460,1 – Jugement, Conscience, Morale

– Nos jugements dépendent, en grande partie, de la position où nous nous situons. Nous les prononçons, inconsciemment, au nom de l’universalisme (valeurs universelles toujours et partout) ou d’un certain relativisme (ici et maintenant, dans ce cas particulier).

– Quand nous sommes troublés, sous le coup de quelque émotion, nous ne sommes pas capables d’apprécier, de juger sainement. Commencer par se calmer, puis voir ensuite de quoi il s’agit vraiment.

– Attention aux projections : prêter à autrui, attendre d’autrui un certain type de comportement dans une situation précise. On est souvent surpris de constater des conduites de gens très différentes de ce que l’on pensait, imaginait, attendait. Ne préjugeons pas de l’âme humaine, dans un sens ou dans l’autre, celle d’autrui a ses mystères, tout comme la nôtre. L’apparente attitude habituelle ne préjuge pas toujours du comportement en situation imprévue, extrême ou déroutante. Lors d’une catastrophe, à la guerre, on a vu de présumés braves se conduire lâchement et de soi-disant froussards se comporter en héros. Il en va parfois pareillement dans la vie ordinaire pour les soutiens ou les lâchages. « On ne peut pas savoir qu’une noix est saine avant d’en avoir brisé la coquille » dit un proverbe.

– Attention aux jugements définitifs sur autrui, souvent sur des proches,  nos appréciations à retardement sur leurs comportements sont souvent fausses et parfois même à inverser (erreur sur la cible). Les plus lucides et les plus courageux peuvent mettre trente ans à effectuer cette conversion d’appréciation, soit à réaliser que le Bon n’était pas vraiment le bon, la Brute n’était pas telle et le Truand n’était pas celui qu’on pensait (titre d’un excellent western). Dans tous les cas, surprise et confusion de s’être égaré si longtemps.

– Et puis, est-il bon de tout savoir ? Plus exactement de croire qu’on sait tout alors qu’aucune vie n’est transparente.

-« Une demi-culture détruit l’instinct sans lui substituer une conscience. » (Maurice Barrès) – On reconnaîtra nos Bobos.

-On pourra voir aussi à la rubrique Lucidité, 155, 3

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« Le pouvoir spirituel (pas uniquement religieux) doit rappeler, par toutes les raisons tirées de la nature humaine, l’incertitude des jugements, la puissance des illusions, surtout collectives, l’aveuglement propre aux passions, le violent contraste entre l’idéal qui est inscrit sur les drapeaux et l’horrible action. Ce qui est convier chacun à un sévère examen de conscience. » (Alain)

« Une telle manière de penser suppose que l’on s’élève ‘au-dessus des conditions subjectives du jugement en lesquelles tant d’autres se cramponnent’ et que l’on réfléchisse ‘sur son propre jugement à partir d’un point de vue universel’ … Penser en se mettant à la place de tout autre … Même s’il ne s’agit pas d’adopter les vues réelles de ceux qui se tiennent ailleurs. » (Myriam Revault d’Allonnes – citant Kant et sa maxime de la mentalité élargie)

« Ton trouble vient du fait de ton jugement. Si tu juges, tu ne verras le monde que par le filtre de ta critique. » (Paule Amblard)

« Juger ce qu’on ne comprend pas est la plaie du temps. » (Henri-Frédéric Amiel)

« Observer sans juger, aussi difficile qu’inhabituel ; différencier le fait tel qu’il est de l’émotion qu’il suscite en nous … Notre décodage des faits prend la couleur des peurs, des espoirs, des projections qui nous habitent. Nous ne sommes pas en relation avec la réalité … mais avec nos préoccupations, notre interprétation, notre cinéma… Nous pensons plutôt que nous ressentons. » (Thomas d’Ansembourg)

« Il y  a deux sortes de jugements : un jugement de sévérité et un jugement de miséricorde ou d’équité. Le premier s’exerce quand on considère uniquement la nature de l’objet et non la condition de la personne. Le second s’exerce en considérant non seulement la nature du fait condamnable, mais aussi la condition de la personne. » (saint Thomas d’Aquin)

« Le jugement s’attache au particulier et quand le moi pensant qui se meut parmi les généralités, cesse de se mettre en retrait et revient au monde des phénomènes particuliers, il se révèle que l’esprit requiert un autre don pour s’attaquer à eux. » (Hannah Arendt)

« On peut suspendre le jugement sur ce qu’on voit et même, avec plus de difficulté, sur ce qu’on entend ou ce qu’on touche. Mais quand il s’agit de goût ou d’odorat, le ‘ça me plait’ ou ‘ça me déplait’ est immédiat et irrésistible, le plaisir et le déplaisir sont entièrement privés. »(Hannah Arendt) – Et incommunicables.

« La plus grande difficulté qu’offre le jugement est d’être ‘la faculté qui consiste à penser le particulier’, car penser signifie généraliser, c’est donc la faculté de penser … le particulier et le général. C’est assez facile si le général (règle, principe, loi) est donné, si bien que le jugement n’a qu’à y faire rentrer le particulier. L’opération ne devient délicate que si ‘seul le particulier est donné, et si la faculté de juger doit trouver l’universel’. » (Hannah Arendt – citant Kant)

« Sans tradition, il n’y a pas de transmission de l’expérience d’où peuvent être tirés des critères de jugement. » (Hannah Arendt)

« On dit des gens qu’ils ont un bon jugement ou qu’ils ont du jugement, s’ils ont la correcte discrimination de ce qui est équitable. Ce qui le montre bien est le fait que l’homme équitable est surtout favorablement disposé pour autrui et que montrer dans certains cas de la largeur d’esprit est équitable. » (Aristote)

« La première et la plus essentielle fonction de l’activité du sujet est de se tromper (Gaston Bachelard)

« De tous les signes, le plus sûr et le plus noble est celui qui se mesure aux fruits. Car ils servent de garants et de répondants à la vérité des philosophies. » (Francis Bacon) – Pour asseoir son jugement 

« Le monde finit toujours par condamner ceux qu’il accuse. » (Balzac)

« Flatteuse récompense d’une pensée saine : se faire craindre pour son jugement. » (Anne Barratin)

« On aime sans jugement, mais on ne déteste pas sans cause. » (Anne Barratin)

« Chaque fois que tu crois connaître le Bien et le Mal … tu te perds toi-même … parce que ta connaissance ‘objective’ fait d’autrui un objet, tu n’es plus en relation avec des personnes … L’Autre ne présente plus aucun intérêt puisque je le connais de A jusqu’à Z … N’ai-je pas fait l’expérience d’être tout à fait libérée du besoin de juger quiconque lorsque je me sentais pleinement moi-même … quand je suis en contact avec ce ‘moi’ indestructible ? … Alors je n’ai plus besoin d’éliminer les autres par mes jugements. » (Lytta Basset)

« Dans une phase pénurique, on se préoccupe d’absorber et d’assimiler. Dans une phase pléthorique, le problème est de rejeter et d‘expulser. La communication généralisée, la surinformation menacent toutes les défenses humaines. L’espace symbolique, l’espace mental du jugement n’est plus protégé par rien. » (Jean Baudrillard)

« Un jugement négatif satisfera encore plus qu’une louange, à condition qu’il respire quelque jalousie. » (Jean Baudrillard)

« Les obstacles à un bon examen ne viennent pas tant de ce que l’esprit est vide de science que de ce qu’il est plein de préjugés. » (Pierre Bayle) 

« Les deux dimensions du jugement social : – La désirabilité sociale ; personne remarquable / personne à éviter dans les relations humaines ou interpersonnelles. La réputation de la personne de susciter des affects positifs et d’aller dans le sens des motivations d’autrui – L’utilité sociale ; personne remarquable / personne à éviter pour l’activité ou le travail. La réputation qu’à cette personne de pouvoir occuper certaines positions dans le fonctionnement social. » (Jean-Léon Beauvois)

« L’estimation systématique des personnes en raison de leur vivacité d’esprit et non de leur jugement semble une chose assez récente dans la société française. » (Julien Benda)

« Ils (les nouveaux clercs) demandent leur jugement à leur sensibilité artistique. » (Julien Benda)

« Faute de pouvoir penser par lui-même, il s’efforce de penser ce qu’il faut penser. Il se raccroche aux moyens du bord, c’est-à-dire avant tout à l’air du temps et présente des idées reçues comme des opinions de son cru. Il se compose l’attitude que requiert l’exercice, il joue le rôle qu’impose sa fictive autonomie … Juger sans savoir, trancher dans l’à-peu-près, se fier à l’opinion ‘convenable’ et la présenter pour sienne. Il a désappris une règle fondamentale de l’indépendance d’esprit : la suspension du jugement quand la pensée n’est pas assez armée pour se prononcer. » (Philippe Bénéton) – Qui envisage de trouver une telle modestie chez nos contemporains ?

« Toute la modernité peut se définir comme montée de la subjectivité, c’est-à-dire de la tendance à juger des choses selon nous-mêmes ; en référence soit à un ‘je’, soit à un ‘nous’ … Cette tendance est effectivement destructrice. Si ce qui est bon n’est que ce qui est bon pour moi (‘est-ce que c’est bon pour nous’ se bornent à se demander certains), alors il n’y a plus de morale. Si ce qui est juste n’est que ce qui sert mes intérêts, alors il n’y a plus de justice. Si tout le monde a sa vérité, alors la vérité n’existe plus. » (Alain de Benoist) – Le chaos désiré est enfin atteint.

« Rien ne modifie si vite notre jugement sur un individu que de découvrir que le jugement qu’il porte sur nous n’est pas ce que nous croyions. » (Hingmar Bergman)

« ‘Surtout, ne jugez pas, avancez’ … Entasser de la matière, bouger, consommer, éliminer … S’il vous prend l’envie de juger, de critiquer, de contester ‘ce qui est parti pour durer’, votre discours est réactionnaire.. Toute pensée qui ne répètera pas ce qui se dit partout à propos de ce qui se fait déjà globalement dans le monde sera disqualifiée en tant que pensée réactionnaire … La question n’est plus de savoir si une chose est intrinsèquement condamnable au regard de principes moraux supérieurs … mais de mesurer sa conformité à ‘ce qui se fait’, à ‘ce qui ne se fait pas’, à ‘ce qui se dit’, à ‘ce qui ne se dit pas’ … Adaptation et exigence morale ne font pas bon ménage. » (Harold Bernat)

« Les hommes ne sauraient pour la plupart quels jugements porter, ils ont besoin d’une marque qui les rassure. » (Sainte-Beuve)

 « A force de juger, on finit presque fatalement, par perdre jusqu’au goût d’expliquer ».( Marc Bloch – sur le rôle de l’historien) – De nos jours, impartialité mise au rebut, reste haine et mensonges. 

« C’est là, de tous nos maux, le fatal fondement, des jugements d’autrui nous tremblons follement. » (Boileau)

« Votre imagination est une source intarissable des idées les plus belles et les plus variées … Servez-vous en pour inventer. Mais retenez-la quand il s’agit de corriger vos ouvrages ou de  régler votre conduite. Ne souffrez pas qu’elle entre dans le département du jugement. Ils ne marchent pas bien ensemble …  La nature donne l’imagination, elle ne  donne pas la puissance d’acquérir le jugement. L’une ne demande que la nature, l’autre veut être formé. »  (lord Bolingbroke – cité par Marc Fumaroli)

« Le jugement sans volonté est aussi inutile que la volonté sans jugement. » (Gustave Le Bon)

« Il semble exagérément modeste d’attribuer une victoire à la chance, et surtout, pitoyable d’accuser la malchance en cas de défaite … Les vainqueurs créent leur propre chance, insiste le dogme moderne … En pratique, les gens sont jugés comme s’ils étaient tenus pour responsables de leur biographie. » (Alain de Botton)

« On juge mieux d’un homme par ses admirations que par ses antipathies. » (Henri Boucher)

« Du choc des idées naît fréquemment l’électrocution du jugement. » (Albert Brie)

« La possibilité de distinguer le bien du mal (acquise en mangeant du fruit de l’arbre) représente l’effet le plus manifeste de notre possibilité de juger.» (Gérald Bronner)

« Neutralité axiologique … Pour faire œuvre de science, le sociologue doit suspendre provisoirement la hiérarchie des jugements sur le réel pour placer la catégorie du ‘vrai’ au-dessus des catégories du ‘bien’ et du ‘beau’ … Etanchéité des jugements de valeurs et des jugements de science. » (Gérald Bronner, Etienne Géhin) – Pas seulement le sociologue. Tout individu rationnel.

« La bonne conscience a deux visages : celle de l’être repu, satisfait de soi ; celle du révolté qui s’endort mécaniquement dans l’insulte et finit par devenir un rentier de la dénonciation. » (Pascal Bruckner) – Nos sociétés occidentales réussissent à cumuler les deux attitudes dans le même individu. Bravo !

« Les gens se dépêchent de juger pour ne pas l’être eux-mêmes. » (Albert Camus – La chute)

« Le jugement … porté avec une sorte d’assurance  inquiétante. Il ignore la clémence comme la prudence. Il est vite trouvé … se forme sans réflexion. La passion qu’il trahit tient à sa rapidité … On écarte quelque chose de soi pour le mettre dans un groupe médiocre, étant admis que l’on appartient soi-même à un groupe meilleur. On s’élève en abaissant autre chose. » (Elias Canetti) – Autant pour l’auteur de ce blog !

« Les Français ont la manie de juger, condamner, apprécier et absoudre. En tout Français, il y a un juge qui s’ignore. » (Alfred Capus)

« Tu jugeras ! Car c’est à coup de jugements que tu découperas le monde, que tu choisiras et que tu seras un homme de passion et de vie. La compréhension est molle. Tu diras durement ‘oui’ ou ‘non’ … Tu jugeras et tu te jugeras. Et tu diras ‘J’ai perdu’ ou ‘J’ai gagné’ et non ‘II n’y va pas de ma faute’ ou ‘Je suis un rien que tout a accablé. » (Jean Cau) – Pour les lâches que nous sommes devenus à l’image de nos dirigeants.

« Il est une règle d’éthique et un critère de jugement fort simples : pensez le contraire de l’opinion dans le vent et vous avez peu de chance de n’être pas dans le vrai. Certains journaux sont à cet égard exemplaires. Il suffit de les lire en quelque sorte à rebours pour avoir un jugement sain. » (Jean Cau)

« L’expérience nous apprend à être prudent, le jugement nous rend sage. » (Hyacinthe de Charencey)

« Le temps fait pour les hommes ce que l’espace fait pour les monuments : on ne juge bien des uns et des autres qu’à distance et au point de la perspective ; trop près on ne les voit pas ; trop loin on ne les voit plus. » (Chateaubriand)

« C’est une chose étonnante que, lorsqu’’il faut produire, il y ait tant de différences entre l’homme instruit et l’ignorant, et qu’il y en ait si peu lorsqu’il faut juger. » (Cicéron)

« Il est déshonorant, il est ignoble de juger autrui ; c’est pourtant ce que tout le monde fait : s’en abstenir reviendrait à se mettre hors l’humanité. » (Emil Cioran)

« La suspension du jugement représente le pendant philosophique de l’irrésolution, la formule qu’emprunte pour s’énoncer une volonté impropre à opter pour autre chose, sinon une absence qui exclut toute échelle de valeurs et tout critère contraignant …L’activité de l’esprit suspendue, pourquoi ne pas suspendre celle des sens, celle même du sang ? … Le doute ne franchit pas le Rubicon, il ne franchit jamais rien; son aboutissement logique est l’inaction absolue.» (Emil Cioran)

« La vie étant partialité, erreur, illusion et volonté d’illusion, porter des jugements objectifs, n’est-ce point passer du coté de la mort ? » (Emil Cioran)

« Un jugement de ‘fait’ et de  ‘raison’ disparaît sous le jugement de  ‘valeur’ et ‘d’émotion’. Un propos n’est plus inexact, partiel ou problématique, il est décrété, fermé, frileux ou dépassé. » (Marc Crapez) – Nous sommes revenus bien avant Descartes.

 « Cas d’irrationalité véritable (ou de duperie de soi-même) … On peut avoir de bonnes raisons de faire l’une ou l’autre de deux choses qui s’excluent mutuellement … Les gens peuvent quelquefois maintenir séparées des croyances proches par leurs contenus mais opposées l’une à l’autre, et ils y parviennent parfois … Dans cette mesure nous devons accepter l’idée qu’il peut y avoir des frontières entre les diverses  parties de l’esprit … et une de ces frontières peut passer quelque part entre deux croyances manifestement conflictuelles … Ces frontières ne définissent pas des territoires permanents et séparés … Effacer la ligne de partage entre ces territoires détruirait l’une des croyances. » (Donald Davidson – Paradoxes de l’irrationalité) – L’auteur explique aussi pourquoi un agent ayant pesé les raisons du pour et du contre, et ayant jugé que la prépondérance des raisons fait pencher la balance d’un côté, agit ensuite à l’encontre de ce jugement. L’ennui est que je suis intellectuellement totalement incapable de  suivre et de comprendre son raisonnement construit au-delà du fait élémentaire et bien connu que la raison est souvent esclave des passions (David Hume).

« Il est impossible que jugent de même ceux qui boivent de l’eau et ceux qui boivent du vin. » (Démosthène – cité par Francis Bacon) – La plaisanterie exprime l’écart entre ceux qui voient dans les sciences une liqueur naturelle coulant librement et  directement de l’entendement et ceux qui se fondent sur une liqueur plus élaborée, plus travaillée, plus réfléchie.

« Ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien … Et l’on voit souvent ceux qui n’ont jamais mis leurs soins dans les lettres, juger plus solidement et plus clairement dans les choses qu’ils rencontrent, que ceux qui ont passé tout leur temps aux écoles.  » (Descartes) – « On trouve dans le peuple … relativement plus de distinction dans le goût et plus de tact dans le respect qu’au sein de ce demi-monde de l’esprit qui lit les journaux. » (Nietzsche) –  Sur le demi-savoir.

« La principale erreur et la plus ordinaire qui s’y puisse rencontre (dans mes jugements) consiste en ce que je juge que les idées qui sont en moi sont semblables, ou conformes à des choses qui sont hors de moi. » (Descartes)

« Le problème d’un jugement sur l’actualité n’est pas de dire comment j’aurais jugé si j’avais su, ou plutôt comment j’aurais dû juger si j’avais su, mais comment j’aurais pu raisonnablement juger avec ce qu’il était possible de savoir à l’époque. » (Vincent Descombes)

« Je suis plus sûr de mon jugement que de mes yeux. » (Diderot) – Quel mauvais Gogo il aurait fait, quel mauvais client pour l’intoxication politique, la publicité…

« Chercher une explication avant de connaître tous les faits est une erreur capitale. Le jugement s’en trouve faussé. » (sir Arthur Conan Doyle)

« Nous jugeons des autres par leurs actions ; de nous-mêmes par nos intentions. » (Louis Dumur)

« Nous nous jugeons sur nos qualités, les autres nous jugent sur nos défauts. » (Louis Dumur)

« Pour juger sainement il ne faut pas partir des principes, mais de faits. » (Louis Dumur)

« Nous sommes plus portés à juger avec notre goût qu’avec notre raison. » (Louis Dumur)

« Juger devrait être un effort sur soi-même et non une agression contre l’objet du jugement. » (Tony Duvert)

« Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. » (Epictète)

« Ne jugez pas, pour n’être pas jugés. » (Evangiles)

« Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis tu seras un sage. » (Saint-Exupéry)

«La conscience n’existe dans le sens vrai que chez un être qui peut faire de son essence, de son espèce, l’objet de sa pensée. » (Ludwig Feuerbach)

– Quand nous sommes troublés, sous le coup de quelque émotion, nous ne sommes pas capables d’apprécier, de juger sainement. Commencer par se calmer, puis voir ensuite de quoi il s’agit vraiment.

– Attention aux projections : prêter à autrui, attendre d’autrui un certain type de comportement dans une situation précise. On est souvent surpris de constater des conduites de gens très différentes de ce que l’on pensait, imaginait, attendait. Ne préjugeons pas de l’âme humaine, dans un sens ou dans l’autre, celle d’autrui a ses mystères, tout comme la nôtre. L’apparente attitude habituelle ne préjuge pas toujours du comportement en situation imprévue, extrême ou déroutante. Lors d’une catastrophe, à la guerre, on a vu de présumés braves se conduire lâchement et de soi-disant froussards se comporter en héros. Il en va parfois pareillement dans la vie ordinaire pour les soutiens ou les lâchages. « On ne peut pas savoir qu’une noix est saine avant d’en avoir brisé la coquille » dit un proverbe.

– Attention aux jugements définitifs sur autrui, souvent sur des proches,  nos appréciations à retardement sur leurs comportements sont souvent fausses et parfois même à inverser (erreur sur la cible). Les plus lucides et les plus courageux peuvent mettre trente ans à effectuer cette conversion d’appréciation, soit à réaliser que le Bon n’était pas vraiment le bon, la Brute n’était pas telle et le Truand n’était pas celui qu’on pensait (titre d’un excellent western). Dans tous les cas, surprise et confusion de s’être égaré si longtemps.

– Et puis, est-il bon de tout savoir ? Plus exactement de croire qu’on sait tout alors qu’aucune vie n’est transparente.

-On pourra voir aussi à la rubrique Lucidité, 155, 3

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« Le pouvoir spirituel (pas uniquement religieux) doit rappeler, par toutes les raisons tirées de la nature humaine, l’incertitude des jugements, la puissance des illusions, surtout collectives, l’aveuglement propre aux passions, le violent contraste entre l’idéal qui est inscrit sur les drapeaux et l’horrible action. Ce qui est convier chacun à un sévère examen de conscience. » (Alain)

« Une telle manière de penser suppose que l’on s’élève ‘au-dessus des conditions subjectives du jugement en lesquelles tant d’autres se cramponnent’ et que l’on réfléchisse ‘sur son propre jugement à partir d’un point de vue universel’ … Penser en se mettant à la place de tout autre … Même s’il ne s’agit pas d’adopter les vues réelles de ceux qui se tiennent ailleurs. » (Myriam Revault d’Allonnes – citant Kant et sa maxime de la mentalité élargie)

« Ton trouble vient du fait de ton jugement. Si tu juges, tu ne verras le monde que par le filtre de ta critique. » (Paule Amblard)

« Juger ce qu’on ne comprend pas est la plaie du temps. » (Henri-Frédéric Amiel)

« Observer sans juger, aussi difficile qu’inhabituel ; différencier le fait tel qu’il est de l’émotion qu’il suscite en nous … Notre décodage des faits prend la couleur des peurs, des espoirs, des projections qui nous habitent. Nous ne sommes pas en relation avec la réalité … mais avec nos préoccupations, notre interprétation, notre cinéma… Nous pensons plutôt que nous ressentons. » (Thomas d’Ansembourg)

« Il y  a deux sortes de jugements : un jugement de sévérité et un jugement de miséricorde ou d’équité. Le premier s’exerce quand on considère uniquement la nature de l’objet et non la condition de la personne. Le second s’exerce en considérant non seulement la nature du fait condamnable, mais aussi la condition de la personne. » (saint Thomas d’Aquin)

« Le jugement s’attache au particulier et quand le moi pensant qui se meut parmi les généralités, cesse de se mettre en retrait et revient au monde des phénomènes particuliers, il se révèle que l’esprit requiert un autre don pour s’attaquer à eux. » (Hannah Arendt)

« On peut suspendre le jugement sur ce qu’on voit et même, avec plus de difficulté, sur ce qu’on entend ou ce qu’on touche. Mais quand il s’agit de goût ou d’odorat, le ‘ça me plait’ ou ‘ça me déplait’ est immédiat et irrésistible, le plaisir et le déplaisir sont entièrement privés. »(Hannah Arendt) – Et incommunicables.

« La plus grande difficulté qu’offre le jugement est d’être ‘la faculté qui consiste à penser le particulier’, car penser signifie généraliser, c’est donc la faculté de penser … le particulier et le général. C’est assez facile si le général (règle, principe, loi) est donné, si bien que le jugement n’a qu’à y faire rentrer le particulier. L’opération ne devient délicate que si ‘seul le particulier est donné, et si la faculté de juger doit trouver l’universel’. » (Hannah Arendt – citant Kant)

« Sans tradition, il n’y a pas de transmission de l’expérience d’où peuvent être tirés des critères de jugement. » (Hannah Arendt)

« On dit des gens qu’ils ont un bon jugement ou qu’ils ont du jugement, s’ils ont la correcte discrimination de ce qui est équitable. Ce qui le montre bien est le fait que l’homme équitable est surtout favorablement disposé pour autrui et que montrer dans certains cas de la largeur d’esprit est équitable. » (Aristote)

« La première et la plus essentielle fonction de l’activité du sujet est de se tromper (Gaston Bachelard)

« De tous les signes, le plus sûr et le plus noble est celui qui se mesure aux fruits. Car ils servent de garants et de répondants à la vérité des philosophies. » (Francis Bacon) – Pour asseoir son jugement 

« Le monde finit toujours par condamner ceux qu’il accuse. » (Balzac)

« Flatteuse récompense d’une pensée saine : se faire craindre pour son jugement. » (Anne Barratin)

« On aime sans jugement, mais on ne déteste pas sans cause. » (Anne Barratin)

« Chaque fois que tu crois connaître le Bien et le Mal … tu te perds toi-même … parce que ta connaissance ‘objective’ fait d’autrui un objet, tu n’es plus en relation avec des personnes … L’Autre ne présente plus aucun intérêt puisque je le connais de A jusqu’à Z … N’ai-je pas fait l’expérience d’être tout à fait libérée du besoin de juger quiconque lorsque je me sentais pleinement moi-même … quand je suis en contact avec ce ‘moi’ indestructible ? … Alors je n’ai plus besoin d’éliminer les autres par mes jugements. » (Lytta Basset)

« Dans une phase pénurique, on se préoccupe d’absorber et d’assimiler. Dans une phase pléthorique, le problème est de rejeter et d‘expulser. La communication généralisée, la surinformation menacent toutes les défenses humaines. L’espace symbolique, l’espace mental du jugement n’est plus protégé par rien. » (Jean Baudrillard)

« Un jugement négatif satisfera encore plus qu’une louange, à condition qu’il respire quelque jalousie. » (Jean Baudrillard)

« Les obstacles à un bon examen ne viennent pas tant de ce que l’esprit est vide de science que de ce qu’il est plein de préjugés. » (Pierre Bayle) 

« Les deux dimensions du jugement social : – La désirabilité sociale ; personne remarquable / personne à éviter dans les relations humaines ou interpersonnelles. La réputation de la personne de susciter des affects positifs et d’aller dans le sens des motivations d’autrui – L’utilité sociale ; personne remarquable / personne à éviter pour l’activité ou le travail. La réputation qu’à cette personne de pouvoir occuper certaines positions dans le fonctionnement social. » (Jean-Léon Beauvois)

« L’estimation systématique des personnes en raison de leur vivacité d’esprit et non de leur jugement semble une chose assez récente dans la société française. » (Julien Benda)

« Ils (les nouveaux clercs) demandent leur jugement à leur sensibilité artistique. » (Julien Benda)

« Faute de pouvoir penser par lui-même, il s’efforce de penser ce qu’il faut penser. Il se raccroche aux moyens du bord, c’est-à-dire avant tout à l’air du temps et présente des idées reçues comme des opinions de son cru. Il se compose l’attitude que requiert l’exercice, il joue le rôle qu’impose sa fictive autonomie … Juger sans savoir, trancher dans l’à-peu-près, se fier à l’opinion ‘convenable’ et la présenter pour sienne. Il a désappris une règle fondamentale de l’indépendance d’esprit : la suspension du jugement quand la pensée n’est pas assez armée pour se prononcer. » (Philippe Bénéton) – Qui envisage de trouver une telle modestie chez nos contemporains ?

« Toute la modernité peut se définir comme montée de la subjectivité, c’est-à-dire de la tendance à juger des choses selon nous-mêmes ; en référence soit à un ‘je’, soit à un ‘nous’ … Cette tendance est effectivement destructrice. Si ce qui est bon n’est que ce qui est bon pour moi (‘est-ce que c’est bon pour nous’ se bornent à se demander certains), alors il n’y a plus de morale. Si ce qui est juste n’est que ce qui sert mes intérêts, alors il n’y a plus de justice. Si tout le monde a sa vérité, alors la vérité n’existe plus. » (Alain de Benoist) – Le chaos désiré est enfin atteint.

« Rien ne modifie si vite notre jugement sur un individu que de découvrir que le jugement qu’il porte sur nous n’est pas ce que nous croyions. » (Hingmar Bergman)

« ‘Surtout, ne jugez pas, avancez’ … Entasser de la matière, bouger, consommer, éliminer … S’il vous prend l’envie de juger, de critiquer, de contester ‘ce qui est parti pour durer’, votre discours est réactionnaire.. Toute pensée qui ne répètera pas ce qui se dit partout à propos de ce qui se fait déjà globalement dans le monde sera disqualifiée en tant que pensée réactionnaire … La question n’est plus de savoir si une chose est intrinsèquement condamnable au regard de principes moraux supérieurs … mais de mesurer sa conformité à ‘ce qui se fait’, à ‘ce qui ne se fait pas’, à ‘ce qui se dit’, à ‘ce qui ne se dit pas’ … Adaptation et exigence morale ne font pas bon ménage. » (Harold Bernat)

« Les hommes ne sauraient pour la plupart quels jugements porter, ils ont besoin d’une marque qui les rassure. » (Sainte-Beuve)

 « A force de juger, on finit presque fatalement, par perdre jusqu’au goût d’expliquer ».( Marc Bloch – sur le rôle de l’historien) – De nos jours, impartialité mise au rebut, reste haine et mensonges. 

« C’est là, de tous nos maux, le fatal fondement, des jugements d’autrui nous tremblons follement. » (Boileau)

« Votre imagination est une source intarissable des idées les plus belles et les plus variées … Servez-vous en pour inventer. Mais retenez-la quand il s’agit de corriger vos ouvrages ou de  régler votre conduite. Ne souffrez pas qu’elle entre dans le département du jugement. Ils ne marchent pas bien ensemble …  La nature donne l’imagination, elle ne  donne pas la puissance d’acquérir le jugement. L’une ne demande que la nature, l’autre veut être formé. »  (lord Bolingbroke – cité par Marc Fumaroli)

« Le jugement sans volonté est aussi inutile que la volonté sans jugement. » (Gustave Le Bon)

« Il semble exagérément modeste d’attribuer une victoire à la chance, et surtout, pitoyable d’accuser la malchance en cas de défaite … Les vainqueurs créent leur propre chance, insiste le dogme moderne … En pratique, les gens sont jugés comme s’ils étaient tenus pour responsables de leur biographie. » (Alain de Botton)

« On juge mieux d’un homme par ses admirations que par ses antipathies. » (Henri Boucher)

« Du choc des idées naît fréquemment l’électrocution du jugement. » (Albert Brie)

« Neutralité axiologique … Pour faire œuvre de science, le sociologue doit suspendre provisoirement la hiérarchie des jugements sur le réel pour placer la catégorie du ‘vrai’ au-dessus des catégories du ‘bien’ et du ‘beau’ … Etanchéité des jugements de valeurs et des jugements de science. » (Gérald Bronner, Etienne Géhin) – Pas seulement le sociologue. Tout individu rationnel.

« Les gens se dépêchent de juger pour ne pas l’être eux-mêmes. » (Albert Camus – La chute)

« Le jugement … porté avec une sorte d’assurance  inquiétante. Il ignore la clémence comme la prudence. Il est vite trouvé … se forme sans réflexion. La passion qu’il trahit tient à sa rapidité … On écarte quelque chose de soi pour le mettre dans un groupe médiocre, étant admis que l’on appartient soi-même à un groupe meilleur. On s’élève en abaissant autre chose. » (Elias Canetti) – Autant pour l’auteur de ce blog !

« Les Français ont la manie de juger, condamner, apprécier et absoudre. En tout Français, il y a un juge qui s’ignore. » (Alfred Capus)

« Tu jugeras ! Car c’est à coup de jugements que tu découperas le monde, que tu choisiras et que tu seras un homme de passion et de vie. La compréhension est molle. Tu diras durement ‘oui’ ou ‘non’ … Tu jugeras et tu te jugeras. Et tu diras ‘J’ai perdu’ ou ‘J’ai gagné’ et non ‘II n’y va pas de ma faute’ ou ‘Je suis un rien que tout a accablé. » (Jean Cau) – Pour les lâches que nous sommes devenus à l’image de nos dirigeants.

« Il est une règle d’éthique et un critère de jugement fort simples : pensez le contraire de l’opinion dans le vent et vous avez peu de chance de n’être pas dans le vrai. Certains journaux sont à cet égard exemplaires. Il suffit de les lire en quelque sorte à rebours pour avoir un jugement sain. » (Jean Cau)

« L’expérience nous apprend à être prudent, le jugement nous rend sage. » (Hyacinthe de Charencey)

« Le temps fait pour les hommes ce que l’espace fait pour les monuments : on ne juge bien des uns et des autres qu’à distance et au point de la perspective ; trop près on ne les voit pas ; trop loin on ne les voit plus. » (Chateaubriand)

« C’est une chose étonnante que, lorsqu’’il faut produire, il y ait tant de différences entre l’homme instruit et l’ignorant, et qu’il y en ait si peu lorsqu’il faut juger. » (Cicéron)

« Il est déshonorant, il est ignoble de juger autrui ; c’est pourtant ce que tout le monde fait : s’en abstenir reviendrait à se mettre hors l’humanité. » (Emil Cioran)

« La suspension du jugement représente le pendant philosophique de l’irrésolution, la formule qu’emprunte pour s’énoncer une volonté impropre à opter pour autre chose, sinon une absence qui exclut toute échelle de valeurs et tout critère contraignant …L’activité de l’esprit suspendue, pourquoi ne pas suspendre celle des sens, celle même du sang ? … Le doute ne franchit pas le Rubicon, il ne franchit jamais rien; son aboutissement logique est l’inaction absolue.» (Emil Cioran)

« La vie étant partialité, erreur, illusion et volonté d’illusion, porter des jugements objectifs, n’est-ce point passer du coté de la mort ? » (Emil Cioran)

« Un jugement de ‘fait’ et de  ‘raison’ disparaît sous le jugement de  ‘valeur’ et ‘d’émotion’. Un propos n’est plus inexact, partiel ou problématique, il est décrété, fermé, frileux ou dépassé. » (Marc Crapez) – Nous sommes revenus bien avant Descartes.

 « Cas d’irrationalité véritable (ou de duperie de soi-même) … On peut avoir de bonnes raisons de faire l’une ou l’autre de deux choses qui s’excluent mutuellement … Les gens peuvent quelquefois maintenir séparées des croyances proches par leurs contenus mais opposées l’une à l’autre, et ils y parviennent parfois … Dans cette mesure nous devons accepter l’idée qu’il peut y avoir des frontières entre les diverses  parties de l’esprit … et une de ces frontières peut passer quelque part entre deux croyances manifestement conflictuelles … Ces frontières ne définissent pas des territoires permanents et séparés … Effacer la ligne de partage entre ces territoires détruirait l’une des croyances. » (Donald Davidson – Paradoxes de l’irrationalité) – L’auteur explique aussi pourquoi un agent ayant pesé les raisons du pour et du contre, et ayant jugé que la prépondérance des raisons fait pencher la balance d’un côté, agit ensuite à l’encontre de ce jugement. L’ennui est que je suis intellectuellement totalement incapable de  suivre et de comprendre son raisonnement construit au-delà du fait élémentaire et bien connu que la raison est souvent esclave des passions (David Hume).

« Il est impossible que jugent de même ceux qui boivent de l’eau et ceux qui boivent du vin. » (Démosthène – cité par Francis Bacon) – La plaisanterie exprime l’écart entre ceux qui voient dans les sciences une liqueur naturelle coulant librement et  directement de l’entendement et ceux qui se fondent sur une liqueur plus élaborée, plus travaillée, plus réfléchie.

« Ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien … Et l’on voit souvent ceux qui n’ont jamais mis leurs soins dans les lettres, juger plus solidement et plus clairement dans les choses qu’ils rencontrent, que ceux qui ont passé tout leur temps aux écoles.  » (Descartes) – « On trouve dans le peuple … relativement plus de distinction dans le goût et plus de tact dans le respect qu’au sein de ce demi-monde de l’esprit qui lit les journaux. » (Nietzsche) –  Sur le demi-savoir.

« La principale erreur et la plus ordinaire qui s’y puisse rencontre (dans mes jugements) consiste en ce que je juge que les idées qui sont en moi sont semblables, ou conformes à des choses qui sont hors de moi. » (Descartes)

« Le problème d’un jugement sur l’actualité n’est pas de dire comment j’aurais jugé si j’avais su, ou plutôt comment j’aurais dû juger si j’avais su, mais comment j’aurais pu raisonnablement juger avec ce qu’il était possible de savoir à l’époque. » (Vincent Descombes)

« Je suis plus sûr de mon jugement que de mes yeux. » (Diderot) – Quel mauvais Gogo il aurait fait, quel mauvais client pour l’intoxication politique, la publicité…

« Chercher une explication avant de connaître tous les faits est une erreur capitale. Le jugement s’en trouve faussé. » (sir Arthur Conan Doyle)

« Nous jugeons des autres par leurs actions ; de nous-mêmes par nos intentions. » (Louis Dumur)

« Nous nous jugeons sur nos qualités, les autres nous jugent sur nos défauts. » (Louis Dumur)

« Pour juger sainement il ne faut pas partir des principes, mais de faits. » (Louis Dumur)

« Nous sommes plus portés à juger avec notre goût qu’avec notre raison. » (Louis Dumur)

« Juger devrait être un effort sur soi-même et non une agression contre l’objet du jugement. » (Tony Duvert)

« Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. » (Epictète)

« Ne jugez pas, pour n’être pas jugés. » (Evangiles)

« Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui. Si tu réussis tu seras un sage. » (Saint-Exupéry)

«La conscience n’existe dans le sens vrai que chez un être qui peut faire de son essence, de son espèce, l’objet de sa pensée. » (Ludwig Feuerbach)

Nous préférons aujourd’hui : «  plutôt le jugement bâclé que l’exercice périlleux du jugement . » (Alain Finkielkraut)

« Mémoire. – Se plaindre de la sienne, et même se vanter de n’en pas avoir. Mais rugir si on vous dit que vous n’avez pas de jugement. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Selon que vous serez puissant ou misérable – Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » (La Fontaine – Les animaux malades de la peste)

« Le baratin devient inévitable chaque fois que les circonstances amènent un individu à aborder un sujet qu’il ignore. La production  de conneries est donc stimulée quand les occasions de s’exprimer sur une question donnée l’emportent sur la connaissance de cette question. Ce genre d’écart est fréquent dans la vie publique … La conviction très répandue dans les démocraties qu’il est de la responsabilité du citoyen d’avoir une opinion sur tout … Il va de soi que le fossé entre les opinions d’une personne et son appréhension de la réalité s’élargira encore si celle-ci estime qu’il est de sa responsabilité morale d’émettre un jugement sur les événements et sur la situation de l’ensemble de la planète … Abandon de l’idéal d’exactitude pour l’idéal alternatif de ‘sincérité’. Au lieu de parvenir à une représentation exacte du monde, l’individu s’efforce de donner une représentation honnête de lui-même. » (Harry G. Frankfurt – De l’art de dire des conneries) – D’où les services que peuvent rendre certains sondages habilement présentés pour donner l’illusion du soutien à la doxa qu’on veut imposer.

« ‘Penser, c’est juger’ (Kant) … ‘Ne pas juger !’ : interdit lancé à la pensée critique et évaluative  … Pourquoi voudrait-on interdire la pensée ? … Penser, juger, c’est critiquer, évaluer, hiérarchiser, c’est donc approuver et condamner … Ne pas juger se donne à bon marché une apparence de libéralité (laisser l’autre libre de penser et de faire ce qu’il veut ; traduction : s’en foutre. » (Christian Godin)

« La mémoire peut toujours nous abandonner, pourvu que le jugement ne nous abandonne pas dans l’occasion. » (Goethe)

« Les gens supportent depuis des années les opinions intellectuelles et l’arrogance d’experts en tous genre qui leur prescrivent une manière de vivre, ce qu’ils doivent savoir, comment ils doivent travailler, ce qu’ils dovent manger, comment ils doivent élever leurs enfants… Bref, ils leur prescrivent les exigences morales de la  ‘vie normale’, de la pensée correcte… » (Pierre-Yves Gomez)

« Qui juge les autres avec dureté n’a pas vraiment surmonté ses défauts et ses faiblesses ; il les a combattues par la violence, et n’a fait que les réprimer. » (Père Anselm Grün) – Autant pour moi peut-être ?

« Faire du relativisme un absolu est le tour de force auquel notre époque est parvenue … Il a pour conséquence inévitable d’abolir la faculté de juger. Le jugement exige une hiérarchie des valeurs que le relativisme absolu condamne … et aucune civilisation ne peut faire l’économie d’une hiérarchie de valeurs et par conséquent d’un jugement de valeur. » (Henri Guaino)

« Ne voit-on pas des gens qui veulent juger l’œuvre d’un homme d’après ce qu’ils savent de sa vie privée, comme s’il pouvait y avoir entre ces deux choses un rapport quelconque. » (René Guénon) – Sans compter l’intox et le mensonge  dans les deux sens, positif comme négatif. On voit bien là l’immense stupidité et le voyeurisme infantile contemporain.

« S’instaurer juge suprême constitue le crime suprême. » (Fabrice Hadjadj) – Position qui n’est pas pour effrayer nos censeurs-inquisiteurs-policiers-délateurs politico-médiatiques pullulant sur les réseaux dits sociaux.

« Les processus verbaux peuvent perturber les décisions qui font appel à notre intuition, à notre perspicacité, à notre faculté d’émettre des jugements instantanés … On parle ‘d’obscurcissement verbal’ …  Les mots perturbent les jugements instantanés, l’excès d’informations a plutôt tendance à diminuer qu’à augmenter notre capacité à décider rapidement, capacité qui définit l’attirance sentimentale … Les processus de reconnaissance visuelle et corporelle est perturbé par la prépondérance du langage, par l’accumulation de connaissances intellectuelles ; l’imagination est obscurcie par les mots » (Eva Illouz  – sur les rencontres via Internet)

« L’obsession du jugement qui caractérise notre culture. » (Claude Jannoud) – Plutôt que culture, haine conviendrait mieux.

« Pour bien juger ne pas voir les choses basses de trop haut ni les choses hautes de trop bas. » (Joseph Joubert)

« Entre l’esprit et l’imagination, il y a le jugement, il y a le goût. » (Joseph Joubert)

« Ces jeunes gens qui au lieu de chercher à comprendre cherchent à juger. » (Joseph Joubert)

« L’esprit qui domine possède son ferme jugement et n’a que faire des opinions. » (Ernst Jünger)

« Ose faire usage de ton jugement. » (Emmanuel Kant – résumant l’Aufklärung)

« Conscients du peu de valeur de notre jugement individuel, nous veillons à l’aligner sur le jugement de tous les autres, sans doute mieux informés … Nous cherchons à nous conformer à l’attitude de la majorité, ou de la moyenne. » (John Maynard Keynes) – Troupeau de moutons. 

« Au point de vue chrétien, il n’est non plus jamais question de savoir ce qu’un homme a été, mais ce qu’il est devenu ; comment il était, mais comment il est devenu ; quel a été le début, mais quelle a été la fin. » (Kiergegaard)

« La marque d’un homme cultivé est qu’il est conscient de son inaptitude à juger. » (Thomas de Koninck)

« La corruption de ce qu’il y a de meilleur est le pire. » (Dom Dysmas de Lassus – reprenant un vieil adage latin – sur la tactique du diable) – Considérons  beaucoup de nos prétendues élites.

 « Aucun jugement élaboré n’a plus vraiment droit de cité. Et si quelqu’un s’autorise à en porter un, c’est pour aussitôt se voir contredire par un avis opposé … S’ensuit une paralysie de toute action un tant soit peu concertée. Et un vif sentiment d’impuissance … Sera désormais discrédité d’office n’importe quel ‘c’est çà’ énoncé, du seul fait qu’il s’autorise à sortir du lot, à s’énoncer … L’effet escompté finalement est de contraindre tout le monde à cesser de tenir une position, à se résigner au prêt-à-penser … Il s’agit bien de ‘réduire les têtes’ (Dany-Robert Dufour). » (Jean-Pierre Lebrun) – Pluralisme, disparition de toute transcendance, de toute position d’exception. Confusion et souffrance générales, tel est devenu notre lot.

« Ne comptez pas sur la justice de celui dont l’esprit manque de justesse. » (duc de Lévis)

« Depuis l’époque où seuls les dogmes de la foi jouissaient d’un privilège d’infaillibilité, la liste des ‘vaches sacrées’ s’est considérablement allongée au point qu’il est impossible de se tenir à jour quant aux groupes, idées, personnes ou cultures qui entendent être soustraits aux jugements de leurs contemporains … On ne reproche pas tant au blasphémateur d’être dans l’erreur que d’être ‘méchant’. Voilà pourquoi on a inventé le crime de stigmatisation. » (Elisabeth Lévy) – Les innombrables sujets qu’il faut applaudir les yeux fermés.

« Ne pas juger les hommes sur leurs opinions, mais sur ce que leurs opinions font d’eux. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Lorsque l’on fait certaines remarques, l’observation des visages des gens du commun est excellente : on peut les utiliser comme on le fait des chiens qui sont dressés pour trouver les perdrix ou les truffes qu’on ne pourrait flairer soi-même. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Ainsi, peut-être, sommes-nous d’autant plus assurés et plus rigoureux dans nos jugements que nous défendons une cause plus mêlée. » (cardinal Henri de Lubac)

« Attachés à un point de l’espace et du temps, nous avons la manie de tout rapporter à ce point ; nous sommes tout à la fois ridicules et coupables. » (Joseph de Maistre)

« Les jugements précipités sont toujours conformes aux préjugés. » (Malebranche)

« C’est un défaut commun à tous les hommes que d’être trop prompts à juger. » (Malebranche)

« On ne doit jamais  juger les hommes sur la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes. » (selon Karl Marx) – Soit sur leurs parades médiatiques destinées pour nos prétendues élites à cacher leur profonde pourriture.

 « Dans la vie courante, n’importe quel boutiquier sait bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu’il est réellement ; mais notre histoire n’en est pas encore arrivée à cette connaissance vulgaire. Pour chaque époque, elle croit sur parole ce que l’époque en question dit d’elle-même et les illusions qu’elle se fait sur soi … Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une époque sur sa conscience de soi. » (Karl Marx – Engels – L’idéologie allemande)

« Qui commence une affaire sans jugement ne doit pas être surpris si elle finit sans succès. » (chevalier de Méré)

« Vrai remplace Vérité. Un fait n’est aujourd’hui avéré que s’il est établi par voie judiciaire et condamné ou absous comme tel … Le vrai relève des décisions de justice, ou de la loi (loi Gayssot sur les génocides et les lois mémorielles successives) qui permettent aux associations de poursuivre les travaux d’historiens dont les conclusions ne leur conviennent pas, y compris sur ce qui s’est passé au XVIII° siècle … L’établissement du vrai sera donc distendu, parfois indéfiniment reporté en cas d’actes de procédure multiples, d’expertises, d’appels, de récusations… (malversations de Chirac, délits de Mitterrand, trafics de Roland Dumas, affaires de société, etc.). » (Yves Michaud)

« Pour juger des choses grandes et hautes, il faut une âme de même, autrement nous leur attribuons le vice qui est le nôtre. » (Montaigne) – Pour nos censeurs.

« La reconnaissance de son ignorance est un des plus beaux et des plus sûrs témoignages de jugement. » (Montaigne)

« Les mémoires excellentes se joignent volontiers aux jugements débiles. » (Montaigne)

« Nous reconnaissons aisément aux autres l’avantage, du courage, de la force corporelle, de l’expérience, de la disposition de la beauté : mais l’avantage du jugement, nous ne le cédons à personne. » (Montaigne)

« Il me semble que nous ne jugeons jamais des choses que par un retour secret que nous faisons sur nous-mêmes. Je ne suis pas surpris que les nègres peignent le diable d’une blancheur éblouissante, et leurs dieux noirs comme du charbon … On a dit fort bien que, si les triangles faisaient un dieu, ils lui donneraient trois côtés. » (Montesquieu – Lettres persanes)

« Le jugement est la seule chose qui rajeunisse en vieillissant. » (Henry de Montherlant)

« La compréhension doit précéder le jugement, voire la condamnation … Comprendre n’empêche pas de juger et juger n’empêche pas de comprendre. » (Edgar Morin)

« Le monde s’occupe trop de la conscience des autres. On est très heureux d’exhaler sa critique, son droit de juger et de condamner, derrière un principe ! On semble ainsi justifier toute sa méchanceté, toute son étroitesse. Quelle anticipation du jugement dernier ! » (abbé Mugnier)

« Quand on a méthodiquement installé le vide là où il y avait un cerveau, il n’y a plus non plus de capacités de jugement. C’est le but recherché. » (Philippe Muray – sur le festivisme, la Nuit blanche, Paris-plage, les parades… opérations de lavage cérébral).  

« La démagogie suggère que tout un chacun est à même de pouvoir juger de tout avec pertinence, quel que soit son niveau de compétence, non parce qu’il peut le faire, mais parce qu’il y a droit. » (Paul-François Paoli)

« Qu’il est difficile de proposer une chose au jugement d’un autre, sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer. Si on dit : ‘je le trouve beau’ … ou autre chose semblable, on entraîne l’imagination à ce jugement, ou on l’irrite au contraire. » (Blaise Pascal)

« Il ne faut pas juger de la nature selon nous, mais selon elle. » (Blaise Pascal) – La prétention humaine juge la nature, et l’altère. On va aller au résultat bientôt.

« Dans certains courants de la pensée moderne, on en est arrivé à exalter la liberté au point d’en faire un absolu, qui serait la source des valeurs … On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal … De cette façon la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d’un critère de sincérité, d’authenticité, d’accord avec soi-même, au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral … On a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal de manière autonome. »  (Jean-Paul II) 

« L’abbé de Saint-Pierre avait beaucoup réfléchi à la vanité des jugements humains. Il en était venu à dire, toutes les fois qu’il approuvait quelque chose : ‘Ceci est bon pour moi, quant à présent.’ » (Jean Paulhan)

« Un grand fond de jugement est souvent un obstacle aux grands succès. Il empêche d’entreprendre des choses que l’audace ou l’imprudence auraient fait réussir. » (Alexander Pope)

« Une erreur de jugement bien connue des chercheurs qui travaillent sur la prise de décision est ce biais qui consiste à nous faire préférer une récompense immédiate plutôt qu’une récompense différée, et ce même si cette dernière est plus avantageuse. Un autre biais cognitif consiste à demeurer hermétique aux conséquences négatives de nos choix. Ce biais qui nous fait accorder une valeur positive aux options choisies s’étant avérées désavantageuses et des attributs négatifs inexistants aux options que nous n’avons pas retenues, s’appelle le ‘biais de soutien de choix.’ » (Lydia Pouga)

« Même le pape s’est récemment  rallié au relativisme sexuel ambiant dans un magistral et retentissant ‘Qui suis-je pour juger ?,’ Si le successeur de saint Pierre lui-même ne veut plus faire le job, on ne voit pas quelle norme pourrait encore tenir debout. » (Anne-Marie Le Pourhiet) 

« Il faut économiser son cœur pour fortifier son jugement. » (Jules Renard) – A méditer par les bruyants hérauts associatifs et médiatiques de l’amour inconditionnel et universel, à moins que leur objectif ne soit justement de nous priver de tout jugement ?

« Chacun naît avec sa balance particulière ; l’éducation et la société nous apprennent et nous forcent à nous servir des mêmes poids. Car l’homme naît juge, mais il ne naît pas juste au sens moral. » (Rivarol)

« Le jugement se contente d’approuver et de condamner ; mais le goût jouit et souffre … ses lois sont délicates, mystérieuses et sacrées. » (Rivarol)

« Non seulement ce sont des esprits bornés, mais leurs bornes sont mal posées. » (Rivarol)

« On est quelquefois sot avec de l’esprit, on ne l’est jamais avec du jugement. » (La Rochefoucauld)

« Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement. » (La Rochefoucauld)

« Les souvenirs, même cachés, enfouis interviennent dans chaque jugement porté … Repères pour le jugement. Comment jugerait-on, en effet, si ce n’est par comparaison et en situant tout problème toute expérience, par rapport à une masse de souvenirs plus ou moins conscients qui se sont amassés en nous ? » (Jacqueline de Romilly) 

« L’un des modes de communication qui ‘coupent de la vie’ est le recours à des jugements moralisateurs envers l’autre, dont nous avons tendance à dire qu’il est dans le faux ou qu’il est mauvais lorsque ses actes ne correspondent pas à nos valeurs … Les reproches, insultes, dénigrements, étiquetages, comparaisons et diagnostics sont autant de jugements portés. » (Marshall Rosenberg – La communication non violente)

« Nos jugements nous jugent nous-mêmes bien plus qu’ils ne jugent les autres. » (Jean Rostand)

« Je sais seulement que la vérité est dans les choses, et non pas dans mon esprit qui les juge, et que moins je mets du mien dans les jugements que j’en porte, plus je suis sûr d’approcher la vérité. » (J. J. Rousseau)

« Nos jugements s’inspirent de nos actes plus que nos actes de nos jugements. » (Père Joseph Roux)

« Job accuse Dieu. Le moderne accuse la société. Concept encore plus vague. »(Claude Roy)

« Comme les hommes aiment la justice quand ils jugent les crimes d’autrefois ! » (Armand Salacrou)

« Le seul miracle que Dieu n’ait jamais fait c’est de guérir le défaut de jugement. » (cardinal Saliège)

« La possibilité de connaître et de juger correctement et du même coup l’habilitation à parler avec les autres et à juger … n’est donnée que par le fait d’avoir partie liée et de participer. » (Carl Schmitt – cité par Karl Kraus) – Aux innombrables donneurs de leçons pérorant dans les média, sur les réseaux…

« Cette disposition à admirer, et presque à vénérer, les riches et les puissants, ainsi qu’à mépriser, ou du moins à négliger, les personnes pauvres et d’humble condition, quoique nécessaire à la fois pour établir et pour maintenir la distinction des rangs et de l’ordre de la société, est en même temps la cause la plus grande et la plus universelle de la corruption de nos sentiments moraux. Les moralistes de toutes les époques se sont plaints que la richesse et la grandeur soient souvent regardées avec le respect et l’admiration seulement dus à la sagesse et à la vertu ; et que le mépris, dont le vice et la folie sont les seuls objets convenables, soient souvent très injustement attaché à la pauvreté et à la faiblesse. » (Adam Smith – Théorie des sentiments moraux)

« Qui juge lentement juge sûrement. » (Sophocle)

« C’est par la lecture des poètes, les purs et les maudits, que le jugement s’affine et se désenclave des idées reçues et qu’enfin Dieu peut exprimer en nous, et demain par nous, la largeur de ses vues. A monde clos, idées réduites. » (Père Zanotti-Sorkine)

« Ne pas frapper de dérision les actions humaines, ne pas les railler, ne pas les déplorer, ne pas les maudire, mais les comprendre. » (Spinoza) – Littéralement, son fameux commandement : Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere.

« Nul ne peut céder sa faculté de juger. » (Spinoza) – Lequel philosophe n’avait pas prévu la Silicon Valley et l’intelligence artificielle.

« Rabattre le jugement sur le calcul conduit à se couper progressivement de la complexité du réel, autrement dit à substituer la carte au territoire … La pauvreté définie par les Nations unies comme le fait de vivre avec moins d’un dollar par jour. Une telle définition ne peut que rendre aveugle à tout ce qui, dans le niveau et la qualité de la vie, ne relève pas d’une évaluation monétaire, mais dépend de l’inscription dans une société et une culture … Enfermement des peuples dans les boucles autoréférentielles d’un discours technocratique qui écrase les réalités de la vie humaine au lieu de les représenter. » (Alain Supiot – La gouvernance par les nombres) 

« On juge mieux des affaires d’autrui que des siennes propres. » (Terence)

« Comment ne pas nous défaire de nos propres jugements, puisque presque tous les jours nous sommes obligés de reconnaître qu’ils étaient erronés. » (Edmond Thiaudière)

« Un homme agit bassement. Avant de le juger, il s’agit de savoir ce qui, en lui, se trouve au niveau de cette bassesse. Si ce sont les entrailles seulement, rien n’est perdu. Si c’est le cœur, le cas est plus grave. Si c’est la tête, tout est consommé ! » (Gustave Thibon)

« Le scepticisme est le refus de porter des jugements définitifs sur les gens et sur les événements. » (Gustave Thibon)

« Dés l’instant que nous admettons des degrés dans l’être, dés l’instant que nous nous donnons un but, si humble ou si bas soit-il, à notre vie et que nous jugeons telle chose préférable à telle autre, nous dépassons l’existence pour nous élever jusqu’à l’essence. Tous les jugements de valeur sont des jugements d’essence : ils se réfèrent à une idée universelle, à un modèle éternel. » (Gustave Thibon)

« Dans les temps d’égalité, les hommes n’ont aucune foi les uns dans les autres, à cause de leur similitude ; mais cette même similitude leur donne une confiance presque illimitée dans le jugement du public, car il ne leur paraît pas vraisemblable qu’ayant tous des lumières pareilles, la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre. » (Alexis de Tocqueville)

« L’homme, par le fait d’être homme, est déjà par rapport à l’âne ou au crabe un animal malade, car la conscience est une maladie. » (Miguel de Unamuno) – Conscience d’être plus que conscience morale.

« Les plus grands hommes sont des hommes qui ont osé se fier à leur jugement propre ; et parallèlement les plus sots. » (Paul Valéry)

« Il faut juger à froid et agir à chaud. » (Paul Valéry)

« Qui peut sans frémir

« Juger sur la terre. » (Paul Verlaine)

« Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations ; par exemple, Judas avait des amis irréprochables. » (Paul Verlaine)

Note sur les dispositifs d’évaluation (relatifs aux Universités) : « L’inversion idéologique consiste à faire passer pour une mesure objective, factuelle, chiffrée ce qui est un pur et simple exercice de pouvoir … Pouvoir qui prétend normer et réglementer le savoir, qui engendre une normalisation généralisée des savoirs et des pratiques, excluant des individus, des groupes, des démarches intellectuelles, voire des champs disciplinaires entiers … Procédure extraordinaire par laquelle le pouvoir se donne unilatéralement le statut d’autorité, sans contrôle … on ne va pas tout de même évaluer l’évaluation et les évaluateurs … Idéologie qui cache un système de pouvoir … Pouvoir disciplinaire, pouvoir de sanction, qui a la caractéristique d’avoir bonne conscience … Pouvoir qui se donne lui-même, sans le dire, non pas simplement comme énonciateur de vérité, mais plus que cela comme instaurateur de valeur, comme norme de la vérité … L’évaluation suppose l’établissement d‘une échelle de valeurs, positives et négatives … en masquant le caractère subjectif et relatif des valeurs posées à un moment donné … Les premiers bénéficiaires sont ceux que l’on juge bien-pensants, conformes ou susceptibles de se conformer, de s’adapter à des objectifs préalablement fixés … Négativité : l’évaluation entraîne l’effort pour se conformer aux exigences de l’évaluation et complaire aux évaluateurs, plutôt que d’avoir pour objectif la production (de savoirs…). » (Yves-Charles Zarka)

«  Chacun sera jugé suivant la loi qu’il a pu connaître en son temps. » (?) – Non ! Tous nos ancêtres ont été malfaisants. Nous seuls, vivants, sommes bons et purs.

« Qui trop tôt juge, tôt se repent. » (proverbe)

« Il faut juger aux mains et non à la bouche. » (proverbe)

« Bon jugement demande qu’on en fasse bon usage. » (proverbe)

« Ne juge personne avant de te mettre à sa place. » (proverbe)

« Il faut savoir faire la part du médiocre. » (?)

« Le goût est au jugement ce que le tact est à l’esprit. » (?)

« La comparaison, dérivé nocif du jugement. » (?)

«  Ne jugez point sur les apparences – Mais alors sur quoi juger ? » (?) 

Nous préférons aujourd’hui : «  plutôt le jugement bâclé que l’exercice périlleux du jugement . » (Alain Finkielkraut)

« Mémoire. – Se plaindre de la sienne, et même se vanter de n’en pas avoir. Mais rugir si on vous dit que vous n’avez pas de jugement. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Selon que vous serez puissant ou misérable – Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » (La Fontaine – Les animaux malades de la peste)

« Le baratin devient inévitable chaque fois que les circonstances amènent un individu à aborder un sujet qu’il ignore. La production  de conneries est donc stimulée quand les occasions de s’exprimer sur une question donnée l’emportent sur la connaissance de cette question. Ce genre d’écart est fréquent dans la vie publique … La conviction très répandue dans les démocraties qu’il est de la responsabilité du citoyen d’avoir une opinion sur tout … Il va de soi que le fossé entre les opinions d’une personne et son appréhension de la réalité s’élargira encore si celle-ci estime qu’il est de sa responsabilité morale d’émettre un jugement sur les événements et sur la situation de l’ensemble de la planète … Abandon de l’idéal d’exactitude pour l’idéal alternatif de ‘sincérité’. Au lieu de parvenir à une représentation exacte du monde, l’individu s’efforce de donner une représentation honnête de lui-même. » (Harry G. Frankfurt – De l’art de dire des conneries) – D’où les services que peuvent rendre certains sondages habilement présentés pour donner l’illusion du soutien à la doxa qu’on veut imposer.

« ‘Penser, c’est juger’ (Kant) … ‘Ne pas juger !’ : interdit lancé à la pensée critique et évaluative  … Pourquoi voudrait-on interdire la pensée ? … Penser, juger, c’est critiquer, évaluer, hiérarchiser, c’est donc approuver et condamner … Ne pas juger se donne à bon marché une apparence de libéralité (laisser l’autre libre de penser et de faire ce qu’il veut ; traduction : s’en foutre. » (Christian Godin)

« La mémoire peut toujours nous abandonner, pourvu que le jugement ne nous abandonne pas dans l’occasion. » (Goethe)

« Les gens supportent depuis des années les opinions intellectuelles et l’arrogance d’experts en tous genre qui leur prescrivent une manière de vivre, ce qu’ils doivent savoir, comment ils doivent travailler, ce qu’ils dovent manger, comment ils doivent élever leurs enfants… Bref, ils leur prescrivent les exigences morales de la  ‘vie normale’, de la pensée correcte… » (Pierre-Yves Gomez)

« Qui juge les autres avec dureté n’a pas vraiment surmonté ses défauts et ses faiblesses ; il les a combattues par la violence, et n’a fait que les réprimer. » (Père Anselm Grün) – Autant pour moi peut-être ?

« Faire du relativisme un absolu est le tour de force auquel notre époque est parvenue … Il a pour conséquence inévitable d’abolir la faculté de juger. Le jugement exige une hiérarchie des valeurs que le relativisme absolu condamne … et aucune civilisation ne peut faire l’économie d’une hiérarchie de valeurs et par conséquent d’un jugement de valeur. » (Henri Guaino)

« Ne voit-on pas des gens qui veulent juger l’œuvre d’un homme d’après ce qu’ils savent de sa vie privée, comme s’il pouvait y avoir entre ces deux choses un rapport quelconque. » (René Guénon) – Sans compter l’intox et le mensonge  dans les deux sens, positif comme négatif. On voit bien là l’immense stupidité et le voyeurisme infantile contemporain.

« S’instaurer juge suprême constitue le crime suprême. » (Fabrice Hadjadj) – Position qui n’est pas pour effrayer nos censeurs-inquisiteurs-policiers-délateurs politico-médiatiques pullulant sur les réseaux dits sociaux.

« Les processus verbaux peuvent perturber les décisions qui font appel à notre intuition, à notre perspicacité, à notre faculté d’émettre des jugements instantanés … On parle ‘d’obscurcissement verbal’ …  Les mots perturbent les jugements instantanés, l’excès d’informations a plutôt tendance à diminuer qu’à augmenter notre capacité à décider rapidement, capacité qui définit l’attirance sentimentale … Les processus de reconnaissance visuelle et corporelle est perturbé par la prépondérance du langage, par l’accumulation de connaissances intellectuelles ; l’imagination est obscurcie par les mots » (Eva Illouz  – sur les rencontres via Internet)

« L’obsession du jugement qui caractérise notre culture. » (Claude Jannoud) – Plutôt que culture, haine conviendrait mieux.

« Pour bien juger ne pas voir les choses basses de trop haut ni les choses hautes de trop bas. » (Joseph Joubert)

« Entre l’esprit et l’imagination, il y a le jugement, il y a le goût. » (Joseph Joubert)

« Ces jeunes gens qui au lieu de chercher à comprendre cherchent à juger. » (Joseph Joubert)

« L’esprit qui domine possède son ferme jugement et n’a que faire des opinions. » (Ernst Jünger)

« Ose faire usage de ton jugement. » (Emmanuel Kant – résumant l’Aufklärung)

« Conscients du peu de valeur de notre jugement individuel, nous veillons à l’aligner sur le jugement de tous les autres, sans doute mieux informés … Nous cherchons à nous conformer à l’attitude de la majorité, ou de la moyenne. » (John Maynard Keynes) – Troupeau de moutons. 

« Au point de vue chrétien, il n’est non plus jamais question de savoir ce qu’un homme a été, mais ce qu’il est devenu ; comment il était, mais comment il est devenu ; quel a été le début, mais quelle a été la fin. » (Kiergegaard)

« La marque d’un homme cultivé est qu’il est conscient de son inaptitude à juger. » (Thomas de Koninck)

« La corruption de ce qu’il y a de meilleur est le pire. » (Dom Dysmas de Lassus – reprenant un vieil adage latin – sur la tactique du diable) – Considérons  beaucoup de nos prétendues élites.

 « Aucun jugement élaboré n’a plus vraiment droit de cité. Et si quelqu’un s’autorise à en porter un, c’est pour aussitôt se voir contredire par un avis opposé … S’ensuit une paralysie de toute action un tant soit peu concertée. Et un vif sentiment d’impuissance … Sera désormais discrédité d’office n’importe quel ‘c’est çà’ énoncé, du seul fait qu’il s’autorise à sortir du lot, à s’énoncer … L’effet escompté finalement est de contraindre tout le monde à cesser de tenir une position, à se résigner au prêt-à-penser … Il s’agit bien de ‘réduire les têtes’ (Dany-Robert Dufour). » (Jean-Pierre Lebrun) – Pluralisme, disparition de toute transcendance, de toute position d’exception. Confusion et souffrance générales, tel est devenu notre lot.

« Ne comptez pas sur la justice de celui dont l’esprit manque de justesse. » (duc de Lévis)

« Depuis l’époque où seuls les dogmes de la foi jouissaient d’un privilège d’infaillibilité, la liste des ‘vaches sacrées’ s’est considérablement allongée au point qu’il est impossible de se tenir à jour quant aux groupes, idées, personnes ou cultures qui entendent être soustraits aux jugements de leurs contemporains … On ne reproche pas tant au blasphémateur d’être dans l’erreur que d’être ‘méchant’. Voilà pourquoi on a inventé le crime de stigmatisation. » (Elisabeth Lévy) – Les innombrables sujets qu’il faut applaudir les yeux fermés.

« Ne pas juger les hommes sur leurs opinions, mais sur ce que leurs opinions font d’eux. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Lorsque l’on fait certaines remarques, l’observation des visages des gens du commun est excellente : on peut les utiliser comme on le fait des chiens qui sont dressés pour trouver les perdrix ou les truffes qu’on ne pourrait flairer soi-même. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Ainsi, peut-être, sommes-nous d’autant plus assurés et plus rigoureux dans nos jugements que nous défendons une cause plus mêlée. » (cardinal Henri de Lubac)

« Attachés à un point de l’espace et du temps, nous avons la manie de tout rapporter à ce point ; nous sommes tout à la fois ridicules et coupables. » (Joseph de Maistre)

« Les jugements précipités sont toujours conformes aux préjugés. » (Malebranche)

« C’est un défaut commun à tous les hommes que d’être trop prompts à juger. » (Malebranche)

« On ne doit jamais  juger les hommes sur la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes. » (selon Karl Marx) – Soit sur leurs parades médiatiques destinées pour nos prétendues élites à cacher leur profonde pourriture.

 « Dans la vie courante, n’importe quel boutiquier sait bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu’il est réellement ; mais notre histoire n’en est pas encore arrivée à cette connaissance vulgaire. Pour chaque époque, elle croit sur parole ce que l’époque en question dit d’elle-même et les illusions qu’elle se fait sur soi … Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une époque sur sa conscience de soi. » (Karl Marx – Engels – L’idéologie allemande)

« Qui commence une affaire sans jugement ne doit pas être surpris si elle finit sans succès. » (chevalier de Méré)

« Pour juger des choses grandes et hautes, il faut une âme de même, autrement nous leur attribuons le vice qui est le nôtre. » (Montaigne) – Pour nos censeurs.

« La reconnaissance de son ignorance est un des plus beaux et des plus sûrs témoignages de jugement. » (Montaigne)

« Les mémoires excellentes se joignent volontiers aux jugements débiles. » (Montaigne)

« Nous reconnaissons aisément aux autres l’avantage, du courage, de la force corporelle, de l’expérience, de la disposition de la beauté : mais l’avantage du jugement, nous ne le cédons à personne. » (Montaigne)

« Il me semble que nous ne jugeons jamais des choses que par un retour secret que nous faisons sur nous-mêmes. Je ne suis pas surpris que les nègres peignent le diable d’une blancheur éblouissante, et leurs dieux noirs comme du charbon … On a dit fort bien que, si les triangles faisaient un dieu, ils lui donneraient trois côtés. » (Montesquieu – Lettres persanes)

« Le monde s’occupe trop de la conscience des autres. On est très heureux d’exhaler sa critique, son droit de juger et de condamner, derrière un principe ! On semble ainsi justifier toute sa méchanceté, toute son étroitesse. Quelle anticipation du jugement dernier ! » (abbé Mugnier)

« Quand on a méthodiquement installé le vide là où il y avait un cerveau, il n’y a plus non plus de capacités de jugement. C’est le but recherché. » (Philippe Muray – sur le festivisme, la Nuit blanche, Paris-plage, les parades… opérations de lavage cérébral).   

« La démagogie suggère que tout un chacun est à même de pouvoir juger de tout avec pertinence, quel que soit son niveau de compétence, non parce qu’il peut le faire, mais parce qu’il y a droit. » (Paul-François Paoli)

« Qu’il est difficile de proposer une chose au jugement d’un autre, sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer. Si on dit : ‘je le trouve beau’ … ou autre chose semblable, on entraîne l’imagination à ce jugement, ou on l’irrite au contraire. » (Blaise Pascal)

« Il ne faut pas juger de la nature selon nous, mais selon elle. » (Blaise Pascal) – La prétention humaine juge la nature, et l’altère. On va aller au résultat bientôt.

« Dans certains courants de la pensée moderne, on en est arrivé à exalter la liberté au point d’en faire un absolu, qui serait la source des valeurs … On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal … De cette façon la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d’un critère de sincérité, d’authenticité, d’accord avec soi-même, au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral … On a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal de manière autonome. »  (Jean-Paul II) 

« L’abbé de Saint-Pierre avait beaucoup réfléchi à la vanité des jugements humains. Il en était venu à dire, toutes les fois qu’il approuvait quelque chose : ‘Ceci est bon pour moi, quant à présent.’ » (Jean Paulhan)

« Un grand fond de jugement est souvent un obstacle aux grands succès. Il empêche d’entreprendre des choses que l’audace ou l’imprudence auraient fait réussir. » (Alexander Pope)

« Une erreur de jugement bien connue des chercheurs qui travaillent sur la prise de décision est ce biais qui consiste à nous faire préférer une récompense immédiate plutôt qu’une récompense différée, et ce même si cette dernière est plus avantageuse. Un autre biais cognitif consiste à demeurer hermétique aux conséquences négatives de nos choix. Ce biais qui nous fait accorder une valeur positive aux options choisies s’étant avérées désavantageuses et des attributs négatifs inexistants aux options que nous n’avons pas retenues, s’appelle le ‘biais de soutien de choix.’ » (Lydia Pouga)

« Même le pape s’est récemment  rallié au relativisme sexuel ambiant dans un magistral et retentissant ‘Qui suis-je pour juger ?,’ Si le successeur de saint Pierre lui-même ne veut plus faire le job, on ne voit pas quelle norme pourrait encore tenir debout. » (Anne-Marie Le Pourhiet) 

« Il faut économiser son cœur pour fortifier son jugement. » (Jules Renard) – A méditer par les bruyants hérauts associatifs et médiatiques de l’amour inconditionnel et universel, à moins que leur objectif ne soit justement de nous priver de tout jugement ?

« Chacun naît avec sa balance particulière ; l’éducation et la société nous apprennent et nous forcent à nous servir des mêmes poids. Car l’homme naît juge, mais il ne naît pas juste au sens moral. » (Rivarol)

« Le jugement se contente d’approuver et de condamner ; mais le goût jouit et souffre … ses lois sont délicates, mystérieuses et sacrées. » (Rivarol)

« Non seulement ce sont des esprits bornés, mais leurs bornes sont mal posées. » (Rivarol)

« On est quelquefois sot avec de l’esprit, on ne l’est jamais avec du jugement. » (La Rochefoucauld)

« Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement. » (La Rochefoucauld)

« Les souvenirs, même cachés, enfouis interviennent dans chaque jugement porté … Repères pour le jugement. Comment jugerait-on, en effet, si ce n’est par comparaison et en situant tout problème toute expérience, par rapport à une masse de souvenirs plus ou moins conscients qui se sont amassés en nous ? » (Jacqueline de Romilly) 

« L’un des modes de communication qui ‘coupent de la vie’ est le recours à des jugements moralisateurs envers l’autre, dont nous avons tendance à dire qu’il est dans le faux ou qu’il est mauvais lorsque ses actes ne correspondent pas à nos valeurs … Les reproches, insultes, dénigrements, étiquetages, comparaisons et diagnostics sont autant de jugements portés. » (Marshall Rosenberg – La communication non violente)

« Nos jugements nous jugent nous-mêmes bien plus qu’ils ne jugent les autres. » (Jean Rostand)

« Je sais seulement que la vérité est dans les choses, et non pas dans mon esprit qui les juge, et que moins je mets du mien dans les jugements que j’en porte, plus je suis sûr d’approcher la vérité. » (J. J. Rousseau)

« Nos jugements s’inspirent de nos actes plus que nos actes de nos jugements. » (Père Joseph Roux)

« Job accuse Dieu. Le moderne accuse la société. Concept encore plus vague. »(Claude Roy)

« Comme les hommes aiment la justice quand ils jugent les crimes d’autrefois ! » (Armand Salacrou)

« Le seul miracle que Dieu n’ait jamais fait c’est de guérir le défaut de jugement. » (cardinal Saliège)

« La possibilité de connaître et de juger correctement et du même coup l’habilitation à parler avec les autres et à juger … n’est donnée que par le fait d’avoir partie liée et de participer. » (Carl Schmitt – cité par Karl Kraus) – Aux innombrables donneurs de leçons pérorant dans les média, sur les réseaux…

« Cette disposition à admirer, et presque à vénérer, les riches et les puissants, ainsi qu’à mépriser, ou du moins à négliger, les personnes pauvres et d’humble condition, quoique nécessaire à la fois pour établir et pour maintenir la distinction des rangs et de l’ordre de la société, est en même temps la cause la plus grande et la plus universelle de la corruption de nos sentiments moraux. Les moralistes de toutes les époques se sont plaints que la richesse et la grandeur soient souvent regardées avec le respect et l’admiration seulement dus à la sagesse et à la vertu ; et que le mépris, dont le vice et la folie sont les seuls objets convenables, soient souvent très injustement attaché à la pauvreté et à la faiblesse. » (Adam Smith – Théorie des sentiments moraux)

« Qui juge lentement juge sûrement. » (Sophocle)

« C’est par la lecture des poètes, les purs et les maudits, que le jugement s’affine et se désenclave des idées reçues et qu’enfin Dieu peut exprimer en nous, et demain par nous, la largeur de ses vues. A monde clos, idées réduites. » (Père Zanotti-Sorkine)

« Ne pas frapper de dérision les actions humaines, ne pas les railler, ne pas les déplorer, ne pas les maudire, mais les comprendre. » (Spinoza) – Littéralement, son fameux commandement : Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere.

« Nul ne peut céder sa faculté de juger. » (Spinoza) – Lequel philosophe n’avait pas prévu la Silicon Valley et l’intelligence artificielle.

« Rabattre le jugement sur le calcul conduit à se couper progressivement de la complexité du réel, autrement dit à substituer la carte au territoire … La pauvreté définie par les Nations unies comme le fait de vivre avec moins d’un dollar par jour. Une telle définition ne peut que rendre aveugle à tout ce qui, dans le niveau et la qualité de la vie, ne relève pas d’une évaluation monétaire, mais dépend de l’inscription dans une société et une culture … Enfermement des peuples dans les boucles autoréférentielles d’un discours technocratique qui écrase les réalités de la vie humaine au lieu de les représenter. » (Alain Supiot – La gouvernance par les nombres) 

« On juge mieux des affaires d’autrui que des siennes propres. » (Terence)

« Comment ne pas nous défaire de nos propres jugements, puisque presque tous les jours nous sommes obligés de reconnaître qu’ils étaient erronés. » (Edmond Thiaudière)

« Un homme agit bassement. Avant de le juger, il s’agit de savoir ce qui, en lui, se trouve au niveau de cette bassesse. Si ce sont les entrailles seulement, rien n’est perdu. Si c’est le cœur, le cas est plus grave. Si c’est la tête, tout est consommé ! » (Gustave Thibon)

« Le scepticisme est le refus de porter des jugements définitifs sur les gens et sur les événements. » (Gustave Thibon)

« Dés l’instant que nous admettons des degrés dans l’être, dés l’instant que nous nous donnons un but, si humble ou si bas soit-il, à notre vie et que nous jugeons telle chose préférable à telle autre, nous dépassons l’existence pour nous élever jusqu’à l’essence. Tous les jugements de valeur sont des jugements d’essence : ils se réfèrent à une idée universelle, à un modèle éternel. » (Gustave Thibon)

« Dans les temps d’égalité, les hommes n’ont aucune foi les uns dans les autres, à cause de leur similitude ; mais cette même similitude leur donne une confiance presque illimitée dans le jugement du public, car il ne leur paraît pas vraisemblable qu’ayant tous des lumières pareilles, la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre. » (Alexis de Tocqueville)

« L’homme, par le fait d’être homme, est déjà par rapport à l’âne ou au crabe un animal malade, car la conscience est une maladie. » (Miguel de Unamuno) – Conscience d’être plus que conscience morale.

« Les plus grands hommes sont des hommes qui ont osé se fier à leur jugement propre ; et parallèlement les plus sots. » (Paul Valéry)

« Il faut juger à froid et agir à chaud. » (Paul Valéry)

« Qui peut sans frémir

« Juger sur la terre. » (Paul Verlaine)

« Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations ; par exemple, Judas avait des amis irréprochables. » (Paul Verlaine)

Note sur les dispositifs d’évaluation (relatifs aux Universités) : « L’inversion idéologique consiste à faire passer pour une mesure objective, factuelle, chiffrée ce qui est un pur et simple exercice de pouvoir … Pouvoir qui prétend normer et réglementer le savoir, qui engendre une normalisation généralisée des savoirs et des pratiques, excluant des individus, des groupes, des démarches intellectuelles, voire des champs disciplinaires entiers … Procédure extraordinaire par laquelle le pouvoir se donne unilatéralement le statut d’autorité, sans contrôle … on ne va pas tout de même évaluer l’évaluation et les évaluateurs … Idéologie qui cache un système de pouvoir … Pouvoir disciplinaire, pouvoir de sanction, qui a la caractéristique d’avoir bonne conscience … Pouvoir qui se donne lui-même, sans le dire, non pas simplement comme énonciateur de vérité, mais plus que cela comme instaurateur de valeur, comme norme de la vérité … L’évaluation suppose l’établissement d‘une échelle de valeurs, positives et négatives … en masquant le caractère subjectif et relatif des valeurs posées à un moment donné … Les premiers bénéficiaires sont ceux que l’on juge bien-pensants, conformes ou susceptibles de se conformer, de s’adapter à des objectifs préalablement fixés … Négativité : l’évaluation entraîne l’effort pour se conformer aux exigences de l’évaluation et complaire aux évaluateurs, plutôt que d’avoir pour objectif la production (de savoirs…). » (Yves-Charles Zarka)

«  Chacun sera jugé suivant la loi qu’il a pu connaître en son temps. » (?) – Non ! Tous nos ancêtres ont été malfaisants. Nous seuls, vivants, sommes bons et purs.

« Qui trop tôt juge, tôt se repent. » (proverbe)

« Il faut juger aux mains et non à la bouche. » (proverbe)

« Bon jugement demande qu’on en fasse bon usage. » (proverbe)

« Ne juge personne avant de te mettre à sa place. » (proverbe)

« Il faut savoir faire la part du médiocre. » (?)

« Le goût est au jugement ce que le tact est à l’esprit. » (?)

« La comparaison, dérivé nocif du jugement. » (?)

«  Ne jugez point sur les apparences – Mais alors sur quoi juger ? » (?) 

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