020,5 – Vieillesse

– L’Occident en général, la France en particulier, sont devenus tellement lâches dans leur expression qu’il n’y a plus de vieux, seulement des seniors. – De toutes manières on ne vieillit plus, on se contente d’avancer en âge, c’est nettement plus confortable.

– Le terme vieillesse est donc mal choisi, l’expression correcte est celle de troisième âge (cible des tours opérateurs), et (mais on n’ose en parler) de quatrième âge, cible de qui ? La grande faucheuse.

 – Jadis, on nommait souvent un vieux L’ancien (ainsi que l’a fait pour moi et à mon grand plaisir un paysan simplement un peu plus jeune que moi). Le terme avait une autre allure, en plus d’avoir un sens, proche du respect.

– Elle est un moment où chacun fait comme il peut pour épargner son naufrage à ses proches.

– Le rayon d’action se restreint de mois en mois.

– On dit, à juste titre, les vieillards (hommes surtout) impatients et irascibles ; c’est exact. Un signe de début de vieillesse : la hantise des tâches, (fussent-elles élémentaires) à accomplir, la crainte des moindres démarches ; le désir prenant de se trouver devant un bureau où rien n’attend. Comprendre qu’ils se sentent démunis, impuissants, qu’il leur est très pénible d’attendre… une réponse, un acte promis, un courrier… Plus jeune, on ne comprend pas ces faiblesses, et constater ces négligences, cette incompréhension, parfois ce mauvais vouloir est aux vieux une souffrance supplémentaire.

– Une certaine insensibilité s’installe. Ce n’est en rien de l’égoïsme, plutôt une lassitude, une habitude, sans doute aussi une heureuse façon inconsciente de se préserver. Quand la plupart de vos amis sont déjà partis, un certain blindage bienvenu s’installe ; tout à fait étranger à ce qui pourrait passer pour de l’indifférence.

– S’il arrive qu’une larme surgisse au coin de l’œil d’un vieillard, songeons aux points suivants :

. C’est aussi l’âge, le temps des rêves, qui ramènent le souvenir de choses enfouies, bien cachées, pas toujours agréables, de rappels d’événements et de gens oubliés.

. Généralement introduits par les rêves, ces rappels, ces piqûres, viennent d’eux-mêmes un jour, sans être sollicités et on vit avec, mais d’autant plus confortablement en et avec soi qu’on y trouve plus de pleins que de creux, de réussites que d’échecs. – « Une fois, dans l’infini de l’espace et du temps, un être spirituel, par son apparition sur la terre, a eu la possibilité de dire : ‘Je suis et j’aime’. Une fois seulement lui a été accordé un moment d’amour actif et vivant ; à cette fin lui a été donnée la vie terrestre, bornée dans le temps » (Dostoïevski – Les frères Karamazov, Entretiens du starets  Zosime) – C’est cela qui revient, ou plutôt surgit, agréablement ou non.

. Ce n’est pas là regarder en arrière, c’est le passé qui nous fait des clins d’œil (souvent plutôt des crocs-en-jambe) dans notre dos – bien malgré nous. La bonne réponse à lui faire étant : D’accord, et alors ! et de passer à autre chose. Mais ce n’est pas si facile.

-L’avantage de ne pas atteindre un âge avancé (dépassant quatre-vingt ans ?), c’est que, généralement du moins, le rappel pénible et lancinant de nos erreurs et de nos fautes nous sera épargné ; en effet nous n’y songeons guère avant un certain âge, qui est plutôt un âge certain. 

. Un jour, ce qui nous reste d’agréable, de confortable, sera l’affection ou la simple attention que nous aurons pu donner tout au long de notre vie.

. La vieillesse, j’entends en santé et forme correctes, serait une période très agréable, si ne s’y introduisaient par effraction des regrets de tout ce qui a été manqué, de ce qui aurait pu être et n’a pas été, les rappels de nos manques, de nos ingratitudes, de nos petites trahisons…

– Passées quelques décennies, on se sent exister pour les enfants et encore pour les adolescents, et être devenu transparent pour les adultes non proches, trentenaires et quarantenaires… Cela est dans l’ordre ancestral des choses.

– A cet âge, il est presque aussi  nécessaire de bénéficier de la compréhension de ses proches que  de leur affection. 

– On entend parfois des proches dire d’un défunt ce que lui-même n’aurait jamais avoué qu’à lui-même mais ressentait fortement : Il, ou elle, en avait assez de vivre. C’est bien perçu, effectivement, cette lassitude arrive. « La fatigue d’être. » (Emmanuel Levinas) – Plus envie de succès dérisoires, lassé du décompte des fautes et défaites  « rassasié de jour » dit l a Bible

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« Sous l’angle de la volonté, la vieillesse consiste à voir se rétrécir la dimension future … avant sa perte définitive. » (Hannah Arendt)

« Le grand âge freine certaines activités, mais il n’exerce aucune action nuisible sur l’esprit de celui qui n’a pas négligé d’en entretenir la vitalité … ‘Dis-moi comment tu vieillis, je te dirai comment tu étais’. » (Marc Augé)

« Le rapport à l’âge (on ne devient pas vieux au même âge), comme l’espérance de vie traduit l’inégalité sociale. » (Marc Augé)

« Existe aussi cette indifférence grandissante à l’égard de l’histoire en cours, à l’égard des autres, parfois même de ses plus proches … solitude subie, imposée par le départ de ses compagnons d’âge et par le regard des autres, solitude voulue, comme par un réflexe de défense ou une forme de défi. »  (Marc Augé)

 « Au fur et à mesure de leur vieillissement, les individus laissent apparaître des traits familiaux qui jusqu’alors étaient restés invisibles sur leur figure. » (Marc Augé) 

« Lévi-Strauss, dans ‘Race et histoire’, a magnifiquement évoqué le désintérêt des grands vieillards pour une époque qui ne leur ‘dit’ plus rien, très littéralement, les condamnant au silence avant la mort. » (Marc Augé)

« Qui ne reculerait d’horreur et ne choisirait la mort, si on lui offrait le choix entre mourir et redevenir enfant ! » (saint Augustin)

« Une vieillesse ferme, spirituelle, aimable qui montre la supériorité des esprits qui se cultivent sur ceux qui ne se cultivent pas. La culture de l’esprit fait durer les facultés, comme le soin du corps fait durer les organes. » (Barbey d’Aurevilly) – Pour la lecture, contre la télévision.

« Les vieillards sont assez enclins à doter de leurs chagrins l’avenir des jeunes gens. » (Balzac)

« Quel dommage de disparaître au moment où l’on atteint enfin le sommet de soi-même … Et néanmoins, tout le monde préfère laisser agir la nature plutôt que de prétendre à la vie éternelle. » (Olivier Bardolle)

« Tous les vieux se font professeurs à leur insu. » (Anne Barratin)

« Quand tout ne vieillit pas ensemble, cœur et esprit, âme et désirs, gare à la bagarre ! »  (Anne Barratin)

« Une vieillesse sans remords n’est plus une charge à porter. » (Anne Barratin)

«  Une série de souvenirs s’éveillaient dans son imagination, coupés par ces grands élans qu’excitent dans une âme les approches de la mort … Vous ne pouvez pas savoir, mon ami,  les pensées qui assiègent le lit d’un mourant. Toute mon existence est présente devant moi … Comment n’ai-je pas vu que nous pouvions nous aimer ? Lui et moi. » (Maurice Barrès – La colline inspirée)

« Quoi de plus odieux qu’un vieil esprit qui n’a pas su mûrir ? » (madame du Barry)

« Les Grecs entraient dans la mort à reculons : ce qu’ils avaient devant eux, c’était leur passé. » (Roland Barthes) – Seulement les Grecs ?

« Un homme n’est vieux que quand les regrets ont pris la place des rêves. » (John Barrymore)

« Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! » (Baudelaire)

« Mères au cœur saignant, courtisanes ou saintes,

« Dont autrefois par tous les noms étaient cités.

« Vous qui fûtes la grâce, ou qui fûtes la gloire,

« Nul ne vous reconnaît !

« …………………………………………

« Et nul ne vous salue, étranges destinées !

« Débris d’humanité pour l’éternité mûrs ! » (Baudelaire – Petites vieilles)

« Les personnes âgées sont la personnification de ce qui circule déjà depuis longtemps et qui ne réserve désormais plus aucune surprise … Être âgé est une ‘inaptitude’ parce que cela représente la limitation des désirs, la modération des besoins, l’insensibilité aux séductions du marché : être âgé est en somme un anathème dans la société des consommateurs. » (Zygmunt Bauman)

« Mettre quelque chose d’important entre soi et la mort. » (Alain de Benoist) – Conseil pertinent. C’est le drame de l’entrée en maison de retraite, l’évidence que plus rien désormais ne se produira d’ici…

« Dans le rétroviseur de la vieillesse, toute vie paraît un échec. » (Emmanuel Berl)

« Plus je vieillis, plus je suis convaincu que la vieillesse a plus besoin que la jeunesse des postes, des places, des choses qui la distraient. Quand on est jeune, on peut encore aller rigoler, mais quand on est vieux, s’il n’y a pas de gens qui viennent vous demander des audiences, des signatures, des décorations, qu’est-ce qu’on est ? Plus rien. » (Emmanuel Berl) – Le pouvoir nécessaire à la vieillesse.

« Il semble que les idées les mieux ancrées, les sentiments les plus forts suivent le programme que la génétique leur impose … passé un certain âge, les valeurs auxquelles on était le plus attaché se détachent de vous, comme les feuilles se détachent des arbres à l’automne. » (Emmanuel Berl)

« Les questions auxquelles je m’achoppe, elle ne les a sans doute pas résolues, mais elle a cessé de se les poser. Tout, probablement, est plus simple que je ne me le figure. » (Emmanuel Berl) – Sur les questions métaphysiques et l’âge. 

« Mon passé est un monceau énorme d’amours défuntes, d’amitiés rompues, d’espoirs déçus, de déboires surmontés … je traîne la poussière d’une multitude de cadavres. » (Emmanuel Berl)

« Ma grand-mère, tellement passionnée pour ses enfants et ses petits-enfants, mes visites qui naguère faisaient scintiller de joie …  ne lui donnaient plus aucun plaisir. Son cœur était vide et calmé. » (Emmanuel Berl) – La distance, l’éloignement, de l’extrême vieillesse.

« Il n’était pas malheureux, il ne souffrait pas, mais il donnait l‘impression d’une personne qui a envie de se lever de table et s’en retient par politesse. » (Emmanuel Berl) – Approche de la mort.

« Même le risque d’être déclaré fou ne nous gêne plus, quand on a pris de l’âge. » (Thomas Bernhard) – Effectivement, s’il impose quelques contraintes physiques, celui-ci débarrasse de pas mal d’autres embarras.

« Vieillir est ennuyeux, mais c’est le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps. » (Sainte- Beuve)

« C’est la grande tentation de ceux qui finissent : ils se regardent et ils se parlent ; ils se font d’eux-mêmes une solitude peuplée d’eux-mêmes. » (Maurice Blanchot)

« Sa solitude, celle de quelqu’un qui n’a plus la place de se tromper lui-même. » (Maurice Blanchot) – Fin des artifices, des simulations…

« Et le vieil homme entra dans un long hiver. » (Antoine Blondin – dernière phrase d’Un singe en hiver)

« Elle a atteint cette zone où la vie n’est plus que le fait brut de vivre, source inépuisable de miracles. » (Christian Bobin)

« Ces retraités agrippés au volant de leur camping-car neuf, ou qu’on croise partout en troupes de randonneurs suréquipés, la peau bien tirée sur leur dentition neuve, en foules envahissantes du 3° âge piétinant tous les hauts lieux de l’histoire humaine pour les filmer au caméscope … participant eux aussi à l’excitation générale … Qu’on voit d’enfoncer dans la caducité et dépasser franchement la date de péremption. » (Baudouin de Bodinat – Au fond de la couche gazeuse)

« A mon âge, on n’est plus cocu, on est secondé. » (cité par Philippe Bouvard)

« Réponse d’un centenaire questionné sur sa longévité : « L’habitude de remettre au lendemain. » (cité par Albert Brie)

« Alors qu’à l’époque médiévale chaque vivant était un mort en sursis, aujourd’hui, grâce à la science, chacun est promis à devenir un immortel en puissance ; mais que de peines, de sacrifices … pour accéder au ‘paradis’ des centenaires. » (Pascal Bruckner)

« Et notre existence se retourne sur nous comme une suite de désastres, d’occasions manquées. » (Pascal Bruckner) – Sauf pour ceux qui se sont montrés  avisés très jeunes et pour ceux qui ont réussi à rester inconscients jusqu’au dernier moment.

« Un homme qui serait en peine de connaître s’il change, s’il commence à vieillir, peut consulter les yeux d’une jeune femme qu’il aborde, et le ton dont elle lui parle : il apprendra ce qu’il craint de savoir. » (La Bruyère) – Les femmes ne feraient-elles pas la même expérience ?

« L’on espère de vieillir, et l’on craint la vieillesse. » (La Bruyère)

« La mort a un bel endroit, qui est de mettre fin à la vieillesse. La mort qui prévient la caducité arrive plus à propos que celle qui la termine. » (La Bruyère)

« N’être plus écouté, c’est ce qui est terrible quand on est vieux. » (Albert Camus)

« Il faut bien que vieillesse se passe. » (Albert Camus)

« Le désir de vivre longtemps … signifie en réalité que l’on désire survivre aux gens de son âge. » (Elias Canetti) – Les gens âgés comprendront mieux.

« Est-ce la vieillesse qui fait l’homme moins sensible aux injures et aux âpretés de la vie ? Ses morsures ne sont plus si sérieuses, il les connaît et n’en est point surpris. » (Elias Canetti)

« Se sentir vieux est moins lié au nombre des années qu’à la perte des forces et surtout au sentiment de diminution de la relation au monde. » (Nicolle Carré)

« Tous souhaitent l’atteindre, puis l’accusent, une fois atteinte. » (Caton)

« Pour l’âme libérée des services de la volupté, de l’ambition, des rivalités, des inimitiés, des passions, comme il est précieux de pouvoir s’isoler et vivre, comme on dit, avec soi-même » (Caton)

« Le temps diminue chez nous l’intensité des plaisirs absolus, mais il paraît qu’il accroît les plaisirs relatifs ; je soupçonne que c’est l’artifice par lequel la nature a su lier les hommes à la vie, après la perte des objets ou des plaisirs qui la rendaient le plus agréable. » (Chamfort) – cité par Dominique Noguez)

« C’est la plénitude, l’extase que me donne l’âge, dit-il. J’ai atteint ce moment de la vie où les sens, l’orgueil, les convoitises et leurs mensonges vous laissent en paix. On est instruit … Les vrais biens ne sont connus que des vieillards. » (Jacques Chardonne)

« Quel malheur, mademoiselle, que de voir une chose si belle quand on va mourir. » (Chateaubriand âgé – à une jeune actrice)

« Rien n’est triste comme de relire vers la fin de ses jours ce que l’on a écrit dans sa jeunesse : tout ce qui était présent se trouve au passé. » (Chateaubriand)

« Il avait plus de jours que de cheveux. » (Chateaubriand)

« Toutes les ruines semblent rajeunir avec l’année : je suis du nombre. » (Chateaubriand – évoquant le printemps)

« La vieillesse est une voyageuse de nuit ; la terre lui est cachée, elle ne découvre plus que le ciel brillant au-dessus de sa tête. » (Chateaubriand)

« Vous n’êtes plus qu’une tache dans cette nature, vous en gâtez les suavités et les harmonies par votre présence, par vos paroles et même par les sentiments que vous oseriez exprimer. Vous pouvez aimer, mais on ne peut plus vous aimer. » (Chateaubriand) – On sait combien l’auteur était obsédé par la vieillesse.

« Maintenant, un traînard dans ce monde a vu non seulement mourir les hommes, mais il a vu mourir les idées ; principes, mœurs, goûts, plaisirs, peines, sentiments, rien ne ressemble à ce qu’il a connu. Il est d’une Race différente de l’espèce humaine au milieu de laquelle il achève ses jours. » (Chateaubriand)

 « Il y a déjà longtemps qu’elle n’existait plus, à moins de compter des jours qui ennuient. » (Chateaubriand – à propos de madame de Rambouillet  – «  On compte ses aïeux lorsqu’on ne compte plus. » (Chateaubriand) – Sur la vieillesse .

« Malheur à l’âge pour qui la nature a perdu ses félicités ! Des pays enchantés où rien ne vous attend sont arides ; quelles aimables ombres verrai-je dans les temps à venir ? Fi ! Des nuages qui volent sur une tête blanchie. » (Chateaubriand – Vie de Rancé)

« Je ne suis plus que le temps … Le temps a pris mes mains dans les siennes ; il n’y a plus rien à cueillir dans des jours défleuris. » (Chateaubriand – Vie de Rancé)

« Ce consentement à vieillir qui fait l’usure plus que l’âge. » (Yves Christen)

« On supporte plus facilement un événement tragique quand on est vieux. On a eu le temps d’apprendre que tout est possible … et que tout ce qui arrive ici-bas n’a que bien peu d’importance. » (Agatha Christie)

« En tant que vieux, je me supporte, mais je ne supporte pas les vieux, les autres vieux. » (Emil Cioran)

« Dés qu’on commence à baisser, au lieu de s’en désoler, on devrait invoquer le droit de n’être plus soi-même. » (Emil Cioran)

« En vieillissant on apprend à troquer ses erreurs contre des ricanements. » (Emil Cioran)

« A mesure que les années passent, le nombre décroît de ceux avec lesquels on peut s’entendre. » (Emil Cioran)

« La vieillesse est l’autocritique de la nature. » (Emil Cioran)

« C’est vers la source qu’après avoir trempé ses lèvres dans le torrent que l’homme ne cesse de relever la tête. » (Paul Claudel) 

« En vieillissant on perd pas mal de ses défauts : ils ne servent plus à rien. » (Paul Claudel)

« Être vieux c’est être bien partout. » (Christian Combaz)

« Ce qui manque aux nouveaux vieux c’est l’esprit de vieillesse. » (Christian Combaz) – Comment l’auraient-ils ? Matraqués et soumis aux nouveaux diktats d’une société qui a tellement peur de la mort qu’elle impose des devoirs, des nécessités quasi mystiques : consommez, faites du sport, participez, soyez reconnaissants qu’on vous anime, soignez votre look, voyagez, baisez, rigolez ; comme il, elle, est resté(e) jeune !

« Le souci de rester valide n’implique pas obligatoirement celui de rester idiot. La vieillesse est un âge où, par bonheur, le vieillissement des cellules vous délivre de mille soucis ennuyeux : séduire, conquérir, écraser ses adversaires, exercer un pouvoir, promouvoir la vérité sont de moins en moins nécessaires. » (Christian Combaz)

« Ils (les vieux) témoignent de la vanité de tout, ce qui, dans l’Occident moderne, est une prouesse inestimable. » (Christian Combaz)

« On déplore volontiers la privation de dignité dont souffrent les vieillards. Mais sur la privation du droit de tirer son chapeau en silence, la presse est moins prolixe. » (Christian Combaz)

« Volupté intellectuelle de l’âge, qui vous allège de certains espoirs, vous débarrasse  de beaucoup de préjugés. » (Christian Combaz)

« Que faire quand le monde auquel on tient nous échappe (et donc qu’il est clair, en plus, qu’il court à la catastrophe), ‘Le bateau coule, restez élégant, mourez debout’ (Michel Onfray) ; ‘S’il faut couler, coulons debout’ (Louis Pauwels) ; ‘Quelque chose naît, quelque chose meurt. Je suis avec ce qui meurt. C’est là que j’aime être’ (Henry de Montherlant). » (Mathieu Bock-Côté) 

« La vieillesse n’est profitable qu’à l’alcool. » (Courteline)

« Passage du dehors au-dedans, du chaos à l’ordonnance, de l’esclavage à la liberté …La beauté assume la difformité, la clarté l’ombre, les erreurs du parcours sont entièrement consumées, il n’en reste aucune trace … La décréation progressive a fait apparaître dans l’âme de nouveaux continents, telle la mer en se retirant découvre … Le désert intérieur permet de prendre un certain recul et de comprendre nos failles sans pour autant les tenir constamment sous nos yeux. » (Marie-Madeleine Davy – Le désert intérieur)

« Sur tout le reste du front des bombardements publicitaires, il est carrément interdit de vieillir. » (Guy Debord)

« Prendre de la bouteille réduit en nous le besoin social de contacts et diminue l’anxieux besoin d’approbation qui fait le fond de notre vanité. On ressent moins le besoin de plaire, séduire ou faire impression. » (Régis Debray)

« Il faut tellement de temps pour se donner une âme d’enfant … Encore plus de temps que pour devenir un individu, ce qui demande déjà au petit d’homme une trentaine d’années. » (Régis Debray)

 « Quand vient la vieillesse, et l’heure de parler concrètement. » (Gilles Deleuze) – « La seconde jeunesse voit plus juste que la première. Et met plus souvent dans le mille. » (Régis Debray)

« Tout se passe comme si nous héritions d’une seule page blanche et d’un seul crayon, de surcroît indélébile … Pouvoir, avant de mourir, regarder sa propre vie comme une œuvre … la désigner comme un ensemble plutôt que comme un tas. » (Chantal Delsol)

« Plein d’agrément est le vieillard qui sait à la fois plaisanter et parler sérieusement. » (Démocrite)

« Notre corps est une demeure dont, avec l’âge, il faut condamner des pièces faute de pouvoir les chauffer toutes. » (Jacques Deval)

« Il rêvait de proclamer : je vous laisse sans regrets, car votre futur représente tout ce que je déteste … Sa conviction que le monde déclinait ressemblait ainsi à une réaction biologique faite pour aider l’homme vieillissant à supporter sa disparition. » (Benoît Duteurtre) – Autant pour moi ?

« C’est un âge aussi ingrat que celui de l’adolescence : on ne sait quelle figure faire … Être un vieil évaporé qui recherche à tout prix la jeunesse … qui se tient au courant de la dernière niaiserie … n’est pas un rôle plus avantageux que celui du vieux ronchon qui remâche d’antiques friponneries dans son coin, et qui assiste aux départs périodiques de ses complices pour l’autre monde. » (Jean Dutourd)

« Le travers habituel des vieux consiste à condamner le présent qu’ils ne connaissent pas au nom du passé qu’ils ont aux trois quarts oublié. Mais il faut convenir qu’il est inconfortable, quand même, de s’apercevoir soudain qu’on est entouré d’une population d’étrangers … Aucun vieillard d’autrefois n’ a connu cela ; c’est une nouveauté de notre temps.» (Jean Dutourd)

« Il me semble que la condition d’une heureuse vieillesse, c’est d’occuper son âme intégralement, d’en connaître les moindres recoins, d’en assumer toutes les couleurs et toutes les formes. Bref, c’est d’être devenu enfin totalement soi, avec son fort et son faible, et de ne rien faire qui ne soit en accord complet avec soi-même. » (Jean Dutourd) – Et aussi de pouvoir se retourner et regarder son passé sans regret excessif ou honte justifiée.

« Cela signifie qu’il faut aménager le monde pour les vieillards, travail sans précédent. Comment s’y prendre ? En niant la vieillesse bien sûr. D’abord en lui donnant un autre nom : troisième âge, quatrième âge, etc. Ensuite en la fardant, en la faisant ressembler le plus possible à la jeunesse. Enfin, en la mettant à l’écart … Les vieillards sont les indiens de l’Occident. On les parque dans des réserves afin que le monde continue à tourner sans se poser de questions cruciales. » (Jean Dutourd)

« Quand on est vieux on aime davantage et on souffre moins. » (Mircea Eliade – la nuit Bengali)

« L’exclusion silencieuse des êtres vieillissants de la communauté des vivants. Le refroidissement progressif de leurs relations. » (Norbert Elias)

« Les autres ont souvent du mal, et c’est tout à fait compréhensible, à ressentir emphatiquement les expériences de vieillissement que font les plus âgés … On a beaucoup moins bien compris et beaucoup moins abordé l’expérience même du vieillissement (ce par rapport à la compréhension médicale) … Le sentiment ‘Peut-être un jour serai-je âgé fait totalement défaut’ … Impossibilité de comprendre l’expérience des personnes âgées à moins de prendre conscience du fait que le processus de vieillissement modifie souvent de façon fondamentale la position de l’individu dans la société et du coup l’ensemble de ses relations à autrui. » (Norbert Elias)

La considération suivante émerge bien avant l’agonie, dés la vieillesse affirmée : « La manière de mourir dépend aussi, en grande partie, de la question de savoir si un homme a la possibilité de donner un but à sa vie et de l’atteindre, de se fixer des tâches et de les réaliser. Elle dépend de la question de savoir si le mourant a le sentiment, et dans quelle mesure, que sa vie a été bien remplie, pleine de sens, ou au contraire vide de contenu et de signification … Il est permis de supposer que la mort sera plus facile pour celui qui a le sentiment d’avoir accompli sa tâche, plus difficile pour celui qui sent qu’il a  perdu sa vie. » (Norbert Elias) – Ce n’est pas une supposition, c’est une certitude. Et encore pire pour celui qui réalise qu’il a gâché non seulement sa vie, mais gâché et parfois pourri celle d’autrui. Il n’est jamais trop tôt pour y penser et savoir qu’on payera, cher. Considérer la citation de Dostoïevski au début de la page d’accueil.

« Le dur désir de durer. » (Paul Eluard)

« Il sied bien à un homme qui n’est pas jeune, d’oublier qu’il l’a été. » (Saint-Evremond)

« Le respect des Anciens est remplacé par la célébration des vieux qui ont su rester jeunes. » (Alain Finkielkraut – L’ingratitude)

« C’est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers le passé. » (Francis Scott Fitzgerald – Gatsby, le magnifique)

« On finit par comprendre beaucoup de choses quand on arrive à a fin de sa vie. » (Francis Scott Fitzgerald)

« Vieillard. – A propos d’une inondation, d’un orage, etc., les vieillards du pays ne se rappellent jamais en avoir vu de semblable. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Un sexagénaire est toujours robuste, un septuagénaire est toujours robuste, un octogénaire est toujours…, un nonagénaire est… etc. » (Flaubert)

« Quand, voyant l’âne même à son antre accourir – ‘Ah ! C’est trop lui dit-il : je voulais bien mourir – Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes’. » (La Fontaine – Le lion devenu vieux)

« Un octogénaire plantait – ‘Passe encore de bâtir ; mais planter à cet âge !’ – Disaient trois jouvenceaux… – Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre… » (La Fontaine – Le vieillard et les trois jeunes hommes)

« La vieillesse déjà vient avec ses souffrances :

« Que m’offre l’avenir ? De courtes espérances.

« Que m’offre le passé ? Des fautes, des regrets.

« Tel est le sort de l’homme ; il s’instruit avec l’âge :

« Mais que sert d’être sage,

« Quand le terme est si prés ? (M. de Fontanes – cité par Chateaubriand)

« Je sens une difficulté d’être. » (réponse de Fontenelle, centenaire sur le point de mourir, à son médecin – cité par Jean Cocteau)

« Être âgé est une vocation. » (pape François)

« Je ne suis plus à un âge où on fait sa vie, mais où on fait volontiers une heure de vie. » (Jean Giono)

« Vieillir, c’est se retirer progressivement du monde des apparences. » (Goethe)

« Fait-on ce que nous autres vieillards conseillons de faire ? Chacun estime en savoir davantage … A quoi donc auraient servi nos recherches et nos erreurs, si vous, les jeunes, vous prétendez courir les mêmes chemins. » (Goethe)

« Il ne faut dans sa vieillesse emporter avec soi aucun défaut de jeunesse, car l’âge comporte lui-même ses propres imperfections. » (Goethe)

« Un vieillard est un livre qu’on néglige de lire. » (Julien Green)

« Ce qui rend la vieillesse si reposante, c’est de ne pas avoir à se donner ni à faire paraître des sentiments qui n’étaient pas les nôtres, on peut tellement se dégrimer qu’on ose avouer de soi ce qui nous eût fermé toutes les portes … S’insinuer dans le monde, s’y introduire, n’est plus mon affaire. Mon seul avenir est désormais d’en sortir. Plus besoin de limer mes fausses clefs. » (Nicolas Grimaldi)

« Reconnaître que vous vous êtes trompé jusqu’au bout, accueillir l’humiliation extrême d’avoir manqué votre existence de part en part. » (Fabrice Hadjadj)

« A la fin de notre vie, c’est l’enfant que nous fûmes qui nous jugera et qui nous demandera : ’Qu’as-tu fait de mes espérances ?’ » (Fabrice Hadjadj)

« La chouette de Minerve (l’oiseau de la sagesse, qui voit dans l’obscurité) ne prend son envol qu’au crépuscule. » (phrase célèbre et énigmatique de Hegel) –  « Le soupçon de Hegel : la perception de la réalité, apparaît seulement lorsqu’elle a  accompli et terminé son processus de formation. » (Enrique Valiente Noailles) – Le retard pris par la conscience sur l’action. On ne comprend qu’après l’Idée qui agissait inconsciemment dans l’homme d’action. C’est au soir de la vie qu’on commence à penser en se détachant, ou bien la réflexion, la méditation est nocturne, ou bien la philosophie est discrète,  à l’écart de l’action, ou bien encore la conscience, l’esprit, n’émerge qu’au moment où tout va finir (catastrophisme actuel), la connaissance doit attendre pour la comprendre que la réalité soit réalisée ou en passe d’être, etc. etc.

« C’est une erreur que de parler de la sagesse des vieillards. Ce n’est pas plus sage qu’ils deviennent, c’est plus prudents. » (Hemingway)

« La vieillesse ne devient médiocre que lorsqu’elle prend des airs de jeunesse … Un homme âgé qui abhorre et craint la vieillesse, les cheveux blancs et la proximité de la mort, ne représente pas dignement l’étape de l’existence qu’il a atteinte, tout comme un jeune homme vigoureux qui déteste son métier, son travail quotidien et cherche à y échapper … L’homme mûr doit se débarrasser de lui-même ou, comme le disaient autrefois les mystiques allemands, ‘défaire son être’. » (Hermann Hesse)

« Petit à petit, tous les gens s’en vont. A la fin nous avons plus de proches et d’intimes ‘de l’autre coté’ qu’ici-bas. » (Hermann Hesse)

« Quand un homme a atteint la vieillesse … il a le droit de confronter en paix l’idée de la mort. Il n’a plus besoin des autres, il les connaît déjà, et les a assez vus. Tout ce qu’il lui faut, c’est la paix. Il n’est pas décent d’aller le trouver, de l’assommer de bavardages, et de lui faire endurer des banalités. Il faudrait passe devant sa porte comme si personne ne vivait là. » (Hermann Hesse)

« Le passé prend une grande importance par rapport au présent et le futur ne nous intéresse plus vraiment. » (Hermann Hesse )

« Dieu laisse

« Aux âmes, un instant pour rêver, la vieillesse,

« Le droit à la fatigue et le droit au remords. » (Victor Hugo)

« Il est bon d’être ancien et mauvais d’être vieux. » (Victor Hugo)

« Quand les vieillards gémissent sur leur temps, ils se trompent ; ils ne gémissent que sur leur âge. » (Victor Hugo)

« Nous sommes tous les deux voisins du ciel, Madame, puisque vous êtes belle et puisque je suis vieux. » (Victor Hugo – pillant Chateaubriand)

« Vieillir, c’est être plus préoccupé par son propre corps que bouleversé par celui d’autrui. » (Roland Jaccard)

« La vieillesse est bénéfique en ce qu’elle nous permet d’arracher nos masques. » (Roland Jaccard)

« Se désolidariser de son passé est encore la meilleure recette pour ne pas vieillir. Tout reniement rajeunit. » (Roland Jaccard) 

« Vieillissement métaphysique. D’abord je ne peux pas ne pas avoir des souvenirs de plus en plus nombreux, une tranche de vie derrière moi de plus en plus longue. Il y a une fatigue vitale, indépendante de la fatigue du corps, qui accompagne la santé la meilleure et qui vient de l’accroissement du volume des souvenirs et du fait qu’un homme doué de pensée … ne peut pas ne pas avoir conscience … Il ne peut pas s’empêcher tôt ou tard de remesurer la piste étalonnée de l’existence, ce qu’il a déjà vécu et ce qui lui reste à vivre. » (Vladimir Jankélévitch)

« Cet âge, la vieillesse, est ami de l’ordre, par cela même qu’il est ami de son repos. » (Joseph Joubert)

« Les vieillards ont la mémoire des choses anciennes et n’ont pas la mémoire des choses récentes. Le ‘souvenir de loin’ dit-on. Les vieillards ont dans la mémoire le même défaut qu’ils ont dans la vue ; et l’on peut dire d’eux qu’ils ont la mémoire longue. » (Joseph Joubert)

« La vie est un pays que les vieillards ont vu et habité. Ceux qui doivent le parcourir peuvent leur demander les routes. » (Joseph Joubert) 

« Ceux-là seront les plus heureux, qui n’auront pas eu dans toute leur durée un seul moment que leur mémoire ne puisse se représenter distinctement et avec plaisir. Là nos souvenirs feront la meilleure partie de nos biens ou de nos maux. » (Joseph Joubert)

« Après la précipitation du désir, passé le temps d’imposer son projet aux choses, il est un temps où l’on commence à laisser venir, dit Montaigne, à laisser passer, à laisser les choses se passer, la sagesse vient, toute seule … On n’éprouve plus le désir qu’elles soient autrement, on les prend simplement comme elles viennent, sans plus les juger. » (François Jullien)

« De l’action manifeste à la non-action apparente, en allant pourrait-on dire de l’étant vers l’Être. » (Ernst Jünger– par Alain de Benoist)

« La magie des commencements n’est plus refusée aux seniors d’aujourd’hui. » (Hervé Juvin)

« L’absence de projet de vie signe la vieillesse, ce n’est plus l’âge. » (Hervé Juvin)

« Les vieillards sont des amis qui s’en vont ; il convient au moins de les reconduire poliment. » (Alphonse Karr)

« C’est seulement quand il est âgé que l’homme peut ignorer l’opinion de son troupeau, l’opinion du public et de l’avenir. » (Milan Kundera) – Enfin.

« En dévaluant l’expérience et en accordant une grande importance à la force physique, à la dextérité, à la faculté d’adaptation et à la création de nouvelles idées, la société définit la productivité en des termes qui excluent automatiquement les ‘doyens de ses citoyens’ … Dévalorisé la sagesse millénaire et jeté le discrédit sur toutes les formes d’autorité (y compris celle de l’expérience) … Les gens s’accrochent à l’illusion de la jeunesse jusqu’à ce que cela devienne impossible … Les ‘spécialistes’ règlent le problème en incitant ceux … à se détacher de leur passé, à entamer de nouvelles carrières, à se remarier (divorce créatif), à se trouver de nouveaux violons d’Ingres, à voyager sans bagage et à ne s’arrêter nulle part. Ce n’est pas un moyen de croître, mais d’organiser sa mise hors d’usage. » (Christopher Lasch) – La manie des voyages des jeunes retraités, et même moins jeunes !

« Manque d’élan vers les autres lorsqu’ils sont nouveaux … N’être plus enclin à faire connaissance, à tous les niveaux, aussi bien face à un nouveau livre qu’à un voisin d’avion, à un collaborateur, à une femme inconnue. » (Jacques Laurent – critères d’approche de la vieillesse)

« L’aisance avec laquelle les vieillards s’entretiennent avec la mort tient au fait que l’univers de leur jeunesse est mort avant eux et qu’ils n’ont plus rien de cher à abandonner. » (Jacques Laurent) 

« Qu’est-ce que vous faites ? – Je m’amuse à vieillir. C’est une occupation de tous les instants. » (Paul Léautaud – répondant à la question)

« Le conservatisme de l’âge révèle une positivité du désir et la déficience des forces qui le sous-tendent provoque une altération du jugement. » (Claude Lefort – reprenant Machiavel)

«  La solitude radicale de ceux qui survivent trop longtemps à leurs propres secrets et à leur propres fautes, c’est-à-dire, au bout du compte, de chacun d’entre nous. » (Jérôme Leroy – à propos d’un livre de John le Carré, L’héritage des espions)

« La baisse de nos capacités nous fait gagner en liberté intérieure … Plus rien à prouver, c’est d’un reposant ! Plus peur de l’échec, du regard des autres, de la critique, c’est d’un apaisant ! » (Juliette Levivier)

« On n’est plus jeune à présent. On préfère le genre Caton au genre catin. » (prince de Ligne)

« La conception du vieillissement hyperactif et socialement utile (le marathonien de 90 ans ou l’octogénaire toujours occupé à mille choses)  n’est finalement qu’une autre forme ‘d’âgisme’ (comme le sexisme, le racisme…). Elle maintient la marginalisation et la responsabilité personnelle des personnes âgées malades et dépendantes qui n’ont pas réussi à bien vieillir. » (Jean-Paul Lilienfeldd)

« Le bien qu’on dit aujourd’hui de mon esprit, on l’a dit autrefois de mon visage. » (madame de Maintenon – citée par Rivarol)

« La vieillesse n’apprend rien, ne corrige rien, n’établit rien. » (Joseph de Maistre) – Dit étant jeune !

« Chacun d’entre nous porte, gravé sur les rides du front, son monument aux morts personnel. » (Hélie de Saint Marc) – Il s’édifie certainement plus tôt pour des guerriers comme l’auteur, même s’il vient aux autres plus tardivement.

« La vieillesse permet peut-être de retrouver le bonheur d’être soi-même. Personne ne peut plus avoir la tentation d’être un autre. Les dés sont jetés. » (Hélie de Saint Marc)

« Tout homme avancé dans son âge sait que le temps ne s’écoule  pas de manière uniforme. Certaines périodes disparaissent d’un bloc dans l’oubli. A l’inverse, d’autres séquences de la vie, parfois remarquablement brèves, prennent une place écrasante au soir de l’existence. » (Hélie de Saint Marc)

« Plus ne sus ce que ai été, 

« Et ne le saurais jamais être

« Mon beau printemps et mon été

« Ont fait le saut par la fenêtre

« Ne menez plus tel desconfort

« Jeunes ans sont petites pertes :

« Votre âge est plus mûr et plus fort,

« Que ces jeunesses mal expertes. » (Clément Marot)

« Un homme sait quand il vieillit quand il commence à ressembler à son père. » (Garcia Marquez)

« Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé. » (Groucho Marx)

« Le déclin de l’âge nous apporte ce bienfait : c’est que les êtres, et les nations, ne peuvent plus nous surprendre que par leurs vertus. La bassesse va de soi… » (François Mauriac)

« Un vieil homme est toujours Robinson. » (François Mauriac)

« C’est merveilleux la vieillesse, dommage que çà finisse mal. » (François Mauriac) 

 « Les êtres ne changent pas, c’est là une vérité dont on ne doute plus à mon âge ; mais ils retournent souvent à l’inclination que, durant toute une vie, ils se sont épuisés à combattre. Ce qui ne signifie point qu’ils finissent toujours par céder au pire d’eux-mêmes. » (François Mauriac) – Au contraire.

« Le vrai mal de la vieillesse n’est pas l’affaiblissement du corps, c’est l’indifférence de l’âme. » (André Maurois) 

« Cet âge où les morts commencent à peser sur notre cœur. » (Richard Millet)

« L’homme qui va mourir ou s’adoucit ou se durcit. » (Henry de Montherlant)

« Il arrive un âge où nos déceptions elles-mêmes ne nous sont plus qu’un spectacle. » (Henry de Montherlant) 

« Qu’il eût pitié de soi montrait qu’il était très vieux. » (Henry de Montherlant – Le chaos et la nuit)

« Que tout disparaisse, puisqu’il va disparaître ; qu’il ne laisse rien et n’ait rien à regretter. » (Henry de Montherlant – sur le nihilisme destructeur de certains mourants – Le chaos et la nuit)

« Je n’ai pas atteint l’âge que j’ai pour que les petites choses me touchent. » (Henry de Montherlant – Le Cardinal d’Espagne)

« La vieillesse vit sous le signe moins : on est de moins en moins intelligent, de moins en moins bête. » (Paul Morand)

« J’avais quatre membres flexibles et un raide, Maintenant j’en ai quatre raides et un flexible. » (duc de Morny)

« C’est tellement pénible de vivre devant soi. Heureux d’avoir leur vie derrière, les vieillards sont libres. Leur existence est faite, elle n’est plus à faire. On ne se sent vraiment soi-même que vieux, loin de tous les excès, les conneries juvéniles, loin des erreurs. » (Marc-Edouard Nabe)

« La liberté d’après la servitude sexuelle est supérieure aux fresques et calembredaines de ces soumissions … Moins une servitude qu’une libération, moins une souffrance qu’une délivrance … Des motifs ontologiques et de nomadisme existentiel disparaissent en même temps que la libido affinée par la vieillesse. » (Michel Onfray) 

« Vieillir est la seule façon de ne pas mourir. » (Jean d’Ormesson) 

« La vieillesse c’est quand on dit ‘tu’ à tout le monde et que tout le monde vous dit ‘vous’. » (Marcel Pagnol)

« L’expérience du vieillissement est un des chapitres les plus difficiles du grand art de vivre. » (Jean-Paul II)

« Qu’une vie est heureuse, disait Montherlant, quand elle commence par l’ambition et finit par n’avoir plus d’autres rêves que celui de donner du pain aux canards … L’alentour devient assez indifférent. L’indifférence n’est pas une fatigue de l’âge. C’est la cessation des choix … la paix avec sa propre vie … Du mouvement, de la surprise, de la diversité, on est désormais dans l’unité … Quel dommage de n’avoir pas su plus tôt ces choses simples … Dépris de l’opinion d’autrui sur moi, comme de moi-même. » (Louis Pauwels)

« Nous eûmes des vacances

« De plus de huit cent mois

« Et l’école commence. » (Louis Pauwels)

 « Cet homme disait j’ai

« Trop d’années pour mon âge

« Quand mourut son projet

« D’exister sans dommage. » (Louis Pauwels)

« La vieillesse est l’âge le plus fastidieux parce qu’on ne sait plus quoi faire de soi, comme le soir, quand  l’œuvre quotidienne est finie. » (Cesare Pavese)

« Vieillir, c’est ‘chiant’ parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira … J’ai vu dans le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs … J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge. » (Bernard Pivot) – Combien vrai ! 

« Les vieillards pleins de condescendance pour les farces de la jeunesse, se gorgent de badinage à l’imitation de cette jeunesse, afin de ne point passer pour des gens moroses et pour des despotes. » (Platon) – Comme quoi le ridicule n’est pas nouveau.

« Tous les espoirs sont permis à qui sait vieillir hardiment. Et d’abord l’espoir de devenir enfin soi-même. » (Robert Poulet)

« Nous désirons tous atteindre la vieillesse et nous refusons tous d’y être parvenus. » (Francisco de Quevedo) 

« La misanthropie de la vieillesse n’est qu’une indigestion des autres. » (Jean-Paul Richter)

« Les vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples. » (La Rochefoucauld)

« Peu de gens savent être vieux. » (La Rochefoucauld)

« Le plus dangereux ridicule des vieilles personnes qui ont été aimables, c’est d’oublier qu’elles ne le sont plus. » (La Rochefoucauld)

« C’est le trait terrible dans le vieillissement : il vous donne bientôt la gaité de cœur qui permet d’accepter comme allant de soi des retranchements sur les sens et sur le cœur,  considérés auparavant comme de monstrueuses avaries. » (Pierre Drieu  la Rochelle)

« Vieillesse : le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes. » (Robert Sabatier)

« Il se donne comme un authentique permis de sortir pour les gens âgés. » (Pierre Sansot) – Il s’agit des bancs publics que l’on supprime allégrement en signe de mépris pour nos vieux.

“Il reste d’une vie, d’une période de notre vie, si peu de chose qu’une image sauvée du naufrage suffit à nous consoler de la fuite du temps. Un détail possède le pouvoir de provoquer une somme de journées, de mois. Quelques images recensées, archivées, réactivées, nous livrent accès à ce que nous vécûmes en commun. Ce n’est pas par hasard qu’il s’agit souvent de gestes bénins, d’actions  sans importance. Au prix d’une sagesse tardive, nous nous apercevons que le bonheur n’était rien d’autre que leur répétition, la certitude de leur répétition. » (Pierre Sansot – Les vieux  ça ne devrait jamais vieillir)

« On ne vit vraiment qu’une chose : vieillir. Tout le reste, ce sont des aventures. » (Arthur Schnitzler)

« L’aisance et la sécurité sont ses principaux besoins : c’est pourquoi l’on aime alors l’argent plus que jamais, car il supplée les forces qui manquent. » (Schopenhauer)

« Platon (dans son introduction à la ‘République’) a bien raison d’estimer la vieillesse heureuse d’être délivrée de l’instinct sexuel qui jusque là nous troublait sans relâche. » (Schopenhauer)

« Dans le cours naturel des choses, le dépérissement du corps que provoque la vieillesse favorise la volonté. La soif des jouissances disparaît aisément avec la faculté de les goûter. » (Schopenhauer)

« L’époque de la vie la plus délicieuse, c’est lorsqu’on a entamé la descente mais sans dégringoler pour autant … Ce qui remplace le plaisir c’est de ne pas en ressentir le manque. Comme il est doux d’avoir épuisé ses désirs, de les avoir laissées derrière soi … Seul s’est affranchi de toute tutelle, seul est libre celui qui vit après avoir achevé sa vie. » (Sénèque)

« Seul s’est affranchi de toute tutelle, seul est libre celui qui vit après avoir achevé sa vie. » (Sénèque)

« Faire reculer les marques de la vieillesse n’est plus seulement une affaire de satisfaction narcissique, c’est quasiment un devoir civique. » (journal Le nouvel observateur – cité par Jean Sévillia) – On est heureux de savoir qu’il reste au moins un devoir civique, même s’il est dicté par une forme de lâcheté.

« Toute une civilisation s’écroule, s’effondre si la vieillesse perd ce rôle de témoignage de l’immortalité. »(Christiane Singer)

« Il fait bon vieillir. Être jeune c’était tuant. » (Hjalmar Soderberg)

« La vieillesse n’est pas autre chose que la privation de folie, l’absence d’illusions et de passions. » (Stendhal)

« C’est de la façon dont on a employé la jeunesse que dépend le sort de l’extrême vieillesse. » (Stendhal) – Satisfaction ou tristes regrets.

« Jamais homme sage n’a souhaité de rajeunir. » (Jonathan Swift)

« Tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux. » (Jonathan Swift)

« Les dignités, un haut rang ou de grandes richesses sont jusqu’à un certain point  nécessaires aux vieillards, afin de tenir les jeunes à distance. » (Jonathan Swift)

« Homme d’un autre temps, je me sens devenir étranger à celui-ci. » (Talleyrand)

« Ce qui rend les fautes de la vieillesse si tristes c’est qu’elles sont irréparables. » (Talleyrand) – Et aussi que celui qui les commet les sait inexcusables.

« L’art de vieillir est l’art de s’accommoder des restes. » (Gustave Thibon)

« Les contours s’estompent entre la vie et la mort. On aime les morts comme s’ils étaient encore vivants, on aime les vivants comme s’ils étaient déjà morts. » (Gustave Thibon)

« Tant qu’un homme est vivant, on attend de lui, si épuisé soit-il, des dons extérieurs gestes, paroles, actions. Je ne suis pas assez mort pour être regretté, je suis juste assez vivant pour décevoir. … Un vivant amorti est un mélange insupportable de présence et d’absence : il n’a pas encore rejoint le monde intérieur et il rompt l’harmonie du monde extérieur. » (Gustave Thibon)

« Art subtil de discerner l’heure au-delà de laquelle on a assez vécu, c’est-à-dire où l’on sera plus proche des êtres aimés morts que vivant … Nonagénaire depuis hier. Je ne ‘réalise’ pas. A force d’être revenu de tout, je me sens, devant tout, comme un nouveau-né … Se sentir chaque jour descendre irréversiblement et ne désirer à aucun prix revenir en arrière. Pas de pire image de l’enfer que le mythe nietzschéen de l’éternel retour … Extrême vieillesse : une durée stagnante et veuve de tout devenir (enfin). » (Gustave Thibon)

« Il y a une chose que j’apprécie dans le fait de vieillir. Tout s’apaise. C’est très agréable. Subitement je dispos de plus de latitude pour être moi-même. Je n’ai plus besoin de jouer devant les autres, à être celle qu’ils voient en moi. Je peux enfin être moi-même, calmement. » (Liv Ullmann, actrice – citée par Nancy Huston)

« Où s’est passé ce qu’on appelait la vie ? Elle n’est plus qu’un pays lointain. On s’en souvient. On y retourne parfois. Comme après un voyage. Comme en revenant de vacances. C’est un appartement où l’on vécut longtemps. On s’y sent presque comme chez soi…» (Alexandre Vialatte)

« Toute nature aspire à sa mort. » (Léonard de Vinci) – Qui peut comprendre avant XX annés ?

« L’âge fait plus de vieillards que d’hommes sages. » (d’un western)

« Ce qui est terrible quand on vieillit, c’est qu’on reste jeune » (Oscar Wilde)

« Vieillir donne la possibilité de rejeter le masque en toutes choses. » (Marguerite Yourcenar)

« Vieillir n’est au fond pas autre chose que n’avoir plus peur de son passé. » (Stefan Zweig) – Car alors, tout est joué, tout est irrémédiable.

« Vieillir est un privilège. » (une grande actrice qui fut belle, talentueuse et adulée)

« Tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui se consume. » (axiome africain)

« Quittez le monde avant qu’il ne vous quitte. » (proverbe)

« Je ne vis plus, j’assiste à la vie. » (?)

« La vieillesse c’est d’abord perdre la curiosité. » (?)

« Les bonnes actions accomplies auparavant sont les vivres de la vieillesse. » (?)

« A soixante ans, fais les paquets ; a soixante-dix, ficelle ; a quatre-vingt, enregistre les bagages. » (?)

La vieillesse est une diminution de la valeur de toute chose. » (?)

« Vieillir est la seule façon de ne pas mourir. » (?)

« Le devoir des lions est de finir  toutou. » (?) 

« La vieillesse est un travail à temps complet » (?)

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