215,5 – Athéisme, Paganisme, Panthéisme

– Le véritable athéisme est indifférence, pas hargne infantile qui masque, quoi ?

– Ne pas confondre l’humanisme athée avec un athéisme jouisseur et grossièrement matérialiste. Le premier « unissant à un immanentisme de nature mystique une conscience lucide du devenir humain … que trois noms pourront au moins symboliser, ceux d’Auguste Comte, de Ludwig Feuerbach (et son disciple Karl Marx) et de Friedrich Nietzsche. » (cardinal Henri de Lubac). Le second, caractéristique du vide de notre époque, n’est représenté, si on peut dire, que par le néant ou les Femen ! Si l’on excepte Michel Onfray qui, lui du moins, s’il affirme son athéisme, ne ressort pas du néant et ne se vautre pas dans la jouissance matérielle bornée.

– Beaucoup de textes ci-dessous se réfèrent à un monde sans esprit (le nôtre) plutôt qu’à un monde sans religion clairement identifiée.

– A découvrir le nombre d’efforts et d’œuvres en tout genre démolissant l’idée de Dieu on partagerait l’opinion du cardinal de Lubac, ci-dessous.

On pourra regarder à la rubrique  Religions, 650, 1 les extraits du Petit guide des religions à l’usage des mécréants, d’Alain de Botton

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« Ce n’est pas l’athéisme du XVIII° siècle et le matérialisme du XIX° qui sapèrent la foi chrétienne … c’est plutôt l’angoisse, le doute à l’égard du Salut … Le doute cartésien n’a jamais prouvé son efficacité de manière plus désastreuse, plus irrémédiable que dans le domaine des croyances où l’introduisent les deux grands penseurs religieux de l’âge moderne, Pascal et Kierkegaard … Le doute cartésien, cette ‘école du soupçon’ comme disait Nietzsche. » (Hannah Arendt)

« Rien ne sépare essentiellement les règnes et les espèces, ni les parties du tout, dans le monde païen … La nature n’obéit à aucune loi logique : tout s’y produit, et son contraire aussi … la roue des métamorphoses … Proximité (mélange) des sujets païens et de leurs dieux …  On se recycle en permanence, tout se crée et se transforme. » (Claude Arnaud – sur le paganisme)   

« De tous ces gens qui se flattent d’être libres-penseurs, combien pensent vraiment par eux-mêmes ? » (Lucien Arréat)

« A quels excès ne vient point un ‘libre penseur’ dés qu’il a foi en lui-même et si peu qu’il ait quelque âcreté dans le sang ? » (Lucien Arréat)

« Le paganisme … sur trois points au moins il se distingue radicalement du christianisme dans ses diverses versions : – Il n’est jamais dualiste et n’oppose ni l’esprit au corps ni la foi au savoir – Il ne constitue pas la morale en principe extérieur aux rapports de force et de sens que traduisent les aléas de la vie individuelle et sociale –  Il postule une continuité entre ordre biologique et ordre social qui d’une part relativise l’opposition de le vie individuelle à la collectivité dans laquelle elle s’inscrit, d’autre part tend à faire de tout problème individuel ou social un problème de lecture : il postule que tous les  événements font signe et tous les signes sens. Le salut, la transcendance et le mystère lui sont étrangers … Il conçoit l’addition, l’alternance mais non la synthèse … Il n’a jamais eu de pratique missionnaire. » (Marc Augé – Génie du paganisme)

« Encore peut-on tenter de réduire le polythéisme en  découvrant au sommet de la hiérarchie des dieux un dieu plus puissant qu’eux et qui, en quelque sorte, les englobe. » (Marc Augé)

« Les paganismes ne sont porteurs d’aucun pressentiment chrétien, aucun polythéisme ne prône l’amour de dieu ou celui du prochain. L’idole païenne est bien une idole : elle représente et elle est. Elle est faite de toutes les matières que sait rassembler celui qui connaît le secret de sa composition … Le paganisme admet que l’homme puisse commettre des erreurs mais n’a aucune idée du péché ; la maladie, au pire, ne renvoie l’homme qu’à ses aveuglements. » (Marc Augé – Génie du christianisme)

« Ce n’est plus Dieu qui juge le monde, mais tout l’ensemble révolté des créatures qui cite Dieu en jugement : Dieu ayant échoué y est réprouvé pour toujours. » (Père Hans Urs Von  Balthasar) – Cas de l’athéisme militant.  

« De quelque manière, il se voit lui-même, dans la prison de sa nature, de son histoire, de sa ronde et sotte planète, comme le dindon de la farce ; il cherche des yeux celui qui l’a mis dans cette situation, et il ne trouve personne. » (Père Hans Urs Von  Balthasar)

« Une société d’athées inventerait aussitôt une religion. » (Balzac)

« L’inculture religieuse est devenue massive, l’ignorance abyssale … Les anticléricaux de la III° république tapaient sur les curés, mais quand ils ripaillaient le vendredi ils savaient ce qu’ils faisaient. » (Jean-Marc Bastière) – Ce qui n’empêche pas les ignorants d’aujourd’hui de pérorer doctement sur des sujets dont ils n’ont pas la moindre idée.

« Les athées ont perdu de leur rigorisme. Souvent même on douterait si Dieu, secrètement, leur manque. Ils deviennent moins dur avec lui, dés qu’il change de nom ; le Dieu de leur famille, de leur pays continue à les irriter, mais les dieux étrangers, ceux d’Orient surtout, les séduisent. Et dés qu’on lui donne un nom abstrait : L’Evolution, la Conscience Universelle, la Justice Immanente, ils deviennent tout doux et tout contents. » (Emmanuel Berl)

« L’athéisme, en France, est une religion, et l’anticléricalisme une église. » (Emmanuel Berl)

« Il est assurément beaucoup plus grave, ou du moins beaucoup plus dangereux pour l’homme, de nier le péché originel que de nier Dieu. » (Georges Bernanos) – De nier la permanence du mal en chacun d’entre nous.

« Ce n’est pas l’athéisme idéologique qui prend la place du christianisme, mais plutôt l’agnosticisme, l’indifférence en matière de religion, ou le succès d’une religiosité nouvelle ‘l’humanitarisme’, qui a l’air d’envahir toutes les confessions chrétiennes, en les anesthésiant, en les relativisant, en dissolvant leurs formes propres. » (Alain Besançon) – Mais l’humanitarisme cher aux bisounours ne va pas durer.

« Panthéisme : Doctrine selon laquelle tout est Dieu, en contradiction avec la doctrine selon laquelle Dieu est tout. » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable)

« Suis-je athée ? En fait je suis plus intéressé par le vin d’ici que par l’au-delà. » (Francis Blanche)

« Il est bien permis de se demander si l’Image n’est pas aussi absente que le Prototype, et s’il peut y avoir des hommes dans une société sans Dieu ? » (Léon Bloy) – « S’il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas d’homme non plus. » (Nicolas Berdiaeff) – Juste vision, il n’y en a plus.

« L’athéisme, s’il était possible de le faire accepter aux foules, aurait toute l’ardeur intolérante d’un sentiment religieux, et, dans ses formes extérieures, deviendrait rapidement un culte. » (Gustave Le Bon) – Prophétie réalisée, résultat grotesque.

« Si loin que l’on remonte dans le temps on ne découvre aucune culture, fût-ce la plus primitive, qui ne se soit reconnu un fondement spirituel … Rien ne permet d’affirmer, tant l’expérience est nouvelle, qu’une culture radicalement agnostique voire puérilement athée ait une chance de survie durable. » (Françoise Bonardel)

« Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. » (Pasteur Dietrich Bonhoeffer) – Sous le nazisme.

« Les athées sont, à ce moment de l’histoire, bien plus optimistes que les croyants ; ce qui est assez ironique vu les railleries des premiers pour l’apparente naïveté et crédulité des seconds … Rejetant la croyance dans les anges, ils peuvent être convaincus que les  forces combinées du FMI, de la recherche médicale, de la Silicon valley et de la démocratie guériront tous les maux de l’humanité. » (Alain de Botton)

« L’athéisme est incapable de donner une réponse argumentée à la question de la légitimité de l’existence de l’homme. S’il était conséquent, il aboutirait à la destruction de son substrat, de l’espèce … Si en revanche il s’en remet à la ‘nature’ ou à ‘l’instinct’, il maintient bien l’existence de son substrat humain. Mais cette démission le fait renoncer au projet des Lumières qu’il prétendait accomplir. » (Rémi Brague) – En ramenant l’homme à un pur accident évolutionnel sans filiation originelle et, donc, sans prétention finaliste.

 ‘Si l’athéisme ne fait pas verser le sang des hommes (allusion aux guerres dites de religion), c’est moins par amour pour la paix que par indifférence pour le bien … Ses principes ne font pas tuer les hommes, mais ils les empêchent de naître en détruisant les mœurs qui les multiplient, en les détachant de leur espèce, en réduisant toutes leurs affections à un secret égoïsme … L’indifférence philosophique ressemble à la tranquillité de l’Etat sous le despotisme ; c’est la tranquillité de la mort, elle est plus destructrice que la guerre même’(J. J. Rousseau – Profession de foi du vicaire savoyard) … Mais quand on compare les inquisiteurs avec les gens qui ont organisé la Shoah, le Goulag, ou l’autogénocide du Cambodge, les premiers prennent l’air d’amateurs peu compétents, si ce n’est d’enfants de cœur … Et il faut réviser cette phrase de Rousseau sur le peu de danger de l’Athéisme. » (Rémi Brague)

« Une fois que l’homme se comprend soi-même comme devant dominer, il lui faut disputer la place de dominateur à Dieu … Pour deux raisons, parce que Dieu est supposé l‘opprimer, et parce qu’Il n’est pas un maître suffisamment efficace … ‘Pour régler les destinées du monde, vous n’avez qu’à vouloir. Vous êtes les créateurs d’un monde nouveau, dites que la lumière soit, et la lumière sera’ (Boissy d’Anglas) … L’humanisme athée se manifeste d’abord par un refus de rien placer au-dessus de l’homme … L’opération négative qui refuse toute instance supérieure à l’homme culmine dans la revendication positive d’une divinité de celui-ci … Suivant Péguy et un mot de son cru, l’homme moderne est moins athée qu’il n’est ‘autothée’ … ‘nouveau grand Être’, ‘nouvel Être suprême’. La religion de l’Humanité nommée ‘humanitarisme’ concurrence directement celle de Dieu. » (Rémi Brague)

 « La question n’est pas de savoir si l’homme peut savoir par lui-même comment il devrait bien vivre. Elle est plutôt de savoir s’il  peut ‘vouloir survivre’ sans une instance extérieure pour l’affirmer. » (Rémi Brague)

« La modernité est un projet, pensé depuis longtemps (Descartes nommant d’abord son ‘Discours de la méthode’ : ‘Projet d’une science universelle…’) … L’idéal des temps modernes étant de fonder l’homme sur l’homme et sur rien d’autre, de sorte que tout rapport à quoi que ce soit d’extérieur, d’autre, de supérieur serait exclu … absurdité inutile (notamment le Dieu créateur et législateur, émettant des commandements) … mais reste alors la question ; ‘Est-il bon qu’il y ait des hommes ?’ … Or l’homme  doute de sa légitimité (meurtres de masse des régimes athées du XX° siècle, à une bien plus grande  échelle encore que les guerres de religion. L’athéisme peut s’avérer plus meurtrier encore), car Il n’est plus convaincu d’avoir le droit de conquérir et d’exploiter la Terre – Il n’est plus certain de sa supériorité par rapport aux autres êtres vivants. Il se pourrait qu’il soit le pire des prédateurs – Il n’est même plus sûr de se distinguer des autres êtres vivants par la possession de quelque caractère distinctif essentiel … Or toute action doit pouvoir être fondée en raison. Si nous renoncions à chercher et à fournir une raison à l’existence de l’humanité,… nous confirions à la déraison l’existence du seul être qui peut être le porteur de raison … Si le projet des ‘Lumières’ doit réussir, l’homme a besoin d’une raison pour continuer à exister, et à exister comme ‘homme’ (être raisonnable et libre et non bipède sans plumes) … L’existence d’une instance suprahumaine capable d’affirmer l’existence de l’humanité est le premier contenu de la religion … Pour être clair et prosaïque : nous avons besoin d’un type d’humanité qui soit capable de faire résonner harmonieusement foi et raison … pour rendre possible la poursuite de l’aventure humaine … Si un ‘horloger aveugle’ (R. Dawkins) m’a jeté dans la vie sans me demander mon avis, pourquoi devrais-je jouer le même sale tour aux autres, en leur inoculant la vie ? » (Rémi Brague – cherchant une raison à l’humanité pour continuer, sans pour cela faire l’apologie d’une religion)

« Les philosophies athées qui culminent dans le culte de l’Etat et de l’homme ne sont elles-mêmes que des ‘insurrections théologiques’. ‘Nos athées, sont vraiment de pieuses gens’. » (Albert Camus – citant Max Stirner)

 « Nietzsche a bien vu que l’humanitarisme n’était qu’un christianisme privé de justification supérieure, qui conservait les causes finales en rejetant la cause première … Dans sa théorie de la surhumanité, comme Marx avant lui avec la société sans classes, tous deux remplacent l’au-delà par le plus tard … A l’esclave, à ceux dont le présent est misérable et qui n’ont point de consolation dans le ciel, on assure que le futur, au moins est à eux. L’avenir est la seule sorte de propriété que les maîtres concèdent de bon gré aux esclaves. » (Albert Camus)

« Le paganisme se fonde sur une reconnaissance de ce qu’est la Nature … conscience du fait que les forces de la Nature sont divines, vénérables et personnalisation de ces forces en dieux et démons … Odin (Wotan) était probablement à l’origine un grand visionnaire, un héros d’une valeur incommensurable … Quand un homme a été tenu pour grand de son vivant, il le devient encore beaucoup plus après sa mort. La Tradition agit comme une énorme loupe (surtout dans une époque sans dates, sans documents, sans livres, sans marbres…). » (Thomas Carlyle)

« Mon chien est athée : il ne croit plus en moi. » (Cavanna)

« L’homme peut s’émanciper de Dieu, comme il ne l’est pas de la religion, il divinise le donné naturel ou humain … Placé face au vide, il ne tente pas de chercher Dieu au-delà, il fait demi-tour et retrouve le divin en-deçà … Ainsi est stérilisé l’effort de l’esprit vers la transcendance, il n’a plus de motif de se dépasser … Le culte du Dieu infini se dégrade en culte de la raison, puis celui de la raison bien plus vite encore en celui de l’utile, de l’Etat, de la Production … La mort de Dieu fait régresser la religion … L’homme adore des objets conçus et taillés par lui, des idoles au sens précis du terme … Le refus de Dieu est moins le produit d’un choix prométhéen qu’un produit de la fatalité. Nous ne l’avons pas tué, nous l’avons laissé quotidiennement dépérir dans la médiocrité de notre cœur : nous ne sommes pas des assassins, nous sommes bien trop lâches. » (Bernard Charbonneau)

« On ne fut plus cloué dans sa place par un préjugé antireligieux. On ne se crut plus obligé de rester momie du néant, entourée de bandelettes philosophiques ; on se permit d’examiner tout système, si absurde qu’on le trouvât, fût-il même chrétien. » (Chateaubriand – après la tourmente révolutionnaire et son vandalisme)

« En recherchant les causes de l’athéisme, on est conduit à cette triste observation, que la plupart de ceux qui se révoltent contre le ciel ont à se plaindre en quelque chose de la société‚ ou de la nature (excepté toutefois des jeunes gens séduits par le monde, ou des écrivains qui ne veulent faire que du bruit. » (Chateaubriand)

« La raison qui n’a jamais séché une larme. » (Chateaubriand)

 « Je me considérerais comme déshonoré de lire sur le dalaï-lama la moitié des sottises dites sur le Pape. » (Chesterton)

« La libre pensée a cheminé jusqu’au bout. Elle n’a plus de questions à poser. Elle s’est mise elle-même en question … Pas seulement négation d’un dogme, l’athéisme est la subversion d’un élan profond de l’âme, du sentiment que le monde a une signification et une direction. » (Chesterton)

« Qu’une seule religion où Dieu ait semblé, pour un instant, être un athée. » (Chesterton) – Allusion au cri de Jésus sur la Croix, Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné !

« Les penseurs qui n’arrivent à croire en aucun dieu affirment souvent se contenter de l’amour de l’humanité ; ce serait probablement vrai s’ils faisaient preuve d’amour … S’il ne peut aimer son barbier, qu’il a rencontré, comment peut-il aimer le Japonais qu’il n’a jamais croisé ? » (G. K. Chesterton)

« A quoi bon se défaire de Dieu pour retomber en soi ? » (Emil Cioran)

« En conséquence de la substitution opérée entre la religion et la politique, affranchis de la crédulité primitive, Hume et Locke en Angleterre, Voltaire et Rousseau en France, Hegel et Schleiermacher en Allemagne ont fait la lumière sur cet obscur objet d’aliénation. Désormais la religion existera comme un contenu (la superstition…) et comme une attitude (le fanatisme …) … César vient de regagner la partie … L’absolutisation est actée … A part que tout adviendra au contraire de ce qui était attendu. Un siècle plus tard, la réconciliation universelle aboutit à la déflagration mondiale. Deux siècles plus tard, le plan de rationalisation aboutit à une explosion planétaire de l’irrationalité. Non par réaction, mais par corrélation …  Le siècle qui vient de se terminer reste le plus meurtrier de l’histoire en procédés et en chiffres … Le progrès a été certes au rendez-vous, sautant du fusil au missile, de même que les masses, passant de la mobilisation générale des hommes à l’implication totale des populations civiles, femmes et enfants. » (Jean-François Colosimo) – Bravo, bravo à la civilité. 

« Le nouveau paganisme tombera dans un abîme plus profond et plus horrible encore. » (Donoso Cortès)

« L’athéisme nie peu ou prou Dieu, alors que l’anticléricalisme … ne se prononce pas sur la question. L’anticlérical ne se prononce pas sur la religion. Simplement, elle est sommée de se cantonner dans la sphère privée. » (Marc Crapez) – Dans les faits il y a souvent confusion. Si l’anticlérical n’est pas forcément athée, l’athée, lui, est toujours anticlérical.

 « Dés 1866, les athées de la ‘Libre pensée’ inaugurent un ‘antisémitisme antichrétien’… Renouer avec le paganisme, retrouver le fil égaré de l’Antiquité … Sachant que l’anticléricalisme du XIX° … qui étrillait le prêtre comme ennemi incurable de la patrie (cosmopolitisme), de la famille (individualisme), du travail (paresse), est presque aux antipodes de celui du XX°… Anticléricalisme à géométrie variable il embrasse aussi bien  protestants, juifs et parlementaires, autres visages de l’hydre cléricale … De Regnard à Céline, en passant par … Lapouge, Montandon …  (un mécanisme similaire fonctionne de Barrès à Drieu la Rochelle), c’est après avoir frayé, dans le sillage des ‘Lumières’ et de la Révolution, avec des idées scientistes, irréligieuses, égalitaires, subversives, modernisantes et anarchisantes, que l’on finit par échafauder les projets les plus ultra-racistes et totalitaires. » (Marc Crapez) – Il serait interminable de donner les références d’une  conjonction assumée entre l’athéisme de combat de type révolutionnaire sinon anarchiste (aussi bien de droite que de gauche), nostalgique du jacobinisme de la Révolution de 89, l’antisémitisme et l’antichristianisme s’étalant sur le XIX° siècle et bonne partie du XX° (avec certes de fortes variantes), jusqu’au nazisme inclus. Je ne peux que renvoyer au livre de l’auteur, La gauche réactionnaire. « Le monde étriqué par le  christianisme … L’incalculable faute d’embrasser une hérésie juive. » (Vacher de Lapouge – athée, anticlérical et socialiste militant)

« Aucun régime n’a fabriqué plus d’icônes, de statues, de mausolées, d’interdits, d’excommunications et de procès de sorcelleries que celui qui fit de l’athéisme une religion d’Etat, et du Bon Dieu un diable. » (Régis Debray) – Le sacré se révèle indéracinable.

« Pour rappeler à César qu’il n’était pas Dieu, nos ancêtres avaient l’au-delà en garantie. Quand le transcendant s’éclipse, et que la chasse à l’instant mobilise l’attention, l’ultime recours, c’est l’en-deçà. » (Régis Debray) – En-deçà, et en plus enthousiasmant.

« Si le sujet n’a pas au-dessus de lui un Autre qui l’empêche de se prendre pour Dieu, alors en tant que sujet il se prendra pour Dieu. » (Chantal Delsol) – C’est ce qui arrive.

« L’athéisme est une affaire purement occidentale … Il représente une particularité éphémère, et infime, même si elle jouit d’un écho médiatique immense au sein de nos sociétés extrême-occidentales … Il est né contre le christianisme et il n’existe pas sans lui. Il est une révolte contre un Dieu personnel, révélé et se donnant pour réel. On ne s’attaque pas à une tribu de dieux mythiques, d’idoles de bois … L’athéisme que nous avons sous les yeux se donne pour une espèce universelle mais il n’est rien d’autre qu’un antichristianisme, autrement dit, une révolte très circonstancielle et singulière. Aucune autre culture n’a jamais été athée. » (Chantal Delsol)

« On fait croire à nos contemporains que récuser le Dieu du monothéisme aboutira à n’avoir plus de dieu. C’est le contraire. Ceux qui récusent Dieu se donnent aussitôt une multitude de dieux. » (Chantal Delsol) – Une exception peut-être, Michel Onfray, actuellement. Mais il ne s’agit pas de Monsieur tout le monde.

« Le gouvernant qui se débarrasse entièrement de la religion sous prétexte de libération, devient aussitôt grand prêtre. Un système politique qui détruit par dérision, jour après jour, les questions muettes et profondes concernant le sens de la vie, finit par régner sur une population de zombis, rejetés d’abord par dérivation vers le soin exclusif de leur corps et de leur confort. » (Chantal Delsol) – Tel est l’Occident, et en tête la France. Pour la première phrase, il suffit de voir l’arrogance de nos politicards et l’idolâtrie dont ils, et elles, sont l’objet de la part des imbéciles médiatisés.

« La superstition est plus injurieuse à dieu que l’athéisme. » (Diderot, – parodiant Plutarque et reprenant après Shaftesbury, Spinoza et Bacon)

« On demandait un jour à quelqu’un s’il y avait de vrais athées. Croyez-vous, répondit-il, qu’il y ait de vrais chrétiens ? » (Diderot)

« N’êtes-vous pas monsieur Diderot ? – Oui, madame – C’est donc vous qui ne croyez rien ? – Moi-même – Cependant votre morale est d‘un croyant – Pourquoi non, quand il est honnête homme ? – Et cette morale là, vous la pratiquez ? – De mon mieux – Quoi ! Vous ne volez point, vous ne tuez point, vous ne pillez point ? – Très rarement –  Que gagnez-vous donc à ne pas croire ? – Rien du tout. Madame la maréchale, est ce qu’on croit parce qu’il y a quelque chose à gagner ? – Je ne sais, mais la raison d’intérêt ne gâte rien aux affaires de ce monde ni de l’autre. J’en suis un peu fâchée pour notre pauvre espèce humaine. Si vous n’êtes ni voleur ni assassin, convenez du moins que vous n’êtes pas conséquent – Pourquoi donc ? – C’est qu’il me semble que si je n’avais rien à espérer ni à craindre quand je n’y serai plus, il y a bien des petites douceurs dont je ne me sèvrerais pas à présent que j’y suis. » (Diderot – Entretien avec Madame la Maréchale de  ***) – Avec une allusion à une controverse d’époque sur l’amour désintéressé de Dieu (Fénelon, et le quiétisme de Madame Guyon).

« Il est si facile de devenir athée … Et les nôtres ‘croient’ à l’athéisme comme à une religion nouvelle, sans remarquer que c’est croire au néant. » (Dostoïevski – sur les Russes)

« Vous êtes athée, parce que vous êtes un aristocrate, un seigneur, le dernier des seigneurs. vous ne savez plus discerner le bien du mal, parce que vous avez cessé de comprendre votre peuple. » (Dostoïevski)

« L’essence du sentiment religieux échappe à tous les raisonnements ; aucune faute, aucun crime, aucune forme d’athéisme n’a de prise sur elle. Il y a et il y aura éternellement dans ce sentiment quelque chose d’insaisissable et d’inaccessible à l’argumentation des athées. » (Dostoïevski – L’idiot)

«  Se débarrasser de Dieu apparaît tout à coup comme une rude épreuve : tout de suite est reouverte la question qui était, avec Dieu et son sacrifice, résolue une foi(s) pour toutes … S’il n’y a plus d’occurrence divine de l’absence, il faudra qu’une nouvelle occurrence de l’absence vienne occuper ce lieu constitutif du lien social. » (Dany-Robert Dufour)

« Une société d’athées serait sans doute une société sans dieu(x), mais il ne s’ensuit pas qu’elle serait sans religion ni croyance. » (Emile Durkheim) – Bien au contraire ! Ecoutez les média, leur sectarisme…

« Le Dieu lointain et le phénomène de l’éloignement du Dieu suprême, se retirant après la Création, que l’on n’implore qu’en dernière instance, en cas de détresse extrême, en cas de désastre … Remplacé en temps ‘normal’ par les divinités proches de la Vie, les grandes déesses-mères, les génies de la fécondité. « (Mircea Eliade)

« Dans le courant d’une société de confort, d’avachissement moral, d’aveulissement, d’avilissement quoi donc préparerait l’homme à se hausser à la vertu rigoureuse de l’athéisme ? Qu’est-ce qui le prépare à l’impitoyable lucidité sur soi, sur le monde, qu’implique toujours l’irreligion ? Où voyons-nous la grandeur spirituelle, morale, l’exigence, la rigueur sur quoi s’enracine toujours la critique du mythe et la récusation du sacré ? … Il faut des hommes debout et durs . Mais je ne les trouve pas. » (Jacques Ellul)

« Nous qui, désertant la maison du Père, nous voulions maîtres de l’universel, nous nous sommes retrouvés clochards des insignifiances. Jusqu’où faudra-t-il traîner nos faméliques illusions pour, à nouveau, être touché par la nostalgie des espaces paternels ? » (Père Gérard Eschbach)

« Le croyant sait qu’il croit, alors que l’athée croit qu’il sait. » (Alain Finkielkraut)

« En substituant la révélation (Dieu parle à l’homme) à la possession (Dieu parle en l’homme), le judaïsme fait entrer l’athéisme dans la vie spirituelle. » (Alain Finkielkraut) – L’homme n’est pas contraint d’écouter.

« Dieu n’a pas disparu, il a été remplacé : l’homme absous de sa finitude, dégagé des chaînes de l’expérience terrestre … ‘qui place la nature dans les conditions de  son entendement’ (Hannah Arendt), cet homme n’est rien d’autre que le successeur de Dieu … L’âge positif est, en fait, tout rempli de religiosité … ‘Ce siècle qui se dit athée ne l’est point, il est autoathée’ (Charles Péguy). Et quand l’auteur de ‘L’avenir de la science’ (Ernest Renan) affirme avec emphase que ‘le grand progrès de la réflexion moderne a été de substituer la catégorie du devenir à la catégorie de l’être, la conception du relatif à la conception de l’absolu et le mouvement à l’immobilité,’ il ment ou se ment à lui-même.. Ce relatif qu’il oppose à la métaphysique n’est que la voie d’accès à l’absolu, le devenir n’est qu’un devenir-Dieu, et le temps des modernes …  n’est que la marche de l’homme vers son propre couronnement, le temps qu’il lui faut pour se hisser à l’omniscience et pour exercer sur les choses un pouvoir illimité. » (Alain Finkielkraut – Le mécontemporain)

« La torpeur moderne vient du respect illimité que l’homme a pour lui-même. Quand je dis respect, non, culte, fétichisme … C’est une chose curieuse comme l’humanité, à mesure qu’elle se fait autolâtre devient stupide … L’adoration de l’humanité pour elle-même et par elle-même … Ce culte du ventre engendre du vent. » (Gustave Flaubert)

« Athée. –Un peuple d’athées ne saurait subsister. » (Gustave Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Impie. – Tonner contre. » (Gustave Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Meurtre du Pére-Dieu-Autorité par amour de la Mère-Raison-Science avec identification de l’homme actuel à la mère … Un psychanalyste reconnaîtrait facilement dans le scénario de la civilisation actuelle, qui touche par ailleurs à sa fin, le conflit œdipien qui pousse l’enfant-homme identifié à la Mère-Démocratie-Science, à tuer le Père-Autorité-Guerre-Dieu. »» (Benjamin Fondane)

« Il y  a un cléricalisme athée comme il y a un cléricalisme chrétien (et celui de gauche est pire encore que celui de droite). » (Marcel Gauchet)

« Le soulèvement libertaire (des années 1970) s’est montré d’une efficacité aussi inattendue que ravageuse. Il est venu à bout avec une facilité déconcertante des interdits et des devoirs qui ne tenait plus que par inertie. La simple dénonciation de son anachronisme a suffi à le faire s’écrouler. L’hédonisme pratique s’est révélé incomparablement plus convaincant que l’athéisme théorique. Le droit des désirs individuels et la norme de l’accomplissement personnel ont installé leur règne sans coup férir … Effacement du parti de la réaction (au sens religieux) et du parti de la révolution, effacement de ce couple aussi solide que tumultueux … Clôture d’une rivalité de cinq siècles entre deux principes d’organisation des sociétés … Fin de l’opposition à la société actuelle en même temps qu’installation d’un avenir vidé de sa promesse de dépassement du présent et d’accomplissement de l’histoire. » (Marcel Gauchet – Le nouveau monde)

« L’athéisme, au sens moderne du terme, est une invention chrétienne. » (René Girard)

« Le vulgaire éprouve toujours une peur instinctive de tout ce qu’il ne comprend pas, et la peur n’engendre que trop facilement la haine … Il y a d’ailleurs des négations qui ressemblent elles-mêmes à de véritables cris de rage, comme par exemple celles des soi-disant ‘libres-penseurs’ à l’égard de tout ce qui se rapporte à la religion. » (René Guénon)

« L’athéisme combattant et dénonciateur est l’image inversée du sectarisme bigot. Comme l’est le rationalisme dés lors qu’il s’érige en dogme ou en préjugé. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Ne pas croire en Dieu, c’est repousser une hypothèse ravissante – Nier Dieu, c’est croire en soi ; comme crédulité je n’en vois pas de pire – Nier Dieu, c’est se priver de l’unique intérêt que peut avoir la mort. » (Sacha Guitry)

« Quand on s’imagine en finir avec la fausse dévotion, on tombe dans la dévotion de soi … et les idoles recommencent à pulluler sous d’intangibles matériaux : le Progrès, la Raison, la Révolution, le Marché, la Planète, l’Autre… » (Fabrice Hadjadj)

« Exception faite de quelques tentatives précédentes, il resta principalement réservé  à notre temps de démontrer, au moins dans la théorie, que les trésors qui ont été attribués au ciel sont la propriété des hommes, mais quelle époque aura la force de faire valoir ce droit et de se mettre en sa possession. » (Hegel)

« En vieillissant peut-être que l’athéisme est une position difficile à tenir. » (Michel Houellebecq – parlant des sociétés plus que des personnes, de la France en fait et de sa ridicule laïcité)

« N’y a-t-il pas au fond quelque chose d’un peu ridicule à voir cette créature chétive, vivant sur une planète anonyme d’un bras écarté d’une galaxie ordinaire, se dresser sur ses petites pattes pour proclamer : ‘Dieu n’existe pas ? » (Michel Houellebecq)

« Nos fautes sont des dettes contractées ici et payables ailleurs. L’athéisme n’est autre chose qu’un essai de déclaration d’insolvabilité. » (Victor Hugo)

« Vous voyez l’ombre et moi je contemple les astres. Chacun a sa façon de regarder la nuit. » (Victor Hugo – s’adressant aux athées)

« Ce qui était essentiel, ce qui était satisfaisant, c’était l’évidence de la présence des dieux. C’était la plénitude, tout n’était que glorieuses épiphanies. Le monde était chargé de sens, le monde était dense, le monde était tellement  chargé de significations que l’on n’avait pas le temps de se poser de questions … A partir de quel moment les dieux se sont-ils retirés du monde, à partir de quel moment les images ont-elles perdu leur couleur ? Rupture tragique … A partir de quel moment avons-nous été abandonnés à nous-mêmes, à notre solitude, à notre peur, et le problème est né. Qu’est-ce que ce monde ? Qui sommes-nous ? » (Eugène Ionesco)  – Version idyllique du paganisme.

« De quel meurtre es-tu accusé demandait le rabbin à l’écrivain ? Du meurtre de Dieu, répondit-il, Pour ma défense, cependant, j’ajouterai que je meurs avec Lui. » ( cité par Edmond Jabès)

« Une grand mélancolie s’empara de l’homme lorsqu’il s’éloigna de Dieu ; car il venait d’éprouver la cruauté d’être séparé de soi-même. » (Reb Ardel – cité par Edmond Jabès)

« L’athée qui, tirant sa montre, donne un quart d’heure à Dieu pour le foudroyer, est peut-être un désespéré qui prie secrètement. Pascal, pour avoir connu les libertins, savait que les extrêmes se touchent et que l’athéisme est plus près de la foi que l’indifférence. » (Vladimir Jankélévitch)

« Il faut aux humains les deux : le rationnel et le mythico-religieux. Pourquoi faudrait-il que l’intelligence humaine se défît de tous les stades de son évolution, comme si le dernier annulait les précédents ? » (Lucien Jerphagnon) – Contre les athées virulents et sectaires.

« La belle affaire que d’avoir renoncé au Dieu unique pour lui substituer la pensée unique ! » (Jacques Julliard – se référant à Péguy et à Simone Weil)

« Un athée renforcé semble toujours plus estimable que le commun des hommes, dans leur indifférence  … Sa position le rend souvent ouvert aux grandes pensées ; c’est pourquoi les athées du XVIII° siècle étaient d’authentiques ‘esprits forts’, plus sympathiques que ceux du XIX° siècle. » (Ernst Jünger)

« Le païen n’a aucune philosophie théorique de l’univers. Il ne croit ni à la manière ni à l’esprit, et pas du tout à des programmes : il ‘est’ tout simplement … L’affirmation de ce monde conditionne la négation  de tout au-delà. » (Hermann von Keyserling)

« Nous avons beaucoup d’écrits où l’on se refuse à convenir qu’il existe un dieu, mais nul athée n’a réfuté de façon probante l’existence du diable. » (Heinrich Von Kleist)

« Cette pensée de Dieu les obsède tous et le soin même qu’ils mettent … à dire qu’ils vont en délivrer une bonne fois le genre humain, est un signe de cette obsession, toujours renaissante … Chacun veut prouver, mieux que ses devanciers … qu’il est tranquille dans son athéisme et n’éprouve plus aucun besoin de penser à Dieu pour le ‘réfuter’, qu’il est tout à fait à l’aise ‘sans Dieu’, sans avoir même à le dire. Mais cela fait bien des discours …Sur tout autre sujet quelqu’un qui ne s’intéresserait pas du tout n’éprouverait pas le besoin d’en parler. Il semble au contraire qu’un certain nombre d’athées s’intéressent étrangement à ce que l’on sache qu’ils ne s’intéressent pas du tout à l’idée de Dieu. Curieux désintéressement ! » (cardinal Henri de Lubac)

« Les principaux types d’athéisme dont Dostoïevski montre la faillite : idéal de l’homme-Dieu – idéal de la Tour de Babel – idéal du palais de cristal ; idéal spirituel de l’individu qui s’élève au-dessus de toute loi – idéal social du révolutionnaire qui veut assurer sans Dieu le bonheur des hommes – idéal rationnel du philosophe (du scientifique) qui refuse tout mystère. Dans la réalité concrète de l’univers dostoïevskien ces trois types ; types de foi retournée plutôt que de pure incroyance s’entremêlent en combinaisons variées … L’athée rend hommage à la foi lorsque, contrairement à tout ce qu’il affirme, il cède à ce besoin d’adoration qui est plus profond en nous que l’instinct de bonheur. » (résumé du cardinal Henri de Lubac, lisant Dostoïevski – Raskolnikov de Crime et châtiment – Stavroguine et Chigalev des Possédés Le Grand Inquisiteur des frères Karamazov)  

« La pensée maîtresse de Dostoïevski : en tuant Dieu dans l’homme, c’est par là-même l’homme que l’on tue. » (cardinal Henri de Lubac)

« Est-ce le jardin du Père dont nous avons la nostalgie, ou n’est-ce pas simplement la chaleur du sein maternel ? » (cardinal Henri de Lubac) – Ceci vaut pour tous, croyants comme athées.

« Sans Dieu, la vérité même est une idole, la justice même est une idole. Idoles trop pures et trop pâles, en face des idoles de chair et de sang qui se redressent ; idéaux trop abstraits, en face des grands mythes collectifs qui réveillent les plus puissants instincts … Bientôt les vieilles forces du destin que le christianisme avait conjurées, recommencent à peser sur l’homme. » (cardinal Henri de Lubac) – Revoir le XX° siècle. 

« La Réforme fit perdre la confiance collective en Dieu : elle réduisit Dieu à une ‘idée’ (éloignement de l’Incarnation ?). L’Encyclopédisme se débarrassa même de cette idée. Et nous sommes dans la cécité absolue, nous ne nous voyons plus, nous ne voyons plus ce qui nous appartient. » (Père Giuseppe de Luca – sur les liens organiques qui reliaient le problème de la démocratie à l’humanisme et à la Réforme) 

« Chez Nietzsche et chez les personnages de Dostoïevski, il en résulte d’une part une morale du ‘tout est permis’, et, d’autre part, cette exigence : dans un monde sans Dieu, ou dans un monde abandonné par Dieu, l’homme peut et doit devenir Dieu … D’une part, les anciens impératifs de la morale sociale sont abolis ; ils ne sont plus remplacés par de nouveaux impératifs mais posés par l’individualité souveraine ; et, d’autre part, la réalité objective, en particulier celle du monde historique et social, est considérée comme un néant … On aboutit au pessimisme héroïque …ou bien, l’homme absolutisé prend simplement la place des puissances transcendantes … La métaphysique dogmatique fait place à un relativisme tout aussi dogmatique. » (Georg Lukàcs)

« Dieu est mort, près de trois quarts de siècle plus tard une autre affirmation, moins proférée que murmurée dans l’angoisse, vient aujourd’hui faire écho : l’homme est en agonie. » (Gabriel Marcel)

« La rupture avec Dieu qui avait commencée comme revendication d’indépendance et d’émancipation, comme une hautaine rupture révolutionnaire, s’achève dans une soumission révérente et prostrée au tout-puissant mouvement de l’histoire. » (Jacques Maritain)

« Une société qui proclame la mort de Dieu est nécessairement conduite à pratiquer la mort de l’homme. » (François Mauriac)

« Il n’y a point d’accord entre leur négation fondamentale de l’Absolu divin et leur affirmation non moins fondamentale de la Conscience morale absolue, qui n’est elle-même qu’un dieu anonyme et honteux … En acceptant la souveraineté de leur conscience individuelle, ils ne font que s’adjuger à eux-mêmes les anciens attributs de Dieu. » (Charles Maurras – sur les athées)

« Les protestants athées … ne nient que le nom de Dieu. La plupart attribuent une valeur métaphysique à certaines idées de leur choix, qu’ils tirent ainsi du rang naturel et de la place fixée par la logique universelle. » (Charles Maurras) – Justice, liberté, égalité, paix… Cette divinisation d’inepties a gagné tous les politiciens comme tous les gens des média.

« A force de ne rencontrer que de molles résistances et continuelles concessions dans le monde clérical, le vieux parti républicain considérait l’anticléricalisme comme l’os à ronger qu’on pouvait impunément jeter à la démocratie, sans craindre le moindre choc en retour. » (Charles Maurras)

« A défaut de transcendant extérieur à lui, l’homme devient son propre sacré. » (Thomas Molnar) – Ou s’invente des transcendants bidons auxquels il fait semblant de croire : l’humanité, les droits de l’homme, la démocratie, le communisme…

« ‘L’Evangile sans le christianisme devient fou’ (cardinal Danièlou). De fait, c’est bien en opposant au christianisme des ‘idées chrétiennes devenues folles’ que la sécularisation et l’athéisme ont pu naître. ‘L’auto-affirmation de l’homme contre le christianisme est elle-même rendue possible par le christianisme (cardinal Walter Kasper) … La sécularisation n’est pas  seulement caractérisée par la perte d’influence des Eglises et la montée de l’indifférentisme de masse, mais aussi par le transfert dans la sphère civile des thèmes et des structures caractérisant la pensée judéo-chrétienne. » (Thomas Molnar)

« La première chose remarquable, chez l’athée résolu, c’est qu’il éprouve tout de suite le besoin maladif d’ajouter qu’il est joyeusement gai, gaiement réjoui, rempli d’enthousiasme allègre et de jubilation tourbillonnante, comme si on pouvait en douter. » (Philippe Muray)

« Non seulement l’athéisme est une invention spécifique de l’Occident, mais encore doit-il être considéré comme l’élément dans lequel l’Occident s’est proprement inventé … Ce qui distingue, voire constitue le ‘grec’, c’est un espace de vie et de pensée que ne façonne ni ne balise la présence divine… » (Jean-Luc Nancy – La déclosion)

« Le monothéisme est en vérité l’athéisme … Le monothéisme, dans son principe, défait le théisme, c’est-à-dire la présence de la puissance qui assemble le monde et en assure son sens. Il retire au nom de Dieu … tout pouvoir d’assurance … La pluralité des dieux (du polythéisme) correspond à leur présence effective (dans la nature…) et leur présence effective correspond à des rapports de puissance, de menace ou d’assurance que la religion organise par l’ensemble de ses mythes et de ses rites. » (Jean-Luc Nancy) – Un peu provocateur.

« L’athéisme n’a pas tenu ses promesses et n’a pas établi que l’homme est moins misérable sans Dieu qu’avec Dieu … Le laïcisme français n’a rien à voir avec la laïcité-neutralité qui est la norme dans les autres démocraties européennes et aux Etats-Unis … Puisqu’ils voulaient (les mouvements millénaristes athées, marxisme, franc-maçonnerie française) la Révolution qui allait changer le monde, ils avaient absolument besoin que tout le monde crût que le monde, tel qu’il est aujourd’hui, est insupportable. Ils ne pouvaient donc souffrir que subsistassent … des sagesses qui disent que le monde est acceptable malgré ses défauts, qu’il doit être amélioré mais non détruit. » (Philippe Nemo)

« La nuit éternelle commence, et elle va être terrible. Que va-t-il arriver quand les hommes s’apercevront qu’il n’y a plus de soleil ? » (Gérard de Nerval – Aurélia)

« Ils ont décidé d’examiner le Tout-puissant, d’une manière passionnée et objective, en toute impartialité, la tête froide. » (cardinal Newman)

« Si nous ne faisons pas de la mort de Dieu un renoncement grandiose et une continuelle victoire sur nous-mêmes, nous aurons à payer cher pour cette perte. » (Nietzsche) – Ambition totalement inaccessible. Nous n’avons qu’à payer.

« Ils se proclament libres-penseurs et ne sont ni libres ni penseurs ! » (Nietzsche)

« Une extinction de dettes avec les dieux. » (selon Nietzsche)

« Il n’y eut pas de civilisation construite sur l’athéisme et le matérialisme qui, l’un et l’autre, sont des signes, voire des symptômes de la décomposition d’une civilisation. Je le sais, au premier chef puisque je suis athée et matérialiste … on ne lie pas les hommes sans le secours du sacré. » (Michel Onfray – élogieux sur un livre de Michel Houellebecq)

« Comment en France, terre de mission déchristianisée, en est-on arrivé à se montrer d’une extrême violence envers les chrétiens et d’une grande tolérance avec toutes les autres religions ? Dont l’Islam … On peut faire subir les derniers outrages à la mythologie chrétienne, mais pas du tout aux mythologies juives ou coraniques … Quel étrange autodafé mental, intellectuel, philosophique, spirituel a eu lieu pour que, sur la terre de Voltaire, l’athéisme ne soit désormais toléré, voire encouragé, qu’à l’endroit du christianisme. » (Michel Onfray) – Lequel auteur, comme chacun sait, ne s’est jamais noyé dans un bénitier.

« Par un formidable paradoxe, au moment où l’homme renonce à se considérer comme un enfant de Dieu pour descendre des primates, des vertébrés, des algues, des bactéries, l’orgueil s’empare de lui. En une sorte de vertige, il en sait de plus en plus, et il ne sait plus où il en est. La tête lui tourne. La fameuse ‘Ubris’ des Grecs le menace. Il est de plus en plus puissant et de plus en plus égaré … en perdant dieu, il perd sa place dans le monde. » (Jean d’Ormesson) – Avec la révolution darwinienne.

« L’humanité est hétérogène sur le plan des choix sociaux, éthiques … Elle ne peut se penser comme Une qu’à l’aune du monothéisme … Dieu inexistant, quelle est, au juste, la nature du lien entre les humains, si lien il y a ? Il est déjà difficile pour un chrétien de considérer l’homme le plus rebutant comme son prochain. Alors quand on est athée !. » (Paul-François Paoli)

« Le culte bavard de l’opinion, la démocratie de l’émotion, l’invasion du champ politique par la morale ne relèvent pas du tout du paganisme, mais d’une forme de protestantisme qui va à contre-courant de notre histoire … Passion compassionnelle, autorité des victimes, impossibilité pour l’Etat de sévir dans des domaines régaliens qui relèvent de sa raison d’être … Nous sommes, sans le savoir, ni même le vouloir, devenus protestants parce que nous privilégions l’individu sur le groupe, la libre conscience sur la vérité déposée, la liberté sur l’autorité … Il existe bien des affinités qu’on pourrait qualifier d’anthropologiques entre protestantisme et libéralisme … La source de l’autorité n’est plus extérieure ou transcendante, elle est devenue intérieure et immanente. » (Paul-François Paoli) – Certes, mais c’est si délicieux de se coucher devant la perversité anglo-saxonne, et plus spécifiquement américaine.

« Quand on ne croit pas en Dieu, il ne faut pas s’en servir pour dire qu’on n’y croit pas. » (Georges Perros)

« Notre pays offre une telle foule de divinités qu’un dieu s’y rencontre plus facilement qu’un homme. » (Pétrone – sur le trop-plein polythéiste de la fin de l’empire romain)

« Notre temps est si peu religieux qu’il n’a même pas pu enfanter une hérésie. » (Ernest Renan)

« Libre penseur, penseur suffirait. » (Jules Renard)

« La plupart de nos impies ne sont que des dévots révoltés. » (Rivarol)

« L’athéisme est aristocratique. L’idée d’un grand être qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime est toute populaire. » (Robespierre) – La haine du peuple qu’ont les hommes de gauche de tous les temps leur est donc une raison supplémentaire de tuer l’idée de Dieu.

« Le processus de dédivinisation … culminerait, dans l’idéal, dans le fait que nous ne serions plus capables de voir la moindre utilité à l’idée selon laquelle des êtres humains finis, mortels, existant de façon contingente, pourraient tirer sens de leur vie… » (Richard Rorty) – De fait, le suicide de l’humanité est loin d’être exclu.

« La société positiviste se détruirait elle-même dans l’absurdité de moyens sans fins, comme le ‘Meilleur des mondes’ de Huxley. » (Raymond Ruyer) – C’est bien ce qui arrive. Précisons que l’auteur n’est absolument pas religieux, d’ailleurs, préalablement : « Le Dieu du ‘savoir mourir’ ou même du ‘savoir exister’ sans ‘savoir vivre’, ne conduirait qu’à une éphémère société de moines. »

« Beaucoup d’athées sont des gens qui sont très en colère après le Bon Dieu. » (Louis Scutenaire)

« Le matérialisme pratique de l’Ouest est à terme plus destructeur pour la foi que le matérialisme théorique de l’Est. » (Soljénitsyne – cité par Roland Hureaux)

« Etant donné la richesse de développement spirituel acquise dans la douleur par notre pays (la Russie) en ce siècle, le système occidental, dans son état actuel d’épuisement spirituel, ne présente aucun attrait. » (Alexandre Soljénitsyne) – Voilà qui est clair, ce que tout le monde sait et qu’il est très mal venu de dire.

« Il est incontestable que l’anti-christianisme qui, selon la conception biblique, représente le dernier acte de la tragédie de l’histoire, ne sera pas la simple incroyance, la négation du christianisme ou le matérialisme … mais que ce sera une usurpation religieuse ; le nom du Christ sera usurpé par des forces de l’humanité qui, en fait et en esprit, sont directement hostiles au Christ et à son Esprit. » (Vladimir Soloviev) – Peut-être pas le dernier acte de l’histoire ni la fin du christianisme, mais l’introduction d’un ersatz de religion, désespérée, férocement matérielle et donc féroce, est en cours.

« Définir Dieu, c’est déjà être athée. Le prouver également … Les preuves de l’existence de Dieu sont des blasphèmes. » (Oswald Spengler)  

« L’inexistence de Dieu est tout aussi indémontrable que son existence. L’athéisme est une croyance négative, mais qui n’en est pas moins croyance pour autant. Si le mot gêne, disons : une opinion, une persuasion, une conviction … Être athée, c’est croire, et non pas savoir, que Dieu n’existe pas. » (André Comte-Sponville)

« N’avoir ni paradis, ni enfer, c’est se retrouver intolérablement privé de tout, dans un monde absolument plat. Des deux, l’enfer est apparu comme le plus facile à reconstituer. » (George Steiner – sur nos sociétés modernes occidentales)

« Le siècle qui vient de s’achever a suffisamment montré que le modèle classique d’un humanisme capable de tenir tête à la barbarie, à l’inhumain, grâce à une certaine culture, à une certaine éducation …  était illusoire … Un humanisme sans fondement théologique est par trop fragile pour satisfaire aux besoins humains, pour satisfaire la raison elle-même … Qu’il y ait dans l’athéisme conséquent et rigoureux, ce qui est très rare, la possibilité d’une grand morale stoïque, cela ne fait pas de doute … Pourtant, comme l’a montré Emmanuel Levinas, cela reste très difficile : pourquoi faire l’effort énorme d’une justice envers l’autre ? Quelle sera la récompense de l’altruisme social ou politique ? S’il n’y a pas la possibilité d’un jugement plus qu’humain, au-delà de l’humain, alors à quoi bon ! » (George Steiner)

« Grâce à Dieu, je suis athée. » (Stendhal – évoquant la laïcité apportée par le christianisme)

« L’homme n’a tué Dieu que pour devenir le ‘seul Dieu dans les cieux’. L’au-delà hors de Nous a sans doute été balayé et la grande entreprise de la philosophie des Lumières accomplie ; mais l’au-delà en Nous est devenu un nouveau ciel, qui demande à être escaladé à nouveau : Dieu à dû céder la place, mais pas à Nous, à l’Homme. Comment pouvez-vous croire que l’Homme-Dieu est mort, tant qu’outre le Dieu, l’Homme en lui n’est pas mort aussi . » (Max Stirner)

« L’oppression s’accentue à mesure que la divinité descend sur terre et s’intériorise en l’homme. » (Max Stirner – à propos du Marxisme)

« On ne nie pas qu’un Dieu. Mais qui nie Dieu, doit nier tous les dieux. On ne peut être athée seulement à l’église. Il faut l’être aussi à la vie, qui est l’église des églises. » (André Suarès)

« Comme le dit Emmanuel Todd, athée lui-même, la crise actuelle de la société française rejoint la difficulté pour une collectivité de vivre sans croyance religieuse … Si au début l’athéisme peut se vivre comme une libération, il tend à générer, au fur et à mesure qu’il apparaît dans sa nudité, une anxiété. » (François Taillandier)

« Ce n’est pas seulement de l’anticléricalisme et de l’anti-catholicisme, c’est la ‘théophobie matérialiste d’hommes qui ne se sont jurés de ne regarder que la terre’. » (André Tardieu –citant Joseph de Maistre) – Enfin une phobie dont on ne parle jamais. Ne concerne qu’une minorité d’athées.

« L’industrialisation, le changement technologique, la mobilité ont sapé maintes caractéristiques des formes de vie antérieures. La diffusion de la science et de l’éducation est le second facteur dont on croit qu’il a inévitablement conduit à l’incroyance … Mais le changement capital est …  que les gens ne croient plus que la dimension spirituelle de leurs vie serait incompréhensible si l’on supposait qu’il n’y a pas de Dieu … Ce qui importe c’est que des masses d’individus puissent comprendre des sources morales d’un autre type, qui ne supposent pas nécessairement un Dieu. » (Charles Taylor) – Sur le long terme, et même à court terme, cela reste à voir.

« L’athéisme vécu par les saints sous le nom de nuit des sens ou de l’esprit va plus loin dans la négation et le désespoir que celui des incrédules. » (Gustave Thibon)

« ‘L’homme devient athée lorsqu’il se sent meilleur que son Dieu.’ Quel Dieu ? Celui que lui impose la société où il vit. Après quoi, l’athée se fabrique d’autres dieux et les adore sous d’autres noms : Progrès, Révolution, Erotisme, etc. ; et ces nouveaux dieux le trahissent plus que l’ancien Dieu détrôné parce qu’il les construit à l’image de parties plus basses de lui-même. Théologie descendante de la Renaissance à nos jours. » (Gustave Thibon – citant Joseph Proudhon)

« ‘C’est méconnaître l’homme que de ne lui proposer que de l’humain.’Faute du divin, il se jettera dans l’inhumain; la grimace du diable remplacera pour lui le visage effacé de Dieu. » (Gustave Thibon – citant Aristote)

« Le panthéisme est ingrat précisément envers l’univers … Ayant perdu le fil absolu qui relie entre elles les choses finies et donne à chacune son sens … il se tourne nécessairement vers une des faces de ce monde relatif et s’en fait un Dieu. L’autre face, il la dissipe en fumée.    Ainsi le panthéisme occidental, à mesure qu’il glissait vers le culte du monde matériel et sensible, a traité d’illusion les choses de l’esprit, tandis que le panthéisme oriental, centré sur le monde intérieur de l’esprit, a considéré comme un pur mirage le monde des sens et des apparences. Tous les panthéismes, qui consistent théoriquement à diviniser le monde, aboutissent en fait à mutiler le monde. » (Gustave Thibon – L’échelle de Jacob)

« Nous avons vu des hommes qui croyaient racheter leur servilité envers les moindres agents du pouvoir politique par leur insolence envers Dieu. » (Alexis de Tocqueville)

« Le religieux ‘monothéiste’ introduisait des commandements concernant la morale qu’ignoraient les religions polythéistes de l’Antiquité. » (Dominique Venner) – Et en grande partie, les religions asiatiques (hindouisme, confucianisme, bouddhisme, Zen…)

Conséquences opposées de l’athéisme. « ‘Si Dieu n’existe pas tout est permis.’ (Dostoïevski – Les frères Karamazov) – ‘Si Dieu n’existe pas, l’homme est enfin responsable.’ » (Jean-Paul Sartre – L’existentialisme est un humanisme). »  (Bertrand Vergely) – Laxisme ou responsabilité. Quand on connaît les hommes, on a vite fait de trancher.

« L’athéisme n’a rien fondé. » (Giambattista Vico)

« Jamais n’a existé de par le monde une nation d’athées : toutes ont commencé à partir d’une religion …  Des idées universelles nées chez des peuples qui s’ignorent, doivent avoir un principe commun de vérité. » (Giambattista Vico)

« Le mono-athéisme, foi paradoxale de celui qui ne croit en rien du tout. » (Paul Virilio)

« Le matérialisme athée est nécessairement révolutionnaire, car pour s’orienter vers un bien absolu d’ici-bas, il faut le placer dans l’avenir. » (Simone Weil) – Où il ne sera jamais au rendez-vous.

« Les erreurs de notre époque sont du christianisme sans surnaturel. » (Simone Weil)

« L’idée athée par excellence est l’idée de progrès, qui est la négation de la preuve ontologique expérimentale, car elle implique que le médiocre peut de lui-même produire le meilleur. Or toute la science moderne concourt à la  destruction de l’idée du progrès. Darwin a détruit l’illusion du progrès interne qui se trouvait dans Lamarck. La théorie des mutations ne laisse subsister que le hasard et l’élimination. L’énergétique pose que l’énergie se dégrade et ne monte jamais, et cela s’applique même à la vie animale et végétale. » (Simone Weil)

« L’univers radical de l’athée, débarrassé de références religieuses, n’est que l’univers gris de la terreur égalitaire et de la tyrannie. » (Slavoj Zizek – sur les régimes communistes)

« Êtes-vous athée protestant ou athée catholique ? » (plaisanterie d’Irlande du Nord)

« Le néant caractérisant l’être dans son fond, la défaite est inscrite dans son essence, et ils ne sont rien d’autre ‘qu’êtres pour la mort’ » (? – parodie d’Heidegger) – On voit les conclusions pratiques sanguinaires qu’on peut en tirer.  Comme se justifiaient les nihilistes russes : « Tout homme étant condamné à mort de naissance… »

« En France, l’athéisme est devenu une religion, violente et sectaire. La France, fille aînée de l’athéisme. » (?)

« Peut-on nier Dieu sans se prendre pour des dieux ? » (?)

– Le paganisme :

« Le paganisme n’est pas un retour au le passé … Il s’agit de se relier à l’indépassable et non au dépassé … Il n’y a pas de retour au paganisme, mais retour du paganisme … Les dieux et les croyances dont ils font l’objet sont considérés comme des ‘centres de valeurs’ et des systèmes de valeurs : dieux et croyances passent, les valeurs restent … Le paganisme ne rejette ni spiritualité ni sacré, mais fait le choix d’une autre spiritualité et d‘une autre forme de sacré … Il sacralise, et par là exalte le monde, là où le monothéisme judéo-chrétien sanctifie, et par là retranche du monde … La valeur la plus haute n’est pas une ‘justice’ interprétée en termes d’aplatissement égalitaire mais tout ce qui permet à l’homme de se dépasser lui-même, les antithèses classiques ; noble-bas, courageux-lâche, honorable-déshonorant… prennent la place des antithèses de la morale du péché : bien-mal, faible-arrogant, soumis-orgueilleux… ainsi que des fausses alternatives : corps-esprit, âme-matière… Le divin est immanent, consubstantiel au monde, Dieu âme du monde … Refus du dualisme, d’une création première (l’univers ne tient pas son statut d’existence d’un autre que lui), de la distinction créateur-créé, d’un être dévalué, de la notion mécanique de linéarité, mais au contraire unicité du réel, sans aucun double ni reflet … Pas d’origine absolue du temps, de premier homme et d’une eschatologie finale qui ne serait suivie d’aucun recommencement … Rejet de la coupure entre l’homme et la’ nature’, donc de cette coupure projetée à l’intérieur même de l’homme (corps, physiologie, sexualité, pulsions…) … Rejet d’une souveraineté humaine limitée et de l’interdiction à l’homme d’envisager et d’affronter un présent chargé d’avenir qui ne dépendrait que de lui-même (refus de la sanction de Babel) … La Bible est un livre plus moral que religieux, le judéo-christianisme moralise tout … L’histoire n’y est que l’aboutissement du plan divin, ‘procès’ moral qui doit culminer dans l’instauration du Royaume … L’homme du paganisme éprouve le ‘lieu’ où il est né au travers d’un rapport de filiation, et non, comme dans la Bible, une terre ‘promise’, une terre finale, une terre de destination, relevant d’une finalité plus temporelle que spatiale (nomadisme en recherche des temps messianiques), où la sédentarité, par opposition au nomadisme, est valorisée de façon négative (Caïn construit une ville, pour jeter les bases d’un royaume) … L’univers biblique est conçu comme un monde sans frontières spatiales, mais limité dans le temps, tandis que, dans le paganisme, il est conçu comme un monde illimité dans le temps, mais où il appartient à l’homme de tracer des frontières spatiales … Vocation à l’universalisme et à la déterritorialisation dans le premier cas, enracinement et spécificité dans l’autre … Le discours du paganisme est un particulier qui peut atteindre l’universel, le discours biblique est un universel qui fonde statutairement tous les particuliers ; l’humanité ensemble d’individus de l’espèce ‘Homo’ et de peuples pour le paganisme ou bien, dans la Bible, l’humanité-idée qui spécifie les hommes (on n’est pas loin de la querelle entre réalisme et nominalisme, universaux et particuliers) … Cette idée judéo-chrétienne de l’homme universel, abstrait, constitue le cœur de l’idéologie des droits de l’homme … le fait que, dans le récit biblique de la création, l’homme provienne d’une source unique ne jette pas seulement les bases de l’universalisme philosophique. Il représente aussi une option délibérément égalitaire … Le discours des béatitudes  sera le renversement de toutes les valeurs, notamment de celles du paganisme : noble, puissant, beau, heureux … Le paganisme ne reproche pas au christianisme de défendre les faibles … il lui reproche d’exalter en eux leur faiblesse, d’y voir la marque de leur élection et leur titre de gloire, il lui reproche de ne pas les aider à devenir forts … Après avoir démythifié, désacralisé, le monde, le monothéisme judéo-chrétien a été la victime de ce procès de désacralisation qu’il avait instauré. » (Alain de Benoist – considérations éparses sur le paganisme)

 

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