175,4 – Opinion publique

– Image du gros Animal (due à Platon et reprise par Simone Weil). L’opinion publique, la foule, le consensus artificiel, le conformisme, toute Majesté, le pouvoir, l’Etat… « Adorer le ‘gros Animal’ c’est penser et agir conformément aux préjugés et aux réflexes de la foule, au détriment de toute recherche de la vérité et du bien. » (Simone Weil) – Comportement de laquais.

– Le rôle des média au service des politiques est de la manipuler, de l’agiter, de la troubler, de l’échauffer, de la diviser ; mais toujours sur des sujets secondaires. Ne jamais lui parler des sujets essentiels pour ne pas lui donner des idées.

– Facteurs de l’opinion selon Gabriel Tarde : la presse certes (de nos jours les médias), mais tout autant, la conversation (tout dialogue sans utilité directe et immédiate).

-« Le roi on. » (Necker) 

On pourra voir à la fin de la rubrique précédents, Opinions, 175 3 des extraits du livre de Philippe Béneton, Les fers de l’opinion, qui traite aussi bien d’opinion publique, c’est-à-dire dominante .

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« Le terrain d’élection de la contagion imitative … Tocqueville ne l’avait encore envisagée que comme l’alignement sous la ‘tyrannie du nombre’ (majorités) … Il n’avait pas, et pour cause, imaginé ce que pourrait être la nouvelle figure de la contagion empathique (aussi bien haineuse que compassionnelle) sous le règne de l’affect relayé par l’image télévisuelle et par le Net. » (Myriam Revault d’Allonnes)

« Dans n’importe quelle question, il ne s’agit pas de savoir ce que les hommes ont pensé mais où se tient la vérité des choses. » (saint Thomas d’Aquin)

« Impitoyable dictature que celle de l’opinion dans les sociétés démocratiques ; n’implorez d’elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l’application de ces lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. » (Baudelaire)

« On peut toujours obtenir une opinion publique … Là où le citoyen manquerait d’arguments par absence de débat politique, l’individu (doté d’une certaine tendance à rouler les mécaniques), trouve toujours à répondre à une  question, quelque chose qui n’est pas insensé puisqu’on peut le prédire (suivant la question et sa présentation) … L’individu est, en tant précisément qu’individu, l’être le plus manipulable qui soit. » (Jean-Léon Beauvois – Les influences sournoises)

« L’opinion publique ou dominante s’avance masquée, elle affiche une neutralité morale qui est fictive. Elle n’émane guère du peuple, elle est avant tout l’œuvre des hommes d’avant-garde. Plus précisément, elle résulte de la radicalisation de la pensée moderne, de l’action des militants, du rôle stratégique des maîtres de la parole électronique. Les citoyens ordinaires sont tout juste bons à opiner … Le discours dominant prêche outre l’exécration des méchants, l’amour égoïste de soi et l’amour altruiste de l’humanité … D’un côté, le règne des sensations, de l’autre, la morale de l’émotion … Il est recommandé de se livrer à ses appétits comme il est requis de cultiver de grands sentiments … Ce discours dispose de deux autres arguments comme injonction à se soumettre et pour enjoindre à chacun de se rallier à elle, un argument historiciste et un argument démocratique : ‘Voici l’opinion moderne, comment pourrais-tu refuser d’être de ton époque, de vivre avec ton temps ?’ ‘Voici l’opinion générale, comment pourrais-tu penser que le grand nombre a tort ?’ … La question de fond est abolie et la discussion superflue … Le discours dominant clame ‘chacun vit comme il l’entend’ puis aussitôt après ‘Voici de préférence comment vivre’» (Philippe Bénéton)

« Le point de repère de l’action n’est plus la réalité, ce sont les réactions présumées des autres. On en arrive à une domination de l’opinion. » (Benoît XVI)

« L’opinion publique suit le courant dominant. Elle se montrera aussi prompte à plaindre le professeur injustement bafoué (qui s’est suicidé) qu’elle se pressait pour le pendre. » (Paul Bensussan, Florence Rault – à propos des présomptions de pédophilie)

« L’opinion publique, telle qu’elle a été façonnée dans les pays démocratiques, et qui réalise l’empire de la médiocrité, est la forme extrême de l’objectivation ; elle étouffe l’existence intérieure de la personne. » (Nicolas Berdiaeff) – Objectivation chez Berdiaeff : primauté du monde des objets, de la soumission au monde du tout englobant, de l’objectivité, d’un individualisme impersonnel et nivellateur…

« En commandant massivement des enquêtes, la presse (les média) concède aux instituts de sondage l’un de ses droits les plus anciens. En contrepartie, elle se donne la possibilité de rester maîtresse du nouveau jeu politique et, par commande de sondages interposée, de continuer à représenter l’opinion. » (Loïc Blondiaux)

« Les hommes politiques font comme s’ils étaient à l’écoute  d’une opinion publique dont la voix pèserait sur leurs décisions. Or les objets et les personnes – sondages d’opinion, journaux, télévisions, conseillers, porte-parole, politologues,  journalistes,  manifestants,  Internet,  Audimat – qui prétendent révéler cette opinion publique, force qui existerait en dehors d’eux et qu’ils ne feraient que mettre en lumière, en fait, s’apportent les uns aux autres leur concours pour la construire et faire croire qu’elle existe … Les hommes politiques professent des opinions pour plaire à une opinion publique qui est elle-même le résultat de l’artefact des sondages et de l’imposition par les politologues et les journalistes des catégories qui sont celles des hommes politiques. » (Luc Boltanski)

« La ruine des croyances ‘dogmatiques’ … est grosse d’une lourde menace : la tyrannie de l’opinion. » (Raymond Boudon – se référant à une crainte exprimée par Alexis de Tocqueville) – « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » (Dostoïevski)

« Ne pas confondre opinion publique et opinion des média … Incidemment, d’après l’enquête, l’importance du racisme en France ou en Allemagne par exemple y apparaît sans commune mesure avec ce qu’on pourrait croire eu égard à l’intérêt que les média accordent à ce thème. » (Raymond Boudon – exploitant deux enquêtes européenne et mondiale basées sur le thème : Quel voisin redouteriez-vous d’avoir ? et exploitée par groupe d’âge et niveau d’instuction – Pour référence voir l’ouvrage Déclin des valeurs de cet auteur)

« L’argent et la propagande permettent de commander une opinion publique que l’on se déclarera ensuite contraint de suivre. » (Pierre Boutang)

« Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Chamfort)

« Il ya des siècles où l’opinion publique est la plus mauvaise des opinions. » (Chamfort)

« L’opinion publique est une juridiction que l’honnête homme ne doit jamais reconnaître parfaitement, et qu’il ne doit jamais décliner. » (Chamfort)

« Les instituts de sondage sont loin d’enregistrer, comme ils le prétendent, des ‘états de l’opinion’’. Ils contribuent surtout  à faire croire qu’il existe, sur tout ou presque, une ‘opinion publique’, qui est en permanence mouvante et fluctuante … Si l’opinion que les instituts prétendent mesurer était vraiment ‘publique’, elle devrait être au moins approximativement connue de tous et la publication des résultats des sondages ne devrait guère, comme on l’entend pourtant souvent, ‘surprendre’ ou ‘bouleverser’ des ‘idées reçues’ » (Patrick Champagne)  

« Derrière le paravent de la démocratie ils (les bien-pensants, les nouveaux moralistes) ont réussi ce tour de force d’inventer le ‘débat unique’ où l’on retrouve toujours les mêmes têtes, qui virevoltent d’un média à l’autre pour déverser les mêmes pensées dans le même langage, avec les mêmes codes. ‘L’opinion pense que’, disent-ils la bouche en cœur… l’opinion ? Ou bien l’opinion qu’ils se font, eux, de l’opinion ? » (Jean-Marc Chardon)

« Chacun parle de l’opinion publique, entendant par là l’opinion publique moins la sienne. » (G. K. Chesterton)

« Chacun renonce à sa fantaisie pour un ton général qui est en lui-même un renoncement. » (G. K. Chesterton)

« Contrairement à une méprise des plus répandue, l’opinion ne provient pas prioritairement du sens commun. Elle est bien plutôt la croyance grégaire d’un public semi-instruit … une opinion ‘mondaine’ adossée à un simulacre du savoir. » (Michel Clouscard) – Et surtout une opinion formatée, dictée, par les média au service des dominants.

« Un pays qui n’a que des opinions en change au gré de ses caprices ou de ses intérêts. » (Marc Crapez) – Ce serait plutôt suivant les opinions que lui imposent ses dominants, suivant leurs caprices, leurs intérêts, leurs obsessions. 

« La liberté est toujours un risque, et la condition de servitude ressemble à l’absurde désir d’échapper à sa propre liberté … Liberté, non seulement combattre l’opinion établie, mais surtout s’affranchir de la servitude de l’opinion. » (Anne Dalsuet – évoquant le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie)

« Dans une démocratie d’opinion, la fabrication de l’opinion joue les premiers rôles. » (Régis Debray) 

« Et si l’opinion publique attendait des leaders et des élus non pas qu’ils la suivent mais qu’ils la guident ? » (Jean-François Deniau)

« L’opinion publique est moins faite de l’ensemble des opinions de chacun que de l’opinion que chacun se fait des opinions des autres. » (Auguste Detoeuf)

« L’acte moral n’est pas démocratique. La consultation de l’opinion lui serait fatale car l’opinion publique tend normalement vers l’acceptation, le moindre risque, le compromis. » (Jean-Marie Domenach)

« L’opinion publique a trop de poids pour qu’on la néglige et trop d’inconstance pour qu’on en tienne compte. » (Louis Dumur)

« L’opinion est comme la société : les hommes la font et en sont esclaves. » (Louis Dumur)

« L’opinion publique ne juge jamais sur les actes ; elle se contente de lire les étiquettes qu’on colle sut les gens. » (Jean Dutourd) – Sans même se demander qui les a collés.

« On voit ainsi fleurir un bon millier de motions qui à chaque tournant formulent et forment l’opinion de la nation ? En tout cas des 400 ou 500 individus qui ‘représentent’ les associations et les groupes les plus agités. » (Jacques Ellul) – Les associations protestent… Elles ne savent faire que ça, crier, pleurer et tempêter, et aussi quémander.

« L’opinion n’est assurément pas, jamais, spontanée. Ce n’est pas le paysan du Cantal …même s’il a des opinions à la suite de ce qu’il a entendu à la télé ou lu dans son journal, il ne manifestera pas. Donc il ne comptera pas pour la formation d’une opinion. Ce qui compte, c’est d’une part les média eux-mêmes, d’autre part les groupes urbains qui manifestent. » (Jacques Ellul – évoquant essentiellement les questions mondiales et l’opinion mondiale ; mais…)

 « S’il y a opinion publique, c’est qu’il y a une propagande qui entraîne la cristallisation de cette opinion. » (Jacques Ellul)

« Du fait de l’insertion de l’opinion dans la politique, l’inertie de l’opinion fait obstacle à toute initiative juste possible au début, et quand l’opinion s’ébranle, c’est pour devenir aussitôt partisane et demander des solutions injustes. » (Jacques Ellul) – Il suffit de la manipuler pour qu’elle réponde aux désirs des dominants (sauf exceptions, certains référendums).

« ‘L’opinion est très sensible aux événements importants.’ Mais qui détermine l’importance des événements ? … Il n’y a plus de faits importants ou non en soi …  L’opinion n’est publique que lorsqu’elle concerne une question ‘publique’, c’est-à-dire intéressant tout le monde, ce qui implique qu’il y ait eu un véritable forçage de l’’opinion pour lui démontrer que telle question est vraiment d’intérêt général … Il n’ y a d’opinion publique qu’à partir du moment où la propagande a créé ce sentiment d’importance autour d’un problème qui fera que tout le monde aura à son sujet une opinion … Il n’y a  qu’une certaine catégorie de faits susceptibles de devenir des faits d’opinion publique (pouvoir émotif, transformable aisément en image), et ce ne sont pas forcément les plus importants objectivement, une information neutre et purement objective n’émeut pas l’opinion … Un fait n’est important politiquement que si l’opinion s’y attache … Quand le préjugé est établi, que les stéréotypes sont bien créés, qu’il existe un schéma mental (œuvres de propagande préalable), les faits se classent par rapport à cela et ne peuvent, en soi, rien changer … Un fait qui remet en question un préjugé est nié, rejeté dans la catégorie ‘propagande’ … Les faits ne changent rien aux croyances, aux stéréotypes qui maintenant sont fixés pour l’homme moyen (d’où l’intérêt de maîtriser les récits historiques dans le sens voulu, qui n’a évidemment que peu à voir avec l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée) … Les ‘problèmes’ (les Sudètes des années 1920-30, les Juifs et l’antisémitisme de conséquence, etc.) ne deviennent tels que par la propagande qui donne, par sa diffusion,  un élément d’agressivité à un fait politique en l’universalisant (et l’amplifiant) … La propagande transforme le fait concret en fait politique, et elle peut même y arriver à partir d’un fait inexistant, à partir de rien (la propagande communiste de paix  dans les années 1948-50, ne reposait sur rien de palpable). » (Jacques Ellul)

« Pour trouver la vérité, il faut tourner le dos à la multitude … Les opinions communes sont la règle des opinions saines, pourvu qu’on les prenne à contresens. » (Fontenelle – cité par Frédéric Rouvillois)

« La sottise en action. » (Julien Green)

« Deux erreurs contraires qui limitent la vérité et qui aident à la définir ne doivent pas être mises au même niveau et sur le même plan. Il n’y a pas de véritable ‘via media’ entre les contraires, bien que l’idée d’occuper ce lieu soit très rassurante. Ces évidences sont passées sous silence car l’opinion se rassure dans la ‘via media’ qui, condamnant également la droite et la gauche lui donne l’illusion d’avoir du génie. » (Jean Guitton)

« Le principe de majorité, sous la forme de verdicts populaires en tout et partout, est mis en œuvre par toutes sortes de sondages et de techniques modernes de communication … C’est une nouvelle divinité … Plus la transformation de l’opinion publique en un simple instrument au service de forces obscures gagne en ampleur, plus l’opinion publique prend figure de substitut de la raison. » (Max Horkheimer)

« Infatuée d’une hauteur et d’une intolérance extrême. La choquer … c’est provoquer toutes ses foudres … ce monstre a mille têtes, animé de mille fureurs. » (Maurice Lachâtre)

« Si tout le monde est d’accord pour condamner un prévenu, il faut le libérer, car il doit être innocent. » (Emmanuel Levinas – par provocation)

« Partialité, irrégularité, simplisme et extériorité du regard caractérisent l’opinion publique. » (Walter Lippman)

« La pensée de la place publique. » (Machiavel – qualifiant la connaissance populaire distincte, sinon souvent opposée, aujourd’hui quasi clandestine, du savoir institutionnel des tenants du pouvoir) – Distinguer de l’opinion publique trop souvent façonnée, surtout de nos jours, par les média serviles.

« Il existe une énorme différence entre ‘l’opinion publiée’, l’opinion mondaine, celle qui a pignon sur rue, la seule admise et l’opinion publique qui, elle, ne se reconnaît pas dans ce qu’elle lit et entend. » (Michel Maffesoli) – Les média sont faits pour servir les puissants, non pour servir la vérité, ni même pour décrire le réel.

 « La ‘doxa’, l’opinion commune, est cela même qui évite d’aborder les problèmes en leur réalité vraie. On préfère les voir en leur fantasmagorie illusoire … selon ce que l’on aimerait qu’ils soient … car ‘ce qui est’ ne convient pas à l’arrogance intellectuelle et à la paranoïa qui la caractérise … Les Niagaras d’eau tiède des bons sentiments qui, chaque jour, sont déversés par tel article journalistique, tel essai politique ou tel discours universitaire … Le même ‘dégueulis’ de bons sentiments. Du ressassé agrémenté de bonne conscience. » (Michel Maffesoli)

« Leur opinion privée fait l’opinion publique. Mais, cette opinion privée, il reste à savoir qui la fait. » (réponse de Charles Maurras à propos d’un quelconque gogo qui arguait de son opinion, bien à lui)  – sur les journalistes-perroquets, les publicistes, les intellectuels, aujourd’hui les communicants…)

– Le rôle des média au service des politiques est de la manipuler, de l’agiter, de la troubler, de l’échauffer, de la diviser ; mais toujours sur des sujets secondaires. Ne jamais lui parler des sujets essentiels pour ne pas lui donner des idées.

– Facteurs de l’opinion selon Gabriel Tarde : la presse certes (de nos jours les médias), mais tout autant, la conversation (tout dialogue sans utilité directe et immédiate).

On pourra voir à la fin de la rubrique précédents, Opinions, 175 3 des extraits du livre de Philippe Béneton, Les fers de l’opinion, qui traite aussi bien d’opinion publique, c’est-à-dire dominante .

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« Le terrain d’élection de la contagion imitative … Tocqueville ne l’avait encore envisagée que comme l’alignement sous la ‘tyrannie du nombre’ (majorités) … Il n’avait pas, et pour cause, imaginé ce que pourrait être la nouvelle figure de la contagion empathique (aussi bien haineuse que compassionnelle) sous le règne de l’affect relayé par l’image télévisuelle et par le Net. » (Myriam Revault d’Allonnes)

« Dans n’importe quelle question, il ne s’agit pas de savoir ce que les hommes ont pensé mais où se tient la vérité des choses. » (saint Thomas d’Aquin)

« Impitoyable dictature que celle de l’opinion dans les sociétés démocratiques ; n’implorez d’elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l’application de ces lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. » (Baudelaire)

« On peut toujours obtenir une opinion publique … Là où le citoyen manquerait d’arguments par absence de débat politique, l’individu (doté d’une certaine tendance à rouler les mécaniques), trouve toujours à répondre à une  question, quelque chose qui n’est pas insensé puisqu’on peut le prédire (suivant la question et sa présentation) … L’individu est, en tant précisément qu’individu, l’être le plus manipulable qui soit. » (Jean-Léon Beauvois – Les influences sournoises)

« L’opinion publique ou dominante s’avance masquée, elle affiche une neutralité morale qui est fictive. Elle n’émane guère du peuple, elle est avant tout l’œuvre des hommes d’avant-garde. Plus précisément, elle résulte de la radicalisation de la pensée moderne, de l’action des militants, du rôle stratégique des maîtres de la parole électronique. Les citoyens ordinaires sont tout juste bons à opiner … Le discours dominant prêche outre l’exécration des méchants, l’amour égoïste de soi et l’amour altruiste de l’humanité … D’un côté, le règne des sensations, de l’autre, la morale de l’émotion … Il est recommandé de se livrer à ses appétits comme il est requis de cultiver de grands sentiments … Ce discours dispose de deux autres arguments comme injonction à se soumettre et pour enjoindre à chacun de se rallier à elle, un argument historiciste et un argument démocratique : ‘Voici l’opinion moderne, comment pourrais-tu refuser d’être de ton époque, de vivre avec ton temps ?’ ‘Voici l’opinion générale, comment pourrais-tu penser que le grand nombre a tort ?’ … La question de fond est abolie et la discussion superflue … Le discours dominant clame ‘chacun vit comme il l’entend’ puis aussitôt après ‘Voici de préférence comment vivre’» (Philippe Bénéton)

« Le point de repère de l’action n’est plus la réalité, ce sont les réactions présumées des autres. On en arrive à une domination de l’opinion. » (Benoît XVI)

« L’opinion publique suit le courant dominant. Elle se montrera aussi prompte à plaindre le professeur injustement bafoué (qui s’est suicidé) qu’elle se pressait pour le pendre. » (Paul Bensussan, Florence Rault – à propos des présomptions de pédophilie)

« L’opinion publique, telle qu’elle a été façonnée dans les pays démocratiques, et qui réalise l’empire de la médiocrité, est la forme extrême de l’objectivation ; elle étouffe l’existence intérieure de la personne. » (Nicolas Berdiaeff) – Objectivation chez Berdiaeff : primauté du monde des objets, de la soumission au monde du tout englobant, de l’objectivité, d’un individualisme impersonnel et nivellateur…

« En commandant massivement des enquêtes, la presse (les média) concède aux instituts de sondage l’un de ses droits les plus anciens. En contrepartie, elle se donne la possibilité de rester maîtresse du nouveau jeu politique et, par commande de sondages interposée, de continuer à représenter l’opinion. » (Loïc Blondiaux)

« Les hommes politiques font comme s’ils étaient à l’écoute  d’une opinion publique dont la voix pèserait sur leurs décisions. Or les objets et les personnes – sondages d’opinion, journaux, télévisions, conseillers, porte-parole, politologues,  journalistes,  manifestants,  Internet,  Audimat – qui prétendent révéler cette opinion publique, force qui existerait en dehors d’eux et qu’ils ne feraient que mettre en lumière, en fait, s’apportent les uns aux autres leur concours pour la construire et faire croire qu’elle existe … Les hommes politiques professent des opinions pour plaire à une opinion publique qui est elle-même le résultat de l’artefact des sondages et de l’imposition par les politologues et les journalistes des catégories qui sont celles des hommes politiques. » (Luc Boltanski)

« La ruine des croyances ‘dogmatiques’ … est grosse d’une lourde menace : la tyrannie de l’opinion. » (Raymond Boudon – se référant à une crainte exprimée par Alexis de Tocqueville) – « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » (Dostoïevski)

« Ne pas confondre opinion publique et opinion des média … Incidemment, d’après l’enquête, l’importance du racisme en France ou en Allemagne par exemple y apparaît sans commune mesure avec ce qu’on pourrait croire eu égard à l’intérêt que les média accordent à ce thème. » (Raymond Boudon – exploitant deux enquêtes européenne et mondiale basées sur le thème : Quel voisin redouteriez-vous d’avoir ? et exploitée par groupe d’âge et niveau d’instuction – Pour référence voir l’ouvrage Déclin des valeurs de cet auteur)

« L’argent et la propagande permettent de commander une opinion publique que l’on se déclarera ensuite contraint de suivre. » (Pierre Boutang)

« Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Chamfort)

« Il ya des siècles où l’opinion publique est la plus mauvaise des opinions. » (Chamfort)

« L’opinion publique est une juridiction que l’honnête homme ne doit jamais reconnaître parfaitement, et qu’il ne doit jamais décliner. » (Chamfort)

« Les instituts de sondage sont loin d’enregistrer, comme ils le prétendent, des ‘états de l’opinion’’. Ils contribuent surtout  à faire croire qu’il existe, sur tout ou presque, une ‘opinion publique’, qui est en permanence mouvante et fluctuante … Si l’opinion que les instituts prétendent mesurer était vraiment ‘publique’, elle devrait être au moins approximativement connue de tous et la publication des résultats des sondages ne devrait guère, comme on l’entend pourtant souvent, ‘surprendre’ ou ‘bouleverser’ des ‘idées reçues’ » (Patrick Champagne)  

« Derrière le paravent de la démocratie ils (les bien-pensants, les nouveaux moralistes) ont réussi ce tour de force d’inventer le ‘débat unique’ où l’on retrouve toujours les mêmes têtes, qui virevoltent d’un média à l’autre pour déverser les mêmes pensées dans le même langage, avec les mêmes codes. ‘L’opinion pense que’, disent-ils la bouche en cœur… l’opinion ? Ou bien l’opinion qu’ils se font, eux, de l’opinion ? » (Jean-Marc Chardon)

« Chacun parle de l’opinion publique, entendant par là l’opinion publique moins la sienne. » (G. K. Chesterton)

« Chacun renonce à sa fantaisie pour un ton général qui est en lui-même un renoncement. » (G. K. Chesterton)

« Contrairement à une méprise des plus répandue, l’opinion ne provient pas prioritairement du sens commun. Elle est bien plutôt la croyance grégaire d’un public semi-instruit … une opinion ‘mondaine’ adossée à un simulacre du savoir. » (Michel Clouscard) – Et surtout une opinion formatée, dictée, par les média au service des dominants.

« Un pays qui n’a que des opinions en change au gré de ses caprices ou de ses intérêts. » (Marc Crapez) – Ce serait plutôt suivant les opinions que lui imposent ses dominants, suivant leurs caprices, leurs intérêts, leurs obsessions. 

« La liberté est toujours un risque, et la condition de servitude ressemble à l’absurde désir d’échapper à sa propre liberté … Liberté, non seulement combattre l’opinion établie, mais surtout s’affranchir de la servitude de l’opinion. » (Anne Dalsuet – évoquant le Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie)

« Dans une démocratie d’opinion, la fabrication de l’opinion joue les premiers rôles. » (Régis Debray) 

« Et si l’opinion publique attendait des leaders et des élus non pas qu’ils la suivent mais qu’ils la guident ? » (Jean-François Deniau)

« L’opinion publique est moins faite de l’ensemble des opinions de chacun que de l’opinion que chacun se fait des opinions des autres. » (Auguste Detoeuf)

« L’acte moral n’est pas démocratique. La consultation de l’opinion lui serait fatale car l’opinion publique tend normalement vers l’acceptation, le moindre risque, le compromis. » (Jean-Marie Domenach)

« L’opinion publique a trop de poids pour qu’on la néglige et trop d’inconstance pour qu’on en tienne compte. » (Louis Dumur)

« L’opinion est comme la société : les hommes la font et en sont esclaves. » (Louis Dumur)

« L’opinion publique ne juge jamais sur les actes ; elle se contente de lire les étiquettes qu’on colle sut les gens. » (Jean Dutourd) – Sans même se demander qui les a collés.

« On voit ainsi fleurir un bon millier de motions qui à chaque tournant formulent et forment l’opinion de la nation ? En tout cas des 400 ou 500 individus qui ‘représentent’ les associations et les groupes les plus agités. » (Jacques Ellul) – Les associations protestent… Elles ne savent faire que ça, crier, pleurer et tempêter, et aussi quémander.

« L’opinion n’est assurément pas, jamais, spontanée. Ce n’est pas le paysan du Cantal …même s’il a des opinions à la suite de ce qu’il a entendu à la télé ou lu dans son journal, il ne manifestera pas. Donc il ne comptera pas pour la formation d’une opinion. Ce qui compte, c’est d’une part les média eux-mêmes, d’autre part les groupes urbains qui manifestent. » (Jacques Ellul – évoquant essentiellement les questions mondiales et l’opinion mondiale ; mais…)

 « S’il y a opinion publique, c’est qu’il y a une propagande qui entraîne la cristallisation de cette opinion. » (Jacques Ellul)

« Du fait de l’insertion de l’opinion dans la politique, l’inertie de l’opinion fait obstacle à toute initiative juste possible au début, et quand l’opinion s’ébranle, c’est pour devenir aussitôt partisane et demander des solutions injustes. » (Jacques Ellul) – Il suffit de la manipuler pour qu’elle réponde aux désirs des dominants (sauf exceptions, certains référendums).

« ‘L’opinion est très sensible aux événements importants.’ Mais qui détermine l’importance des événements ? … Il n’y a plus de faits importants ou non en soi …  L’opinion n’est publique que lorsqu’elle concerne une question ‘publique’, c’est-à-dire intéressant tout le monde, ce qui implique qu’il y ait eu un véritable forçage de l’’opinion pour lui démontrer que telle question est vraiment d’intérêt général … Il n’ y a d’opinion publique qu’à partir du moment où la propagande a créé ce sentiment d’importance autour d’un problème qui fera que tout le monde aura à son sujet une opinion … Il n’y a  qu’une certaine catégorie de faits susceptibles de devenir des faits d’opinion publique (pouvoir émotif, transformable aisément en image), et ce ne sont pas forcément les plus importants objectivement, une information neutre et purement objective n’émeut pas l’opinion … Un fait n’est important politiquement que si l’opinion s’y attache … Quand le préjugé est établi, que les stéréotypes sont bien créés, qu’il existe un schéma mental (œuvres de propagande préalable), les faits se classent par rapport à cela et ne peuvent, en soi, rien changer … Un fait qui remet en question un préjugé est nié, rejeté dans la catégorie ‘propagande’ … Les faits ne changent rien aux croyances, aux stéréotypes qui maintenant sont fixés pour l’homme moyen (d’où l’intérêt de maîtriser les récits historiques dans le sens voulu, qui n’a évidemment que peu à voir avec l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée) … Les ‘problèmes’ (les Sudètes des années 1920-30, les Juifs et l’antisémitisme de conséquence, etc.) ne deviennent tels que par la propagande qui donne, par sa diffusion,  un élément d’agressivité à un fait politique en l’universalisant (et l’amplifiant) … La propagande transforme le fait concret en fait politique, et elle peut même y arriver à partir d’un fait inexistant, à partir de rien (la propagande communiste de paix  dans les années 1948-50, ne reposait sur rien de palpable). » (Jacques Ellul)

« Pour trouver la vérité, il faut tourner le dos à la multitude … Les opinions communes sont la règle des opinions saines, pourvu qu’on les prenne à contresens. » (Fontenelle – cité par Frédéric Rouvillois)

« La sottise en action. » (Julien Green)

« Deux erreurs contraires qui limitent la vérité et qui aident à la définir ne doivent pas être mises au même niveau et sur le même plan. Il n’y a pas de véritable ‘via media’ entre les contraires, bien que l’idée d’occuper ce lieu soit très rassurante. Ces évidences sont passées sous silence car l’opinion se rassure dans la ‘via media’ qui, condamnant également la droite et la gauche lui donne l’illusion d’avoir du génie. » (Jean Guitton)

« Le principe de majorité, sous la forme de verdicts populaires en tout et partout, est mis en œuvre par toutes sortes de sondages et de techniques modernes de communication … C’est une nouvelle divinité … Plus la transformation de l’opinion publique en un simple instrument au service de forces obscures gagne en ampleur, plus l’opinion publique prend figure de substitut de la raison. » (Max Horkheimer)

« Infatuée d’une hauteur et d’une intolérance extrême. La choquer … c’est provoquer toutes ses foudres … ce monstre a mille têtes, animé de mille fureurs. » (Maurice Lachâtre)

« Si tout le monde est d’accord pour condamner un prévenu, il faut le libérer, car il doit être innocent. » (Emmanuel Levinas – par provocation)

« Partialité, irrégularité, simplisme et extériorité du regard caractérisent l’opinion publique. » (Walter Lippman)

« La pensée de la place publique. » (Machiavel – qualifiant la connaissance populaire distincte, sinon souvent opposée, aujourd’hui quasi clandestine, du savoir institutionnel des tenants du pouvoir) – Distinguer de l’opinion publique trop souvent façonnée, surtout de nos jours, par les média serviles.

« Il existe une énorme différence entre ‘l’opinion publiée’, l’opinion mondaine, celle qui a pignon sur rue, la seule admise et l’opinion publique qui, elle, ne se reconnaît pas dans ce qu’elle lit et entend. » (Michel Maffesoli) – Les média sont faits pour servir les puissants, non pour servir la vérité, ni même pour décrire le réel.

 « La ‘doxa’, l’opinion commune, est cela même qui évite d’aborder les problèmes en leur réalité vraie. On préfère les voir en leur fantasmagorie illusoire … selon ce que l’on aimerait qu’ils soient … car ‘ce qui est’ ne convient pas à l’arrogance intellectuelle et à la paranoïa qui la caractérise … Les Niagaras d’eau tiède des bons sentiments qui, chaque jour, sont déversés par tel article journalistique, tel essai politique ou tel discours universitaire … Le même ‘dégueulis’ de bons sentiments. Du ressassé agrémenté de bonne conscience. » (Michel Maffesoli)

« Leur opinion privée fait l’opinion publique. Mais, cette opinion privée, il reste à savoir qui la fait. » (réponse de Charles Maurras à propos d’un quelconque gogo qui arguait de son opinion, bien à lui)  – sur les journalistes-perroquets, les publicistes, les intellectuels, aujourd’hui les communicants…)

« Il existe une limite à l’ingérence légitime de l’opinion collective dans l’indépendance individuelle. » (John Stuart Mill) – Sans doute du temps de l’auteur. Aujourd’hui, il n’y a plus de limite à cette ingérence fabriquée.

« Et puis il y a l’Opinion, la grosse machine obèse de la télévision mongoloïde, de la téléopinion … un véritable magma de ligues en folie, le plus énorme meeting jamais vu de persécuteurs polyvalents, redresseurs de tous les torts, surveilleurs de tous les écarts, repéreurs de tous les blasphèmes, sondeurs de toutes les intentions, enregistreurs de mots de travers… » (Philippe Muray)

 « Il est logique qu’à un monde sans antagonismes, sans frontières, sans souverainetés localisées, corresponde aussi une opinion unifiée ; par rapport à laquelle le désaccord serait un crime. » (Philippe Muray)

« Les esprits automatiques. » (Nietzsche – désignant les suiveurs systématiques ou figés) – Pour les faire saliver, il suffit de prononcer le mot qui convient, comme pour appeler son chien.

« L’hyper communication est en vérité, une déliaison, un enfermement ! Toujours plus de relation virtuelle, toujours moins de lien réel … La puissance de l’opinion publique amplifie le conformisme ordinaire, propre à chaque société … La puissance de la société numérique décuple la pression exercée sur ceux qui en deviennent les cibles (tribunal du buzz dont les sentences sont sans appel). Ces dernières sont alors conduites à des exercices de contrition qui rappellent les formes médiévales d’humiliation publique ou les séances maoïstes d’autocritique. Pour n’avoir pas … on s’excuse par avance, on s’exprime par périphrase, on parle dans les catégories autorisées. » (Denis Olivennes)

« C’est l’importance du média en terme d’audience qui détermine la supériorité d’une opinion. N’importe quelle sottise cathodique émise entre vingt heure et vingt heure trente est plus crédible que la conclusion d’un colloque de spécialistes. » (Georges Picard)

« Cette vague et intangible entité … En tant qu’arbitre du goût, elle est dangereuse ; en tant qu’arbitre de de la vérité, elle est inacceptable. » (Karl Popper)

« ‘Quand aujourd’hui dévore hier et doit être dévoré par demain, l’ère des livres est fermée, c’est l’ère des journaux qui s’ouvre’ (Louis Blanc). Le changement d’échelle en vitesse, comme en grandeur, est un changement d’auditoire. C’est en même temps un changement de catégorie sociale. L’imprimé  a consacré les opinions savantes. La presse de masse consacre les opinions populaires. L’espace public de l’imprimé assure le triomphe des clercs. L’espace public médiatique assure le triomphe de l’opinion publique. » (Dominique Reynié) – Et les réseaux sociaux assurent le triomphe de la boue, des ignorants, des dénonciateurs…

« Le calife Haroun-al-Rachid des  ‘Mille et une nuits’ parcourt les rues de Bagdad sous les traits d’un humble pour connaître l’opinion de ses sujets … Sous l’Ancien Régime, les ‘mouches’ se mêlaient à la foule des rues, prenaient part aux conversations pour saisir les rumeurs, pressentir l’humeur du public, voler un secret. » (Dominique Reynié) – On faisait des sondages même avant Gallup.

« Deux sortes d’hommes méprisent l’opinion : les scélérats et les saints. » (Père Joseph Roux)

« L’opinion commune n’est jamais absolument générale ; mais comme il n’est guère agréable de jouer le rôle de briseur de mythes, à partir d’un certain degré d’extension, une opinion admise ne rencontre plus de résistance ouverte, n’ayant plus contre elle que des individus isolés. » (Alfred Sauvy – Mythologie de notre temps) – Qu’aujourd’hui la férocité de la dictature idéologique du politiquement correct supportant les intérêts dominants, impose d’exclure et d’insulter publiquement et quotidiennement. 

« Ce qu’on qualifie d’opinion commune est … l’opinion de deux ou trois personnes … qui ont commencé à l’admettre ou à l’affirmer, dont on a préjugé la compétence et le soin qu’ils ont mis à l’étudier … et qui s’est répandue par la paresse intellectuelle d’un grand nombre d’autres gens. » (Schopenhauer) – Dont, pour les premiers, on a préjugé également l’honnêteté et le désintéressement. Schopenhauer ne pouvait, de son temps, considérer le matraquage médiatique.

« Il faut nous attacher à ne pas suivre, comme des moutons, le troupeau qui nous précède. »(Sénèque)

« Jamais l’ami de l’opinion ne s’élève jusqu’à la connaissance réservée à l’ami de la vérité. » (Socrate ?)

« L’opinion n’est pas l’audience : elle en est le contraire. L’opinion a un avis et croit quelque chose … L’audience, manipulée et désindividuée, ne croit plus à rien : elle est désabusée, démotivée et même désespérée (les prétendues émissions ‘interactives’ n’étant qu’une parodie). » (Bernard Stiegler) – Mais l’intoxication est de faire croire qu’audience égale opinion.

 « L’opinion publique, très longtemps, n’a pas souhaité connaître la vérité. Par confort, elle désirait seulement entendre les voix qui la berçaient d’illusions. Après moi, le Déluge … Elle est encline à tout gober, pourvu que cela ne trouble pas son appétit de jouissance.» (Malika Sorel-Sutter – sur la duperie du front républicain) – L’opinion publique est aussi lâche que nos politiques. Donc harmonie parfaite.

« Ce n’est pas seulement contre la tradition, mais aussi contre la raison, que l’Opinion contemporaine est devenue toute-puissante. » (Gabriel Tarde) – Plus exactement qu’on l’a sciemment déformée.

« Les images s’y succèdent incohérentes, superposées, ou juxtaposées sans lien, comme dans le cerveau de l’homme endormi ou hypnotisé, et chacune à son tour y envahit le champ total de l’attention. » (Gabriel Tarde) – C’est pourquoi les pouvoirs s’empressent de trouver, d’inventer, n’importe quelle diversion pour détacher l’opinion publique qui s’est malencontreusement fixée sur un point qui ne leur convient guère.

« Le public a chez les peuples démocratiques une puissance singulière dont les nations aristocratiques ne pouvaient pas même concevoir l’idée. Il ne persuade pas ses croyances, il les impose … La foi dans l’opinion commune deviendra une sorte de religion dont la majorité sera le prophète. L’autorité intellectuelle sera différente, mais elle ne sera pas moindre, elle deviendrait aisément trop grande… Le public impose ses croyances et les fait pénétrer dans les âmes par une sorte de pression immense de l’esprit  de tous sur l’intelligence de chacun. » (Alexis de Tocqueville)

« Même en régime démocratique, l’opinion publique fait obstacle à la libre expression, conduisant les individus à adapter leurs discours aux pressions dominantes. Il est plus gratifiant pour garder ses amis, ne pas se fâcher en famille, conserver l’estime de ses collègues, avoir une promotion, de conformer son discours à ce qu’en attend l’opinion publique … ‘la falsification des préférences’. » (Michèle Tribalat – rapportant des mécanismes avancés par Timur Kuran)

«  L’opinion, c’est l’ennemi de l’art et de la culture. Chacun a le droit d’avoir la sienne, certes, mais lorsqu’on les met toutes ensemble pour établir une moyenne de leurs demandes, c’est la médiocrité qui sort du chapeau. » (Philippe Val)

« Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion. » (Paul Valéry)

« Les pouvoirs ne sont plus là où la loi et les ans les avaient installés. Dans la médiacratie, le peuple reste souverain, mais il ne pèse plus par son vote. Il pèse par son opinion. » (François-Henri de Virieu)

« L’opinion est si bien la reine du monde, que lorsque la raison veut la combattre, la raison est condamnée à mort. » (Voltaire)

« L’opinion publique est celle de ceux qui n’ont pas d’idées. » (Oscar Wilde)

« C’est l’opinion publique qui a crucifié le Christ. » (proverbe)

« Infatuée d’une hauteur et d’une intolérance extrême. La choquer, dans ce dernier cas, c’est provoquer toutes ses foudres ; mieux vaudrait braver les colères de ‘l’agora’ et du ‘forum’ que d’irriter ce monstre à mille têtes, animé de mille fureurs. » ( ? –cité par Marc Crapez)

Ci-dessous, extraits simplifies et remaniés du livre de Patrick Champagne, Faire l’opinion – sur la production de l’opinion publique. On pourra voir également du même auteur à la rubrique Sondages, 435, 6.

« Un nouvel espace social dominé par un ensemble d’agents (marchands de sondages, politologues, conseillers en communication, journalistes…) qui utilisent des technologies  modernes (enquête par sondage…) et  donnent par là une existence politique autonome à une ‘opinion publique’ qu’ils ont eux–mêmes fabriquée, en faisant simplement profession de l’analyser … Délégitimation des corps intermédiaires chargés d’élaborer des positions politiques (la production d’une opinion, surtout en politique, implique une compétence et une information minimales, elle se ‘construit’), en même temps que disqualification des opinions minoritaires, dissidentes, marginales, non suivies, bref, illégitime … Les instituts de sondage sont loin d’enregistrer des ‘états’ de l’opinion. Ils contribuent surtout à faire croire qu’il existe, sur tout ou presque, une ‘opinion publique’ (si elle était vraiment publique, elle serait connue de tous, elle ne ‘surprendrait…’ ni ne ‘bouleverserait…’ personne)… Imposant une représentation de la politique en représentation publique qui est conforme à leurs intérêts de professionnels de la publicité … Imposant aux citoyens ce qu’ils doivent officiellement penser … ce que tous les citoyens, s’ils étaient vertueux, devraient penser, ou au moins manifester publiquement … pour ne pas avoir d’ennuis … L’opinion ‘officielle,’  celle qui est montrable en public (éventuellement différente de l’opinion privée qi doit rester cachée, comme en pays communiste, décalage )… Hypocrisie collectivement encouragée …. Les sondages permettent à la presse d’exprimer ses propres positions politiques, qui se trouvent comme ratifiées par le peuple. Il suffit de poser la bonne question (‘Les revendications des agriculteurs sont-elles justifiées ?’ ou ‘Les paysans se plaignent-ils trop ? ‘)… Qui pose la question livre sa vision et l’impose, les grands problèmes de société de notre temps sont les questions que les médias se posent (ou imposent). »

« Il existe une limite à l’ingérence légitime de l’opinion collective dans l’indépendance individuelle. » (John Stuart Mill) – Sans doute du temps de l’auteur. Aujourd’hui, il n’y a plus de limite à cette ingérence fabriquée.

« Et puis il y a l’Opinion, la grosse machine obèse de la télévision mongoloïde, de la téléopinion … un véritable magma de ligues en folie, le plus énorme meeting jamais vu de persécuteurs polyvalents, redresseurs de tous les torts, surveilleurs de tous les écarts, repéreurs de tous les blasphèmes, sondeurs de toutes les intentions, enregistreurs de mots de travers… » (Philippe Muray)

 « Il est logique qu’à un monde sans antagonismes, sans frontières, sans souverainetés localisées, corresponde aussi une opinion unifiée ; par rapport à laquelle le désaccord serait un crime. » (Philippe Muray)

« Les esprits automatiques. » (Nietzsche – désignant les suiveurs systématiques ou figés) – Pour les faire saliver, il suffit de prononcer le mot qui convient, comme pour appeler son chien.

« L’hyper communication est en vérité, une déliaison, un enfermement ! Toujours plus de relation virtuelle, toujours moins de lien réel … La puissance de l’opinion publique amplifie le conformisme ordinaire, propre à chaque société … La puissance de la société numérique décuple la pression exercée sur ceux qui en deviennent les cibles (tribunal du buzz dont les sentences sont sans appel). Ces dernières sont alors conduites à des exercices de contrition qui rappellent les formes médiévales d’humiliation publique ou les séances maoïstes d’autocritique. Pour n’avoir pas … on s’excuse par avance, on s’exprime par périphrase, on parle dans les catégories autorisées. » (Denis Olivennes)

« C’est l’importance du média en terme d’audience qui détermine la supériorité d’une opinion. N’importe quelle sottise cathodique émise entre vingt heure et vingt heure trente est plus crédible que la conclusion d’un colloque de spécialistes. » (Georges Picard)

« Cette vague et intangible entité … En tant qu’arbitre du goût, elle est dangereuse ; en tant qu’arbitre de de la vérité, elle est inacceptable. » (Karl Popper)

« ‘Quand aujourd’hui dévore hier et doit être dévoré par demain, l’ère des livres est fermée, c’est l’ère des journaux qui s’ouvre’ (Louis Blanc). Le changement d’échelle en vitesse, comme en grandeur, est un changement d’auditoire. C’est en même temps un changement de catégorie sociale. L’imprimé  a consacré les opinions savantes. La presse de masse consacre les opinions populaires. L’espace public de l’imprimé assure le triomphe des clercs. L’espace public médiatique assure le triomphe de l’opinion publique. » (Dominique Reynié) – Et les réseaux sociaux assurent le triomphe de la boue, des ignorants, des dénonciateurs…

« Le calife Haroun-al-Rachid des  ‘Mille et une nuits’ parcourt les rues de Bagdad sous les traits d’un humble pour connaître l’opinion de ses sujets … Sous l’Ancien Régime, les ‘mouches’ se mêlaient à la foule des rues, prenaient part aux conversations pour saisir les rumeurs, pressentir l’humeur du public, voler un secret. » (Dominique Reynié) – On faisait des sondages même avant Gallup.

« Deux sortes d’hommes méprisent l’opinion : les scélérats et les saints. » (Père Joseph Roux)

« L’opinion commune n’est jamais absolument générale ; mais comme il n’est guère agréable de jouer le rôle de briseur de mythes, à partir d’un certain degré d’extension, une opinion admise ne rencontre plus de résistance ouverte, n’ayant plus contre elle que des individus isolés. » (Alfred Sauvy – Mythologie de notre temps) – Qu’aujourd’hui la férocité de la dictature idéologique du politiquement correct supportant les intérêts dominants, impose d’exclure et d’insulter publiquement et quotidiennement. 

« Ce qu’on qualifie d’opinion commune est … l’opinion de deux ou trois personnes … qui ont commencé à l’admettre ou à l’affirmer, dont on a préjugé la compétence et le soin qu’ils ont mis à l’étudier … et qui s’est répandue par la paresse intellectuelle d’un grand nombre d’autres gens. » (Schopenhauer) – Dont, pour les premiers, on a préjugé également l’honnêteté et le désintéressement. Schopenhauer ne pouvait, de son temps, considérer le matraquage médiatique.

« Il faut nous attacher à ne pas suivre, comme des moutons, le troupeau qui nous précède. »(Sénèque)

« Jamais l’ami de l’opinion ne s’élève jusqu’à la connaissance réservée à l’ami de la vérité. » (Socrate ?)

« L’opinion n’est pas l’audience : elle en est le contraire. L’opinion a un avis et croit quelque chose … L’audience, manipulée et désindividuée, ne croit plus à rien : elle est désabusée, démotivée et même désespérée (les prétendues émissions ‘interactives’ n’étant qu’une parodie). » (Bernard Stiegler) – Mais l’intoxication est de faire croire qu’audience égale opinion.

 « L’opinion publique, très longtemps, n’a pas souhaité connaître la vérité. Par confort, elle désirait seulement entendre les voix qui la berçaient d’illusions. Après moi, le Déluge … Elle est encline à tout gober, pourvu que cela ne trouble pas son appétit de jouissance.» (Malika Sorel-Sutter – sur la duperie du front républicain) – L’opinion publique est aussi lâche que nos politiques. Donc harmonie parfaite.

« Ce n’est pas seulement contre la tradition, mais aussi contre la raison, que l’Opinion contemporaine est devenue toute-puissante. » (Gabriel Tarde) – Plus exactement qu’on l’a sciemment déformée.

« Les images s’y succèdent incohérentes, superposées, ou juxtaposées sans lien, comme dans le cerveau de l’homme endormi ou hypnotisé, et chacune à son tour y envahit le champ total de l’attention. » (Gabriel Tarde) – C’est pourquoi les pouvoirs s’empressent de trouver, d’inventer, n’importe quelle diversion pour détacher l’opinion publique qui s’est malencontreusement fixée sur un point qui ne leur convient guère.

« Le public a chez les peuples démocratiques une puissance singulière dont les nations aristocratiques ne pouvaient pas même concevoir l’idée. Il ne persuade pas ses croyances, il les impose … La foi dans l’opinion commune deviendra une sorte de religion dont la majorité sera le prophète. L’autorité intellectuelle sera différente, mais elle ne sera pas moindre, elle deviendrait aisément trop grande… Le public impose ses croyances et les fait pénétrer dans les âmes par une sorte de pression immense de l’esprit  de tous sur l’intelligence de chacun. » (Alexis de Tocqueville)

« Même en régime démocratique, l’opinion publique fait obstacle à la libre expression, conduisant les individus à adapter leurs discours aux pressions dominantes. Il est plus gratifiant pour garder ses amis, ne pas se fâcher en famille, conserver l’estime de ses collègues, avoir une promotion, de conformer son discours à ce qu’en attend l’opinion publique … ‘la falsification des préférences’. » (Michèle Tribalat – rapportant des mécanismes avancés par Timur Kuran)

«  L’opinion, c’est l’ennemi de l’art et de la culture. Chacun a le droit d’avoir la sienne, certes, mais lorsqu’on les met toutes ensemble pour établir une moyenne de leurs demandes, c’est la médiocrité qui sort du chapeau. » (Philippe Val)

« Le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion. » (Paul Valéry)

« Les pouvoirs ne sont plus là où la loi et les ans les avaient installés. Dans la médiacratie, le peuple reste souverain, mais il ne pèse plus par son vote. Il pèse par son opinion. » (François-Henri de Virieu)

« L’opinion est si bien la reine du monde, que lorsque la raison veut la combattre, la raison est condamnée à mort. » (Voltaire)

« L’opinion publique est celle de ceux qui n’ont pas d’idées. » (Oscar Wilde)

« C’est l’opinion publique qui a crucifié le Christ. » (proverbe)

« Infatuée d’une hauteur et d’une intolérance extrême. La choquer, dans ce dernier cas, c’est provoquer toutes ses foudres ; mieux vaudrait braver les colères de ‘l’agora’ et du ‘forum’ que d’irriter ce monstre à mille têtes, animé de mille fureurs. » ( ? –cité par Marc Crapez)

Ci-dessous, extraits simplifies et remaniés du livre de Patrick Champagne, Faire l’opinion – sur la production de l’opinion publique. On pourra voir également du même auteur à la rubrique Sondages, 435, 6.

« Un nouvel espace social dominé par un ensemble d’agents (marchands de sondages, politologues, conseillers en communication, journalistes…) qui utilisent des technologies  modernes (enquête par sondage…) et  donnent par là une existence politique autonome à une ‘opinion publique’ qu’ils ont eux–mêmes fabriquée, en faisant simplement profession de l’analyser … Délégitimation des corps intermédiaires chargés d’élaborer des positions politiques (la production d’une opinion, surtout en politique, implique une compétence et une information minimales, elle se ‘construit’), en même temps que disqualification des opinions minoritaires, dissidentes, marginales, non suivies, bref, illégitime … Les instituts de sondage sont loin d’enregistrer des ‘états’ de l’opinion. Ils contribuent surtout à faire croire qu’il existe, sur tout ou presque, une ‘opinion publique’ (si elle était vraiment publique, elle serait connue de tous, elle ne ‘surprendrait…’ ni ne ‘bouleverserait…’ personne)… Imposant une représentation de la politique en représentation publique qui est conforme à leurs intérêts de professionnels de la publicité … Imposant aux citoyens ce qu’ils doivent officiellement penser … ce que tous les citoyens, s’ils étaient vertueux, devraient penser, ou au moins manifester publiquement … pour ne pas avoir d’ennuis … L’opinion ‘officielle,’  celle qui est montrable en public (éventuellement différente de l’opinion privée qi doit rester cachée, comme en pays communiste, décalage )… Hypocrisie collectivement encouragée …. Les sondages permettent à la presse d’exprimer ses propres positions politiques, qui se trouvent comme ratifiées par le peuple. Il suffit de poser la bonne question (‘Les revendications des agriculteurs sont-elles justifiées ?’ ou ‘Les paysans se plaignent-ils trop ? ‘)… Qui pose la question livre sa vision et l’impose, les grands problèmes de société de notre temps sont les questions que les médias se posent (ou imposent). »

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