700,1 – Supériorité / Infériorité ; Grandeur ; Dignité, Distinction / Médiocrité, Vulgarité

– Chef : personnalité disparue en Occident, où il n’y a plus que des laquais.

-Nous n’avons plus de héros, plus de grands hommes, plus de leaders, mais, consolons-nous, nous ne manquons pas de requins en affaires, de pitres médiatiques, de députés, de médiateurs.

– Jadis, Charles-Quint ramassant le pinceau du Titien, Philippe de Macédoine écrivant à Aristote la naissance d’Alexandre, le roi barbare Totila s’inclinant devant saint Benoît, opposé spirituellement, et potentiel adversaire d’influence.

– Le Grand Homme d’aujourd’hui, théoriquement caractérisé par ses vertus et ses actions sociales ou morales (ou même financières !), distingué par ce qu’il fait, ce qu’il produit, et non par ce qu’il est, inscrit dans une vision progressiste et optimiste, sinon fabriqué, au moins reconnu comme tel par les média, en fonction de son utilité idéologique. Ses vertus alléguées étant établies à l’aune de l’idéologie dominante imposée à une époque. Vaut ce que vaut l’idéologie qui le fait vénérer.

– Honnête et pervers ((Savonarole et Robespierre l’étaient aussi), plutôt qu’une anthologie de la trahison (car il aimait la France), sauf à l’égard de certaines catégories de Français ou d’étrangers qui avaient fait l’erreur de lui faire confiance (harkis, massacrés de la fusillade de la rue d’Isly….), Charles de Gaulle « Chef tribal ramené dans les fourgons de l’étranger et transformé en vainqueur sans avoir combattu. » (Maurice Bardèche) illustrerait une anthologie de la tromperie. Celui qui ne gagna de guerre que contre les Français, qui en fit exécuter un si grand nombre qui lui étaient tellement supérieurs, qui poursuivit certains de la haine qui lui était congénitale (de Robert Brasillach au dernier Jean Bastien-Thiry, s’il manqua le général Jouhaud, ce ne fut pas par manque d’acharnement), qui ne protesta pas : lors de l’agression anglaise sauvage de Mers el Kébir (1.300 marins français assassinés), quand les Anglais laissaient livrer par les Turcs à l’industrie allemande les Français qu’ils avaient faits prisonniers en Syrie, quand les alliés bombardaient sauvagement et sans utilité militaire les villages et les villes françaises (300.000 morts dus aux bombardements, bien plus que du fait de l’armée allemande ou de la Résistance), contre les exactions de la soldatesque américaine des unités non combattantes dans la Normandie libérée, puis en Alsace, avant de s’y livrer à une plus grande échelle en Allemagne, celui qui abandonna son poste par deux fois tel un gamin vexé et au mépris de son devoir,  fut grand, du moins par la taille. Reconnaissons qu’il l’était aussi par son désintéressement matériel (comparer avec la cupidité de nos politicards actuels)  et par une haute culture (comparer avec la sombre ignorance de nos politicards actuels). Pour le reste : rancune et vindicte vis-à-vis de celui qui sauva sa carrière (fait prisonnier à Verdun, il sortit de la guerre capitaine – on ne promeut évidemment pas des officiers prisonniers), le protégea entre 1920 et 1939 et fut le parrain de sa fille – on n’en parle jamais – j’ai nommé Philippe Pétain ; refus hautain d’une réconciliation nationale possible en 1944 (ce qui n’eût pas empêché des sanctions sévères méritées) ; livraison de la France aux communistes à cette époque et don du privilège d’exercer l’épuration politique sanglante et sauvage, donc de neutraliser, exterminer, tous ceux qui pouvaient leur faire obstacle, tout en graciant le déserteur, Maurice Thorez – ‘L’épuration est le pacte de sang que de Gaulle est contraint de conclure avec les communistes, comme Napoléon fut obligé d’exécuter le duc d’Enghien pour s’assurer le soutien des Jacobins régicides à la veille de son sacre impérial. ‘ (Eric Zemmour) – dons de citadelles à ceux-là, des entreprises et de leurs juteux comités, EDF, SNCF, Renault, Ministère de l’équipement ; répression de Sétif ; bombardement de Haïphong ; livraison à Staline des soldats russes prisonniers en France  ; entourage en 1945, et jusqu’aux années 60 de compagnons de la France libre (Thierry d’Argenlieu, Palewski, Pleven, Malraux…), cumulant qualité de compagnons certes mais aussi profonde stupidité politique (pour être bienveillant) ; et bien d’autres compromissions peu glorieuses… ‘La France n’a jamais connu de régime plus médiocre que celui qui, en 1945, s’est imposé à elle comme libérateur, n’a cessé de prostituer depuis, ou plutôt de ridiculiser, le mot de libération.’ (Georges Bernanos) …  On peut avoir quelque estime (notamment pour celui qui détestait Jean Monnet, le laquais des Américains), mais refuser de s’incliner devant celui qui, s’il rata Salan et Jouhaux (sauvé grâce au jeune alors Giscard d’Estaing et Georges Pompidou), ce dernier qu’ivre de fureur il voulait faire fusiller après l’obtention des circonstances atténuantes par le général Salan, en condamna tant à mort (même les officiers français qui refusèrent de livrer la Tunisie, colonel Cristofini, et d’autres territoires), dont le dernier et vrai grand, Bastien-Thiry, (est-ce à propos de son assassinat légal ou celui d’un autre que quinze officiers successivement refusèrent de diriger le peloton d’exécution, et qu’il fallut aux sbires gaullistes dénicher quelque ambitieux prêt à se prostituer, que l’on récompensa dès le lendemain, pour sa servilité ?), sans compter celui qui, sans trouble ni scrupule, abandonna à l’égorgement ceux qui nous avaient fait confiance, tels, entre autres, les harkis ; honte, trahison finale pendant que le même de Gaulle faisait emprisonner (à défaut de pouvoir les faire assassiner légalement ou non)  des soldats comme Hélie Denoix de Saint-Marc qui protestaient et dont la moralité le dépassait de cent coudées.

-« Pendant plusieurs mois, nous avons été les victimes d’un mensonge organisé, martelé, et à mon sens, monstrueux … Le général de Gaulle utilisait comme des armes courantes le mensonge, la duplicité et le cynisme … L’indépendance (de l’Algérie) ne me choquait pas à condition de respecter les droits de chacun. Mais cette indépendance-là fut plus douloureuse qu’une amputation. La France a laissé dans l’affaire une part de son âme et de son génie propre. Elle s’est abaissée à des actes monstrueux : non-assistance à des hommes en danger de mort, livraison d’innocents, mensonge d’Etat. Elle a cru donner la liberté à un peuple en la donnant à un clan … Je savais ce qui se passe quand, dans un pays aux prises avec une guerre civile, on livre le pouvoir à un seul clan. Durant des mois, la France, terre d’asile, a refusé d’accueillir des hommes traqués, menacés pour l’avoir servie (on nous écrivait en masse pour nous raconter des dizaines  de scènes atroces) …’L’épisode des harkis constitue une des pages les plus honteuses de l’Histoire de France, comme l’ont été l’instauration du statut des Juifs en octobre 1940 ou la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942’ (Dominique Schnapper) … Quand un tribunal n’était pas suffisamment aux ordres, il était dissous (légendaire servilité du catho Edmond Michelet, ministre de la justice) . On en créait un autre, en choisissant plus soigneusement encore les membres parmi les amitiés gaullistes (et les arrivistes). Ainsi allait la Justice française … L’année 1962 suintait la débâcle et la lâcheté. » (Hélie de Saint Marc)

 – Côtoyer quelqu’un dont la famille s’attribuait quelque supériorité, objectivement de nature généralement et seulement matérielle, c’est risquer d’essuyer sa désinvolture, au moins dans les petites choses, et d’être fortement indisposé par son incapacité à rester à sa place.

– L’humilité est une vertu, mais il est recommandé de n’en user qu’avec modération. Le monde n’est pas accueillant à ceux qui se tiennent trop en retrait et il aura vite fait de nous ignorer, pour finir par nous écraser. Sans se vouloir ni prétendre premier toujours et en tout, il n’est pas du tout conseillé de se voir dernier, ou même dans la fameuse moyenne, jadis vantée par une éducation bien intentionnée mais réductrice, et à la limite de la castration.

– « Le menuisier qui a recueilli Hölderlin. » (Christian Bobin) – Peut-être était-il Grand ?

Voir aussi la rubrique Esprit, faculté supérieure 280, 2   

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« Il habitait au-dedans de lui-même. » (saint Ambroise sur saint Benoît)

« La constance qu’ils mettent à ne pas parler des coupables, à taire que l’événement a été causé par des hommes ; à ne pas nourrir le moindre ressentiment bien qu’ils aient été victimes du plus grand des crimes … De la catastrophe, ils parlent constamment comme d’un tremblement de terre, comme d’un tsunami ou d’un astéroïde … Cela passe l’entendement. » (Günther Anders – visite à Hiroshima) – Pas de reproches, pas de récriminations, pas de lamentations, pas de pleurnicheries, pas d’exigence de repentance, pas de demande de fric. Comparons et admirons.

« Être mécontent de soi, preuve de supériorité. » (Marc-Aurèle)

« Quand tu ne peux empêcher les circonstances extérieures de provoquer en toi quelque trouble, rentre au plus vite en toi-même, et ne te laisse pas désaccorder plus longtemps qu’il n’est nécessaire. Tu seras d’autant plus maître de ton harmonie intérieure que tu y retourneras plus souvent. » (Marc-Aurèle)

« Il y a des grandeurs minables. Et un don de soi, jusqu’à l’oubli de soi, grandiose. » (Père Alain Bandelier)

« Clémenceau, Churchill, Hitler, adorés ou maudits, ont été pour leur pays la même  catastrophe. Ils n’ont rien changé aux événements qui sont le résultat de supériorités militaires ou économiques … Mais ils ont été par leur acharnement, des cavaliers de la mort, des broyeurs d’hommes. » (Maurice Bardèche – faisant allusion notamment au refus méprisant pat le premier du projet de paix blanche en 1917, élaboré par le pape, Benoît XV, et  l’empereur Charles IV d’Autriche) 

« Il est désormais impératif d’aspirer à devenir au plus vite un ‘homme normal’. C’est d’ailleurs ainsi que se qualifia récemment un candidat à la présidence de la République, afin d’attirer à lui, avec le succès que l’on sait, les suffrages de tous les ‘normaux’ du pays. Il avait ressenti à quel point ce vocable rassurait les foules.  Normal au sens de banal, de pas méchant, de commun … ‘L’homme sans qualités’ de Robert Musil. » (Olivier Bardolle) – Tout est dit sur l’homme et le pays qui le choisit.

« Il n’y a pas d’élite digne de ce nom en activité aujourd’hui dans les démocraties occidentales, l’élite a abdiqué son rôle historique, consistant à ‘ouvrir le chemin’, pour tout simplement ‘aller à la soupe’. Elle ne vous sert pas, elle se sert … En quoi serait-elle admirable aujourd’hui alors qu’elle n’est qu’enviable ? » (Olivier Bardolle) – Si, il reste une élite, mais en démocratie elle est soigneusement cachée, car la classe dominante politico-médiatique ne saurait accepter sa présence à proximité et dans la lumière. Le contraste serait trop grand.

« Toutes les qualités viriles sont mortes. » (Henry de Monfreid) –Alors la grandeur pourquoi faire ? … Où sont les cavaliers de Kessel ? Les aventuriers de Cérésa ? Les explorateurs de Kipling ? Les caravaniers de Marco Polo ? Les galions de James Cook, les 265 hommes de Magellan partis pour faire le tour de la terre sur leurs cinq pauvres cotres (dont 18 revinrent sur un des bâtiments en ruine) … La grandeur, telle qu’on l’entendait dans l’ancien monde, est incompatible avec la notion d’égalité. » (Olivier Bardolle)

 « Ce sont les grandes écoles et les grands corps qui non seulement créent l’élite, mais qui établissent les conditions de sa reconnaissance … C’est le groupe lui-même qui décide de la compétence et se fait autoréférentiel … Une société tribale et clanique … Savoir si l’élite français est très compétente au sens objectif du terme ne constitue pas une question pertinente, car ce qui importe c’est l’exclusion de toute compétence qui ne soit pas certifiée par l’élite.  » (Yves Barel) – Laquelle exigera du postulant à la compétence la soumission complète au groupe et à ses intérêts, garante du maintien de ses privilèges.

« La suprême grandeur est de vaincre l’ange, de lui arracher son secret. L’ange veut nous ouvrir la porte de l’invisible, c’est sa mission, mais il ne l’ouvre pas sans un combat ; il ne l’ouvre pas aux indolents, aux tièdes, mais seulement à ceux qui, pour se frayer un passage, ne craignent pas de foncer sur lui … Voyez son Jacob, c’est un bélier … un jeune garçon qui coure sus avec un incroyable mépris des obstacles … Quant à l’ange, il déploie une paisible supériorité. C’est un maître d’armes. Il pare les plus rudes coups indéfiniment. Il paralysera Jacob à la minute qu’il voudra (mais il se contente d’estropier Jacob vainqueur) … Jacob a laissé la caravane, il a rompu avec la foule, déserté la grande route facile et ses compagnons naturels, oublié les petits intérêts qui l’avaient d’abord mis en route … Grande page austère qui nous prêche … le devoir de l’effort et du pas en avant … ‘Ne négligez rien de ce qui peut vous faire grand’ (Stendhal), ‘Il faut choisir la place où l’on croit pouvoir être utile et y creuser son sillon’ (Taine), ‘Comme une journée bien dépensée donne une joie au sommeil, ainsi une vie bien employée donne une joie à la mort’ (Léonard de Vinci). » (Maurice Barrès – à propos du tableau de Delacroix, La lutte de Jacob avec l’ange (église saint Sulpice, Paris)

« Il n’y a de grands parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat, l’homme qui chante, l’homme qui bénit, l’homme qui sacrifie et se sacrifie. » (Baudelaire)

« Elevez vos écoliers à vénérer l’Eglise pour avoir si longtemps travaillé à empêcher le spirituel de choir dans le national. Honorez-là quels qu’aient été‚ ses mobiles, quand, au concile de Trente, elle repousse l’emploi des langues nationales pour la messe, maintient le latin.    Honorez l’ordre des Jésuites quand, en pleine guerre de Trente ans, leur général commande à ses collègues : ‘Ne disons pas ma patrie. Cessons de parler un langage barbare.’  » (Julien Benda)

«  Ce qui fait le plus défaut aujourd’hui, ce sont les colonnes vertébrales. » (Alain de Benoist)

« La notion de réussite, réussite exclusivement matérielle et sociale, remplace celle de supériorité. Elle conforme l’optimisme ambiant. On n’aime pas les meilleurs, on n’aime que les gagnants : ceux qui réussissent sans jamais cesser ‘d’être ‘comme tout le monde’. » (Alain de Benoist)

« Sans les figures du moine et du chevalier, la personne humaine n’aurait jamais pu s’élever à la hauteur à laquelle elle a droit. » (Nicolas Berdiaeff – Sens de l’histoire) – Où sont-ils donc, ceux qui honoraient l’espèce humaine ?   

« Posséder la vie plutôt qu’être possédé par elle. » (Georges Bernanos – sur l’Aristocratie – Dialogue des carmélites)

« Les médiocres auront raison de vous. Les médiocres ont raison de tout. » (Georges Bernanos, à de Gaulle)

« Vous êtes d’une grande naissance, ma fille, et nous ne vous demandons pas de l’oublier. Pour en avoir renoncé les avantages, vous ne sauriez échapper à toutes les obligations qu’une telle naissance impose, et elles vous paraîtront, ici, plus lourdes qu’ailleurs. » (Georges Bernanos – La prieure à une novice – Dialogues des carmélites)

« L’homme est tout juste aussi grand que la vague qui se brise sous lui. » (Bismarck) – Définition du grand homme, il surclasse.

 « Vu de loin, c’est quelque chose ; vu de près, ce n’est rien du tout. » (Bismarck – à propos de Napoléon III)

« Un homme sur mille est un meneur d’hommes ; les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres sont des suiveurs de femmes. » (Francis Blanche)  

« Je ne suis pas plus bête qu’un autre, dit-on. – Donc je possède une intelligence au moins égale à celle de n’importe qui … L’universelle supériorité de l’homme qui n’est pas plus bête qu’un autre est ce que je connais de plus écrasant… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, CXXXVII)

« Ce n’est pas le premier venu, dit-on. – Lorsqu’un père de famille, c’est-à-dire le chef d’une importante maison de commerce, a dit cela d’un monsieur Trouillot, par exemple, on est fixé. C’est Trouillot qui aura la fille … Le plus haut titre aux yeux du Bourgeois, c’est de n’être pas le premier venu … L’Evangile dit que les derniers seront les premiers, et le Bourgeois s’en souvient…» (Léon Bloy- Exégèse des lieux communs – 1, XCVI)

« Être comme il faut, dit-on. – Règle sans exception. Les hommes dont il ne faut pas ne peuvent jamais être comme il faut. Par conséquent, exclusion, élimination immédiate et sans passe-droit de tous les gens supérieurs. Un homme comme il faut doit être, avant tout, un homme comme tout le monde. Plus on est semblable à tout le monde, plus on est comme il faut. C’est le sacre de la multitude… être habillé, comme il faut, parler, comme il faut, manger, comme il faut, marcher, comme il faut, vivre comme il faut.» (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XXV)

 « C’est l’ambition qui perd les grands hommes, dit-on – Savoir ce que le Bourgeois entend par un grand homme n’est pas la chose la plus facile. Tout le monde penserait que le plus grand homme, à ses yeux est celui qui a le plus d’argent. Eh bien ! Ce n’est qu’une opinion plausible … Au-dessus de l’homme qui a beaucoup d’argent, il y a celui qui fait peur, ayant le pouvoir de prendre l’argent des autres et de leur donner, en échange, des coups de pied dans le cul. Celui-là est incontestablement un grand homme. » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XXXIX)

« S’il y a quelque chose de bon dans la noblesse héréditaire, cela se réduit à mon avis au fait que les nobles doivent se sentir obligés de ne pas déroger au mérite de leurs ancêtres. » (Boèce)

« L’homme médiocre augmente sa valeur en faisant partie d’un groupe, l’homme supérieur la diminue. » (Gustave Le Bon)

« ‘Qui peut le moins peut le plus’ : les esprits supérieurs réussissent parfois mieux dans les choses difficiles que dans les choses faciles. » (Gustave Le Bon)

« Des hommes d’élite réunis en groupe ne constituent plus une élite. Pour garder son niveau, l’esprit supérieur doit rester solitaire. » (Gustave Le Bon)

« La prétention des puissants se nourrit de la servilité des valets et les différentes formes de protocole ont pour fonction de codifier le mensonge social au point de le laisser paraître naturel. » (Pierre Boncenne)

« Appartient à l’élite tout homme, de quelque milieu qu’il soit, qui est capable d’admirer ce qui est au-dessus de lui. » (Abel Bonnard – cité par Gustave Thibon)

« Dans le monde de la modernité, tous les grands hommes sont les acteurs de leur image, ils doivent, par une étrange transfusion, se vider de leur substance pour animer leur reflet, sacrifier Bonaparte pour faire vivre Napoléon. » (Jean Borie – reprenant une remarque de Chateaubriand) – Ceci est particulièrement vrai de ces pantins que sont les politiques, soumis à leurs minables conseillers en communication. Comme si un véritable homme de poids avait besoin de ces larbins !

« Les grands hommes se forment sur les genoux de leur mère. » (Bossuet)

« Si c’est une grande puissance de pouvoir exécuter ses desseins, la grande et la véritable c’est de régner sur ses volontés … La puissance est le principe le plus ordinaire de l’égarement ; en l’exerçant sur les autres, on la perd souvent sur soi-même, elle est semblable à un vin fumeux qui fait sentir sa force aux plus sobres. » (Bossuet)

« ‘Nul ne sait user de la puissance, que celui qui la sait contraindre’ ; celui-là sait maintenir son autorité, qui ne souffre ni aux autres de la diminuer, ni à elle-même de s’étendre trop ; qui la soutient au dehors et qui la réprime au-dedans. » ((Bossuet – citant saint Grégoire)

« Je ne vais pas porter une couronne d’or là où le Seigneur a été affublé d’une couronne d’épines. » (Godefroy de Bouillon – roi du royaume chrétien de Jérusalem)

« Un grand homme tous les dix ans, qui paye les frais ? » (Bertold Brecht)

« Une froideur ou une incivilité de ceux qui sont au-dessus de nous, nous les fait haïr ; mais un salut ou un sourire nous les réconcilie. » (La Bruyère)

« A quelques uns l’arrogance tient lieu de grandeur, l’inhumanité de fermeté, et la fourberie d’esprit. » (La Bruyère)

« Il veut être grand, il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand. » (La Bruyère – sur un personnage)

« La grandeur est un besoin des époques terribles. » (Jacob Burckhardt) – En France, au moins, on cherche d’où et de qui elle pourrait bien venir prochainement.

« Critère de la grandeur, incertain, inégal, illogique … Parfois la qualité de l’intelligence, parfois les vertus morales … le plus souvent nous obéissons simplement à notre sentiment … C’est la personnalité tout entière de l’homme qui exerce sur nous sa fascination … bien plus que les résultats obtenus … L’homme grand est celui sans lequel le monde nous semblerait incomplet, parce que certaines grandes actions ne peuvent être accomplies que par lui, à son époque, dans son milieu  … L’Amérique eût été découverte bientôt, même si Christophe Colomb était mort au berceau … Eschyle ou Platon furent eux irremplaçables. Si Raphaël était mort au berceau, la ‘Transfiguration’ n’eût pas été peinte … Le grand homme n’est pas un modèle, il n’est pas un idéal moral d’humanité ; il forme une exception dans l’histoire universelle … Nous constatons même qu’il est dispensé d’obéir aux lois ordinaires de la morale … La destinée du grand homme est d’incarner une volonté qui dépasse l’individuel et qui, selon son point de départ, est appelée tantôt volonté de Dieu, tantôt volonté d’une nation ou d’une collectivité, tantôt volonté d’une époque. » (Jacob Burckhardt – Sur les grands hommes tels que consacrés par l’histoire : Périclès, Alexandre le grand, Frédéric Barberousse, les Hohenstauffen, Frédéric le grand, Cromwell, Napoléon, Bismarck… – considérations éparses sur la notion de grand homme)

« Comment imaginer une supériorité qui se sépare des hommes. » (Albert Camus)

« Dire qu’on blâmait les monarques d’élever des châteaux, des églises et des places triomphales ! Nous nous louons présentement de les avoir, les monuments qu’ils nous auront laissés restent encore l’orgueil de nos villes, car nous n’en érigeons plus de semblables, nos édifices sont horribles, nos arts totalement anéantis et nos profusions ne servent qu’à nous armer jusqu’aux dents … Triomphe de l’égalité dans l’épaisseur et la laideur … En quoi les maîtres d’à présent diffèrent-ils des simples qu’ils conduisent ? Ils semblent parfois plus grossiers que leurs sujets … Il faudrait quelques générations pour les polir, donc la transmission de leurs privilèges. » (Albert Caraco) – Qu’on se rassure, l’hérédité des privilèges de nos soi-disant élites est en bonne voie. 

« Thomas Carlyle distingue quatre catégories de héros : le fondateur de religion ou prophète, le réformateur religieux, l’homme de lettres et le chef politique … Ils détiennent le sentiment profond de la réalité visible et invisible. En eux s’incarne le symbole de l’autorité qu’attendent les peuples à un moment de leur histoire … Dignes d’admiration, par leur sincérité et l’activité conçue comme renonciation au moi  … Instruments de la Providence au service de la communauté … héros moral, ni conservateur ni révolutionnaire … Le rôle des grands hommes dans l’Histoire, longtemps dévalué par la vision marxiste soulignant l’action des masses et les structures économiques, minimisant, sinon évacuant l’individu, nous paraît être en cours de réhabilitation … Un Gorbatchev, un Jean-Paul II, un Lech Walesa, un Vaclav Havel ont témoigné en faveur de la philosophie de l’histoire de Carlyle. » (Bruno de Cessole) – « Le héros est destiné à être poète, prophète, roi, prêtre ou autre chose en fonction des caractéristiques du monde dans lequel il est né. » (Thomas Carlyle) – Quelques héros au sens de Thomas Carlyle (et analysés par lui) : Odin, Wotan, Homère, Eschyle, Dante, Shakespeare, Mahomet, Luther, Oliver Cromwell, John Knox, Samuel Johnson, Goethe, Napoléon (dans sa première période, avant l’Empire)  

« Les hommes grandissent quand ils sont inspirés par un haut idéal, quand ils contemplent de vastes horizons. » (Alexis Carrel) – Et on leur offre un système de délation et de lynchage organisé, le Grand et le Petit journal de Canaille +, des présentateurs vulgaires et haineux traînant tout dans le caniveau, les rires sur commande d’un public stupide, de soi-disant valeurs que l’oligarchie piétine, le mensonge institutionnalisé et applaudi…

« Ce qu’il admirait le plus chez les héros n’était pas seulement la sincérité des sentiments, mais la clarté de la pensée. Une grande énergie dans l’action ainsi qu’un grand pouvoir de volonté réclament toujours un élément intellectuel. Sans un pouvoir correspondant de pensée, la force de la volonté ainsi que celle du caractère étaient impuissantes. L’équivalence entre ces  deux éléments était la marque distinctive du véritable héros … vivant parmi les choses et non parmi leurs apparences … Le culte du héros a toujours signifié pour lui le culte d’une force morale. » (Ernst Cassirer – commentant Thomas Carlyle et sa doctrine du culte du héros) – Le héros de Carlyle étant autant et plus le grand homme que l’homme héroïque. – « On trouve à toutes les époques de l’histoire, le grand Homme, qui est l’indispensable sauveur de son époque ; l’étincelle sans laquelle le feu n’aurait jamais brûlé. » (Thomas Carlyle – Le culte du héros)

« Des qualités trop supérieures rendent souvent un homme moins propre à la société. On ne va pas au marché avec des lingots ; on y va avec de l’argent ou de la petite monnaie. » (Chamfort)

« Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il convient de se montrer ; dans les petites ils se montrent comme ils sont. » (Chamfort) – Rejoint l’expression : « Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre. »- « Nos intimes sont les pires ennemis de notre statue. » (Emil Cioran)

« La fortune pour arriver à moi passera par les conditions que lui impose mon caractère. » (Chamfort) – Et l’auteur a tenu parole. C’est là quitter l’ambition pour la grandeur. Vous en connaissez vous des personnages de ce calibre parmi nos clowns ?

« Des hommes de belle race ont naturellement rejeté comme une vulgarité inutile l’appareil suranné des ruses. » (Jacques Chardonne) – Que dire de nos prétendues élites (de toutes sortes) ! 

« L’aristocratie a trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités ; sortie du premier elle dégénère dans le second et s’éteint dans le dernier. » (Chateaubriand)

« Madame Roland avait du caractère plutôt que du génie : le premier peut donner le second, le second ne peut donner le premier. » (Chateaubriand)

« Les hommes de génie sont ordinairement enfants de leur siècle. » (Chateaubriand)

« Il y a des temps où l’élévation de l’âme est une véritable infirmité ; personne ne la comprend ; elle passe pour une espèce de borne d’esprit, pour un préjugé, pour une habitude inintelligente d’éducation, une lubie, un travers qui vous empêche de juger les choses… » (Chateaubriand)

« Ce n’est pas parce qu’elle était grande que les hommes ont aimé Rome. Elle fut grande parce qu’ils l’avaient aimée. » (Chesterton)

« De tels hommes (les grands hommes) sont très près de la folie. L’évaluation incessante qu’ils font de leur propre cerveau et de celui des autres est une dangereuse besogne. Il y a péril pour l’esprit à dresser le bilan de l’esprit. » (Chesterton)

« L’époque des grandes théories fut celle des grands résultats … La répudiation des grands mots et des grandes visions a engendré une race de petits hommes dans la politique, de même, elle a engendré une race de petits hommes dans les arts. » (G. K. Chesterton)

« Même auprès de Dieu, le mécontentement grondait, comme en témoigne la rébellion des anges, la première en date. C’est à croire qu’à tous les niveaux de la création, on ne pardonne à personne sa supériorité. » (Emil Cioran)

« Les grands hommes sont des paraboles vivantes. » (Paul Claudel)

« Je ne suis pas l’homme du particulier. Je suis venu pour élargir la terre. » (Paul Claudel – d’un conquistador)

« L’originalité, aujourd’hui, ne consiste plus guère à devenir remarquable, mais à se faire remarquer. Dans un cas, il faut avoir une grande âme. Dans l’autre, il suffit de changer de costume. » (Christian Combaz)

« L’homme supérieur sait être lent dans ses paroles et rapide dans son action. » (Confucius)

«  L’homme supérieur demande tout à lui-même, l’homme vulgaire demande tout aux autres ….  L’homme de qualité a d’abord des exigences vis-à-vis de soi. L’homme du commun n’en a que vis-à-vis des autres. » (Confucius)

« L’honnête homme envisage les choses du point de vue  de la justice, l’homme vulgaire, du point de vue de son intérêt. » (Confucius) – L’honnête homme’ confucéen est l’homme de bien (vertu, mérite, compétences, talent…)

« Le devoir comme fondement de l’existence, l’élégance dans l’action, la modestie dans la parole, la fidélité dans l’exécution : en vérité voilà l’homme supérieur. » (Confucius) – Comment ce philosophe avait-il pu pressentir et décrire vingt-cinq siècles auparavant les évidentes autant qu’éminentes qualités des élites politico-artistico-médiatiques françaises qui font l’admiration de l’univers ? Troublant mystère.

« Rendons aux grands ce qui leur est dû ; mais tenons-nous-en loin le plus que nous pourrons, et, ne nous approchant jamais d’eux, tâchons qu’ils ne s’approchent point de nous, parce qu’ils peuvent nous faire du mal, et ne nous sauraient faire de bien. » (Paul-Louis Courier) – Du temps où les Grands étaient redoutables, et non pas de simples distributeurs d’avantages à leurs proches.

« Si Mitterrand fut ‘grand’, ce fut dans son acharnement à détruire la grandeur, et l’hommage qu’il reçoit aujourd’hui est révélateur d’un ressentiment très partagé par les élites françaises. Ce n’est pas le peuple qui a aujourd’hui du ressentiment contre la grandeur, ce sont les élites. Ces élites sont en réalité conscientes de leur petitesse et elles révèrent en Mitterrand quelqu’un qui a su les libérer du ‘surmoi’ de la grandeur. » (Vincent Coussedière)

« Je volai si haut, si haut,

« Que j’atteignis ce que je chassais. » (saint Jean de la Croix)

« Mourir en exil est la garantie de ne pas avoir été tout à fait médiocre. » (Nicolàs Gomez  Dàvila)

« La noblesse suprême, la marque de l’être d’élite … sera toujours de préférer le beau à l’agréable. » (Raphaël Debailiac)

« Nous ne tolérons plus d’être représentés par des hommes ou des femmes d’exception, qui pourraient nous hisser un peu trop haut, nous exigeons des sosies à notre taille et semblance … Le père de la nation se doit désormais d’être son pote. »  (Régis Debray)

« Quand on renonce à la Grande Histoire, restent les Grands Travaux, à la verticale … Pompidou a plus fait pour le bâti parisien que Charles de Gaulle, Napoléon III que le premier du nom … Nous nous mettons à raffoler du grandiose à mesure que nous rapetissons … ‘Grand Louvre’, ‘Grande arche’, ‘Très Grande Bibliothèque’ … Qui oserait demander aujourd’hui des lieux de vie ou de travail en vrai … sans rien pour la montre ? » (Régis Debray) – Relativité des grandeurs.

« Tous les grands hommes ont pressenti leur empire et ont pris à l’avance la place que la postérité leur accorde plus tard ; comment expliquer autrement cette audace dans l’invention ? » (Delacroix)

« L’histoire se résume finalement dans celle des grands hommes. L’autorité devient le seul fil conducteur capable de nous rendre signifiant le cours des événements. Rien ne se fait que par l’obéissance, l’admiration, le mimétisme, d’un côté, et le prestige, la supériorité traduite en intelligence, en lucidité et en courage, de l’autre. Les peuples sont des suiveurs de lumières. » (Chantal Delsol) – Vision de l’histoire très peu marxiste, mais, elle a sa pertinence.

« L’homme contemporain se trouve, non plus en situation d’acteur, mais en situation de quêteur, puisque sa grandeur s’exprime moins par des qualités démontrées, que par des droits concédés. » (Chantal Delsol)

« Les sociétés égalitaires n’admirent pas, parce qu’elles ne sortent pas d’elles-mêmes. Tout est trop grand pour elles. Dans le monde du bonheur, tout est petit : petites villas à bon marché… petits rentiers… petits jardins de banlieue… petits désirs de grandeur… disait Giono. » (Chantal Delsol) – Cette obsession est même passée dans le langage courant local : petite amie, petit ciné, petite bouffe…

« Cette grandeur devenue si suspecte au royaume de l’égalitarisme totalitaire. »  (Yannis Ezziadi)

« ‘Il n’est pas nécessaire, parce que vous êtes duc, que je vous estime ; mais il est nécessaire que je vous salue. Si vous êtes duc et honnête homme, je rendrai ce que je dois à l’une et à l’autre de ces qualités … Mais si vous étiez duc sans être honnête homme, je vous ferais encore justice en vous rendant les devoirs extérieurs que l’ordre des hommes a attaché à votre naissance et je ne manquerais pas d’avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit.’ (Blaise Pascal)  …  Pascal explique comment il y a deux sortes de grandeur humaine … Deux sortes de qualités, les unes constitutives de la personne que Pascal appelle ‘grandeurs naturelles, indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu’elles consistent dans des qualités réelles et effectives de l’âme et du corps’, les autres extérieures à elle qu’il appelle ‘grandeurs d’établissement, conventionnelles et qui dépendent de la volonté des hommes, qu’il convient cependant de respecter puisque l’ordre social est à ce prix’ … Dans le langage de Pascal (Trois discours ‘Sur la condition des Grands’) on dira qu’il n’y a pas de différence entre les respects naturels et les respects d’établissement, car les qualités naturelles sont tout aussi extérieures à l’individualité de quelqu’un que ses qualités d’établissement. Il est absurde et injuste de demander à être aimé pour soi-même, car il n’y a rien d’aimable dans le fait d’être soi-même … ‘Si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même’. » (Vincent Descombes – citant Pascal) – N’oublions pas le Pascal janséniste. Et saint Augustin : « Qu’as-tu que tu n’aie reçu ? » – « Nous sommes tous des êtres collectifs … Combien peu nous pouvons considérer comme notre propriété ! Nous devons tous recevoir et apprendre, aussi bien de ceux qui nous ont précédés que de nos contemporains. Le plus grand génie lui-même n’irait pas loin s’il prétendait s’en remettre à ses propres moyens … Pourtant bien des braves gens … passent la moitié de leur vie à tâtonner dans le noir avec leurs rêves d’originalité. J’ai connu des artistes qui se vantaient de n’avoir jamais suivi de maître … Les fous ! Comme si cela pouvait se faire ! » (Goethe)

« Ôte-toi de mon soleil. » (réponse de Diogène à Alexandre le Grand qui lui demandait ce qu’il pouvait faire pour lui.)

« Veblen disait que le train de vie de la classe supérieure définissait la norme d’honorabilité pour la société entière … Qui sont aujourd’hui nos Condorcet, nos Keynes, nos Freud ? La bourgeoisie intellectuelle … qui avait conscience d’appartenir à une élite (pour ses devoirs plus que pour ses droits) … Elle a peu à voir avec la bourgeoisie contemporaine, prédatrice et cupide, vulgaire, plus stupide sans doute que cynique, qui n’est animée par aucun idéal et se contente de s’autocélébrer … Notre bourgeoisie, dont la lâcheté suivra, n’en doutons pas, l’aveuglement. » ( Dostaler et Maris)

« La véritable prééminence s’impose d’en haut et ne s’élève pas d’en bas. » (Louis Dumur)

« Il est certaines époques privilégiées (le XVII° siècle, entre autres) où les grandes âmes pouvaient être affreuses sans cesser d’être grandes. Cela est un peu difficile à comprendre aujourd’hui. » (Jean Dutourd) – Les grandes âmes sont cachées, les affreuses sont célèbres. Ce que dit l’auteur est familier aux lecteurs du cardinal de Retz, par exemple.

« L’homme de génie s’attaque aux principes et non pas aux personnes … Les hommes vulgaires s’attaquent aux personnes. » (Jean Dutourd)

« Le souverain de droit divin pouvait se permettre d’avoir près de lui un fou qui le ridiculise : il était tellement au dessus, tellement assuré dans son pouvoir … Mais le Président d’une République est tellement fragile, il n’a en lui aucune majesté, aucune supériorité : il faut donc absolument qu’il conserve une dignité sans tache, on renforce les protocoles, les honneurs, les apparences de grandeur parce que la grandeur n’y est pas. » (Jacques Ellul) – Encore l’auteur n’a-t-il pas connu la bassesse, la petitesse, l’abjection où le titulaire de la fonction pouvait descendre, ou plutôt rester.

 « Personne ne peut t’offenser, si tu le veux ; car tu ne seras jamais offensé que quand tu croiras l’être. » (Epictète)

« Il est bon que la supériorité et la puissance soient associées, mais à condition que la puissance se fonde sur la supériorité et non la supériorité sur la puissance. » (Julius Evola)

« L’esprit a toujours la possibilité de s’orienter selon l’une ou l’autre des deux conceptions opposées … L’orientation ‘olympienne’ est possible tout autant que l’orientation ‘prométhéenne’, et peut se traduire …  dans une manière d’être, dans une attitude devant les vicissitudes intérieures et extérieures, devant l’univers des hommes et le monde spirituel, devant l’histoire et la pensée … (la souveraineté des hommes qui regardent ce qui est humain avec distance, des hommes qui ont pour idéal la ‘civilisation de l’être’) … L’affirmation historique de l’orientation prométhéenne … a substitué des principes et des valeurs liés aux couches les plus basses de l’organisme social … Avec l’avènement de l’humanisme et du prométhéisme il a fallu choisir entre la liberté du souverain et celle du rebelle, et on a choisi la seconde. » (Julius Evola) – C’est, je pense suffisamment clair, inutile d’ajouter des considérations sur le caractère aristocratique.

Comparons la taille (grandeur versus petitesse)  des roquets de la meute imbécile qui ramènent une épopée, celle du constructeur de la France moderne, à une péripétie (regrettable certes) le rétablissement de l’esclavage (qui n’avait rien à voir avec le racisme et tout avec l’économie et la géopolitique, lutte avec l’Angleterre) ignorant, méprisant, salissant le génie à l’état pur. Comme si l’on jugeait le règne de Louis XIV sur l’abolition de l’édit de Nantes, celui de Philippe le Bel sur le procès des Templiers… « ‘Le monde apprit que César et Alexandre avaient un successeur’ (Stendhal). La synthèse de  ‘l’inhumain et du surhumain’ (Nietzsche) … Connu dans le monde entier, admiré, respecté partout … Napoléon, notre contraire. Nos dirigeants sont incertains, pusillanimes? Napoléon se montre en tout point décidé. Nos gouvernants répugnent à faire usage de la force ? Lui s’exprime d’abord en bon artilleur. Notre société porte aux nues les idées de douceur, de modération, de précaution ? Lui brûle toujours ses vaisseaux et dévore sa destinée sans ménager les peuples dont il a la charge. Notre époque s’inscrit dans une logique individualiste de confort ? Lui n’en tient que pour l’effort collectif. Bref, Napoléon est notre négatif parfait, notre  exact opposé … Et si les Français, en cet homme providentiel, aimaient d’abord tout ce qu’ils ne sont plus ? » (inspiré de Franck Ferrand – historien) – Et si d’autres, ceux de la meute, le détestaient parce qu’il  fait ressortir leur médiocrité.

« Quel homme de noble caractère ne souhaite pas revivre sa propre existence dans ses enfants et dans ses enfants de ses enfants … Qui ne souhaite déposer à la postérité et dans les âmes de ses descendants ce qu’il a de meilleur … Répandre le grain qui va germer … Transmettre …  La croyance de l’être noble dans la pérennité de son activité, même sur cette terre … dans le lien qui le rattache à sa nation, et, par l’intermédiaire de celle-ci, à l’espèce humaine tout entière … L’homme ne peut s’aimer lui-même qu’à la condition de se percevoir comme quelque chose d’éternel ; sinon, il ne peut même ni s’estimer, ni s’approuver. » (Fichte) – L’humaniste plus que le nationaliste.

« On respecte tout, de nos jours, pour n’avoir plus rien à admirer. On se défait de la suprématie de quelques uns dans la considération universelle. On monte contre l’autorité le dispositif implacablement sympathique de la communication et du dialogue sur tous les sujets. » (Alain Finkielkraut)

« L’âge de la solennité est révolu : l’heure a sonné de l’intimité générale. Même dans les grandes occasions, on parle avec son cœur, c’est-à-dire n’importe comment. … Il n’y a aucune dérogation à l’impératif d’avachissement. Et le respect qui consistait à mettre les formes, se flatte maintenant de les abolir. » (Alain Finkielkraut)

« Nous ne vivons plus sous le régime des visages fermés. Les bouches contemporaines sont grandes ouvertes, car c’est la dérision qui prévaut maintenant, non la déférence. A l’époque des agélastes (pour simplifier, les apparatchiks d’une idéologie, faits d’une seule pièce, sans aucune distance) patibulaires a succédé le temps des amuseurs irrévérencieux. L’esprit de sérieux a été pulvérisé par la guignolade … Le rire est devenu la bande-son du monde … Tandis que les premiers persécutent l’humour, les seconds l’ensevelissent sous les tombereaux de leur hilarité perpétuelle. Le rire de l’humour dérègle les unions sacrées ; le rire des amuseurs désigne des victimes sacrificielles. Le premier défie la meute ; le second la déchaîne, propage la chaleur revancharde de la bassesse commune. » (Alain Finkielkraut) 

« Quand Haffner parle de race, il n’a pas besoin de préciser que ce n’est pas dans l’acception scientiste du terme, mais au sens légué par la morale aristocratique à la civilisation moderne. La race s’atteste chez l’homme qui ne cède pas aux emballements versatiles de l’instinct grégaire, qui ne se laisse pas dicter sa conduite par les seuls calculs de l’intérêt et ‘qui se tient droit’ car l’origine agit sur lui non comme un pouvoir ou comme un privilège mais comme une obligation. Noblesse oblige … ‘Noyau dur’, ‘réserve de fierté’, ‘noble fermeté’, résolution d’être à la hauteur, fidélité sans compromis à des principes dont on est non l’inventeur mais le dépositaire. » (Alain Finkielkraut – commentant Histoire d’un Allemand de Sébastian Haffner) – « La véritable aristocratie, quels que soient ses défauts, a la volonté de se soumettre à une discipline bien à elle. » (Francis Scott Fitzgerald)

« C’est un lieu commun que de dire que les hommes éminents proviennent, en règle générale, de familles nombreuses ; mais ce n’est pas lié à une vertu éminente à la famille nombreuse en soi. C’est parce que, dans une famille nombreuse, les esprits des enfants sont plus souvent susceptibles d’être livrés à eux-mêmes ; chaque enfant n’est pas définitivement marqué par les croyances particulières, les erreurs, les convictions, les aversions et les spectres qui ont hanté la mère … Dans les familles nombreuses, aucun enfant ne peut avoir un contact trop direct avec les parents. » (Francis Scott Fitzgerald) 

« Le génie. – Inutile de l’admirer, ce n’est qu’une névrose. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« On ne risque de corrompre personne quand on aspire à la grandeur. » (Flaubert)

« Un pays, comme un homme, n’est grand que parce qu’il l’a voulu. » (Charles de Gaulle)

« De la  déclamation contre la tyrannie, on passe à la négation des causes naturelles de la supériorité qu’on insulte ; on la déclare non seulement perverse, mais encore usurpatrice ; on nie que certaines attitudes soient nécessairement, fatalement, l’héritage exclusif de telles ou telles descendances ; enfin, plus un peuple est composé d’éléments hétérogènes, plus il se complaît à proclamer que les facultés les plus diverses sont possédées ou peuvent l’être par toutes les fractions de l’espèce humaine. » (Arthur de Gobineau) – Si on trouve exagéré et abusif, considérer que Gobineau s’exprimait sur le court terme et ne niait aucunement la possibilité d’évolution à terme, même proche.

« Gardons-nous de ne chercher ce qui peut nous développer que dans ce qui est absolument pur et moral. Tout ce qui est ‘grand’ nous éduque dés que nous l’apercevons. » (Goethe) – Sagesse

« Ce qui rend libre, ce n’est point le refus de reconnaître quoi que ce soit au-dessus de nous, mais bien le fait de vénérer ce qui nous est supérieur … En reconnaissant une supériorité, nous manifestons que nous avons en nous le sens de la grandeur et que nous sommes dignes d’être l’égal de ce que nous honorons. » (Goethe) – Totalement incompréhensible à notre époque.

« Pour pouvoir ressentir et vénérer la grandeur d’une personnalité, il faut être quelqu’un. » (Goethe) – Les minables n’admirent pas.

« En quoi consiste la barbarie, sinon précisément en ce qu’elle méconnaît ce qui excelle ? » (Goethe – Conversations avec Eckermann)

« La supériorité est souvent prise pour de l’égoïsme. » (Goethe)

« Aussi les esprits qui sont dignes de voir grand

« Ont dans l’illimité confiance sans limites. » (Goethe – Faust)

« Le monde ne pardonne qu’aux supériorités qui ne l’humilient pas. » (Edmond et Jules Goncourt)

« Monter au-dessus de soi-même pour se regarder. » (Rémy de Gourmont)

« L’homme de génie peut vivre ignoré. On reconnait toujours le sentier qu’il a suivi dans la forêt. C’est un géant qui est passé par là. Les branches sont cassées à une hauteur que ne peuvent atteindre les autres hommes. » (Rémy de Gourmont)

« L’homme de valeur est toujours supérieur à son œuvre, car son désir est trop vaste pour qu’il le remplisse jamais… » (Rémy de Gourmont)

« La médiocrité obtient plus en s’appliquant que la supériorité qui ne s’applique pas. » (Baltasar Gracian)

« De l’ascendant, c’est une force secrète de supériorité, qui vient du naturel et non de l’artifice ni de l’affectation. » (Baltasar Gracian)

« La notion de respect est associée à celle de grandeur. Or notre temps est caractérisé par une tendance morbide à traîner dans la boue tout ce qui est réputé grand. Les êtres médiocres ne peuvent pas supporter qu’il existe une authentique grandeur humaine … pour se prouver à eux-mêmes que la grandeur humaine cela n’existe pas et justifier ainsi leur médiocrité. » (Père Anselm Grün) – D’où : Tout pourrir (commencer par la dérision des humoristes…)

« ‘Nous devons accepter de formuler des questions invivables (la génétique moderne et le pouvoir sur l’espèce…), quitte à penser froid’. Cette invitation à penser froid n’est jamais qu’une autre formulation du concept nietzschéen de surhomme, qui désigne non point, comme on le croit parfois, un géant dominateur et carnassier, mais l’individu capable de prendre sur lui l’absence de fondements ; l’homme assez fort pour, dans un monde d’indétermination et de pluralité culturelle, ‘choisir lui-même son masque’. » (Jean-Claude Guillebaud – citant Peter Sloterdijk et Nietzsche et considérant, sans approuver, le domaine éthico-scientifique)

« Le rapport de l’ordre inférieur à l’ordre supérieur est différent, selon que l’on le considère dans le sens de la descente ou dans celui de l’ascension. Le ‘moins’ ne saurait avoir l’idée, ni même le désir du ‘plus’. Tandis que le ‘plus’ enveloppe la vie, le mouvement et la substance du ‘moins’. Et celui qui connaît le ‘plus’ peut connaître le ‘moins’ ; s’il doit pour cela changer de mœurs et de méthode, il n’a pas à changer d’essence et de nature. Au contraire de celui qui connaît seulement le ‘moins’. L’être ne se monte pas de la même manière qu’il se descend. Lorsqu’on parcourt les ordres d’être, il y a une discontinuité absolue pour celui qui monte de bas en haut et une continuité pour celui qui, ayant atteint le sommet, jette un regard de haut en bas. ‘Les choses inférieures existent dans les choses supérieures d’une manière plus noble qu’en elles-mêmes’. » (Jean Guitton – citant Leibniz)

« Rien de grand ne se fait sans passion. » (Hegel ou Saint-Simon)

« Les individus historiques sont ceux qui ont voulu et accompli non une chose imaginée et présumée, mais une chose juste et nécessaire (le fameux sens de l’histoire)  … Ils ont eu le bonheur d’être les agents d’un but qui constitue une étape dans la marche progressive de l’Esprit universel … Ils portaient cachés en eux le but qui est devenu en fait la volonté intime des hommes … Ces grands hommes semblent obéir uniquement à leur passion, à leur caprice. Mais ce qu’ils veulent est l’Universel … La passion est devenue l’énergie de leur moi ; sans la passion ils n’auraient rien pu produire … Pour que l’homme produise quelque chose de valable, il lui faut la passion. C’est pourquoi la passion n’a rien d’immoral … ‘Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre’, dit-on, s’il en est ainsi, j’ajoute (comme Goethe) ce n’est pas parce que celui-là n’est pas un héros, mais parce que celui-ci n’est qu’un valet. » (Hegel) 

« Le savoir supérieur n’est accordé qu’à celui qui a connu sur le chemin de l’être la tempête qui soulève tout, à qui l’effroi sur la deuxième voie vers l’abîme du néant n’est pas resté étranger, et qui cependant a assumé comme misère constante le troisième chemin, celui de l’apparence. » (Martin Heidegger)

« La grandeur se compose de deux éléments qui sont l’essence même du génie : deviner et oser. » (Victor Hugo)

“La grandeur est là où, dans le respect et la clairvoyance, nous apercevons ce par quoi nous devenons nous-même meilleur. » (Karl Jaspers)

« L’indifférence donne un faux air de supériorité. »(Joseph Joubert)

« Le grand seigneur est essentiellement libre, son éthos lui interdit tout tarit mesquin ou simplement étroit … Indépendant, il n’a besoin de compter avec personne, car sa valeur réside dans sa simple existence … Le principe ‘noblesse oblige’ règle sa vie … Dans la conscience de l’aristocrate l’accent est placé sur son unicité, étrangère à tout esprit de caste. Il n’a pas besoin de preuves pour sa valeur d’unicité, et c’est pour cela qu’il est le seul  à accepter tous les autres tels qu’ils sont … Lui seul peut admettre que s’affirment les autres, peut se permettre de reconnaître la qualité comme telle, lui seul ne se sent pas entravé par des conventions imposées … Reconnaître des différences sans éprouver de l‘envie est la première condition de l’humanité supérieure … Chacun ne peut être en quelque sorte ‘tel’ que si les autres sont ‘autrement’ … Le genre humain est différencié qualitativement, chacun ne peut être tout … Il ne se compare jamais ; il est sans envie, il en est incapable … Attitude généreuse, car pouvoir donner est le signe de sa position privilégiée. Les intérêts privés ne sont jamais sa dernière instance … Mesquinerie, étroitesse de cœur, horizon restreint, partialité, incapacité d’estimer un adversaire sont directement déshonorants. » (Hermann von Keyserling – L’analyse spectrale de l’Europe – considérations éparses sur la seigneurie, la supériorité, ce qu’était l’aristocratie…)

« Ce n’est pas à un homme que vous parlez, dans sa soif des grandeurs, il est devenu l’objet de sa convoitise. Comme homme, il n’est plus qu’un titre. » (Kierkegaard) – Ce n’est plus de la fierté, mais l’orgueil d’un imbécile, probablement malfaisant.

« Ceux qui ont été ‘laissés en arrière’, sachant qu’ils ont eu ‘toutes les occasions’, ne peuvent pas légitimement se plaindre de leur sort. Pour la première fois dans l’histoire des hommes, l’inférieur ne dispose de rien sur quoi appuyer sa considération de lui-même. » (Christopher Lasch)

« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l’ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c’était la révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses, mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie … Comment des élites hédonistes assoient leur pouvoir sur un culte de la marge et sur un fantasme de l’émancipation permanente. Alors qu’elles sont responsables des normes imposées à la société, leurs comportements consistent à feindre d’être hors normes. Cette dialectique mensongère de la norme et de la marge, est celle de notre temps. » (Christopher Lasch – La révolte des élites)

« Plus l’arbre plonge loin ses racines dans les ténèbres de la terre, plus son feuillage monte haut. » (Louis Lavelle)

« Il n’y a pas de grandeur là où il n’y a pas de vérité. » (G. Lessing)

« J’ai fait attendre des empereurs et des impératrices, mais jamais un soldat. » (prince de Ligne) – Un très grand.

« Le roi de France ne venge point les injures du duc d’Orléans. » (Louis XII – précédemment duc d’Orléans) – Imagine-t-on un de nos bouffis avoir une telle grandeur et de telles expressions.

« Une grande personnalité qui, en s’opposant au culte ‘du divergent, de l’anormal, de l’unique, du pathologique’ cher à notre époque – définie par lui comme l’âge du ‘journalisme’, autrement dit du sensationnel – se réalise en s’insérant ‘au-delà de toute originalité et étrangeté dans l’universel’, en servant ‘le mieux possible ce qui se trouve au-dessus de la personnalité’. » (Claudio Magris – évoquant Hermann Hesse)

« Un des grands avantages de la noblesse c’est qu’il y ait quelque chose de plus précieux que l’or. » (Joseph de Maistre)

« Alors on s’étonnera de la profonde nullité de ces hommes, ces insectes bruyants, qui paraissaient si puissants. » (Joseph de Maistre – prévoyant la chute des révolutionnaires de 1789) – Effectivement, les soi-disants puissants ne paraissent tels et parés de qualités (à défaut de vertus) que parce qu’ils disposent de la puissance. Démis et dégringolés, leur nullité saute aux yeux mêmes qui ne voulaient pas voir ; sauf rarissimes exceptions. L’échec, révélateur de la médiocrité ou, plus rarement, de la grandeur.

« La grandeur, ce chemin vers quelque chose qu’on ne connaît pas. » (André Malraux – Les chênes qu’on abat)

« En quoi consistait la magnanimité païenne (antique) ? Le magnanime se sait capable des plus grandes actions et digne des plus grands honneurs, dont cependant il ne fait pas grand cas parce qu’il est supérieur aux honneurs qu’il mérite. Modéré dans le triomphe, il n’est pas découragé dans l’infortune : il est supérieur au sort. Oubliant volontiers les bienfaits reçus, qui signalent sa dépendance, il est volontiers bienfaisant, quoiqu’il méprise la plupart des hommes et use, dans ses relations avec eux, de l’ironie, afin de voiler sa supériorité … Il se suffit essentiellement et réellement à lui-même : il n’a vraiment besoin de personne … Il signale et, pour ainsi dire, incorpore la haute puissance de la nature … Il réalise une certaine possibilité, la plus haute, de l’âme humaine … Selon la nature, si du moins l’on ne se raconte pas d’histoires, celui qui est vraiment supérieur méprise nécessairement et légitimement celui qui est vraiment inférieur. » (Pierre Manent – suivant Aristote et l’Ethique à Nicomaque) – C’est cette dernière tendance que le christianisme est venu fortement tempérer à défaut de pouvoir entièrement la supprimer.

« L’échec d’accomplissement du moi … l’auto-limitation à de faibles aspirations, la terreur de faire ce dont on est capable , la paralysie volontaire, la pseudo-bêtise, la fausse humilité … ‘La peur d’être un grand homme’, ‘la dérobade devant le destin’, ‘la fuite devant ses dons’ … ce que j’ai appelé le ‘complexe de Jonas’ … Si vous vous dérobez devant vos capacités, si vous  faites exprès d’atteindre un niveau inférieur à celui auquel vous  pouvez prétendre, je vous préviens, : vous serez profondément malheureux pour le restant de vos jours. » (Abraham Maslow – Être humain)

« Perception de la réalité, acceptation, spontanéité, centrage sur les problèmes, solitude, autonomie, faculté d’émerveillement, expériences paroxystiques (fortes expériences subjectives appelées expériences mystiques, de toutes origines), sentiment de parenté avec tous les hommes, humilité et respect, relations interpersonnelles, éthique (claire et immédiate distinction tranchée entre bien et mal), moyens et fins (claire distinction et priorité aux fins), humour, créativité, résistance à l’inculturation (détachement intérieur par rapport à l’environnement extérieur), imperfections (caractéristiques des fortes personnalités ; brusques ruptures, détermination, froideur, désintérêt du monde…),  système de valeurs et résolution des dichotomies (entre cœur et tête, égoïsme et altruisme, raison et instinct…). » (Abraham Maslow – liste de qualités d’un individu accompli)

« Ce n’est pas un hasard si notre vingtième siècle, fanatique, haineux, doctrinaire, ne perd pas une occasion de donner une image calomniatrice et caricaturale des anciens Romains : d’instinct, il déteste ce qui lui est supérieur. » (Gabriel Matzneff) – Comme de tout le passé en général.

« Beaucoup d’hommes ne sont jamais que ce qu’ils ont tiré des puissances du sein maternel ou ce qu’a pu développer la rencontre fortuite des aventures de leur vie. Chez quelques autres, plus rares, le jeu primitif s’enrichit des apports d’une nouvelle nature qu’ils ont procréée, inventée, acquise ou conquise, d’eux-mêmes … Par le seul mode d’agrandissement qui nous soit ouvert, celui qui se fait par en haut. » (Charles Maurras) – Et, cela se voit très vite.

« Si tu ralentis, ils s’arrêtent – Si tu faiblis, ils flanchent – Si tu t’assois, ils se couchent – Si tu doutes, ils désespèrent – Si tu marches devant, ils te dépassent – Si tu donnes la main, ils donnent leur peau – Si tu pries, alors ils deviennent des saints. » (Michel Menu, fondateur des goums – Versets du chef)

« Être debout quand les autres s’assoient – Sourire quand ils serrent les dents – Porter la fatigue des faibles – Eclairer ceux qui sont dans le noir – Espérer pour dix, vouloir pour cent. » (Michel Menu)

« Avoir du mérite, c’est valoir quelque chose et on vaut quoi ? Son travail, son argent, sa célébrité …  Le mérite c’est d’être célèbre et fameux et riche …  Des hommes illustres de Plutarque et des personnes de mérite de La Bruyère, on est passé à la télé et aux magazines people … Le mérite s’exprime alors en jet privé,  parures et gardes du corps. ». (Yves Michaud)

« On ne peut faire de grandes choses avec de petits hommes. » (John Stuart Mill) – Voilà pourquoi nous ne faisons plus rien de grand.

« Les grandes âmes ont disparu avec les grandes phrases. » (Richard Millet)

« Puisque nous ne la pouvons aveindre, vengeons-nous-en à en mésdire. » (Montaigne – De l’incommodité de la grandeur) – Montaigne qui ne partageait certainement pas cette bassesse.

« Pour juger des choses grandes et hautes, il faut une âme de même, autrement nous leur attribuons le vice qui est le nôtre. » (Montaigne) – Et encore Montaigne ne regardait-il pas Canal +, le Grand Journal et les Guignols, ignorait nos prétendus comiques et nos journalistes fouilleurs de merde.

« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux. » (Montesquieu)

« Que le roi fuie le tumulte et se communique peu. » (Montesquieu) – Imagine-t-on nos saltimbanques ne pas se vautrer dans le tumulte et le vain bavardage.

« Des divers moyens que vous avez aujourd’hui de vous faire haïr par vos compatriotes, le plus sûr est d’avoir des sentiments élevés. » (Henry de Montherlant)

« Chaque vertu cardinale de l’homme est pour lui une cause de solitude. L’intelligence isole. L’indépendance isole. La franchise isole. Le courage isole. La sagesse isole. » (Montherlant)

« Tout homme de valeur est un outrage pour la société : elle l’écrasera s’il ne demande pas son pardon d’être tel, et il ne l’obtiendra qu’en faisant le gracieux. ‘En France tout ce qui est un peu fort fait scandale’ (Stendhal) et ‘La bonne société, qui ne souffre guère auprès d’elle quelque chose d’éminent’ (Goethe) … Quant à ce qui est simplement hors du commun, cela paraît ridicule. Surtout en France, nation petite-bourgeoise, et qui adore le petit. » (Henry de Montherlant) – L’obsession de l’égalité mal placée n’a rien fait pour atténuer ce goût morbide de la petitesse.

« Les deux besoins en apparence antinomiques qu’a forcément tout grand esprit : dédaigner et se dévouer (c’est se déborder, et quelle grandeur n’a du trop-plein ?). » (Henry de Montherlant)

« La mondialisation a depuis longtemps raboté nos exigences morales et esthétiques. L’allure, la classe, le brio, le génie de la formule courte, le sens de la répartie assassine, l’attraction sensuelle, le geste tendre, le coup de rein salvateur, le silence comme art du bavardage, ça ne se commande pas sur Uber, ça ne s’achète pas non plus sur Internet. Aucune appli ne supplée au manque de charisme. C’est l’injustice à l’état brut. Pétitionner n’y changerait rien, on naît avec une aura époustouflante ou l’on est condamné toute sa vie à imiter, à ânonner, à tenter de coller une belle image sur une personnalité bancale. La loi qui est censée tout régler dans notre pays, ne sanctionne pas encore l’absence de caractère et le tempérament filandreux, la nouvelle norme des ambitieux. Alors, nous sommes contraints de supporter ces embryons de personnalité en politique, dans le sport, les affaires, à la télé ou le spectacle en général. » (Thomas Morales – à propos de l’acteur Robert Mitchum et de ses pâles successeurs)

« Rendre l’homme capable de grandes choses, bien qu’il soit un porc, tel est le problème. » (Robert Musil – cité par Pierre-André Taguieff)

« Je n’ai pas succédé à Louis XVI mais à Charlemagne. » (Napoléon-Bonaparte) – Ce qui était aussi rejeter la révolution.

« J’ai eu l’art de tirer des hommes tout ce qu’ils peuvent donner. » (Napoléon Bonaparte)

« La noblesse aurait subsisté si elle s’était plus occupé des branches que des racines. » (Napoléon Bonaparte)

« La plus insupportable des tyrannies est la tyrannie des subalternes. » (Napoléon Bonaparte)

« Il faut être plus grands, malgré nous. » (Napoléon Bonaparte)

« L’avenir apprendra s’il n’eût pas mieux valu, pour le repos de la terre, que ni Rousseau, ni moi, n’eussions existé. » (Napoléon Bonaparte) – Beau détachement de la part de l’auteur ; Rousseau étant considéré comme un des pères de la Révolution.

« Les aigles foncent tout droit. » (Nietzsche)

« Ce qui ne tue pas rend plus fort. » (Nietzsche)

« Rassasiez vos âmes de Plutarque, et en croyant à ses héros, osez croire en vous-mêmes. » (Nietzsche)

« Fixer le rang et la valeur d’un homme d’après l’ampleur et la diversité de ce qu’il peut supporter et assumer … Quelle dose de vérité un esprit sait-il supporter, sait-il risquer ? » (Nietzsche) 

« … Sur la place publique personne ne croit aux hommes supérieurs. Si vous voulez parler à la populace, à votre aise ! Mais la populace clignera de l’œil : ‘Nous sommes tous des égaux !’ … Hommes supérieurs, éloignez-vous de la place publique. » (Nietzsche)

« On reconnaît la supériorité de l’homme grec, de l’homme de la Renaissance. Mais on voudrait l’obtenir sans ses causes, sans ses conditions. » (Nietzsche)

« L’homme fort dit ‘Je suis’, et il a raison. L’homme médiocre dit également ‘Je suis’, et il a raison. Il suit. » (Nietzsche)

« Trois affirmations : Le vulgaire c’est le supérieur (protestation de ‘l’homme ordinaire’). La contre-nature c’est le supérieur (protestation du dégénéré). Le moyen c’est le supérieur (protestation du troupeau, des ‘médiocres’). Dans l’histoire de la morale s’exprime ainsi une volonté de puissance par laquelle tantôt les esclaves et les opprimés, tantôt les ratés et les souffrants, tantôt les médiocres essaient de faire triompher les jugements de valeur qui vont en leur faveur … La morale est ainsi une réaction contre les efforts de la nature pour parvenir à un type supérieur. » (Nietzsche)

« Où qu’apparaisse une grandeur tant soit peu durable, on peut observer une sélection préalable très soigneuse, par exemple chez les Grecs. »  (Nietzsche) – Aussi nous ne sommes pas prêts d’égaler nos lointains ancêtres, les Grecs. Ils nous regarderaient avec commisération.

« La noblesse européenne – noblesse du sentiment, du goût, des mœurs, bref, la noblesse dans tous les sens élevés du mot – est l’œuvre et l’invention de la France ; la vulgarité européenne, la bassesse plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre. » (Friedrich Nietzsche – Par-delà le bien et le mal) –  Si le constat pour l’Angleterre peut s’étendre en restant pertinent aux cousins américains, pour ce qui concerne la France, il vaut mieux aujourd’hui faire son deuil de l’affirmation de Nietzsche.

« Le démagogue ne se représente jamais clairement ce qu’est une nature supérieure. Pour lui le critère de la valeur d’un homme réside dans son aptitude à soulever les masses ; bref dans l’effet qu’il produit. Mais la nature supérieure du grand homme réside dans ceci qu’il est différent des autres, incommunicable, d’un autre rang. » (Nietzsche)

Section 1. « Ne t’enfle pas ; sans quoi

« Une petite piqûre suffira à te faire éclater. » (Nietzsche  – Le gai savoir)

« L’idée de grandeur fait peur aujourd’hui, en vertu de la vulgate démocratique qui préfère la médiocrité assurée pour tout le monde plutôt qu’un ordre permettant l’excellence, donc justifiant son opposé, la petitesse … A ce prix, on évite les deux extrémités, mais il n’est pire excès que celui du milieu. Tous les projets sont insipides … l’unidimensionnel est la rançon de la gloire médiocre … Des vertus, telles la grandeur ou l’excellence, rencontrent des ennemis partout : le christianisme (péché d’orgueil), l’aristocratie du sang (péché républicain ou démocratique, détournement par la racaille), les capitalistes (rêveries, naïvetés, fumées), les marxistes (contraire à la religion de l’égalitarisme), les démocrates humanistes (retour au féodalisme, aux monarchies). Tous vantent les mérites de leurs catéchismes, aucun n’entend penser hors vieilles lunes ces vertus qui dispenseraient de sacrifier à la vulgarité, à la médiocrité, à la décadence et à toutes les déchéances associées … Un peu de grandeur n’a jamais nui … En tout cas certainement moins que beaucoup de domesticité. Or, les vertus d’esclave ont le vent en poupe. » (Michel Onfray)

« Je les ai toujours vus faire preuve à l’égard de tous d’une courtoisie désarmante. Je ne les ai jamais entendus prononcer un mot plus haut que l’autre. Ils traitaient exactement avec la même déférence Monseigneur l’archevêque … et les filles des gardes ou des fermiers… les gens (c’est ainsi que nous les appelions et qu’ils se nommaient eux-mêmes) nous aimaient pour une raison très simple. C’est que nous les aimions … Jamais aucun de nos gens  n’est mort sans que ma grand-mère ou ma mère ou quelqu’un de la famille ne se tint debout, au pied du lit de bois … pour tenir la main du mourant à l’instant du dernier soupir … Quelqu’un qui entrait chez nous savait qu’il ne serait plus jamais sans travail ni sans ressources, qu’il serait soigné s’il tombait malade, qu’il serait protégé contre les risques et les menaces, que ses enfants, s’il mourait, ne seraient pas abandonnés. Et comment en aurait-il été autrement ? … puisque, entré chez nous, il faisait partie de la famille … La courtoisie, une vraie amitié, l’affection séparaient chez nous les inférieurs des supérieurs. Il y avait des inférieurs et il y  avait des supérieurs, et chacun le savait, le reconnaissait, l’acceptait. L’affabilité et les bonnes manières étaient le mode des relations entre les maîtres et les serviteurs. » (Jean d’Ormesson – Au plaisir de Dieu) – Nous ne reviendrons plus à ce temps, mais il fut. Il disparut avec la vraie aristocratie.

« L’homme incapable, grossier, dont la vie est un échec, va par le monde avec son cœur qui suinte la dépréciation de soi … Sa réaction salvatrice consiste à se rendre aveugle à tout ce qui a de la valeur autour de lui. Puisqu’il ne peut s’estimer lui-même, il tendra à chercher des raisons de dévaluer tout ce qui est excellent ; il ne verra que les défauts, les erreurs, les insuffisances des hommes les meilleurs, dont la présence équivaut pour lui à une humiliation constante. » (Ortega Y Gasset)

« Les masses humines tendent à haïr l’excellence quand d’aventure elle ne coïncide pas avec ce qui leur est utile. » (Ortega y Gasset)

 « L’homme est un être que sa propre constitution force à rechercher une instance supérieure. S’il parvient par lui-même à la trouver, c’est qu’il est un homme d’élite ; sinon, c’est qu’il est un homme-masse et qu’il a besoin de la recevoir de l’homme d’élite … L’homme d’élite n’est pas le prétentieux qui se croit supérieur aux autres, mais bien celui qui est plus exigeant pour lui que pour les autres … ceux qui exigent beaucoup d’eux-mêmes et accumulent volontairement devoirs sur difficultés. La noblesse se définit par l’exigence, par les obligations et non par les droits. ‘Noblesse oblige’. » (José Ortega y Gasset)

« Les aristocraties ne durent pas … après un certain temps elles disparaissent. L’histoire est un cimetière d’aristocraties … Un signe qui annonce presque toujours la décadence d’une aristocratie est l’invasion de sentiments humanitaires et de mièvre sensiblerie qui la rendent incapable de défendre ses positions … C’est pure rêverie si elle s’imagine que les principes humanitaires qu’elle a proclamés lui seront appliqués : les vainqueurs feront raisonner à ses oreilles l’implacable ‘vae victis’. Le couperet de la guillotine s’aiguisait dans l’ombre quand, à la fin du siècle dernier, les classes dirigeantes françaises s’appliquaient à développer leur sensibilité. » (Vifredo Pareto) – L’Occident, encore en fin de position aristocratique par rapport au reste du monde ferait bien de se souvenir de cette évidence.

« Dans une grande âme tout est grand. » (Blaise Pascal) 

« C’est une terrible chose que la ‘qualité’ ; elle donne à un enfant qui vient de naître une considération que n’obtiendraient pas cinquante ans de travaux et de vertus. » (Blaise Pascal) – Sans doute sur quelque forme d’avantage héréditaire.

« L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut. Rien que la médiocrité est bon … C’est sortir de l’humanité que de sortir du milieu. » (Blaise Pascal)

 « Le Grand doit avoir une double pensée pour ne pas méconnaître sa condition : il agira extérieurement selon son rang, mais reconnaîtra son égalité naturelle par une pensée plus véritable … Elle abaisse par-derrière celui qui s’élève en public. (Blaise Pascal) – Il  avait une double pensée : l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable … il cachait cette dernière pensée, et il découvrait l’autre. C’était avec la première qu’il traitait avec le peuple, et par la dernière il traitait avec soi-même. » ( Blaise Pascal ?) –  Voir la doctrine des deux corps du roi (d’Ernst Kantorowicz) à la rubrique Devoir d’état, 210, 2, et la vieille doctrine doctrine des légistes français : Le roi est mort, Vive le roi !

« L’homme est misérable de se croire grand et grand de se savoir misérable. » (Blaise Pascal)

« S’ils sont plus grands que nous, c’est qu’ils ont la tête plus élevées ; mais ils ont les pieds aussi bas que les nôtres. Ils y sont tous à même niveau, et s‘appuient sur la même terre. » (Blaise Pascal – sur les grands hommes)

« Les grandeurs d’établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états, et y attacher certains respect – Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu’elles consistent en des qualités réelles et effectives de l’âme et du corps. Nous devons quelque chose à l’une et à l’autre de ces grandeurs … De l’estime ou bien des respects d’établissement, cérémonies extérieures … Tout titre par lequel vous possédez votre bien n’est pas un titre de nature, mais d’un établissement humain, votre âme et votre corps sont eux-mêmes indifférents à l’état de batelier ou à l’état de duc. Il n’y a nul lien qui les attache à une condition plutôt qu’à une autre… Il n’est pas nécessaire, parce que vous êtes duc que je vous estime, mais il est nécessaire que je vous salue. Si vous êtes duc et honnête homme … L’injustice consiste à attacher les respects naturels aux grandeurs d’établissement ou à exiger les respects d’établissement pour les grandeurs naturelles … Respecter les Grands, c’est respecter leur place dans l’ordre social et non leur personne … L’estime est la manifestation d’une admiration sincère, la reconnaissance d’une supériorité réelle. »  (Blaise Pascal – Trois discours sur la condition des Grands)

« Pour être grand, sois entier : rien en toi n’exagère ou n’exclus. » (Fernando Pessoa)

« La hantise de se distinguer, intellectuellement ou par ses mœurs, m’a toujours semblé aussi vulgaire que vaine. Aujourd’hui où tout le monde aspire à l’exception, l’originalité consisterait plutôt à s’accommoder des routines et des conventions, ou en tout cas, à en donner l’apparence. » (Georges Picard)

« C’est l’inférieur qui a besoin du supérieur, et non l’inverse … C’est celui qui a besoin d’être guidé qui frappe à la porte de celui qui sait guider… » (Platon) – Allez faire entendre cela aujourd’hui !

« Quel serait le destin de l’homme doué, ou plutôt accablé, d’une intelligence extraordinairement supérieure … Il ne manquerait pas d’être considéré comme un fou. Quelle situation horriblement pénible. » (E. A. Poe) – Après lynchage en règle par la meute sévissant sur les réseaux prétendus sociaux  – Affirmation de Poe à laquelle Paul Valéry répondait en la contestant que « l’hypothèse de la supériorité générale de l’esprit implique la prévision des conséquences funestes de sa manifestation et que ce très grand esprit saurait se cacher en soi-même. »

« Les grands hommes parlent aussi modestement de leurs actions que les hommes médiocres font sonner haut le moindre de leurs avantages. C’est ainsi que les grandes et profondes rivières roulent avec majesté leurs eaux en silence tandis que les petits ruisseaux coulent à grand bruit à travers les cailloux. » (Alexander Pope)

« Plus ultra. » (Charles Quint, devise de son empire)

« Il existe de nos jours une curieuse haine de l’homme contre sa propre grandeur. Il se considère comme l’ennemi de la vie et de l’équilibre de la création, comme le grand trouble-fête de la nature … comme la créature manquée. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Le grand homme se distingue en ceci de toi qu’il ne considère pas comme le but suprême de la vie d’amasser de l’argent, de marier ses filles à des hommes d’un haut rang social, de faire carrière dans la politique ou d’obtenir des titres universitaires. » (Wilhelm Reich – Ecoute, petit homme !)

« Il semblait fait pour vivre dans une tente, où tout est égal, ou sur un trône, où tout est permis. » (madame de Rémusat – citée par Mona Ozouf – sur Napoléon Bonaparte) – Bel hommage.

« Le peuple est bien plus indulgent pour les grands que pour les gens de classe moyenne instruits et éclairés … Les grands sont placés trop hauts pour qu’ils leur portent envie ; la jalousie n’a lieu qu’entre égaux. » (Ernest Renan) – Ce qui porte les grands d’aujourd’hui qui n’ont plus ni dignité, ni honneur, ni valeur, à en abuser.

« Les scrupules et la grandeur ont été de tout temps incompatibles et ces maximes faibles d’une prudence ordinaire sont plus propres à débiter à l’usage du peuple qu’à celle des grands seigneurs. » (cardinal de Retz)

« Toute noblesse réelle est traquée comme supercherie, mais on vantera  la noblesse exprimée par un acteur : la noblesse n’est tolérable que jouée. » (Olivier Rey)

« L’homme … doit être soulevé pour être transformé. » (Jean-Paul Richter)

« Les esprits extraordinaires tiennent grand compte des choses communes et familières, et les esprits communs n’aiment et ne cherchent que les choses extraordinaires. » (Rivarol)

« C’est de la familiarité que naissent les plus grandes amitiés et les plus fortes haines. »(Rivarol)

« Les grandes âmes ne sont pas celles qui on moins de passions et plus de vertus que les âmes communes, mais celles seulement qui ont de plus grandes vues. » (La Rochefoucauld)

« Les grands noms abaissent au lieu d’élever ceux qui ne savent pas les soutenir. » (La Rochefoucauld)   

« La notion de Progrès apparaît comme l’un des critères de la qualité de grand homme. » (Frédéric Rouvillois)

« Les arbres à tête haute ont moins d’ombre à leurs pieds. » (Père Joseph Roux)

« Cherches-tu ce qu’il y a de plus haut, de plus grand ? La plante peut te l’enseigner. Ce qu’elle est sans le vouloir, sois-le en le voulant. » (Schiller)

« Dans les combats de la vie publique comme dans ceux de la vie quotidienne, le pouvoir est du côté des médiocres : médiocres de l’esprit d’un côté, médiocres du cœur de l’autre ; car celui qui prend au sérieux les choses et les hommes est toujours le plus faible. » (Arthur Schnitzler)

« Au contraire de son contraire le complexe d’infériorité n’est jamais gratuit. » (Louis Scutenaire)

« Il n’est pas de plus grande seigneurie que celle de soi-même. » (Sénèque)

« Être grand, c’est soutenir une grande querelle. » (Shakespeare – Hamlet)

« Le vieux monde connaissait les esclaves et les serfs … Les temps modernes ont inventé le perdant. » (Peter Sloterdijk)

« Vivre ensemble sans savoir-vivre …Les codes peuvent être responsables de formes d’exclusion sociale ou culturelle … Mais ils rassemblent tout autant qu’ils excluent, en créant du lien entre ceux qui les respectent. L’argument de la liberté d’expression, du droit de chacun de ses comporter comme il l’entend, oublie cette fonction normative, cette fonction des codes comme instrument pour renforcer la cohésion du groupe … Le relâchement des codes libère l’individu de la pression sociale et de l’obligation au conformisme en même temps qu’elle l’enferme dans un monde réduit à ses semblables … Les repas, notamment, sont un condensé des codes … ‘come as you are’ (Venez comme vous voulez). L’injonction à être cool, à faire comme chez soi, est présentée comme le droit de chacun à s’habiller, manger, parler comme il l’entend. A privilégier l’authenticité sur l’effort. A se décoincer. A ne pas juger. En réalité, de nouvelles attentes se substituent aux anciennes … Arriver dans un dîner en costume-cravate, prendre un verre pour boire sa bière, ne pas jurer toutes les deux phrases, c’est à coup sûr passer pour coincé, en français, ‘être chiant’. » (Géraldine Smith – Vu en Amérique et bientôt en France) – Nos prétendues élites peuvent-elles encore se présenter à la télévision en cravate ou avec un tailleur sobre et  élégant ?

« Il doit justifier chacun de ses pas et en démontrer la rectitude absolue … Il est exclu qu’un homme sortant de l’ordinaire, un grand homme qui voudrait prendre des mesures insolites et inattendues, puisse jamais montrer de quoi il est capable : à peine aurait-il commencé qu’on lui ferait dix crocs-en-jambe. C’est ainsi que sous prétexte de contrôle démocratique on assure le triomphe de la médiocrité. » (Alexandre Soljénitsyne – sur le personnel des démocraties occidentales) – Sans illusion sur nos ectoplasmes.

« L’homme de qualité n’entreprend pas parce qu’il peut réussir. Il entreprend parce qu’il doit entreprendre. » (Oswald Spengler)  

« N’avoir que de l’esprit et du talent n’est pas tout, pour atteindre à la supériorité, il faut du caractère et du cœur. » (baron de Stassart)

« Je crois que pour être grand dans quelque chose que ce soit, il faut être soi-même. » (Stendhal)

« Quiconque court après la grandeur voit la grandeur le fuir ; quiconque fuit la grandeur, voit la grandeur courir après lui. » (Talmud)

« Si nous étions l’objet de salamalecs à longueur de journée, et si, à chacune de nos apparitions, nous voyions les gens se prosterner en une adoration servile, nous en viendrions tout naturellement à prendre des airs supérieurs et nous accepterions cette grandeur, dont le monde voudrait à toute force nous faire présent … Combien il est plus difficile de rester indemne à un homme qui est toute sa vie l’objet de l’adulation et en butte à la bassesse. » (W. M. Thackeray) – Visant les snobs. Mais ces considérations s’appliquent très bien aux personnages publics (politiciens, acteurs, vedettes, people en tout genre…). A public stupide et servile, dirigeants prétentieux et imbus d’eux-mêmes.

« L’humble supériorité cèdera toujours le pas à l’infériorité présomptueuse. » (Edmond Thiaudière)

« Critère pour distinguer les âmes nobles des âmes vulgaires : pour les premières, l’intimité accroît le respect ; pour les secondes, elle le tue. » (Gustave Thibon)

« Appartient à l’élite tout homme, de quelque milieu qu’il soit, qui est capable d’admirer ce qui est au-dessus de lui. » (Abel Bonnard – cité par Gustave Thibon)

« C’est une des grandes tares de l’humanité que d’exalter, en cataloguant ses grands hommes, le brillant au détriment du solide, ce qui enivre plutôt que ce qui nourrit. » (Gustave Thibon) 

« La noblesse d’un individu se reconnaît peut-être avant tout à l’hésitation et à la délicatesse avec lesquelles il cueille les joies qui s’offrent à lui. Il ose à peine. L’homme bas, lui, ose toujours. A la limite, il ne se sent que des droits. » (Gustave Thibon) – L’homme actuel !

« Loi d’Auguste Comte sur la dépendance, non réciproque, du supérieur à l’égard de l’inférieur : La rose ne peut pas se passer du fumier, mais le fumier se passe très bien de la rose … Le grand drame de la vie humaine, c’est que le supérieur dépend de l’inférieur, et la réciproque n’est pas vraie. » (Gustave Thibon)

« Tout le monde étant l’égal de tout le monde, les supériorités se conservent dans l’opinion publique et elles tendent à devenir insupportables. » (Alexis de Tocqueville)

« Plus on a de raison et d’humanité, moins on veut tyranniser les autres ; plus, alors, il leur est facile de nous tyranniser, nous. La supériorité est la cause même de l’infériorité. » (Tzvetan Todorov)

« Un grand homme naît deux fois, comme homme d’abord, comme grand ensuite. » (Paul Valéry)

« La supériorité comme cause de l’impuissance : être incapable d’une sottise qui peut être ‘avantageuse’. » (Paul Valéry)

« La supériorité de l’homme est due à ses pensées inutiles. » (Paul Valéry)

« Toute personne est moindre que ce qu’elle a fait de plus beau. » (Paul Valéry)

« Le saint est celui qui se rend imperceptible. » (Paul Valéry)

« Les grands ne connaissent pas le peuple et n’ont aucune envie de le connaître. » (Vauvenargues) – Les grands d’aujourd’hui comme ceux d’hier. Rien de changé sinon en pire

« Ne pas se plaindre, conserver pour soi ses peines, ne pas étaler ses sentiments, ses humeurs, ses états d’âme, ses drames affectifs ou gastriques. S’interdire de parler d’argent, de santé, de cœur et de sexe, tout le contraire de ce qu’étale l’exhibitionnisme actuel … Gardez pour vous peines et tracas, ceux du cœur, ceux du corps, du travail ou des fins de mois difficiles. Vous y gagnerez d’être estimé pour votre discrétion et l’agrément que procure votre compagnie. » (Dominique Venner)

« Être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre. Dans les revers ne jamais se poser la question de l’utilité de la lutte. » (Dominique Venner)

« Quand on vit dans la compagnie de personnages qui ont de la noblesse, si l’on n’a pas l’âme basse, on en reçoit une impulsion. » (Dominique Venner)

« Les hommes veulent d’abord la liberté des corps, puis celle des âmes, c’est-à-dire la liberté de pensée et l’égalité avec les autres ; ils veulent ensuite dépasser leurs égaux ; et finalement placer leurs supérieurs au-dessous d’eux. » (Giambattista  Vico)

« Si tu t’assieds, ils se couchent. » (? – cité par  Pierre de Villiers – sur le chef)

« Un homme grand : un homme qui sait ce qu’il aime, et qui le garde. L’honneur, c’est reconnaître et dire ce que l’on aime, dire que l’on est inférieur à ce que l’on aime, dire que l’on va garder ce que l’on aime, et enfin le garder effectivement … C’est le service. » (Marin de Viry – à propos de la monarchie)

« Les pauvres, les femmes et le sacré sont les trois grandes affaires du chevalier, son honneur. Justice, érotisme, éternité : comment voulez-vous rater votre vie avec ces trois objectifs, ces trois soucis, ces trois principes ? » (Marin de Viry) – Les objectifs de nos chevaliers d’aujourd’hui : l’arrivisme, le ‘cul’, le fric. On est dans l’époque qu’on mérite.

« Celui qui est au-dessus de la vie sociale y rentre quand il veut, non celui qui est au-dessous. De même pour tout. Relation non commutative entre le meilleur et le moins bon. » (Simone Weil)

« La Renaissance a été une grande époque parce qu’elle n’a pas cherché à résoudre de problèmes sociaux et que ces préoccupations ne l’intéressaient pas ; elle a permis à l’individu de se développer librement, naturellement, dans la beauté ; c’est pour cela qu’elle a produit des artistes immenses et singuliers et des hommes immenses et singuliers. » (Oscar Wilde) – En comparaison des nabots que nous adulons !

« Nous sommes tous dans le caniveau. Mais certains d’entre nous regardent les étoiles. » (Oscar Wilde – cité par Jean d’Ormesson)

« Lorsque le gagnant d’un jeu de télé-réalité est considéré comme le grand homme d’un peuple… » (Slavoj Zizek) – Voilà où nous en sommes. 

« L’homme supérieur se tient dans le juste milieu. » (proverbe)

« Marcher doucement et voir loin sont l’œuvre d’un homme fin. » (proverbe)

« Un grand clocher, une grande rivière, un grand seigneur sont trois mauvais voisins. » (proverbe)

« Si dix mendiants peuvent tenir sur un tapis, deux rois ne le peuvent pas. » (proverbe persan)

« La supériorité d’un examinateur c’est qu’il se tient du bon côté de la table. » (?)

« Quand on fait trop le grand, on paraît bien petit. » (?)

« Chez les politiques, la hauteur du ton tient lieu de hauteur de pensée. » (?)

« Les grands hommes ne font pas l’histoire, mais l’histoire ne se fait pas sans grands hommes. » (?)

« Un homme n’a de grandeur que s’il est au service d’une réalité qui le dépasse. » (?)

Selon Nietzsche, sont des traits aristocratiques (l’aristocratie ne se confond pas avec une classe, telle la noblesse, ni strictement avec une élite, qui peut être composée de dominants sans scrupules ni envergure – Même s’il peut y avoir des recoupements et avec la première et avec la seconde).

« Le soin du détail extérieur, l’apparence de frivolité dont use la maîtrise de soi pour se défendre des curiosités indiscrètes, la lenteur du geste et du regard, le refus des honneurs médiocres, la conviction que les cœurs ne peuvent guère communiquer, la certitude d’avoir des devoirs, sentir que l’on a toujours quelque chose à distribuer, le goût de la forme, la méfiance envers toutes les manifestations de laisser-aller, la conviction que la politesse est une vertu, le pouvoir d’oubli de préférence au pouvoir du pardon, l’amour de la naïveté et la faculté d’émerveillement, le scrupule devant les généralisations hâtives, la capacité de supporter de longues inimitiés, le dégoût de la démagogie, de la familiarité triviale, de la vulgarité, le goût du travail bien fait, se sentir de plain-pied avec la vie tout en gardant ses distances, être convaincu que le savoir-vivre et le savoir-mourir ne font qu’un »

On peut parler aussi de « loyauté, courage, bravoure, contrôle de soi, sens de la décision, amour du défi, goût de la rigueur, de la contrainte sur soi, la volonté, la rectitude. » (Alain de Benoist – évoquant l’honneur)

« La véritable aristocratie, quels que soient ses défauts, a la volonté de se soumettre à une discipline bien à elle. » (Francis Scott Fitzgerald)

– Ci-dessous, quelques petits extraits simplifiés difficilement classables ailleurs d’un livre de Baltasar Gracian : Le héros (au sens grandeur, homme supérieur… donc mieux placé ici qu’à la rubrique du même nom).

Malgré la police de caractères, il s’agit ci-dessous d’extraits, de citations ou quasiment.

 « Se rendre impénétrable sur l’étendue de sa capacité. Afin de conserver l’admiration publique, ne jamais se montrer aux hommes tout entier, entretenir leur attente et ne la point épuiser. L’homme que personne ne peut approfondir reste toujours comme dans une région inaccessible à la dépendance. 

« Ne point laisser connaître ses passions. Il n’y a point de différence entre laisser apercevoir sa passion, et prêter des armes pour qu’on se rende maître de nous. Alexandre flétrit sa gloire par l’excès de ses emportements. L’apanage des grands hommes est de savoir se commander. Une saillie échappée … peut mettre de niveau le héros avec l’homme du commun (Voir ‘Casse-toi pauvre c.. ‘). 

« Le caractère d’un héros. Un jugement solide et sûr, le tribunal de la prudence où tout s’examine et se règle. Un esprit tout de feu, la vivacité de pensée et d’expression. La décision de Salomon dans l’affaire de la dispute des mères fut aussi prompte que judicieuse. 

« Le caractère du cœur. Les grands effets sont produits par une cause qui leur est proportionnée et les actions extraordinaires ne sauraient partir que d’un cœur qui le soit aussi. Un cœur grand, bien loin de s’enfler des plus étonnants succès, soupire sans cesse après d’autres, loin de se repaître de sa gloire acquise … loin d’être affaibli par les disgrâces et les revers. Le refus de la vengeance, l’épreuve décisive d’un cœur héroïque. 

« La manière en tout. C’est toujours elle qui s’offre d’abord à nous : elle est le dehors, la marque, le signe et comme l’annonce de la chose … C’est un attrait auquel on ne résiste point … Elle mêle à un refus tant de choses obligeantes, qu’on ne le sent presque pas ; et qu’on l’aime mieux qu’un bienfait accordé de mauvaise grâce. Elle modifie tellement un reproche qu’il participe autant de la louange que de la réprimande. 

« Avoir un goût exquis. Un esprit élevé ne s’allie point avec un goût médiocre. Il examine et apprécie le juste prix des choses … les estime ce qu’elles valent. Si le penchant va aux petits objets, c’est un pronostic presque sûr qu’il n’y aura jamais de noblesse, de grandeur dans l’âme. L’excès dans la louange est un défaut de politesse et de bon sens. 

« Exceller dans le grand. Préférer les qualités éclatantes à celles qui frappent moins. Tout talent ne mérite pas de l’estime … Tout emploi n’attire pas de crédit. Exceller en une chose vulgaire de sa nature, c’est être grand dans le petit. 

« L’avantage de la primauté. Les grands génies refusent la gloire aisée et comme subalterne de l’imitation … ils osent entreprendre de devenir eux-mêmes des modèles. »

« Ne rien faire et ne rien dire lorsqu’on a la fortune contre soi. La chance, les circonstances, le sort, sa propre estime de soi… 

« Savoir se retirer avant que la fortune se retire. La prospérité n’est qu’un état passager. Au jeu, le plus habile est celui qui sait se retirer sur son gain. L’heure de l’adversité viendra, en retrancher d’avance l’occasion. Une belle retraite à la guerre fait autant d’honneur qu’une fière attaque. 

« Se concilier l’affection de tout le monde. C’est peu de gagner l’esprit si l’on ne gagne pas le cœur ; mais c’est beaucoup de savoir se concilier tout ensemble et l’admiration et l’affection. Tous les cœurs enchantés volent après un héros populaire et bienfaisant. Ces hommes (le corps des gens de lettres célèbres) sont comme les organes dont la renommée a besoin pour  se faire entendre. – Les média aujourd’hui, mais moins talentueux et plus soumis. 

« Le je ne sais quoi. Indéfinissable. Le lustre du brillant, l’assemblage de parties d’où il résulte un tout engageant. Le je ne sais quoi de majestueux et de grand, d’aimable et d’honnête, de fier et de gracieux, de vif et de doux, joints à l’aisance et à la facilité. 

« L’ascendant naturel. Une souveraineté naturelle qui impose, je ne sais quelle assurance qui attire du respect, et qui se fait obéir. Un homme qui fait plus, d’un regard ou d’une parole, que les autres ne font avec tout l’étalage de leur éloquence. 

« Renouveler de temps en temps sa réputation. D’heureux commencements, caution et garantie pour l’avenir. Que la première démarche … soit digne d’applaudissements, présomption pour toutes les autres, il faut tâcher de la marquer par quelque chose de frappant. Un mauvais début forme un préjugé, qui tient presque toujours contre les suites. Le mérite accompli perd beaucoup à se montrer trop souvent. Faire voir, par intervalles, de nouvelles preuves de son mérite. L’habileté est de savoir en suspendre, et à en faire reparaître à propos les effets. 

« Toutes les belles qualités sans affectation. La vertu doit être en nous, et la louange doit venir d’autrui. L’affectation mêle toujours un défaut au mérite, et ce mélange produit un rabais. Avoir les yeux fermés sur ce qu’on est, c’est l’infaillible moyen de les ouvrir à tout le monde. 

« L’héroïsme sans défaut. Un grand homme qui ne laisserait rien à reprendre de lui ; quelque légère faute échappée à dessein lui est nécessaire pour contenter l’envie, pour repaître la malignité d’autrui. 

« N’être point homme de la première impression. Quelques-uns se marient si follement avec la première information, que toutes les autres ne sont plus que des concubines. Il faut donc laisser une place vide pour la révision, garder une oreille pour la partie adverse, une porte ouverte pour la seconde et la troisième information. 

 – Autres conseils de Baltasar Gracian (L’homme universel).

 « Se rendre toujours nécessaire. Faire en sorte d’être toujours nécessaire. »

« Savoir se faire regretter. »

« Traiter avec ceux de qui l’on peut apprendre … Traiter toujours avec des gens soigneux de leur devoir … Ne s’engager point avec qui n’a rien à perdre … N’être point trop prompt à s’engager ni à engager autrui. »

« N’avoir point de tache … Parce qu’il ne faut qu’un nuage pour éclipser tout le soleil. »

« Savoir refuser. Tout ne se doit pas accorder, ni à tous. Savoir refuser est aussi important que savoir octroyer. »

« Faire tout comme si l’on avait des témoins. »

« Savoir attendre. »

« Être pénétrant et impénétrable. »

« Ne pas trop se prodiguer. »

« Garder empire sur son humeur. »

« L’esprit de politesse et d’ordre. »

Ci-dessous, extraits de l’ouvrage de Johan Huizinga, Homo ludens. (L’auteur écrivait à la fin des années 1930).

« Le jeu est une notion en soi, qui n’est nullement définie par la notion du non-sérieux. La notion du jeu est d’un ordre supérieur à celle du sérieux. Car le sérieux tend à exclure le jeu, tandis que le jeu peut fort bien englober le sérieux … Le jeu peut fort bien être sérieux. De plus des catégories fondamentales de la vie se rangent dans le non-sérieux, sans pour cela équivaloir au jeu ; le rire, par exemple, n’est en aucune façon lié au jeu. On joue au football ou aux échecs avec le plus profond sérieux, sans rire … Si le rire est le propre de l’homme, la fonction ingénieuse du jeu est commune à l’homme et à l’animal … L’idée de ‘gagner’ est étroitement associée au jeu … Gagner, c’est manifester sa supériorité à l’issue d’un jeu … Le succès est une qualité très importante du jeu … L’honneur, le prestige, la considération en découlent comme conséquences durables … Depuis la vie enfantine jusqu’aux activités suprêmes de la culture le désir d’être loué ou honoré pour sa supériorité agit comme l’un des ressorts les plus puissants du perfectionnement individuel et collectif … Vertu, honneur, noblesse et gloire se trouvent ainsi dans le cadre de la compétition, c’est-à-dire du jeu …L’homme  aspire toujours à l’élévation, la fonction innée où l’homme réalise cette aspiration est le jeu … La compétition peut prendre des formes multiples (pari, instance judiciaire…) … L’aspiration passionnée à occuper la première place … Pareille  émulation a engendré l’altière vaillance personnelle, indispensable à une jeune culture … Chants alternés, jeux de balle, coquetteries, jeux d’esprit, devinettes, tout cela est intimement associé sous la forme d’une compétition animée entre les sexes (fêtes villageoises) … Compétitions faites de munificences sans frein (Potlatch) … Cependant, l’atmosphère de joie n’est pas toujours présente (jeux de table, de dames, d’échecs…) … La guerre traitée comme une compétition loyale (conventions de jadis sur le lieu et le moment de la bataille, avis et préavis) … Champ clos des tournois … Duels … Tout est (plutôt ‘était’) compétition loyale … A l’origine de toute compétition, il y a le jeu, c’est-à-dire un accord tendant à réaliser, dans un temps et un espace déterminés, suivant certaines règles et dans une forme donnée, quelque chose qui mette fin à une tension et qui soit étranger au cours ordinaire de la vie … A présent, la systématisation et la discipline toujours croissante du jeu vont, à la longue, supprimer quelque chose de la pure teneur ludique. Le fait se manifeste dans la scission entre professionnels et amateurs. Le comportement du professionnel n’est plus celui du jeu, la spontanéité et l’insouciance lui sont ravies … Le sport s’éloigne de la société ludique. »

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