745,1 – Victime, Bouc émissaire, Sacrifice

-On veut du fric ! Du fric ! Modestes pierres pourtant indispensables à la reconstruction d’individus morcelés, soit par ce qui serait arrivé à leurs lointains ancêtres, soit encore détruits (puisque à reconstruire) par des ennuis dits traumatisants survenus il y a  plus de quarante ans.

– Victime, personnage ordinairement de peu d’intérêt médiatique si inconnue et seulement victime d’une banale agression pas du tout phobe de quelque côté qu’on l’envisage. Incident certes déplorable, mais enfin, il faut aussi essayer de  comprendre : l’agresseur est d’un milieu défavorisé, il a été lui-même victime d’une pulsion soudaine qu’il ne s’explique pas, comme tout le monde il a été violé dans son enfance par son beau-père

– La voix des victimes est souvent couverte par les lamentations et les glapissements des proches (père, mère, fratrie, voisins…) du criminel, au grand ravissement des média toujours prêts à mettre en valeur la turpitude : C’est incompréhensible, il (elle) était si gentil, si aimable, si souriant, si dévoué… A les entendre, rien d’un assassin, plutôt un vrai saint.

– Posture déplorablement répandue de nos jours, elle reflète parfaitement la société émotionnelle, sans colonne vertébrale ni fierté, tour à tour larmoyante, féroce et cupide, mais toujours lâche, engendrée par les média dans laquelle tout le monde est victime de tout le monde et jouit du « plaisir de l’accusation ou du reproche… qui donnent parfois à celui qui l’adopte ou s’y complaît le sentiment d’exister ou celui d’un certain mérite. » (Jacques Salomé)

– On voit même des paltoquets venir quémander des sous pour préjudice d’angoisse ; et notre société de lâches est prête à compatir à ces lamentations de minables.

– Les victimes qui se sont écrasées sur le moment font souvent ensuite les meilleurs bourreaux. D’opprimé on devient vite oppresseur. Bourreaux parce que martyrs, au-delà même des dettes, réelles ou amplifiées, plongés dans l’ivresse de la revanche (à exercer sur n’importe qui) et l’ardeur passionnée (souvent intéressée) de prétendus droits à faire valoir. Ce, d’abord par compensation à retardement de leur honte, ensuite avec la découverte du vulgaire intérêt moral et matériel que présente leur position de victime clamée et revendiquée haut et fort. « Il serait peut-être doux d’être alternativement victime et bourreau. » (Baudelaire)

La reconnaissance de cet état peut rapporter gros pendant des générations. Ne pas oublier d’en faire partie et de le faire savoir (on peut compter sur les trompettes médiatiques).

– Le malheur peut aussi engendrer des résultats bénéfiques. Ainsi la participation passée à un grand malheur collectif et reconnu, surtout si en plus l’absence de témoins permet d’en rajouter quelque peu, peut permettre de fortement aider à édifier et asseoir une célébrité de bon aloi et bien méritée dans toute carrière éminente nécessitant l’adulation du public, telle que celle d’écrivain par exemple. Rien n’est plus profitable à la noblesse d’une grande image que de générer la compassion, empressée et toujours unanime, des média et ainsi de susciter les larmes suivies d’applaudissements du Gogo.

– Il n’est plus de communauté qui ne soit victime, rien de tel pour idéaliser son passé que de salir celui des autres. Certaines cependant maîtrisent nettement mieux l’art de la victimisation et peuvent concourir avantageusement aux Olympiades du malheur.

-Spectacle lamentable que ces jeunes gens affichant et tirant quasiment gloire de leur petitesse, faiblesse et même de leur lâcheté en s’abritant dans des safe space pour fuir de prétendues réflexions, des regards malveillants allégués, les deux issus de leur seule imagination et de leur masochisme victimaire.  Parfaites illustrations de la débilité de la modernité occidentale. Ce sont les barbus de Daech qui doivent bien rigoler.

– Il est utile de connaître aussi une bizarrerie : la plupart des personnes, des groupes sociaux, ne pardonnent jamais à ceux à qui elles ou ils ont fait du tort. Cela leur permet d’échapper à leur culpabilité en se posant en victime et en prêtant des torts plus ou moins imaginaires à la vraie victime, ce en inversant la réalité, ou au moins en la tordant à leur convenance. C’est un processus psychologique assez répandu et fort pervers. Gardons-le en mémoire quand nous entendons dire du mal de quelqu’un avec trop d’insistance. Comme le disent fort bien Pascal Bruckner : « Raffinement suprême du salaud : imputer à sa victime le mal qu’il lui a infligé », La Bruyère : « Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, de même nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés. »  – Ou encore Tacite : « Le propre de la nature humaine est de haïr celui qu’on a lésé. » 

– Perversion analogue et dans le même domaine : « Un des mouvements classiques de l’idiot humain, c’est celui de reconstituer tout l’animal par un seul os, seulement, à la différence de Cuvier, de le faire sur une donnée fausse : l’os en question appartient à une autre espèce. Qu’une jeune personne avec du bien refuse deux ou trois partis, pour l’unique raison qu’elle a cru découvrir que ce n’était pas pour elle-même qu’on la voulait, quelle joie de l’expliquer en disant qu’elle est lesbienne ! Comment n’avions–nous pas  percé cela plus tôt ! Comme tout s’éclaire ! » (Montherlant – Les célibataires)

– « ‘Il vaut mieux faire pitié qu’envie’. Ce renversement du dicton populaire est la maxime de notre époque. » (Elisabeth Lévy) – « Les chouchous du malheur. » (Alain Finkielkraut)

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« Ce jeu, où les persécutés se font sans faute et à leur tour persécuteurs et où les défenseurs des victimes s’honorent de devenir bourreaux. » ( Raymond Abellio) –« Le rôle de victime conduit souvent à celui de bourreau. » (Edgar Morin)

« La constance qu’ils mettent à ne pas parler des coupables, à taire que l’événement a été causé par des hommes ; à ne pas nourrir le moindre ressentiment bien qu’ils aient été victimes du plus grand des crimes … De la catastrophe, ils parlent constamment comme d’un tremblement de terre, comme d’un tsunami ou d’un astéroïde … Cela passe l’entendement. » (Günther Anders – visite à Hiroshima) – Pas de reproches, pas de récriminations, pas de lamentations, pas de pleurnicheries, pas d’exigence de repentance, pas de demande de fric. Comparons et admirons.

« Je suis malheureux donc je me plains ou je me plains  donc je suis malheureux … la plainte répétée induit une victimisation … Elle signifie souvent l’attente d’une intervention extérieure (à laquelle il n’est exigé rien d’autre que d’apporter du fric)  … Les plaintes toxiques : – Chronique, habituelle – Se suffit à elle-même – Persiste longtemps après les difficultés, généralisée, plainte de destinée (se transmet de génération en génération) – Ne soulage pas, voire même aggrave – Ne tient pas compte de la disponibilité et des capacités de l’interlocuteur (vise au contraire à le culpabiliser et le rendre méprisable).  » (Christophe André)

« La religion (toutes) est avant tout un savoir sur la violence des hommes. Le christianisme représente le moment où l’homme se libère de la nécessité de recourir aux boucs émissaires et de leur immolation pour résoudre les conflits et les crises communautaires, en devenant conscient de l’innocence de ces victimes et du caractère arbitraire de leur culpabilisation. » (Pierpaolo Antonnelo – sur des thèses de René Girard)

 « Chacun a la prétention de se présenter comme une victime, surtout les vainqueurs, afin d’engranger les bénéfices de la compassion : on devait autrefois éviter de se lamenter et de s’expliquer, on a tout à gagner aujourd’hui à se plaindre d’un trauma fondateur … L’industrie compassionnelle n’a que trop tendance à accorder à quiconque sait parler, le titre qu’il réclame, sans la moindre légitimité parfois » (Claude Arnaud) 

« La sensibilité exacerbée rend la confrontation des idées impossible. Le citoyen postmoderne est devenu une frêle petite chose que la moindre évocation d’une pensée non conforme traumatise …  On ne sait plus distinguer une  affirmation d’une démonstration, une opinion d’un fait, on parle  ‘en tant que X ou Y’ … Chaque locuteur est désormais renvoyé  à son statut supposé dans l’architecture sociale victimaire. Il doit d’abord déclarer ‘d’où il parle’, quelle est sa couleur  de peau, etc., ce qui fera de lui  une victime patentée ou au contraire un coupable par construction. » (Olivier Babeau)

 « ‘Le courant dominant impose de croire que la victime dit forcément vrai parce qu’elle est victime’. De l’enfant à la femme, il n’y a qu’un pas. Tous deux sont les victimes innocentes et impuissantes de l’homme agresseur et dominateur. Insensiblement se surajoute à l’idée que la victime a toujours raison celle qu’elle incarne le bien menacé par la puissance du mal. » (Elisabeth Badinter – citant Paul Bensoussan – et traitant du féminisme)

 « Non seulement le statut de victime vous rend-t-il célèbre et vous place-t-il au centre d’un petit cercle d’attention, mais il vous donne l’absolution, vous dégage de toute responsabilité, et donne droit à des manifestations de compassion et de soutien ainsi qu’à des compensations financières … Partout aujourd’hui  dans le monde occidental la victime l’emporte sur le terrain moral … Renversement de valeur phénoménal. La force historique et culturelle à l’origine de ce renversement est l’Evangile. Sur ce point-là au moins, Nietzsche avait raison. » (Gil Bailie) – Soyons sérieux, fric d’abord, le reste est du cinéma pour les gogos.

« Il y a tant de plaisir à se plaindre que, pour ce seul plaisir on devrait chercher les malheurs. » (Calderon de la Barca)

« « Le débat a laissé place au combat … Le débat intellectuel contemporain est structuré par deux principes antagonistes : le relativisme et l’intolérance aux opinions d’autrui … Conséquence du paradigme de la victimisation, il faut être le plus faible pour avoir raison. Un trait majeur du débat d’idées contemporain est donc que chaque faction veut se dire minoritaire et opprimée par les autres … La bataille idéologique est gagnée par celui qui se plaint le plus fort.  » (Eugénie Bastié)

« N’importe qui pratiquant l’agit-prop sait d’instinct qu’avoir son autel de victimes (ou de martyrs) est le meilleur moyen de booster n’importe quelle cause (politique, idéologique, communautaire…) ; et la façon la plus efficace de pétrifier ses adversaires, en les traitant ‘d’oppresseurs’ et de ‘persécuteurs. » (Jean-Marc Bastière) – Suppose la stupidité du public et son ignorance complète de l’histoire comme des mécanismes psychologiques élémentaires. Toutes conditions aujourd’hui largement atteintes.

« Sans doute faut-il que le lien social soit fondé, et nous comprenons aisément qu’il le fût par le sacrifice : car les moments d’intensité sont les moments d’excès et de fusion des êtres … Les auteurs des sacrifices consommaient l’immolation en vue d’un bien, but dernier du sacrifice … Le sacrifice réduit, s’il se peut, l’intrusion d’éléments troubles : il tire ses effets de l’opposition obtenue en marquant la pureté, la noblesse de la victime et des lieux. » (Georges Bataille) – On n’est pas très loin de René Girard et de La violence et le sacré.

« Il serait peut-être doux d’être tour à tour victime et bourreau. » (Baudelaire) – C’est ce qu’ont bien compris certaines victimes.

« L’immense syndrome de repentir, de réécriture historique … qui s’est emparé de cette fin de siècle (le XX°) … Nous contrefaisons cette humiliation … dans le victimal, dans l’humanitaire, dans l’autodérision et l’autodépréciation, dans cet immense effort sacrificiel qui nous tient lieu de rédemption. » (Jean Baudrillard)

« N’y a-t-il pas aussi dans l’amertume la jouissance la plus profonde ? Nulle satisfaction, nulle victoire n’équivaudra jamais à la plénitude amère du sentiment d’injustice. Il se délecte de lui-même, il puise aux racines mêmes d’une revanche intérieure sur l’existence. » (Jean Baudrillard)

« La culture du statut-de-victime-et-compensation ressasse l’antique tradition de la vendetta, que la modernité s’efforça tant de proscrire et d’enterrer … mais qui semble ressortir de son tombeau. » (Zygmunt Bauman)

« Autrefois on se vantait des prouesses de ses ancêtres, pas de leurs humiliations … Aujourd’hui il est plus convenable d’être une victime plutôt qu’un héros. » (Alain de Benoist). – Oui, et c’est tellement plus rentable. « Je suis un homme d’aujourd’hui, c’est-à-dire une couille molle. » (Frédéric Pajak)

« L’individu souffrant ayant pris la place de l’individu agissant, la victime devient le vrai héros de notre temps. » (Alain de Benoist)

« Ce qui se produit aujourd’hui c’est une fragmentation du corps social autour de nouvelles utopies politiques, à savoir ces identités transnationales que sont la sexualité, le genre, la race et même le spécisme. Les mouvements néoféministes et indigénistes partagent une aversion similaire de l’unité républicaine, qu’ils tiennent pour un leurre. Ils ont en outre recours aux mêmes méthodes fondées sur la récrimination victimaire permanente, la production foisonnante de pseudo-concepts sociologiques ad hoc, et sur l’usage galvaudé de statistiques publiques pour étayer des faits particuliers. Ils honnissent la liberté de pensée et de débattre sereinement de sujets complexes et lui préfèrent souvent le simplisme de l’expression émotionnelle et subjective. » (Sami Biasoni)

« Chacun s’est fait à soi-même un tribunal où il s’est fait l’arbitre (le juge) de sa croyance. » (Bossuet – sur la religion prétendue réformée)

« Et ceux que l’on mène au poteau

« Dans le petit matin glacé,

« Au front la pâleur des cachots,

« Au cœur le dernier chant d’Orphée,

« Tu leur tends la main sans un mot,

« O mon frère au col dégrafé… » (Robert Brasillach)

« Le respect  dû aux victimes doit relever de la morale individuelle, pas d’une obligation juridique. » (Rony Brauman) – Sauf en France où des politiques incultes affectant d’être émotifs décident de tout, suivant leur clientèle, leurs intérêts électoraux et la volonté de diriger les consciences pour mieux régner.

« L’appartenance à la grande communauté des victimes ;  une trans-classe qui transcende les anciennes distinctions sociales. » (Jean-Paul Brighelli)

« Être victime est une position confortable, mais il ne faut pas en abuser — surtout quand on a été bourreau de son côté. » (Jean-Paul Brighelli – sur les Algériens d’aujourd’hui)

«  Le biais d’auto-complaisance. Nous avons tendance généralement à nous attribuer nos succès, tandis que nos échecs nous semblent attribuables à des facteurs externes (éléments internes à l’entreprise contre situation économique générale ou concurrence déloyale ; victoires et échecs d’équipes sportives ;  etc.) … Théorie déterministe : quel type de comportement auriez-vous si on arrive à vous persuader que vous êtes si déterminés par le structures sociales que l’on ne saurait vous imputer vos actes ? … Dévitalisation des notions de  mérite, de responsabilité ou de moralité … Idéal pour expliquer ses défaillances, ses fautes ou ses échecs par l’action fatale de causes (sociales, psychologiques ou biologiques) sur lesquelles il n’y a pas de prise. » (Gérald Bronner, Etienne Géhin) – Conduites très actuelles dans notre société débordante de lâcheté

« Chacun de nous acquiert en naissant un portefeuille de griefs qu’il devra faire fructifier. » (Pascal Bruckner)

« La folie victimaire fait de tels  ravages que l’habit du concentrationnaire est devenu pour certains un habit de lumière. » (Pascal Bruckner)

« De la victimisation comme carrière … La victimisation serait une sorte de discrimination positive sauvage, une manière de s’octroyer un passe-droit … Guerre civile des mémoires incompatibles les unes avec les autres … On enferme les individus dans une définition ethnique ou raciale, on les replonge dans la nasse dont on entendait les soustraire. » (Pascal Bruckner) 

« C’est notre nouveau sport national. La génération immaculée d’aujourd’hui face à votre génération coupable. Qui expiera les péchés de nos pères, même s’il ne s’agissait pas de péchés à l’époque. »  (John le Carré – sur la repentance masochiste exigée – L’héritage des espions)

« Être victime n’a jamais été la garantie logique ni morale d’une innocence, ni pour ce qui précède, ni pour ce qui suit. » (Renaud Camus)

« Les fameuses ‘familles des victimes’, devenues protagonistes essentiels de tout procès, mais d’abord des procès d’assises, où elles figurent en pleine conformité avec les règles du spectacle … … Si la condamnation n’est pas celle à laquelle la famille estimait avoir droit, si la compensation est inférieure à ce qu’elle considérait comme son dû, le moment est venu de prononcer la phrase liturgique : ‘C’est comme si Ludivine était assassinée une deuxième fois…’ Le chœur médiatique pouvant alors entonner le fameux répons sur le ‘travail de deuil’… » (Renaud Camus)

« La puissance gagne beaucoup de poids à être incritiquable … Non pas incritiquable en ses actions, mais incritiquable par statut, par privilège historique, par capital d’injustices ou d’humiliations subies. Les ex-victimes deviennent intouchables. La victimité de la victime suscite la paralysie de l’adversaire … Quiconque oserait élever la voix contre elle se verrait taxé de mépris … Mettre en avant suivant les circonstances, celui de ces aspects dont elle a le plus d’avantages à tirer à ce moment précis : je suis martyr, voyez mes bleus et cet odieux mépris que vous me témoignez ; je suis tyran, voyez mes crocs, et les ennuis affreux que vous vous attirez. » (Renaud Camus – sur la petite bourgeoisie, mais on peut étendre à toutes les classes, communautés, groupuscules faisant profession d’être victimes)

« Plus on a subi d’injustices, plus on risque de verser dans l’infatuation ou dans l’orgueil carrément. Toute victime se flatte d’être un élu à rebours et réagit en conséquence, sans se douter qu’elle rejoint par là le statut même du diable. » (Emil Cioran) – Même les victimes qui n’ont rien subi d’autres que l’envie de fric. 

« Si une hérésie chrétienne, n’importe laquelle, l’avait emporté, elle ne se serait pas perdue dans les nuances… Victorieux, les cathares eussent surpassé les inquisiteurs. Ayons pour toute victime, si noble soit-elle, une pitié sans illusions. » (Emil Cioran)

« On doit se ranger du côté des opprimés … même quand ils ont tort … sans pourtant perdre de vue qu’ils sont pétris de la même boue que leurs oppresseurs. » (Emil Cioran)

 « La seule manière de supporter revers après revers est d’aimer l’idée même de revers. Si on y parvient, plus de surprises : on est supérieur à tout ce qui arrive, on est une victime invincible. » (Emil Cioran)

« L’historiographie victimaire finit toujours par désigner à la vindicte publique ‘l’homme blanc hétérosexuel’, coupable d’une société qu’il aurait construite à son usage exclusif et qui prend le relais du bourgeois bedonnant à haut de forme. » (Mathieu Bock-Côté) – La haine se renouvelle sans cesse. Elle ne fait que changer de masque. 

« Croire au développement d’une société plus créatrice et moins conformiste ne signifie pas du tout croire à la venue de l’harmonie, tout au contraire.  Créativité et non-conformisme ne sont pas des valeurs rassurantes … Les hommes en effet ont beaucoup de mal à accepter de faire face sans échappatoire possible à la mesure des performances qui les engagent le plus. Être complètement responsable de son propre succès qui témoigne de votre ‘créativité’ et non de votre astuce et de vos relations peut soulever plus de problèmes que le conformisme dont nous nous plaignons et ce mélange si répandu d’agressivité et de récrimination qui caractérise le rôle de sous-fifre malchanceux dans lequel tant de nos contemporains se complaisent. Pour toutes ces raisons, on peut penser que des tensions de plus en plus fortes risquent de se développer au sein des sociétés postindustrielles. La crise morale que nous vivons n’en est que le prodrome… » (Michel Crozier – La société bloquée) – D’où la multiplication des prétendues victimes ?

« L’inflation de la compassion politique compte parmi les moyens biaisés auxquels le pouvoir politique fait appel pour exercer son autorité. Nos sociétés contemporaines se voient saisies par un ‘zèle compatissant’ … qui ne cesse de se manifester dans le champ politique. A tel point que certains dirigeants n’hésitent plus à faire de leur aptitude à compatir un argument décisif en faveur de leur droit à gouverner, et de la compassion une nouvelle figure du sentiment démocratique. La politique compassionnelle est une figure inauthentique du politique en ce qu’elle substitue une morale affaiblie et dévoyée de la déploration à une véritable éthique politique qui fonde le lien social … Elle opère une confusion entre la sensibilité et la souffrance d’autrui … La mise au premier plan de cette conscience victimaire procède du leurre et ne garantit pas que nous soyons plus sensibles à l’injustice. » (Anne Dalsuet)

« Nous ne jugerons pas le roi, nous le tuerons … Ces prêtres, ces nobles ne sont point coupables, mais il faut qu’ils meurent parce qu’ils sont hors de place, entravent le mouvement des choses et gênent l’avenir. » (Danton) – comme les Juifs, les Tziganes ou les Koulaks… Bientôt ceux qui ne se prosterneront pas devant la pensée unique.

« Ces deux emplois, le salopard et le sauveur, ont propension à permuter avec le temps, le colonisé se trouvant en un tour de main colonisateur et le détenu geôlier. » (Régis Debray)

« La morale de l’héroïsme a fait place à la morale de la victimisation. » (Chantal Delsol)

« Nos sociétés sont devenues des machines à plaindre. » (Chantal Delsol)    

« Plus vous accumulez de signes victimaires, plus vous êtes assuré d’accéder aux privilèges. » (Jean-Pierre Dupuy)

« La punition du coupable est déterminante pour permettre à la victime de se reconstruire. » (Benoît Duteurtre) – Car, il est clair que, même la femme d’affaires trentenaire, infortunée victime d’un frottement dans le métro, est totalement détruite pour le restant de ses jours, comme le gamin auquel quelque papy aura un jour posé la main sur sa cuisse en signe d’affection..

« Les imbéciles aiment la tragédie, qui les rehausse à leurs propres yeux, fait d’eux des personnages exceptionnels par leurs infortunes. Ils sont bien plus à l’aise dans le malheur qu’on ne le croit communément. Celui-ci leur fournit une merveilleuse occasion de gémir, de se poser en victime, de se parer de la ridicule supériorité d’avoir souffert. La tragédie est la justification de la bêtise, sa sublimation ; elle la sanctifie, elle la transforme en légende. » (Jean  Dutourd)

« A l’ère des droits égaux, être victime est une vertu, être vainqueur est un défaut. La démocratie a effectué ce tour de passe-passe en faisant passer la bassesse pour de l’humilité, la soumission pour de la tolérance, le Bien pour un bien, et la lâcheté pour de la patience … La faiblesse se fait passer pour du mérite. La victime, fille aînée de la démocratie … consécration de la victoire des victimes. » (Raphaël Enthoven –  évoquant Nietzsche)

« La notion de victime sert à désigner toute condition perçue comme insupportable à notre époque … Les hommes jouissant formellement des mêmes droits, ils doivent aussi bénéficier de la même sollicitude … Les derniers sont devenus les premiers … La concurrence des victimes oppose différents groupes (les descendants d’esclaves comparent leurs droits aux descendants de déportés…) … Aux demandes (exorbitantes) des victimes s’ajoutent celles de leurs descendants … Ouverture à la mythomanie et fausses victimes … L’épidémie du harcèlement moral … La scène médiatique qui permet d’assouvir  le voyeurisme des individus (et de l’autre côté, l’exhibitionnisme) … ‘La télévision de l’intimité’ … Sous la compassion, la haine … au-delà de la victime, c’est le coupable, ou le responsable, qui est visé … Considérer que la victime est au centre de la procédure pénale, qu’elle doit être la première bénéficiaire du procès, revient à saper les principes qui fondent notre justice (vengeance, recherche vindicative du responsable, introduction de la responsabilité sans faute, le constructeur Volvo incendiant le tunnel du Mont-blanc) … » (Guillaume Erner – considérations éparses sur le victimisme) – On verra également à ce sujet, la rubrique Compassion, Pitié, 135, 1, notamment le paragraphe dû au même auteur.

« Il vaut mieux qu’un seul meure plutôt que tout le peuple périsse » (Evangiles, Caïphe condamnant Jésus) – Logique sacrificielle.

« Le colonisé est un persécuté qui rêve en permanence de devenir un persécuteur. » (Frantz Fanon) – Pour mémoire, l’auteur était de l’espèce des révolutionnaires et ardemment du côté des colonisés.

« Aux yeux de certaines féministes exaltées et des médias qui leur emboîtent le pas, les femmes sont plus que jamais des victimes, elles sont même sur le point de monter sur le trône de la victime absolue. » (Alain Finkielkraut)

« Les héritiers des victimes ne sont pas des victimes. La première chose que nous devons à ceux qui sont morts, c’est de ne pas nous prendre pour eux… » (Alain Finkielkraut – dont la famille a cependant été déportée) – Oui, mais obtenir du fric !

« Ce masochisme dont Sartre a donné l’exemple … sévit plus que jamais … La constitution par l’histoire telle que maintenant on l’enseigne ‘d’ayants-droit de la haine’  … Les autres cultures, les cultures de l’Autre n’ont jamais à répondre de rien. Leur éventuelle violence est une contre-violence, une réponse … Un produit dérivé des ‘péchés mortels de la chrétienté, de l’Occident, de la France’. » (Alain Finkielkraut)

« La shoah est omniprésente. Ses morts ne connaissent jamais le repos. Constamment sur la brèche, sollicités en permanence, ils n’ont pas une minute à eux … Devant cette mise à contribution effrénée et devant les identifications abusives des vigilants d’aujourd’hui … on a envie de crier grâce … L’oxymore du résistant hilare ou de l’antifasciste festif a quelque chose d’insupportable et même de sacrilège. Il n’est pas moins déloyal de s’approprier les morts que de les laisser tomber. Il n’est pas moins désinvolte d’oublier leur transcendance que d’oublier leur existence. Se détourner froidement des victimes de l’hitlérisme ; en disposer royalement : deux manières de n’être pas tourmenté par leur destruction, deux modalités de l’égoïsme des vivants. Trahie par l’amnésie ou l’indifférence, la mémoire (à force de faire le guet) peut l’être aussi par l’embrigadement des ombres, leur convocation intempestive … C’est rameuter l’événement … Comme d’ailleurs c’est s’y référer lourdement que d’en proscrire l’invocation. » (Alain Finkielkraut – essentiellement sur les comparaisons, invocations à tort et à travers de certains mots, tel Auschwitz…  – et plaidant pour un peu de discrétion, de respect, de doigté – Une voix vient de l’autre rive)

« Fusiller. – Plus noble que guillotiner. Joie de l’individu à qui on accorde cette faveur. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Les sociétés de l’honneur flattaient l’héroïsme, au prix d’un virilisme guerrier. Les sociétés contemporaines ont placé le statut de victime tout en haut du podium.».(Caroline Fourest – Génération offensée) – Et si l’auteure commençait à sortir de son aveuglement ? « La légitimité vient du statut de victime, les jeunes d’aujourd’hui préfèrent être pots de terre que pots de fer.  et ont même généré une ‘compétition victimaire. ‘ » (Jean-Paul Brighelli)

« Un monde maniaco-dépressif. Une démocratie lacrymale où tout le monde pleurniche. Même les intellectuels de plateaux n’analysent plus grand-chose, inaudibles entre deux sanglots, entre deux délations tristes ou invectives au ras des chrysanthèmes … La conséquence morbide de cette démocratie lacrymale est que toutes les causes finissent par se valoir …nivelées par les larmes … Juste des gens qui pleurent, juste des pleurs, la flotte salée dégueulasse… Maman ! Regarde Maman ! Regarde comme j’ai bien geint ! » (Nicolas Gardères)

« Il faut se lever de bonne heure pour trouver un mâle blanc hétérosexuel éligible au rang de victime défendable. » (Stéphane Germain) 

« Se désigner comme victime permet de victimiser les autres. » (René Girard) 

« Les mots de Sénèque ‘Il n’est pas conforme à la Nature de se laisser briser par le chagrin’ peuvent-ils être encore compris à l’heure où le sentimentalisme victimaire paraît triompher. » (Jean-Pierre Le Goff)

« La condition exigée pour obtenir sa place au panthéon du martyr étant d’avoir souffert des causes du mal blanc … le blanc ou le chrétien interdits de victimisation … même la femme victime de quelqu’un d’autre qu’un mâle blanc dominant. » (Gilles-William Goldnadel) 

« Inciter inconsidérément le public à la plainte est la certitude absolue de fabriquer des victimes mensongères, imaginaires et judiciaires. » (Gilles-William Goldnadel) – Lamentable attitude démagogique ministérielle (des ministres femmes le plus souvent, convient-il d’ajouter, spécialistes des lamentations électoralement profitables)

« Il nous arrive de penser que le juif d’aujourd’hui (entendez la victime) c’est parfois l’autochtone tristement, banalement, majoritaire. Incapable d’être plaint, incapable de se plaindre, faute d’un groupe de pression qui pourrait le défendre, il est abandonné par des autorités attentives exclusivement à la satisfaction des revendications des ‘exclus’ et des populations minoritaires. » (Gilles William Goldnadel) – Pire qu’abandonné, il est méprisé, insulté par ces autorités qu’il entretient par son travail.

« L’unanimisme, cette pensée unique au carré, est l’une des composantes du mécanisme sacrificiel. Elle implique, pour qu’il produise ses effets, une diabolisation de la victime. » (Jean-Claude Guillebaud) – C’est pour pouvoir mettre en œuvre ce mécanisme indispensable à l’unanimisme si utile à la domination que nos sociétés mettent en œuvre la diabolisation.

« Les bourreaux se concurrencent sous prétexte qu’ils furent d’abord, plus que les autres, victimes. » (Fabrice Hadjadj)

« Si chacun est victime, du destin ou du temps qu’il fait, la notion même de culpabilité se trouve également diluée. » (Patrice Huerre et Mathieu Laine)

« Lorsque toute expression de la volonté est énoncée sous la forme d’un droit, confusion entre désir et droit, la moindre contrariété rencontrée dans la réalisation de cette volonté paraît scandaleuse, inacceptable … une injustice, une offense faite à l’individu … Et tout le monde peut se déclarer victime de tout ce qui n’est pas conforme à ses attentes … Le statut réconfortant et valorisé de victime … occupant l’espace médiatique, politique et conceptuel de manière exagérée … ‘Je souffre donc je suis’ … la terrifiante capacité d’attraction de cette notion de victimes est nouvelle … Le spectacle étonnant de Dominique Strauss-Kahn (et de bien d’autres grands privilégiés) se présentant comme une victime … ‘La séduction du désastre’ (Pascal Bruckner) … La propension de nos élites à offrir à tout un chacun le statut enviable de victime comme on distribuait autrefois des prébendes … ‘Papa, maman’, l’appel au Père justicier. » (Patrice Huerre et Mathieu Laine)

« Le récit de souffrance psychique transforme des récits de réussite en biographies dans lesquelles le moi lui-même n’est jamais vraiment ‘fini’ et dans lesquelles  les souffrances de l’auteur deviennent constitutives de son identité (multiples exemples de personnalité connues) … La réussite n’est pas le moteur du récit … Ce récit explique des sentiments contradictoires : excès ou manque d’amour, excès d’agressivité ou manque … utilise le modèle culturel du récit religieux, régressif car concernant des événements passés encore à l’œuvre et progressif parce que le but est de permettre une rédemption (la santé effective) …  fait de nous les responsables de notre bien-être psychique, ce en éliminant toute faute morale  … Récit performatif car il réorganise l’expérience en même temps qu’il la raconte … structure culturelle contagieuse parce qu’il peut être reproduit et étendu à des collatéraux, aux petits-enfants (exemple des descendants de victimes de la Shoa – maintenant des descendants à ‘n’ générations de prétendus esclaves) … Presque une marchandise idéale, peu d’investissements … Enfin, peut-être le plus important,  le récit thérapeutique vient du fait que l’individu baigne dans une culture saturée de droits et que les individus aussi bien que les groupes ont de plus en plus soif de ‘reconnaissance’ . » (Eva Illouz – sur le discours thérapeutique ; culte de la victime et culture de la lamentation, culture de la ‘confession’ dans laquelle règne la ‘démocratie de la douleur’) – Epoque  de petitesse, de faiblards, de gémissants, de pleurnichards, de médiocres pour tout dire – « Les féministes, les psychologues, l’Etat et ses bataillons de travailleurs sociaux, les universitaires travaillant dans le champ de la santé mentale, les compagnies d’assurance et les compagnies pharmaceutiques ont récupéré le discours thérapeutique parce que tous avaient intérêt à promouvoir et à diffuser un récit dans lequel le moi se définit par sa pathologie… Pour mieux aller, il faut commencer par être malade … Ainsi, en même temps que ces acteurs promouvaient la santé, le ‘self-help’ et la réalisation de soi ils favorisaient et étendaient aussi par nécessité, le domaine des problèmes psychiques.. » (Eva Illouz)

« Le ‘buonismo’, comme le nomment les Italiens, est l’approche compassionnelle de tous les problèmes : le seul fait d’apparaître comme victime fait de vous le héros des temps modernes. » (Roland Jaccard)  – Une société qui masque sa férocité par ses pleurnicheries.

« Il y a des gens qui parviennent à joindre les avantages du monde aux bénéfices de la persécution. » (Karl Kraus) – Les multiples meutes des pleurnichards.

« Être femme, c’est pour Sabina, une condition qu’elle n’a pas choisie. Ce qui n’est pas l’effet d’un choix ne peut être tenu ni pour un mérite ni pour un échec. » (Milan Kundera – L’insoutenable légèreté de l’être) – Elargir, être blanc, noir, jaune, colonisateur, colonisé…. Justification de la position victimaire ?

« Quand on partage notre plainte d’une manière régulière aux autres, on nourrit à la fois notre biais de négativité,  le leur… ainsi que notre impuissance. La plainte, ce n’est pas la recherche de solution … Cultiver l’estime de soi est indispensable pour ne pas entrer dans la boucle de la plainte. » (Juliette Lachenal)

 « C’est sans doute en grande partie parce que le modèle mémoriel mis en place tardivement pour le génocide des Juifs d’Europe a semblé à beaucoup d’observateurs un modèle de réussite politique que se multiplient les discours tendant à construire des catégories de victimes ‘ad hoc’ afin de revendiquer un statut, une loi, des droits ou des réparations particuliers … ’Chacun veut sa Shoah’ (Alain Finkielkraut) » (Julien Landfried)

« La victime  jouit aujourd’hui d’une certaine supériorité morale dans notre société. » (Christopher Lasch) – D’où abus notoires.  

« L’ère de la victimisation avec son cortège d’opprimés, de discriminés, de harcelés. » (Barbara Lefebvre) – Cortège de pleurnichard(e)s cupides.

« Les groupes identitaires autodénommés ‘victimes des vainqueurs’ prétendent l’exiger pour leurs ancêtres, mais tirent un profit personnel de cette rente morale. On est désormais victime par héritage … Qu’exigent-ils ? Reconnaissance et indemnisation, pénitence éternelle des descendants des vainqueurs … La ‘guerre civile des mémoires’» (Barbara Lefebvre – sur le devoir de mémoire) – « Tel un aimant, la Shoa est bien devenue le référent autour duquel se structurent toutes les revendications mémorielles … L’institutionnalisation du ‘devoir de mémoire’ et le culte mémoriel qui en a découlé à partir du discours de jacques Chirac en 1995 auront aiguisé toutes les jalousies. » (même auteur)  

« Nous prétendons transformer en folklore la plainte humaine de tous les temps, pour entrer, dit-on, dans l’ère du plaisir et du bon plaisir … Enfants meurtriers, adolescents statufiés en déchets sociaux, jeunesse bafouée dans son droit de recevoir la limite, votre solitude nue témoigne des sacrifices humains ultramodernes. » (Pierre Legendre)

« Où que nous tendions l’oreille, c’est inlassablement la même histoire, celle de l’Occident comme grande fabrique de victimes – les femmes, les Noirs, les musulmans, les minorités sexuelles, et, ‘last but not least’, la nature et les bêtes – et, à la manœuvre, invariablement le même protagoniste, l’homme blanc hétérosexuel, chrétien ou juif, ayant pour seul éperon la domination et la prédation de tout ce qui n’est pas à son image. » (Bérénice Levet)

 « La compassion à géométrie variable … Les militants des droits de l’homme qui, en Occident, crient légitimement à la barbarie dés qu’un intellectuel laïque est exécuté n’auront, des années durant, pas un mot pour ces victimes là. Ce choix entre bonnes et mauvaises victimes, celles pour qui on manifeste et celles sur lesquelles on ferme les yeux est une des constantes de la censure contemporaine … Certaines victimes sont plus égales que d’autres, et certains criminels plus coupables que d’autres. » (Elisabeth Lévy – sur les victimes des gouvernants soi-disant démocrates algériens dans les années 90) – Comme sur les Serbes bombardés, comme sur la quarantaine d’habitants d’Odessa brûlés vifs en 2012 ou 13 par les paramilitaires de Kiev, régime sous-marin de l’Occident dressé contre la Russie.

« Il est plus gratifiant de penser qu’on a été victime d’un préjugé ethnique ou sexiste que de ses propres insuffisances. » (Elisabeth Lévy) – Consolation qui, en dehors des avantages matériels que peut procurer la position, explique la multiplication des victimes qui, sans ces scandaleuses discriminations, seraient toutes évidemment devenues des phénix !

 « Mais si tout le monde avait le droit de se plaindre, on finirait par ne plus avoir personne à dénoncer. Du reste, les syndicats de victimes ayant déjà obtenu le label par leur patient travail d’éducation des masses n’entendent pas se laisser dépouiller par des envieux. » (Elisabeth Lévy) – Ainsi la cathophobie est une invention, comme la francophobie (même si on nique la France) n’existe pas plus que le racisme anti-blanc… Tout le monde ne peut pas arracher le pompon de chouchou du malheur.

« Une interminable foire d’empoigne entre groupes qui se chamailleront en brandissant leurs souffrances passées.» (Elisabeth Lévy)

« Le règne de la victime. Depuis le temps qu’on l’annonce, il fallait bien que le règne de la victime commence pour de bon. La vie publique ressemble donc de plus en plus à une victime-pride permanente, un défilé de chochottes et d’offensés (qui sont souvent des offensées) se promenant avec leur ‘souffrance intime’ et leurs yeux humides en bandoulière, comme autant de médailles conquises sur le front de la lutte contre les salauds et les racistes. Des journalistes ou animateurs les reçoivent avec un air émotionné, comme s’ils accueillaient des rescapés de l’enfer. » (Elisabeth Lévy)

« On se demande ce qui est arrivé à l’espèce humaine, en particulier à sa partie féminine, pour que quelques mots plus hauts que les autres ou un regard un peu suggestif venant d’un inconnu ou d’un compagnon d’émission puissent causer tant de malheurs … La souffrance n’est plus muette, elle parle haut et fort. Elle ne se cache plus, elle se brandit comme une identité … C’est sur la scène publique que la faiblesse, réelle ou supposée est devenue une force et même une arme que l’on peut pointer sur la tempe d’un contradicteur. Retenez-moi ou je pleure … C’est d’autant plus tentant que le titre de victime est en quelque sorte performatif : si vous souffrez, vous êtes une victime (qui commente abondamment son calvaire, que dis-je, sa tragédie). Le délit est constitué. » (Elisabeth Lévy- sur la sensiblerie contemporaine)  – « On ne se contente plus de ne pas heurter les sensibilités, il faut ménager les susceptibilités. » (Cyril Bennasar) – D’où la platitude sinistre des propos, propos d’impuissants.

 « Une épidémie de nature et d’ampleur inédite a saisi le Nouveau Monde  : la fièvre victimaire … En élargissant les définitions de la violence, en abaissant les seuils de tolérance, en criminalisant les actes que la conscience commune considère comme ‘normaux’, l’ultraféminisme n’éclaire plus le réel, il le diabolise, il n’exhume plus une face cachée de la domination masculine, il crée du sensationnalisme ainsi qu’une victimologie imaginaire … la culture victimaire se construit suivant un strict manichéisme : tout homme est potentiellement un violeur et un harceleur, toute femme, une opprimée … Lubriques, cyniques, violents et des êtres innocents, bons, dépourvus d’agressivité. » (Gilles Lipovetsky) – Citation d’effarantes enquêtes américaines sur les campus, 1 étudiante sur 4 victime de viol ou de tentative (qui continuent à avoir des relations sexuelles avec leur agresseur !), en réalité 1 /2 viol par campus et par an. « Après la femme ‘mystifiée’, voici le temps du féminisme mystificateur. » – Bien sûr il s’agit de l’Amérique, mais nous sommes tellement à leur botte ! « ‘Une sur quatre’ devint la statistique officielle citée dans les départements des ‘women studies’ par les magazines féminins, les associations contre le viol et par les politiques … Plus le pourcentage de viols était haut… » (Elisabeth Badinter)

« On peut aussi subir un tort et être néanmoins en tort, sans qu’aucun des deux faits ne justifie l’autre. » (Claudio Magris)

« L’époque confond deux choses, le héros et la victime. » (François Marchand)

« Les rôles sont distribués d’avance entre les femmes nécessairement victimes et les hommes nécessairement coupables, » (Isabelle Marchandier)

« Lutte des classes, lutte des races, lutte des sexes, concurrence victimaire entre minorités en tout genre. » (Aurélien Marq)

« Je suis une victime, je suis opprimé, je suis le descendant à la huitième génération du beau-frère de la cousine du voisin d’une minorité opprimée : je suis intouchable, et l’univers entier me doit réparation. Je suis le gardien de l’héritage de la survivance de la renaissance d’une très ancienne coutume : je suis intouchable, et ma coutume me donne tous les droits … Si vous parlez de moi en évoquant mes différences : vous me stigmatisez. Si vous parlez de moi sans évoquer mes différences : vous niez ma singularité. Au fond, je suis tellement extraordinaire, tellement unique, tellement inaccessible dans ma grandeur, que je suis bien évidemment le seul à pouvoir parler de moi. Nul n’est semblable à ce que je suis. Nul ne vit ni n’a jamais vécu quoi que ce soit qui puisse se comparer à ma situation. Nul ne peut me comprendre… «  (Aurélien Marq) 

« On pourrait envisager la modernité, sous le regard des victimes, comme un immense concert d‘indignations qui donne prise à un conflit généralisé de revendications. » (Jean-François Mattéi)

« Le droit actuel stipule que toute revendication est légitime et doit être satisfaite, que sinon il y a injustice et dol … Il s’agit pour le droit d’être en mesure de corriger toutes les insatisfactions qui peuvent trouver à s’exprimer dans notre milieu social … Le droit vient susciter, pour ne pas dire imposer, des caprices invraisemblables … celui qui est susceptible d’éprouver une insatisfaction se trouve du même coup identifié à une victime. » (Charles Melman)

« La victimisation de la société est arrivée à un tel stade que l’on doit promouvoir d’abord les défavorisés, que le niveau scolaire ou estudiantin doit s’adapter à ceux qui ont le plus de difficultés … La meilleure façon de ne plus avoir d’élites c’est de ne plus en fabriquer et là on est bien parti. » (Sophie de Menthon) 

« La victime attitude est devenue supra-constitutionnelle, méritant un respect inconditionnel : si l’on n’est pas philo-trans, on est forcément transphobe et passible d’effacement social. » (Liliane Messika) – Devant tant de connerie et de méchanceté, on finira par devenir pro-islamiste. 

« La compassion s’exprime dans les média, sur les plateaux des débats télévisés, dans les éditoriaux des journaux, sur les réseaux sociaux … pour les pauvres, les immigrés, les exclus, les sans-papiers, les réfugiés, les Roms, les migrants, les victimes de toutes sortes … Les mêmes média, ou presque, célèbrent dans des histoires  saintes qui n’ont rien à envier  à celles du passé sulpicien les vedettes, les ‘people’, les patrons à succès, les chevaliers d’industrie et parfois même les escrocs et les assassins. Le plus risible est que beaucoup de ces personnages se présentent en héros de la bienveillance : ils animent des fondations, patronnent des ONG, militent pour … Même les pires voyous se drapent aujourd’hui dans la bienveillance et l’amour du prochain … L’individualisme possessif devient présentable quand il dégouline d’émotion feinte … Ce que Hegel décrit comme conscience morale plaintive, nous le voyons effectivement se réaliser comme pleurnicherie. » (Yves Michaud)

« Même les terroristes deviennent des victimes, victimes de parents déracinés, victimes d’une enfance ballotée entre parents séparés, victimes de la colonisation puis de la décolonisation ratée, victimes de l’école de la République qui n’a pas su en faire des citoyens éduqués, victimes de recruteurs pervers sur Internet qui les ont abusés. » (Yves Michaud)

« Les victimes sont jetables à la façon des briquets. On leur fait faire le tour du pâté de média et puis ça va. Kurdes, délinquants, Libanais… même combat, tous reines d’un jour. Trois petits tours et au suivant ! » (Philippe Muray)

« Des catégories de victimes, en revanche, triées sur le volet, et élevées au rang de minorités, se virent gratifiées de droits sans limites, et d’abord du droit de porter plainte à tour de bras. » (Philippe Muray)

« La posture victimaire qui a supplanté le stoïcisme ou l’héroïsme est ardemment  promue, voire recherchée, dans notre culture, la victime n’a pas toujours raison, n’est pas toujours gentille, ne mérite pas d’éloges ; et n’est peut-être pas une victime. La souffrance ne fait pas par elle-même une personne meilleure … N’importe qui  peut être aussi malhonnête, fourbe et grossier que n’importe qui d’autre. » (Douglas Murray) 

« Celui qui est prêt à faire le sacrifice de sa vie dispose aussi de la vie d’autrui. » (Nietzsche)

« Lorsque l’anarchiste réclame, dans une belle indignation, le ‘droit’, la ‘justice’, il se trouve sous la pression de sa propre inculture qui ne sait pas comprendre pourquoi au fond il souffre, en quoi il est pauvre ‘en vie’ … il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner : il faut que ce soit la faute à quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise … Cette ‘belle indignation’ lui fait déjà du bien par elle-même. C’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier, il y trouve une petite ivresse de puissance ? Déjà la plainte, rien que le fait de se plaindre, peut donner à la vie un attrait qui la fait supporter : dans toute plainte il y a une dose raffinée de vengeance … Quelqu’un doit être coupable … celui qui souffre prescrit contre sa souffrance le miel de la vengeance. » (Nietzsche)

« Victimes et bourreaux ont une fâcheuse propension à échanger sans cesse leurs rôles ; les victimes n’ont rien de plus pressé que de se changer en bourreaux, et les bourreaux en victimes. » (Jean d’Ormesson)

« On devrait changer de camp chaque fois que la victime arrive à prendre le dessus. » (George Orwell – Charles Dickens) – Et alors perdre tous les avantages qu’on a conquis de haute lutte. Quel illuminé cet Orwell !

« Le misérisme gauchiste de toujours, où l’on choisit les opprimés en fonction de l’aversion que l’on voue aux oppresseurs … Péguy avait bien vu que ce qui motivait tant de dreyfusards était moins son innocence que la formidable occasion qu’il leur donnait d’agonir d’injures l’Eglise et l’Armée. L’idéologue redresseur de tort est, depuis toujours, moins excité par la misère des victimes que par le profil du bourreau. » (Paul-François Paoli)

« La magistrature du martyre. » (Charles Péguy)

«  Le principe de victimisation est un ogre qui avale les catégories de population les unes après les autres et rien ne sert de rivaliser à qui sera le plus opprimé. » (Sylvie Perez) 

« Le statut de victime sert de prétexte à la prise de pouvoir. » (Steven Pinker) 

« Le féminisme, un des avatars de ce mouvement amorcé dans les années 1980 dans la lignée de la pensée anti-totalitaire, et qui a reconverti toutes les luttes politiques en une croisade pour le nouveau héros des temps modernes : la victime. Victime du racisme, du machisme, des accidents de la route ou de la pédophilie, peu importe … La victime est l’icône d’une société incapable … de penser un bien collectif ; une société qui se replie donc sur le ‘non-mal’ comme seule valeur acceptable. » (Natacha Polony)

« L’inversion fascinante qui permet de transformer les coupables (quelles que soient les circonstances …) en victimes … de la France en général … Ainsi on peut écrire qu’on peut attraper une petite fille de huit ans par les cheveux et lui tirer une balle dans la tête et être une victime (Tariq Ramadan et Mohammed Merah) » (Natacha Polony) – Admirable compassion.

« Être victime est devenu une espèce de filon, on se crée une place avec ce statut … Les gens veulent se faire valoir non par un succès mais par un échec. » (Marie-Pierre Pruvot, dit Bambi)

« On ne me contestera pas, j’espère, que la compétition victimaire batte aujourd’hui son plein, . L’état de victime, situation conçue par les Anciens comme conjoncturelle et réversible, a été élevée par notre époque au rang de qualité inaliénablement attachée à un individu, et transmissible à ses enfants. Sénèque pouvait écrire : ‘il faut bien comprendre que l’on peut commettre une injustice à mon égard sans que pour autant je la subisse’.’ notre post-modernité, elle, a découplé le statut de victime, et l’expérience personnelle d’un tort. Au philosophe stoïcien, elle oppose ainsi une nouvelle maxime, toute inverse de la sienne : ‘il faut bien comprendre que je peux subir une injustice sans que pour autant on en ait commise une à mon égard.’ …  L’Occident moderne aux prises avec un Surmoi chrétien devenu fou … C’est que, contrairement à ce que d’aucuns avaient pu espérer, le déclin de la croyance chrétienne en Occident ne s’est pas traduit par une diminution du sentiment de culpabilité ; au contraire, je trouve qu’il n’a jamais été aussi ardent ». (Sylvain Quennehen)

« Le primat de la victime atteste un renversement : dans notre monde actuel, la victime devient le véritable héros … la mort en victime devenant, sur le même mode de la parodie inconsciente, la véritable mort héroïque. »  (Robert Redeker) – Lâcheté pleurnicharde

« Ils prenaient leurs souvenirs pour des droits. » (Rivarol – sur les émigrés de 1792) – Ainsi font beaucoup de victimes, ou prétendues telles.

« On se console souvent d’être malheureux par un certain plaisir qu’on éprouve à le paraître. »(La Rochefoucauld)

« Qui a l’abnégation de se sacrifier a rarement celle de n’en pas garder rancune aux êtres pour qui elle se sacrifie. » (Romain Rolland)

« Les victimes souhaiteraient que les associations de défense des droits de l’homme, que les élus et les commissions justice de tous les partis politiques se mobilisent pour leur droit à réparation, avec la même énergie qu’ils déploient pour l’amélioration des conditions d’incarcération. » (Françoise Rudetzski – S. O. S. Attentats) – Il s’agit de victimes d’attentats non de victimes bidons héréditaires. Donc sans intérêt pour la clique dominante.

« On a raison parce qu’on souffre … On m’a fait du tort et je veux être reconnu. Je suis malade ou exclu, donc je n’ai plus que des droits, victime je ne suis ni coupable ni responsable de rien … Quels bénéfices secondaires tirez-vous de votre souffrance ? Qui culpabilisez-vous en vous déclarant innocent ? Quand vous vous plaignez, contre qui portez vous plainte, et n’est-ce pas votre plainte qui vous porte ? … On ne s’aime jamais tant que lorsqu’on se prend pour l’idéal. Or, aujourd’hui, la bonne place, c’est la mauvaise, celle où l’on souffre. » (Michel Schneider)  

« Les victimes d’hier sont les bourreaux de demain. » (Victor Schœlcher)

« L’émancipation des victimes est un puits sans fond, dans la mesure où de nouvelles victimes surgissent constamment à l’horizon, tandis que les précédentes disparaissent dans le néant. » (Roger Scruton)

« Quand les opprimés se relèvent ils croient effacer leur propre honte par l’excès de leur vengeance et surpassent souvent l’injustice qu’ils châtient. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Les considérations financières peuvent conduire la personne à exagérer ses symptômes et à les faire se prolonger … faisant perdre à la personne toute dignité et tout amour-propre. »  (Martin Seligman – sur certaines conséquences dites post-traumatiques) – Ainsi des plaintes trente ans après les fait allégués.

« Je comprends qu’on éprouve quelque sorte de plaisir dans la plainte, plus grand qu’on ne pense. » (marquise de Sévigné) – Masochisme de médiocre.

« Le statut de victime, pas plus que celui de bourreau n’est héréditaire. » (Jean Sévillia)

« La justice de Dieu devait assurer, un jour, à la fin des temps, une rectification des bilans moraux … Le prix à payer de cette éthique du renoncement à la vengeance dans le temps présent en faveur d’une compensation à encaisser dans l’au-delà était élevé … généralisation d’un ressentiment latent qui remplaçait le désir de vengeance supprimé …  Mais ‘Dieu est mort’, ce qui signifie que l’absorption de la colère par un au-delà rigoureux et exigeant le respect fait de plus en plus défaut … Le report de la vengeance de humaine au profit de la vengeance de Dieu à la fin des temps est devenue inacceptable. pour beaucoup … L’impatience gagne … Aux victimes de l’injustice et des défaites, la consolation dans l’oubli paraît fréquemment hors de portée, hors d’atteinte, indésirable, inacceptable … La vengeance, thérapie … L’utopie de la ‘vie motivée’ … C’est de la colère ayant pris forme de projet que naît la vengeance … La fureur du ressentiment s’éveille à partir de l’instant où le vexé (l’être manquant, ou supposant manquer, de faire-valoir) décide de se laisser sombrer dans la vexation comme s’il s’agissait d’une élection … Depuis que le passé a tort par principe, on est de plus en plus enclin à donner raison à la vengeance … De la délégitimation politico-morale des situations existantes, des institutions et du passé, il n’y a qu’un pas vers leur délégitimation ontologique et la brutalité subséquente. » (Peter Sloterdijk – s’inspirant de Nietzsche et de sa critique du christianisme

« Que penserait-on si, demain, la noblesse d’Ancien Régime, sous prétexte qu’elle fut spoliée par la Révolution française et persécutée par la Terreur, exigeait d’être réintégrée dans ses privilèges ? Confortée dans ses croyances obscurantistes ancestrales par la République laïque et égalitaire ? » (Alain Soral) – Les lamentations infinies et les réclamations incessantes !

« Lorsque l’on scinde le corps social entre victimes et bourreaux et que l’on ne cesse de dresser les victimes contre les supposés bourreaux, pour relever la tête, les victimes vont chercher à se venger en lavant l’humiliation subie. » (Malika Sorel-Sutter – sur les repentances françaises)

« La tentation d’exploiter ce passé de souffrances comme une source de pouvoirs et de privilèges. » (cité par Tzvetan Todorov) – Merci à mes ancêtres dont les souffrances me permettent de me procurer ces avantages.

« Le statut de victime n’est pas sans procurer des avantages : quelques compensations matérielles peut-être, mais surtout un statut symbolique enviable … Privilège permanent …  Avant tout le monde se vantait d’avoir été le plus fort ; maintenant le plus opprimé … Nouvelle ‘volonté d’impuissance’» (Tzvetan Todorov) – Lamentable généralisation des pleurnicheries, disparition de la moindre fierté.

« Jouer délibérément à la victime … Les échecs que je subis renforcent ma position. Je m’apitoie sur moi-même, et cette autogratification me console de tous les revers subis … Le malheur dit ne se confond jamais avec le malheur vécu … Tout m’est dû, et cela me rend invulnérable … On n’aspire pas à subir le sort de la victime, mais à en acquérir le statut. La distinction est de taille … La victime volontaire préfère la possibilité de revendiquer à la réalisation de ses vœux (qui la priverait d’un statut si valorisant) … La victimisation de soi implique, par corrélation, la culpabilisation d’autrui. » (Tzvetan Todorov – suite de considérations sur le statut victimaire)

« Il arrive souvent que, une fois le danger passé, les victimes réelles se voient représentées par des ‘victimes’ professionnelles, ou des défenseurs attitrés, qui puisent dans la souffrance passée des autres leur raison d’être. » (Tzvetan Todorov) – Le devoir de mémoire, c’est très bien, mais il n’autorise pas des individus ou des groupements non concernés à en tirer bénéfice pour leurs entreprises.

« Si vous êtes victime, il faut le dire. Que le monde sache, que les mots fusent. Vous avez droit à la réparation, à la considération. Ecrivez un livre, passez à la télé. Vous n’étiez rien, vous serez tout, c’est-à-dire une victime ! Le kit est préfabriqué, reste plus qu’à fournir deux données personnelles, un symptôme, et hop. Vous voilà lancée dans une nouvelle carrière. Vous ne vous sentez pas vraiment victime ? Qu’importe, c’est une appréciation très relative. On est toujours victime de quelque chose ; ça ne va pas fort, ça ne tourne pas rond ? C’est suffisant, on monte un dossier … la position comporte des avantages. Je suis victime, donc j’existe. J’apitoie, je dénonce, je menace. De ma souffrance,  je fais ma condition. Pour certaines féministes, ce statut est presque l’équivalent d’une définition … Ne vaudrait-il pas mieux se battre pour s’extraire du statut de victime … et préférer se faire respecter, plutôt que se faire plaindre. » (Valérie Toranian)

« Pour la gauche progressiste, idéologique … il y a une gêne considérable à envisager comme prioritaire le droit des femmes (sur la question du foulard). Tout Français issu de l’immigration, surtout s’il est originaire des anciennes colonies françaises, est un opprimé, donc un innocent. Il a été victime de l’impérialisme et du colonialisme, aujourd’hui il est victime de l’oppression sociale et du racisme. Il est la figure archétypale de la victime. » (Valérie Toranian)

« La ‘victimitude’ n’est pas liée à des circonstances mais assignée à une origine (ethnicité…) … De façon exclusive, extra-occidentale … La condition de victime résulte d’un état de fait permanent que ne contredit pas la violence et l’amoralité éventuelles de ses titulaires … Dans la morale post-moderniste, le monde est divisé entre bons et méchants, opprimés et oppresseurs … Hiérarchie fondée sur la victimitude des ancêtres, c’est-à-dire indirectement sur la race, la religion, la chair et l’origine. » (Shmuel Trigano)

« Il a formalisé une pensée politique victimaire qui autorise tout à celui qui est classé dans les opprimés, et rien à celui qu’il range parmi les oppresseurs. » (Philippe Val – sur J. J. Rousseau) – Et si ce sont les prétendus représentant des opprimés qui opèrent le classement on peut détruire qui l’on veut ; ce qui est exactement le cas de la France.

« La ‘victimologie’ est devenu le système de légitimation d’une société peu légitime. Pour faire oublier ce qu’elle a de contestable, celle-ci s’instaure en tribunal permanent d’un passé criminalisé … Elle s’attribue à bon compte un brevet de haute moralité et, par comparaison, elle suggère que, malgré sa corruption et ses tares, elle est quand même la plus morale, donc la meilleure. » (Dominique Venner)

« Un tel statut (celui de victime) permettant de se venger … Il est si tentant d’aller mal pour conserver la possibilité de se venger. » (Bertrand Vergely) – Et d’obtenir de belles et bonnes espèces sonnantes et trébuchantes.

« La victimisation, le fait d’abuser de sa position de victime afin de tyranniser son entourage et de pouvoir, de ce fait, en tirer des bénéfices … Les victimes se mettent à utiliser leur situation comme moyen de chantage … La position victimaire est cette façon égalitariste d’adopter un comportement élitiste, et cette façon élitiste d’être égalitaire par le fait de constituer une aristocratie de victimes détournant la solidarité à leur profit. » (Bertrand Vergely)

« Se faisant passer pour une victime, il utilise son statut de victime pour intimider … En se faisant passer pour un faible, en utilisant la faiblesse vengeresse, il pervertit le monde. » (Bertrand Vergely – sur le loup de la fable de La Fontaine, Le loup et l’agneau) – Nombreux imitateurs de nos jours.

« Je conteste qu’une chose aussi inutile que la souffrance puisse donner des droits quels qu’ils soient, à qui que ce soit, sur quoi que ce soit. » (Boris Vian)

« Les prolétaires (trop laids, trop gros, trop enfumés, trop fumeurs, etc.) en lutte ont été remplacés par des victimes : Juifs, Noirs, homos, immigrés, sans-papiers, et aussi femmes battues, victimes de pédophiles… » (Pierre le Vigan) – Le grand concert des pleureuses.

« La justice, cette fugitive du camp des vainqueurs. » (Simone Weil) – Quand les victimes deviennent des bourreaux.

« L’illusion constante de la Révolution consiste à croire que les victimes de la force étant innocentes des violences qui se produisent, si on leur met en main la force, elles la manieront justement. Mais les victimes sont souillées par la force comme les bourreaux. Le mal qui est à la poignée du glaive est transmis à la pointe. Et les victimes ainsi mises au faîte et enivrées par le changement, font autant de mal ou plus, puis bientôt retombent. » (Simone Weil)

« Ne le répétez pas : les persécutés finissent par ressembler à leurs persécuteurs. » (Oscar Wilde)

« Chaque ‘communauté’ exigeait sa loi mémorielle et sa journée commémorative, son crime contre l’humanité, son génocide … Chacun rêvait de devenir victime, et d’acquérir la puissance, réelle et fantasmée à la fois, que cette condition victimaire avait apportée aux Juifs. » (Eric Zemmour)

« Être une victime en bas de l’échelle sociale ne fait pas de vous une sorte de voix privilégiée de la justice et de la morale. » (Slavoj Zizek)

« La justice, cette fugitive du camp des vainqueurs. » (?) – Quand les victimes d’hier deviennent sans trop de peine les bourreaux de demain.

« Les opprimés d’une époque sont trop souvent les oppresseurs de la suivante. » (?)

« Le fait que vous soyez offensés ne veut pas forcément dire que vous avez raison. » (?)

« On n’est pas victime de père en fils. » (?)

« Je me plains, donc je suis. » (?)  

« Car telle est l’innovation moderne : l’état de victime, situation alors conçue comme conjoncturelle et réversible  se voit au contraire pérennisé à vie par notre époque, et élevé au rang de qualité inaliénablement attachée à un individu. Autrement dit, ce qui n’était auparavant pensable que sur un mode transitoire, se voit désormais institutionnalisé pour acquérir le caractère d’une permanence. C’est l’acte de naissance d’une aristocratie victimaire, au sens, non d’un gouvernement des meilleurs, mais de l’hérédité des places … Il flotte sur notre modernité comme un parfum d’Ancien Régime, la distinction en moins : on se réclame d’une ascendance souffrante à la manière dont, dans une société d’ordres, on comptabilise les quartiers de noblesse de ses ancêtres. L’étendard de victime a désormais remplacé le drapeau blanc d’Henri IV. …‘Victime’ a ainsi cessé d’être un état dans lequel on tombe, pour devenir un titre de noblesse, obtenu à la naissance, et conservé jusqu’au tombeau, ouvrant droit à des égards, et attachant des privilèges, qu’on transmettra – si possible – à ses enfants …. L’ancienne aristocratie croyait en l’hérédité de la valeur ; sa déclinaison moderne croit en l’hérédité de la souffrance. On brandit désormais le malheur de ses ancêtres comme on brandissait autrefois leurs hauts faits … Il ne faudrait cependant pas croire que l’ascendance directe soit le seul mode d’accession aux dignités victimaires : comme toute aristocratie installée mais point idiote, elle se contente de réserver pour elle-même les plus juteuses sinécures, sans se fermer absolument aux parvenus de grand talent. Davantage même : consciente que ses velléités prévaricatrices risqueraient de lui aliéner une trop forte partie de la population, elle cherche constamment à élargir sa base pour intéresser un maximum de partisans à la survie de son système … C’est le sens de ces grandes braderies mémorielles que l’homme moderne a appris à aimer : on fouille parmi les nippes de l’Histoire jusqu’à exhumer quelque groupe souffrant dont on avait jusque-là sous-estimé la millénaire oppression ; et on en fait le nouveau produit d’appel de la foire. Évidemment, pareilles têtes d’affiches ne sont pas faciles à renouveler sur une base annuelle, le consommateur se lasse. Chaque participant à la fête doit  repartir avec l’envie, chevillée au corps, de recevoir lui aussi un jour son hochet victimaire pour le consoler des misères que l’Histoire lui a faite …. Mais le libéralisme intéressé avec lequel l’aristocratie en place a accueilli de nouvelles familles de rentiers mémoriels met désormais en péril sa propre position  Chacun, en effet, pouvant constater la prospérité amenée par cette activité, entend pratiquer à son tour l’archéologie de l’injustice ; c’est une nouvelle ruée vers l’or qui commence. Le passé prend chaque jour davantage des allures de Californie alternative, vers laquelle les prospecteurs victimaires s’élancent à la recherche des filons qui assureront leur fortune …. L’ancienne conditionnalité de la manne à l’expérience personnelle d’un tort limitait drastiquement les ambitions ; avec sa suppression, les carrières s’ouvrent en grand à tous les explorateurs de la mémoire. Chaque souffrance est désormais comme un trésor perdu attendant sa redécouverte » (Sylvain Quennehen – Considérations éparses sur le nouveau statut de victime.)

Ci-dessous, extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage de Pascal Bruckner, Un coupable presque parfait, la construction du bouc émissaire blanc.

 « Ce qui fait du monde occidental le bouc émissaire par excellence, c’est qu’il reconnaît ses crimes, par la voix de ses consciences les plus lucides, de Bartolomé de las Casas à … Il a inventé la conscience malheureuse … Au contraire d’autres empires qui peinent  à reconnaître leurs forfaits, de l’empire ottoman à … Pour trois discours, néoféministe, antiraciste, décolonial, le coupable désormais est l’homme blanc, réduit à sa couleur de peau (mais les femmes blanches ne perdent rien pour attendre !), c’est lui le pelé, le galeux … Le racisme déguisé en son contraire, l’antiracisme … La haine du Blanc est d’abord une haine de soi de la part du Blanc fortuné … Le conflit des identités ayant remplacé la lutte des classes, toutes les catégories opprimées (soi-disant) ont en commun le même ennemi, l’homme blanc hétérosexuel, le coupable intersectionnel par excellence … ‘Il y a autant de racismes qu’il y  a de groupes qui ont besoin de se justifier d’exister’ (Pierre Bourdieu) … On naît ‘racisé’ comme on naît ‘raciste’, ce statut est un titre héréditaire qui se transmet de génération en génération (Noirs ou Arabes, mais curieusement pas les Asiatiques). On s’octroie ainsi une ligne de crédit inépuisable de par sa simple naissance … Mais l’identité qui devait être libération est aussi une prison … Le racisme classique transformait la biologie en destin. L’antiracisme également. Chacun est prisonnier de sa couleur de peau, de sa culture d’origine … Le caractère délirant de certaines accusations laisse à penser que la vraie cible n’est pas le harcèlement ou le sexe forcé mais les relations amoureuses tout court, soir l’hétérosexualité … Sous le charabia politico-philosophique, il n’est pas difficile de reconnaître la vieille méfiance religieuse du corps et de la sexuation et le rêve angélique de désérotisation de l’être humain … La diabolisation de l’hétérosexualité relève du même dogmatisme, mais inversé, que la criminalisation de l’homosexualité jadis … Comment ne pas s’inquiéter de voir revenir la passion de l’interdit, surtout à gauche de la gauche, de voir se recréer un nouveau Saint-Office au nom des opprimés ? … En ce qui concerne l’esclavage, dire aujourd’hui qu’il y eut trois traites : l’orientale qui commença dès le VII° siècle, l’africaine qui cumula réseaux domestiques et réseaux d’exportations et l’atlantique dans un laps de temps plus court relève du tabou ou du moins de l’inconvenance. Les Barbaresques issus du Maghreb et commandés par la sublime porte, razziaient au cours de leurs expéditions des milliers de captifs … L’Europe n’a pas inventé l’esclavage, elle a inventé l’abolition … ‘La rengaine sur la colonisation et l’esclavage est devenue un fonds de commerce’ (journal Le Monde, sortant exceptionnellement de son soutien à n’importe quelle opération de déconstruction) … L’existence du bouc émissaire occidental est une béquille dont on ne peut se passer. »

« Quand nous ne maîtrisons plus notre destin, il nous plaît de penser qu’une force occulte travaille dans l’ombre à notre perte. »(Pascal Bruckner)

« S’il suffit d’être dit victime pour avoir raison tout le monde se battra pour occuper cette position gratifiante. » (Pascal Bruckner)

« Un coupable presque parfait, la construction du bouc émissaire blanc …. par les victimes professionnelles… » (Pascal Bruckner)

« Là réside le lien commun entre l’infantilisme et la victimisation, l’un et l’autre se fondent sur la même idée d’un refus de la dette, sur une même négation du devoir, sur la même certitude de disposer d’une créance infinie sur ses contemporains. Deux manières, l’une risible, l’autre sérieuse, de se mettre en marge du monde en récusant toute responsabilité, deux façons de se retrancher du combat de la vie. La victimisation n’étant jamais qu’une forme dramatisée de l’infantilisme. » (Pascal Bruckner)

« Dés qu’un peuple aspire à la sainteté, en raison de ses souffrances, exhibe ses plaies, convoque ses morts, méfions-nous. C’est qu’il mijote un mauvais coup et que la mémoire au lieu de prévenir le retour du meurtre de masse n’est convoquée que pour le perpétrer à nouveau. » (Pascal Bruckner)

« Les rôles de persécuteur et de supplicié sont devenus interchangeables … Cette réversibilité démoniaque qui fait de la victime d’aujourd’hui l’inquisiteur de demain, comment échapper à cet impitoyable métronome qui rythme toute l’histoire du siècle ? » (Pascal Bruckner)

« Ce que la pensée victimaire ressuscite, c’est l’ancienne catégorie religieuse de la malédiction … La victimisation serait une sorte de discrimination positive sauvage, une manière de s’octroyer un passe-droit… » (Pascal Bruckner)

« Convertir le stigmate en qualité : tel fut toujours le réflexe du dominé, de l’écrasé, de l’esclave… » (Pascal Bruckner)

« La compétition victimaire se double d’une transmission héréditaire : les fils des victimes sont des victimes, les fils des bourreaux sont des bourreaux. » (Pascal Bruckner)

« Les persécutés ont eux aussi perdu leur innocence ; ceux-là même dont on attendait une résurrection se sont transformés à leur tour en geôliers, bourreaux, fusilleurs, fournisseurs de charniers, comme si l’indépendance pour un peuple était avant tout le droit de tuer chez soi, avec ses propres armes, sous l’emblème de son propre drapeau … L’ancien esclave vaut bien le maître … Leur qualité d’anciens colonisés ne confère aux Etats du Tiers-Monde aucun privilège, aucun passe-droit, aucune supériorité morale … placées en état d’angélisme perpétuel, ces nations peuvent commettre les pires forfaits sans se croire les obligées de personne … Quand l’ONU inscrira-t-elle l’anti-occidentalisme et le racisme anti-blanc au rang des crimes contre l’humanité ? » (Pascal Bruckner – Le sanglot de l’homme blanc)

« Une nation ne peut se considérer comme un syndicat de plaignants où chacun à sa petite plainte à brandir. Nous sommes une nation, pas un hôpital. » (Pascal Bruckner – cité par Pierre le Vigan) 

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