses penchants haineux en toute légalité, la bonne conscience en sus. Pour la créature du ressentiment, il offre un débouché inespéré à sa malfaisance. » (François Bousquet)

 « L’artillerie lourde antifasciste toujours utile quand on est à court d’arguments. » (Pascal Bruckner)

« Fascisme ? Le grand mot est lâché. Qu’est-ce que le fascisme à une époque de laxisme infantile ? Une forme de régime totalitaire fondée sur l’embrigadement des personnes et le culte de la pureté raciale ? Vous n’y êtes pas du tout : le fascisme est tout ce qui freine ou contrarie le penchant des individus, tout ce qui contrarie leurs caprices. … Elevons des broutilles au rang d’ignominies. » (Pascal Bruckner – La tentation de l’innocence)

« L’avènement au pouvoir des régimes fascistes s’est toujours produit dés lors que le grand capital et l’oligarchie l’avait décidé. L’arrivée d’Hitler en est le plus bel exemple, et les dictatures d’Amérique latine installées, financées et conseillées par les Etats-Unis en sont d’autres. » (Régis de Castelnau) – En France, le grand capital hésiterait sans doute, certainement pas l’oligarchie, notamment celle constituée par une caste de hauts fonctionnaires, de politiciens tarés et d’affairistes sans honneur à voir comme celle-ci maîtrise et utilise les média.

« Les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes. » (Winston Churchill) – Prémonitoire.

« Que l’extrême droite ait jamais été la matrice de la droite ne paraît guère vérifié … précisément bien plutôt parce qu’elle se renouvelle perpétuellement en tant que surenchère de certains principes de la gauche … Si le vichysme et la collaboration ont plutôt recruté à droite, le collaborationnisme, à l’inverse, a fréquemment séduit d’anciens hommes de gauche …’Les seuls éléments véritablement opposés à l’ordre établi, les seuls qui puissent prétendre à un minimum de crédibilité sont ces révolutionnaires de droite que rejoignent très vite les non-conformistes de l’extrême gauche’ (Zeev Sternhell, La droite révolutionnaire) … Sternhell le précise, l’objectif fasciste est alors, d’une certaine façon, de ‘sauver le socialisme’ en éliminant la démocratie … sauver la révolution et une certaine conception du socialisme … ‘L’échec même du Front populaire à réformer la société’ … On présente complaisamment Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu la Rochelle et Lucien Rebatet comme des écrivains appartenant à l’extrême droite révolutionnaire. Et tout serait politiquement dit par l’ajout de quelques formules : romantisme, nationalisme, anticommunisme, haine des Lumières et de la Révolution française. C’est une vue de l’esprit. Un réactionnaire prêt à tout peut devenir fasciste. Mais seul un révolutionnaire peut devenir ultra-fasciste, jusqu’à la table rase, jusqu’à cette ‘civilisation totalitaire’ à laquelle rêve d’accéder Déat … Aux dires de Rebatet ‘Hitler ne se perdit pas à cause de son fascisme, qui aurait dû lui dicter une mission européenne et révolutionnaire, mais parce que le pangermanisme l’emportait de très loin dans sa nature’ … ‘Le fascisme a échoué parce qu’il n’a pas pu devenir franchement un socialisme. Et l’étroitesse de sa base nationaliste l’a empêché de devenir un socialisme européen … Absence d’esprit révolutionnaire, absence de politique européenne, pas assez socialiste’ (Drieu la Rochelle) … Il ressort de ces éléments un constat : le fascisme (français) n’est pas une réaction contre la Révolution française … On peut même plaider qu’il est solidement ancré dans cet événement … Le fascisme est rarement hostile aux étapes du phénomène de la modernité. En revanche, il est une réaction profonde à l’encontre des orientations libérales déduites de ce processus. » (Marc Crapez ?)

« Nous sommes tragiquement forcés d’en retenir que, dans bien des cas, un mouvement d’humeur collectif, une émotion partagée, une exaltation passagère, ont joué un rôle plus important que l’adhésion délibérée à une idéologie fanatique. » (Paulina Dalmayer, évoquant un livre de Gitta Sereny, Dans l’ombre du Reich, recueil d’interviews dans leurs prisons d’anciens nazis)

 « Raisons des différences multiples de traitement entre la stalinisme et le nazisme. ’Le premier se veut et est l’héritier des Lumières, le second en est le fossoyeur’ … A crimes égaux, on peut afficher Staline dans nos universités (émancipation), mais pas Hitler (enracinement) … Dans l’excès et la perversion, le communisme cherche à réaliser la modernité, le nazisme à l’écarter … Les barbaries sont  innocentées quand elles sont du côté du progrès. » (Chantal Delsol – citant Bernard Bruneteau)

« Entre deux guerres, les divers fascismes-corporatismes ont été des réactions conservatrices violentes à la modernité considérée comme une agression … ’Le phénomène fasciste du XX° siècle est l’expression d’une rébellion exaspérée et irrationnelle contre la tyrannie, actuelle ou future, du rationalisme radical-utopique ‘ (Irving  Kristol) … Le nazisme s’inscrivait dans le courant romantique d’une lassitude  de la rationalité … La vision du moderne inéluctable, irrésistible  contre lequel  on ne peut rien, sinon par la force, ,jointe à la conviction inébranlable que ce destin est mortifère engendre l’idée d’une fatalité mortelle, le désespoir et la violence, nihilisme  … Tout plutôt que cet absolu désastre … Mieux vaut tout détruire plutôt que d’affronter l’inéluctabilité de ce que les anciens appelaient l’Inique  …A l’extrême de ce comportement, chez les fondamentalistes, c’est le culte de la mort qui l’emporte …  L’idée d’un rempart à opposer à un progrès finalement pervers est largement développé depuis le milieu du  XIX° siècle. »  (Chantal Delsol – Le crépuscule de l’universel – sur les antimodernes effrayés par le processus de mondialisation et de libéralisme, par l’apparition d’une société entièrement ouverte) –  – textes regroupés, rien à voir avec une quelconque justification du fascisme.

« Contrairement à une légende tenace, Hitler n’a jamais obtenu la majorité des suffrages populaires … Hindenburg n’a appelé Hitler à la chancellerie que sous la pression du grand patronat ; rencontre d’Hitler et des magnats de l’industrie à Düsseldorf le 27 janvier 1932 et adresse de ceux-ci à Hindenburg en novembre. » (Alexandre Devecchio)

« La race a ici un rôle homologue à celui des classes dans le marxisme, la lutte des races devant remplacer la lutte des classes. » (Louis Dumont)

« Ils scandent avec une détermination renouvelée : ‘Le fascisme ne passera pas !’ mais c’est ‘Le fascisme ne trépassera pas !’ qu’il faut entendre. Si ce péril suprême vient à manquer, ils seront comme des enfants perdus, ils tâtonneront, sans repères, dans un monde indéchiffrable. Ils sont donc aux petits soins pour la bonne vieille bête immonde de papa, pour l’ogre familier qui est devenu leur nain de jardin. C’est bien moins le fascisme qui les épouvante que l’éventualité de sa disparition. » (Alain Finkielkraut – sur les antifascistes – La seule exactitude)

« Type de régime heureusement vaincu et exceptionnel. Mais comme injure, le terme est utilisé toutes les fois qu’une mesure autoritaire (même pas toujours !) est prise … ou qu’une conviction ferme est soutenue. » (Christian Godin)

« ‘Fasciste’, l’injure passe-partout destinée à disqualifier l’adversaire. On désigne comme ‘loi de Godwinn’ la probabilité de voir apparaître une comparaison avec Hitler ou les nazis lorsqu’une discussion en ligne dure trop longtemps, et que les adversaires sont à court d’arguments. » (Roland Gori) – Curieux, on invoque rarement Staline et jamais ‘communiste’.

« Points communs entre fascisme et gauchisme contestataire : – terrorisme intellectuel – racisme – ouvriérisme – angélisme et férocité – mélange d’idéalisme et de sadisme – régression au processus primaire et manque du sens de la réalité – fanatisme – manichéisme – philosophie pessimiste – anti-sémitisme (anti-sionisme) – anti-ibéralisme – anti-parlementarisme – culte de la jeunesse – culte de la violence – Promotions fondées non sur les mérites mais sur des motifs politiques,  des examens et des diplômes bidons – etc. » (Béla Grunberger et Janine Chasseguet-Smirgel)  

Avec l’explication de Christophe Guilluy, nous sortons de l’analyse du fascisme, pour entrer dans l’utilisation qui est faite actuellement du mot. « Si les défenseurs du petit commerce ont hier été fascisés, les défenseurs des petites villes et, plus encore, du monde rural sont aujourd’hui pétainisés … L’antifascisme, une  arme de classe … Face aux contestations du modèle économique et sociétal dominant, la classe dominante n’a plus d’autre choix que de dégainer sa dernière arme, celle de l’antifascisme … en mettant en scène un ‘antifascisme facile qui a pour objet un fascisme archaïque qui n’existe plus et n’existera plus jamais’ (Pier Paolo Pasolini) … Véritable arme de classe, l’antifascisme présente un intérêt majeur. Il confère une supériorité morale à des élites délégitimées en réduisant toute critique des effets de la mondialisation à une dérive fasciste ou raciste (d’où la promotion de l’ennemi fasciste et la surmédiatisation du Front national, en visant en fait l’ensemble des classes populaires) … Il s’agit de défendre des intérêts de classe, pas de protéger des ‘minorités‘ … Si elle perd la guerre des représentations, la classe dominante est nue. Elle devra alors faire face à la question sociale et assumer les choix économiques et sociétaux qui ont précarisé les classes populaires. » (Christophe Guilluy – Le crépuscule de la France d’en haut)

« Selon Pasolini le fascisme mussolinien fut moins destructeur que le fascisme marchand. Il avait asservi les hommes mais pas ‘atteint le fond des âmes’ : ‘En ce temps-là, les jeunes, à peine enlevaient-ils leurs uniformes et reprenaient-ils la route vers leur pays et leurs champs qu’ils redevenaient les Italiens de cinquante ou de cent ans auparavant, comme avant le fascisme … En revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation,  a profondément transformé les jeunes, elle les a touchés dans ce qu’ils ont d’intime, elle leur a donné d’autres sentiments … Il ne s’agit plus, comme à l’époque mussolinienne, d’un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d’un enrégimentement réel, qui a volé et changé leur âme. » (Fabrice Hadjadj – citant Pier Paolo Päsolini – Ecrits corsaires) – Auteur qu’on ne pouvait soupçonner de tendance au fascisme politique !

« Plus le signifié est vague, plus il est aisé d’inclure dans la catégorie du Mal nombre d’adversaires et de se positionner par la même occasion dans le camp du Bien. François Furet relevait le caractère quasi-sacranentel depuis la seconde guerre mondiale de ‘la transformation du combat démocratie/antidémocratie en combat fascisme/antifascisme’ … L’accusation de populisme correspond à la même logique. » (Joël Hautbert)

« Il y a une grande part de vérité dans la formule d’après laquelle le fascisme et le national-socialisme seraient une sorte de socialisme de la classe moyenne. Toutefois, en Italie et en Allemagne, les partisans de ces nouveaux mouvements, tout un ‘prolétariat en faux-col’. ne constituaient pas au sens économique une classe moyenne. Il s’agissait plutôt de la révolte d’une classe frustrée contre l’aristocratie ouvrière créée par le mouvement socialiste. Les vieux partis socialistes et les organisations ouvrières avaient fini par trouver un terrain d’entente avec les employeurs et par améliorer ainsi leur situation, cependant que des masses très importantes restaient sans protection, dans la misère. Ces éléments considéraient, avec quelque raison, les membres plus favorisés des organisations ouvrières comme faisant partie d’une classe d’exploiteurs plutôt que d’exploités. L’expression ‘lutte de classes à rebours’, employée en Italie lors de la montée du fascisme révèle un aspect significatif de ce mouvement … Les fascistes et les nazis n’ont pas eu grand-chose à inventer. La tradition d’un mouvement politique nouveau, envahissant tous les domaines de la vie, était déjà établie en Italie et en Allemagne, par les socialistes. » (Friedrich A. Hayek)

« Ce fut au milieu des tranchées que les intellectuels de droite crurent expérimenter pour la première fois une forme de communauté post-bourgeoise et antilibérale. Le national-socialisme fut, en un sens, une tentative de rendre éternels ces ‘meilleurs moments de la vie’, de transformer la ‘gemeinschaft’ (communauté fraternelle) des tranchées en une ‘volksgemeinschaft’. La direction du parti nazi au complet et l’ensemble des responsables du régime nazi furent soldats durant la première guerre mondiale … Aussi, selon Walter Benjamin, sorte de compensation par laquelle il s’agissait de transformer une défaite humiliante en une victoire de l’esthétique et de la beauté sur le matérialisme informe et chaotique de la démocratie libérale. » (Jeffrey Herf – L’éternel retour de Zeev Sternhell)

« Dans sa précipitation … à voir le péril brun chez ceux qui tentent juste de garder quelque chose des repères et des structures qui les font vivre, le socialisme s’est tourné contre le peuple. » (Hervé Juvin)

« Il n’est pas un programme, il n’est pas une idéologie abstraite … Il est antisentimental, antilibéral, antiquantitatif … C’est par là que son esprit est le même que celui du bolchevisme, qui est son pôle négatif. » (Hermann von Keyserling) – Rappelons que le fascisme est d’origine italienne et non allemande. 

« L’obsession du fascisme des libéraux les pousse, plus que jamais à discerner des ‘tendances fascistes’ ou un ‘proto-fascisme’ dans toutes les opinions qui n’entretiennent aucune sympathie pour le libéralisme, tout comme la droite dure détecte un ‘socialisme rampant’ dans le libéralisme même … Les libéraux avaient perfectionné leur propre technique de rejet méprisant en élargissant le concept de fascisme à tout ce qui s’écartait de la tradition des Lumières. » (Christopher Lasch) – Libéraux américains vaut gauchistes français. C’est maintenant très simple, tout ce qui n’est pas couché est fasciste.

« Beaucoup d’écrivains furent séduits par le fascisme comme par un mouvement lyrique où se mêlaient le chant et la volonté. Pour Drieu La Rochelle obsédé comme tout barrésien par l’empire de la décadence, le fascisme était le ressort qu’il avait d’abord attendu de Moscou. Pour Brasillach le fascisme n’était pas une opération politique mais un vaste courant de symboles … Brasillach était mû par une esthétique révolutionnaire … il jouissait d’opposer à la pourriture sénile des parlementaires et des banquiers la candidature virile de musculatures jeunes … Car le fascisme pendant quelques années fit partie de l’esprit du temps ; son ardeur s’harmonisait même avec celle de ses ennemis pour peu que ceux-ci fussent jeunes … ‘la rude purification des fascismes porte le feu dans tout un appareil vermoulu que nous n’avons ici cessé de combattre au nom d’autres valeurs. Il nettoie hardiment l’Eglise de ses tentations cléricales, l’esprit de ses divagations, le corps de la mollesse, l’individu de son narcissisme’ ( Emmanuel Mounier, de la revue Esprit – l’un comme l’autre peu suspects de tendances fascistes)… ‘Celui qui avant la trentaine n’a pas subi la fascination de toutes les formes d’extrémisme je ne sais si je dois l’admirer ou le mépriser, le considérer comme un saint ou comme un cadavre … Il a triomphé du démon ou, chose plus grave, il n’en a jamais été possédé’ (Emil Cioran). » (Jacques Laurent – sur les séductions du fascisme dans les années 1930, au moins avant Munich)

« Il avait clairement perçu le fascisme comme perversion du socialisme et que, malgré l’élitisme de son idéologie, c’était un authentique mouvement de masse, disposant d’une vaste audience populaire. » (Simon Leys – suivant Pierre Boncenne – Le parapluie de Simon Leys)

« Accusez vos adversaires de fascisme … Le temps qu’ils se justifient, vous aurez tout loisir de leur porter de nouvelles attaques. » (Dimitri Manouilski – un vieux stalinien) – Recommandation du Komintern qui marche encore plus de quatre-vingt ans après.

« L’antifascisme pouvait exister même en l’absence de fascisme. » (François Marchand) – Comme l’antiracisme d’ailleurs. Quand on manque du moindre argument à opposer au réel, on dégaine le mot fascisme, n’est-ce pas bien pratique !

« Le nazisme s’affirme d’abord comme anti-universaliste … Par ailleurs, Polanyi qualifie de ‘religion politique’ le nazisme de Rosenberg car celui-ci incarne le néo-paganisme raciste allemand, radicalement antijuif et antichrétien … Le ‘vitalisme’ est une projection du processus biologique sur les faits sociaux. C’est une doctrine de purification qui vise à réinstituer l’humanité dans une sorte de préhistoire. » (Jérôme Maucourant – interprétant Polanyi) – Paganisme, vitalisme, vitalité : sorte de retour à un état censé être plus naturel…

« Les fascistes français en sont restés au premier fascisme. Ils se  sont  laissés prendre au mirage socialisant du nazisme sans voir quelle était la véritable nature de l’hitlérisme ; ou sans vouloir la regarder en face … Ils trouvaient un refuge dans l’idée parfaitement utopique de l’Internationale fasciste dans une Europe débarrassée à la fois du communisme et du capitalisme. » (Pierre Milza – à propos de Robert Brasillach et des nombreux socialistes et radicaux passés au fascisme, Marcel Déat, Gaston Bergery, Jacques Doriot… )

« Le fascisme répond à une situation de détresse … Les éléments homogènes et centraux de la société se révoltent parce que le pouvoir n’est plus, ou n’est plus assez le pouvoir. » (Jules Monnerot – Partant de l’exemple allemand, même si l’idéologie fasciste est d’origine italienne) – On sait, au moins depuis, combien les situations de désordre aiguës et prolongées peuvent être périlleuses pour la démocratie.

« Dans la majeure partie de l’Europe, il semble qu’à l’heure actuelle, l’antifascisme souffre en fait d’un problème d’offre et de demande : car en termes de fascistes, la demande excède très largement l’offre … Plus le fascisme s’éloigne dans le temps, moins les fascistes sont visibles, plus les soi-disant antifascistes en ont besoin : il leur faut conserver cette apparence de moralité, cet objectif politique. De ce point de vue, il s’avère utile de définir comme fascistes des gens qui ne le sont pas, tout comme il l’est d’accuser de racistes des gens qui ne le sont pas … C’est un exercice gratuit, qui garantit bien des avantages sur le plan politique et personnel. » (Douglas Murray) – Pour exister et triompher, encore faut-il trouver des ennemis.

« Le fascisme de naguère … rendait différent. Le nouveau fascisme, qui est tout autre chose, ne rend plus différent : il n’est plus rhétorique sur le mode humaniste, mais pragmatique sur le mode américain. Son but est la réorganisation et le nivellement brutalement totalitaire du monde … C’est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la ‘société de consommation’ … Le fascisme est fini (et donc l’antifascisme rendu vain) parce que quelque chose de pire le remplace : le pouvoir de la consommation et son idéologie hédoniste. » (Pier Paolo Pasolini) – Ce que les gens de gauche n’ont évidemment pas compris, puisque évidemment personne ne le leur a dit, et puis l’antifascisme de papa rend bien des services en détournant l’attention.

« Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme. » (Pier Paolo Pasolini – Les lettres luthériennes – citant Huly Long et Geoffrey Barraclough dans l’Europeo) – Quand on voit la brutalité féroce d’intolérance de certaines manifestations (Nuit debout, Gilets jaunes parfois… )

« Pour se protéger, la bourgeoisie inventera un antifascisme contre un fascisme qui n’existe plus. » (Pier Paolo Pasolini) – On comprendra qu’il était urgent de faire assassiner l’auteur de telles élucubrations.

« L’anti-individualisme est, dans les grandes lignes, le signe de toutes les écoles de pensée fascistes. » (Karl Polanyi) – Logique, l’individualisme étant absolument nécessaire au capitalisme libéral et le fascisme étant d’essence anticapitaliste.

 « Comme Renzo De Felice, Pierre Milza observe que Mussolini en disciple de Georges Sorel, d’ailleurs, plus que de Karl Marx, conçut le fascisme comme un mouvement révolutionnaire, hostile au capitalisme financier, au parlementarisme, et au socialisme réformiste autant qu’au libéralisme. » (Jean-François Revel – citant deux historiens) –  Pour les ignares, volontairement confusés qui confondent Fascisme (Fascio : faisceaux) et Nazisme (NSDAP : parti national-socialiste des travailleurs allemands), les différences entre les deux sont considérables, ne serait-ce que parce que le fascisme italien, sans être démocratique, « ne fut jamais totalitaire, ne mit pas les universités et les intellectuels au pas, même si leur liberté d’expression fut restreinte, et en tous cas ne s’est jamais attaqué à son propre peuple » (Raymond Aron) « En matière d’homicide, un abîme sépare le fascisme mussolinien de la haute productivité du nazisme et du communisme. » (Jean-François Revel)

 « On sent qu’il ne faut pas que le nazisme ait disparu. La plus grande victoire … ne doit apparemment avoir donné aucun résultat … Au lieu de réfuter avec froideur et sobriété les élucubrations des soi-disant révisionnistes, pourquoi les grossir démesurément, jusqu’à en faire un nouveau III° Reich en gestation, sinon parce que en s’échauffant contre un danger imaginaire on se dispense de combattre les dangers présents et bien réels ? … En donnant l’assaut contre un ennemi qui n’existe plus, on peut se dire qu’on remplit son devoir de défenseur de la liberté, ce qui dispense de l’accomplir face aux menaces concrètes, actuelles et réelles … Brandir sans relâche l’épouvantail d’un danger totalitaire de droite (afin de pouvoir passer l’éponge sur le totalitarisme communiste) et cependant barrer la route le plus possible aux documents qui peuvent permettre au public de savoir ce qu’a été vraiment le totalitarisme de droite.» (Jean-François Revel) – En finale, sur l’interdiction ou les campagnes virulentes contre certaines interviews ou ouvrages pourtant présentés sans aucune complaisance.

« Le fasciste n’est pas celui qui applique des méthodes fascistes (intimidation, fanatisation, etc.), mais celui qui ne fait pas profession d’antifascisme à titre officiel … De la même façon que l’individu le plus dangereux pour la planète n’est pas celui qui pollue, mais celui qui déclare ne pas croire au changement climatique. » (Ingrid Riocreux)

« Si le fascisme n’existait pas, il faudrait l’inventer pour donner à la gauche l’envie de se lever le matin et d’aller le combattre. Car la gauche a besoin du Mal, comme’ garant de son existence et fondateur de la liberté humaine’. » (Alain-Gérard Slama) – D’ailleurs les média, tous de gauche, en inventent quelque version, étrangement semblables les unes aux autres, tous les matins.

« Le fascisme, c’est l’approbation de l’impossibilité de la démobilisation (post 14-18). Il se manifeste dans l’effort visant à rester sous les armes et à l’offensive ; pourquoi pas sur d’autres fronts et avec de nouveaux ennemis ? … Mussolini le définit comme ‘l’horreur inspirée par la vie confortable’ … L’expression ‘après-guerre’ n’est plus qu’une association de syllabes dépourvues de sens. Il se fonde sur la foi, devenue épidémique après 1917 et 1918 aussi bien à gauche qu’à droite, qu’une guerre sans après a débuté, mieux, que cette guerre globale avait depuis toujours été en marche, qu’on ne peut éviter d’y être enrôlé. » (Peter Sloterdijk)

« Le gauchisme et le fascisme : Nous retrouvons dans le fascisme d’avant-guerre … notamment les accusations portées contre la société de consommation ; identité des deux mouvements : terrorisme intellectuel, racisme (bourgeoisie et peuple pour les gauchistes passés et actuels), ouvriérisme, angélisme et férocité, mélange d’idéalisme et de sadisme, régression au processus primaire et manque du sens de la réalité, fanatisme, manichéisme,, philosophie pessimiste, anti-sémitisme (anti-sionisme), anti-libéralisme, anti-parlementarisme, culte de la jeunesse, culte de la violence…. Par bien des aspects la contestation constitue un fascisme de gauche – Avec quelle rapidité, lors de l’avènement de l’hitlérisme, neuf millions de communistes sont devenus neuf millions de nazis. » (Stéphane André – L’Univers contestationnaire – sur les événements de mai 1968)

« ‘La grandeur authentique de votre mouvement est d’être … une protestation contre le matérialisme contemporain … de présenter le germe  d’une position révolutionnaire nouvelle et nécessaire’ … On constate chez Oswald Spengler ce mélange de nostalgie du passé et de modernisme, ces ‘non-contemporanéités’ qu’Ernst Bloch a si bien mis en évidence dans l’idéologie et le comportement du national-socialisme. » (Zeev  Sternhell, début cité à partir d’une publication de 1933) – L’ambigüité du fascisme, au moins à son origine, dans son aspect d’une part régressif, anti-Lumières et d’autre part, progressiste, révolutionnaire, anticapitaliste, ce que Zeev Sternhell et les auteurs associés de son livre, L’éternel retour, appellent le modernisme réactionnaire.

« Il est plus facile de résister à un péril fasciste qui n’existe pas que de s‘interroger sur les effets réels de la mondialisation au sein des milieux populaires. » (Christophe Guilluy) … « Le mot ‘fascisme’ a désormais perdu toute signification et désigne simplement ‘quelque chose d’indésirable’. » (George Orwell) … « Nous avons la nausée des mots qui ne servent plus qu’à disqualifier l’adversaire, et à refuser un regard neuf. » (Emmanuel Mounier) … « Les appels à lutter contre le retour de la ‘bête immonde’ n’ont d’autre fonction que de donner bonne conscience à ceux qui les lancent à leur prouver qu’ils se situent fermement du côté du bien. » (Tzvetan Todorov) … La vision néo-antifasciste de la permanence du ‘fascisme’ sous des habillages trompeurs relève du discours polémique et ne se fonde sur aucune étude consistante … ‘Et les années trente, de quoi furent-elles le retour ?’ (question à adresser à ces gens pérorant sur le retour aux années trente, dont l’inculte E. Macron) … le fascisme est loin d’avoir terminé sa longue carrière de notion confuse et de catégorie à tout faire … L’axiome du non changement de l’ennemi fonctionne toujours comme un ‘topos’ de la rhétorique ‘antifasciste’ ordinaire … Voisinage de termes fortement péjoratifs : fascisme,, extrême droite, droite radicale, coexistant avec intolérance, xénophobie, racisme, ethnocentrisme, rejet, haine de l’autre, nationalisme, ultra, tribalisme réactionnaire, populisme, exclusion, identitaire… autant de mots magiques qui qualifient en disqualifiant qui diabolisent et excluent plus qu’ils n’identifient ou ne caractérisent. » (Pierre-André Taguieff – La revanche du nationalisme)

« Nous vivons dans un univers de spectres, où aux fascismes imaginaires font écho des antifascismes imaginaires d’aujourd’hui. » (Pierre-André Taguieff – Du diable en politique…)

« Si disparaissait le danger ‘néofasciste’ ou ‘néonazi’, il n’y aurait plus besoin de combattants ‘néo-antifascistes’ et, avec lui disparaîtrait tout le bénéfice symbolique que tire de ses combats le détenteur de la bonne conscience. » (Tzvetan Todorov) – Sans compter la disparition des bénéfices électoraux.

« En 1943, c’est la droite italienne et non la gauche qui se ligua pour abattre Mussolini. Sous le III° Reich, les seules conjurations dangereuses pour Hitler vinrent de la droite allemande, de Canaris à Stauffenberg. » (Dominique Venner) – Elles vinrent peut-être tardivement, mais elles vinrent.

« Rien n’a aigri le peuple allemand, ne l’a rendu désespéré au point de le précipiter dans les bras d’Hitler, autant que l’inflation. » (Stefan Zweig)

« La véritable chance du fascisme provient de ce qu’il oppose une exaltation irrationnelle à des républiques qui n’offrent aucune sorte d’exaltation politique et n’y prétendent pas ; en ne montrant au surplus qu’une fidélité très douteuse aux principes dont elles se réclament. » (?) – D’où il est plus que sain, impératif, que les républiques proposent quelque idéal, quelque perspective, et, pour tout dire, quelque forme de transcendance, celle-ci fût-elle des plus terrestre. Il n’est pas non plus indifférent qu’elles respectent les citoyens et les principes élémentaires de droiture.

Ci-dessous, extrais simplifiés et remaniés du livre d’Ernst Bloch, Héritage de ce temps, sur le nazisme, et incidemment sur les faiblesses de la propagande communiste qui lui fut opposé.

 « Considérée en elle-même, la tromperie scintillante et  enivrante du fascisme ne sert que le grand capital qui, grâce à elle, distrait ou brouille le regard des classes plongées dans la misère … Des coups qui n’atteignent que le faux adversaire  et sont payés par le véritable … Mais à  côté de  la vulgarité et de la barbarie … que révèlent chaque  mot de l’Allemagne de la terreur, se trouve un peu de l’ancienne opposition romantique au capitalisme, avec la conscience de ce qui manque dans la vie d’aujourd’hui et la nostalgie d’une vie obscurément autre … Opposition au capitalisme que renferme le mouvement nazi, mais aussi opposition à toute théorie mécaniste  … Enivrement … Les petits-bourgeois ne se révoltent que dans le vague et en porte-à-faux … le ‘fascio’ allemand est la réponse trouble de la petite bourgeoisie … Archaïsme … De grandes masses de l’Allemagne, surtout la jeunesse (état fortement mêlé de mythes) peuvent déjà devenir national-socialistes parce que le marxisme … ne signifie rien pour elle. … Les tenants du marxisme vulgaire ne montent pas la garde dans l’utopie et dans le primitif, et c’est de là que les nationaux-socialistes tirent leur séduction. On leur a abandonné l’Enfer et le Ciel, le guerrier fou et la théologie … Le communisme peut être présenté (négativement) à l’employé comme la continuation de  la dépersonnalisation et  de la rationalisation  sous l’influence des théories mécanistes … Assimilation de la raison capitaliste et de la raison communiste (assimilation pas si trompeuse que cela, voir la complicité objective entre USA et URSS) … Ce rationalisme est abstraction. Il lui manque d’être une totalité et de contenir l’irrationnel. L’Allemagne prête encore l’oreille aux vieux rêves de sauveur et de Règne, même inspirés par des escrocs,, d’autant plus que la propagande socialiste était bien souvent froide, pédante, exclusivement économique (L’Allemagne fut toujours le pays des mythes – souvent romantiques) – des légendes, des forêts, du rêve idéal, socialement révolutionnaire, d’un troisième Evangile ; Thomas Müntzer et les révoltes des paysans … Le nazisme a mobilisé à la fois l’ignorance économique et l’image d’espérance, l’image millénariste de révolutions anciennes qui continue toujours à être active … Les nazis parlent une langue fallacieuse, mais à des hommes, les communistes parlent une langue véridique, mais à des choses … rabâchant des slogans qui ont perdu leur caractère enivrant , apportant des chiffres, des schémas … à des gens dégoûtés de toute économie … Le matérialisme dialectique n’est pas assez détaché conceptuellement du ‘matérialisme’ misérable des entrepreneurs capitalistes … les nazis s’engouffrèrent dans des régions devenues vides, et qui étaient à l’origine celles de Thomas Müntzer. »

 

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