375,16 – Manipulation

– Impensable en démocratie grâce à la moralité rigoureuse des politiciens, à la compétence et au désintéressement des intellectuels et des journalistes, à la lucidité vigilante d’un peuple informé, éclairé et à qui on ne la fait pas.

Note : Pour détails sur les manipulations et la désinformation, que les auteurs soient Jean-Léon Beauvois seul ou  associé à Robert-Vincent Joule : Les influences sournoises (rubrique 435, 2 Désinformation) – Deux ou trois choses que je sais de la liberté rubrique 475, 1 Liberté) – Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (rubrique 195,1 Décision)  – La soumission librement consentie (rubrique 005,2  Engagement) – Soumission et idéologies, psychosociologie de la rationalisation (rubrique 140, 1 Comportement), les sujets abordés sont très proches et souvent se recoupent ; il s’agit de, succinctement formulé,   comment et pourquoi nous agissons, sous quelles influences. Il faudra donc naviguer si on veut disposer d’une vue à peu près complète (du moins selon ce que j’ai compris et retenu). Ainsi que celui d’Elodie Mielczareck, Déjouez les manipulateurs à la rubrique 435,2 Désinformation.

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« Procédé dit de la ‘Vaccine’ : un peu de mal avoué dispense de reconnaître beaucoup de mal caché … On inocule un mal contingent pour prévenir un mal essentiel … Le mal immanent de la servitude est racheté par le bien transcendant de la religion, de la patrie, de l’Eglise (de l’institution en général) … Procédé de mystification qui consiste à vacciner le public d’une pointe de mal, pour mieux ensuite le plonger dans un Bien Moral désormais immunisé … Confesser le mal par une petite inoculation de mal accidentel d’une institution de classe pour mieux en masquer le mal principiel. On immunise l’imaginaire collectif par une petite inoculation de mal reconnu … On reconnaît quelques subversions localisées… » (Roland Barthes – Mythologies) – Bien sûr nous ne sommes pas parfaits … Oui, assurément, là nous avons commis  une erreur …

« Si l’idéologie masque et travestit la réalité, il est autrement plus efficace de l’imposer directement, l’habitude fera le reste : ‘cela se fait !’ … Il faudra vous y faire. » (Harold Bernat) – La politique du fait accompli.

« L’outil de base permettant la manipulation de la réalité c’est la manipulation des mots. Si vous parvenez à contrôler le sens des mots, vous pourrez contrôler les personnes qui doivent les employer (clairement démontré par George Orwell – manipulation  pratiquée à grande échelle par la censure actuellement exercée par la meute politico-médiatique). Mais un autre moyen de contrôler la pensée des gens c’est de contrôler leurs perceptions. Si vous parvenez à leur faire voir le monde tel que vous le voyez, ils penseront comme vous pensez. La compréhension suit la perception … Comment arriver à leur faire voir la réalité que vous voyez (ou plutôt que vous voulez qu’ils voient) ? Les images sont les composants de base, et c’est pourquoi le pouvoir de la télévision … est immense : les mots et les images sont synchronisés. » (Philip K. Dick)- La fabrique des Gogos. 

Un des innombrables procédés : « C’est toujours le même vice intellectuel : on oppose des principes (admirables) et des conduites (affreuses) … Or il faut comparer principes à principes, et puis conduites à conduites. » (Jacques Ellul – sur l’exemple de l’opposition de la tolérance théorique prétendue de l’Islam (? ) à la brutalité factuelle prétendue de l’Occident ?)

« Action calculée au départ de façon que : ou bien elle réussit, et l’on est satisfait des résultats concrets recherchés ; ou bien elle échoue, mais cet échec même est un excellent instrument de propagande pour la cause … Projet accepté et la gloire comme le profit en reviennent aux auteurs, projet rejeté, et celui qui le rejette est un fauteur de guerre qui refuse la collaboration, la coexistence … En présentant des exigences objectivement raisonnables mais inacceptables pour l’adversaire, la double possibilité d’exploitation permet de maintenir une attitude extrêmement intransigeante. Il n’importe pas vraiment d’aboutir à un résultat. On peut ne rien céder à l’adversaire, puisque  s’il refuse de céder, cela se retournera contre lui …Dans les deux cas, il perdra la face …  L’action porte en elle-même la propagande … Peu importe que l’action soit vraiment utile, ce qui compte c’est son utilisation dans cette ambiguïté … Tel est le calcul où les communistes sont passés maîtres …» (Jacques Ellul – se référant aux pourparlers d’armistice de Pan Mun Jon et surtout aux innombrables initiatives pour la paix de l’ex-URSS) – Les lobbies communautaristes, et subversifs, actuels ont retenu le procédé, d’autant plus efficace dans un monde ultra-médiatisé, stupidement émotif et larmoyant.

« Les idées et les opinions ne ‘naissent’ pas  spontanément dans le cerveau de chaque individu ; elles ont eu un centre de formation, d’irradiation, de diffusion, de persuasion, c’est un groupe d’hommes ou bien même un seul individu qui les a élaborées et présentées sous leur forme politique d’actualité. » (résumé d’Antonio Gramsci par un autre auteur) – Pas un Gogo, pas un Bobo, son frère de lait, ne se demandera par qui.

« En 1975, Pasolini expliquait que la manipulation de l’opinion passerait désormais par la création d’un ‘antifascisme facile’, qui a pour objet un fascisme archaïque qui n’existera plus. Trente ans plus tard, Lionel Jospin confessera que la lutte antifasciste contre le FN n’était ‘que du théâtre’. » (Christophe Guilluy – Ecrits corsaires pour le premier ; Répliques, France Culture 29/9/2007 pour le second : « Nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme n’était que du théâtre … Nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. ») – Honnête Jospin (comparé à ses petits copains), mais un peu tardivement ! On aurait aimé qu’il fut honnête quand il était premier ministre ! Mais s’il avait été honnête, il n’aurait jamais été premier ministre, loin de là. « Tant d’énergie dépensée contre un fascisme illusoire… Le terme ‘fasciste’ ne correspond plus à un contenu objectif. Il n’est plus qu’une insulte, une arme pour disqualifier l’adversaire …  Dans nos sociétés occidentales, des décennies après la chute de Hitler et de Mussolini, le fascisme relève de l’hallucination. Mais l’antifascisme, figure de propagande mise au point par les communistes, reste efficace pour intimider… » (Jean Sévillia) – Pour terroriser, faire taire et ruiner.  Comme le préconise un vieux stalinien, Dimitri Manouilski : « Accusez vos adversaires de fascisme … Le temps qu’ils se justifient, vous aurez tout loisir de leur porter de nouvelles attaques. »

 « On peut en effet craindre que … le marketing des idées et des projets politiques atteigne une technicité telle que, par réaction, le citoyen n’ait plus le choix qu’entre deux possibilités : sombrer dans l’ânerie et la manipulation ou perdre toute confiance dans quelque discours que ce soit. Nous en sommes peut-être déjà là. » (Pascal Jouxtel) – Pourquoi ce dernier peut-être ?

Facteurs permettant de mobiliser une foule. « – L’affirmation, pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve – La répétition, qui finit par établir la chose affirmée comme vérité démontrée – La simplification, plus elle est concise, dépourvue de démonstration, plus elle est acceptée – L’uniformisation, s’apparente à la répétition – Le vague, le vague même qui les estompe augmente leur mystérieuse puissance. Ex : démocratie, socialisme, liberté, égalité – L’appel aux sentiments, la foule n’étant impressionnée que par des sentiments excessifs, abuser des affirmations violentes. (repris de Gustave Lebon par Béatrice Turpin dans l’ouvrage Repenser le langage totalitaire, consacré à Victor Klemperer)

« Les manipulateurs d’opinion, ou pour utiliser un mot plus civil, les communicateurs. » (Georges Picard)

« L’amour … telle est la maladie infantile de la politique française. Utiliser l’amour que l’autre vous porte pour l’amener sur vos positions intellectuelles ou politiques, c’est ce qu’en psychanalyse on nomme manipulation de l’emprise imaginaire, suggestion de transfert. » (Michel Schneider)

« L’une des ficelles les plus grossières mais les plus efficaces consiste à représenter le pouvoir comme rébellion, les idées majoritaires partout énoncées comme minoritaires et censurées. On convoque les représentations d’une domination historiquement disparues (par exemple : monarchie, fascisme…) pour masquer la domination nouvelle et effective … Maintenant, le rêve du pouvoir est d’être l’opposition. La pose des dominants est de s’inclure dans les dominés. On voit s’étendre ces ridicules : la misère des arrivés, la révolte des établis. Jamais n’est plus profonde l’abjecte passion d’obéir que quand elle prend le masque de la rébellion. Mais rien de tel, pour affermir une domination réelle et actuelle, que de feindre d’en combattre une autre, imaginaire et dépassée. Les grands dévoreurs des fromages du conformisme se gavent du dessert de la persécution. Ces bien-pensants posent aux mal-disants… Être dominant, c’est aujourd’hui feindre d’être dans la marge pour mieux édicter la norme. » (Michel Schneider) – Et les gogos, soumis à leur journal préféré, marchent.

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