145,1 – Comprendre

– On a pu dire que comprendre, c’était pouvoir répéter la même idée avec d’autres mots.

On ne peut comprendre que ce à quoi on participe, de même qu’on ne se connaît que par les choses qu’on a touchées, qu’on n’éprouve sa valeur qu’à travers autrui. Si on veut comprendre une institution quelconque, on va y voir. Sinon, on la ferme !

– Si on veut comprendre un événement, on ne manquera pas de se poser la question élémentaire, mais médiatiquement interdite, de savoir à qui il profite. On écartera évidemment leur lecture sous les angles également castrateurs du tout-rationnel ou du tout-émotionnel, cette dernière approche étant la préférée des média afin de dissimuler la réalité et d‘attirer les Gogos. 

– C’est prendre ensemble donc écarter les théories préétablies partiales autant que partielles et, le plus souvent, officielles.

– A un  âge avancé,  il est presque aussi  nécessaire de bénéficier de la compréhension de ses proches que  de leur affection.  

– « On a cessé de comprendre, on explique. » (? –grâce au marxisme et à la psychanalyse). Aujourd’hui, pire, on décrypte.

– Sauf pour la meute lyncheuse, haineuse et hideuse, compréhension n’est pas approbation  – Comprendre n’est pas accepter, tout comprendre n’est pas tout pardonner.

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« La compréhension sans équivoque, un effort conceptuel dont les hommes ont délibérément perdu l’habitude, et qui attend d’eux, que devant tout contenu, ils suspendent toutes les opinions reçues et, par conséquent, s’isolent, ce qu’ils refusent violemment. Seul ce qu’ils n’ont pas à comprendre leur paraît compréhensible ; ce qui est réellement aliéné, le mot usé à force d’avoir servi, les touche parce qu’il leur est familier. » (Theodor Adorno)

« Nous cédons tous à cette manie de deviner au lieu de constater. » (Alain)

« Je trouve toujours plus d’avantages à m’accorder d’abord, et par préjugé, avec l’auteur que je lis, qu’à disputer au troisième mot. Bref, je me suis toujours mieux trouvé de vouloir comprendre que de vouloir contredire … Comprendre c’est imiter. » (Alain) – Du temps où on était intelligent, ou voulait le devenir. Rien à voir avec l’actuelle stupidité contestatrice.

 « Comprendre est une activité sans fin par laquelle nous nous ajustons au réel, nous réconcilions avec lui et nous efforçons d’être en accord et en harmonie avec le monde … Mais que devient cette compréhension dans le sillage d’événements tenus pour irréparables ? » (Myriam Revault d’Allonnes reprenant Hannah Arendt) – Irréparables : atrocités particulièrement atroces.

« Le spectateur comprendra peut-être la ‘vérité’ de ce qui fait l’objet du spectacle ; mais il le paiera d’avoir à écarter toute participation … Se soustraire à toute participation directe, se poster hors du jeu, est non seulement la condition du jugement, mais encore celle de la compréhension du sens de la pièce. » (Hannah Arendt)

« Une faible compréhension fait la force de beaucoup d’hommes. La pauvreté d’idées est à l’intelligence ce que l’entêtement est au caractère. » (Lucien Arréat)

« La différence entre ceux qui ont vécu un événement ou une période particulière et ceux qui ne les ont pas connus est toujours menacée de se muer en altérité non négociable, non transcendable, dès lors que le lien entre ce passé et le présent est refusé, oublié ou nié. Ce qui est vrai des  événements l’est plus encore des symboles, des valeurs et des références intellectuelles ou morales qui leur sont associés. Il ne suffit pas de dénier le sens du passé pour donner un sens au présent. » (Marc Augé) – Extrême difficulté de se comprendre entre générations.

« Si tu ne peux comprendre, crois afin de comprendre. Si tu ne crois pas tu ne pourras pas comprendre. » (saint Augustin)  – En effet, qui peut chercher dans le noir. Les scientifiques croient d’abord à une hypothèse avant de la valider ou non.

« N’use point ta part de vie à te faire des idées sur ce que font les autres. Que les choses à venir ne te tourmentent point. Tu les affronteras, s’il le faut, muni de la même raison dont maintenant tu te sers dans les choses présentes. Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre. Efface l’imagination. Arrête cette agitation de pantin. Circonscris le moment actuel. Comprends ce qui t’arrive. Distingue et analyse, en l’objet qui t’occupe, sa cause et sa matière. » (Marc-Aurèle)

« C’est surtout ce qu’on ne comprend pas qu’on explique. On se venge de ses ignorances par ses erreurs. » (Barbey d’Aurevilly)

« Se déshabituer à vouloir comprendre pourrait bien être une des habitudes prochaines. » (Kostas Axelos) – on fait tout pour…

« Nous nous concentrons devant un problème. Le problème enlève la dispersion et détermine une unité d’être … ‘ça ne te fatigue pas de faire attention ? – Au contraire, ça me repose’ (répond l’enfant). Tout travailleur de la vie de l’esprit sait bien que le travail repose … Et si l’acte de comprendre franchit une difficulté,  la joie de comprendre paie de toutes les peines … Comprendre ne résume pas seulement un passé du savoir. Comprendre est l’acte même du devenir de l’esprit. » (Gaston Bachelard – sur la connaissance scientifique, mais pas seulement)

« Comprendre, n’est-ce pas scinder l’image, défaire le je, organe superbe de la méconnaissance ? » (Roland Barthes)

« L’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. » (Baudelaire)

« L’orgie de compréhension politique et psychologique de l’autre. » (Jean Baudrillard)

« La surinformation, structurée comme information spectaculaire, agit comme explication et justification du constat que ‘nous ne pouvons rien faire’. L’avalanche d’informations nous noie dans l’impuissance … Nous sommes chaque jour plus informés au sujet de choses dont nous ne savons rien du fonctionnement et de l’orientation. La tristesse comme symptôme de l’impuissance est alors la conséquence de cette déréalisation du monde … Plus le monde apparaît comme virtuel et incompréhensible … Dans un monde où il n’existe plus d’ailleurs, ni temporel, ni spatial, tout est ici, tout est instantané. » (Miguel Benasayag – La fragilité)

« Ils diraient volontiers, au rebours d’un mot célèbre : ‘ La seule chose dont je me lasse tout de suite, c’est de comprendre’. » (Julien Benda – sur nos contemporains) – Et cela n’a fait qu’empirer depuis l’auteur.

« Quiconque se met à la place de l’autre, quiconque cherche à comprendre les raisons des uns ou des autres est accusé de complicité, de chercher à ‘légitimer’ ou à ‘réhabiliter’, de vouloir ‘banaliser’, d’entretenir la ‘confusion’… Comprendre n’est pourtant pas approuver. Mais on ne s’embarrasse pas de ces nuances. » (Alain de Benoist) – Quand le seul impératif est de faire taire tous les esprits non entièrement soumis.

« Être totalement connus ne nous serait pas moins intolérable que d’être totalement incompris. » (Emmanuel Berl)

« Nous disons que le monde marche vers l’unité ; nous voyons aussi qu’il s’enfonce dans le cloisonnement … Les groupes, les peuples, les races s’ignorent de moins en moins, mais ils ne se comprennent pas de mieux en mieux. Ils se haïssent probablement davantage. » (Emmanuel Berl) – Prémonitoire à l’époque de l’auteur, les années 1950.

« Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. » (Georges Bernanos) – Pensait-il déjà aux Gogos-Bobos, lecteurs du journal de référence ?

« Les hommes dépensent souvent plus d’efforts pour ne pas comprendre que pour comprendre. » (Alain Besançon) – Surtout quand ils ne veulent rien savoir.

« Il est impossible d’expliquer quelque chose à quelqu’un qui ne l’a pas déjà compris. On peut seulement en parler à quelqu’un qui en a le pressentiment. » (Christian Bobin)

« C’est le grand mot du jour : ‘Je n’y comprends rien’ ; c’est ce que tout le monde dit, ‘c’est trop compliqué’. » (Baudouin de Bodinat) – Quoi ? Tout.

« ‘Comprendre’ un comportement, une croyance, une appréciation, c’est établir en quoi ils font sens pour l’acteur ; c’est en déterminer les raisons. » (Raymond Boudon)

« Les comportements, les actions, les croyances et les combinaisons de ces éléments s’expliquent de façon rationnelle ou irrationnelle, selon que l’explication s’introduit par une clause de type ‘Ils avaient des raisons de …, car…’ ou ‘Ils n’avaient pas de raisons de…, mais…’ » (Raymond Boudon)

« Les maîtres du soupçon (marxisme, freudisme, ‘behaviorisme’ comportemental, etc.… )ont mis en place des ‘schémas explicatifs’ toujours traités comme des évidences et pour cette raison rarement discutés … schémas selon lesquels l’être humain doit être analysé comme soumis à des ‘forces’ culturelles, sociales et psychologiques qui échappent à son contrôle … ‘out’ donc la psychologie rationnelle … Schémas magnifiant le rôle de l’intellectuel (intellectuels militant, les ‘intellectuels organiques’ de Gramsci, non mus par la ‘libido sciendi’, mais obéissant à une ‘éthique de conviction’, conférant de plus  l’utilitarisme de la visibilité, passer à la télé) seul capable d’échapper au mur de la caverne en dénonçant les errances du sens commun, qui existe pourtant bel et bien … Confusion entre l’opinion des intellectuels, des médias et des minorités actives avec l’opinion tout court. » (Raymond Boudon)

« L’ennui avec les gens qui vous disent que vous les comprenez, c’est qu’ils n’ont jamais fini de se faire comprendre. » (Albert Brie)

« Comprendre, c’est avant tout unifier. » (Albert Camus)

« Généraliser est le mouvement le plus indispensable de tout effort de compréhension. » (Renaud Camus) – C’est pourquoi, on illustre abusivement (et maintenant sans perversité particulière) d’exemples, d’anecdotes, de détails sans intérêt, afin de brouiller, de masquer, d’empêcher toute généralisation qui permettrait de comprendre. Ainsi, je vais vous dire, moi, par exemple il m’est arrivé…

« Tu jugeras ! La compréhension est molle. Tu diras durement ‘oui’ ou ‘non’ … Tu jugeras et tu te jugeras. Et tu diras ‘J’ai perdu’ ou ‘J’ai gagné’ et non ‘II n’y va pas de ma faute’ ou ‘Je suis un rien que tout a accablé. » (Jean Cau) – Pour les lâches que nous sommes devenus à l’image de nos dirigeants.

« Tout se gâte par l’excès de raison … Les Français surtout ont la rage des explications. Dans les choses explicables, expliquées, tout le suc est parti. Tenez, qu’y a-t-il de moins explicable, de moins justifiable, qu’un coït ? » (Louis-Ferdinand Céline)

« Dés que nos enfants ont des enfants, ils se mettent à nous comprendre. » (Maurice Chapelan)

« Pour comprendre le Monde, savoir ne suffit pas : il faut voir, toucher… » (Père Teilhard de Chardin)

« Quelle faiblesse de comprendre ! On est désarmé, on est mal en train pour tenir ferme sur des positions qu’il est convenable de défendre. » (Jacques Chardonne)

« Une dame me dit : ‘Ce que l’on comprend n’a pas l’air vrai’. » (Jacques Chardonne) – La clarté éloigne les imbéciles. D’où leur admiration pour les ‘experts’, les politiques, les requins

« L’instant où nous croyons avoir ‘tout’ compris nous prête l’apparence d’un assassin. » (Emil Cioran)

« ‘Le jour où vous en mangerez vos yeux s’ouvriront.’ Regarder sans comprendre, c’est cela le paradis. L’enfer ce serait donc le lieu où l’on comprend, où l’on comprend trop. » (Emil Cioran)

« Seul l’homme qui se tient à l’écart, qui ne fait pas comme les autres, garde la faculté de vraiment comprendre quelque chose. »(Emil Cioran)

« Un peuple, à plus forte raison un individu, ne crée qu’en refusant ce qui n’est pas lui, qu’en ne comprenant que soi. Comprendre les autres aussi, c’est se transformer en ectoplasme, pondéré et malléable. Mais alors on n’engendre plus rien. La compréhension est le tombeau de l’individu et de la collectivité, qui ne ‘bougent’ que les yeux bandés, les sens en branle … Dés que le monde existe, on n’est plus. » (Emil Cioran) – Cioranesque !

« La distinction est compréhension (‘intelligere’ et ‘eligere’), choix dans le fouillis du visible. Voir, comprendre, distinguer sont une même chose. » (Jean Clair)

« Je n’enseigne pas celui qui ne s’efforce pas de comprendre. » (Confucius)

« Nous vivons l’âge du discontinu, où tout ce qui relève de l’enchaînement, de l’explicatif ou même du consécutif nous fait bailler et couper court. Seul un temps disruptif, fait de bribes et de spasmes, sans suite ni précédent, mérite d’être vécu. » (Régis Debray) 

« Comprendre me casse les pieds, et m’empêche de regarder. » (Philippe Delerm – sur la contemplation du monde)

« Ce que Jean-François Lyotard appelle un ‘différend’, soit un malentendu … entre des réclamations rédigées dans des idiomes hétérogènes … Vu de France, la politique révolutionnaire (de 1789…) est par définition celle de la liberté pour tous les êtres humains … Mais, vue de l’étranger, la politique révolutionnaire de la France est la politique de puissance d’un peuple turbulent. » (Vincent Descombes) – Ce type de différend : innombrables cas d’incompréhension.

« Dans l’effet ‘gourou’, l’obscurité, au lieu d’être diagnostiquée comme une forme défectueuse d’énonciation, est parfois considérée comme un signe de profondeur allant jusqu’à inspirer du respect. Au lieu de s’abstenir de ‘porter un jugement sur ce qu’ils ne comprennent pas’, certains lecteurs de textes obscurs, au contraire, ‘jugent profond ce qui leur échappe’ (Dan Sperber) … Phénomène particulièrement prononcé avec des ‘maîtres à penser réputés difficiles à interpréter’, tels Sartre, Lacan ou Derrida … Primauté de l’autorité attribuée à la source de l’énoncé ou plutôt à la réputation de cette autorité … L’autorité inspire la confiance et la confiance fait l’autorité … Pour le lecteur, le fait qu’un propos ou un texte requiert un surcroît d’effort fait anticiper un surcroît d’effet …  Aussi l’action du ‘biais de confirmation’  (Voir 015,1  ou 155,1 avec Gérald Bronner) suivant lequel les hommes prêtent attention aux événements quand ils remplissent leur attente ; Quand nous croyons que des textes (ou des propos) doivent être pertinents, nous devenons sensibles à tout ce qui viendra confirmer cette présomption de pertinence … S’intéresser à ce qui est intéressant est très différent de s’intéresser à ce qui est vrai … Sélection et élimination des idées ne sont plus fondées sur leur valeur intrinsèque ou épistémique … mais sur leur capacité à provoquer et à faire débat (Buzz). » (Sebastian Dieguez)

« Pour l’auteur, choisir l’obscurité permet de signaler que ce que l’on cherche à dire est profond … Un auteur peut devenir réputé pour son obscurité, plutôt que d’être conspué pour son incapacité à se faire comprendre … De nombreux textes obscurs et leurs auteurs en viennent à être surestimés, non pas en dépit de leur obscurité, mais au contraire grâce à elle. »  (Sebastian Dieguez)

« Ce qu’il y a de plus incompréhensible dans la nature, c’est qu’elle soit compréhensible ; » (Albert Einstein)

« Dans la recherche commune des arguments, celui qui est vaincu a gagné davantage, à proportion de ce qu’il vient d’apprendre. » (Epicure)

« Comprendre, c’est rassembler une dispersion, embrasser une diversité, étreindre des différences. » (Père Gérard Eschbach)

« La compréhension ne s’obtient souvent qu’à travers un obscurcissement des choses, à travers un processus au cours duquel ‘ce qui semblait être vu clairement se perd dans une certaine distance’. » (Paul Feyerabend – citant G. Lessing)

« Une capitulation, disait Péguy, est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir. Les lâches sont des gens qui regorgent d’explications. » (Alain Finkielkraut)

« On finit par comprendre beaucoup de choses quand on arrive à a fin de sa vie. » (Francis Scott Fitzgerald)

« Personne ne comprend personne ; nous vivons dans un désert. » (Gustave Flaubert)

« Hébreu.  – Est hébreu tout ce qu’on ne comprend pas. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)  

« C’est du décentrement par rapport à l’objet … que vient l’éclairage neuf … quand l’enfermement en lui fait présupposer comme allant de soi ce qu’il faudrait interroger. » (Marcel Gauchet)

« Tandis que l’impératif fonctionnel de connaissance triomphe, le souci de compréhension du monde commun s’étiole et disparaît. Comme si, par un effet inattendu de satiété, le désir s’éteignait au moment où les moyens deviennent massivement disponibles. » (Marcel Gauchet)

« Comprendre, c’est se sentir capable de faire. C’est aussi le début de l’approbation. » (André Gide)

« Une explication n’est pas nécessairement une approbation. Mais le plus souvent on estime inutile de chercher à comprendre ce que l’on réprouve. » (André Gide)

« Les hommes déprécient ce qu’ils ne peuvent pas comprendre. » (Goethe)

« Il faut parfois une grande intelligence pour ne pas comprendre. » (Baltasar Gracian)

« Comprendre, acte de l’entendement qui exprime la correspondance qui se trouve entre les objets. » (Baltasar Gracian) – Ou bien entre les événements…

« On ne saurait bien voir les choses du monde qu’en les regardant à rebours. » (Baltasar Gracian) – Prévoyait-il la façon dont il faudrait regarder ces choses telles que présentées par les média ?

« L’élément populaire ‘sent’, mais il ne comprend pas ou ne sait pas toujours ; l’élément intellectuel ‘sait’, mais il ne comprend pas et surtout ne ‘sent’ pas toujours. » (Antonio Gramsci) – Décalage  entre le peuple et les intellectuels. Distance entre le ‘sentir’ et le ‘savoir’ du ‘comprendre’.

« Dans nos plus banales expériences, c’est toujours à partir d’indices fragmentaires que nous composons la globalité d’une perception. Nous l’induisons plutôt que nous ne la composons. … C’est le bruit du métro qui m’annonce son arrivée. » (Nicolas Grimaldi)

« Ce n’est pas une raison parce que vous ne comprenez pas que cela ne signifie rien, mais ce n’est pas une raison non plus pour que cela signifie quelque chose. » (Sacha Guitry)

« Comprendre un être (que ce soit un objet ou un sujet, le cosmos ou un atome, un événement ou une longue histoire), c’est toujours le situer à sa place, dans le développement et la structure du Tout. » (Jean Guitton) – C’est bien pour que nous ne comprenions rien que les média découpent en petits morceaux en occultant tout lien.

« C’est une loi générale de notre être ; nous vivons en avant, et nous comprenons en arrière. » (Jean Guitton) – Ce pourquoi nous comprenons toujours trop tard.

« Comprendre, pour une intelligence incarnée dans l’histoire, ce ne peut être qu’appliquer à un être nouveau (ou à un événement, une situation) des systèmes de pensée préexistants. » (Jean Guitton)

« Ils croient toujours que ce qui est le plus facile à comprendre est ce qui est le plus facile à prendre, et ainsi chacun a quelque chose qui lui tient de près, et qui est palpable pour lui. L’un s’en tient à ceci, l’autre à cela, chacun a en tête son affaire propre, tout n’est qu’entêtement. » (Martin Heidegger)

« Rarement vous m’avez compris,

«  Et rarement je vous ai compris,

« Dans la boue seulement

« Nous nous comprenions immédiatement. » (Heinrich Heine) – Dans le malheur ?

« Quand tu auras compris l’ensemble alors tu comprendras les parties. Donc commence par comprendre l’ensemble. » (Tony Hillerman)

« Pour comprendre un être, il nous faut apprendre non pas tant ses mots que ses silences. Le sens de nos paroles s’appuie sur ces moments de pause entre l’émission des sons. » (Ivan Illich)

 « L’intellection n’est pas seulement intellectuelle … elle est aussi calmante … Elle fait tomber la colère comme l’aspirine fait tomber la fièvre ; qu’il s’agisse d’indignation ou d’irritation, de rancune ou de honte, la connaissance lucide est en toutes choses le grand sédatif ; elle lénifie la souffrance, dépassionne la bouderie tenace, décongestionne l’inflammation  d e la colère, ‘décontracte’ l’homme hargneux et crispé. » (Vladimir Jankélévitch)

« Ce qui manque, aujourd’hui plus que jamais, c’est l’étonnement devant l’incompréhensible. Il a toujours collé aux questionnements des hommes, le stimulant et l’égarant. La logique du discours contemporain est de l’oublier à tout prix. L’accumulation des savoirs est la drogue pour y parvenir … Aujourd’hui, il existe une certaine résignation, une forme de déloyauté à l’égard de l’incompréhensible. Le mieux, c’est de l’oublier en fabriquant à un rythme effréné du compréhensible. » (Claude Jannoud)

 « Quand l’homme aura compris qu’il lui fallait comprendre, alors ce redoublement de la conscience commencera à alléger la dictature de l’empirique, mais lui posera une autre question autrement complexe. » (Lucien Jerphagnon – traitant de nos lointains ancêtres et des questions insolubles du : Qui suis-je ? Que fais-je là… et les innombrables Pourquoi)

« Ces jeunes gens qui au lieu de chercher à comprendre cherchent à juger. » (Joseph Joubert)

« Ils aiment mieux qu’on leur donne à croire qu’à comprendre. » (Joseph Joubert)

« Ferme les yeux et tu verras. » (Josep Joubert)

« Que peut-on faire entrer dans un esprit qui est plein ? » (Joseph Joubert)

« Je veux bien qu’on me coupe les morceaux mais je ne veux pas qu’on me les mâche. » (Joseph Joubert)

« Dans la mesure où la compréhension s’approfondit, la distance, le gouffre s’élargit entre ce qui est compréhension et ce qui est connaissance. Une compréhension idéale, en définitive, ce serait une acceptation totale de l’autre que l’on accompagne dans ses démarches vitales, dans le vécu duquel on se glisse et on se fond, en en magnifiant la subjectivité et en abandonnant toute référence critique de responsabilité sociale … Une compréhension à tout prix nuit aux deux partenaires. » (Carl Jung)

« Pour saisir avec l’esprit, il faut d’abord avoir saisi avec la main. … primitivement, l’homme ne fait pas ce qu’il pense, il pense ce qu’il fait … Primitivement, penser est en même temps manier ; c’est une affaire purement pratique … les meilleurs chauffeurs que j’ai connus étaient des primitifs au sens large … Primitivement, la pensée n’est dirigée vers aucun but spirituel. Elle est utilitaire, pratique et tout à fait ‘terre à terre’ … La plupart des constructions de la pensée ne doivent pas être comprises à partir de la question ‘Pour quel motif ?’ mais de la question ‘Dans quel but ?’» (Hermann von Keyserling)

« Le grand compréhensif est typiquement sans caractère, parce qu’il ne peut pas juger qu’une forme est absolument préférable à une autre ; au contraire, le grand homme d’action est borné. » (Hermann von Keyserling) – L’auteur s’exprime essentiellement en matière morale.

« Celui qui comprend et pardonne, où trouvera-t-il un mobile d’action ? » (Arthur Koestler)

« Nul ne comprendra l’autre sans comprendre d’abord son âge. » (Milan Kundera)

« Faites surtout attention à ne pas comprendre le malade, il n’y a rien qui vous perde comme çà. » (Jacques Lacan – recommandation) – La société qui affecte de comprendre beaucoup trop de choses, les fous, les assassins… ferait bien de méditer ce conseil de bon sens.

« Généralement, les gens qui professent en matière artistique ne peuvent pas s’empêcher de  vouloir ‘faire comprendre’. C’est leur posture. Ils pourraient nous faire apprécier les œuvres, nous faire partager leur goût. Non, ils préfèrent tenter de nous rendre plus intelligents. Partout s’étalent des titres comme ‘comprendre l’art moderne’, ‘trois minutes pour comprendre…’, ‘comprendre l’art contemporain en famille’, ‘les clés pour comprendre…’, etc. Ce qu’il faut savoir serait un corpus bien établi. Il nous est prescrit à nous autres, pauvres blaireaux, de l’avaler et de le digérer… » (Pierre Lamalattie) – Bientôt les omniscients experts nous  proposerons de décrypter la Ronde de nuit ou la Pietà du Vatican.   

« Les uns aimeraient bien comprendre ce à quoi ils croient, les autres aimeraient bien croire à ce qu’ils comprennent. » (Stanislas Jerzy Lec)

« La tyrannie des émotions. Quand la liste des sujets interdits à la réflexion et des opinions criminelles s’allonge sans cesse, on nous dit  que  comprendre, c’est justifier, que réfléchir, c’est trahir … On voit même apparaître un nouveau chef d’inculpation, le ‘délit d’amitié’. » (Elisabeth Lévy)

« L’incapacité occidentale à comprendre la réalité soviétique et toutes ses variantes asiatiques n’était pas due à un manque d’information (celle-ci fut toujours abondante) : ce fut un manque d’imagination. » (Simon Leys – évoquant la stupéfaction douloureuse de tous les dissidents soviétiques devant l’habituelle stupidité occidentale) – Le cas particulier (entre mille) est d‘intérêt pour l’auteur car il montre que la compréhension dépend au moins autant de la faculté imaginative.

« Mieux vaut ne point étudier une chose que de la parcourir en superficie, car le simple et bon entendement humain, lorsqu’il veut juger d’une chose, ne se fourvoie pas autant que le fait la demi-érudition. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« On gagne plus à avoir aimé qu’à avoir compris. » (prince de Ligne)

« La ‘valeur esprit’ (la haute culture) a été  remplacée par le fun, le sport, le divertissement des médias et des voyages, la vitesse de l’information (et aujourd’hui par l’extrême vulgarité et méchanceté de la  société médiatique du ricanement) … Plus les hommes se montrent admiratifs des œuvres du monde (Pyramides, ruines mayas…)  et plus leur propre héritage culturel, religieux en particulier, leur devient inintelligible … On voit tout, on ne comprend plus grand-chose, y compris ce qui nous a fait …  La culture-monde est ce qui démocratise l’accès aux œuvres d’art en même temps qu’elle dépossède les individus des repères de leur propre passé culturel … » (Gilles Lipovetsky)

– « S’efforcer de conserver l’esprit plus vaste que ses propres idées. » (cardinal Henri de Lubac)

« Il existe un indéniable rapport entre la compréhension et l’écoute. » (Michel Maffesoli) – La véritable écoute, pas celle des journalistes qui n’écoutent que leurs maîtres.

« C’est quand l’esprit est parfaitement silencieux que l’on comprend. » (Serge Marquis)

« Celui qui ne s’est jamais mis, fût-ce une fois dans sa vie, à la place d’autrui ; qui ignore cet effort pour sortir de soi-même, pour voir ce que l’adversaire voit. » (François Mauriac)

« Nous ne comprenons rien que nous ne l’ayons éprouvé. » (Charles Maurras)

« Notre incapacité à appréhender la situation avec la tyrannie des bons sentiments, avec la politique de l’émotion et de la compassion, avec la vision morale du monde ; avec la tyrannie de la bienveillance. » (Yves Michaud – Contre la bienveillance) – Pays de midinettes pleurnichardes et de faux jetons.

« Si un contemplatif se jette à l’eau, il n’essaiera pas de nager, il essaiera d’abord de comprendre l’eau. Et il se noiera. » (Henri Michaux)

« Tout ce qui est demandé c’est que chaque élément apparié accepte la différence de l’autre (cela s’appelle la compréhension) et que l’intensité soit la même (cela s’appelle la modération). Alors le courant passe… » (Jean-Claude Milner – sur les politiques européennes)

« La compréhension ne doit pas être confondue avec l’approbation. » (Ludwig von Mises) – « La compréhension doit précéder le jugement, voire la condamnation … Comprendre n’empêche pas de juger et juger n’empêche pas de comprendre. » (Edgar Morin) 

« J’ouvre les choses plus que je ne les découvre. » (Montaigne – cité par Jean-Luc Nancy)

« Les fragments d’humanité sont désormais en interdépendance, mais la dépendance ne crée pas la solidarité ; ils sont en communication, mais les communications techniques ou mercantiles ne créent pas la compréhension ; l’accumulation des informations ne crée pas la connaissance, et l’accumulation des connaissances ne crée pas la compréhension. » (Edgar Morin)

« Comprendre n’est pas justifier. La compréhension n’excuse ni n’accuse. La compréhension favorise le jugement intellectuel, mais elle n’empêche pas la condamnation morale. » (Edgar Morin)

« ‘Comprendre’ ne veut point dire ‘justifier’ … La compréhension doit précéder le jugement, voire la condamnation … Comprendre n’empêche pas de juger et juger n’empêche pas de comprendre. » – (Edgar Morin)   « Il est plus facile de porter un jugement  moral sur tel épisode historique ou sur tel phénomène social que de les comprendre, car comprendre suppose à la fois information et compétence analytique. Porter un jugement moral ne suppose en revanche aucune compétence particulière …  de plus il peut être socialement rentable … la ‘dévaluation du savoir’ peut s’accompagner d’une ‘surévaluation de la morale’, d’une exacerbation des exigences en matière d’égalité aux dépens des autres valeurs. … La multiplication des ‘belles âmes’» (Raymond Boudon) – Le vaste domaine des innombrables imbéciles : aucun savoir,  hurlements de moralisateurs.

« En un mot il s’agit, et le plus vite possible, de ne plus rien comprendre à rien, et d’en être non seulement soulagés mais fiers. » (Philippe Muray  – sur le monde moderne)

« Il faut s’inquiéter de ne point s’inquiéter. » (cardinal Newman)

« On connaît ces hommes qui se sont épris de la formule : tout comprendre c’est tout pardonner. Ce sont surtout des faibles, ce sont surtout des désillusionnés. » (Nietzsche)

« Ce que nous faisons n’est jamais compris, mais seulement loué ou blâmé. » (Nietzsche)

« La conclusion tirée par tous les imbéciles, qu’il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans une cause pour laquelle quelqu’un accepte de mourir … Cette conclusion a constitué un obstacle considérable à l’examen, à l’esprit d’examen et de prudence … Les martyrs ont fait tort à la vérité. Maintenant encore il suffit d’une persécution un peu rude pour donner un renom de respectabilité au plus banal des sectarismes. » (Nietzsche – L’Antéchrist)

« Je comprends ‘comment’, je ne comprends pas ‘pourquoi’. » (George Orwell)

« Apprendre à voir. » (Jean Ousset) – La réalité comme elle est.

« Deux erreurs : Prendre tout littéralement. Prendre tout spirituellement. » (Blaise Pascal)

« Il faut que le peuple entende l’esprit de la lettre et que les habiles soumettent leur esprit à la lettre. » (Blaise Pascal)

« Comprendre c’est regarder, s’émerveiller, s’élargir sans cesse. » (Louis Pauwels)

« On explique ce qu’on ne comprend pas. On n’explique pas ce que l’on comprend. » (Charles Péguy)

« Une capitulation est essentiellement l’opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir. Les lâches sont des gens qui regorgent d’explications. » (Charles Péguy)

« Être libre c’est être libéré du besoin de comprendre. » (Daniel Pennac)  

« On ne voit que ce qu’on regarde. » (Merleau-Ponty) – « Ne pense pas, regarde plutôt ! » (Wittgenstein)

« Comprendre, c’est presque l’inverse d’exister. » (Georges Poulet)

« La nouvelle équation médiatique : ‘Voir = comprendre’. Ce ne sont pas les yeux ou les sens qui permettent de comprendre, c’est la raison seule. Les sens trompent … L’emblématisation  d’événements à caractère complexe … la portée des accords Israël-OLP ramenée à la poignée de main Rabin-Arafat. » (Ignacio Ramonet)

« Je sens que je progresse à ceci que je recommence à ne rien comprendre à rien. » (Charles-Ferdinand Ramuz)

« La mésentente n’est pas le conflit entre celui qui dit blanc et celui qui dit noir. Elle est le conflit entre celui qui dit blanc et celui qui dit blanc mais n’entend pas la même chose ou n’entend point que l’autre dit la même chose sous le nom de blancheur. Elle n’est pas la méconnaissance qui suppose que l’un des interlocuteurs ou les deux ne sache pas ce qu’il dit ou ce que dit l’autre. Elle n’est pas non plus le malentendu qui repose sur l’imprécision des mots. » (Jacques Rancière)

« Être compris ; étrange ambition. » (Charles Régismanset)

« Pour comprendre, nous n’avons besoin que de nous-mêmes. » (Jean-François Revel)

« Être homme, c’est être capable de se transférer dans un autre centre de perspective. » (Paul Ricœur)

« Tout ce qui arrive est toujours aussi un commencement, tout début est toujours si beau. » (Rainer Maria Rilke)

« On passe la moitié de sa vie à retenir sans comprendre et l’autre moitié à comprendre sans retenir. » (Rivarol)

« L’omni-comprenant, admettant que tout s’explique, admet que tout a une valeur, que le mal, le scandaleux apparent, l’absurde apparent, est le sous-produit inévitable de l’ensemble plus grand, et que le mal n’est qu’un détail, localement paradoxal ou désagréable, dans un système valable et normal. » (Raymond Ruyer)

« L’idée de Roland Barthes selon laquelle le récit est l’une des grandes catégories de la connaissance que nous utilisons pour comprendre et ordonner le monde triomphe aujourd’hui de manière dégradée sous la forme d’une espèce de ‘narratomanie’ où tout discours politique, idéologique ou culturel se présente comme une anecdote. » (Christian Salmon) – L’anecdote, l’historiette, servant à masquer le fait qu’il n’y a plus rien à comprendre, à ordonner.

« Nous accordons aux psychanalystes que toute réaction humaine est à priori compréhensible. Mais nous leur reprochons … d’avoir tenté d’expliquer la réaction considérée par une réaction antérieure, ce qui réintroduit le mécanisme causal ; la compréhension doit se définir autrement. Est compréhensible toute action comme projet de soi-même vers un possible. » (Jean-Paul Sartre)

« Si tu veux comprendre les autres regarde dans ton propre cœur. Mais si tu veux te comprendre toi-même, regarde comment se comportent les autres. » (Schiller)

« Qui pourra jamais comprendre : qu’il existe, qu’il est justement lui-même, qu’un jour il n’était pas et qu’un jour il ne sera pas. » (Arthur Schnitzler)

«  Gardons-nous de la ‘compréhension’. Elle ôte toute force à notre colère, toute dignité à notre haine, tout plaisir à notre vengeance et même toute félicité à notre souvenir. » (Arthur Schnitzler)

« L’exotisme est la perception aiguë et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle. » (Victor Segalen)

« « On se parle de plus en plus, et on se comprend de moins en moins. On ne parle jamais autant de communication que dans une société fermée qui ne sait plus communiquer avec elle-même, dont la cohésion est contestée, dont les valeurs se délitent, dont les régulations s’effacent. Dieu, l’histoire, les anciennes théologies  fondatrices des grandes figures symboliques telles que l’Egalité, la Nation, la Liberté ont disparu en tant que moyen d’unification. Or ces figures permettaient d’y voir plus clair, de se situer dans le monde, d’agir sciemment. Dans le creux laissé par leur faillite se développe la communication, entreprise désespérée pour relier entre elles des analyses spécialisés et des milieux cloisonnés à l’extrême … Nouvelle théologie, celle des temps modernes, fruit de la confusion des valeurs et des fragmentations imposées par la technologie. » (Lucien Sfez)

« La compréhension, c’est-à-dire le fait d’éprouver par empathie la cohérence d’un ensemble d’éléments … La structure de toute compréhension est la synthèse intime entre deux éléments à priori distincts : un phénomène réel donné et, issu du sujet auquel ce phénomène est donné et émanant de ce sujet, la pensée en train de comprendre … Où prendrais-je en effet, sinon dans ma propre âme, la matière qui me permet d’en connaître et d’en comprendre une autre, puisque celle-ci ne se déroule pas lisiblement devant moi ? (compréhension d’autrui)  … L’expérience semble montrer que celui qui n’a jamais aimé ou haï ne comprend pas celui qui aime ou qui hait, que l’homme pratique et réaliste ne comprend pas l’attitude du rêveur idéaliste et l’inverse … Qu’un certain degré de différence entre les natures empêche la compréhension, ce qui ne signifie pas que l’identité suffise à la provoquer positivement  … Ne sommes-nous pas souvent incapables de comprendre notre propre passé (Etait-ce moi qui ? ‘Je était un autre’), comme l’homme mûr ne comprend plus les actes et les  sentiments de sa jeunesse. » (Georg Simmel) – Suite de considérations éparses sur la compréhension.

« Ce qui est créé par un seul sujet possède une infinité de significations de toutes sortes qui dépassent toutes les intentions créatrices et toutes les forces de ce sujet  … La compréhension immanente d’une œuvre d’art, par exemple, est tout aussi infiniment variable que les sentiments qu’elle suscite, et qui ne sont aucunement liés, sans être faux cependant, à ceux que le créateur y a investis (face à la cathédrale de Strasbourg ou en entendant la ‘Sonate au clair de lune’) … Dans des domaines même simplistes, tel développement allant dans un certain sens nous paraît aussi plausible que tel autre allant dans le sens exactement opposé, nous comprenons qu’une faveur engendre la reconnaissance, mais nous comprenons aussi bien qu’elle laisse un sentiment d’humiliation et de rancune. » (Georg Simmel – sur la richesse et la mobilité des connexions psychiques)

« La télévision produit des images et efface les concepts ;  mais elle atrophie ainsi notre capacité d’abstraction et avec elle notre capacité de compréhension. » (Raffaele Simone)

« L’accroissement de la puissance de comprendre est aussi l’accroissement de la puissance  d’agir. »(Spinoza)

« Ne pas frapper de dérision les actions humaines, ne pas les railler, ne pas les déplorer, ne pas les maudire, mais les comprendre. » (Spinoza) – Littéralement, son fameux commandement : Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere.

« Comprendre est le commencement d’approuver. » (Spinoza)

« Chute dans la pensée. » (George Steiner – cité par Olivier Bardolle) – Sur l’expulsion du jardin d’Eden. Il ne fallait pas chercher à savoir, ni à comprendre, de là est venue la déchéance de l’homme.

« Comprendre c’est traduire … La traduction est, formellement et pragmatiquement, présente dans tout acte de communication, dans l’émission et la réception de tous les modes de sens … Comprendre, c’est déchiffrer. Entendre une signification, c’est traduire … La traduction entre des langues différentes n’est qu’une application particulière d’une configuration et d’un modèle fondamental au langage humain, lors même qu’il est monoglotte. » (George Steiner)

« L’observateur devient partie de l’observé. » (Claude Lévi-Strauss)– La faculté de compréhension de l’intérieur.

« Si un tireur veut atteindre sûrement son but, il ferme un œil pour que l’autre vise plus juste. Celui qui veut comprendre une chose à fond y emploie tous ses sens et les ramène en ce centre de l’âme d’où ils sont sortis. » (Jean Tauler) – Concentration !

« Très souvent, nous regardons, mais nous ne voyons pas, ou bien nous voyons, mais nous ne voulons pas regarder. » (Mère Teresa)

« Qu’avons-nous appris (depuis Platon et Aristote) ? A mieux ‘épeler’ la création (primat presque absolu de l’analyse dans la pensée moderne), mais, à force de nous hypnotiser sur chaque lettre, nous avons perdu de vue le sens du discours. A la contemplation des signes, qui mène au-delà des signes, nous avons substitué le déchiffrage laborieux, et insignifiant, des ombres de la Caverne. Nous avons cru comprendre alors que nous ne faisions que décomposer. » (Gustave Thibon) 

« Face au mystère, l’innocent et le saint disent ‘oui’ au lieu de ‘pourquoi’ … Tout est question du niveau où se situe ce ‘oui’. A celui des causes secondes et de la prudence humaine, adhérer sans comprendre est signe de sottise et de faiblesse ; à celui des causes premières et dernières, vouloir à tout prix comprendre conduit au doute universel et au désespoir. » (Gustave Thibon) – « Trop souvent l’homme se trompe sur ce rapport. Il sonde vainement le ciel et se prosterne devant les hommes, les idéologies… » (Raphaël Debailiac)

« Il comprendra toujours, celui qui doit comprendre. » (Tolstoï)

« Celui qui prétend tout comprendre s’expose à mourir de colère. » (Michel Tournier)

« Ceux qui comprennent ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas. » (Paul Valéry)

« Un état bien dangereux : croire comprendre. » (Paul Valéry)

« La pensée la plus étrange du monde : il y aura des hommes après nous. » (Paul Valéry)

« On se lasse de tout sauf de comprendre. » (Virgile)

« On ne cesse d’oublier d’aller jusqu’au fondement. On ne pose pas assez profond les points d’interrogation. » (Ludwig Wittgenstein)

« Comprendre ne signifie pas justifier. On peut comprendre sans justifier. On peut justifier sans comprendre. La justification est un phénomène d’ordre moral, la compréhension d’ordre  gnoséologique. Si l’on s’en tient au point de vue de la compréhension, les causes du présent résident dans le passé. Si l’on cherche à justifier ou juger, il n’existe aucun lien avec le présent … On ne peut pas juger le passé en se référant au présent. On ne peut pas davantage justifier ou juger le présent en se référant au passé. Examiner l’histoire en se cantonnant dans les catégories  de la justification ou du jugement, signifie s’ôter toute possibilité de comprendre. » (Alexandre Zinoviev – Un héros de notre jeunesse sur l’époque stalinienne – cité par Jean Cau) – C’est pourtant ainsi qu’on évoque l’Histoire de nos jours, à coups de jugements moraux qui faussent la compréhension et n’ont bien souvent aucun rapport avec la réalité. On ne fait pas de l’Histoire, on s’en sert.

« J’ai plus de plaisir à comprendre les hommes qu’à les juger. » (Stefan Zweig)

Là il s’agit plus d’apprentissage que de compréhension pure. On distingue couramment 4 stades d’apprentissage, nous sommes : « Inconsciemment incompétents : nous croyons maîtriser alors que nous n’avons aucune idée de la chose – Consciemment incompétents : nous réalisons à quel point nous ne savons pas – Consciemment compétents : Nous possédons la théorie, la pratique nous échappe – Inconsciemment compétents : avant chaque acte, nous pouvons nous dispenser de réfléchir. » (d’après Thomas d’Asembourg)

« Savoir écouter l’herbe pousser. » (adage) – Entendre, comprendre ce qui monte sans bruit et ce qui, demain, éclatera.

« Quand on se parle à demi-mot, on ne se comprend qu’à moitié. » (adage)

« Celui qui prétend tout comprendre s’expose à mourir de colère. » (proverbe arabe)

« L’homme intelligent se mesure à ce qu’il sait ne pas comprendre. » (?)

« Dans le monde d’autrefois on s’efforçait de comprendre ; dans le nôtre, on veut savoir. » (?)

« Les deux voies, celle des poètes et celle des savants, conduisent au même but, une meilleure compréhension de l’homme et du monde, et une plus grande sagesse. » (? )

« Quand tu auras compris l’ensemble, alors tu comprendras les parties. » (?)

« Mieux vaut comprendre qu’apprendre. » (?)

« Comprendre, expliquer, n’est pas justifier. » (?)

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