535,6 – Voyou

– Terme interdit au plan individuel. S’utilisait encore récemment pour qualifier certains Etats à ramener dans le droit chemin avec douceur certes mais grande fermeté. Son oubli là et son abus ici ont fini par déconsidérer le terme, pas par faire disparaître la réalité, plus présente que jamais.

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« Jean Genet coalise toutes les conditions du prestige. L’aspect voyou, si attachant depuis Villon. L’aspect taulard, si distingué depuis Sade. L’aspect paumé, si émouvant depuis Rousseau. L’aspect vagabond qui traverse nos lettres avec panache de Rétif de La Bretonne à Rimbaud. L’aspect esthète, chevauchant les siècles de Montaigne à Gide, de La Fontaine à Mallarmé. L’aspect victime dont les illustrations sont trop nombreuses d’Agrippa d’Aubigné à Antonin Artaud pour que j’en reprenne le compte. L’aspect peuple, de George Sand à Barbusse. L’aspect militant de Voltaire à Sartre… Que sais-je encore ? » (Jean-Paul Aron – Les modernes)

« Traiter de vaurien quelqu’un qui ne vaut pas grand-chose c’est lui causer un préjudice commercial. » (Yvan Audouard)

« De plus en plus, il semble se dégager de la société contemporaine une haleine de prohibition absolue contre ces réfractaires à l’universelle ignominie. Les voyous, devenus nos maîtres, depuis environ trente ans, ont édicté la salauderie nationale et obligatoire dont le premier et unique article est de conspuer tout ce qui fit la grandeur morale et l’espérance des hommes. » (Léon Bloy) – Rien à changer.

«  La liste des agressions violentes qui émaillent le quotidien des Français ne cesse de s’allonger dans ce qui apparaît au grand jour comme un ensauvagement de la société. D’égorgements en attaques ratées, la banalisation de la barbarie se diffuse et témoigne d’une dégradation spectaculaire de la civilité. C’est désormais au couteau que se livre le combat entre notre société et ses ennemis … Cette banalisation ne se manifeste pas uniquement par des actes à dimension terroriste, elle se diffuse dans les relations du quotidien. » (Anne-Sophie Chazaud)

« Même les pires voyous se drapent aujourd’hui dans la bienveillance et l’amour du prochain … L’individualisme possessif devient présentable quand il dégouline d’émotion feinte … Ce que Hegel décrit comme conscience morale plaintive, nous le voyons effectivement se réaliser comme pleurnicherie. » (Yves Michaud)

« Quelques heures d’escalade en montagne font d’un voyou ou d’un saint deux créatures sensiblement semblables. La fatigue est le chemin le plus court vers l’égalité et la fraternité. » (Nietzsche)

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