505,1 – Mort

– Notre seule certitude. La grande et seule égalité. Crainte ou espoir, aspiration à la quiétude.

Être réuni à ses Pères, Aller s’allonger auprès de ses Pères… Belles et éloquentes expressions, évidemment tombées en désuétude à notre époque imbécile.

– Comme la vie est bien faite, les ennuis physiologiques, l’absence de projets, la disparition de tant d’amis, parfois la remontée traîtresse de déplaisants souvenirs peu glorieux nous facilite la tâche, car c’en est une aussi que d’y consentir, et pas la moindre. Il arrive qu’elle soit attendue comme bienvenue par l’Être las d’être, saturé d’un parcours chaotique.  N’a-t-on pas déjà entendu : Il en avait assez de vivre.

– De plus, à un certain âge on en comprend l’impérative nécessité pour renouveler l’énergie, la volonté, l’enthousiasme du monde, et aussi parfois sa bêtise, peut-être aussi indispensable.

– Imaginez une vie qui n’en finirait pas. Un monde où ne se retrouveraient toujours que les mêmes.

– Ne pas laisser partir quelqu’un pour toujours sans lui avoir montré que vous l’aimiez. 

– Pour un Français trop âgé pour avoir encore l’envie de s’expatrier, c’est aussi la seule issue  vraiment efficace pour échapper à la bêtise et à la servilité généralisées.

Se battre jusqu’au bout (slogan des conseillers stupides et arrogants) : ne pas être capable d’affronter l’inéluctable, persister à se conduire comme le battant, le gagnant, le jeune ambitieux, le mannequin des publicités… dérision dans le dérisoire.

– Si les agonisants sont parfois agités, les sociétés agonisantes, elles, deviennent féroces : lois d’exception, répression, censure, exclusion, chasse aux sorcières, chantage, parfois pire encore… Les diverses cliques au pouvoir qui perdent pied et sentent qu’elles vont perdre leurs privilèges ne reculent devant rien. La sauvagerie des bêtes blessées est bien connue.

– Les proches sont parfois attristés de voir que les mourants leur manifestent peu d’affection, et se situent même en retrait. Il s’agit simplement pour eux de concentrer leur peu d’énergie et surtout de ne pas accroître leur propre peine en manifestant trop de proximité affective et donc de regret désespéré. Que les proches réfléchissent.

– « La manière de mourir dépend aussi, en grande partie, de la question de savoir si un homme a la possibilité de donner un but à sa vie et de l’atteindre, de se fixer des tâches et de les réaliser. Elle dépend de la question de savoir si le mourant a le sentiment, et dans quelle mesure, que sa vie a été bien remplie, pleine de sens, ou au contraire vide de contenu et de signification … Il est permis de supposer que la mort sera plus facile pour celui qui a le sentiment d’avoir accompli sa tâche, plus difficile pour celui qui sent qu’il a  perdu sa vie. » (Norbert Elias) – Ce n’est pas une supposition, c’est une certitude. Et ce, dés la vieillesse affirmée. La situation est encore pire pour celui qui réalise qu’il a gâché non seulement sa vie, mais gâché et parfois pourri celle d’autrui. Il n’est jamais trop tôt pour y penser et savoir qu’on payera, cher. Considérer la citation de Dostoïevski au début de la page d’accueil.

– La mort du moindre rappeur, du plus inefficace et nuisible politicard ou politicarde rassemble la meute de ses confrères dans des cérémonies médiatiques dites d’hommages, mélange de larmoiements hypocrites, de concours de nombrilisme, de semblant de cohésion d’élites malsaines…

– Dommage que Freud n’ait pas vécu assez longtemps pour voir le retour d’Halloween, quel argument pour la pulsion de mort que cet imbécile carnaval.

– Encore un mot qui a disparu de notre vocabulaire de froussards. Nous avons tellement peur de la mort que plus personne ne meurt, tous se contentent de D. C. D., de partir (où ?), de disparaître ; pouvoir révélateur des mots. « A la place de ‘décédé’ ou de ‘mort’, employer ‘disparu’, me semble saugrenu et insensé. » (Emil Cioran)

– Magnifique témoignage de la schizophrénie dans laquelle se débat notre société : d’une part consacrer tant de soins à occulter la mort, et d’autre part se livrer à des démonstrations de masse  aussi hystériques que grotesques lors du décès d’un saltimbanque, honorable sans plus, tel Johnny Hallyday, ou de l’aussi  médiocre margoulin que ne fut Jacques Chirac.

-Après une dizaine d’années passées comme visiteur dans une unité de soins palliatifs, je peux assurer qu’une reconnaissance légale de l’euthanasie, inciterait, indirectement mais insidieusement, de grands malades à demander celle-ci contre leur volonté propre mais pour échapper à l’énorme pression sociale qu’ils subiraient sournoisement. En effet, imagine-t-on les souffrances supplémentaires infligées à celui qui se sait fini, mais attend de partir et qui ne pourrait s’empêcher de penser : Je sais que je les encombre, tous, la famille , les autres proches, les soignants… Qu’ils ne peuvent s’empêcher de se demander, furtivement et honteusement certes mais évidemment, pourquoi je ne demande pas à partir de suite et de me le reprocher tout aussi quasi inconsciemment et avec la même mauvaise conscience. Ce qui n’interdit pas de fermer les yeux sur certains actes ou abstentions, comme on le fait heureusement aujourd’hui.

 – « Nous marchons sur un tapis de feuilles mortes. » (Chateaubriand – reprenant saint Augustin). Calculons le nombre de nos ancêtres. Nous avons deux parents, qui eux-mêmes en avaient deux, etc … 4 générations par siècle (reproduction à l’âge parental moyen de 25 ans), aujourd’hui c’est plutôt 3 générations par siècle, mais l’évolution est si récente … Il y a deux siècles (juste après Napoléon) nos géniteurs se comptent déjà au nombre respectable de  256 x 2 = 512 moins 2 très exactement, soit 510 … Vers 1500 (Renaissance) on atteint le million

-« La voyageuse de nuit. » (Chateaubriand)

– « La charité de la date. » (?) – De son ignorance-

-« L’être vers la mort. » (concept clef de Martin Heidegger

-« Les petits enterrements … Un vieux cheval, et tout s’arrête. La civilisation est essentiellement dans les signes : aller lentement est un signe, c’est un rite, c’est une marque de respect. Un vieux cheval fourbu qui va à pas lents sous la pluie, un corbillard de dixième classe … quelques vieilles femmes qui traînent les pieds, des hommes tête nue, des enfants en tablier noir ; mais tout s’arrête. Ils passent partout les premiers, ils ont la priorité et, si lentement qu’ils aillent, tout l’énorme boulevard aussitôt s’immobilise, aussi longtemps qu’il faut, parce que c’est la mort et la mort a droit sur la vie.  » (Charles-Ferdinand Ramuz) – Je me souviens. Il n’y a pas si longtemps, moins d’un petit siècle.  Du temps où on voyait la mort, où on la respectait, où on ne la cachait pas (même aux enfants). Nous n’étions pas encore une civilisation de peureux et de lâches.  

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« La mort est une maladie de l’imagination. » (Alain)

« La crainte de mourir est une pensée d’oisif aussitôt effacée par une action pressante … une bataille est sans doute une des circonstances où l’on pense le moins à la mort. D’où ce paradoxe : mieux on remplit sa vie, moins on craint de la perdre. » (Alain)

« La mort n’est que la manifestation d’un manque de savoir-vivre. » (Alphonse Allais)

« Je me suis toujours demandé si les gauchers passaient l’arme à droite. » (Alphonse Allais)

« Oh ! l’éternel féminin, disait le monsieur dont la femme n’en finissait pas de mourir. »(Alphonse Allais)

« Partir c’est mourir un peu, mais mourir c’est partir beaucoup. » (Alphonse Allais)

« On remarque toujours la mort des grands hommes, jamais leur naissance. » (Alphonse Allais – cité par Michel Tournier) 

« Je n’ai pas peur de mourir, mais j’aimerais autant ne pas être là quand cela m’arrivera. » (Woody Allen)

« Je ne crois pas à l’éternité, mais je prendrai quand même des vêtements de rechange. » (Woody Allen)

« Le côté positif de la mort c’est qu’on peut l’être en restant couché. » (Woody Allen)

« Dieu est mort, Freud est mort et moi-même je ne me sens pas très bien. » (Woody Allen)

« Les gens n’accordent guère d’importance à la vie ; la preuve, quand ils la perdent ils ne la réclament jamais. » (Woody Allen)

« Le monde se passera à merveille de moi. » (Henri-Frédéric Amiel)

« Entrer dans la mort comme on entre chez soi. » (Sophocle – le souhait d’Antigone)

 « Ces ‘morts’ de l’époque moderne, celle de Dieu, la métaphysique, la philosophie et, par implication, celle du positivisme… » (Hannah Arendt)

« Politiquement parlant, la sécularisation voulait simplement dire, ni plus ni moins, que les hommes étaient redevenus des mortels. » (Hannah Arendt)

« Oser parler de la mort, l’admettre ainsi dans les rapports sociaux, ce n’est plus comme autrefois demeurer dans le quotidien, c’est provoquer une situation exceptionnelle, exorbitante … La mort était autrefois une figure familière, et les moralistes devaient la rendre hideuse pour faire peur. Aujourd’hui, il suffit de seulement la nommer pour provoquer une tension émotive incompatible avec la régularité de la vie quotidienne. » (Philippe Ariès)

« Qui a  assisté, impuissant, à la mort de son enfant ne sera plus tenté de souscrire à l’orgueil prométhéen. » (Raymond Aron – après la perte d’une petite fille de 6 ans)

« Les images les plus tenaces, sinon les plus fidèles, sont souvent celles de l’enfance … tout le monde meurt jeune. » (Marc Augé)

« ‘Acta est fabula’. »  (parole prêtée à l’empereur Auguste sur son lit de mort) – la pièce, la comédie a été jouée.

« Qui ne s’épouvanterait et ne préfèrerait mourir, si on lui donnait le choix ou de souffrir la mort ou de recommencer son enfance ! » (saint Augustin)

« La terre porte les humains, comme des feuilles. Cet arbre là non plus ne dépouille jamais son vert manteau; mais regarde dessous : tu marches sur un tapis de feuilles mortes. » (saint Augustin)

« Bientôt tu auras tout oublié ! Bientôt tous t’auront oublié ! » (Marc-Aurèle)

« Il faudrait mourir comme une olive qui, parvenue à maturité, tomberait en bénissant la terre qui l’a portée et l’arbre qui l’a nourrie. » (Marc-Aurèle)

« La mort ne peut jamais être regardée en face. N’en aurait-elle pas ? » (Kostas Axelos)

« Le moribond peut facilement se consoler en se disant qu’il aurait pu ne pas naître, que sa naissance est un pur hasard, un accident biologique, et que, par conséquent, sa disparition n’est pas bien grave. » (Olivier Bardolle)

« On évoque la mort sans difficulté quand on est en forme et à la première grippe on n’en parle plus. » (Olivier Bardolle)

« Quel dommage de disparaître au moment où l’on atteint enfin le sommet de soi-même … Et néanmoins, tout le monde préfère laisser agir la nature plutôt que de prétendre à la vie éternelle. » (Olivier Bardolle)

« La perte de chaque être proche nous diminue le froid de la mort. » (Anne Barratin)

« Dieu nous a estimés en nous donnant la vie, aimés en nous donnant la mort. » (Anne Barratin)

«  Une série de souvenirs s’éveillaient dans son imagination, coupés par ces grands élans qu’excitent dans une âme les approches de la mort … Vous ne pouvez pas savoir, mon ami,  les pensées qui assiègent le lit d’un mourant. Toute mon existence est présente devant moi … Comment n’ai-je pas vu que nous pouvions nous aimer ? Lui et moi. » (Maurice Barrès – La colline inspirée)

« Les Grecs entraient dans la mort à reculons : ce qu’ils avaient devant eux, c’était leur passé. » (Roland Barthes) – Seulement les Grecs ?

« S’imaginer, le moi effacé, aboli par la mort, qu’à l’univers il manquerait … Tout au contraire, si je subsistais, avec moi la foule des autres morts, l’univers vieillirait, tous ces morts lui seraient une bouche mauvaise. » (Georges Bataille)

« J’ai de très sérieuses raisons pour plaindre celui qui n’aime pas la mort. » (Baudelaire)

« C’est la mort qui console, hélas ! Et qui fait vivre ;

« C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir

« Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,

« Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; 

« ……………………………………………………………

« C’est la clarté vibrante à notre horizon noir ;

« C’est l’auberge fameuse inscrite dans le livre,

« Où l’on pourra manger, dormir, et s’asseoir. » (Baudelaire – La mort des pauvres – Les fleurs du mal)

« Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;

« Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! »  (Baudelaire)

« On se pose des tas de questions sur le temps d’après la mort, et paradoxalement, aucune sur le temps d’avant la naissance. » (Jean Baudrillard) 

« L’exclusion qui les précède toutes et leur sert de modèle … c’est celle des morts et de la mort. On ne sait plus quoi en faire, car il ‘n’est pas normal d’être mort’ aujourd’hui … plus de lieu, ni d’espace, ni de temps, leur séjour est introuvable ; même pas parqués, volatilisés … Avec le Protestantisme, qui, en individualisant les consciences devant Dieu, en désinvestissant le cérémonial collectif, accélère le processus d’angoisse individuelle de la mort … C’est de lui aussi que surgira l’immense entreprise moderne de conjuration de la mort : l’éthique de l’accumulation et de la production matérielle, la sanctification par l’investissement, le travail et le profit qu’on appelle communément ‘l’esprit du capitalisme’ (Max Weber et ‘L’éthique protestante’) ; cette machine de salut d’où l’ascèse extramondaine s’est peu à peu retirée au profit de l’accumulation mondaine et productive, sans changer de finalité : la protection contre la mort … Avant ce tournant du XVI° siècle, la vision et l’iconographie de la mort est encore …  folklorique et joyeuse … Elle n’est pas enfouie dans la conscience individuelle (et plus tard dans l’inconscient) ;.. Cette grande fête messianique et égalitaire que fut la ‘Danse de Mort’ … tous égaux … Dernier grand moment où la mort put apparaître comme mythe offensif, comme parole collective … depuis elle cesse d’être la grande faucheuse … A l’image des biens matériels, elle ne se partage plus … L’accumulation du temps comme valeur, dans le phantasme d’un report de la mort … L’accumulation du temps impose l’idée de  progrès … Toute notre culture n’est qu’un immense effort pour dissocier la vie de la mort. » (Jean Baudrillard)

« L’immortalité fut progressive … Dans le temps, elle passe de la survie limitée à la survie éternelle. Dans l’espace social, l’immortalité se démocratise et passe du privilège de quelques uns (pharaons, puis dignitaires, initiés…) au droit virtuel de tous. Ceci est relativement récent … Vers l’an 2000 avant J. C. en Egypte … Sorte de conquête sociale. » (Jean Baudrillard)  – Rien ne va de soi.

« L’anéantissement de l’être le plus rationnel par le plus irrationnel des éléments. » (Zygmunt Bauman)

« Quand des humains trouvent la mort par milliers, j’appréhende la mienne beaucoup plus sereinement. Une mort collective me semble un peu moins triste qu’une mort individuelle, quand c’est la mienne. Qu’est ce qui rend le trépas si inacceptable, enfin le mien ? Le bout de ma vie, la fin de ma pensée, la mort de mon regard, la perte de ma conscience, le retour à un néant que je ne verrai même pas, certes. Mais surtout et avant tout, l’idée que sans moi et malgré la fin de mon moi, la vie de tous les autres continue. Si je meurs en temps normal, partout dans le monde et même dans mon immeuble, et un jour dans mon appart, on continuera de regarder la télé et de faire l’amour, et la terre continuera de tourner comme si de rien n’était. En temps de mortalité collective, modestement les choses changent. Évidemment, aujourd’hui tout ne disparaîtrait pas avec moi, mais un peu moins de mes frères humains me survivraient, et ce n’est pas pour me déplaire. Si je dois être coronaviré ce soir plutôt que disparaître de mort naturelle plus tard, je me consolerai avec l’idée que je ne serai pas seul à ne plus bander demain matin. Mourir seul est un drame insupportable, partir en bande même désorganisée, une idée plus douce. ».(Cyril Bennasar)

« Les pensées sur la mort ont généralement pour but de la rendre plus acceptable. Lucrèce … disait que ‘la mort ne me concerne pas aussi longtemps que je suis vivant et que lorsqu’elle est là, c’est moi qui ne suis plus là pour en parler’ … Un vieil ami condamné m’avait dit ‘Quand cette pensée m’attriste, j’ouvre la télévision. Ce que j’y vois m’enlève en général tout regret’. Baudouin de Bodinat dit aussi quelque chose de ce genre. » (Alain de Benoist)

« Mettre quelque chose d’important entre soi et la mort. » (Alain de Benoist) – Conseil pertinent. C’est le drame de l’entrée en maison de retraite, l’évidence que plus rien désormais ne se produira d’ici…

« Il y a des moments où la mort m’effraie, il y a des moments où elle m’attire. »  (Emmanuel Berl)

« Il n’était pas malheureux, il ne souffrait pas, mais il donnait l‘impression d’une personne qui a envie de se lever de table et s’en retient par politesse. » (Emmanuel Berl) – Approche de la mort.

« J’ai toujours pensé que la mort serait moins révoltante si elle n’était envenimée par le scrupule de n’avoir pas rendu ce qu’on avait reçu … car chacun de nous  se sent comptable de quelque chose, de pas grand-chose peut-être, mais certainement pas de rien. D’un amour, d’une amitié, d’un champ, d’une maison, d’un objet, que le destin nous a commis et dont il ne faut pas qu’on mésuse. » (Emmanuel Berl) – A plus forte raison si on sait avoir clairement mésusé (de personnes),  par désinvolture, négligence, abandon, trahison…

« Dieu me préserve d’une lassitude qui me déroberait ma mort. » (Georges Bernanos)

« A nous deux ! » (Georges Bernanos – interpellant sa mort imminente) –  « J’ai vu bien des morts. Aucune pour moi n’a été portée à ce point de  conscience. » (Père Pézeril – sur la mort de Georges Bernanos)

 « Ma vie est déjà pleine de morts. Mais le plus mort des morts est le petit garçon que je fus. » (Georges Bernanos)

« Si l’enfance existe encore en vous, gardez-la. Il est peu croyable qu’il vous en reste assez pour vous aider à vivre, mais ça vous servira sûrement pour mourir. » (Georges Bernanos)

« L’absolutisme des bons sentiments qu’exprime l’apparente sacralisation de la vie offre un contraste frappant avec ce qui se passe en cas de guerre, en matière d’avortement, pour le recours à l’euthanasie, pour la mort de nombreuses personnes faute de budget et de structures permettant de les sauver (pensons notamment aux victimes de maladie rares), et dans de nombreuses circonstances de la vie civile … Un vif contraste existe entre les sommes colossales qui sont dépensées pour faire vivre un criminel derrière les barreaux au lieu de l’envoyer « dans un monde meilleur », et la parcimonie, pour ne pas dire la ladrerie, dont nous faisons preuve pour offrir à une femme enceinte en détresse une autre solution que l’IVG ou pour développer les traitements qui offriraient un espoir à des adolescents atteints d’une maladie neurologique actuellement incurable. » (Jacques Bichot)

« Prolongation inconfortable de la peur de la mort. » (Ambrose Bierce – sur la longévité) 

« La plus belle mort est d’être tué à quatre-vingt ans par un mari jaloux. » (Francis Blanche)

« On doit le respect aux morts, dit-on. – Il est inutile de respecter les vivants, à moins qu’ils ne soient les plus forts. Dans ce cas, l’expérience conseille plutôt de lécher leurs bottes… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, LXV)

« Voir la mort en face, dit-on. – Tous les héros de roman-feuilleton sont habitués à voir la mort en face… Faut-il croire qu’aucun d’eux ne l’a jamais vue de profil ? C’est peut-être plus effrayant …Oui, on sait cela et autre chose, mais la réalité de la mort n’existe pas pour les individus qui sont dans les rentes ou la marchandise… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, CXXVI)

« On ne meurt qu’une fois, dit-on. – Autant dire qu’on ne vit qu’une fois et c’est déjà trop quand on est un imbécile ou un malfaisant, ce qui ne peut jamais être – faut-il sans cesse le redire – le cas du Bourgeois… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, LX)

« Mourir de sa belle mort, dit-on. – Le plus savant des dictionnaires nous affirme que cela signifie mourir de mort naturelle … Cela implique simplement qu’il peut y avoir des cas de mort ‘surnaturelle’, mais il paraît difficile de les préciser, surtout dans la société bourgeoise où je n’ai jamais eu l’occasion de les observer… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, XCVI)

« On dirait qu’il dort, dit-on. – Il est sans exemple qu’un pauvre corps exposé, que ce soit celui d’un bourgeois ou d’un héros ait échappé à ce lieu commun. Ce n’est pas assez de mourir, il faut encore passer par là… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, LXIII)

« Je ne veux pas mourir comme un chien, dit-on. – Il est permis de se demander, et même de demander aux autres, pourquoi un homme qui a vécu comme un cochon a le désir de ne pas mourir comme un chien… »  (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, CXLIX)

« La mort, chaque fois qu’elle survient, détruit un livre d’images. » (Christian Bobin)

« Quant  à la dignité de la personne, que l’euthanasie est censée préserver, on ne peut à la fois affirmer qu’elle est consubstantielle à l’être humain en tant que tel (déclaration des droits de l’homme) et qu’elle peut lui être enlevée par le vieillissement ou la maladie en fin de vie. » (FrançoisBonardel)

« Elle offusque tout de son ombre. » (Bossuet)

« Chacun sait qu’il mourra, mais il n’y croit pas. » (Bossuet) 

« Les mortels n’ont pas moins le soin d’ensevelir les pensées de la mort que d’enterrer les morts mêmes. » (Bossuet)

 « Il n’y a que le temps de ma vie qui me fait différent de ce qui ne fut jamais. J’entre dans la vie avec la loi d’en sortir, je viens faire mon personnage, je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître. » (Bossuet)

« Les enfants qui naissent, à mesure qu’ils croissent, qu’ils s’avancent, semblent nous pousser de l’épaule et nous dire : ‘Retirez-vous, c’est maintenant notre tour.’ Ainsi comme nous en voyons passer d ‘autres devant nous, d’autres nous verront passer, qui doivent à leurs successeurs le même spectacle. » (Bossuet – sermon sur la mort)

« C’est une étrange faiblesse de l’esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu’elle se mette en vue de tous côtés, et en mille formes diverses.  On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort …  Les mortels n’ont pas moins le soin d’ensevelir les pensées de la mort que d’enterrer les morts mêmes. » (Bossuet – sermon sur la mort)

« Ô nuit désastreuse ! Ô nuit effroyable ! où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! Madame a passé du matin au soir ainsi que l’herbe des champs. Le matin, elle fleurissait, avec quelles grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée. » (Bossuet – Oraison funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre)

« Qu’est-ce que cent ans, qu’est-ce que mille ans, puisqu’un seul moment les efface ? Multipliez vos jours… durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité; entassez dans cet espace, qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs, que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes… Que vous servira d’avoir tant écrit dans ce livre, d’en avoir rempli toutes les pages de beaux caractères, puisqu’enfin une seule rature doit tout effacer ? Encore une rature laisserait-elle quelque trace du moins d’elle-même; au lieu que ce dernier moment qui effacera d’un seul trait toute votre vie s’ira perdre lui-même, avec tout le reste, dans ce grand gouffre du néant. » (Bossuet)

« La mort a tué beaucoup trop d’hommes pour être inhumaine. » (Philippe Bouvard)

« L’enthousiasme pour l’euthanasie … On reconnaît souvent le militant pro-euthanasie au fait qu’il est lui-même en parfaite santé (même l’ADMD a son groupe de jeunes !) … L’ultime moment de notre vie qui ne soit pas encore totalement socialisé, il faudrait qu’il soit confié aux mains d’un quelconque  Comité d’éthique  statuant sur ce qu’est une vie ‘digne d’être vécue’ et une vie ‘indigne d’être vécue’ (terminologie nazie) …’Tous les êtres humains ne sont pas des personnes’ … une telle obsession traduit la profonde dépression qui a gagné l’Occident …’un climat général dépressif, voire masochiste … Une humanité fatiguée, épuisée, doutant d’elle-même et de sa propre histoire’. » (Jean-François Braunstein – citant H. T. Engelhardt, bioéthicien et Michel Houellebecq) 

« Alors qu’à l’époque médiévale chaque vivant était un mort en sursis, aujourd’hui, grâce à la science, chacun est promis à devenir un immortel en puissance ; mais que de peines, de sacrifices pour gagner quelques années et parvenir au ‘paradis’ des centenaires. Peut-être devrons-nous un jour, contre le nouveau dogme de l’immortalité, réclamer le droit de mourir, tout simplement, comme nos ancêtres. » (Pascal Bruckner)

« On le sait depuis Tolstoï (la mort d’Ivan Illich), la souffrance est une saleté et la mort une contrariété nauséabonde ; le XIX° siècle la récusait au nom de la décence, le XX° l’a refoulée au nom de la jouissance. » (Pascal Bruckner)

« Ce qu’il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qui est d’incertain. » (La Bruyère)

« La mort a un bel endroit, qui est de mettre fin à la vieillesse. La mort qui prévient la caducité arrive plus à propos que celle qui la termine. » (La Bruyère)

« Si Dieu avait donné le choix ou de mourir ou de toujours vivre, après avoir médité profondément ce que c’est que de ne voir nulle fin à la pauvreté, à la dépendance, à l’ennui, à la maladie, ou de n’essayer des richesses, de la grandeur, des plaisirs et de la santé, que pour les voir changer inviolablement et par la révolution des temps en leurs contraires et être ainsi le jouet des biens et des maux, l’on ne saurait guère à quoi se résoudre. La nature nous fixe et nous ôte l’embarras de choisir. » (La Bruyère)

« Les haines sont si longues et si opiniâtres,, que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c’est la réconciliation. » (La Bruyère)

« La mort et la peine des siens sont devenus des surnuméraires, socialement indésirables. » (Patrick Buisson) – Tellement on cache la mort.

« Jamais les obsèques n’ont autant été marquées par l’évocation sysématique de la relation personnelle que les proches ont eue avec le mort. Cette personnalisation est le signe que l’individuel est désormais plus fort que le collectif. » (Christian de Cacqueray) – Retrait du collectif, abandon des rites.

 « Sous prétexte d’adoucir l’effroi de l’homme face à la mort, notre société atténue la force de l’interpellation qu’elle représente pour lui. » (Christian de Cacqueray) – Simplifions, abrégeons…

« C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides. » (Henri Calet – deux jours  avant de mourir – cité par Martin Steffens) – Ce peut être si vrai.

« Feu Untel, c’est dire qu’Untel s’est éteint. » (Léo Campion)

« Tous les désirs humains d’immortalité contiennent quelque chose de l’aspiration à survivre. On ne veut pas seulement être toujours là, on veut être là quand d’autres n’y seront plus. Tout le monde veut finir par être le plus ancien … Ce tas de morts tout autour de lui, le survivant le regarde en heureux, en privilégié. Il vit encore, et non plus tant d’autres qui étaient encore avec lui à l’instant … Sentiment d’invulnérabilité … La passion de survivre … Le désir de vivre longtemps … signifie en réalité que l’on désire survivre aux gens de son âge. » (Elias Canetti) – Les gens âgés comprendront mieux.

« En plaçant au cœur de son programme le droit de mourir, le progressisme  trahit sa volonté de tout maîtriser. Avec ce projet sociétal, c’est l’instant de la mort dont l’homme doit pouvoir se rendre maître. C’est là une utopie dangereuse. En effet, une fois la dynamique enclenchée, nul ne sait où elle s’arrêtera et si elle ne s’étendra pas à ceux qui ne souhaitent pas mourir prématurément mais qu’une habile propagande persuadera cependant de le faire. » (Jean-Michel Castaing) – C’est évident, il n’ a qu’un gauchiste-dit-progressiste pour ne pas le voir, ou bien pire, pour le souhaiter sans bien sûr l’avouer.

« L’ultime vérité de la société occidentale contemporaine, c’est la fuite éperdue devant la mort. » (Cornelius Castoriadis – La montée de l’insignifiance)

« Je l’ai embrassé. Ainsi seulement j’étais sûr de ne pas me tromper. » (Louis-Ferdinand Céline)

« La vérité est du côté de la mort. Il faut choisir : mourir ou mentir. J’ai jamais pu me tuer, moi. » (Louis-Ferdinand Céline)

« La vraie patrie des entêtés. » (Louis–Ferdinand Céline)

« Autour du mourant, le personnel de l’hôpital se retire, ‘syndrome de fuite’. La mise à distance est accompagnée de consignes dont le vocabulaire met déjà le vivant dans la position du mort : ‘il a besoin de se reposer’, ‘laissez-le dormir’. Il faut que le mourant reste ‘calme’ et ‘en repos’…  Cette consigne met en cause l’impossibilité, pour l’entourage, de supporter l’énonciation de l’angoisse, du désespoir ou de la douleur : il ne faut pas que cela se dise. » (Père Michel de Certeau) 

« Apprendre à mourir ! Et pourquoi donc ; on y réussit très bien la première fois. » (Chamfort)

« Une femme âgée de quatre-vingt-dix ans disait à M. de Fontenelle âgé de quatre-vingt-quinze : ‘La mort nous a oublié’ –‘Chut’ lui répondit M. de Fontenelle en mettant un doigt sur sa bouche. » (cité par Chamfort)

« Comme on demandait à M. de Fontenelle quasi-centenaire ‘Comment ça va ?’  il répondit ‘ça ne va pas, ça s’en va’. » (cité par Chamfort)  

« Peut-on se faire remplacer ? » (répartie de de Champcenetz à Fouquier-Tinville requérant sa mort et qui monta à l’échafaud en plaisantant avec le bourreau)

  « Jeune on pense à la mort sans l’attendre, vieux on l’attend sans y penser. » (Maurice Chapelan)

« Pour soi, la mort n’existe pas. » (Jacques Chardonne)

« On garde sa mort pour soi. » (Jacques  Chardonne)

« Les danses s’établissent sur la poussière des morts et les tombeaux poussent sous les pas de la joie. » (Chateaubriand)

« Il est bon de se faire précéder dans la tombe du silence qu’on y trouvera. » (Chateaubriand)

« Les morts n’apprennent rien des vivants ; les vivants ont tout à apprendre des morts. » (Chateaubriand) – « Notre époque pense exactement le contraire. » (Eric Zemmour)

« Si la mort existait, il y a longtemps que le monde serait mort. » (Alphonse de Chateaubriant)

« Notre société dissimule la mort parce qu’elle n’a rien à dire sur elle. » (Pierre Chaunu)

« Les besoins vitaux ou désirs irrépressibles que la conscience de la mort fait naître en nous : – Désir de réalisation, s’inscrire non dans un ‘trajet de vie’ inéluctable mais dans un ‘projet de vie’, dans une activité créatrice. – Désir de dépassement, de nous-mêmes, sortir de notre condition ordinaire par quelque effort qui a nom ‘passion’ ; d’aventure, d’héroïsme, d’amour. – Désir de transcendance, ‘C’est par la mort que la morale est entrée dans la vie’ (Chateaubriand), sans l’épreuve des souffrances et de la mort, jamais nous n’aurions eu l’idée de Dieu, ni même pensé à une quelconque transcendance. » (François Cheng)

« La mort : le sublime à la portée de chacun. » (Emil Cioran)

« La nature en quête d’une formule susceptible de contenter tout le monde, a fixé son choix sur la mort, laquelle, c’était à prévoir, ne devait satisfaire personne. » (Emil Cioran)

« Si l’aspiration à la gloire prend de plus en plus une forme haletante, c’est qu’elle s’est substituée à la croyance à l’immortalité. » (Emil Cioran)

« Il n’est personne dont, à un moment ou l’autre, je n’ai souhaité la mort. » (Emil Cioran)

« Si loin s’étend la mort, tant elle prend de place, que je ne sais plus où mourir. » (Emil Cioran)

« Tant d’amis et d’ennemis, qui nous portaient un égal intérêt, disparus l’un après l’autre. Quel soulagement ! Pouvoir enfin se laisser aller, n’avoir plus à craindre leur censure ni leur déception. » (Emil Cioran)

« On meurt depuis toujours et cependant la mort n’a rien perdu de sa fraîcheur. » (Emil Cioran)

« Au fond de soi, chacun se sent et se croit immortel, dût-il savoir qu’il va expirer dans un instant. On peut tout comprendre, tout admettre, tout réaliser, sauf sa mort, alors même qu’on y pense sans relâche et que l’on y est résigné. » (Emil Cioran)

« C’est le propre des gens normaux que de considérer la mort comme surgissant de l’extérieur, et non comme une fatalité inhérente à l’être. » (Emil Coran)

« Quiconque ne meurt pas jeune s’en repentira tôt ou tard. » (Emil Cioran)

« La dame au front baissé. » (Paul Claudel)

« La mort, notre très cher patrimoine. » (Paul Claudel)

« On ne se prépare pas à la mort, on se détache de la vie. » (Paul Claudel)

« La mort est une formalité désagréable, mais tous les candidats sont reçus. »(Paul Claudel)

« Je suis en pourparlers avec la mort, je pèse ses propositions. » (Paul Claudel)

« La mort ne m’aura pas vivant. » (Jean Cocteau)

 « Quatre Français sur cinq meurent à l’hôpital. N’y allez jamais ! » (Coluche)

« On songera peut-être à la mort un jour, mais pas tout de suite, d’abord il faut changer de voiture. » (Christian Combaz)

« Je croyais comme chacun qu’il réclamait plutôt la nôtre (la compassion), mais au contraire il faisait tout pour la décourager … L’âge venu, on ne se retire pas seulement afin d’éviter d’être gêné devant les autres. Il s’agit aussi de ne pas devenir, pour les autres, un sujet de gêne … A le regarder, on pouvait douter qu’il faille vraiment un entourage à ceux qui vont mourir et parfois je me demandais s’il ne souhaitait pas que je quitte sa chambre pour songer à moi en paix … Quand la plupart de ses élèves et de ses amis s’écartèrent à sa demande. » (Christian Combaz) – Sur l’étrange retrait, indifférence, et même rejet, des mourants qui surprend tant leurs proches. Il s’agit notamment pour l’Être de ne pas accroître sa propre peine.

« La passion (au sens chrétien de mort) est ce que l’on subit, elle représente donc le contraire de la liberté ; et cependant … le fait de s’y résoudre, constitue le degré ultime dans l’affirmation de la liberté. » (Christian Combaz)

« On ne rencontre pas souvent des hommes dont l’âme, protégée par l’armure impénétrable de la résolution, est prête à livrer jusqu’au bout une bataille perdue d’avance. Le désir de paix devient plus fort à mesure que l’espoir décline, et il finit même par éteindre le désir de vivre. Lequel d’entre nous n’a pas observé cela, n’en a pas même peut-être fait personnellement l’expérience : l’extrême lassitude des émotions, la vanité de l’effort, l’aspiration au repos. Ceux qui ont coutume de lutter contre des forces aveugles connaissent bien ce sentiment. l.es naufragés dans leur canot, les voyageurs perdus dans le désert, les hommes en guerre contre la puissance inconsciente de la nature ou la brutalité stupide des foules. » (Joseph Conrad)

« La mort éleva (la pensée humaine) du visible à l’invisible, du passager à l’éternel, de l’humain au divin. » (Fustel de Coulanges – cité par Robert Redeker)

« Si ta nature est d’aimer, va chez les morts et aime-les. » (Créon  à  Antigone)

« Le rideau de protection face à la mort que constitue la génération des parents, disparaît plus tard, ce qui retarde d’autant le moment où les adultes cessent véritablement d’être des enfants. » (Guillaume Cuchet)

« On redoute plus désormais la dégradation physique et psychique inhérente au grand âge que la mort elle-même, comme on peut en juger au vu de la littérature sur Alzheimer ou nos discussions sur la fin de vie. » (Guillaume Cuchet)

« L’imprévisibilité de la mort ayant beaucoup diminué, ce serait plutôt sa trop grande prévisibilité qui nous angoisse désormais. » (Guillaume Cuchet) 

« Si nombre de gens ont peur de la mort, la mort elle ne craint personne. » (Pierre Dac)

« Comme le constate Epicure, la mort ne nous concerne en rien, puisque nous ne sommes plus là, lorsque ‘elle’ ‘est’ là. » (Maurice G. Dantec)

« Combien de temps la sacralité de la vie ou le respect de la mort peuvent-ils résister à la dé-ritualisation des fins de vie, à l’évacuation des cérémonies et cortèges funéraires, à l’escamotage des agonies à l’hôpital, aux enterrements à la sauvette ? … Le culte du circuit court risque de court-circuiter les processus de mentalisation et symbolisation de la vie qui peuvent freiner la barbarie, à défaut de l’éteindre.» (Régis Debray)

« Le haut clergé catholique s’appropriait le défunt ‘ad majorem dei gloriam’. Le clergé cathodique l’annexe pour sa propre glorification … les survivants sont convoqués à exhiber leur peine  en public. » (Régis Debray – sur les pluies d’hommages, sur les lamentations et les pleurs de crocodiles)

« Le 22 août 1914, vingt mille soldats français sont morts au front en vingt-quatre heures, le président de la République n’est pas sorti de son bureau … Nous sommes déconcertés par le nombre de victimes – involontaires – d’une pandémie. Nous rentrons la tête. On nous parle alors de guerre et d’union sacrée. Nos amnésiques ne mesurent pas leurs éléments de langage. Ils oublient ce qu’est une union sacrée pour de vrai – mille immolés par jour en moyenne de 1914 à 1918. D’un siècle l’autre, en France, la mort a changé de visage. Le prix de la vie s’est envolé … S’en réjouir. » (Régis Debray)

« L’homme religieux et l’homme idéologique, avaient pour ainsi dire apprivoisé leur propre mort. Car chacun sacrifiait volontairement des aspects de son existence à la promesse de la durée éternelle ou immortelle … Au-delà de la finitude … Au nom de l’espérance spirituelle, de l’espoir social ou de la survie d’une œuvre … Leur vie signifiait. » (Chantal Delsol)

« D’autant que je croyais que sa dernière heure, elle ferait soixante minutes, une durée normale, quoi ! » (Raymond Devos)

« J’aime l’air de l’Agonie,

« Parce que je sais que c’est vrai –

« On ne feint pas les Spasmes,

« On ne simule pas les Affres. » (Emily Dickinson)

« Qu’est-ce qui se cache, est misé, dans le curieux pari qui consiste à laisser quelque chose comme une œuvre après la mort ? … Forme de l’énigme humaine que cette impossibilité de partir sans laisser quelque chose. Rien ne la justifie, pas même l’anxiété propre à l’homme, la conscience   de la mort, et pourtant ça persiste, contre toute évidence, contre toute raison, toute dérision … Derrière l’espoir en un avenir consolateur, outre un relent de naïf paradis dont les mêmes ne voulaient plus entendre parler s’il venait de la religion, on sent que l’artiste croit benoîtement échapper à la commune condition … il croit vraiment que l’Histoire finit toujours par être juste. » (Jean-Philippe Domecq) – Souci d’œuvre à laisser surtout vrai pour les livres. 

« On craignait en lui donnant la mort de lui rendre service plutôt que de lui nuire. » (un contemporain de saint Dominique)

« Les morts ont de la chance ; ils ne voient leur famille qu’à la Toussaint. » (Pierre Doris)

« La mort est devenue scandaleuse. Un pied de nez insupportable à nos efforts de guérison, de jeunesse éternelle, d’instantanéité des mondes virtuels et fantasmés. » (Anne Dufourmantelle)

« Ce n’est pas contagieux, la mort, c’est héréditaire. » (Joël Egloff)

« L’homme des sociétés primitives s’est efforcé de vaincre la mort en la transformant en rite de passage. Pour les primitifs, la mort en vient à être considérée comme la suprême initiation, comme le commencement d’une nouvelle existence spirituelle. » (Mircea Eliade)

« La gêne que les vivants éprouvent en présence d’un mourant. Bien souvent, ils ne savent pas très bien quoi dire … La tradition sociale pourvoit moins qu’autrefois l’individu en locutions stéréotypées, en modes de comportement établis d’avance … et les hommes sont plus nombreux qu’autrefois à éprouver une certaine gêne à s’en servir. Pour beaucoup … les formules rituelles de la société ancienne, qui facilitaient la maîtrise des situations critiques de la vie, sonnent faux et creux … La ‘déformalisation’ nous rend particulièrement méfiants à l’égard des rituels et des formules établies des générations antérieures … On ne peut plus les employer mécaniquement … Une timidité considérable engendre l’incapacité d’exprimer  des émotions violentes (au XVII° siècle, les hommes pouvaient encore pleurer en public, aujourd’hui, seules les femmes  encore). » (Norbert Elias – La solitude des mourants)

« Le penchant à la solennité dont on entoure les funérailles et la mort, l’idée qu’il faut faire silence autour des tombes, parler à voix basse dans les cimetières … autant de symptômes des efforts  à demi inconscients que font les vivants pour établir une distance entre les morts et eux, pour reléguer cet aspect devenu gênant de l’animalité humaine aussi loin que possible, dans les coulisses de la vie ordinaire (imagine-t-on laisser des enfants jouer dans un cimetière ?). » (Norbert Elias)

 « En raison de l’allongement de la durée de vie, il est possible de repousser l’idée de la mort pendant la plus grande partie de la vie … L’idée du caractère implacable des processus naturels est adoucie par le fait qu’ils sont contrôlables, dans certaines limites. Aujourd’hui, plus qu’autrefois, on peut espérer différer sa mort … Explications de l’ampleur du refoulement social de la mort. Comme également le fait que les gens meurent seuls, ce qui n’était pas le cas jadis, ne serait-ce qu’en raison de l’exiguïté des logements, où on mourait. Les enfants ne voient plus de cadavres. » (Norbert Elias)

« Les progrès de la pacification interne de nos sociétés, le rapprochement notable du seuil de gêne face à la violence aboutissent à une antipathie parfaitement sensible quoique tacite des vivants à l’égard des mourants … Car, le fait de mourir, sous quelque angle qu’on l’envisage est un acte de violence. » (Norbert Elias)

«  La manière de mourir dépend de la question de savoir si le mourant a le sentiment, et dans quelle mesure, que sa vie a été bien remplie, pleine de sens, ou au contraire vide de contenu et de signification … Il est permis de supposer que la mort sera plus facile pour celui qui a le sentiment d’avoir accompli sa tâche, plus difficile pour celui qui sent qu’il a  perdu sa vie. » (Norbert Elias) – Et même avant, plus difficile sera celle de vieillir. – « C’est de la manière dont on a employé la jeunesse que dépend le sort de l’extrême vieillesse. » (Stendhal) – « Heureux celui qui n’aura pas à se repentir de son fragment de vie ! » (Johann Gottfried Herder) – « Reconnaître que vous vous êtes trompé jusqu’au bout, accueillir l’humiliation extrême d’avoir manqué votre existence de part en part. » (Fabrice Hadjadj)

« Le moyen âge pouvait se permettre de représenter la mort car alors la Résurrection lui faisait face. » (Jacques Ellul)

« Je vis pour je ne sais quel temps, Je viens je ne sais d’où, Je suis je ne sais qui, Je meurs ne sais quand, Je vais je ne sais où, Je m’étonne d’être aussi joyeux. » (épitaphe de Martinus von Biberach– cité par Clément Rosset)

« Car il n’est si beau jour qui n’amène sa nuit. » (épitaphe sur le tombeau d’un chevalier – cité par Chateaubriand)

« Ci-gît ma femme. Ah ! Qu’elle est bien pour son repos et pour le mien. » (épitaphe attribuée à Jean Marot, père de Clément)

« Excusez-moi pour la poussière. » (Dorothy Parker – épitaphe souhaitée pour son incinération – cité par Roland Jaccard)

« Bon débarras. » (épitaphe imaginé par Roland Jaccard pour lui-même)

« J’ai ôté aux mortels de prévoir leur trépas. » (Eschyle – Prométhée enchaîné)

« On meurt pour une cathédrale. Non pour des pierres. On meurt pour un peuple. Non pour une foule. On meurt par amour de l’homme, s’il est clef de voûte d’une Communauté. On meurt pour cela seul dont on peut vivre. » (Saint-Exupéry)

« Le métier de croque-mort n’a aucun avenir. Les clients ne sont pas fidèles. » (Léon-Paul Fargue)

« Ta mort est la condition qui précède ton existence … son fondement vrai et effectif … ton existence n’est, en effet possible, qu’à la condition de ta mort. » (Ludwig Feuerbach)

« L’époque où il était jeune, où la mort était un beau risque à courir, non une échéance. » (Alain Finkielkraut – sur une personne âgée)

« Apprenons à manifester notre amitié à un homme de son vivant, plutôt qu’après sa mort. » (Francis Scott Fitzegald – Gatsby, le magnifique)

« Les morts ne nous tiennent pas, nous les tenons. Ils ne nous possèdent pas, nous pouvons faire d’eux ce que bon nous semble. » (Alain Finkielkraut) – Leur faire dire ce qui nous arrange.

« Enterrement. – A propos du défunt : ‘Et dire que je dînais avec lui il y a huit jours’. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Quand une fois on a baisé un cadavre au front, il vous en reste toujours sur les lèvres quelque chose, une amertume infinie, un arrière-goût de néant que rien n’efface. » (Flaubert)

« Un malheureux appelait tous les jours – La mort à son secours – ‘O mort, lui disait-il, que tu me semble belle !’- La mort crut, en venant, l’obliger en effet – Que vois-je ! cria-t-il, ôtez-moi cet objet – N’approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi. » (La Fontaine – La mort et le bûcheron)

« Un pauvre bûcheron – Lui font d’un malheureux la peinture achevée – Il appelle la mort ; elle vient sans tarder – Lui demande ce qu’il faut faire – C’est, dit-il, afin de m’aider – A recharger ce bois – Le trépas vient tout guérir – Mais ne bougeons d’où nous sommes – Plutôt souffrir que mourir. » (idem)

« Je voudrais qu’à cet âge – On sortit de la vie ainsi que d’un banquet – Remerciant son hôte et qu’on fit son paquet – La mort ne surprend point le sage – Il est toujours prêt à partir – S’étant su lui-même avertir… » (La Fontaine – La mort et le mourant)

« Ah ! C’est trop, lui dit-il : je voulais bien mourir – Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. » (La Fontaine – Le lion devenu vieux)

« Je sens une difficulté d’être. » (réponse de Fontenelle, centenaire sur le point de mourir, à son médecin – cité par Jean Cocteau)  

« Notre sœur la mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper. » (saint François d’Assise – Cantique des créatures)

« Loué sois-tu pour notre sœur la mort. » (saint François d’Assise) – Ce qu’ont dû penser beaucoup d’agonisants et, même avant, de vieillards.

Dans le travail de deuil, la perte d’un être cher est compensée par : « l’ensemble des satisfactions narcissiques qu’il y a à rester en vie. » (Sigmund Freud)

« Personne au fond ne croit à sa propre mort … Nous mettons régulièrement l’accent sur la cause occasionnelle (De quoi est-il mort ?) de la mort, accident, maladie, infection, grand âge, et ainsi nous trahissons notre aspiration à rabaisser la nécessité de la mort au rang d’un accident fortuit. » (Sigmund Freud)

« L’individu contemporain, l’individu hypermoderne, est celui qui vit un temps sans mort … Etrangère à l’horizon proche avant l’âge de 40 ou 50 ans … L’être humain n’est plus un être pour la mort pendant la plus grande partie de son existence, il ne l’est plus subjectivement … Il vivra sa mort sans s’en rendre compte et sans l’avoir jamais regardée en face, et comme un scandale qui n’avait aucune raison de se produire … Nouvelle donnée de base de la condition humaine. » (Marcel Gauchet) – « C’est le rapport à la finitude auquel se trouvait confronté le sujet qui se trouverait désormais refoulé, voire nié … Quelque chose de profondément angoissant aujourd’hui dans l’idée d’une finitude qui, n’étant plus accompagnée, soutenue par la religion ou … par la tradition, n’étant plus ritualisée ni symbolisée, se voit brutalement imposée. » (Claudine Haroche)

« Si la peine de mort n’a plus aucun sens, c’est parce que la vie humaine n’en a plus, l’assassinat étant accepté de plus en plus comme ‘mode d’expression’ courant … La vie humaine s’est dévalorisée, elle a perdu son caractère sacré, être pour ou contre la peine de mort  dans une civilisation de sang ne veut plus rien dire. En abolissant la peine de mort, on reconnaît simplement que depuis Staline, Auschwitz et le terrorisme sous toutes ses formes, il existe le droit de tuer. » (Romain Gary)   

« Durant des siècles, il s’est agi, passé cinquante ans, de méditer sur l’éclairage que la mort projetait sur la vie. La retraite, le couvent. Depuis des années, il s’agit d’empêcher la question de se poser. » (Charles de Gaulle)

« Depuis longtemps je suis prêt à me présenter devant le Créateur … Mais, est-il prêt, Lui, à cet affrontement ? » (Charles de Gaulle) – Oui, Charles, Il était prêt à vous demander quelques comptes, l’a-t-Il fait ? 

« La mort a ceci de bon, c’est qu’on peut se fier à elle. » (Jean Giraudoux)

« L’enfant que nous étions, nous reconnaîtra-t-il ? C’est lui qui viendra, à l’heure dite,  au plus profond de notre solitude, au plus poignant de notre solitude, nous accompagner dans la mort. Nous aider à faire le dernier pas. » (Emmanuel Godo)

« Combien d’hommes meurent dans un homme avant sa mort ? » (Edmond et Jules de Goncourt)

« Tu es poussière et tu retourneras poussière. Pour une femme de ménage, c’est dur comme idée à accepter. » (Jean-Marie Gourio – Brèves de comptoir)

« Rien ne nous vieillit comme la mort de ceux que nous avons connus depuis notre enfance. Je suis aujourd’hui plus vieux d’un mort. » (Julien Green) 

« Car le propre de la mort est bien moins de nous rendre spectateurs d’une farce que nous nous étonnons d’avoir jamais pu prendre pour une tragédie, que de nous faire perdre tout intérêt pour ce qui continue de se jouer. » (Nicolas Grimaldi) .

« C’est à travers le deuil que nous découvrons ce que l’autre était en réalité. Pendant sa vie, nous n’avons jamais connu qu’une partie de son être ; le reste était caché par son masque … Et tant n’a pas été tiré au clair, tant n’a pas été dit ! » (Père Anselm Grün) – Il faut souvent des années, et de nombreuses, pour savoir, enfin, qui, il, elle, était.

« La mort est chose trop sérieuse pour être confiée à des publicitaires qui promeuvent des fêtes permanentes sans raison autre qu’elles-mêmes ».(Damien Le Guay – La face cachée d’Halloween) – Sur cette hideuse machine à soutirer le fric des imbéciles dérangés.

« Dans la mort, les plus à plaindre sont ceux qui restent, dit-on. Bon, demandez-leur donc de changer. » (Lucien Guitry)

« L’homme, cet animal enterrant ses morts, s’interrogeant, n’a rien appris d’essentiel sur le mystère de la vie, après trois cent milliards d’expériences, qui sont celles des morts humains. » (Jean Guitton)

« Alors que les sociétés dites primitives se déploient autour de rituels qui intègrent sans cesse la mort à la vie, notre société dite civilisée s’efforce de n’y pas penser, et régresse donc en deçà du primitif. L’homme des cavernes fait figure de ‘gentleman’ auprès de l’homme moderne : il révérait les morts et s’inquiétait de l’au-delà. » (Fabrice Hadjadj)

« Le décès de François Mitterrand qui ensevelit la France sous un nouveau débordement d’immaturité journalistique et d’unanimisme préfabriqué … La quasi-totalité des journalistes consacra à l’événement des heures d’antenne dévotes et des flots d’encre révérencieux. » (Serge Halimi) – D’ailleurs les Français aiment se rassembler pour faire semblant de pleurnicher, même et surtout quand il s’agit de nullités. Peuple de veaux (voir obsèques de Johnny Halliday et de Jacques Chirac ; encore le premier avait-il du talent).

« Quand vous sentez les autres vous mentir, c’est que vous êtes perdu. » (Jean-Edern Hallier)

« Le lit est bien plus dangereux que l’auto : quand on voit le nombre de gens morts au lit. » (Jean-Edern Hallier)

« La mort, si nous voulons nommer ainsi cette irréalité. » (Hegel)

« De même que la force est toujours susceptible de devenir faiblesse, le suicidaire type peut à l’inverse transformer son apparente faiblesse en une force et un appui … Métamorphoser cette tendance en une philosophie propice à la vie. L’idée qu’il disposait à tout instant de cette issue de secours était tellement ancrée en lui que cela lui donnait de la force, le rendait curieux de goûter à certaines souffrances… » (Hermann Hesse – Le loup des steppes)

« ‘Anéantir en sa propre personne le sujet de la moralité, c’est chasser du monde, autant qu’il dépend de soi, la moralité. ‘(Kant) … Bon argument et sans doute le seul (contre le suicide). Il n’y a que le sens du devoir qui puisse réellement nous maintenir en vie. Concrètement, si l’on souhaite se doter d’un devoir pratique, on doit faire en sorte que le bonheur d’un autre être dépende de votre existence ; on peut par exemple essayer d’élever un enfant jeune, ou à défaut acheter un caniche. » (Michel Houellebecq)

« Ce qui me dégoûte, c’est que l’on veuille mourir dans la dignité. Et il me dégoûte encore plus que des parlementaires s’apprêtent à faire une loi pour m’y obliger : je ne veux pas mourir dans la dignité. » (Michel Houellebecq – cité par Marc Cohen) « Il paraît qu’une grande majorité des Français est favorable à cette évolution du droit, et qu’ils veulent presque tous mourir dans la dignité, munis des sacrements de la république … Quand les affaires d’euthanasie font la une, c’est qu’on a voulu faire d’un drame intime une affaire de portée universelle … Avant de se donner ou de  se faire donner la mort, le moureur dans la dignité fait un livre, il passe à la télé, il écrit au président de la république. Il a son quart d’heure de célébrité … Même s’il n’a pas fait grand-chose de sa vie, au moins il a fait quelque chose de sa mort … Il ne faut pas qu’il soit mort pour rien diront les membres de son association … Il ne fera pas bon être pauvre, moche et gravement malade, dans un hôpital en fin de vie du 9-3… » (Marc Cohen) – Critique un peu excessive, il y a quand même des cas d’acharnement ou de négligence…

« A soixante ans, un homme commence à disposer les plis de son linceul. » (Victor Hugo) – Aujourd’hui, vingt ans plus tard.

« Le mourant privé de sa propre mort, voilà le terminus où notre époque bringuebalante a choisi de s’arrêter … La chambre du moribond n’est plus une espèce de lieu public … Obligation pour les mourants de jouer les candides moribonds dans une comédie bourgeoise figée dans le quiproquo et la surprise feinte. Les agonisants font semblant de ne pas mourir, les survivants de ne pas souffrir. » (Roland Jaccard)

« Il est troublant que l’avortement, qui engage une autre vie, soit considéré en France comme un acquis, alors que l’euthanasie qui ne concerne que le suicidaire soit soumise à de telles restrictions. » (Roland Jaccard) – Et un paradoxe de plus à mettre au compte de notre société.

« Couperet de non-être suspendu au-dessus de l’être. » (Vladimir Jankélévitch)

« ‘Je sais que je mourrai, mais je ne le crois pas’. Je le sais, mais je n’en suis pas intimement persuadé. Si j’en étais persuadé, tout à fait certain, je ne pourrais plus vivre. » (Vladimir Jankélévitch – citant Jacques Madaule)

« Entre la certitude du fait et l’incertitude de la date s’engouffre l’espérance indéterminée. » (Vladimir Jankélévitch)

« Dans la mesure où je la pense, je ne suis pas dedans, je suis dehors.  Je suis dedans en tant que je vais mourir, mais en tant que le pense ma mort, je ne suis pas dedans, mais dehors. » (Vladimir Jankélévitch)

« Quand disparaissent vos parents, disparaît la dernière barrière psychologique. Après, c’est votre tour. Ce qui n’est pas une idée très plaisante… » (Vladimir Jankélévitch)

« L’attitude de l’Eglise est une attitude au fond rassurante, même quand elle affole ou inquiète le croyant, ou quand elle annonce les peines éternelles. Elle est rassurante, en ce sens qu’il y a un au-delà qui diffère de l’en-deçà évidemment … Vous êtes sur une terre inconnue,, mais sur une terre, vous ne la connaissez pas encore. Vous partez pour un grand voyage… » (Vladimir Jankélévitch)

« C’est la mort, en fin de compte, qui est le sérieux de tout aléa, le tragique en tout sérieux, et l’enjeu implicite de toute aventure. » (Vladimir Jankélévitch) 

« L’immortalité n’est raisonnable que de loin, quand on pense à l’absurdité de l’anéantissement ; et le fait de l’anéantissement n’est incontestable que de loin, quand on pense à l’impossibilité de la survie … Aussi n’est-il pas exagéré de dire que l’inintelligibilité du néant est notre plus grande chance, notre mystérieuse chance. » (Vladimir Jankélévitch)

« C’est une angoisse de quelque chose d’irreprésentable, une expérience qui n’a jamais été faite, que l’on fait pour la première et la dernière fois, la première étant aussi la dernière. C’est l’accession à un ordre tout à fait différent ou à rien du tout … C’est le passage à l’absence de forme. » (Vladimir Jankélévitch)

« Un rocher ne meurt pas, une fleur en étoffe ne se fane jamais. » (Vladimir Jankélévitch) – Ce qui ne meurt pas ne vit pas – « Ce qui vit est ce qui peut mourir. » (Jean Wahl)

« La catastrophe la pire de la civilisation est à cette heure possible parce qu’elle se tient dans l’homme, mystérieusement agissante, rationalisée, enfin d’autant plus menaçante que l’homme sait qu’elle répond à une pulsion de la mort déposée en lui. La psychonévrose du monde est parvenue à un degré avancé qui peut faire craindre l’acte de suicide. La société se ressouvient de ce qu’elle était au temps de saint Jean ou à l’an mille : elle attend, elle espère la fin. » (Pierre-Jean Jouve)

« Le sapiens en sait trop long, il a cessé d’être disait Nietzsche ‘attaché court au piquet de l’instant’, comme la vache dans un pré qui a l’éternité devant elle, car elle ne sait rien du temps. » (Lucien Jerphagnon)

 « Notre départ est plus aisé lorsque tout est en ordre. » (Ernst Jünger) – Et ce n’est pas rien.

« La conquête de la mort agie, de la mort choisie, de la mort volontaire est l’ultime étape de l’invention d’un corps neuf. » (Hervé Juvin – L’avènement du corps)

« L’une des manifestations du peu de respect que notre époque réserve à la mort sont ces cérémonies funèbres des personnages en vue qu’on peut suivre à la télévision. L’hommage au défunt y passe à l’arrière-plan, le devant de la scène étant accaparé par la cohorte des vaniteux qui voient là une excellente occasion de paraître, de se pavaner devant le public. » (Karel Kosik) – Public de Gogos en plus.

« Toutes les statistiques indiquent que le risque de mourir dans un lit d’hôpital est trois fois plus élevé qu’à la maison. D’où d’après Coluche, il ne faut surtout pas aller à l’hôpital quand on est malade. » (Hubert Krivine) – Ce biais des populations étudiées, ce mélange de deux populations (les gens en général et les malades) dont l’une est biaisée porte le nom, chez les statisticiens, d’effet Coluche. 

« Il faut avoir au moins une certitude : celle de pouvoir rester maître de sa mort et de pouvoir en choisir l’heure et le moyen. Avec cette certitude, tu peux supporter bien des choses. Tu sais que tu pourras leur échapper quand tu voudras. » (un personnage de Milan Kundera – La valse aux adieux)

 « Si la tombe est fermée avec une pierre, c’est qu’on ne veut pas que le mort revienne. La lourde pierre lui dit ; ‘Reste où tu es’. » (Milan Kundera)

« Les nuages orangés du couchant éclairent toute chose du charme de la nostalgie : même la guillotine. » (Milan Kundera)

« L’homme ne sait pas être mortel. » (un personnage de Milan Kundera – L’immortalité)

« L’exaltation de la vie biologique comme valeur suprême est ‘inhumaine’ en ce sens qu’elle traduit un refus de notre condition de mortel … Le projet occidental de mort à la mort est radical et exclusif. Le combat de la vie pour la vie est véritablement totalitaire et exige un abandon total des pratiques sociales d’intégration du négatif, mort, misère, malheur, maladie… » (Serge Latouche)

« L’accumulation infinie des œuvres est un substitut fantastique de l’immortalité. » (Serge Latouche)

« L’aisance avec laquelle les vieillards s’entretiennent avec la mort tient au fait que l’univers de leur jeunesse est mort avant eux et qu’ils n’ont plus rien de cher à abandonner. » (Jacques Laurent) 

« Cela  a tout de même plus de sens de mourir au combat qu’en tombant d’une échelle. » (un légionnaire)

« C’est en toi que je veux m’étendre,

« M’éteindre et me dissoudre,

« Mort, où mon âme aspire ! » (Charles van Lerberghe)

« Comment vivre si la mort terrifie et ne console pas, si elle n’est pas un ‘portique ouvert sur les Cieux inconnus’, mais un ‘Non absolu’ un ‘Plus-jamais-plus-rien’. » (Emmanuel Levinas – citant Baudelaire et Jankélévitch)

 « Ce n’est pas par l’amour que les hommes sont égaux, mais par la mort … La mort égalise : grâce à elle, autrui existe. » (Benny Lévy)

« C’est chose singulière que nous parlions tant de notre persistance après la mort et si peu de notre préexistence avant la naissance. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« La mort d’un homme de talent m’attriste toujours, puisque le monde en a plus besoin que le ciel. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« On croit regretter beaucoup ses anciens soi-disant amis qu’on a vu disparaître avec assez de sang-froid. C’est soi-même qu’on regrette. » (prince de Ligne)

« L’individu, enfermé dans son ghetto de messages, affronte désormais sa condition mortelle sans aucun appui transcendant (politique, moral ou religieux) … il en va de la mort et de l’âge comme de la douleur, c’est leur non-sens contemporain qui en exacerbe l’horreur. » (Gilles Lipovetsky)

« Le rapport à la mort tend à se recycler dans la logique du droit subjectif et des options libres. » (Gilles Lipovetsky – à propos de la demande d’euthanasie)

« La mort n’est pas seulement la fin de la vie, elle en est le remède. » (Littré)

« La thématique de la domination résulte de la dénégation de la mort. Cette mort que l’on n’intègre pas on la reporte sur ces boucs émissaires que sont les créatures ‘d’en bas’. » (Michel Maffesoli)

« Différences entre les civilisations qui ensevelissent leurs morts et celles qui les incinèrent. Les premières expriment par là le souci de durer dans le temps. L’ensevelissement est comme une sorte de négation, ou de dénégation de la mort … Simulacre d’une vie qui perdure … le tombeau, sorte de résidence secondaire que l’on va orner … y laisser de la nourriture … Par contre, l’incinération prend acte que ce qui est fini est bien fini. La caducité est affirmée et constitue même, sous forme de cérémonies adéquates, une exaltation de la finitude. » (Michel Maffesoli) – Notons que l’Eglise catholique reconnaît l’incinération, à condition que ce ne soit pas par défi bravache (et infantile) à la religion, à l’espoir d’une vie éternelle…

« La vision apocalyptique d’une fin du monde, avec ses cataclysmes énormes …  est d’une certaine façon rassurante, parce qu’elle permet de surmonter l’angoisse de sa propre mort par l’image d’une mort universelle … C’est notre mort individuelle, solitaire et oubliée dans le vacarme des choses, qui verse l’effroi dans nos cœurs. Être inclus dans un même destin, fût-il terrible, permet de se sentir moins seul. » (Claudio Magris)

« L’homme est né lorsque pour la première fois, devant un cadavre, il a chuchoté : Pourquoi ? » (André Malraux)

« Pour détruire Dieu, et après l’avoir détruit, l’esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s’opposer à l’homme : parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé devant le corps de sa maîtresse, il ne trouve que la mort. Avec son image enfin atteinte il découvre qu’il ne peut plus se passionner pour elle. Et jamais il ne fit d’aussi inquiétante découverte. » (André Malraux – la tentation de l’occident)  – Dois-je comprendre que, Dieu mort, il ne reste à l’homme que la mort ? 

« Chacun d’entre nous porte, gravé sur les rides du front, son monument aux morts personnel. » (Hélie de Saint Marc) – Il s’édifie certainement plus tôt pour des guerriers comme l’auteur, même s’il vient aux autres  plus tardivement.

« ‘La peine de mort, c’est la seule chose qui ne s’achète pas’, écrivait un auteur du XIX° siècle. C’est pour ça qu’on l’a supprimée. Et remplacée par la mort économique. » (François Marchand – Plan social) – Encore une finesse pour bien ancrer la civilisation marchande.

« L’expression ‘mort naturelle’ est charmante. Elle laisse supposer qu’il existe une mort ‘surnaturelle’ , voire une mort ‘nature’. » (Gabriel Matzneff)

« A l’approche de la mort ne craint point de terreur ; c’est simplement la fin d’une histoire. » (François Mauriac)

« Pour la première fois, j’entends Quelqu’un venir. » (Charles Maurras – à la veille de sa mort – On sait que Maurras, de naissance,  était très dur d’oreille)  

« Nous croyons être affligé de la mort d’une personne, quand c’est la mort seule qui fait impression sur nous. » (Sénac de Meilhan)

« Nous ne savons plus transmettre ce qu’est la mort. C’est pourtant … une question essentielle. Et nous ne savons plus la transmettre parce que nous ne savons plus ce que c’est. Non seulement nous ne savons plus ce que c’est, mais, de plus en plus, nous la considérons comme étant de l’ordre de l’accident. » (Charles Melman)

« Rien de tel avant, rien de tel après ; Dieu ne recommencera point. Il en viendra d’autres sans doute ; le monde, qui ne se lasse pas, amènera à la vie d’autres personnes, meilleures peut-être, mais semblables, jamais, jamais. » (Jules Michelet – sur la mort de Louis d’Orléans, mais sur n’importe quelle mort) – Caractère unique de chaque être.

« Le spectre de la fin qui obsède le monde occidental ; d’où la haine que voue celui-ci à tout ce qui lui rappelle qu’il est mourant … D’où l’hébétude du présent… » (Richard Millet – La solitude du témoin)

« Changeons la mort ! » (une militante pour l’euthanasie) – Ambitieux programme.

« Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C’est la seule chose qui ne s’achète pas. » (un personnage de Stendhal, Mathilde de la Mole)

« On ne meurt qu’une fois, et c’est pour si longtemps. » (Molière – Le dépit amoureux)

« Le sentiment de déréliction d’un homme qui se découvre plus que jamais voué à la mort dans un univers où celle-ci n’a plus de  sens. » (Thomas Molnar)

« Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive. » (Montaigne)

« La mort ne nous concerne ni mort ni vif ; vif parce que nous sommes, mort parce que nous ne sommes plus. » (Montaigne)

« Qui a appris à mourir a désappris à servir. Le savoir mourir nous affranchit de toute subjection et contrainte. » (Montaigne)

« Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. » (Montaigne – cité par Natacha Polony)

« Que tout disparaisse, puisqu’il va disparaître ; qu’il ne laisse rien et n’ait rien à regretter. » (Henry de Montherlant – sur le nihilisme destructeur de certains mourants – Le chaos et la nuit)

« L’homme qui va mourir ou s’adoucit ou se durcit. » (Henry de Montherlant)

« Tous nos morts remontent en nous pour y mourir une seconde fois » (Henry de Montherlant) 

« La notion de vitesse est née de la notion de progrès … Un des aspects de la peur de mourir … Vivre vite, c’est duper le sort, c’est vivre plusieurs fois ; les gens réagissent ainsi : puisque la mort c’est l’immobilité, le mouvement c’est la vie … Se fuir soi-même, la vitesse en soi, comme moyen de ne pas penser et d’éviter ainsi un certain nombre de douloureux problèmes inconscients et de complexes cachés. Délit de fuite… » (Paul Morand – réflexion sur les Etats-Unis )

« La mort n’est probablement qu’une différence de pression entre le milieu extérieur et le milieu intérieur ; quand l’extérieur devient plus fort, on crève. » (Paul Morand – L’homme pressé)

« Oui, je me tuerais ; pour atteindre dans la mort cette pureté qui m’avait manqué dans ma vie. »(Alberto Moravia)

« Mourir, avait-il pensé, était peut-être le seul plaisir que la vie avait réservée aux hommes. » (Alberto Moravia)

« La dissolution de la question de la mort dans la réponse festive ; ou dans son exhibition carnavalesque … Pour s’en débarrasser, on la clownifie. Ainsi l’inhumain rejoint l’inhumain. » (Philippe Muray) – Le lamentable Halloween.

« Les dialogues des morts ont été pendant des siècles un genre littéraire parmi les autres. Plutôt inoffensif en général. S’il a tourné au sérieux brusquement avec le XIX° siècle c’est qu’il a rencontré en chemin les enthousiasmés du progrès (les socialistes) … Pour dialoguer avec les morts il faut traditionnellement descendre aux enfers. » (Philippe Muray)

« Il faut se séparer de la vie comme Ulysse s’est séparé de Nausicaa – en la bénissant plutôt qu’en étant amoureux d’elle. » (Nietzsche)

« La mort est la plus fine plaisanterie de Dieu. » (René de Obaldia)

« La grande affaire de la vie, c’est la mort. La vie est là quelques années, la mort est là pour toujours. » (Jean d’Ormesson)

« La mort, s’Il n’existe pas perd beaucoup de son charme. S’Il existe, quels délices. » (Jean d’Ormesson – sur Dieu) – Forçant peut-être un peu sur l’optimisme.

« Vieillir est la seule façon de ne pas mourir. » (Jean d’Ormesson) 

« ‘Mourir au monde’ et ‘mourir  soi-même’ ; l’énorme différence entre ces deux types de mort,  entre une mort-création et une mort-destruction. La première est analogue à une guérison spirituelle, c’est-à-dire à un travail de déstructuration de tout ce qui en chaque homme est structuré et cherche sans cesse à se restructurer en fonction des mécanismes du désir. Proust cite saint Jean ‘si le grain ne meurt après qu’on l’a semé, il restera seul ; mais s’il meurt, il portera beaucoup de fruits’. » (Christine Orsini – reprenant les thèses de René Girard)

« Peut-être un homme meurt-il vraiment quand son cerveau s’arrête, quand il a perdu l’aptitude à enregistrer une idée neuve. » (George Orwell – sur les propagandistes, hommes changés en orgue de barbarie qui vous moud de de la propagande.) – Le gang politico-médiatique est alors, suivant cette définition, plein de morts-vivants.

« C’est dans une période de stabilité, une période où la civilisation semble tenir puissamment sur ses pattes … qu’une notion comme celle de la vie après la mort est sans importance. La mort n’a rien d’effrayant quand les choses auxquelles vous tenez vont vous survivre. » (George Orwell) – Vu le chaos actuel, on comprend la trouille de la mort de nos contemporains.

« Il est plus facile d’avoir son bac, le concours d’inspecteur de police ou l’agrégation de lettres que de se suicider. Le taux de réussite est en dessous de huit pour cent. » (Martin Page)

« Notre façon d’accueillir la mort dit mieux que tout le reste de nos actions ce que nous sommes ; la fin de La Boétie est de celles qui honorent l’espèce humaine ; la mort venant avant son heure fut rarement acceptée et embrassée de meilleure grâce. » (Prévost-Paradol – sur la mort de l’ami de Montaigne, contée par celui-ci)

« L’homme sait qu’il meurt. » (Blaise Pascal) – Caractéristique de l’humain.

« Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste ; on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais … Faisons tant que nous voudrons les braves : voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde. » (Blaise Pascal)

« La mort est plus aisée à supporter sans y penser, que la pensée de la mort sans péril. » (Blaise Pascal)

« La mort ? Pourvu que je vive jusque-là ! » (Jean Paulhan)

« Dieu même a craint la mort. » (Charles Péguy)

« La complexité et la richesse symbolique des rites funéraires dans de nombreuses sociétés traditionnelles s’efforcent de façon délibérée d’exorciser l’horreur de la mort et, en réconciliant les vivants et les morts, d’apaiser la culpabilité des uns et la colère des autres …La société occidentale d’aujourd’hui, qui est soucieuse avant tout de l’accumulation des biens, accélère le processus d’individuation, abandonne l’homme à ses fantasmes mortifères et mortiphobes, celle du proche et de la sienne ; ne pouvant y échapper, il la refuse ; ne pouvant l’éviter, il en devient l’instrument. Par un curieux paradoxe, une telle société ne peut que mépriser la vie (en dépit de ses proclamations contraires) et entraîner sa propre mort … En Afrique, le scénario communautaire correspond à une véritable prise en charge collective du travail de deuil, ce deuil que l’Occidental affronte seul, enfermé dans un débat où la culpabilité le dispute au désespoir de la perte radicale … Le tabou de la mort et l’appauvrissement des cérémonies d’ensevelissement et de deuil iront de pair avec une angoisse accrue de la mort et du néant. » (Evelyne Pewzner)

« La conception linéaire du temps donne à la frustration et à l’échec une dimension dramatique et à la faute la marque de l’irréparable … rendant sans doute plus aiguë l’angoisse du temps qui passe, plus âpre le désir d’appropriation, plus radicale et désespérante toute séparation. La représentation de la mort se rattache en Occident à toute la pensée dualiste : Vie et mort sont antagonistes. » (Evelyne Pewzner)

« La mort est un bien pour tous les hommes ; elle est la nuit de ce jour inquiet qu’on appelle la vie. » (Bernardin de Saint-Pierre)

« Comment nous-y prenons nous pour tenir notre mort à la fois pour certaine et pour improbable ? » (Jean-Bertrand Pontalis)

« Un jour nous sommes conduits à aimer morts ceux auxquels, vivants, notre affection ainsi libérée aurait pu causer une immense joie. Mais nous ne les connaissions pas, ni nous-même, ni personne. » (Robert Poulet) – Vains regrets.

« Untel est mort. Pourquoi irais-je à son enterrement puisque je suis sûr qu’il n’ira pas au mien ? » (Jacques Prévert)

« Je ne vous quitte pas, je vous précède. » (Rancé – à la veille de sa mort  – cité par Chateaubriand)

« L’enfouissement souterrain des morts et autres procédés analogues doivent être considérés aujourd’hui avec une grande probabilité comme des moyens par lesquels le vivant a voulu se garantir contre les morts … La peur de ce mort qui, matériellement ou immatériellement, continue de vivre, crée des rites qu’il faut comprendre comme des mesure préventives contre son retour … ‘Mettre le mort dans l’incapacité absolue de faire le revenant’. » (Otto Rank) – Tumulus de pierres…

« « Un motif qui trahit un certain rapport entre la crainte de mourir et la disposition au narcissisme, est le désir de rester toujours jeune … L’idée de se perdre soi-même est insupportable à l’homme, c’est cette idée qui lui rend la mort si terrible … C’est l’amour pour son propre moi, pour le moi central de son individualité, qui l’enchaîne à la vie. » (Otto Rank) – Alors notre société, imposant la jeunesse jusqu’à quatre-vingt-dix ans, est imprégnée de narcissisme. Ce dont on se doutait.

« La croyance primitive en l’âme n’est au début rien d’autre qu’une sorte de croyance à l’immortalité, qui donne à la puissance de la mort un démenti énergique. L’idée de l’âme est née de l’idée de l’immortalité … Aujourd’hui encore elle n’est pas devenue beaucoup plus et constitue le contenu principal de notre croyance à l’âme … L’idée de la mort a été rendue supportable par l’intervention du Double, dont le rôle est d’assurer une autre vie après celle-ci. » (Otto Rank)

« ‘Toute nature aspire à sa mort’ … C’est vrai dans le même sens où saint Paul dit : je désire être dissous ; en ce sens que comme toute créature aspire chaque jour au sommeil, qui renouvellera ses forces épuisées, elle aspire en somme au sommeil final, passage nécessaire à une vie nouvelle … L’immolation du présent au profit de l’avenir, la mort pour la vie. » (Félix Ravaisson – citant et reprenant Léonard de Vinci)

« Rien ne signale aussi bien la caducité du progrès ainsi que l’effondrement de la religion progressiste que cette omniprésence de l’insupportabilité de la mort … L’agonie du progressisme équivaut à la mise en lumière de ce dont toutes les religions avaient protégé l’homme, jusqu’ici, l’insupportabilité de la mort ‘nue’ … Un grand récit (au sens de François Lyotard) organise l’insupportabilité de la mort, le progressisme fut le dernier de ces grands récits. » (Robert Redeker)

« L’immortalité biotechnique ne nécessiterait aucune vertu, elle s’achèterait … Ce n’est plus l’effort spirituel qui ouvre sur la vie sans arrêt, c’est la carte de crédit … nous ne pouvons voir dans cette pseudo-immortalité l’utopie d’une autre vie. Elle ne promet rien du tout. Si ce n’est la continuation de la vallée des larmes … Exfiltrer la mort, c’est commencer à quitter l’humanité … Vivante biologiquement, cette humanité serait morte humainement . » (Robert Redeker – sur le transhumanisme)

« J’ay vécu sans nul pensement

« ……………………………….

« Et si m’étonne fort pourquoy

« La mort daigna songer à moy

«  qui n’ay daigné penser à elle. » (Mathurin Régnier)

« Maladies : les essayages de la mort. »(Jules Renard)

« Nous avons tous quelqu’un que notre mort ‘arrangerait’. » (Jules Renard)

« Il y a des moments où j’ai envie de mourir ; alors la mort ça m’est égal. » (Jules Renard)

« La mort est douce, elle nous délivre de la pensée de la mort. » (Jules Renard)

« La mort de vieillesse a disparu de la nomenclature et des actes de décès, parce que la mort doit toujours avoir une cause précise qui laisse entendre qu’elle n’est pas une manifestation de notre caractère mortel, mais une défaillance que l’on aurait pu prévenir ou que l’on saura demain traiter. » (Olivier Rey)

« Sur quelles libertés les populations ne sont-elles pas disposées à transiger, quelles sujétions ne sont-elles pas prêtes à accepter, pour fuir devant cette terreur, avec laquelle plus aucun rite ne permet de composer ? » (Olivier Rey)

« Ce n’est pas la peur du non-être qui détourne Hamlet du suicide, mais la peur d’être cloué à ses cauchemars, pour l’éternité … La tragédie de la mort : le virement de la liberté en destin, le figement irrémissible de l’existence, la nécessité d’en assumer à jamais la charge, l’horreur du définitif … La mort est source d’angoisse non parce qu’elle précipiterait dans le néant, mais précisément parce qu’elle n’y précipiterait pas : ne faisant que river le sujet à perpétuité à ce qu’il a été, sans porte de sortie, sans pouvoir de désertion, sans espoir de mourir. » (Olivier Rey)

« Nous mourons tous quelque part dans l’inachevé. » (Rainer Maria Rilke) 

« Le temps du dernier couac. » (Arthur Rimbaud)

« Nos morts, après que nous serons morts, ne seront plus les morts de personne. » (Philippe de Saint Robert)

« Rien ne prouve davantage combien la mort est redoutable que la peine que les philosophes se donnent pour persuader qu’on la doit mépriser. » (La Rochefoucauld)

« Sous prétexte de pleurer la perte d’une personne qui nous est chère, nous nous pleurons nous-mêmes ; nous regrettons la bonne opinion qu’il avait de nous ; nous pleurons notre diminution… » (La Rochefoucauld) 

« Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement. » (La Rochefoucauld)

« Cette ivresse d’éloignement qui précède et facilite le suicide. » (Pierre Drieu  la Rochelle)

« Je serai sous la terre, et fantôme sans os,

« Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; » (Ronsard)

« Autrefois, avant la grande guerre, la vie ou la mort d’un homme n’était pas encore chose indifférente. Quand quelqu’un disparaissait du nombre des vivant, un autre ne prenait pas immédiatement sa place pour faire oublier le mort,  il restait un vide où il manquait … Il en était ainsi en ce temps-là … Les maçons travaillaient lentement … Tout ce qui grandissait avait besoin de beaucoup de temps pour grandir, tout ce qui disparaissait avait besoin de beaucoup de temps pour se faire oublier. Tout ce qui avait existé un jour avait laissé des traces et l’on vivait alors de souvenirs comme l’on vit aujourd’hui de la faculté d’oublier vite et définitivement. » (Joseph Roth – La marche de Radetzky)

« S’il est expédient à l’Etat que tu meures, tu dois mourir. » (J. J. Rousseau – cité par Philippe Val) – Rousseau le saint patron des idéologues révolutionnaires.

« Entre le ‘vive la mort’ des anarchistes, et le ‘à bas les morts’ de la société moderne… » (Dominique de Roux)

« La mort est un rendez-vous avec soi : il faut être exact au moins une fois. » (André Ruellan – cité par Clément Rosset)

« Ce doit être un des désastres de la mort, cette découverte des pensées secrètes de ceux que l’on a aimés. » (Armand Salacrou)

« Si l’homme moderne fait peu de cas de la survie, c’est avant tout parce qu’il nie l’essence et l’être de la mort … Par sa façon de vivre et le type même de ses activités, il la refoule de la zone claire de sa conscience, au point de la réduire à cette simple connaissance abstraite qu’il mourra … Il ne voit plus clairement sa mort devant lui, il ne vit plus ‘en présence de la mort’. » (Max Scheler)

« On ne saurait trouver dans la disparition des phénomènes d’expression (qui permettent de la comprendre) une raison de penser qu’elle (la personne) ne survit pas. » (Max Scheler)

« Cette conscience du pouvoir, de la capacité qu’a notre esprit de réaliser plus que ne nous permettent les conditions et les moyens terrestres, voilà une des garanties suprêmes et intuitivement évidentes  d’une survie. Le déclin de cette croyance traduit donc toujours une moindre conscience du pouvoir de l’esprit. » (Max Scheler)

« Les ‘Upanishads védiques’ donnent cent ans pour la durée naturelle de la vie, et avec raison, à mon avis ; en effet, j’ai remarqué que ceux-là qui dépassent quatre-vingt-dix ans ont le privilège de mourir sans maladie, sans apoplexie, sans convulsions, sans râle, quelquefois même sans pâlir, le plus souvent assis, après leur repas : il serait plus exact de dire qu’ils ne meurent pas, ils cessent de vivre seulement. A tout âge antérieur à celui-là, on ne meurt que de maladie, donc prématurément. » (Schopenhauer) – Ce que dit bien l’expression : il, elle, s’est éteint, éteinte.

« Tout ce qui a été avant nous, c’est la mort. Quelle importance, en effet, de ne pas commencer ou de finir puisque dans les deux cas on en arrive au même point : le non-être ! … Il t’a été donné de vivre ? Il te reste à mourir. » (Sénèque)

« La mort ne m’impressionne pas, j’ai même l’intention bien arrêtée de mourir un jour. »(G. B. Shaw)

« On peut vouloir mourir pas seulement parce qu’on a du bon sens, du courage ou des malheurs, mais aussi par lassitude. » (Sénèque) – Cette phrase souvent entendue : Il, Elle, en avait assez de vivre.

Peu à peu dans la conscience contemporaine la mort devient le mal absolu, le vide-poches de tout ce qui est haïssable, l’ennemi numéro un. »(Christiane Singer)

« La mort, ‘exaltatrice’ de vie, force qui active, exalte et sublime ! Sans elle, nous ne saurions pas combien la vie est précieuse … Une fois accepté le fait que la mort ne s’excise pas comme une tumeur du tissu vivant de notre vie mais qu’elle lui est consubstantielle, le pas principal est franchi. Les énergies prisonnières de la peur, du rejet, de l’indignation devant le sort sont alors libérées… » (Christiane Singer)

« La mort à deux vitesses : celle des 500.000 enfants irakiens victimes d’un génocide planifié par ceux-là mêmes qui pleurent leurs 3.000 morts dans les décombres du World Trade Center. » (Alain Soral)

« Wittgenstein disait, non sans sérieux, que l’immortalité serait au moins aussi énigmatique que la condition mortelle … Il est probable que la vie immortelle serait menacée, non par la mort, mais par la répétition et l’ennui, qui autant que la mort ruinent le sens … La répétition et le sentiment de satiété et de dégoût qui affecteraient sans doute une vie immortelle. » (Monique Canto-Sperber) – L’immortalité ici-bas, l’horreur.

« Le seul examen que personne n’ait jamais raté. » (cité par André Comte-Sponville)

« Une mort individuelle, c’est une tragédie ; un million de morts, c’est une statistique. » (Staline – cité par ?)

« Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme : c’est la seule chose qui ne s’achète pas. » (Un personnage de Stendhal – Le rouge et le noir)

« Si la mort n’était pas, il n’y aurait au monde rien de plus misérable que l’homme. » (Le Tasse) – Certes persécuté, ayant traîné une vie misérable, mais les vieux comprennent.

« Les Anciens disaient … que le combustible s’est consumé mais le feu peut être transmis et il est en fait impossible de le voir s’éteindre. » (Tchouang Tseu)

« Partons, c’est l’heure ! » (sainte Thérèse d’Avila)

« Je ne savais pas ce que c’était, mais je pensais que peut-être j’allais mourir et mon âme était inondée de joie. » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus) – Dans l’attente du Ciel.

« Les misères de la vie sont les circonstances atténuantes de la mort. » (Edmond Thiaudière)

« C’est presque toujours au moment que nous nous résignons à la vie que nous la perdons. » (Edmond Thiaudière)

« Le hasard est plus clément qu’on ne croit. Combien de fois avons-nous dû frôler la mort sans nous en douter. » (Edmond Thiaudière)

« C’est une grande simplificatrice que la mort, elle réduit tout à rien pour nous. » (Edmond Thiaudière)

« Planifier sa mort est dans l’air du temps …. Nous croyons traiter les mourants suivant leurs désirs. Mais ces désirs, c’est nous qui les fabriquons, car la valeur qu’ils attachent à leur vie dépend de l’image que nous leur en donnons. » (Paul Thibaud – sur l’euthanasie)

« Les êtres que la mort laisse indifférents ou attire sont de deux espèces : les malades, les blasés, les impuissants qui sont  descendus assez bas vers la mort-néant, et les héros et les saints qui sont montés assez haut vers la mort-plénitude. Les premiers sont prêts à mourir parce qu’ils n’ont plus d’attaches et les seconds parce qu’ils n’ont plus de limites. » (Gustave Thibon)

« Je n’aurais pas la force de faire un pas de plus sur cette terre si je savais que j’y dois marcher toujours : ‘C’est la mort, hélas, qui console et qui fait vivre’.» (Gustave Thibon – citant Baudelaire)

« Oubliez-vous qu’une des caractéristiques des époques de décadence, c’est l’invraisemblable prolongation des agonies ? On ne meurt pas brutalement on passe sa vie à mourir. Des individus, des institutions cachectiques s’éternisent. La mort est plus loin des agonies d’aujourd’hui que des santés d’hier. » (Gustave Thibon) – A comprendre sur les collectivités.

« Mort de l’homme constatée et homologuée par les sciences dites humaines. A l’homme de Pascal ‘qui sait qu’il mourra’, succède l’homme de l’existentialisme, du structuralisme ou de la psychanalyse qui sait qu’il est mort. Juste assez vivant cependant pour dresser son acte de décès. Un suicide grimé en mort naturelle. Monde de fantasmes : plus la densité diminue, plus la chute s’accélère. La psychologie contredit la physique. » (Gustave Thibon)

« Tout ce qui en toi refuse de mourir est indigne de vivre. » (Gustave Thibon)

« La préparation à la mort exige une marge de santé, de tranquillité, de sécurité. La pente douce invite à méditer sur les horizons invisibles, la pente abrupte les voile. »   (Gustave Thibon)

« Je ne veux ni de la résurrection ni de l’éternité s’il faut les payer par l’oubli. Je refuse une béatitude qui me ravirait la mémoire. Les instants éternels vécus ici-bas doivent, par définition, surnager à toutes les mutations, fussent-elles transfigurations. Une éternité sans passé serait comme amputée d’elle-même. » (Gustave Thibon)

« Ce naufrage est notre port, cette dissolution nous rend à l’unité. » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Art subtil de discerner l’heure au-delà de laquelle on a assez vécu, c’est-à-dire où l’on sera plus proche des êtres aimés morts que vivant … Nonagénaire depuis hier. Je ne ‘réalise’ pas. A force d’être revenu de tout, je me sens, devant tout, comme un nouveau-né … Se sentir chaque jour descendre irréversiblement et ne désirer à aucun prix revenir en arrière. Pas de pire image de l’enfer que le mythe nietzschéen de l’éternel retour … Extrême vieillesse : une durée stagnante et veuve de tout devenir (enfin). » (Gustave Thibon)

« Je voudrais mettre quelque temps entre ma vie et ma mort. » (Turenne – cité par Paul Morand)

« Nouvelle de ma mort fort exagérée. » ( (télégramme de Mark Twain au directeur du journal qui avait annoncé sa mort)

« Si la mort t’épouvante, pourquoi ne considère-tu pas avec effroi ta ‘dé-mort’, ta naissance. » (Miguel de Unamuno)

« L’homme est adossé à sa mort comme le causeur à la cheminée. » (Paul Valéry)

« Elle nous parle d’une voix profonde pour ne rien dire. » (Paul Valéry)

« La mort n’est au fond que l’impossible ; l’idée que nous en avons est composée de sa certitude et de son impossibilité. » (Paul Valéry)

« Une chose inimaginable et qui se met dans l’esprit sous les formes du désir et de l’horreur tour à tour. » (Paul Valéry)

« Les civilisations sont mortelles … mais elles ne meurent pas à la manière des hommes. La décomposition chez elles précède leur mort, au lieu qu’elle suit la nôtre. » (Paul Valéry)

« Savoir mourir, le plus aristocratique des savoir-vivre. » (Jean de La Varende)

« La pensée de la mort nous trompe, car elle nous fait oublier de vivre. » (Vauvenargues)

« Sans la mort, il n’y aurait pas de vie, pas d’enfantement, pas d’éveil, pas de renouvellement, pas d’accomplissement. » (Dominique Venner – sur le refus de l’immortalité offerte par Calypso à Ulysse)

« De même qu’une journée bien remplie nous vaut un sommeil heureux, une vie bien employée nous assure une mort heureuse. » (Léonard de Vinci) – Exact, même si le terme mort heureuse ?

« Toute nature aspire à sa mort. » (Léonard de Vinci) – Qui peut comprendre avant XX annés ?

« Il faut aimer beaucoup la vie pour aimer encore davantage la mort. » (Simone Weil)

« Vivre immortel,

« Quel effroi ce serait ! » (Frank Wedekind) 

« Je n’ai pas peur de la mort, ce qui me terrifie c’est l’approche de la mort. » (Oscar Wilde)

« J’ai trouvé pire que la mort, la vulgarité. » (Oscar Wilde)

« Ce papier peint est décidément trop laid pour moi, un de nous deux doit disparaître. » (Oscar Wilde – dans la chambre d’hôtel parisien minable où il se savait mourir)

« Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris. » (Wolinski)

« Le christianisme est d’abord une religion de la mort. Elle est par excellence la religion de la mort car elle annonce, et c’est la première bonne nouvelle, que la mort tue la mortalité. Le christianisme est une religion de l’Incarnation, et le contraire d’une religion de la réincarnation …  Le christianisme dit en effet que nous n’aurons pas à mourir à plusieurs reprises … à subir une perpétuelle errance … Le christianisme réunit l’âme et le corps dans une individualité unique, l’unicité de l’être … religion de l’individualité. » (Paul Yonnet)

« Quiconque est sage et a vécu assez longtemps pour assister aux changements de modes, de morales, de politiques devrait être parfaitement satisfait de se lever de son siège et de dire : ‘C’était un bon spectacle’ pendant que le rideau tombe. » (Lin Yutang)

« Car il n’est si beau jour qui n’amène sa nuit. » (épitaphe sur le tombeau d’un chevalier – cité par Chateaubriand)

« La mort, c’est pour toute la vie ? » (réflexion d’un enfant)

« Sois en règle un jour avant ta mort, aujourd’hui donc. » (proverbe)

« Jadis, quand une célébrité mourait, on nous parlait d’elle, de ce qu’elle avait fait, de ce qu’elle avait manqué. Aujourd’hui, on ne nous cite que les ‘tweets’ des éminences (présidents, ministres, artistes…) qui en profitent pour que l’on parle d’eux, une fois de plus. » ( ? – approx.)

«Voilà qui est insupportable. Si au moins notre mort pouvait coïncider  avec celle de l’espèce. Si au moins nous ne devions pas mourir en solitaire. » (?– cité par Roland Jaccard)

« Nous croyons être affligés de la mort de quelqu’un, alors que c’est la seulement la mort qui nous fait impression. » (?)

« Tant que nos parents vivent on a l’impression d’être immortel. » (?)

« Il est malaisé de faire vivre un homme qui ne veut pas mourir. » (?)

« Rien n’est plus vrai qu’une oraison funèbre : elle dit exactement ce que le défunt aurait dû être. » (?)

« L’ennui avec ces choses là, c’est qu’on en a si peu la pratique. » (?)

« La mort n’est pas contagieuse, elle est héréditaire. » ( ?)

« Mort naturelle, y-a-t-il des morts surnaturelles ? » (?)

« Dés qu’on dit feu machin, c’est que machin s’est éteint. » (?)

« Mourir, c’est la dernière chose à faire. » (?)

« Ce qu’il y  a de pire dans la mort, c’est son anticipation. » (?)

« Il fait ses paquets. » (?) – Il s’apprête à…. 

« La vie, nul n’en sort vivant. » (?)

Ci-dessous, extraits simplifiés du livre de Robert Redeker, L’éclipse de la mort.

« La mort figure la condition biologique de la perpétuation de l’espèce …  La mort, sa conscience, privilège de l’humanité … Exfiltrer la mort, c’est commencer à quitter l’humanité … ‘Le vivant est l’être pour la mort, l’être-au –devant-de-la mort’ (Martin Heidegger), il tire son être de son rapport à la mort … Selon Rainer Maria-Rilke, outre sa face tournée vers nous, la mort possède une ‘face invisible’ et ‘détournée de nous’ … Elle est ce qu’il y a de plus personnel et de plus anonyme puisque ce destin est la loi qui frappe chaque vie … Le vide de la mort effraie autant que le supposé vide des espaces infinis qui terrorisait Pascal … Religions et philosophies sont les machines à produire le sens exigé par l’angoisse … L’annulation matérialiste de la mort , ‘la mort n’est rien pour nous’ (Epicure) répond au non-sens avoué de la mort … Cependant ce non-sens figure la source du sens et des valeurs. C’est parce que nous sommes pressés par elle … que s’institue une hiérarchie des valeurs qui se réduit finalement à un ordre des priorités … Immortels, tout serait équivalent, s’annulerait, rien ne serait prioritaire, tout serait toujours possible … Selon Lacan, sans la certitude de mourir, supporterions-nous de continuer cette vie, la vie ? … De même qu’il a peu à peu … supprimé tous les rites initiatiques de passage … l’homme contemporain agit comme s’il était prêt à supprimer le passage initiatique suprême, le chas de la mort …  Le sanitarisme envahissant, l’inquiétant fanatisme sanitaire, expriment aussi la montée en puissance de la vie au détriment de tout ce qui vaut … Les soldats sans doute, sont dans notre monde, les derniers hommes à s e préparer encore à la mort … avec les curés de l’Eglise catholique et les moines, ils sont les derniers hommes véritables … Témoignant d’un désastre anthropologique, d’un processus maladif de  décivilisation et de l’éclipse de la mort,  le souhait poltron de nos contemporains de trépasser sans s’en rendre compte … Si nous n’avions à mourir, cette chance d’être né, ce contre-inconvénient, serait inconcevable … Euphémisation de ’mourir’ par ‘partir’ (terme qui semble renvoyer à un acte de volonté), la mort n’a plus de maison dans les mots, expression de la peur des mots qui tenaille nos contemporains, refus du négatif … La mort ne se contente pas de nous délivrer du Moi, ce qui est déjà beaucoup … Sans la mort il n’y a rien, pas de monde humain, il n’y a ni famille, ni société, ni patrie, ni culture, ni sans doute amour … Il n’y a que le néant. »

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