535,3 – Ennemi, Adversaire

– Ne les cultivons pas à plaisir, mais se défier des gens qui n’en ont aucun. Qui n’a personne pour lequel il est indifférent, et même qui lui est hostile, risque fort de n’être qu’un zombie. Ceux qui aiment tout le monde et sont donc supposés être adorés par tout le monde.

« Aimer ses ennemis. » (Evangiles) – Cela implique qu’on en ait.

– Lors des guerres, l’ennemi était toujours supérieur en nombre et mieux équipé (il n’était jamais plus courageux et audacieux, mieux organisé et commandé). Il est passé par où il ne fallait pas, quand il ne fallait pas. Il a agi par surprise et même traîtrise… Ces vérités éternelles sont d’autant plus vraies qu’on a pris une raclée.

– Mode socio-médiatique dominante : ne pas appeler les choses par leur nom, ne pas identifier l’ennemi, ne pas prononcer son nom, ne pas le combattre… Moi non plus, je ne le nomme pas. C’est une devinette, et surtout j’ai bien trop peur.

– Qu’il soit ennemi de classe, ennemi de race, ennemi de la démocratie, ennemi de la mondialisation, ou tout simplement il y a peu qualifiable de boche, le premier principe est de lui dénier la qualité d’homme. Les communistes s’étant montré particulièrement inventifs dans le choix de termes appropriés, tels que fourmis, vipères, crapauds… La propagande française antiallemande en 1914, et avant et après, pourrait aussi servir à des propagandistes en manque d’imagination.

-Les Viets, comme les Algériens, ont mené de durs combats contre les Français, et les premiers contre les Américains en plus. Mais on ne les entend pas pleurnicher, gémir, revendiquer, exiger…  Notons cependant  que  les kabyles (berbères)  savent rester  dignes, peut-être parce qu’ils furent les vrais combattants.

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« Aucun homme ne peut trouver en ce monde de plus redoutable ennemi que lui-même … Il est toujours à lui-même son plus grand ennemi par ses faux jugements, par ses vaines craintes, par son désespoir, par les discours déprimants qu’il se tient à lui-même. » (Alain)

« La distance entre agresseurs et agressés s’était accrue au point que non seulement les agresseurs ne pouvaient plus haïr les agressés, mais encore que les agressés eux-mêmes   (comme je l’ai appris de la bouche de survivants d’Hiroshima) ne pouvaient haïr davantage les agresseurs … Des pilotes s’attribuaient même comme une attitude vertueuse, voire chrétienne, d’exécuter leurs missions sans haine … Plus l’ennemi est éloigné, plus difficile et plus improbable devient la naissance ‘naturelle’ de la haine … De nos jours obsolètes sont les ‘champs de bataille’. On tire aujourd’hui en restant chez soi gentiment. Frappeurs et victimes sont tenus à distance les uns des autres … Le pire que nous puissions dire de nous, gens d’aujourd’hui, ‘la haine est définitivement de trop’. » (Günther Anders) – On va même pouvoir aimer ses ennemis (comme recommandé dans l’Evangile), mais en s’apprêtant à les massacrer en masse.

« Nous sommes en train de vous faire quelque chose de terrible, nous sommes en train de vous priver d’ennemi. » (Gregory Arbatov – cité par Pascal Bruckner) – Sur la disparition de la menace que présentait l’URSS. Effectivement, il s’agit d’une castration partielle pour la cohésion de n’importe quel groupe.

« Les passions créent des ennemis et les intérêts des adversaires … L’idéologie transforme les autres en ennemis dans la mesure où elle les désigne comme la source du Mal. » (Jean Baechler) – Et on ne traite pas des ennemis, porteurs du Mal, comme de simples adversaires de nos intérêts.

« Deux adversaires qui s’affrontent ont généralement plus de points communs que de différences. Ce fut vrai pour le nazisme et le stalinisme. Cela l’est également, toute chose étant égale, pour l’affrontement de surface que se livrent les partis de droite et de gauche … dans tout conflit il faut chercher le troisième terme, l’absent, l’exclu, le perdant. » (tiré de Jean Baudrillard par Ludovic Leonelli)

« le libéral-libertaire n’a pas d’adversaires, il n’a que des ennemis à abattre et ces ennemis sont nécessairement des gens de droite, donc d’extrême droite, donc fascistes… » (Matthieu Baumier)

« L’ennemi est une nécessité. » (Miguel Benasayag) – Pour les collectivités, les communautés, pour la plupart des individus. Et, évidemment pour les dirigeants, les gouvernements.

« L’ennemi … est désormais un ennemi absolu. Diabolisé, criminalisé, considéré comme une figure du Mal, il devient un ennemi de l’humanité, qui doit être, non seulement défait, mais éradiqué. Carl Schmitt montre que les guerres idéologiques des temps modernes, qui disqualifient l’ennemi sous l’angle moral, au lieu de le considérer comme un adversaire que l’on combat tout en admettant aussi qu’il puisse avoir ses raisons, ont pris le relais des guerres de religion. Elles en ont le même caractère impitoyable et total … Toute guerre menée au nom de l’humanité est une guerre qui tombera dans l’inhumanité, car elle est nécessairement amenée à discréditer moralement l’ennemi pour le transformer en un hors-la-loi, en un monstre inhumain … L’idée qu’il puisse y avoir des instances internationales chargées de ‘dire le droit’ implique la démonstration aux yeux de tous que l’ennemi est ‘dans son tort’. Dans cette perspective universaliste, l’adversaire doit donc être déclaré ‘hors la loi’, c’est-à-dire inhumain. Il ne peut donc plus être estimé, mais seulement haï, car il devient le mal en soi, la non-valeur absolue … dévalorisation-extermination … telle est la politique envahie par la morale. » (Alain de Benoist)  – Retour à la barbarie par les institutions internationales, type ONU…

« Rechercher instinctivement les responsabilités lourdes. Savoir se faire des ennemis. » (Alain de Benoist) – Un homme sans ennemis n’est qu’un paltoquet, un zombie…

« Rien ne s’opposait plus au déferlement des guerre zoologiques, l’ennemi cessant d’appartenir à la même espèce que soi. » (Emmanuel Berl – sur les années 1930) – Mais  ce n’était qu’un début, nous fîmes (et ferons) pire encore.

« L’idée qu’il est mal en soi d’avoir des ennemis est au point de rencontre de la gentillesse démocratique et du sublime chrétien. » (Alain Besançon) – Pour l’auteur, le sublime serait (en matière de religion au moins) une mystique dégradée ; pur amour sans aucun intérêt propre, refus du statut de créature, dépassement de toute mesure des sens, l’homme kantien se sent grandi par le vide même que lui laisse l’expérience de sa sublimité…

« Puisqu’il faut avoir des ennemis, tâchons d’en avoir qui nous fassent honneur. » (Sainte-Beuve)

« ‘Admettre qu’un adversaire peut être à la fois honnête et intelligent est ressenti comme intolérable’ … Si bien que toute vérité factuelle, dès lors qu’elle sort de la bouche d’un ‘ennemi’, est décrétée fausse. Gare à qui la reprendrait à son compte ! » (Jean Birnbaum – citant George Orwell)

« L’alcool est un ennemi. Or celui qui recule devant un ennemi est un lâche. » (Francis Blanche)

« C’est toujours lui qui commence. » (Francis Blanche)

« N’espère rien, n’aie peur de rien et tu désarmeras ton adversaire. Quand on est agité par la crainte ou l’espoir, faute d’être calme et de se contrôler, on lâche son bouclier, on abandonne son poste et on resserre le lien qui sert à nous traîner. » (Boèce)

« On finit toujours par ressembler à ses ennemis. » (Jorge Luis Borges)

« Hérode et Pilate devinrent amis, mais aux dépens de Jésus-Christ. » (Père Bourdaloue – reprenant partiellement les Evangiles) – Classique réconciliation sur le dos d’un tiers.

« Le plus impitoyable est celui qui croit se battre pour des idées abstraites et de pures doctrines et non celui qui défend seulement les frontières de sa patrie. » (Pierre Boutang)

« On peut du moins exiger que le visage de l’homme ne soit pas anéanti par le combat. L’idée que l’ennemi a figure humaine, et qu’en mourant il rentre dans un ordre sacré où nous n’avons plus d’efficacité … tend de plus en plus à disparaître. Le monde moderne déshonore l’ennemi. Chacun, par là, se trouve déshonoré … A partir du moment où on ne se bat plus ‘parce qu’on habite de ce côté de l’eau’ (Blaise Pascal), mais pour les principes rationnels du bonheur humain, l’adversaire devient un imbécile ou un monstre … La dignité humaine étant le moteur de mon combat, il faut que l’adversaire soit indigne. Il n’est même pas un homme. » (Pierre Boutang) – Réflexions sur la dernière guerre dite mondiale. C’est là la différence entre les guerres des rois de jadis, et les guerres démocratiques modernes inaugurées par la révolution de 1789.

« Il faut choisir ses ennemis parmi des gens beaucoup plus âgés ; ils disparaissent plus vite. » (Philippe Bouvard)

« Un totalitarisme à l’extérieur, cela permettait de se sentir bon, vertueux chez soi. Mais où est le mal désormais (l’ennemi ayant disparu) ? Qui tiendra la part du diable, du salaud de prédilection ? » (Pascal Bruckner) – Sur la disparition de la menace que présentait l’URSS.

« Nous devons vivre avec nos ennemis comme s’ils devaient un jour  être nos amis, et vivre avec nos amis comme s’ils pouvaient de venir nos ennemis. » (La Bruyère)

« Par orgueil, on se fait encore plus d’illusions sur ses ennemis que sur ses amis. » (Alfred Capus)

« L’ennemi m’est nécessaire ; il me maintient dans mes définitions, m’oblige à me vouloir, me force à dessiner le trait qui me cerne et à l’intérieur duquel vit, d’une vraie vie, ma différence. Ainsi haï, pour cela je peux être aimé. Il suffit de retourner le gant. Si je ne suis ni haï ni aimé, alors quoi ? Je suis objet et peut-être, au pire, objet de compréhension … Tel l’enfant américain objet d’une compréhension molle sans amour et sans sanctions. » (Jean Cau)

« Celui qui est juste au milieu entre notre ennemi et nous, nous paraît être plus voisin de notre ennemi ; c’est un effet des lois de l’optique comme celui par lequel le jet d’eau d’un bassin paraît moins éloigné  de l’autre bord que de celui où vous êtes. » (Chamfort)

« Pour arracher l’individu à sa paresse naturelle, à ses routines… Que ferions-nous sans nos ennemis ? » (Père Teilhard de Chardin)

« La valeur d’un homme se mesure au nombre de ses ennemis. » (Père Maxime Charles – empruntant à Gustave Flaubert ?)

« De quoi et de qui parler si les autres ne comptent plus, si personne ne mérite la dignité d’ennemi ? » (Emil Cioran)

« Nos intimes sont les pires ennemis de notre ‘statue’. » (Emil Cioran)

« On cesse d’être jeune au moment où l’on ne choisit plus ses ennemis ; où l’on se contente de ceux qu’on a sous la main. » (Emil Cioran)

« La complaisance pour l’adversaire est le signe distinctif de la débilité, c’est-à-dire de la tolérance, laquelle n’est, en dernier ressort, qu’une coquetterie d’agonisants. » (Emil Cioran)

« Notre ennemi veille sur nous, il nous empêche de nous laisse aller. En signalant, en divulguant la moindre de nos défaillances, il nous conduit en ligne droite à notre salut, il met tout en œuvre pour que nous ne soyons pas indigne de l’idée qu’il s’est faite de nous. » (Emil Cioran – sur l’utilité des ennemis)

« Ne craignez pas de vous faire des ennemis. Si vous n’en avez pas c’est que vous n’avez rien fait. » (Clemenceau)

« S’exagérer le danger de l’ennemi … X et Y à l’intérieur, Saddam Hussein et Slobodan Milosevic à l’extérieur, permet de mieux tirer gloire de sa défaite. » (Philippe Cohen) – Et d’abrutir dans la soumission ses propres sujets en faisant croire à quelque danger imminent, et de dissuader toute contestation sérieuse. D’où l’invention perpétuelle d’ennemis, nombreux, puissants, cachés…  prêts à vous sauter à la gorge … Fascistes, populistes, souverainistes, intégristes, réactionnaires, etc.

« Fuyez un ennemi qui sait votre défaut. » (Pierre Corneille)

« Ne vous laissez pas voler l’Immonde, l’Ennemi. C’est ce que le militant a de plus précieux. » –(Régis Debray) –  C’est même grâce à lui qu’il fait semblant d’exister 

« Mauriac, toujours entre deux chaises, pensait non seulement contre lui-même, délicieux masochisme,  mais contre les siens, ce qui est   plus ingrat … Les crachats du camp d’en face, ce sont nos médailles. Se faire cracher dessus par les siens, comme le Bordelais, depuis la guerre d’Espagne jusqu’à sa mort, exige une toute autre fermeté d’âme. » (Régis Debray)

« On reconnaît la domination de la pensée (unique) à une désignation particulière des adversaires. Ceux-ci sont décrits systématiquement comme des arriérés ou comme des imbéciles … Ils ne pensent pas. » (Chantal Delsol) – Encore heureux si on n’appelle pas au lynchage pur et simple.

« L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui. » (Pierre Desproges)

« On ne doit jamais désigner à la masse plus d’un ennemi à la fois et ‘il appartient au génie d’un grand chef de faire apparaître même des ennemis distincts comme n’appartenant jamais qu’à une seule catégorie’. » (Louis Dumont – citant Adolf Hitler – Mein Kampf) – Il y a longtemps que les politiques savent l’impératif de désigner des ennemis. Hitler n’a rien inventé, et, de ce point de vue, ses imitateurs à haut niveau n’ont jamais manqué.

« Quand on n’a pas de solution il faut détourner l’attention. Trouver des ennemis, auxquels manque juste un nom : ‘mouvement populiste ultra-nationaliste’, ou autre chose qui s’oppose viscéralement au progrès, à la Rugénie libre, à l’Occident. » (Benoît Duteurtre) – En contexte inspiré par l’Ukraine.  Si on manque d’idée, ‘Fasciste’ convient toujours.

« Les ennemis étant mortels, il n’est que d’attendre. » (Georges Elgozy)  

« Eux qui acceptent d’avoir les mains sales, qui font cet immense sacrifice au profit de l’action qu’il faut bien mener, voici qu’ils sont prodigieusement scrupuleux pour leurs ennemis : ceux-ci doivent avoir les mains propres. C’est l’adversaire qui doit devenir le parangon de toutes les vertus et l’on pousse aussitôt des cris de pintade dés que l’on aperçoit la moindre tâche de boue sur les mains de cet ennemi. On invoque la morale naturelle, la dignité de l’homme, les vertus célestes et la charte internationale des droits de l’homme. » (Jacques Ellul)

« Ne vous bornez point à faire le portrait peu flatté de vos adversaires, dites qui vous êtes ; ne les niez plus, affirmez-vous. » (Prosper Enfantin)

« ‘L’hybris’ potentielle d’une politique de l’humanité. L’humanité n’ayant par définition pas d’ennemi humain, l’engagement ainsi conçu (pour l’humanité) induit nécessairement la déshumanisation de l’adversaire. » (Alan Finkielkraut)

« Ce qui caractérise l’esprit de notre temps, c’est l’ardeur avec lequel il se mobilise contre des ennemis qu’il a vaincu. » (Alain Finkielkraut) – Penser à tous les méchants …ismes et …istes.

« L’homme promu au rang d’auteur, d’artisan de l’histoire doit rendre compte … du mal persistant.  Il ne dispose plus de l’argument théologique du péché originel. Dès lors, il découvre cette figure décisive de l’adversaire, de l’ennemi. Ce qu’on imputait autrefois à l’homme pécheur, on l’impute désormais à l’adversaire … La découverte de la bonté originelle suscite l’émotion et débouche sur la haine … Car si l’homme est bon, le mal ne peut venir que du contre-homme, de l’homme ennemi de l’homme. » (Alain Finkielkraut – s’inspirant de Hannah  Arendt) – Voilà ce que c’est que d’avoir largué nos anciens mythes qui avaient montré leur utilité pendant des millénaires.

« …Qu’entre nos ennemis – Les plus à craindre sont souvent les plus petits… » (La Fontaine – Le lion et le moucheron)

« J’ai presque cent ans et je n’ai pas d’ennemis ; ils sont tous morts. » (Fontenelle)

« J’ai des ennemis et je m’en vante, je crois les avoir mérités. » (Anatole France)

« Comme tous les pacifistes, vous pensez que c’est vous qui désignez l’ennemi et du moment que nous ne voulons pas d’ennemis nous n’en aurons pas. Ce n’est pas nous qui désignons l’ennemi. C’est lui qui nous désigne. Et s’il veut que nous soyons son ennemi, nous pouvons lui faire les plus belles protestations d’amitié. Du moment qu’il veut  que nous soyons son ennemi, nous le serons. Et il nous empêchera même de cultiver notre jardin. » (Julien Freund)

« Il faut être vraiment candide pour croire que l’on pourra faire entendre raison à un groupe ou à une collectivité décidés à user de violence et à provoquer un conflit, grâce à des incantations, des prières ou des protestations d’amitié. » (Julien Freund) – Candide ou lâche ?

« Au nom de l’éthique de conviction, en criminalisant la guerre, on ne peut que criminaliser la paix … On ne négocie pas avec un criminel … La volonté de culpabiliser l’autre fait partie de l’arsenal de la propagande pendant la guerre, mais elle constitue une méthode désastreuse lorsqu’on veut susciter une paix par la négociation … La criminalisation de l’ennemi est à l’opposé de la reconnaissance de l’ennemi, condition indispensable lorsqu’on veut terminer un conflit par un compromis … La diffusion de la pensée idéologique sous couleur de moraliser les conflits est de nos jours à la racine de la criminalisation de la guerre et de la paix … Préjugé de notre époque. » (Julien Freund) – Et diktat de la dictature de la bonne conscience cupide américaine.

« Bêtise de déprécier son ennemi avant le combat, et bassesse de l’amoindrir après la victoire. » (Goethe) – Ce ne sont d’ailleurs que des mœurs modernes, et spécialement anglo-saxonnes. Les Anciens étaient plus charitables et surtout plus fins politiques.

« Les progressistes européens qui se fabriquent des ennemis imaginaires comme Bolsonaro, Trump, Salvini et Poutine. Incapables de s’en prendre aux ennemis réels du monde occidental (Frères Musulmans, mafias de l’immigration, cartels de la drogue). » (Driss Ghali)

« Ne combat jamais un homme qui n’a rien à perdre. » (Baltasar Gracian) –  Kamikazés ?

« On ne peut pas frapper un ennemi à terre. Bon, mais alors quand ? » (Lucien Guitry) 

« L’autre, l’ennemi, chargé de tous les vices démontre notre pureté et justifie le bien-fondé de nos combats (Saddam Hussein), commodité pour suivre un film de savoir qui sont les bons et les méchants. » (Jean Guitton)

« On est moins ennemi de ceux qui nous haïssent que de ceux qui nous méprisent. »(Joseph Joubert)

« N’avoir pas d’ennemis, c’est n’être pas digne d’avoir des amis. » (Joseph Joubert)

« Nous sommes la première société qui se veut mondiale et qui n’accepte plus d’extérieur … La doctrine américaine de sécurité le dit clairement en n’acceptant plus l’idée d’adversaires légitimes. Contre nous il ne saurait y avoir de guerres justes … Il n’y a plus que des forces de la paix, du contrat et du marché auxquelles s’opposent des combattants du mal ou de la foi ; de l’irréel. » (Hervé Juvin)

« Les adversaires sont des précepteurs qui ne coûtent rien. » (Ferdinand de Lesseps)

« Comment ferrailler contre de puissants ennemis quand il n’y a plus d’ennemis ? La réponse est simple, il suffit d’en inventer. » (Elisabeth Lévy) – C’est le rôle des média et de prétendus journalistes. Qui sont les tenants de la bête immonde qui s’apprêtent à terrasser les vaillants mais faibles défenseurs de la liberté qui n’ont que le pouvoir, l’argent, les média et leur légendaire droiture pour se défendre ? Où se cachent-ils ?

« Rares sont les hommes qui, ne vous voyant pas dans leur camp, ne vous supposent pas enfermé dans le camp d’en face, qui ne prennent pas la moindre lucidité pour un commencement de trahison. Tous les grands mots de notre époque ne font pas que nous soyons habituellement libérés de la mentalité de groupe et de la morale de clan. » (cardinal Henri de Lubac)

« Il ne faut jamais pousser son ennemi au désespoir. » (Machiavel)

« Vive mes ennemis, eux du moins ne peuvent pas me trahir. » (Henry de Montherlant – Malatesta)

« Avoir des ennemis n’est pas un luxe, c’est une nécessité. » (Paul Morand)

« L’absence de combattants, d’adversaires ou d’antagonistes, n’a jamais gêné ‘Homo festivus’ quand il s’agit de s’en inventer pour tenter de faire croire qu’il est lui-même encore vivant. » (Philippe Muray) – Ennemis de l’intérieur, ils sont : innombrables, redoutables, embusqués, conspirants… Réac., Obscurantistes, Intégristes, Frileux, pire Fascistes, Phobes en tout genre… « Notre ancêtre l’individu avait eu quelques adversaires simplistes et tenaces : l’Allemand ou l’Anglais pour le Français, ou encore ‘l’ennemi de classe’. A l’ère post-historique ils n’y a plus d’ennemis, mais ils se multiplient. Homo festivus est en conflit ouvert et permanent avec les acariens, l’amiante, les pédophiles, le radon, la violence à la télé, le tabagisme, les pics de pollution, la xénophobie, le machisme, l’homophobie, le harcèlement sexuel, la Josacine empoisonnée… Et, bien sûr, avec les chasseurs. »

« Dans la majeure partie de l’Europe, il semble qu’à l’heure actuelle, l’antifascisme souffre en fait d’un problème d’offre et de demande : car en termes de fascistes, la demande excède très largement l’offre … Plus le fascisme s’éloigne dans le temps, moins les fascistes sont visibles, plus les soi-disant antifascistes en ont besoin : il leur faut conserver cette apparence de moralité, cet objectif politique. De ce point de vue, il s’avère utile de définir comme fascistes des gens qui ne le sont pas, tout comme il l’est d’accuser de racistes des gens qui ne le sont pas … C’est un exercice gratuit, qui garantit bien des avantages sur le plan politique et personnel. » (Douglas Murray) – Pour exister et triompher, encore faut-il trouver des ennemis.

« N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. » (Napoléon Bonaparte)

« Faute de miroir, on ne peut voir son visage. Faute d’adversaires, on ne connaît pas ses défauts. » (Nichiren)

« Quand on vit du combat contre un ennemi on a intérêt à ce que cet ennemi ne meure pas. » (Nietzsche) – Par exemple les fantasmes, tel le fascisme, les réactionnaires… qui maintiennent la gauche en vie. On peut toujours prétendre qu’ils sont là, cachés derrière la porte. En plus, ça fournit de la copie aux journaux, et ça rameute les Gogos qui viennent s’abriter.

« Veille en combattant un monstre à ne pas devenir un monstre toi-même. » (Nietzsche)

« Mais la cinquième catégorie est mortelle : ceux à qui vous avez fait comprendre, un jour ou l’autre, que vous étiez plus intelligent qu’eux. » (Jean d’Ormesson recensant ses ennemis à Raymond Aron projetant d’entrer à l’Académie) – Effectivement, ces ennemis là sont implacables. C’est bien avec eux que les média réussissent à écarter non seulement tout ceux qui sont allergiques à la doxa officielle, mais aussi la plupart des gens intelligents (les mêmes en général)

« Admettre qu’un adversaire peut être à la fois honnête et intelligent est ressenti comme intolérable. » (George Orwell)

« Il est toujours légitime d’apprendre, même d’une ennemi. » (Ovide) – « C’est de l’ennemi que nous devons apprendre les causes de notre défaite. » (Ginzburg)

« Quelle misère qu’un monde sans un bon ennemi à honnir, en chair et en os … le bon vieil ennemi de classe a disparu, le bon papa fouettard, le sale patron à vilipender, le clérical excitant … Déjà privé d’utopie, l’intellectuel progressiste n’a même plus de quoi nourrir ses fureurs. » (Paul–François Paoli – simplifié) – D’où la hideuse horde des imprécateurs, des calomniateurs et des dénonciateurs garants du Bien est bien obligé d’en inventer, de lancer des préavis de guerre civile. Quelques bons vieux termes abondamment exploités accolés de la terminaison isme ou iste font l’affaire.

« Le point de vue éthique est celui qui impressionne le plus le peuple. Aussi l’ennemi religieux ou politique est-il généralement accusé, à tort ou à raison, de violer les règles de la morale. » (Vilfredo Pareto) – Procédé qu’affectionne la horde des moralistes socialistes.

« Pourquoi me tuez-vous ? Eh quoi, ne demeurez-vous pas de l’autre côté de l’eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin et cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais puisque vous demeurez de l’autre côté, je suis un brave, et cela est juste. » (Blaise Pascal)

« On est pour soi-même le contradicteur idéal, son meilleur ennemi. » (Georges Perros)

« L’utilité qu’on peut tirer de ses ennemis : il a toujours les yeux ouverts sur nous, il épie avec soin notre conduite pour trouver l’occasion de nous nuire ; donc, veillez sur vous-même, vivez avec circonspection, ne vous permettez aucune parole ni action inconsidérée, et réglez si bien votre vie qu’elle ne donne jamais prise à la censure, vous obligeant ainsi à une conduite sage et irréprochable. …  C’est le fait d’un homme sage que de tirer profit de ses ennemis … Puisque l’ennemi observe curieusement nos actions, il est nécessaire de veiller sur nous-mêmes et cette vigilance tourne insensiblement en habitude de vertu. L’émulation est une contention morale  … La jalousie de nos ennemis est un contrepoids à notre négligence … Antisthène disait que pour se préserver, on avait besoin d’amis sincères et d’ennemis ardents … Ceux qui ne peuvent jouir de favorables avis doivent à toute force écouter patiemment les reproches d’un ennemi, et s’arrêter moins à la mauvaise intention qui le guide qu’au service réel qu’il leur rend … C’est par nos ennemis, plutôt que par nos amis et familiers, que nous pouvons prendre conscience de nos tics, de nos faiblesse et de nos travers les plus directement perceptibles … Outre cela, lorsque la méchanceté, la fourberie, le goût de l’intrigue qui ne semblent pas être choses criminelles ou iniques à l’égard d’un ennemi, se sont insinués dans notre âme, ils y restent sans qu’on puisse s’en défaire ; et l’habitude  fait que, ne sachant pas nous en préserver à l’égard de nos ennemis, nous les employons même contre nos amis, juste à l’égard de ses ennemis, on ne se rendra pas coupable d’injustice et de mauvaise foi envers ses intimes et ses amis. » (Plutarque, considérations éparses  sur les ennemis, tirées de Comment tirer profit de ses ennemis).     

« Je n’ai pas d’ennemis. Je n’ai rendu service à personne. » (Jules Renard)

« L’homme prendra toujours pour ses amis les ennemis de ses ennemis. Les gouvernements n’étaient pas aimés; les philosophes les attaquaient, et le peuple les crut ses amis ! » (Rivarol) – Eternelle confusion.

« Je n’ai jamais rencontré un homme que je n’aime pas. » (Will Rogers – acteur symbole de l’américain moyen et de sa stupidité arrogante) – Celui qui n’a pas d’ennemis n’est qu’un lâche triplé d’un laquais et d’un imbécile.

« Nous remportons d’importantes victoires. L’ennemi perpètre d’atroces massacres. » (Claude Roy)

« Chaque pouvoir a tendance à confondre ses nouveaux adversaires avec ceux qu’il a vaincus en cours de route … Pour les soviets, pendant des années, chaque adversaire était un bourgeois alors même que la bourgeoisie, en Russie, était déjà exterminée radicalement … Par la suite, toute résistance sera qualifiée de trotskiste, même si elle n’a rien à voir avec cette position politique … L’incapacité à identifier les nouveaux adversaires sous leur vrai jour peut très facilement devenir un attribut caractéristique du pouvoir. » (Ernst von Salomon) – Près de quatre-vingt ans après, la première insulte qui vient est encore fasciste, à propos de n’importe qui et n’importe quoi. Paresse intellectuelle plus vieille technique d’assimilation et d’amalgame.

« C’est que vous n’avez pas d’amis. » (réponse d’un sage de l’Antiquité – à quelqu’un qui se vantait de n’avoir point d’ennemis)

« Dans le droit international classique, on combat un ennemi sans l’identifier au criminel … On le respecte comme un souverain et un égal, ce qui permet, après l’avoir vaincu, de conclure avec lui une paix honorable … Progrès humanitaire … A l’heure actuelle, à l’époque de la guerre totale, de la guerre d’extermination et de partisans, la conscience de ce progrès manifestement se perd, et une rechute dans la barbarie semble presque inévitable. » (Carl Schmitt – La guerre civile mondiale) – Depuis l’auteur, ce n’est plus évitable, c’est fait.

« Point d’ennemi plus redoutable que celui dont l’audace est excitée par le désespoir. » (Sénèque)

 « Une communauté qui veut se former sur la base d’un conflit a besoin d’adversaires. » (Richard Sennett) – Et l’invention du conflit permet de maintenir l’ordre en faveur des dominants – « Vous qui êtes mes frères parce que j’ai des ennemis. » (Paul Eluard)

« Zola réussit à créer un ‘nous’ dreyfusard, ‘nous ‘ qui peut alors affronter d’égal à égal le ‘nous’ des antidreyfusards … Technique du mélodrame … On a alors deux adversaires qui se définissent mutuellement … Personnalité collective. » (Richard Sennett)

« La complète incapacité, chez les communistes, de discuter loyalement des opinions contraires aux leurs … Un adversaire, par le seul fait qu’il osait contredire, était un opportuniste, sinon un traître et un vendu. Un adversaire de bonne foi semble aux communistes russes inconcevable … Comment avions-nous pu nous imaginer que, dans une organisation totalitaire, il fût possible d’examiner avec sérieux, loyauté, bonne foi, des thèses controversées ? Les épithètes de ‘traître’, ‘renégat’, ‘vendu’, sont simples synonymes d’opposant. » (Ignazio Silone – Le Dieu des ténèbres) – Il en est devenu de même pour les apparatchiks du gang des censeurs-inquisiteurs qui ont seuls le plein droit de s’exprimer dans nos démocraties, sauf que l’adversaire n’est plus qu’un salaud.

« Nécessité d’un ennemi bien désigné pour la cohésion du groupe … La victoire complète d’un groupe sur ses ennemis n’est pas toujours une chance au sens sociologique ; car c’est ainsi que disparaît l’énergie qui garantit sa cohésion, et que les forces de dissolution qui sont toujours à l’œuvre gagnent du terrain … Le combat peut être source d’unification passagère … L’unité peut naître grâce au conflit et en vue de ses fins. » (Georg Simmel) – L’auteur a longuement développé la valeur sociologique du conflit. Il considérerait certainement l’hypocrisie de notre société de consensus-officiel-bidon avec mépris pour sa lâcheté et assurance de sa décadence.

 « Aimer ses ennemis, implique d’en avoir … Le Christ n’a pas dit ‘N’ayez point d’ennemi’. Il a fait plus, Il a fait mieux : Il nous a enjoints, sachant leur présence nécessaire, de les aimer. » (Martin Steffens) – Oui, bien sûr… – « Que feriez-vous, Monseigneur, si on vous frappait sur la joue droite – Je sais bien ce que je devrais faire, mais… » (réponse du cardinal Lavigerie à une question)

« On juge un homme à ses adversaires. S’ils sont grands, c’est qu’il est important. Un petit n’a que de petits adversaires. » (George Steiner) – Ce fut vrai. Ce l’est moins depuis la multiplication et l’arrogance d’une meute de roquets s’attaquant toute noblesse.

« Le choix par les Etats-Unis de la Russie comme ennemi de prédilection. » (Wolfgang Streeck) – On n’imagine pas l’internationalisme et la pression qu’il doit exercer pour arriver à ses fins, le laminage de toute particularité, pouvoir se passer d’ennemi.

« La réconciliation avec un ennemi n’est jamais sûre. » (Publius Syrus)

« L’ennemi est la grande justification de la terreur ; l’Etat totalitaire ne peut vivre sans ennemi …S’il n’en a pas ; il s’emploiera à présenter comme des ennemis toutes sortes de personnes qui n’en sont pas … ‘Si l’ennemi refuse de se rendre, il faut l’anéantir’. Pour se faciliter la tâche on commencera par le déshumaniser (vermine, parasite, koulaks, bourgeois, déviant, fasciste…)  … La qualité d’ennemi ne peut être perdue, alors même qu’on peut la transmettre aux autres … Un trait fondamental de la société totalitaire : la facilité avec laquelle on peut transformer le rival, le gêneur, en ennemi. » (Tzvetan Todorov – citant Maxime Gorki) – L’ennemi, le personnage indispensable en société contraignant à la pensée unique, comme en société franchement totalitaire. 

« Le grand triomphe de l’adversaire est de vous faire croire ce qu’il dit de vous. » (Paul Valéry)

« Se dire que même nos ennemis sont mortels. » (Paul Valéry)

« Le corps d’un ennemi sent toujours bon. » (Vitellius, empereur romain – et non Charles IX lors de la saint Barthélémy, contrairement à une propagande pernicieuse)

« Le pire ennemi de la femme est la femme. » (Otto Weininger)

« Un homme ne sera jamais trop soigneux dans le choix de ses ennemis. » (Oscar Wilde)

« Si un homme n’a plus un seul ennemi, c’est sûrement qu’il y a quelque chose en lui de méprisable. » (Oscar Wilde)

« Sot ennemi peut être pire. » (proverbe)

« Ennemis divisés sont à moitié vaincus. » (proverbe)

« Morte la bête, mort le venin. »(proverbe)

« Il n’y a pas de petit ennemi. » (proverbe) 

« Homme sans ennemi, homme sans valeur. » (proverbe)

« Si tu ne te trouves pas d’ennemi, songe que ta mère en a mis un au monde. » (proverbe)

« Un ennemi sage est meilleur qu’un ami imprudent. » (proverbe) 

« Baise la main de ton ennemi si tu ne peux la couper. » (proverbe)

« L’ennemi acquiesce, mais l’ami discute. » (proverbe)

« Il n’est pas facile de tuer l’ennemi dont on voit le visage. » (?)

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