140,1 – Comportement (en général)

– Voir aussi à : Supériorité, 700,1

– Quelqu’un sait-il encore ce que veut dire le terme : Avoir de la tenue ? Dans cette société où dominent bien pire que le simple laisser aller, vulgarité, débraillé, grossièreté, avachissement, saleté… non seulement affichés mais revendiqués et donnés en exemple…

– L’humilité est une vertu, mais il est recommandé de n’en user qu’avec modération. Le monde n’est pas accueillant à ceux qui se tiennent trop en retrait et il aura vite fait de nous ignorer, pour finir par nous écraser. Sans se vouloir ni prétendre premier toujours et en tout, il n’est pas du tout conseillé de se voir dernier, ou même dans la fameuse moyenne, jadis vantée par une éducation bien intentionnée mais réductrice, et à la limite de la castration.

– Tristesse, mélancolie, sens exacerbé du devoir, narcissisme, culpabilité, obsessions diverses entraînant fermeture… que de pièges. Il y a  beaucoup plus de gens qu’on ne croit pour refuser, inconsciemment, le bonheur, faire en sorte qu’il n’arrive pas, le fuir même.

– « Le bon comportement est inspiré par la décence, par le sens de ce qui convient, non par la responsabilité. » (Olivier Rey)

– Deux façons d’exister : Exister Pour ou Exister Contre. Connaître la sienne en sachant qu’on ne peut guère en changer.

– Combien de temps faut-il pour s’apercevoir qu’on est à côté de ses pompes ? Dix ans pour les plus rapides et les meilleurs.

– On n’a jamais deux fois l’occasion de faire une première impression ; de même « qu’il est impossible de se baigner deux fois dans le même fleuve. » (Héraclite)

– Stabilité d’humeur ; pas de discussion sur des broutilles. Le plus grand ennemi d’un comportement équilibré, inspirant confiance : l’excès de nervosité. Son plus grand allié, le principe de réalité, qui veut que l’on accorde sa conduite à l’environnement (matériel et humain), à son état, aux possibilités qu’il permet, aux contraintes qu’il impose et à ce qu’il autorise raisonnablement ; sans négliger le fait que nous ne voyons la réalité qu’à travers nous-mêmes et qu’elle est transformée du fait même d’être regardée.

– Ne soyons pas indispensables, ne soyons pas collants. Notre présence, fût-elle attentionnée et bienveillante, n’est pas toujours indispensable. Laissons respirer l’autre.

– Le principe de réalité veut que l’on accorde la plus grande attention au milieu dans lequel on se trouve inséré. On ne se conduit pas de la même façon dans un milieu de grande et ancienne bourgeoisie, dans un milieu de jeunes loups arrivistes, dans un milieu paysan, ouvrier… Ce qui ne veut pas dire qu’on change de peau, qu’on se soumet, mais qu’on prend le temps d’observer à qui on a affaire (cela peut demander des mois) et qu’on s’efforce, sinon de s’adapter, au moins de ne pas trop détonner. A ce sujet, on évoque souvent le déclassement et ce toujours vers le bas, celui où on dégringole. Il existe également un autre déclassement qu’on évoque rarement et qui est encore beaucoup plus périlleux, le déclassement vers le haut, celui où quelqu’un d’extraction et de culture disons moyenne, possédant une expérience limitée,  se trouve inséré dans un milieu de vieille souche, très éduqué, policé (ce qui exclut les milieux Bobos parisiens où inculture et vulgarité sont d’indispensables atouts). Quelle que soit l’indulgence propre à ces milieux, les risques de graves impairs répétés y sont encore plus grands et handicapants à terme. « A cette culpabilité liée au rejet de la tradition, s’ajoutait le sentiment de n’être plus chez lui dans le monde où il entrait, et de s’introduire dans une autre culture avec la conscience d’y rester malgré tout un étranger, de ne plus être à sa place et d’avoir trahi la terre natale. Une angoisse habite la hardiesse d’une promotion. » (Père Michel de Certeau – sur certaines promotions sociales, du temps où il y en avait, et où les bénéficiaires gardaient conscience et respect de leur ancien milieu)

– Néanmoins, osons : « Rien n’est plus horripilant que de n’avoir pas osé, alors même qu’on savait qu’on pouvait. » (François Taillandier)

– Comment réduire le nombre et le poids de nos erreurs, affectives ou matérielles, la recette est simple : Prendre du temps pour soi, hors agitation et fébrilité, marcher, pour ne penser à rien, perdre son temps, lâcher prise, se vider l’esprit de l’actuel, regarder ailleurs ou nulle part, afin de laisser survenir de nouvelles idées, d’autres points de vue, d’apercevoir des opportunités, des écueils, des parti-pris, nos obsessions et nos dénis, de réaliser la nocivité de comportements devenus automatiques. Laisser venir (l’esprit, il se chargera si on le laisse faire de nous ramener à la réalité) et ainsi échapper au blocage sur une situation, généralement simple si on la décrasse de nous-même. – « Se tenir dans une disponibilité intérieure nous rend attentif aux motions les plus soudaines qui révèlent parfois des situations urgentes sous une apparence anodine … faire telle démarche. » (sœur Marie-Anne Leroux)

– Egalement, ne pas s’isoler, savoir s’entourer, écouter les autres, les conseils, les suggestions (ce qui ne veut pas forcément dire les suivre), le vent, l’ambiance…

– En tout, faire preuve de rigueur : tenir sa langue, contrôler ses gestes, faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait, penser ce qu’on dit et dire ce qu’on pense (avec quelque prudence cependant dans notre ambiance totalitaire), peser ses initiatives, faire ce qu’on nous demande à juste titre, faire complètement et non partiellement, ne pas questionner à tout propos, accepter des questions ou des remarques et y répondre en raison et non en fonction de sa susceptibilité, compter sur soi avant de compter sur autrui, s’occuper de ses affaires, ordonner correctement ses démarches et ses actions, ranger un minimum, prévoir sans se cantonner à l’aujourd’hui, distinguer l’essentiel de l’accessoire et y conformer sa conduite, se rappeler ce qui a été fait (par soi comme par d’autres), citer correctement ce qui a été dit (par soi comme par autrui), adhérer au réel, rejeter l’intoxication ambiante, vivre avec son temps certes mais sans y croire…

– Il y a ceux qui s’occupent des affaires communes ingrates (papiers, démarches, entretien…) et ceux qui cultivent leur esprit à l’extérieur en déléguant généreusement le soin des premières aux premiers cités. C’est une position confortable et valorisante, très admirée par les ami(e)s, qui, eux, ne sont pas chargé(e)s de l’intendance.

-Soyez et montrez-vous d’humeur stable. C’est le meilleur service que vous pouvez rendre  à votre entourage. Rien n’est plus pénible à supporter et ne handicape plus  la communication que les hystériques qui passent soudainement, et la plupart du temps, sans raison, des rires aux larmes, de la jubilation à l’abattement, des félicitations aux petites piques déstabilisantes, des considérations objectives, rationnelles aux reproches personnels (généralement et de plus infondés). 

– Une suggestion : ne mélangeons pas constatations neutres et appréciations sur des conduites.  Des réponses au-delà du sujet traité,  bien qu’anodines, freinent toute envie de dire quoi que ce soit. N’altérez pas, ne réduisez pas, ne transformez pas ce qui n’est pas énoncé. Tout petits exemples : La consommation d’eau chaude représente environ 40% de la facture d’EDF – Oui, mais j’ai besoin de prendre des bains chauds ; Il vient volontiers à nos apéros et vide très honnêtement son, ses, verres, mais il arrive toujours les mains vides – Oui, mais ça fait du bien de voir des gens.

– En règle générale, si on ne vous a pas  dit pour quelle raison ou motivation, il est parfaitement inconvenant de demander pourquoi. Particulièrement si on vous demande un service

– On peut être effaré par la susceptibilité-subjectivité ambiante, plus même qu’effaré, on se sent parfaitement déplacé, réduit au silence, contraint à l’inexistence sociale, obligé de ‘marcher sur des œufs’ avec obligation de superficialité toujours et partout, dans ce monde où s’écarter un instant du dire des banalités expose à affronter des mines renfrognées, ou pire des obus à retardement, où affirmer  une opinion consistante, donc un peu tranchante, n’est plus tolérée, où il n’est plus possible d’adresser une remarque comportementale, courtoisement formulée, à des personnes  nettement plus jeunes, comme aussi à des  adultes supposés plus mûrs, ce dans tous types de relations, y inclus dans le contexte de relations professionnelles, de client à fournisseur par exemple.  D’où viennent, et où vont, ces extrémismes de susceptibilité, ces gonflements de ‘moi’, intouchables en quelque sorte (si bien illustrés d’un côté par la mode narcissique des ‘selfie’ et d’un autre par l’invention des ‘safe space’)? Idéal d’un univers de Bisounours, sans doute ? Rêve d’un monde de fillettes proprettes surprotégées, peut-être ? Réalité d’un Occident vide et triste, certainement ? Réalisation de la prophétie de Nietzsche (Le dernier homme, d’Ainsi parlait Zarathoustra) décrivant les derniers hommes : chacun sera un îlot à respecter, où les humains seront comme des grains de sable sur une plage, très égaux, très ronds, très conciliants, très ennuyeux.

– C’est vous qui parlez, c’est donc JE, ce n’est ni ON ni NOUS. « Le monde moderne, c’est cet affaissement collectif, cette dépersonnalisation massive … c’est le monde du ‘on’. » (Emmanuel Mounier) – « Neutralité libidinale … désuétude de toute identité, obsolescence du désir, abandon de toute prétention à la singularité… » (Philippe Muray) – « Un caractère bien fade est celui de n’en avoir aucun. » (La Bruyère

-Voir le célèbre poème de Rudyard Kipling : Tu seras un Homme, mon fils.  – Si tu peux…. 

– « Ah ! le vécu ! » – L’excellente et complète réponse faite à quelqu’un qui énonçait que le risque de devenir aveugle l’avait amené à modifier quelque peu son opinion (jusqu’alors très négative) sur l’euthanasie. ‘Le vécu’, seul enseignant, quelle que soit la valeur morale ou l’utilité matérielle de son enseignement

Pour reconnaître certains modes d’être, donc de comportement, on pourra se reporter à la rubrique Personne, Individu, caractère, 290,2, ouvrage La stratégie du caméléon d’Elodie Mielczareck 

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« Deux types d’homme : ceux qui n’attendent rien que de leur énergie en transformant la nature, et ceux qui ne comptent que sur leur parole pour persuader les autres et en obtenir ce qu’ils souhaitent. » (Alain) – « Rudes, vaillants, constants, d’un côté ; et de l’autre souples, flexibles, aguicheurs, complaisants. Ceux qui ne peuvent jamais gagner plus qu’ils ne méritent, et ceux qui gagnent toujours d’autant plus qu’ils trompent davantage. » (Nicolas Grimaldi)

« Pose ton but. Dresse ton plan. » (Henri-Frédéric Amiel) 

« La constance qu’ils mettent à ne pas parler des coupables, à taire que l’événement a été causé par des hommes ; à ne pas nourrir le moindre ressentiment bien qu’ils aient été victimes du plus grand des crimes … De la catastrophe, ils parlent constamment comme d’un tremblement de terre, comme d’un tsunami ou d’un astéroïde … Cela passe l’entendement. » (Günther Anders – visite à Hiroshima) – Pas de reproches, pas de récriminations, pas de lamentations, pas de pleurnicheries, pas d’exigence de repentance, pas de demande de fric. Comparons et admirons.

« Se donner le droit de ne pas plaire à tout le monde, en disant parfois ‘non’, en exprimant éventuellement son mécontentement ou sa déception (ne pas confondre désaccord ponctuel avec brouille définitive), de recevoir des compliments, de formuler des demandes, de répondre aux critiques, d’écourter une conversation qui s’éternise, etc.» (Christophe André) 

« ‘Parfois je pense, parfois je suis’ … Il arrive que penser nous détourne de certaines choses ou manière d’être essentielles … ‘L’overthinking’, la rationalisation permanente, le recours constant au raisonnement logique qui peut parfois finir par étouffer l’intuition. » (Christophe André – citant Paul Valéry)

« Est-ce que les événements qui m’arrivent viennent de moi (attribution interne) ou d’influences extérieures à moi (attribution externe) ? Est-ce que ces événements vont durer (attribution de stabilité) ou seront éphémères (attribution d’instabilité) ? Est-ce qu’on peut en tirer des conclusions générales sur ce que je suis (attribution de globalité) ou ne signifient-ils rien de précis sur moi (attribution de spécificité) ? » (Christophe André) … Le système d’attribution causale du déprimé. « Différentes attributions,  Dd’abord en cas d’événement positif (ex : réussite à un examen,) ensuite en cas d’événement négatif (échec à l’examen) : D’abord ‘Cela ne vient pas de moi, j’ai eu de la chance’ ensuite ‘C’est de ma faute’ – D’abord  ‘Cela ne durera pas, ne se reproduira pas’ ensuite ‘Ce n’est qu’un début, cela va recommencer’  – D’abord ‘Cela ne veut rien dire, je suis quand même minable’ ensuite ‘Cela prouve bien que je suis minable’. » (même auteur) – Mais si l’exemple ci-dessus est celui du déprimé, tout le monde fonctionne suivant un système d’attribution causale.

« C’est quand on comprend qu’il n’y a rien à casser qu’on commence à devenir un homme. » (Jean Anouilh)

« Nous valons ce que valent nos joies. » (saint Thomas d’Aquin)

« En plus du besoin de se montrer … les hommes se présentent aussi en paroles et en actes et indiquent par là comment ils entendent paraître et ce qui, à leur avis, est digne ou non d’être vu. » (Hannah Arendt)

« Tous ceux qui ont quelque expérience reconnaîtront la justesse du mot de Caton ‘jamais plus actif que lorsqu’il ne faisait rien, jamais moins seul que lorsqu’il était seul’. » (Hannah Arendt)

« Tu connaîtras la justesse de ton chemin à ce qu’il t’aura rendu heureux. » (Aristote)

« Viser le plus haut et s’estimer au plus juste. » (Raymond Aron)

« Qu’a-t-il qu’il n’ait pas reçu ? » (saint Augustin)  – Physiquement et mentalement. Faire sa part à l’inné, tout en considérant l’effort de développement à sa valeur.

« Tout faire, tout dire et tout penser en homme qui peut sortir à chaque instant de la vie. » (Marc-Aurèle) 

« Lorsque tu seras nommé ‘homme de bien, réservé, véridique, prudent, résigné, magnanime’, fais attention à ne pas avoir à te nommer autrement ; et, si tu viens à perdre ces noms, reviens vite vers eux. » (Marc-Aurèle)

« Pousser en commun, mais non penser en commun. » (Marc-Aurèle)

« Si ce n’est pas convenable, ne le fais pas; si ce n’est pas vrai, ne le dis pas. Que la décision provienne de toi. » (Marc-Aurèle)

« Se tenir toujours prêt à changer d‘avis s’il se trouve quelqu’un qui redresse ton jugement et te fait abandonner ta manière de voir. » (Marc-Aurèle)

« Quand tu ne peux empêcher les circonstances extérieures de provoquer en toi quelque trouble, rentre au plus vite en toi-même, et ne te laisse pas désaccorder plus longtemps qu’il n’est nécessaire. Tu seras d’autant plus maître de ton harmonie intérieure que tu y retourneras plus souvent. » (Marc-Aurèle)

« N’use point ta part de vie à te faire des idées sur ce que font les autres. Que les choses à venir ne te tourmentent point. Tu les affronteras, s’il le faut, muni de la même raison dont maintenant tu te sers dans les choses présentes. Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre. Efface l’imagination. Arrête cette agitation de pantin. Circonscris le moment actuel. Comprends ce qui t’arrive. Distingue et analyse, en l’objet qui t’occupe, sa cause et sa matière. » (Marc-Aurèle)

« A qui donc fais-je maintenant servir mon âme ? … N’est-ce pas celle d’un enfant, ou d’un jeune homme, ou d’une faible femme, ou d’un tyran, ou d’un bœuf, ou d’un fauve ? » (Marc-Aurèle) – Chez les Anciens, le mot âme était vaste, il pouvait aussi désigner l’intention, le comportement…

« Ne fais aucun acte au hasard ni autrement qu’en suivant une règle qui accomplisse l’art de vivre. » (Marc-Aurèle )

« Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. » (Raymond Aron)

« Pour qu’une rencontre humaine, amicale, érotique soit vivable et, dans le temps, durable, il faut qu’elle s’appuie sur une langue et une pratique communes et qu’elle s’inscrive dans une perspective d’avenir. » (Kostas Axelos)

« Les individus sont, en grande partie, ce que les ont faits les cercles sociaux qu’ils fréquentent. » (Jean Baechler)

« Si vous avez à choisir entre une idée, un résultat, un moyen et un sentiment, un plaisir, une  illusion, privilégiez l’un des trois premiers il vous donnera sans doute l’un des seconds en  prime. » (Balzac)

« Là où on est impardonnable, et où les ravages sont les plus conséquents, parce que parfaitement inattendus, imperceptibles pour autrui … c’est lorsqu’on se ment à soi-même. » (Olivier Bardolle)

« C’est le propre de la modernité de niveler les caractères ; ‘tous un peu fous, tous un peu bizarres, tous un peu hypocrites, tous un peu libertins, tous un peu religieux, tous un peu tout mais personne qui soit beaucoup quelque chose’. » (Olivier Bardolle – citant le cinéaste Pietro Germi)

« Il faut savoir en prendre et en laisser, dit-on ; en laisser surtout. » (Anne Barratin)

« Bien conduire sa barque, c’est connaître plus que la barque, c’est connaître l’eau. » (Anne Barratin)

« Je me méfie de ces gens qui restent toujours entre les portes, qui ne savent ni reculer ni avancer, ni blâmer ni approuver. » (Anne Barratin) – Les mêmes qui ne savent pas aller au fond d’un ascenseur – Tout ceci parle plus qu’on ne croit.

« Il s’agit pour chacun de nous qu’il trouve en soi la source cachée de l’enthousiasme. » (Maurice Barrès)

« Elle croyait, bien à tort, que des sentiments nobles et une conduite irréprochable permettent  de mépriser tous les chuchotements. » (Maurice Barrès)

« La suprême grandeur est de vaincre l’ange, de lui arracher son secret. L’ange veut nous ouvrir la porte de l’invisible, c’est sa mission, mais il ne l’ouvre pas sans un combat ; il ne l’ouvre pas aux indolents, aux tièdes, mais seulement à ceux qui, pour se frayer un passage, ne craignent pas de foncer sur lui … Voyez son Jacob, c’est un bélier … un jeune garçon qui coure sus avec un incroyable mépris des obstacles … Quant à l’ange, il déploie une paisible supériorité. C’est un maître d’armes. Il pare les plus rudes coups indéfiniment. Il paralysera Jacob à la minute qu’il voudra (mais il se contente d’estropier Jacob vainqueur) … Jacob a laissé la caravane, il a rompu avec la foule, déserté la grande route facile et ses compagnons naturels, oublié les petits intérêts qui l’avaient d’abord mis en route … Grande page austère qui nous prêche … le devoir de l’effort et du pas en avant … ‘Ne négligez rien de ce qui peut vous faire grand’ (Stendhal), ‘Il faut choisir la place où l’on croit pouvoir être utile et y creuser son sillon’ (Taine), ‘Comme une journée bien dépensée donne une joie au sommeil, ainsi une vie bien employée donne une joie à la mort’ (Léonard de Vinci). » (Maurice Barrès – à propos du tableau de Delacroix, La lutte de Jacob avec l’ange (église saint Sulpice, Paris)

« Vous avez jeté votre personnalité aux quatre vents, et maintenant vous avez de la peine à la rassembler et à la concentrer. » (Baudelaire – Paradis artificiels)

« L’autre est ce qui me permet de ne pas me répéter à l’infini. » (Jean Baudrillard) 

« On rêve d’être soi-même quand on n’a rien de mieux à faire. On rêve de soi et de la reconnaissance de soi quand on a perdu toute singularité. » (Jean Baudrillard)

« Ce qui s’oppose à la liberté, ce n’est pas l’oppression politique ou sociale, mais la ‘nécessité’ psychologique, ou encore la  ‘détermination’ des conduites et des pensées notamment (mais pas seulement) par les circonstances … Et aussi les positions sociales de soumission qui impliquent notre obéissance … Le pouvoir social qui définit les places, les fonctions et la position des agents sociaux dans les structures (Voir l’expérience sur l’obéissance et la désobéissance a l’autorité de Stanley Milgram à la rubrique : Obéissance et désobéissance, 520, 1) … Lorsqu’on les déclare libres, les sujets n’en obéissent pas moins mais en viennent à se doter d’idées ou de ressentis qui tendent à justifier leurs actes à posteriori, rendant donc après coup leur acte moins problématique … trouvant en soi  les causes de ce qu’on a fait et de ce qui nous arrive, même quand on n’y est pour rien et qu’on n’a fait qu’obéir … adoptant des idées nouvelles qui s’accordent bien avec ce qu’ils ont fait … Tous trouvent des raisons internes qui justifient ce qu’ils ont fait alors qu’ils se sont contentés d’obéir à des pressions externes … Mais les gens n’ont assez souvent aucune clairvoyance des facteurs qui déterminent leurs comportements, leurs émotions et même leurs jugements sur les choses et sur les gens … Les gens préfèrent donner du sens, trouver des significations permettant de parler de leurs comportements ou de leurs jugements dans les termes de la pensée sociale plutôt que d’en élucider les réelles déterminations » (Jean-Léon Beauvois – Deux ou trois choses que je sais de la liberté)

« Joue toujours comme si un maître t’écoutait. » (conseil de Beethoven – cité par Jacques Chardonne)

« Cet avilissement des esprits devenus incapables d’apercevoir ce qui les gêne, de constater un fait, même évident, s’il contrarie leurs systèmes ou dérange leurs attitudes. » (Emmanuel Berl)

« Ce n’est pas ma nature de dire que je n’accepte pas les choses que je considère comme acquises. Comment dire : je n’accepte pas que l’Angleterre soit une île, que l’industrie américaine  soit plus importante que l’industrie brésilienne. J’accepte ce que je crois que je ne peux pas nier. Mais le fait de l’accepter ne veut pas du tout dire que je m’en réjouisse. » (Emmanuel Berl – A propos de son acceptation de l’armistice en 1940 et de sa fameuse écriture de deux messages du maréchal Pétain) 

«  Le plus grand risque serait encore de ne pas s’accepter soi-même. » (Georges Bernanos)

«  Les mouvements de l’homme extérieur nous révèlent les changements survenus dans l’homme intérieur. » (saint Bernard) 

« Celui qui veut se conduire par lui-même se fait guider par un fou. » (saint Bernard) – Pour apprécier la remarque, il suffit de constater les résultats des années après de ceux qui n’ont pris ou écouté aucun conseil.

« Dans l’ancienne logique (en cours de liquidation), pour ne pas être n’importe qui, il s’agissait de ne pas faire n’importe quoi, de prouver, dans un faire conséquent … la valeur de son être, sa réalité propre … les nouvelles logiques, économiques, publicitaires, festives, ne pouvaient se contenter trop longtemps de cette preuve par le faire, inadaptée au marché. Elles se sont mises à promouvoir un autre type de preuve de l’être : ‘je suis parce que je peux aussi faire n’importe quoi’ … surcroît d’adaptabilité. » (Harold Bernat)

« Je viens je ne sais d’où – Je suis-je ne sais qui – Je meurs je ne sais quand – Je vais-je ne sais où – Je m’étonne d’être aussi joyeux. » (épitaphe de Martinus von Biberach, XV° siècle) – La joie pure.

« Il y a des règles, des principes et des dépendances. On a le droit de les contester mais en prenant conscience que cette liberté qu’on s’octroie vous prive des charmes de l’ambition classique. Ce qu’on récuse ne vous doit rien. » (Philippe Bilger) 

« Mais celui qui n’est rien, dehors non plus ne rencontre plus rien. » (Ernst Bloch)   – Il ne s’agit pas d’Avoir mais d’Être

« Être comme il faut, dit-on. – Règle sans exception. Les hommes dont il ne faut pas ne peuvent jamais être comme il faut. Par conséquent, exclusion, élimination immédiate et sans passe-droit de tous les gens supérieurs. Un homme comme il faut doit être, avant tout, un homme comme tout le monde. Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C’est le sacre de la multitude… être habillé, comme il faut, parler, comme il faut, manger, comme il faut, marcher, comme il faut, vivre comme il faut.» (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XXV)

 « Vous êtes un original, dit-on. – Accusation redoutable. Tout peut être pardonné, sauf cela. Un bourgeois donnera sa fille à un banqueroutier, à un assassin ; il la donnera des deux mains à un proxénète infâme, à un courtier de trahisons et d’ignominies, à un ministre ! Il ne la donnera pas à un original. C’est une répugnance telle que la richesse même, toute vénérable et sainte qu’elle est à ses yeux, n’y peut rien ou presque rien …’Un homme en vaut un autre’ et le suffrage universel à quoi nous devons tant de bienfaits, le démontre surabondamment. Penser ou agir autrement que tout le monde est injurieux pour la multitude … La vraie morale, c’est d’être en troupeau, de ressembler à tout le monde… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, LXVII) 

« Ce qu’on appelle le ‘charme’ d’une personne, c’est la liberté dont elle use vis-à-vis d’elle-même, quelque chose qui, dans sa vie, est plus libre que sa vie. » (Christian Bobin)

« Rarement un esprit ose être ce qu’il est. » (Boileau) – Osons donc.

« La manie de ‘faire’ est essentiellement celle des petits esprits, le goût de conserver est le caractère des bons esprits. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Renoncer à la thésaurisation des savoirs offerts à la convoitise au profit de la formation de soi (‘bildung’) nommée en Europe culture … Qu’est-ce que se cultiver si ce n’est édifier sa propre identité à partir d’affectations assumées et d’altérations surmontées. » (François Bonardel)

« Les sciences humaines répugnent à reconnaître que des croyances ou des représentations mal fondées s’appuient sur des systèmes de raisons et elles s’empressent  de proposer de toute croyance une explication causale. » (Raymond Boudon) – Mais l’auteur sait bien que les sciences humaines ont été perverties par le marxisme et le freudisme, et leurs explications causalistes de toutes les croyances comme de tous les comportements.

 « Le programme naturaliste se définit essentiellement par l’hypothèse que le comportement humain doit être imputé à ce qu’on peut appeler, faute de mieux, des causes ‘matérielles’ … excluant toute intervention consciente de l’être humain (rejet du libre arbitre) … Le principe, commun aux vulgates marxiste, psychanalytique et structuraliste, que l’explication du comportement humain serait à rechercher du côté de forces impersonnelles agissant à l’insu du sujet n’a plus guère aujourd’hui qu’une portée résiduelle auprès des sociologues. Mais elle taraude toujours nos sociétés et continue d’exercer une profonde influence sur les élites intellectuelles, politiques, judiciaires et médiatiques. Elle inspire ce qu’on a dénommé une culture de l’excuse, de l’assistance et de la compassion. » (Raymond Boudon) – L’auteur est bien bon de qualifier ces pantins d’élites. Option naturaliste, également dite culturaliste, responsable de nombreux poncifs indéfiniment déclinés par les média pour le plus grand profit des dits pantins (différences de la démocratie française dues au passé catholique de la France, le peuple français par essence ingouvernable donc justiciable d’un gouvernement centralisé…)

« A force de célébrer cet extérieur à soi, c’est nous qui sommes devenus extérieurs à nous-mêmes. » (François Bousquet) – Danger d’un altruisme, qui d’ailleurs ne reflète qu’un narcissisme exacerbé.  

« L’âme d’autrui n’est pas la conscience  d’autrui à laquelle nous n’avons aucun accès ; elle est quelque chose que nous appréhendons directement dans certains aspects de son comportement … L’âme n’est pas une entité dont l’existence distingue l’homme des animaux, des pierres,  elle est d’abord quelque chose qui distingue certains comportements humains d’autres comportements humains, en particulier certaines paroles d’autres paroles. » (Jacques Bouveresse)

« Est noble celui qui est ‘de’ quelqu’un, ‘de’ quelque part, ‘de’ quelque chose. Et qui, se sachant tel, veut aussi que quelque chose, que quelqu’un provienne de lui. » (Rémi Brague) – Ce qui écarte déjà les minables laquais se disant citoyens du monde.

« Aristote a défini l’homme éduqué comme celui qui sait dans quels cas une approche déterminée convient à son objet et dans quels cas elle ne l’est pas … un ‘honnête homme’ ne se conduit pas en mathématicien ou en soldat quand il a affaire à des gens qui ne le sont pas (tiré de Blaise Pascal) … Ce comportement approprié n’est autre que le respect … Traiter le donné comme ce qui se donne … ce qui peut impliquer de rester à la surface, de renoncer à pénétrer trop avant dans les profondeurs de l’autre. » (Rémi Brague) – Au moins tant qu’on n’est pas invité à aller plus avant.

« L’important est de ne faire qu’un avec sa propre course. » (Robert Brasillach – Comme le temps passe) – Cohérence.

« Ceux qui regardent sans voir, ceux qui écoutent sans entendre. » (Bertolt Brecht ?)

« Quelle tristesse pourtant que d’être soi, de coïncider avec son être. Alors que la beauté de l’existence c’est de s’échapper, de s’ouvrir à la multitude des destins possibles que nous portons en nous. Plutôt que d’être quelqu’un, pourquoi ne pas vouloir être plusieurs ? Se connaître n’est utile que pour mieux s’oublier, n’être plus encombré de soi, se rendre disponible à la splendeur du monde. » (Pascal Bruckner)

« Viser le plus haut en s’estimant au plus juste. » (Léon Brunschvicg)

« Sachez précisément ce que vous pouvez attendre des hommes en général, et de chacun d’eux en particulier, et jetez-vous ensuite dans le commerce du monde. » (La Bruyère)

« L’on est plus sociable et d’un meilleur commerce par le cœur que par l’esprit. » (La Bruyère)

« Il est souvent plus court et plus utile de cadrer aux autres que de faire que les autres s’ajustent à nous. » (La Bruyère)

« Exister, c’est se tenir hors de l’être, c’est lui apporter la lumière et le frémissement du ‘de’, du ‘hors de’ l’être. » (Renaud Camus) – C’est sortir du soi-mêmisme imposé par la société. Prendre distance et recul. 

« Les manières d’être et la langue … qui paraissent également abandonnées au seul domaine de la nature, ou de ce qui passe pour tel. L’important, le ‘sympa’, dans les paroles comme dans les actes, c’est d’être naturel, ou mieux encore ‘nature’ … La naïve aspiration de chacun dans notre société ‘être soi-même ; laquelle a nécessairement partie liée à la répudiation emphatique de toute conception du comportement et du discours qui les soumettrait à des règles extérieures à la personne et à ses pulsions. » (Renaud Camus) – « Il était naturel ; c’est-à-dire abject. » (?)

« De même que chacun ‘est venu comme il était’, chacun parle ‘comme il est’ … chacun étant fier d’être en toutes circonstances ‘fidèle à lui-même’ … La conviction qui anime un certain nombre de locuteurs que leur langage est toujours assez bon pour toutes les circonstances (qu’il est parfaitement loisible et approprié, par exemple, de parler de ‘boulot’ et de gens qui ‘bossent’ au cours d’un entretien sur France Culture), cette conviction est à rapprocher de l’irrépressible montée de la ‘bouffe’ bonne ou mauvaise, et de l’idée qu’on est toujours assez bien habillé et physiquement apprêté pour tous les moments de la vie et pour toutes ses rencontres, dés lors qu’on se sent bien et que l’on est ‘soi-même’, y compris de paraître à la télévision en T-shirt détendu et sale. » (Renaud Camus – à propos des mots contemporains)

« Le langage, perçu soit comme pure expression de soi-même (je parle comme je suis, je suis moi-même, je m’exprime…) , soit comme instrument le plus neutre possible d’un échange … ‘L’être soi-même’, posé comme seule mesure des comportements et des mots aboutit à un impérialisme du moi, qui est très précisément le contraire de la fonction traditionnelle et courtoise du langage … élément de ce qu’on a appelé l’idéologie du ‘sympa’. » (Renaud Camus) – Echantillon de termes : Dégueulasse, chiant, chier…

« Ils sont ‘sincères’ et tout est dit, tout peut se dire, ils n’ont pas besoin d’autres principes pour faire honorable figure dans le monde … L’opposé de la distanciation, le comble de la sincérité, la récusation la plus radicale des formes, des rôles, des emplois et du respect du moment opportun, c’est fatalement l’hystérie. » (Renaud Camus – à propos de l’exhibitionnisme des sportifs triomphants, jet de raquette, bras levés et bras d’honneur, ridicule posture à genoux, grotesques embrassades de groupes)

« Il est des phrases qui ne jettent leur poison que des années après. » (Elias Canetti)

« Aucune loi morale ni aucune tradition ne nous indique du dehors qui nous  devons être  et comment nous devons nous conduire. Le couple autorisé-interdit qui organisait la société et les comportements jusque dans les années 50 a fait place au système possible-impossible. » (Belinda Cannone)

« Pour se remettre en question, il faut être quelqu’un. Et, d’une certaine façon, il faut être assez sûr de soi-même, non pas être sûr des idées qu’on a, mais avoir le courage et la conviction qu’on pourra faire face à leur mise en question. Il y faut une sorte de volonté et de bravoure, de bravoure psychique et intellectuelle. » (Cornelius Castoriadis)

« Nous voulons marcher sur terre et non planer dans les airs, encore moins grimper jusqu’au ciel. » (Catherine II)

« La vie ne recule pas, et sur elle je suis monté … Si je m’arrête je suis vaincu … Après le doute vient la culpabilité. Après la culpabilité vient le renoncement … Aussitôt mille questions l’assaillent ; aussitôt, autour de lui, s’écartèlent mille chemins vers mille directions et l’affolement volette dans son regard … Toujours la nature triomphe de l’immobile … Ne sois pas celui qui se retourne pour savoir s’il est suivi … La mélancolie ou la volonté, il n’y a pas d’autre choix. » (Jean Cau – Le chevalier, la mort et le diable)

« Assieds-toi à ta place, et l’on ne te fera point lever. » (Miguel de Cervantès)

« Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu’on sait par des gens qui les ignorent. » (Chamfort)

« Impose ta chance, serre ton bonheur, et va vers ton risque ; à te regarder, ils s’habitueront. » (René Char)

« La vie et ses commandements ; ils se résument pour moi en un mot : fidélité. » (Jacques Chardonne)

« La description n’est supportable que si elle est discrète. On peut parler de soi, mais discrètement. On peut soupirer, mais discrètement… » (Jacques Chardonne) 

« A la base du bonheur il y a l’innocence : celle d’une nature bien constituée, qui élimine par  avance ce qu’il ne faut pas connaître. »  (Jacques Chardonne)

« Remplissez de votre mieux votre tâche terrestre, non par doctrine, mais parce que là vous trouverez un soutien … La vie ne supporte pas les raccourcis ; aux évaporés elle ne donne rien. » (Jacques Chardonne)

« Ils estimaient que la conduite dérive d’un goût, d’une délicatesse native à quoi rien ne supplée si elle manque et prisaient les bonnes mœurs plus que la morale, du moins la morale de la sincérité qui dégénère vite en romantisme. » (Jacques Chardonne – sur les hommes de l’ancien temps, fin du XIX° siècle, début du XX°)

« A votre âge, Monsieur, il faut soigner sa vie ; au mien, il faut soigner sa mort … je veux user de cette seconde jeunesse un peu mieux que je n’ai fait de la première. » (Chateaubriand – lettre au fils d’Ampère)

« L’excès de subjectivisme ne peut mener …  qu’à la mégalomanie ou à l’auto-dénigrement. Lorsqu’on se penche trop sur soi, on en vient forcément à s’aimer ou à se haïr démesurément. Dans l’un ou l’autre cas, on s’épuise avant son temps. Le subjectivisme vous rend Dieu ou Satan. » (Emil Cioran)

« Mais quel homme a un vrai soi-même, sinon celui qu’il ne cesse de faire. » (Paul Claudel)

« L’homme connaît le monde non point par ce qu’il y dérobe mais par ce qu’il y ajoute lui-même. » (Paul Claudel)

« Le comble de l’inélégance ; avoir une signature illisible. » (Jean Cocteau) – De la grossièreté, de l’absence de personnalité, du manque de rigueur. Hésiter à accorder sa confiance.

« Ma formule pour ce qu’il y a  de grand dans l’homme est ‘amor fati’ : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles … Ce qui a le caractère de la nécessité ne me blesse pas. » (Nietzsche – Ecce homo) – « ‘L’amor fati’ définit un fatalisme libéré du ressentiment, un consentement à la vie, ‘l’adhésion allègre à la nécessité’ (Julien Gracq), ‘un optimisme sans progressisme’ (Roland Barthes), l’énergie du désespoir de Chateaubriand, le nihilisme actif de Nietzsche, la ‘vitalité désespérée’ de Pasolini. » (Antoine Compagnon)

« Le doigt montrait la lune, le sot regardait le doigt. » (Confucius) – Intéressez-vous, concentrez-vous, répondez au fond  de la question, du problème, prenez de la hauteur de vue. Ce sont les médiocres qui s’accrochent  aux  détails annexes, se complaisent dans l’anecdote qui écarte de l’essentiel.

« Lorsqu’une chose ne rentre pas dans vos fonctions, mieux vaut ne pas s’en mêler. » (Confucius)

« Lent dans les discours, diligent dans les actions. » (Confucius)

« Il est respectable de ne plus avoir d’illusions, et sage, et profitable, et triste. » (Joseph Conrad)

« L’homme n’avance jamais avec autant d’assurance que lorsqu’il ne sait pas où son chemin le mène. » (Cromwell)

« Au commencement, il n’y a pas de chemin, il faut marcher. C’est en marchant que se fait le chemin. » (saint Jean de la Croix)

« Ce qui fut dit hier ne s’entendra demain  que s’il se trouve des gens qui ont intérêt à le redire. » (Régis Debray)

« Ce qui nous rassemble est ce qui nous dépasse, mais ce qui nous dépasse n’a souvent ni queue ni tête. Les valeurs de communion valent bien quelques bévues intellectuelles … Si tu veux pouvoir aller jusqu’au bout de toi-même, préserve en toi la part du feu, d’une foi, d’une ferveur, d’un élan… Qui croit en quelque chose se croit lui-même beaucoup plus qu’il n’est, condition du succès. Pour se donner une chance, rien de tel que de se monter le bourrichon. » (Régis Debray)

« La vie est une bête sauvage qui vous saute à la gorge à tout moment. Les dettes, le désordre, le stress, les vêtements, les courses, les grippes, la literie, les voyages, les moustiques, le téléphone, les voitures, les assurances, le travail, la famille, les médecins, la pharmacie, les autoroutes, les démarcheurs, le calendrier, les fêtes, les PV, les avions, les grèves, les impôts, les taxes, la canicule, les ascenseurs en panne, la police, le bruit et l’argent, l’argent ! sont à la vie de l’esprit ce que les fourmis rouges sont au voyageur égaré : ils la mangent … Un intérieur mal tenu, une vie décousue, des finances à vau-l’eau ne sont pas un drame ni une incongruité … Mais c’est une complication inutile de l’existence … Quel gain de temps et d’esprit quand chaque élément trouve sa place fixe : les passeports comme les serviettes de bain, le temps de la douche et des corvées comme les réserves de papier-toilette… Il faut pouvoir mettre la main, sans faire de fouilles, sur une facture de l’année dernière ou sur un adaptateur de prise… que les codes d’accès soient cohérents et se retiennent … Le système de rangement doit être si évident et si léger qu’une fois établi, il se gère sans réfléchir … (sachant que les rangements d’autrui sont toujours incompréhensibles) … Il ne s’agit pas seulement de répartir des objets, mais aussi des  usages, des horaires, des priorités, des réflexes … La finalité de la gestion domestique, c’est de rendre un service continu et comme automatique. Son mode d’emploi est de se faire oublier. » (Luc Dellisse) 

« Tire-toi, tire-toi vite, Quand tu es chez les cons, tu finis par prendre la couleur des cons. » (Gérard Depardieu)

« Quand on a fait beaucoup de stop, on finit par connaître les endroits où on va rester longtemps sur place et ceux où on va pouvoir continuer à avancer. » (Gérard Depardieu) 

« Ce n’est jamais en allant vers soi que l’on peut trouver l’Ailleurs. C’est toujours en allant vers les  autres, vers la vie. . Il faut commencer par se délester de soi-même. »  (Gérard Depardieu)

« Une heure où son ‘moi’ profond s’invite lui-même … à discuter en face-à-face. Où en- suis-je ? Quelles sont mes priorités ? Est-ce que la gouvernance de ma propre vie me donne satisfaction ? C’est incroyable de se rendre compte que nous pouvons passer des jours, des mois, des années, des décennies à ne pas nous rencontrer nous-mêmes. A vivre d’élans irréfléchis, sans autre boussole que les événements, les habitudes, les opportunités, les compulsions. Aurions-nous peur de nous retrouver seul à seul, de nous regarder dans les yeux, au point de nous fausser compagnie quand il est question d’essentiel ? » (Tugdual Derville)

« Un mot, un geste m’en ont quelque fois plus appris que le bavardage de toute une ville. » (Diderot)

« Plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud plutôt que tiède. » (Dostoïevski – Les possédés)

« L’attention au présent est le premier pas qui permet une ascension plus haute … Avant tout, il faut s’arrêter pour sentir le plus possible … En s’arrêtant, il contemple son chemin … Mais nous autres avons les yeux derrière la tête ; ce que nous voyons n’est pas ce qui va avoir lieu, mais ce qui a déjà eu lieu, la trace et non la piste, le chemin déjà parcouru. S’arrêter dans la contemplation, être attentif à ce qui est en train d’advenir, c’est se donner le moyen d’avoir … la vie devant soi. » (Nathanaël Dupré La Tour)

« Le monde existait avant moi ; c’est donc à moi de me modeler sur lui … Il faut voir le monde dans sa vérité, agréable ou amère ; puis tâcher de voir ma propre vérité ; et enfin mesurer ces deux vérités l’une à l’autre. » (Jean Dutourd)

« Garde-toi de toi-même, tu auras fait bonne garde. » (maître Eckhart)

« Il ne faut pas réfléchir à ce qu’on doit faire, mais à ce qu’on doit être. » (maître Eckhart)

« Pour connaître l’authentique valeur d’un homme, il faut se demander à quel degré et dans quel but il s’est libéré de son moi. » (Albert Einstein)

« Tout le monde sait aujourd’hui que toute proposition doit être formulée de façon positive, que l’esprit critique est un petit esprit, que le pessimiste, c’est simplement parce que son foie va mal … C’est précisément parce que la réalité n’est pas ce que l’on aimerait, qu’il faut clamer son contraire afin d’anéantir sa puissance sur nous, afin d’évoquer l’apparition du contraire souhaitable,  afin de rendre déjà présent, actualisé par la parole et la croyance le contraire du réel. » (Jacques Ellul – sur ‘prendre une attitude positive’ – Exégèse des nouveaux lieux communs)

« Signe ce que tu approuves. » (Paul Eluard)

« Fais attention à tes représentations, veille bien ; car ce que tu as à conserver n’est pas peu de chose, c’est la réserve, la fidélité, le calme, l’impassibilité, l’absence de peine, de crainte, de trouble, en un mot la liberté. » (Epictète)

 « Si ton voisin se salit, tu ne peux pas te frotter à lui sans nécessairement te salir. » (Epictète)

   « Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais celui que tu aurais pu remplir, tu le laisses de côté‚. » (Epictète)

« Apporte-t-on la lampe pour la poser sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour la mettre sur le lampadaire ? » (Evangiles) – Il s’agissait certes plus de rayonnement spirituel, mais le monde profane demande aussi que l’on se situe, et se montre, à sa juste valeur.

« Aimer les autres comme soi-même. » (Evangiles) – Implique d’abord de s’aimer soi-même.

« Tant que l’on est identifié à la manière de ce que l’on vit, on ne peut prendre conscience de ce par quoi on est agi. » (Julius Evola- à propos de la haine du secret et de l’obligation de transparence.)

« Fais en sorte que ce sur quoi tu n’a pas prise, ne puisse avoir de prise sur toi. » (Julius Evola)

« Privilégier l’œuvre et non l’auteur, soit bannir l’excès d’extériorité (gestes, paroles…) correspondant à un individualisme fébrile, chaotique et indiscipliné. » (Julius Evola)

« L’esprit a toujours la possibilité de s’orienter selon l’une ou l’autre des deux conceptions opposées … L’orientation ‘olympienne’ est possible tout autant que l’orientation ‘prométhéenne’, et peut se traduire …  dans une manière d’être, dans une attitude devant les vicissitudes intérieures et extérieures, devant l’univers des hommes et le monde spirituel, devant l’histoire et la pensée … (la souveraineté des hommes qui regardent ce qui est humain avec distance, des hommes qui ont pour idéal la ‘civilisation de l’être’) … L’affirmation historique de l’orientation prométhéenne … a substitué des principes et des valeurs liés aux couches les plus basses de l’organisme social … Avec l’avènement de l’humanisme et du prométhéisme il a fallu choisir entre la liberté du souverain et celle du rebelle, et on a choisi la seconde. » (Julius Evola) – C’est, je pense suffisamment clair, inutile d’ajouter des considérations sur le caractère aristocratique.

« Tout ce qui est plus d’un est infiniment moins qu’un. » (Fénelon)

« Compétence et zapping, voire excellence et zapping, ne sont pas faits pour cohabiter. » (Eric de Ficquelmont – Zapping connection) – C’est vraiment le moins que l’on puisse dire ! Conner.., abêtissement, hébétude, vacuité, vulgarité, stupidité seraient mieux adaptés à la typologie du zappeur.

 « Terrible révélation de l’occasion manquée …. Il se demande s’il n’a pas lui-même gâché sa vie par excès de méfiance, s’il n’a pas été la dupe de son désenchantement. Son refus de croire et de se laisser avoir l’a peut-être fait passer à côté de la vérité. Cette hypothèse le transperce et il éprouve le sentiment insoutenable du ‘trop tard’. » (Alain Finkielkraut – commentant la nouvelle de Henry James, Retour à Florence)

« Une idée affreuse s’empare, pour ne plus le lâcher, de l’esprit du détrompé : l’idée qu’il s’est trompé sur toute la ligne et que c’est pour lui, peut-être, qu’il est trop tard : ‘Avais-je tort ? Etait-ce une erreur ? Etais-je trop méfiant, trop soupçonneux, trop logique ? … Est-ce seulement sa faute à elle si je l’ai abandonnée ? Dieu sait combien les questions me harcèlent ; si j’ai gâché son bonheur, à coup sûr je n’ai pas fait le mien. Et j’aurais pu le faire… n’est-ce pas ? C’est une charmante découverte pour un homme de mon âge’. On a besoin de la littérature pour soustraire le monde réel aux lectures sommaires, que celles-ci soient le fait du sentimentalisme facile ou de l’intelligence implacable. La littérature répudie le mélodrame (celui que nous nous jouons) … Pour le dire avec les mots pascaliens du philosophe Constantin Noïca, ‘aucune réussite de l’esprit de géométrie ne saurait absoudre l’homme de ses responsabilités envers l’esprit de finesse’. On peut avoir tort d’avoir raison et l’opposition du vrai et du faux n’est pas toujours pertinente car il est des moments dans l’existence où la vérité n’est pas un bienfait mais un cataclysme. » (Alain Finkielkraut – commentant Washington square de Henry James, le roman des désillusions perdues, de l’intelligence implacable qui empêche de lire les êtres autrement qu’ils n’apparaissent à une lucidité subjectivement flatteuse mais objectivement trompeuse)

« La véritable aristocratie, quels que soient ses défauts, a la volonté de se soumettre à une discipline bien à elle. » (Francis Scott Fitzgerald)

« Être connu n’est pas ma principale affaire. Je vise à mieux : à me plaire, et c’est plus difficile… » (Gustave Flaubert)

« Mais que dorénavant on me blâme, on me loue – Qu’on dise quelque chose ou qu’on ne dise rien – J’en veux faire à ma tête. » (La Fontaine – Le meunier, son fils et l’âne)

« Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste. »  (La Fontaine – fable ?)

« L’impossibilité de changer une situation nous met au défi  de nous changer nous-mêmes dans cette situation. » (Viktor Frankl)

 « La chose la plus difficile est de n’attribuer aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance. » (Charles de Gaulle)

« Méfions-nous  de cette volonté de toute-puissance qui fait peser sur nos épaules le poids de nos vies. » (Anne Gavini) – N’exigeons pas trop de nous.

« Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant. » (André Gide – Les faux monnayeurs)  – L’auteur fameux descendeur cependant.

« Où tu ne peux pas dire ‘tant mieux’, dis ‘tant pis’. » (André Gide)

« Il y a d’admirables possibilités dans chaque être. Sache te redire sans cesse : ‘Il ne tient qu’à moi’. » (André Gide)

« Être tous, c’est n’être personne. » (André Gide)

« Connais-toi toi-même. Maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s’observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à ‘bien se connaître’ ne deviendrait jamais papillon. … Cette connaissance que l’on prenait de soi limitait l’être, son développement, car tel que l’on s’était trouvé l’on restait, soucieux de ressembler ensuite à soi-même … L’inconséquence me déplaît moins que certaine conséquence résolue, que certaine volonté de demeurer fidèle à soi-même et que la crainte de se couper. » (André Gide – Les nouvelles nourritures terrestres)

« Sache te redire sans cesse : il ne tient qu’à moi’. » (André Gide)

« Tout revient à ceci : il faut être quelque chose pour faire quelque chose. » (Goethe)

« Commence par faire ce que tu as à faire, et tu sauras vite ce que tu es. » (Goethe)

« Comment pouvons-nous parvenir à nous connaître ? On ne peut y parvenir que par l’action et non par la spéculation. Tâche de faire ton devoir et tu sauras immédiatement quelle est ta valeur … Nos œuvres sont le miroir où notre esprit aperçoit pour la première fois ses exactes proportions … Il faudrait traduire le précepte ‘Connais –toi toi-même’ par  ‘Sache ce dont tu es capable’. » (Goethe – Wilhelm Meister)  – «  Il y a une recherche de soi, un regard jeté en arrière pour mesurer le chemin que nous avons parcouru, qui n’est d’aucun profit ; le seul intérêt est d’aller continuellement de l’avant et de parcourir le plus de chemin possible. » (Thomas Carlyle)

« Le plus grand art en fin de compte est de savoir se limiter et s’isoler. » (Goethe) – soulignant l’impérative nécessité du retrait pour « Se ressaisir et se retrouver soi-même ; façon de se soustraire à la ronde du milieu, à la tyrannie de nuisibles, mesquines habitudes et règles … combat contre le gaspillage de nos forces, pour leur donner le temps de s’accumuler et de redevenir spontanées. » (Nietzsche) 

« Quand on croit quelque chose sur soi, que ce soit en positif ou en négatif, on se comporte d’une manière qui reflète cette chose. On la démontre aux autres en permanence, et même si c’était à l’origine une création de l’esprit, cela devient une réalité pour les autres, puis pour soi … Imaginez, reprit-il, que vous soyez convaincu d’être quelqu’un de peu intéressant, qui ennuie les autres quand il parle… » (Laurent Gounelle – l’homme qui voulait être heureux)

« Ce que l’on croit devient notre réalité … Nos croyances vont nous amener à filtrer la réalité, c’est-à-dire à filtrer ce que l’on voit, entend et ressent …Ce que vous croyez sur le monde vous conduit à donner un sens à tout ce qui est ambigu ou incertain, et cela renforce vos croyances, une fois de plus. » (Laurent Gounelle – L’homme qui voulait être heureux) – Surtout ce que l’on croit sur soi-même, et cela devient même réalité pour les autres. Si je me crois insignifiant, si je vois systématiquement tout en rose, avec angélisme, si je ressens le monde comme hostile et dangereux et garde le visage fermé…

« Il se peut que vous vous mettiez à croire que vous n’êtes pas fait pour parler en public  … En réalité, vous avez seulement échoué une fois, ce jour-là, auprès de ce public-là, en prenant la parole sur ce thème-là. Mais votre cerveau a généralisé l’expérience en en tirant une conclusion définitive. » (Laurent Gounelle – l’homme qui voulait être heureux)

« Le point de départ de l’élaboration critique est la conscience de ce qui est réellement, c’est-à-dire un ‘connais-toi toi-même’ en tant que produit du processus historique qui s’est déroulé jusqu’ici et qui a laissé en toi-même une infinité de traces, reçues sans bénéfice d’inventaire. C’est un tel inventaire qu’il faut faire pour commencer. » (Antonio Gramsci) – Sans fouiller méticuleusement, ce qui serait nocif.

« Non pas ce qu’on veut faire dans la vie, mais ce qu’on veut faire de sa vie. » (abbé Grosjean)

« Acquérir une connaissance vraie et sans artifice de soi-même. Cette vérité sur soi-même, la pierre angulaire de tout processus de maturation humaine. » (père Louis-Hervé Guiny)

« Plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui. » (Sacha Guitry)

« C’est peu de chose que d’avoir raison ; il faut l’oublier au besoin. Même dans la conversation, je n’aime pas que l’on triomphe.» (Jean Guitton).

« Discipline de la ‘représentation et du jugement’, discipline de ‘l’impulsion active et de l’action’, discipline du ‘désir’, les trois règles de vie proposées par Epictète, ‘Dépendent de nous le jugement de valeur, l’impulsion vers l’action , le désir ou l’aversion, tout ce qui est notre œuvre propre. Ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les honneurs, les hautes charges, toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres’,  formulées par Marc-Aurèle, ‘Tout jugement, toute impulsion à l’action, tout désir ou aversion se trouvent à l’intérieur de notre âme’. Coller à la réalité objective sans interférence subjective, agir de façon ordonnée et sans négligence, ne pas se voir frustré dans ses désirs et ne pas rencontrer ce que l’on cherchait à éviter » (Recueilli par Pierre Hadot) – Doctrine du stoïcisme.

« Pourvu que la raison conserve son empire, tout est permis … L’action est juste et louable, puisque le vice n’est que dans le dérèglement … On reconnaît à les honnêtes gens à ceux qui, par une attention exacte, règlent toutes les actions de leur vie, et savent toujours ce qu’ils font. Au contraire, les autres errant à l’aventure et sans nul autre guide que l’impression de leur tempérament, se laissent toujours tyranniser par quelque passion brutale. » (Antoine Hamilton – cité par Marc Fumaroli)

« Ne décide qu’enthousiasmé. Echoue avec tranquillité. » (Peter Handke – cité par Gérard Depardieu)

« Ne sachant pas écouter, ils ne savent pas non plus parler. » (Héraclite)

« Si je n’agis pas en faveur de moi-même, qui le fera à ma place ? Et si je n’agis qu’en ma faveur, qui suis-je donc ; et si je n’agis pas dans le présent, quand le ferai-je ? » (rabbin Hillel)

« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. » (Etty Hillesum)

« Carpe diem » (Horace – Cueille l’instant, saisis l’occasion…)

« Toute  chose qui avait lieu  avait lieu pour l’éternité, je le savais maintenant. » (Michel Houellebecq)

« Celui qui dans son comportement avec le prochain s’attache à paraître un peu moins qu’il n’est, qui reste en retrait de lui-même. » (père Houghton – cité par Gustave Thibon – définition du gentleman) 

« Ne nous donnons pas pour but d’être quelque chose mais d’être quelqu’un. » (Victor Hugo)

« Une société dont les libertés individuelles ne cessent de s’étendre à l’infini alors même que l’autonomie de chacun d’entre nous se réduit chaque jour un peu plus … Les modes de vie ne sont pas optionnels, ils imposent des attitudes, des habitus … qui ne sont l’objet d’aucun choix mais qui définissent les  usages et les pratiques qui sont socialement requis  …  Le mode de vie est la face sous laquelle le système se présente aux acteurs en leur imposant des attentes de comportement déterminées … On attend d’eux  qu’ils travaillent, qu’ils consomment, qu’ils sachent s’orienter dans un univers technologique, qu’ils utilisent  des moyens  de télécommunications … qu’ils soient performants, productifs, disciplinés, mais aussi évalués, comparés, et de plus en plus autoévalués … Notre existence prend de plus en plus la forme d’un curriculum vitae, et il est attendu que notre commerce avec autrui se déroule dans le cadre du politiquement correct. » (Mark Hunyadi – La tyrannie des modes de vie – et Jean-Claude Michéa) – Paradoxe et multiplication des contraintes, comportements imposés. Même en dehors des contraintes comportementales, essayez de vivre sans téléphone portable, sans ordinateur, sans voiture….   

« L’on perd bientôt sa route à chercher trop de voies. » (Christaan Huygens)

« De même que plus on se regarde de près et moins on se voit ; l’on devient presbyte dès qu’on s’observe ; il est nécessaire de se placer à un certain point de vue pour discerner les objets, car lorsqu’ils sont très rapprochés, ils deviennent aussi confus que s’ils étaient loin. » (Joris-Karl Huysmans – En route – sur la nécessité du confesseur) – On peut étendre au domaine profane.

« Il faut survoler son temps, passer à travers pour ne pas disparaître avec lui … être au-dessus … Ne pas se laissera aller, garder sa lucidité, juger des choses avec bon sens, les idéologies sont folles, tous les gens sont idéologues, tous les gens sont passionnément et fanatiquement idéologues… Les idéologie sont des crises. » (Eugène Ionesco)

« La vision que ses yeux venaient d’avoir lui nommait comme en lettres de flamme la chose qu’il avait si totalement et si absurdement manquée … Elle ne lui était point venue, cette révélation, sur les ailes de l’expérience : elle l’avait frôlé, basculé, renversé, avec l’irrévérence du hasard, l’insolence de l’accident. Mais maintenant que l’illumination avait commencé, elle embrasait jusqu’au Zénith, et ce qu’à présent il demeurait à contempler, c’était, sondé d’un coup, le vide de sa vie … La vision dont l’effroyable limpidité le glaça d’un froid aussi grand … Il aurait pu échapper à son destin en l’aimant. » (Henry James – La Bête dans la jungle) – L’infinie et incurable tristesse quand on s’aperçoit aussi brutalement que soudainement et à travers un rien combien on a pu passer toute sa vie à côté de : l’évident, l’essentiel, le sens, le bonheur… pour que se révèle à soi-même le sinistre : trop tard !

« On ne peut pas être intelligent et le dire … Et cela est vrai encore de la modestie, du remords, de l’ironie, de la grâce, de toutes ces qualités fragiles, décevantes et contradictoires qui n’existent que dans la nescience d’elles-mêmes … L’existant vire en son contraire s’il se sait lui-même … Une créature satisfaite d’elle-même est en péril mortel … Dieu seul peut admirer la besogne de ses propres mains … La volonté assurée de l’impunité ou condamnée à l’anonymat, privée des bravos du parterre retrouve dans l’incognito même la spontanéité et l’authenticité de sa disposition. » (Vladimir Jankélévitch)

“La grandeur est là où, dans le respect et la clairvoyance, nous apercevons ce par quoi nous devenons nous-même meilleur. » (Karl Jaspers)

« Quand on n’est plus foutu de devenir soi-même, on est le plus exposé aux gens qui vous font devenir ce qu’ils veulent que vous soyez. » (Lucien Jerphagnon) 

« Excelle, et tu vivras. » (Joseph Joubert)

« Ne coupez pas ce que vous pouvez dénouer. » (Joseph Joubert)

– « N’épluchons pas ce qui n’est pas douteux. » (Joseph Joubert) – Stop aux complications inutiles.

« Imitez le temps. Il détruit tout avec lenteur. Il mine, il use il déracine, il détache et il n’arrache pas. » (Joseph Joubert)

« Il y a un suprême plaisir, non à bien faire, mais à faire aussi bien qu’on peut. » (Joseph Joubert)

« Cette zone de recueillement où ‘tout passe, se calme, se ralentit, se tranquillise et dépose ses propre excès’ … ’Une ‘clôture’ qui protège, une quiétude qui ‘ouate les remparts’, une ‘alcôve’, une défense pour ‘amortir les chocs’ et mettre le ‘cœur en repos’.’» (Joseph Joubert – évoquant sa séparation, son éloignement, sa discrétion…)  – Sagesse que cette prise de distance.

« C’est un grand danger que d’avoir un trop bel habit ou un trop beau profil. On risque de ne pas exiger de soi autre chose. » (Marcel Jouhandeau) – Attention à la suffisance externe.

« On peut soit ambitionner de modifier l’homme pour modifier ses comportements, changer les pensées, les attitudes, les mentalités en espérant que ces changements déboucheront sur de nouveaux comportements ; soit, en inversant le lien qui unit traditionnellement les idées et les actes,  peser sur les comportements pour modifier les idées, en supposant que ces nouveaux comportements ne manqueront pas d’affecter l’homme lui-même. » (Joule, Beauvois – sur la psychologie sociale)

« Il n’est pire danger, à la guerre, que de s’immobiliser en un cas donné ; il n’est pire dommage que de se donner des règles et de se fixer des impératifs : car ceux-ci raidissent notre conduite et nous empêchent de profiter de la variation (de la situation). L’essentiel, en stratégie, est de savoir passer d’un cas à un autre. » (François Jullien  – sur des principes chinois)

« Le caractère, dit-on, forme le destin. Notre propre expérience nous l’enseigne, où nous voyons, rétrospectivement, que les mêmes fautes sont toujours revenues nous nuire. Il est difficile, sinon impossible, de les éviter car les occasions qui les provoquent s’offrent à nous sous des déguisements étonnants et toujours changeants. » (Ernst Jünger)

« Entre toi et le monde, choisis le monde. » (Kafka)

 « Dans la lutte entre le monde et toi, mets–toi du côté du monde. » (Franz Kafka- cité par Pierre le Vigan)

« ‘Sapere Aude’ : Ose penser (par toi-même), ose savoir, ose juger. » (Emmanuel Kant –reprenant Horace)

« Plutôt suivre son propre Dharma, si humble soit-il, que celui d’un autre, si élevé soit-il. » (Hermann von Keyserling – citant l’antique doctrine hindoue)

« Seul l’homme fier qui se respecte lui-même respecte les autres. » (Hermann von Keyserling)

« La foi est un moyen de connaître plus rapidement … La foi prépare la voie … Celui qui ne se laisse pas déterminer par ce qui est au-dessus de lui, ce qui, partant, ne peut lui correspondre exactement, n’arrive jamais à se dépasser lui-même … L’influence de la norme objectivement la meilleure, pour aussi extérieure même que soit cette observance, influence à la longue l’homme intérieur. » (Hermann von Keyserling)

« Amoureux de son image au point de s’identifier à elle … Narcisse ne vivait plus en tant qu’être conscient, à partir de son soi-même … mais à partir d’une image représentée de lui-même. Par là sa propre vie lui devint un spectacle qu’il contemplait. » (Hermann von Keyserling) – Redoutable forme de dépendance, plus fréquente qu’on ne croit.

« Ma faute est de m’être risqué dans une sphère de vie où je ne suis pas chez moi. » (Kierkegaard)

« Faire une halte peut déjà constituer un bon début de réflexion. En s’abandonnant (au doute, à l’angoisse), en se posant la question : à quoi bon tant se presser, trimer et inventer, on voit se dégager l’espace et le temps propices à la méditation. » (Karel Kosik)

 « Si on ne se compare à personne on devient ce que l’on est. » (Krishnamurti)

« Quand vous m’aurez dit une parole qui parle vraiment de vous, vous serez guérie. » (Jacques Lacan – à une patiente)

« Lorsque deux personnes sont en relation, le comportement de chacune à l’égard de l’autre est modifié par le comportement de l’autre, de même que l’expérience de chacune est modifiée par le comportement de l’autre. »  (? – cité par Ronald Laing)

« C’est seulement à mesure qu’il avance dans la vie que l’homme commence à devenir capable de se voir … Narcisse est puni … car il désire contempler son être avant de l’avoir lui-même produit ; il veut trouver en soi pour la posséder une existence qui n’est qu’une pure puissance, tant qu’elle ne s’est point exercée … L’être tient toute son existence de l’objet qu’il connaît et de l’être qu’il aime. Il faut donc qu’il sorte de soi pour connaître et pour aimer, c’est-à-dire pour se donner à lui-même cette existence qu’il avait d’emblée la prétention de saisir. » (Louis Lavelle)

« Nul ne peut attendre d’avoir découvert sa vocation avant de se mettre à agir : il y a un moment où il doit parier sur elle et courir le risque de ce pari … Erreur de penser que chacun de nous avance selon une ligne droite vers une fin lointaine et inaccessible. Chacun de nous tourne autour de son propre centre en agrandissant sans cesse le cercle qu’il décrit. » (Louis Lavelle)

«  Le plus grand bien que nous puissions faire aux autres n’est pas de leur  communiquer notre richesse, mais de leur découvrir la leur. » (Louis Lavelle)

« On peut cesser d’être anglais, chrétien, mais on ne devient pas pour autant un arabe. » (colonel Lawrence) – Plus facile de laisser tomber sa peau que d’en revêtir une autre.

« Il n’est rien qui échappe à l’ennui, même les plus grands plaisirs. … la monotonie est insupportable, mais contre ce mal il existe un grand remède, qui est d’avoir un but. » (Giacomo Leopardi)

« En n’importe quel domaine, si tu te places, ne serait-ce que d’un demi-pouce, en dessous des autres, ils t’enfonceront de la longueur d’un bras … La modestie ne peut que nuire … Se munir d’une bonne dose de présomption, s’habituer à être estimé et à recevoir ce qu’on ne mérite pas, l’ignorant doit s’arroger un savoir, le plébéien une noblesse, le pauvre une richesse, le laid une beauté, le vieillard une jeunesse, le faible une force, le malade une santé… » (Giacomo Leopardi)

« ‘La colombe légère, qui, dans son libre vol, fend l’air dont elle sent la résistance, pourrait s’imaginer qu’elle volerait bien mieux encore dans le vide’. Sauf que dans le vide, nous dit Kant, elle ne volerait pas du tout … ‘Faute de point d’appui, on se condamne à ne faire aucun chemin’, conclut le philosophe. » (Bérénice Levet)

« Ne rien recevoir d’autrui sinon ce qui est en moi, comme si, de toute éternité, je possédais ce qui nous vient du dehors. » (Emmanuel Levinas – Totalité et infini) – Ne pas se laisser influencer, au sens de violenter ?

« Ne pas avoir d’idées tranchées sur des questions qui ne sont pas essentielles est chose utile. Mais être irrésolu sur les fondements ultimes, soit ceux de la raison théorique, soit ceux de la raison pratique, est de la bêtise pure. » (C. S. Lewis) –C’est se révéler être un zombie, un paltoquet, un lâche souvent, en un mot un minable, un centriste.

« On ne saurait revenir sur soi sans avoir commencé par se porter ailleurs. » (Simon Leys – cité par Régis Debray)

« Recherche … la société de gens qui sont plus habiles que tu ne l’es, mais non point tels que tu ne les puisses comprendre. Il sera plus facile pour ton orgueil de te sentir d’instinct soulevé, que de voir les grands hommes descendre avec froideur vers toi. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Pour vous bien conduire, gardez-vous de réfléchir, mais suivez un mouvement d’instinct. Chacun a le sien. Saisissez-en le moment. Prenez votre parti. C’est par inspiration que vous ferez juste ce que l’on doit faire. » (prince de Ligne)

« Le dépassement de l’être n’est possible … que pour celui qui est parti d’une position assurée et a réalisé en premier lieu sa nature propre. » (Jean-Paul Lippi)

« S’efforcer de conserver soi même, chose difficile, l’esprit plus vaste que ses propres idées. » (cardinal Henri de Lubac)

« La première marque d’une personnalité authentique sera toujours de résister aux conformismes dans lesquels la société organisée cherche à la broyer. » (Alfred Fabre-Luce)

« D’autres, étant possédés d’une curiosité inquiète, passent d’objets en objets, sans s’arrêter à aucun … Il vaut bien mieux savoir peu et avoir le cœur bien réglé que de savoir une infinité de choses et se négliger soi-même. » (Mabillon)

« Quiconque abandonne ses aises pour les aises d’autrui, perd les siennes sans qu’on lui en sache aucun gré. » (Machiavel)

« Parce qu’il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre que celui qui laisse ce qui se fait pour ce qui devrait se faire apprend plus vite sa ruine que sa préservation. » (Machiavel) – Plus réaliste que cynique.

« Réduire en soi la part de comédie. » (André Malraux) – D’un expert.

« Tiens-toi ferme aux ‘comment’, et laisse dormir les ‘pourquoi’. » (Thomas Mann)

« Car sans dose d’orgueil on ne franchit ni le Rubicon ni le pont d’Arcole – certes, on échappe alors aux ires de Mars et à Waterloo, mais on ne bâtit pas non plus d’empire. L’humilité d’accueillir l’intuition, l’orgueil de se sentir capable d’agir. » (Aurélien Marq)

« Le comportement est déterminé par plusieurs classes de déterminants : la motivation est l’une d’elles et les forces de l’environnement en sont une autre … La plupart des comportements sont multimotivés (on peut faire l’amour par pur besoin sexuel, mais aussi pour se sentir fort, pour faire une conquête, gagner une affection…) … On distingue les comportements d’expression (non instrumentales) et d’adaptation (instrumentales, adaptatives, fonctionnelles, volontaristes) … L’adaptation est motivée et orientée vers un but précis, volontaire, elle implique un effort, le comportement d’adaptation est davantage déterminé par l’environnement extérieur et les variables culturelles, il est le plus souvent appris, maîtrisable et contrôlable, destiné à obtenir des changements dans l’environnement, il est un comportement de moyens (réduire la menace qui pèse sur la satisfaction du besoin), le plus souvent conscient … L’expression est relativement non motivée et non délibérée, ne nécessite aucun effort dans la plupart des cas, le comportement d’expression est largement déterminé par l’état de l’organisme, par la structure profonde d la personnalité, non appris ou libéré, non contrôlé et parfois même incontrôlable, sans objectifs spécifiques , le plus souvent non conscient. » (Abraham Maslow – considérations éparses – Devenir  le meilleur de soi-même) 

« Le terme ‘expérience paroxystique’ est une généralisation des meilleurs moments de l’existence de l’être humain : moments de joie profonde, d’extase, de ravissement, de béatitude … De tels instants découlent d’expériences  esthétiques profondes (extase créative, instants d’amour adulte, rapport sexuel parfait, amour parental…) ‘Ce qui est’ devient identique à ‘ce qui devrait être’. Les faits deviennent identiques aux valeurs … Le monde qui est devient le monde qui devrait être … les faits ont fusionné avec les valeurs … Découvrir sa vraie nature est à la fois une quête de l’idéal et une quête de ce qui est … La fusion entre faits et valeurs découle aussi de l’acceptation. La fusion est alors moins issue de l’amélioration de ce qui est , de l’amélioration de la réalité pour se rapprocher de l’idéal, que de la réduction de ce qui devrait être, d’une redéfinition des attentes afin qu’elles viennent au plus près de la réalité, donc de l’accessibilité, du rabaissement du niveau de l’idéal afin que celui-ci se rapproche de ce qui existe effectivement … ‘L’ontification’, toute activité visant une valeur de moyens (accepter un emploi pour gagner sa vie…) peut se transmuer en activité ayant une valeur de fins (aimer son travail pour lui-même…) … Les individus accomplis semblent agir au nom de valeurs ultimes, au nom de principes qui semblent intrinsèquement valables. » (Abraham Maslow – Être humain)

« Perception de la réalité, acceptation, spontanéité, centrage sur les problèmes, solitude, autonomie, faculté d’émerveillement, expériences paroxystiques (fortes expériences subjectives appelées expériences mystiques, de toutes origines), sentiment de parenté avec tous les hommes, humilité et respect, relations interpersonnelles, éthique (claire et immédiate distinction tranchée entre bien et mal), moyens et fins (claire distinction et priorité aux fins), humour, créativité, résistance à l’inculturation (détachement intérieur par rapport à l’environnement extérieur), imperfections (caractéristiques des fortes personnalités ; brusques ruptures, détermination, froideur, désintérêt du monde…),  système de valeurs et résolution des dichotomies (entre cœur et tête, égoïsme et altruisme, raison et instinct…). » (Abraham Maslow – liste de qualités d’un individu accompli)

« Celui qui ne s’est jamais mis, fût-ce une fois dans sa vie, à la place d’autrui ; qui ignore cet effort pour sortir de soi-même, pour voir ce que l’adversaire voit. » (François Mauriac)

« Il n’importe ce que vous chanterez, mais comment vous chanterez. » (Charles Maurras)

« Aimer mieux écouter les autres que de parler vous-même ; cependant, parlez à propos, évitant également comme excès, le trop parler qui empêche les autres de dire leurs pensées, et le parler trop peu qui dénote une insouciance blessante pour ce qu’ils disent. » (cardinal Mercier)

« ‘Nous sommes devenus métaphysiquement démocrates’. Nous considérons comme tyrannique toute norme que nous n’avons pas individuellement plébiscitée a fortiori si elle nous demande un effort et va à l’encontre de nos intérêts individuels. » (Philippe Meirieu – exceptionnellement – et parce que citant Marcel Gauchet)

« Il s’agit typiquement d‘un homme qui ne sait pas ordonner des choix … Son drame … c’est le manque de volonté. A désirs contradictoires, volontés faibles, velléités et finalement volontarisme de la parole et de la posture … le réformateur impuissant, incapacité profonde à agir … compensée par l’agitation perpétuelle (‘Que fait le premier ministre ? – Il s’agite’, réponse pertinente de François Mitterrand) … Dialectique de la parole et de l’impuissance. » (Yves Michaud – sur Jacques Chirac) – le comportement à fuir de celui que les Français aveuglés ont porté aux plus hauts postes pendant des décennies.

« Sentiment intuitif des choses qui ne doivent pas se faire, non seulement si l’on veut rester digne de sa propre humanité, mais surtout si l’on cherche à maintenir les conditions d’une existence quotidienne véritablement commune. » (Jean-Claude Michéa – sur la common decency, morale laïque de George Orwell) 

« Le difficile n’est pas de monter, mais, en montant de rester soi. » (Michelet)

« Dans les épreuves décisives, on ne franchit correctement les obstacles que de face. » (François Mitterrand)

« Dans un siècle qui n’était pas de tout repos (le XX°), Emmanuel Berl m’a appris qu’on pouvait avoir du cœur, être vulnérable, prendre parti, être sans cesse à l’écoute des autres, de l’événement et du monde ; et cela pendant plus de soixante ans. Et que le secret de la ‘durée’ ne consistait pas à se ménager, à s’endurcir, mais à être sans arrêt en éveil, à ne jamais cesser d’interroger,  à garder toujours une certaine curiosité, une certaine innocence. » (Patrick Modiano)

« Il n’est science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie. » (Montaigne)

« Il n’est rien si beau et légitime que de faire bien l’homme et dûment, ni science si ardue que de bien et naturellement savoir vivre cette vie. » (Montaigne)

« Quittez avec les autres voluptés celle qui vient de l’approbation d’autrui. » (Montaigne)

« De même que notre esprit devient plus fort grâce à la  communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il perd et combien il s’abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs. » (Montaigne)

« Il faut chercher l’approbation, jamais les applaudissements. » (Montesquieu)

« Chaque vertu cardinale de l’homme est pour lui une cause de solitude. L’intelligence isole. L’indépendance isole. La franchise isole. Le courage isole. La sagesse isole. » (Henry de Montherlant)

« Vous n’avez pas à être ce que vous êtes mais à être ce que vous devez être. » (Henry de Montherlant – Le cardinal d’Espagne

« Par ‘mœurs honnêtes’, j’entends surtout cette qualité d’un être, grâce à laquelle le mal le dégoûte comme une vulgarité. » (Henry de Montherlant)  

« Être en possession de soi-même, c’est être à la hauteur que l’on se fait de soi. C’est respirer à la bonne hauteur. C’est posséder et dominer sa propre existence au milieu des sollicitations de toutes sortes, pour la plupart futiles, que nous impose le monde extérieur … ‘Chercher à plaire est la pente la plus glissante vers le plus bas niveau’. » (Henry de Montherlant – par Alain de Benoist)

« J’aime que la façade ne précède pas la maison. » (Emmanuel Mounier)

« Ce besoin, sous prétexte de charité, de ne pas contredire et de ne pas  être contredit, de ne pas faire souffrir et de ne pas souffrir, de ne rien brusqué et de n’être pas brusqué, est un poison lent qui dévitalise les cœurs goutte à goutte. Ils y perdent le sens de l’affirmation, la nudité du regard et ce goût du dépaysement qui aguerrit à l’imprévu de la vie. » (Emmanuel Mounier – L’affrontement chrétien)

« Je mesure la valeur d’un homme à sa capacité de retarder ses propres réactions. » (Nietzsche)

« Ce qu’on te reproche, cultive–le, c’est ton point fort. » (Nietzsche)

 « Quelle quantité de vérité un esprit supporte-t-il ? Et quelle quantité de vérité ose-t-il ? Ce fut là pour moi la véritable toise de valeurs. » (Nietzsche)

« Il faut que nous sachions nous perdre pour un temps si nous voulons apprendre quelque chose de ce que nous ne sommes pas nous-mêmes. » (Nietzsche – Le Gai Savoir)

« Veille en combattant un monstre à ne pas devenir un monstre toi-même. » (Nietzsche)

« Ne reste pas au ras du sol

« Ne t’élève pas trop haut

«  C’est à mi-hauteur

«  Que le monde apparaît le plus beau. »  (Nietzsche – Le gai savoir)

« Le moi doit être notre œuvre d’art. » (Novalis)

« La mauvaise humeur répétée est le symptôme trop évident que quelqu’un vit à l’encontre de sa vocation. » (Ortega y Gasset)

« Très souvent la seule manière d’acquérir une qualité est de se comporter comme si vous la possédiez déjà. » (George Orwell)

« Une écriture qui soit à la fois agréable à regarder et facile à lire est devenue une rareté. » (George Orwell)

« Nous travaillons incessamment à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. » (Blaise Pascal)

« Voulez-vous qu’on croie du bien de vous, n’en dites pas. » (Blaise Pascal)

« Tout m’est permis, mais tout ne me construit pas. » (saint Paul)

« Tant que nous n’existons pas, rien ni personne n’existe en propre. Les êtres ne sont que des projections de notre aveugle avidité de nous-mêmes. Nous ne touchons que nos reflets … Sortant du rêve, alors les êtres autour de nous, en nous, cesseront de nous apparaître comme les incompréhensibles figures d’un ballet en désordre. Ils se tiendront enfin à leur place harmonieuse. Nous ne voudrons plus rien déranger. »  (un personnage de Louis Pauwels)

« Les leçons ne se donnent pas, elles se prennent. » (Cesare Pavese)

 « Il est suprêmement voluptueux de s’abandonner à la sincérité, de s’anéantir dans quelque chose d’absolu, d’ignorer tout ce qu’il y a d’autre ; mais justement , c’est voluptueux, c’est-à-dire qu’il faut cesser … Toutes les fois où je me suis laissé avoir, c’est venu de mon abandon voluptueux à l’absolu, à l’inconnu, à l’inconsistant … Je n’ai pas compris quel est le tragique de l’existence … Il faut vaincre l’abandon voluptueux, cesser de considérer les états d’âme comme des fins en soi … La leçon est : construire.. » (Cesare Pavese)

 « Avoir péché, cela veut dire demeurer convaincu que, d’une façon mystérieuse cet acte est créateur de malheur pour vous  dans l’avenir, qu’il a enfreint une mystérieuse loi d’harmonie et qu’il n’est qu’un anneau dans la chaîne de dissonances précédentes et futures. Vivre, c’est comme faire une longue addition, où il suffit de s’être trompé dans le total des deux premiers nombres à additionner pour ne plus en sortir. Cela veut dire, mettre un doigt dans l’engrenage. » (Cesare Pavese)

« L’homme s’appartient quand il ne se compare plus à aucun homme. » (Georges Perros)

« Pour être grand, sois entier : rien en toi n’exagère ou n’exclus. » (Fernando Pessoa)

« Nous ne faisons de progrès que si nous sommes prêts à apprendre de nos erreurs … au lieu d’y persévérer avec dogmatisme. » (Karl Popper)

« Demandez-vous en rentrant chez vous : Quelle faute ai-je commise ? Quel bien ai-je fait ? Quel devoir ai-je oublié ? » (attribué à Pythagore)

« Il faut faire, pour valoir quelque chose en ce monde, ce qu’on peut, ce qu’on doit et ce qui convient. » (Rivarol)

« Rien ne rend misérable comme de se conduire dans un état par les règles ou les principes d’un autre état. Un sauvage qui aurait nos lumières, un citoyen qui aurait l’ignorance du sauvage seraient également malheureux. » (Rivarol)

« Rien n’empêche tant d’être naturel que l’envie de le paraître. » (La Rochefoucauld) 

« La confiance de plaire est souvent un moyen de déplaire infailliblement. » (La Rochefoucauld)

« Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d’essayer de paraître ce que nous ne sommes pas. » (La Rochefoucauld)

« La contradiction des sentiments individuels et des idées générales est le principe même de toute humanité. On est humain dans la mesure où l’on fait entorse à ses dogmes. » (Drieu La Rochelle) – Imagine-t-on nos hystériques, haineux et haineuses, cons et connes, se poser une telle question

« Tous ceux qui, doutant d’eux-mêmes, entreprennent de chercher le salut dans un ‘modèle’ : ‘autre’ magique dont j’espère qu’il me fera échapper à mon sort, alors qu’il m’enferme inexorablement en moi-même. » (Clément Rosset)

 « L’assomption jubilatoire de soi-même, la présence véritable de soi à soi, implique nécessairement le renoncement au spectacle de sa propre image … Et c’est au fond l’erreur mortelle du narcissisme que de vouloir non pas s’aimer soi-même avec excès, mais tout au contraire, au moment de choisir entre soi-même et son double, de donner la préférence à l’image. Le misérable secret de Narcisse, une attention exagérée à l’autre … Le narcissique souffre de ne pas s’aimer : il n’aime que sa représentation. S’aimer d’amour vrai implique une indifférence à ses propres copies, telles qu’elles peuvent apparaître à autrui … A la différence du héros romantique qui ne vit que pour autant que sa vie est garantie par la visibilité de son reflet, fuir le double, objet du témoignage extérieur et garant d’existence (fictive), abandonner son image, fardeau pesant et paralysant, au profit du soi en tant que tel … L’angoisse de voir disparaître son reflet est liée à l’angoisse de savoir qu’on est incapable d’établir son existence par soi-même … Si je ne me retrouve pas en moi-même, je me retrouverai encore moins bien en mon écho. Il faut que le soi suffise, si maigre semble-t-il ou soit-il en effet … ‘On ne se refait pas’. » (Clément Rosset)

« Moins on est content de soi plus on s’abaisse. » (Maurice Sachs) – Un expert.

« Fleurir là où Dieu nous  a plantés. » (Saint François de Sales) – Contre toute agitation vaine et fébrile, suivre notre condition, notre état, notre environnement, notre lieu…

« Cherches-tu ce qu’il y a de plus haut, de plus grand ? La plante peut te l’enseigner. Ce qu’elle est sans le vouloir, sois-le en le voulant. » (Schiller)

« Nous ne sommes vraiment jamais désagréables qu’avec les personnes que nous savons ne jamais devoir perdre. » (Arthur Schnitzler)

« Je ne fais pas confiance aux  individus enthousiastes tout pleins de leur capacité à s’enthousiasmer, plus encore que de l’objet de leur enthousiasme. » (Arthur Schnitzler)

« ‘L’homme complet’ peut n’avoir qu’une faible connaissance détaillée des faits et des théories … Mais il aura de solides attache avec le ‘centre’. Il ne doutera pas de ses convictions de base, de ses idées sur la signification et le but de sa vie. Il se peut qu’il ne soit pas capable d’expliquer cela avec des mots, mais sa conduite dans sa vie traduira une certaine assurance, résultant de ses certitudes profondes … Le ‘centre’ est l’endroit où l’homme doit se créer un système ordonné d’idées sur lui-même et sur le monde, un système capable d’ordonner la direction de ses divers efforts … Dans les vrais problèmes de la vie … il s’agit toujours de triompher des contraires ou de les concilier … Les problèmes divergents qu’on rencontre dans l’existence, la conciliation des contraires (exigences de la liberté et de la discipline dans l’éducation, etc.) forcent en quelque sorte l’homme à s’élever au-dessus de lui-même. Ils requièrent que l’on fasse appel à des forces d‘un niveau supérieur, faisant ainsi entrer amour, beauté, bonté et vérité dans notre existence … Ce n’est qu’avec le secours de ces forces supérieures que, dans la vie, les contraires peuvent être conciliés. » (E. F. Schumacher) 

« Regarder non pas d’où l’on vient mais où l’on va. » (Sénèque)

« Ce n’est pas de lieu qu’il faut changer mais d’âme. » (Sénèque)

« Le chemin le plus battu, le plus fréquenté  est celui qui trompe le mieux … Gardons-nous de suivre en stupide bétail la tête du troupeau, et de nous diriger où l’on va plutôt qu’où l’on doit aller … Le pire se reconnaît à la foule qui le suit. » (Sénèque)

« Bois l’eau de ta fontaine. » (Angelus Silesius) – Sois toi-même.

– « La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu’elle fleurit.

« N’a souci d’elle-même, ne cherche pas à être vue. » (Angélus Silésius) – A imiter.

« L’œuvre qui t’est confiée n’est pas l’autre, c’est toi. » (Christiane Singer) – S’occuper d’abord de soi-même, puis de ses propres affaires.

« Il n’ y a pas de vie à plusieurs qui nous prenne si fort que nous soyons dispensés d’être nous-mêmes. »  (Pierre Sipriot)

« Sans point de départ, on ne peut pas partir. » (Peter Sloterdijk) – Même le cosmopolitisme, opposé à l’enracinement, supposerait une racine de départ, d’appui.

« Seul celui qui peut se blâmer lui-même peut se diriger lui-même. » (Peter Sloterdijk)

« Le grand art c’est de vivre au moment présent sans s’enfermer dans l’instant présent,. C’est-à-dire en ayant toujours le sentiment d’un avenir, d’un temps long, du passé, de tout cela, tout en étant pleinement dans l’instant présent. » (Marc de Smedt – sur le Zen de maître Deshimaru)

« La posture et l’esprit peuvent être en unité. Si la posture est juste, l’esprit est juste. Si la posture ne bouge pas, l’esprit ne bouge pas. Si la posture est tranquille, l’esprit est tranquille. Posture, attitude, comportement influencent l’esprit. » (Marc de Smedt)

« L’apaisement des sentiments –L’obéissance tranquille face à l’inévitable – La maîtrise de soi en présence de n’importe quel événement – L’intimité aussi grande avec l’idée de la mort qu’avec celle de la vie – Le pur détachement. » (Marc de Smedt – sur  cinq aspects du bouddhisme-zen)

« Vivre ensemble sans savoir-vivre …Les codes peuvent être responsables de formes d’exclusion sociale ou culturelle … Mais ils rassemblent tout autant qu’ils excluent, en créant du lien entre ceux qui les respectent. L’argument de la liberté d’expression, du droit de chacun de ses comporter comme il l’entend, oublie cette fonction normative, cette fonction des codes comme instrument pour renforcer la cohésion du groupe … Le relâchement des codes libère l’individu de la pression sociale et de l’obligation au conformisme en même temps qu’elle l’enferme dans un monde réduit à ses semblables … Les repas, notamment, sont un condensé des codes … ‘come as you are’ (Venez comme vous voulez). L’injonction à être cool, à faire comme chez soi, est présentée comme le droit de chacun à s’habiller, manger, parler comme il l’entend. A privilégier l’authenticité sur l’effort. A se décoincer. A ne pas juger. En réalité, de nouvelles attentes se substituent aux anciennes … Arriver dans un dîner en costume-cravate, prendre un verre pour boire sa bière, ne pas jurer toutes les deux phrases, c’est à coup sûr passer pour coincé, en français, ‘être chiant’. » (Géraldine Smith – Vu en Amérique et bientôt en France) – Nos prétendues élites peuvent-elles encore se présenter à la télévision en cravate ou avec un tailleur sobre et  élégant ?

« Ce que je me propose de faire ou de dire est-il Vrai ? Bon ? Utile ? » (le filtre ou tamis de Socrate)

« Sitôt qu’il y a une éclaircie, en marche ! … La femme de Loth fut transformée en statue de sel pour s’être retournée sur la ville qu’elle quittait … Orphée perd Eurydice en se retournant. » (Martin Steffens)

« ‘Grimpez !’ : contre tous ceux qui vous diront de ‘profiter de la vie’, de jouir sans cesse, de consommer le monde, et qui omettent par là d’honorer le sérieux que notre séjour parmi les hommes, requiert … ‘Regardez !’ : contre tous ceux qui ne voient que le côté volontariste, conquérant, de l’existence, comme si le Jugement dernier était constitué par un jury de Concours et organisé par quelque Direction des Ressources Humaines. » (Martin Steffens)

« Je crois que pour être grand dans quelque chose que ce soit, il faut être soi-même. » (Stendhal)

« Tendance des individus à voir le comportement des autres comme intentionnel, une maladresse sera interprété comme une conduite agressive ; le ‘biais d’intentionnalité’ consiste à percevoir l’action d’une volonté ou d’une décision derrière ce qui est fortuit ou accidentel, ‘Le résultat final de l’activité politique répond rarement à l’intention primitive de l’acteur, très souvent le rapport entre le résultat final et l’intention originelle est tout simplement paradoxal.’ (Max Weber). » (Pierre-André Taguieff)

« Ma vie est limitée et le savoir illimité – Vouloir atteindre l‘illimité conduit à l’épuisement –Qui aide les autres s’attire la renommée – Qui ne s’occupe que de soi est disgracieux – Seul celui qui suit la voie du milieu règle sa vie – remplit ses devoirs et atteint ses limites naturelles. » (Tchouang Tseu) 

« Ceux qui cultivent le Tao – Ne cultivent pas le devoir et la justice sociale – Mais développent d’abord leurs qualités propres – Car celui qui voit les autres sans se voir lui-même – Celui qui entend les autres sans s’entendre lui-même – Perd la clarté de sa vision – Et devient quelqu’un d’autre – Que lui-même. » (Tchouang Tseu)

« Qui cultive son sol aura du pain à volonté. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)

« Méfiez-vous des pensées, elles deviennent des mots, des mots ils deviennent des actes, des actes ils deviennent des habitudes, des habitudes elles se transforment en caractère. » (Margaret Thatcher, ou du film sur elle)

« Il est des élans qu’il faut savoir freiner d’abord afin de n’avoir pas à les feindre ensuite. » (Gustave Thibon)

« Laisse ta joie marcher à son pas naturel. L’aiguillon comme le frein la rendrait impure. » (Gustave Thibon)

« Se regarder du dehors aide à regarder les autres du dedans, à inverser le rapport entre indulgence et sévérité. » (Gustave Thibon)

« L’homme vraiment ‘libéré’ se reconnaît à ce signe qu’il se refuse plus de choses permises qu’il ne se permet de choses défendues. » (Gustave Thibon) – « Se faire l’avocat de la règle, dernière forme de la grandeur. » (Nietzsche)

« Inlassablement, rassemble-toi ; défends ton immortelle et fragile unité … Ne permets à aucune partie de toi-même d’agir et de marcher seule. Avance plus lentement s’il le faut, mais avance tout entier. Séparée de l’esprit, la chair pourrit, mais l’esprit sans la chair pâlit comme une fleur déracinée et devient fantôme. » (Gustave Thibon)

« Tu es maître de ton bateau, pas du vent. » (Henry David Thoreau)

« Méfiez-vous de toutes les entreprises qui requièrent un nouveau costume. » (Henry David Thoreau) – Il n’est peut-être pas taillé pour vous.

« Le seul moment important, c’est maintenant – La personne la plus importante est celle avec laquelle on est maintenant – La tâche la plus importante est de se conduire, harmonieusement, avec cette personne. » (Léon Tolstoï)

« Je dis aux enfants d’une école : Ecrivez chaque jour quelques lignes dans un gros cahier. Non pas un journal intime consacré à vos états d’âme, mais au contraire un journal dirigé su le monde extérieur, ses gens, ses animaux et ses choses.  Et vous verrez que de jour en jour, non seulement vous rédigerez mieux et plus facilement, mais surtout vous aurez un plus riche butin à enregistrer. Car votre œil et votre oreille apprendront à découper et à retenir dans l’immense et informe magma des perceptions quotidiennes ce qui peut passer dans votre écriture. De même que le regard du grand photographe cerne et cadre la scène qui peut faire une image. » (Michel Tournier – Journal extime)  – C’était avant qu’on ne leur mette des écrans en mains, quand on pensait encore à les cultiver. 

« Un voyage de mille lieux commence par un pas. » (Lao-Tseu)

« Détournez-vous de  ceux qui vous découragent de vos ambitions. C’est l’habitude des mesquins … » (Mark Twain)

« Quand l’insurgé commence à croire qu’il lutte pour un bien supérieur, le principe autoritaire cesse de vaciller. L’humanité n’a jamais manqué de raisons pour faire renoncer à l’humain. A tel point qu’il existe chez certains un véritable réflexe de soumission, une peur irraisonnée de la liberté, un masochisme partout présent dans la vie quotidienne. Avec quelle amère facilité on abandonne un désir, une passion, la part essentielle de soi. Avec quelle passivité, quelle inertie on accepte de vivre pour quelque chose, d’agir pour quelque chose, tandis que le mot ‘chose’ l’emporte partout de son poids mort. Parce qu’il n’est pas facile d’être soi, on abdique allégrement ; au premier prétexte venu, l’amour des enfants, de la lecture, des artichauts… » (Raoul Vaneigem)

« Celui qui s’impose à soi-même impose à d’autres. » (Vauvenargues)

« Ne pas se plaindre, conserver pour soi ses peines, ne pas étaler ses sentiments, ses humeurs, ses états d’âme, ses drames affectifs ou gastriques. S’interdire de parler d’argent, de santé, de cœur et de sexe, tout le contraire de ce qu’étale l’exhibitionnisme actuel … Gardez pour vous peines et tracas, ceux du cœur, ceux du corps, du travail ou des fins de mois difficiles. Vous y gagnerez d’être estimé pour votre discrétion et l’agrément que procure votre compagnie. » (Dominique Venner)

 « Être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre. Dans les revers ne jamais se poser la question de l’utilité de la lutte. » (Dominique Venner)

« Quand on vit dans la compagnie de personnages qui ont de la noblesse, si l’on n’a pas l’âme basse, on en reçoit une impulsion. » (Dominique Venner)

« Il faut savoir ne pas donner de l’intérêt à ce qui n’en vaut pas la peine. L’indifférence à soi est, à cet égard, salutaire. L’indifférence au monde l’est aussi, quand celle-ci s’adresse au bruit que le monde fait pour se faire remarquer. Certaines choses se traitent avec le mépris … vivifiante distance. » (Bertrand Vergely) 

« Dans le tragique carnaval de la vie, l’honneur de l’homme est de ne pas trahir  ‘les promesses absolues que la récréation de quatre heures fait aux écoliers chimériques et que la vie ne tiendra pas.’ » ( Alexandre Vialatte – cité par Bruno de Cessole)

« Pour bien diriger, il faut d’abord savoir se diriger soi-même … Chacun doit être son propre chef avant de prétendre être celui d’un autre. »  (Pierre de Villiers) – Pensait-il à François Hollande sous son casque de motard ?

« J’ai observé autant de talents sous-exploités par excès de frilosité que de capacités survalorisées par un excès de confiance. » (Pierre de Villiers)

« Les difficultés que nous avons avec notre prochain viennent plutôt de nos humeurs mal mortifiées que d’autre chose. » (saint Vincent de Paul)

« Soyez gaie… acquiescez aux événements contrariants, adorez la Providence, suivez-la, ne l’enjambez pas…. » (saint Vincent de Paul) – Bon conseiller de prudence et sagesse.

« Ferme et invariable pour la fin, doux et suave pour les moyens. » (saint Vincent de Paul)

« S’appliquer de bonne heure à acquérir des biens qui fussent de telle nature que, s’il arrivait quelque naufrage, ces biens pussent en quelque sorte nager avec le naufragé et le suivre à terre, parce que l’on ne doit compter dans la vie que sur ce qui n’est point assujetti aux chances de la fortune, au renversement des républiques et aux malheurs de la guerre. » (Vitruve, sage romain – cité par Michel Onfray)

« Il est donné à très peu d’esprits de découvrir que les êtres et les choses existent. » (Simone Weil)

« Qu’est-ce que la culture ? Formation de l’attention. » (Simone Weil)

« Vise à être aimé sans être admiré. » (Ludwig Wittgenstein)

 « Un homme est prisonnier dans une chambre dont la porte n’est pourtant pas verrouillée, si celle-ci s’ouvre vers le dedans et qu’il ne lui vient pas à l’idée de tirer au lieu de pousser. » (Ludwig Wittgenstein) – Ainsi nous laissons-nous piéger pendant des années et plus encore par manque de recul, imagination, réflexion…

« Qui veut atteindre les sommets, doit partir de la plaine et qui veut aller loin, doit commencer par faire un premier pas … Pour monter haut il faut partir de tout en bas, pour aller loin, il faut traverser ce qui est près … La vertu  a un accès aisé et le caractère est susceptible de développement … La vie morale peut être comparée à un lointain voyage ; il faut commencer par traverser les régions voisines … il faut commencer par gravir les pentes inférieures. » (Lin Yutang à propos de Confucius) 

« Les choses ont une base et une structure et les événements ont un commencement et une fin. C’est pourquoi connaître la suite logique ou l’ordre relatif des phénomènes, c’est le commencement  de la sagesse … Ceux qui désiraient ordonner leur vie nationale commençaient par régler leur vie de famille. Ceux qui désiraient régler leur vie de famille cultivaient leur vie intérieure, etc. … Tous doivent envisager la culture de la vie intérieure comme la racine ou la base de l’univers. Là où la racine est mauvaise ou la base branlante, il ne peut y avoir de pousse robuste, ni de construction solide. Jamais un arbre au tronc maigre et chétif ne porte à son sommet des branches fortes et vigoureuses. » (Lin Yutang – à propos de Confucius)

« Ce qui importe, c’est d’être disposé à penser par soi-même et à dire ce qu’on pense. » (Théodore Zeldin)

« Aimez-vous, acceptez-vous, qu’une conversation modifie votre opinion ? » (Théodore Zeldin) – Question clé.

« Comment voulez-vous que je puisse vous enseigner quelque chose puisque votre esprit est semblable à cette tasse (débordante). Vous êtes venu avec un esprit trop plein de choses.  Non pas pour apprendre, mais pour critiquer, pour discuter. Donc je ne peux rien vous enseigner. » (un maître Zen – cité par Dominique Venner) – tels sont nos contemporains.

« Rien de ce qu’on a fait avec un dévouement passionné ne l’a été pour rien. » (Stefan Zweig)

« Bonnet rond et souliers carrés. » – Symbolique de la tenue des mandarins chinois (s’il en reste !) – Les pieds, membres terre à terre, et le carré symbole universel de l’existence concrète, matérielle, soi dans le monde. La tête, siège de l’esprit, et le cercle symbole universel du Ciel, de la philosophie, de la réflexion, de la religiosité, autre, plus et ailleurs que le petit moi. Les deux dimensions de l’Être.

« Un homme sans esprit se connaît à six sortes de marques : en ce qu’il se fâche sans sujet, en ce qu’il dit des paroles qui ne servent à rien, à ce qu’il se fie  à toutes sortes de personnes, à ce qu’il change lorsqu’il n’a pas lieu de changer, en ce qu’il s’embarrasse de ce qui ne le regarde pas, et en ce qu’il ne saurait faire le discernement d’un ami d’avec un ennemi. » (maxime orientale)

« Hâtez-vous mais lentement. » (dicton) – « Doucement, je suis pressé. » (Talleyrand à son cocher)

« A Rome, on fait comme les Romains. » (adage)

« En partant, laisser le monde un peu meilleur qu’on ne l’a trouvé en arrivant. » ( ? promesse scoute ?)

« Ne lance pas une flèche que tu ne puisse retrouver. »(proverbe)

« On compte les défauts de qui se fait attendre. » (proverbe)

« Le onzième commandement : mêlez-vous de vos affaires. » (proverbe)

« Fuis la compagnie où tu ne peux rien apprendre de bon. » (proverbe)

« Que chaque renard prenne soin de sa queue. » (proverbe)

« La flèche tirée ne revient jamais. » (proverbe) 

« Pierre qui roule n’amasse pas mousse. » (proverbe)

« Si les chiens t’attaquent, n’appelle pas les loups à ton secours, frappe les chiens, mais n’appelle surtout pas les loups. Car lorsque les loups auront chassé les chiens, ils te dévoreront. » (proverbe russe)

« Persister dans son être au-delà de la diversité de ses étants. » (?) 

« Rien n’est banal au monde, tout dépend de notre regard. » (?)

« Ne côtoyez pas le monde que comme contemporain de vous, des idées de votre lieu et de votre époque, il est espace vous le savez, mais il est temps aussi. » (?) 

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– Quelques préceptes :

« Aller toujours vers plus de simplicité. »

« Non pas ‘que’ faire, mais ‘comment’ agir. »

« Va laver ton bol. » disait le maître Zen au novice questionneur – Nos affaires avant les théories philosophiques, le prochain avant l’humanité, le présent avant l’avenir. Redécouvrir les gestes et les besoins élémentaires de l’existence.

Attitudes d’un fâcheux : « Arriver dans une réunion sans y être invité – S’asseoir à la table d’autrui sans en être prié – Rire quand les autres pleurent – Se mêler à une dispute qui ne le regarde point – Prendre une place qui n’est pas la sienne – Donner un conseil sans qu’on le lui demande – Accoster des gens qui ne se soucient point de sa compagnie – Demander avec importunité – Ne savoir pas finir ses discours – Ne pas savoir s’en aller – Dévoiler le secret d’autrui. » – Questionner quelqu’un et ne pas même attendre sa réponse pour papillonner ailleurs en lui tournant même le dos (pratique des réunions mondaines).

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Ci-dessous, extraits simplifiés et remanié de l’ouvrage de  Mark Hunyadi, l’homme en contexte (ouvrage fort difficile)

« – Contexte primaire : contexte directement à notre portée en tant qu’il est vécu- Contexte pratique : ensemble des connexions pratiques (actions et habitude acquises)  assurant concrètement notre relation au monde, imposant des manières de faire et d’être – Contexte causal :  facteurs déterminant nos conditions d’existence, déterminant notre contexte pratique – Contexte objectif :  étendue structurée en horizon qui englobe et dépasse tous les contextes à ma portée – Contexte d’arrière-plan : fonds culturel, réserve culturelle, nébuleuse alimentant notre réserve de sens, sans efficacité (sauf symbolique) sur le vécu des acteurs  … L’immense continent obscur de l’arrière-plan contextuellement déterminé des pratiques non réfléchies que présupposent les moindres de nos activités courantes ; marcher sur un trottoir, faire du vélo, tourner une clef dans une serrure (savoir que cela fonctionnera, confiance primaire…) … Stock de savoir … La nécessaire immersion de tout être humain dans un contexte (quelqu’un qui aujourd’hui défendrait l’esclavage passerait pour fou) … Une règle morale qui ne serait pas applicable à son contexte serait simplement dépourvue de signification morale …  Le contexte (notre monde historiquement constitué) est le grand oublié de la philosophie morale … Nous sommes enchâssés dans un contexte pratique qui est le sol de toute expérience possible, de l’agir, du sentir, du pâtir, du parler, du connaître … Contexte objectif au-delà de mon horizon effectif (mon contexte primaire , celui à ma portée) façonnant mon agir, etc. autant que j’agis, etc. … Nos actions de tous les jours où se vit notre connexion pratique au monde et se déploie notre confiance primaire sont déterminées par le vaste contexte causal qui les sous-tend (retirer de l’argent à un distributeur manifeste adhésion à un système indépendant mais imposant une autorité pratique) beaucoup plus étendu que mon contexte primaire (à ma portée) … Brisure du rapport au contexte, réflexion déclenchée par une dissonance, par un dérangement dans le train-train de l’habitude, par un événement déclencheur perturbateur (surprise, déception, désir insatisfait, intention inaboutie, situation inédite) … Changement de régime de conscience, prise de distance réflexive, changement de régime (au sens du régime d’un moteur), de la somnolence à la vigilance, de l’inattention à l’attention, de la dissipation à la concentration, de l’abstention à l’intervention … Changement du mode de relation à la parcelle de contexte considéré … L’événement ne prend son sens d’événement que sur le fonds d’un horizon de référence au nom duquel la réflexion est déclenchée. » 

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Ci-dessous quelques extraits du livre de Jean-Léon Beauvois et Robert Vincent Joule : Soumission et idéologies, psychosociologie de la rationalisation. Etude de la théorie de la dissonance cognitive  par laquelle l’individu cherche à être conséquent avec lui-même (évitement, négligence, déformations d’informations incompatibles avec son système de croyances) -Tendance à nous convaincre nous-mêmes que nos actions et nos raisonnements ont une justification rationnelle, même quand ce n’est pas le cas .

Note : Que les auteurs soient Jean-Léon Beauvois seul ou  associé à Robert-Vincent Joule : Les influences sournoises (rubrique 435, 2 Désinformation) – Deux ou trois choses que je sais de la liberté rubrique 475, 1 Liberté) – Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (rubrique 195,1 Décision)  – La soumission librement consentie (rubrique 005,2  Engagement) – Soumission et idéologies, psychosociologie de la rationalisation (rubrique 140, 1 Comportement), les sujets abordés sont très proches et souvent se recoupent ; il s’agit, de succinctement formulé,   comment et pourquoi nous agissons, sous quelles influences. Il faudra donc naviguer si on veut disposer d’une vue à peu près complète (du moins selon ce que j’ai compris et retenu).

« La dissonance n’est pas un écart par rapport à une norme, mais un état de tension déclenchant les réponses susceptibles de le réduire … L’évolution vers la consistance résulterait surtout d’un processus de justification a posteriori des choix exercés (professionnels….) par de nouvelles valeurs. C’est ce processus que nous avons appelé ‘rationalisation’ … La conduite semble précéder l’idéologie plutôt que d’en être la conséquence … Le caractère intolérable de l’inconsistance. Les individus ne supporteraient que très difficilement d’être par leurs discours ou leurs conduites les porteurs d’idées ou de valeurs contradictoires … L’inconsistance pouvant survenir soit suite à l’exposition d’informations nouvelles et inattendues, soit suite à l’émission d’une conduite jugée jusqu’alors comme peu probable, en désaccord avec un système de valeurs … Cette inconsistance étant appelée par Léon Festinger, le créateur de la théorie, comme ‘dissonance cognitive’ … Des relations de dissonance entre deux relations cognitives (ex. : catholique , prônant une politique nataliste et usant de contraception) sera ressentie comme inconfortable, désagréable et orientera vers l’élimination ou la réduction de l’état d’inconsistance ; notamment en ‘évitant les situations et les informations susceptibles de l’augmenter’ (Léon Festinger) … Il semble plus facile de réduire la dissonance (soit de rationaliser la conduite) en modifiant les cognitions privées (idées, valeurs, attitudes, en bref idéologie) – plutôt que la conduite. Cette réduction n’a pas pour fonction de  réduire les incohérences cognitives, mais seulement de rationaliser le comportement … La production par les agents sociaux de valeurs justifiant leur rôle, trouve son origine dans la pratique concrète de l’exercice du pouvoir (assujettissement idéologique) … Le comportement de soumission réalisé, l’homme l’assume dans la rationalisation … dont les idéologies peuvent procéder de la justification de conduites qui lui ont été extorquées. »

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Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés du livre de Jean-Léon Beauvois, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social.

 « Les gens déclarés libres par un agent de pouvoir et ayant accepté de faire à la requête de cet agent quelque chose qui s’avère contraire à ce qu’ils auraient spontanément fait (contraires à leurs valeurs, à leurs motivations, à leurs objectifs ou intérêts du moment) … ont tendance à produire des idées ou des attitudes qui … en viennent à justifier ce qu’ils ont fait (effet dit de ‘rationalisation’, qui est bien le produit d’une soumission rendue paradoxale par la liberté libérale) … C’est en effet par la position de soumis, position impliquant notre obéissance, que nous optons généralement lorsqu’on nous déclare ainsi libres. … Ce choix de position détermine la rationalisation, qui fera apparaître un illusoire choix d’acte comme rationnel.  »

 « Le pouvoir d’une personne A est ce qui permet à cette personne A d’obtenir d’autrui qu’il fasse quelque chose qui convient à un titre ou à un autre à A et qu’autrui n’aurait pas fait sans l’intervention de A et l’usage de son pouvoir … Vu sous l’angle de la relation chacun disposant de quelques cartouches pour obtenir quelque chose d’autrui  entre deux personnes …  le pouvoir est nettement plus distribué (la mine et l’attitude des étudiants influant sur le professeur, les demandes bénignes de la concierge…). » (inspiré de Robert Dahl)

 « La liberté des anciens est la liberté de participer au traitement décisionnel des affaires des groupes auxquels on appartient … La liberté des modernes est la garantie d’être tranquille chez soi, dans son cocon, pour y jouir tranquillement de leur ‘indépendance privée’,  pour y faire et penser ce que l’on veut, indépendamment de ce que l’on est et fait dans la vie sociale (distinction de Benjamin Constant) … L’attirance des valeurs individualistes, se départir des influences malsaines venues du social … Le pouvoir social est à l’œuvre  dans l’univers organisationnel … Coupure libérale entre le politique (dans lequel s’épanouiraient nos libertés) et le civil , l’existence sociale (dans laquelle nous sommes le plus souvent soumis) … Nos organisations (usines, hôpitaux, écoles, prisons, armée…) ne sont pas démocratiques … Les organisations placent les gens sous l’emprise de structures de pouvoir qui n’ont rien de démocratique … Les attitudes de ceux-ci ne sont que de très piteux prédicteurs de leurs comportements … Leur image n’est certainement pas celle d’individus libres donc consistants, se comportant dans la vie sociale dans le sens de leurs attitudes affichées … Seuls les votes sont assez bien prédits par les attitudes politique (précision  des sondages).. Pourquoi ? En raison de l’isoloir,  lieu quasiment magique, anti-situation du point de vue social, réalisant une sorte d’apesanteur sociale dont nous ne jouissons la plupart du temps que dans les fantaisies douces et paisibles qui permettent de s’endormir, où on rencontre l’individu de nos rêves, celui qui se comporte exactement comme il a prévu de le faire … Les pratiques consommatoires reflètent encore une relative consistance entre les attitudes et les comportements (justifiant ainsi la publicité) … Mais nous ne sommes pas que des électeurs ou des consommateurs … Dans d’autres situations où pèsent de multiples déterminations, où le social se réalise presque toujours à travers l’exercice du pouvoir social par les uns et la soumission à cet exercice par les autres   (enfants, élèves, étudiants, travailleurs, tout personnel, militaires, retraités en institution, malades, touristes, et même quelquefois épouses…), les attitudes (croyances, opinions, valeurs…) s’avèrent fort peu prédictives d’un comportement donné. »

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  • Ci-dessous extraits des 19.600 pages du journal de Henri-Frédéric Amiel « Cet homme qui s’est amputé de la vie pour consigner tout à son aise l’image de cette vie. » (Edmond Jaloux). Formidable exemple de lucidité en même temps que d’absence de volonté et de mésestime de soi. En espérant qu’aucun de mes lecteurs ne se retrouvera dans cette analyse impitoyable.                                                                                                                                          

« Ce journal représente la matière de quarante-six volumes de trois cent pages. C’est ce journal qui me permet de résister au monde hostile, à lui seul je puis conter ce qui m’afflige ou me pèse. Ce confident m’affranchit de beaucoup d’autres. Le danger c’est qu’il évapore en paroles aussi bien mes résolutions que mes peines ; il tend à me dispenser de vivre, à me remplacer la vie.  Il ne sera utile à personne et même pour moi il m’aura plutôt servi à esquiver la vie qu’à la pratiquer.» (Henri-Frédéric Amiel) – Lucidement. Discernant bien le Péril de tout journal intime.

 « Le désir et la volonté caractérisent les mâles : j’ai comme perdu mon sexe … je ne compte sur rien … Doute profond, isolement amer, apathie aride … Ma nature s’ingénie à faire le désert autour d’elle, et ne peut souffrir le désert … Elle découvre et accumule toutes les raisons de ne pas agir, et ne peut se consoler de l’inaction … Elle fuit ce qui l’attire … Ennuis, remords et regrets m’ont toujours fermé l’accès du désir … Je doute parce que je refuse de conclure, d’affirmer, de résoudre, et que je crains toujours d’être dupe … Pour n’être pas refusé par la destinée, je ne lui ai rien demandé. Pour n’être pas humilié, je n’ai rien voulu. Pour n’être pas vaincu, je n’ai pas lutté. Pour ne pas me tromper, je n’ai rien affirmé et je n’ai pas choisi. Pour rester indépendant, j’ai abdiqué toute ambition et renoncé à tout pouvoir … Pour n’être pas mal, j’essaie de n’être pas … La peur d’aboutir me met à l’affût de tous les vetos … Fortune, passion, pouvoir, gloire, bonheur ne me paraissent pas vraisemblables et accessibles pour moi … Le silence se fait sur toi, tu ne remues pas plus le sol qu’un mort … je ne sais rien conclure, rien faire, rien vouloir … Indolence … Goût à méditer sur ses propres privations, à savourer ses amertumes, à prendre possession de ses ennuis … Incurie … Mollesse, plus de nerf, de ressort, de vigueur, de mordant, de volonté … Tout a diminué chez toi, tout a baissé … Enchaîné par des fils d’araignée, mangé par des futilités, annulé par l’habitude de l’ajournement … Ne me croyant nécessaire à rien ni à personne, me sentant remplacé partout… Ton idole, c’est l’abstention, la démission, l’irresponsabilité … Cache-toi, ne bouge pas, reste où tu es, contente-toi du calme … Peut-on aventurer tout son avenir sur une seule possibilité ? … Faiblesse, inconstance, lâcheté devant l’inconnu … Toujours commencer, ne jamais finir … Tu t’es coupé les ailes … Homme de  peu de foi … Avec plus de dureté, je n’aurais pas perdu ma vie … ‘L’homme trop circonspect manque sa destinée. Il laisse fuir l’instant … Et l’enfant se réveille avec des cheveux blancs’ … … … Je ne fais qu’aller et venir, errer, ajourner, projeter, muser, bricoler, baguenauder, sans but, sans espoir, sans idée, sans dessein … Langueur, inquiétude, inconstance, découragement … Songer à carrière, renommée, bonheur, succès t’a toujours paru avilissant … ignoble comme l’est l’intérêt personnel … J’ai eu plus de cœur que de volonté … De ceux qui perdent tout en raffinant tout … Comment prendre un parti irrévocable, quand on ne sent ni opiniâtreté ni persévérance ? … Il me faudrait du bon sens pour renoncer à tous les rêves et de la décision pour prendre un parti et passer à l’exécution … Je n’ai pas su identifier la générosité ni la sagesse… discerner … Du désir d’agir correctement et sans faute naît chez moi l’immobilité … Le parfait seul me contente, c’est pourquoi je m’abstiens … Tout obstacle qui me dispense d’agir rencontre une certaine complicité dans le fin fond de mon cœur. »

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Selon Nietzsche, sont des traits aristocratiques (l’aristocratie ne se confond pas avec une classe, telle la noblesse, ni strictement avec une élite, qui peut être composée de dominants sans scrupules ni envergure – Même s’il peut y avoir des recoupements et avec la première et avec la seconde).

« Le soin du détail extérieur, l’apparence de frivolité dont use la maîtrise de soi pour se défendre des curiosités indiscrètes, la lenteur du geste et du regard, le refus des honneurs médiocres, la conviction que les cœurs ne peuvent guère communiquer, la certitude d’avoir des devoirs, sentir que l’on a toujours quelque chose à distribuer, le goût de la forme, la méfiance envers toutes les manifestations de laisser-aller, la conviction que la politesse est une vertu, le pouvoir d’oubli de préférence au pouvoir du pardon, l’amour de la naïveté et la faculté d’émerveillement, le scrupule devant les généralisations hâtives, la capacité de supporter de longues inimitiés, le dégoût de la démagogie, de la familiarité triviale, de la vulgarité, le goût du travail bien fait, se sentir de plain-pied avec la vie tout en gardant ses distances, être convaincu que le savoir-vivre et le savoir-mourir ne font qu’un » On peut parler aussi de « loyauté, courage, bravoure, contrôle de soi, sens de la décision, amour du défi, goût de la rigueur, de la contrainte sur soi, la volonté, la rectitude. » (Alain de Benoist – évoquant l’honneur)

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– Ci-dessous, quelques petits extraits simplifiés difficilement classables ailleurs d’un livre de Baltasar Gracian : Le héros (au sens grandeur, homme supérieur… donc mieux placé ici qu’à la rubrique du même nom).

Malgré la police de caractères, il s’agit ci-dessous d’extraits, de citations ou quasiment.

 . Se rendre impénétrable sur l’étendue de sa capacité. Afin de conserver l’admiration publique, ne jamais se montrer aux hommes tout entier, entretenir leur attente et ne la point épuiser. L’homme que personne ne peut approfondir reste toujours comme dans une région inaccessible à la dépendance.

. Ne point laisser connaître ses passions. Il n’y a point de différence entre laisser apercevoir sa passion, et prêter des armes pour qu’on se rende maître de nous. Alexandre flétrit sa gloire par l’excès de ses emportements. L’apanage des grands hommes est de savoir se commander. Une saillie échappée … peut mettre de niveau le héros avec l’homme du commun (Voir « Casse-toi pauvre c.. »)

. Le caractère d’un héros. Un jugement solide et sûr, le tribunal de la prudence où tout s’examine et se règle. Un esprit tout de feu, la vivacité de pensée et d’expression. La décision de Salomon dans l’affaire de la dispute des mères fut aussi prompte que judicieuse.

. Le caractère du cœur. Les grands effets sont produits par une cause qui leur est proportionnée et les actions extraordinaires ne sauraient partir que d’un cœur qui le soit aussi. Un cœur grand, bien loin de s’enfler des plus étonnants succès, soupire sans cesse après d’autres, loin de se repaître de sa gloire acquise … loin d’être affaibli par les disgrâces et les revers. Le refus de la vengeance, l’épreuve décisive d’un cœur héroïque.

. Avoir un goût exquis. Un esprit élevé ne s’allie point avec un goût médiocre. Il examine et apprécie le juste prix des choses … les estime ce qu’elles valent. Si le penchant va aux petits objets, c’est un pronostic presque sûr qu’il n’y aura jamais de noblesse, de grandeur dans l’âme. L’excès dans la louange est un défaut de politesse et de bon sens.

. La manière en tout. C’est toujours elle qui s’offre d’abord à nous : elle est le dehors, la marque, le signe et comme l’annonce de la chose … C’est un attrait auquel on ne résiste point … Elle mêle à un refus tant de choses obligeantes, qu’on ne le sent presque pas ; et qu’on l’aime mieux qu’un bienfait accordé de mauvaise grâce. Elle modifie tellement un reproche qu’il participe autant de la louange que de la réprimande. 

. Exceller dans le grand. Préférer les qualités éclatantes à celles qui frappent moins. Tout talent ne mérite pas de l’estime … Tout emploi n’attire pas de crédit. Exceller en une chose vulgaire de sa nature, c’est être grand dans le petit.

. L’avantage de la primauté. Les grands génies refusent la gloire aisée et comme subalterne de l’imitation … ils osent entreprendre de devenir eux-mêmes des modèles.

. Ne rien faire et ne rien dire lorsqu’on a la fortune contre soi. La chance, les circonstances, le sort, sa propre estime de soi…

. Savoir se retirer avant que la fortune se retire. La prospérité n’est qu’un état passager. Au jeu, le plus habile est celui qui sait se retirer sur son gain. L’heure de l’adversité viendra, en retrancher d’avance l’occasion. Une belle retraite à la guerre fait autant d’honneur qu’une fière attaque.

. Se concilier l’affection de tout le monde. C’est peu de gagner l’esprit si l’on ne gagne pas le cœur ; mais c’est beaucoup de savoir se concilier tout ensemble et l’admiration et l’affection. Tous les cœurs enchantés volent après un héros populaire et bienfaisant. Ces hommes (le corps des gens de lettres célèbres) sont comme les organes dont la renommée a besoin pour  se faire entendre. – Les média aujourd’hui, mais moins talentueux et plus soumis.

. Le je ne sais quoi. Indéfinissable. Le lustre du brillant, l’assemblage de parties d’où il résulte un tout engageant. Le je ne sais quoi de majestueux et de grand, d’aimable et d’honnête, de fier et de gracieux, de vif et de doux, joints à l’aisance et à la facilité.

. L’ascendant naturel. Une souveraineté naturelle qui impose, je ne sais quelle assurance qui attire du respect, et qui se fait obéir. Un homme qui fait plus, d’un regard ou d’une parole, que les autres ne font avec tout l’étalage de leur éloquence.

. Renouveler de temps en temps sa réputation. D’heureux commencements, caution et garantie pour l’avenir. Que la première démarche … soit digne d’applaudissements, présomption pour toutes les autres, il faut tâcher de la marquer par quelque chose de frappant. Un mauvais début forme un préjugé, qui tient presque toujours contre les suites. Le mérite accompli perd beaucoup à se montrer trop souvent. Faire voir, par intervalles, de nouvelles preuves de son mérite. L’habileté est de savoir en suspendre, et à en faire reparaître à propos les effets.

. Toutes les belles qualités sans affectation. La vertu doit être en nous, et la louange doit venir d’autrui. L’affectation mêle toujours un défaut au mérite, et ce mélange produit un rabais. Avoir les yeux fermés sur ce qu’on est, c’est l’infaillible moyen de les ouvrir à tout le monde.

. L’héroïsme sans défaut. Un grand homme qui ne laisserait rien à reprendre de lui ; quelque légère faute échappée à dessein lui est nécessaire pour contenter l’envie, pour repaître la malignité d’autrui.

« N’être point homme de la première impression. Quelques uns se marient si follement avec la première information, que toutes les autres ne sont plus que des concubines. Il faut donc laisser une place vide pour la révision, garder une oreille pour la partie adverse, une porte ouverte pour la seconde et la troisième information. »

– Autres conseils de Baltasar Gracian (L’homme universel).

« Se rendre toujours nécessaire. Faire en sorte d’être toujours nécessaire. »

« Savoir se faire regretter. »

« Traiter avec ceux de qui l’on peut apprendre … Traiter toujours avec des gens soigneux de leur devoir … Ne s’engager point avec qui n’a rien à perdre … N’être point trop prompt à s’engager ni à engager autrui. »

« N’avoir point de tache … Parce qu’il ne faut qu’un nuage pour éclipser tout le soleil. »

« Savoir refuser. Tout ne se doit pas accorder, ni à tous. Savoir refuser est aussi important que savoir octroyer. »

« Faire tout comme si l’on avait des témoins. »

« Savoir attendre. »

« Être pénétrant et impénétrable. »

« Ne pas trop se prodiguer. »

« Garder empire sur son humeur. »

« L’esprit de politesse et d’ordre. »

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  • Extraits du Breviarum politicorum (1683) du cardinal Mazarin

D’abord cinq préceptes : Simule – Dissimule – Ne fais confiance à personne – Dis du bien de tout le monde – Prévois avant d’agir.

 – Agis avec tous tes amis comme s’ils devenaient devenir tes ennemis.

– Dans une communauté d’intérêts, le danger commence quand un des membres devient trop puissant.

– Quand tu te soucies d’obtenir quelque chose, que personne ne s’en aperçoive avant que tu ne l’aies obtenu.

– Mieux vaut subir un léger dommage que, dans l’espoir de grands avantages, faire avancer la cause d’un autre.

-Il est dangereux d’être trop dur en affaires.

– Mieux vaut le centre que les extrêmes. (Approcher, s’attacher le souverain est mieux que de se préoccuper de son entourage)

– Tu dois tout savoir sans rien dire, être gracieux avec chacun sans donner ta confiance à personne.

– Le bonheur, c’est de rester à égale distance de tous les partis.

– Garde toujours quelque méfiance à l’égard de chacun et sois convaincu qu’ils n’ont pas meilleure opinion de toi que toi des autres.

– Quand un parti est nombreux, même si tu n’es pas de ce parti, n’en dis pas de mal.

– Méfie toi de ce que vers quoi te portent tes sentiments.

– Quand tu fais un cadeau ou quand tu donnes une fête médite ta stratégie comme si tu partais en guerre.

– Ne laisse pas plus facilement approcher un secret que tu ne laisserais un prisonnier décidé à t’égorger approcher de ta gorge.

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  • Ci-dessous quelques remarques, approximativement rédigées, tirées de l’ouvrage d’Arthur Koestler, Le yogi et le commissaire.

 « L’essence du conflit est entre le Yogi et le Commissaire, entre les conceptions fondamentales de la transformation par l’Extérieur et de la transformation par l’Intérieur. Il est facile de dire qu’il faut faire la synthèse entre le Saint et le Révolutionnaire ; mais on ne l’a encore jamais réalisée … Le Commissaire fixe son énergie émotive sur les rapports entre l’individu et la société, le Yogi sur les rapports entre l’individu et l’univers … Pouvoir d’action et pouvoir de communion … L’attitude prométhéenne du XX° siècle et le mysticisme, le romantisme, le crépuscule, l’irrationnel … Il est apparemment difficile d’avoir, en même temps, la fenêtre ouverte et les pieds dans le baquet d’eau chaude … Si interrogation, et parfois revirement, dans l’attitude il y a, c’est à la suite de quelque prise de conscience de l’inefficacité, de l’échec, de lassitude, et même de dégoût … Oscillations pendulaires dans la psychologie des masses (histoire) comme chez l’individu qu’on pourrait comparer au rythme du sommeil et de la veille … La méthode chrétienne conformait la société à l’ordre divin, et visait au changement par l’Intérieur ; la nouvelle méthode voulait réaliser une société mathématiquement parfaite, et visait au changement par l’Extérieur … par l’activité et non par la passivité, la domination et non la soumission, la brutalité et non la douceur, le calcul et non l’inspiration. Le Saint cède la place au Révolutionnaire … Dieu était à la fois explication et protection. Le déterminisme scientifique n’a englobé que la première, agissant ‘d’en bas’, la destinée n’était pas capable d’assurer la protection de l’homme par un pouvoir paternel … Le contemplatif voit d’en haut  et néglige les relations complexes sur les plans horizontaux (lui conférant l’attitude d’un naïf, d’un amateur et souvent d’un toqué) ; l’éthique du commissaire a pour résultat la justification des moyens par la fin, à l’opposé du quiétisme le danger de l’enthousiasme fanatique (à quel moment le bistouri du guérisseur devient-il la hache du boucher ?)

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– La remarque suivante aurait pu être placée avec les rubriques sur l’amitié,  la victime, ou encore avec la sous-rubrique sur le lynchage.

On compromet une carrière sur une erreur de comportement d’une heure, de quelques jours… j’en aurais des exemples privés ; un seul, public mais exemplaire.

Monsieur Nicolas Sarkozy s’est « cramé » en une semaine en allant festoyer au Fouquet et en partant en vacances sur un yacht le lendemain de son élection. Les média, propriétés des milliardaires gauchistes qui le haïssent, tout en faisant discrètement bien pire, ne l’ont pas loupé et ont entamé un hallali qui a duré cinq ans sur le même thème aussi médiocre que porteur.

Lui ne pouvait plus rien faire, on offrait chaque matin un magnifique bouc émissaire à la meute des bobos, à l’opinion publique toujours servile qui demande toujours qu’on lui offre du sang.

– A retenir : il n’y a eu personne pour lui dire alors : « Nicolas, tu es à côté de tes pompes » ; ou alors, il n’a pas su écouter. Cela eût supposé une vieille amitié solide, externe à son milieu, étrangère à tout intérêt, et « qui en ait » (les « cathos » trouvent parfois cela dans ce qu’on appelle un directeur spirituel, lequel peut ne pas se limiter à ce domaine).

Nul n’est à l’abri d’égarements existentiels provisoires. Veillons à avoir toujours dans notre tiroir quelqu’un de ce calibre (rares sont-ils), et écoutons-le, quitte à ne pas le suivre. Ce genre de relation – la plus payante – se mérite. Il n’y a rien pour rien.

« Quand on vous a mis (ou on s’est mis) au fond du trou, il ne sert à rien de se débattre, sauf à creuser encore plus son propre trou. » (?). Rappelle une délicieuse histoire américaine. Le président Carter, au plus bas dans l’opinion, décide de frapper un grand coup. Départ pour Israël, montée au lac de Tibèriade, Carter se déchausse et fait un petit tour en marchant sur les eaux. Le lendemain la presse américaine titrait : Ce pauvre Carter ne sait même pas nager.

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