075,4 – Méchants

– Les autres. L’Evangile nous recommande de ne pas essayer d’arracher l’ivraie par peur d’enlever le bon grain avec. Cela, sans doute, ne veut pas dire ne pas veiller et punir, cela veut au moins dire que l’homme doit se méfier de ses jugements, de ses colères comme de ses indulgences, de ses impulsivités, de lui-même.

– L’Histoire donne trop d’exemples de ce déchaînement de violence contre un supposé mal par un mal bien supérieur encore ; la tentative prométhéenne de séparer le bon grain de l’ivraie suppose une clairvoyance, un discernement, une maîtrise de soi-même et un désintéressement dont l’homme, fût-il le meilleur, ne saurait disposer.

– Tel que vu par les media, le méchant n’est plus l’assassin, mais le raciste, individu qui s’est accru systématiquement il y a quelque temps de la triste qualité d’antisémite, fréquemment de celle de misogyne, plus récemment encore de celle d’homophobe (on voit même déjà apparaître d’odieux lesbophobes), et en attendant qu’un journaliste génial ait trouvé un terme bien sonnant et condensé  pour celle de harceleur  sexuel, individu fréquemment en plus d’extrême droite … On frémit devant un tel cumul, en se demandant quelle abomination peut bien encore manquer à cette panoplie qui liquéfie de peur les braves gens. Jusqu’où ira l’ignominie ?

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« Indifférents aux dommages causés à autrui et, le plus souvent, y prendre du plaisir … Pas ou peu de remords ni de culpabilité, ou alors de manière tardive et modérée. Bien en dessous, en tout cas, des dommages infligés … Confusion entre victimes et agresseurs … Les interdictions à agresser et à nuire à autrui ne les retiennent pas si leurs intérêts sont en jeu … Ayant une piètre estime d’eux-mêmes, les pervers sont soulagés de rabaisser les autres. Ne sachant pas se rendre heureux, ils sont apaisés lorsqu’ils peuvent nuire au bonheur des autres. » (Christophe André)- On reconnaît les brutes qui hantent nos cités et qui sont encouragées par les média et  par les belles-âmes-bien pensantes-bien pourries. 

« Ce qui me parut beaucoup plus grave ce fut la découverte que les enjeux de cette guerre et de toute guerre future n’étaient plus territoriaux ou nationaux, autrement dit égoîstes, mais qu’ils avaient changé de nature, qu’ils étaient devenus métaphysiques,  dangereusement métaphysiques. » (Maurice Bardèche – à propos de la Seconde guerre mondiale) – On sait qu’il n’y a pas de pire barbare, de plus sadique bourreau, de plus abject tortionnaire que celui qui prétend agir au nom du bien.

« Être bon avec un méchant, c’est de l’art pour l’art. » (Anne Barratin)

« On n’est jamais excusable d’être méchant, mais il y a quelque mérite à savoir qu’on l’est. Le plus grand vice est de faire la mal par bêtise. » (Baudelaire)

 « Si je ne reconnais pas quelque chose qui s’impose à moi comme à tout autre, je suis libre d’être méchant comme de dire qu’il est bon d’être méchant … Les scélérats de Shakespeare s’arrêtaient à quelques dizaines de cadavres parce qu’ils n’avaient pas d’idéologie … l’idéologie, c’est elle qui apporte la justification recherchée à la scélératesse, la longue fermeté nécessaire aux scélérats, voir le vingtième siècle. » (Philippe Béneton)

« Il y a quelque chose de mille fois pire que la férocité des brutes, c’est la férocité des lâches. » (Georges Bernanos) – Pour confirmer, assister à une émeute.

« Entre les méchants quand ils s’assemblent, c’est complot, non pas compagnie. Ils ne s’entretiennent pas, mais ils s’entre-craignent. » (Etienne de La  Boétie)

« Le bonheur des méchants, l’expression fait pléonasme ; il n’y a que des méchants heureux puisqu’ils ont réussi à introduire la méchanceté dans le monde. » (Etienne Borne – se plaçant sur le plan philosophique)

« Les gens faibles sont les troupes légères de l’armée des méchants. Ils font plus de mal que l’armée même. Ils infestent et ils ravagent. » (Chamfort)

« On souhaite la paresse d’un méchant et le silence d’un sot. » (Chamfort)

« Il n’y a que l’inutilité du premier déluge qui empêche Dieu d’en envoyer un second. » (Chamfort)

« Je n’ai jamais vu d’homme positivement méchant ; toujours des victimes qui se plaignaient des autres. » (Jacques Chardonne)

« Quand les hommes sont hargneux, ils s’en prennent au luxe. Ils répudient l’achevé, l’excellent, le rare ; ils mettent leur espoir dans l’informe et le vagissant. » (Jacques Chardonne) – Et c’est la fin de la société.

« La malveillance des méchants est renforcée par la faiblesse des vertueux. » (Winston Churchill)

« On compare parfois la cruauté des hommes à celle des fauves, c’est faire injure à ces derniers. » (Dostoïevski)

« J’aime mieux les méchants que les imbéciles : eux, au moins, il se reposent de temps en temps. »  (Alexandre Dumas fils) – Et ils font parfois moins de dégâts.

« A fixer trop longtemps le monstre qu’on veut combattre (le mal), on le devient. » (Mircea Eliade)

« Ils ne se contentaient pas de soumettre le particulier au général, ils ne voyaient que le général. Les archétypes étaient pour eux plus réels que les individus, les noms plus tangibles que les êtres, les énoncés doctrinaux plus vivants que la vie, la division du monde en deux entités antagonistes plus vraie que la variété des situations et la diversité humaine … Ils étaient entièrement immergés dans le drame de la Raison. Là le concept régnait sans partage… » (Alain Finkielkraut – sur certaines attitudes ‘révolutionnaires’ – commentant Tout passe de Vassili Grossman)

« Qu’il faut faire aux méchants guerre continuelle – La paix est fort bonne  en soi – J’en conviens ; mais de quoi sert-elle – Avec des ennemis sans foi. » (La Fontaine – Les loups et les brebis)

« Laissez-leur (aux méchants) prendre un pied chez vous ils en auront bientôt pris quatre. » (La Fontaine – La lice et sa compagne)

« On ne devient pas pervers, on le reste. » (Sigmund Freud)

« Si les hommes sont si mauvais avec le secours de la religion, que seraient-ils sans elle ? » (Benjamin Franklin) – On le constate tous les jours avec l’abandon des religions, la déchristianisation pour ce qui nous concerne.

« Le sots et les homme sensés sont également inoffensifs. Il n’y a que la demie sottise ou la demi sagesse qui soient dangereuses. » (Goethe)

« On ne combat la barbarie présente ou à venir que dans le flux rassurant de l’unanimité mimétique. La certitude de reconnaître un ‘méchant’ autorise d’autant mieux les audaces verbales que tout le monde en est d’accord et que nul ne viendra sérieusement vous contredire (nous connaissons quelques-unes de ces figures : par exemple Le Pen, Jirinovski, Poutine parfois…) … Leur fonction immédiate aura été de remobiliser, encore et sans cesse, l’armée des défenseurs du Bien contre un Mal que ces barbares incarnaient avec volupté. » (Jean-Claude Guillebaud) – D’où l’importance de média serviles pour déclencher l’unanimisme des gogos.

« Les hommes sont encore plus stupides que méchants. » (Helvétius)

« Les méchants envient et haïssent ; c’est leur manière d’admirer. » (Victor Hugo)

« La haine du mal peut même rendre les hommes méchants si elle est trop forte, trop dominante … Des leçons trop violentes d’humanité en furent suivies de cruautés épouvantables. La pitié fut tournée en rage. On massacra Louis XVI, sa sœur et tout ce que la France avait de plus vertueux, par un féroce amour pour les nègres de l’Amérique et par une féroce horreur pour la Saint-Barthélemy. Les tableaux trop énergiques et trop répétés de l’humanité souffrante rendirent les cœurs inhumains. Le pathétique outré est pour les hommes une source funeste d’endurcissements. » (Joseph Joubert)

« Du fait quel les hommes sont méchants, ils hésitent moins à nuire à quelqu’un qui se fait aimer qu’à quelqu’un qui se fait craindre. » (Machiavel – Le Prince)

« On veut bien être méchant mais on ne veut point être ridicule. » (Molière – Tartuffe)

« Les hommes recouvrent leur diable du plus bel ange qu’ils puissent trouver. » (Marguerite de Navarre)

« Il y a des hommes auxquels il ne faut point donner la main, mais la patte ; et que la patte ait aussi des griffes. » (Nietzsche)

« Veille en combattant un monstre de ne pas devenir un monstre toi-même. » (Nietzsche)

« La plupart des hommes sont bien trop occupés d’eux-mêmes pour être méchants. » (Nietzsche)

« La décomposition morale dans l’extériorité … Le ‘méchant’ est précisément le ‘bon’ de l’autre morale … les mêmes hommes qui, ‘inter pares’, sont tenus sévèrement par les mœurs, les usages, le respect … et plus encore par la surveillance mutuelle  … si attentionnés dans leurs rapports entre eux …ne valent guère mieux, à l’extérieur, là où commence le monde étranger,  que des bêtes fauves déchaînées. Là ils jouissent de l’affranchissement de toute contrainte sociale, ils se libèrent de la tension qui résulte de leur long emprisonnement, de leur séquestration dans la paix de la communauté. » (Nietzsche – La généalogie de la morale)

« Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par  conscience. » (Blaise Pascal)

« Le vrai mal vient de celui qui était naguère bon, et non d’un esprit qui ayant été méchant de toute éternité, ne serait capable d’aucun acharnement et aurait marre, un beau jour, de ses propres saloperies. » (Cesare Pavese) – Lucifer était d’abord le plus bel ange.

« Je ne crains pas la violence des méchants, je crains la lâcheté des bons. » (Pie XII)

« La stupidité vertueuse fait assurément plus de victimes que la seule hostilité. » (Karl Popper) – On peut parfois s’arranger avec un méchant quelconque, quitte à y laisser des plumes, pas avec un imbécile profond.

« Lorsqu’un méchant fait le bien, on peut juger par un tel effort de tout le mal qu’il prépare. » (Rivarol – sur quelque révolutionnaire)

« Enfermé dans ma paresse, je voyais croître autour de moi ma réputation de méchant sans qu’il m’en coûtât d’autre crimes que quelques gaietés, et je me disais : les Néron, les Caligula commettaient bien des crimes pour se faire craindre et haïr, tandis qu’avec quelques plaisanteries, ils auraient passé pour des monstres. » (Rivarol – à propos de son Almanach des grands hommes)

« En général, le méchant n’est tel que parce qu’il est ignorant, et qu’il ne discerne qu’obscurément les vérités : idée typiquement progressiste que l’on retrouve inchangée chez Fontenelle … chez Terrasson … chez l’abbé de Saint-Pierre (gens du XVIII° siècle). Raison et morale se situent sur le même plan. » (Frédéric Rouvillois) – Comment se fait-il que les méchants n’aient pas disparus, alors que nous sommes un tout petit peu moins ignorants ? Réponse de l’incorrigible progressiste : ce n’est pas leur faute, c’est celle de la vilaine société.

« Mauvais, les hommes le sont tous ; la différence réside seulement dans la manière de l’être. » (José Saramago)

« Nous ne sommes vraiment jamais désagréables qu’avec les personnes que nous savons ne jamais devoir perdre. » (Arthur Schnitzler)

« Tous les méchants sont buveurs d’eau ; c’est bien prouvé par le déluge. » (comte de Ségur)

« La méchanceté tient moins au contenu de l’acte qu’à l’orientation de la volonté … Être méchant, ce n’est pas seulement faire le mal : c’est le vouloir … Le vouloir en toute connaissance de cause, ‘en tant que mal’ (Kant) … On ne vole pas ou ne tue pas parce que c’est mal, mais pour d’autres motifs concrets, pour un bien que l’on croit tel … La grandeur du Reich, la ‘solution finale’ apparaissaient à Hitler comme des biens. » (André Comte-Sponville) 

« … Ils n’étaient pas pris de vin ; ils étaient pris de sang, comme il est si ordinaire à l’homme, dés qu’il le fait couler. » (André Suarès)

« Les hommes vraiment méchants sont aussi rares que les hommes vraiment bons, mais il y a beaucoup d’impuissants qui miment, suivant le souffle extérieur qui les agite, tantôt le bien et tantôt le mal. » (Gustave Thibon)

« Il peut exister, dans les relations internationales comme dans les relations personnelles, une préférence pour le mal ou, plus modestement pour l’injustice, si l’on est mauvais ou injuste soi-même. Le principe fondamental de l’identification à autrui n’est pas la reconnaissance du bien mais la reconnaissance de soi en l’autre … Rien n’est plus rassurant, quand on abandonne le camp de la justice, que d’en observer d’autres faisant le mal. » (Emmanuel Todd) – La contagion du mal.

« Ce ne sont pas du tout les méchants qui font le plus de mal en ce monde, ce sont les maladroits, les négligents, les crédules. Les ‘méchants’ seraient impuissants sans quantité de ‘bons’. » (Paul Valéry)

« Je m’inquiète, je commence à préférer un méchant cultivé et intelligent à un imbécile gentil. » (Arturo Perez-Vererte)

«  Le méchant surveille, sanctionne et chasse  des ONG étrangères de défense des droits de l’homme. Les gentils financent et instrumentalisent ces ONG pour fomenter des révolutions orange (Ukraine), ou des printemps arabes, avec des gens du cru formés en Amérique aux méthodes modernes d’agitation politique et médiatique. Le méchant n’est pas beau joueur : il refuse de se laisser renverser alors qu’il a une majorité du peuple derrière lui … Vladimir Poutine n’est pas gentil. Vladimir Poutine est un méchant car il n’aime pas tout le monde et il ne laisse pas entrer qui veut dans son pays … L’Union européenne est gentille. Jean-Claude Juncker est gentil. Angela Merkel…, François Hollande…, Barack Obama… Ils font tous une farandole pour montrer qu’ils aiment tout le monde.  » (Eric Zemmour)

 « Celui qui a pitié des méchants finira par être cruel avec les bons. » (précepte issu de la tradition juive) – Nos sociétés occidentales abêties.

« Si vous ne pouvez mordre ne montrez pas vos dents. » (proverbe)

« Tous les chiens qui aboient ne mordent pas. » (proverbe)

« Il n’est si méchant qui ne trouve sa méchante. » (proverbe)

Ci-dessous, quelques extraits du vaste ouvrage d’Erich Fromm, La passion de détruire.

 « Distinguer chez l’homme deux sortes d’agressivité radicalement différentes l’une de l’autre.  L’une, qu’il partage avec tous les animaux, est une pulsion programmées qui l’incite à attaquer (ou à adopter des attitudes de menace, ou à fuir le plus souvent) quand ses intérêts vitaux sont menacés. Cette agression défensive ‘‘bénigne’, est au service de l’individu et de l’espèce ; elle est biologiquement adaptative et prend fin dès que la menace a cessé d’exister. Le but est essentiellement de supprimer le danger. … L’autre type d’agressivité ‘maligne’, autrement dit la cruauté et la destructivité,  est spécifique de  l’espèce humaine. Elle n’est pas programmée et n’est pas biologiquement adaptative. Elle n’a pas de but et sa signification est libidineuse … On distingue l’agressivité prédatrice (réservée à certaines espèces d’animaux), l’agressivité intraspécifique (entre animaux de la même espèce), l’agressivité interspécifique (entre animaux d’espèces différentes) … Les animaux détruisent rarement les membres d’autres espèces, sauf quand ils se défendent, se sentent menacés et ne peuvent s’enfuir. Cela limite le phénomène de l’agression animale à l’agression intraspécifique et elle est rarement sanguinaire, n’a pas pour but de  tuer, de détruire ou de torturer, mais consiste essentiellement en une attitude de menace qui sert d’avertissement … L’homme est le seul mammifère qui soit dans une large mesure un tueur et un sadique. … Seul l’homme semble être destructif bien au-delà du besoin de se défendre ou de se procurer ce dont il a besoin … L’agression maligne n’est pas une défense contre une menace ; elle est biologiquement nocive parce qu’elle est socialement disruptive ; ses principales manifestations (l’acte de tuer et la cruauté) sont productrices de plaisir en dehors de toute autre finalité … Un autre type d’agression biologiquement adaptative est l’agressivité fonctionnelle qui a pour  but d’obtenir ce qui est nécessaire ou désirable. Le but visé n’est pas la destruction en tant que telle  Elle n’est utilisée que comme instrument pour atteindre le but réel. A cet égard, elle ressemble à l’agressivité défensive. »  – D’après ma, faible, compréhension l’auteur n’est pas très clair dans sa distinction entre  l’agressivité  fonctionnelle commune à toutes les espèces et l’agressivité prédatrice de certains animaux pour se procurer de la nourriture.

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