175,2 – Idées

– Viendrait d’un terme évoquant ‘l’image’ chez les Grecs (comme le mot ‘idole’). Aristote prétendait que toute idée provenait réellement d’une image, c’est-à-dire d’une impression faite sur les sens. Le génie le plus inventif ne pourrait donc rien inventer, il ne pourrait que combiner des idées représentatives ‘d’images’ reçues par les sens ; c’est une thèse (proche de la position nominaliste), pièce de la querelle dite des Universaux qui a divisé la philosophie du Moyen-âge. (Voir rubrique Individualisme/ Collectif, 290,5, début)

– Se les parler (même à haute voix et en solitaire) peut faciliter leur mise au clair, peut permettre d’éprouver leur validité.

– Il serait fastidieux de citer tous les auteurs qui ont prétendu que c’étaient les idées qui menaient le monde bien plus que les intérêts, d’énumérer quantité d’événements à l’appui de cette thèse. Le marxisme lui-même, sommet du matérialisme, n’y contredit qu’en apparence, car c’est bien son idée (et non l’intérêt) qui a fait son éclatant succès historique (même si celui-ci fut provisoire). Hitler a mené le peuple allemand, bien plus par les idées que par son intérêt personnel ou celui que pouvait ressentir le peuple… « Si les détenteurs du Pouvoir n’avaient jamais agi que dans l’intérêt de leur bourse, jamais les classes inférieures, esclaves, serfs, plébéiens, roturiers, ne se seraient affranchies et élevées au-dessus de leur condition. » (Gabriel Tarde)

– « S’efforcer de conserver l’esprit plus vaste que ses propres idées. » (cardinal Henri de Lubac)

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« Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’a qu’une idée. » (Alain)

« Il n’y a que la jeunesse qui croie aux idées » (Alain)

« Rien n’est plus difficile que d’avoir de la suite dans les idées quand on n’en a qu’une. » (Jean Anouilh)

« Un courant d’idées ne charrie pas forcément des pensées. » (Kostas Axelos)

« L’important pour une idée politique n’est pas d’être généreuse, mais d’être vraie … Un grand pays ne doit pas être conduit suivant de belles croyances » (Jacques Bainville) – Pour notre époque qui sue de fausse générosité pour cacher sa cupidité et sa sordidité.

« Dans nos démocraties libérales … maintenir le plus grand nombre … dans les couches les plus soumises et les plus déterminables des organisations et de la vie sociale. On y parvient en faisant vivre les gens dans un onirisme idéologique fait d’idées émollientes et sans authentique référence (apprendre à se connaître, être soi-même, se sentir libre, savoir se remettre en cause, se faire ses propres opinions, prendre soin de soi…). Ces idées molles nous éloignent de toute analyse de nos positions d’agent social et nous anesthésient contre tout vécu   de la soumission et de l’obéissance. Nombre de ces idées prédisposent en outre aux influences sournoises et à la manipulation. » (Jean-Léon Beauvois)

«  Les positions qui prétendent défendre un intérêt universel ne défendent qu’un intérêt particulier. Il n’y a pas d’autonomie des idées. Les idées (philosophiques, religieuses, esthétiques ou politiques) ne peuvent se développer indépendamment des pratiques matérielles … Les idées sont donc socialement déterminées. » (Daniel Bell) – Position marxiste. 

« On ne demande plus à une idée d’être vraie, on lui demande d’être ‘tolérante’ … envers les innombrables minorités, et même envers les femmes qui sont la majorité. » (Philippe Beneton)

 « La droite, qui est toujours plus réactive que réflexive, n’a pas tant des idées que des convictions. Les convictions ne relèvent pas du travail de la pensée. Elles sont un substitut de la foi.  » (Alain de Benoist)

« L’idéologie dominante ne connaît même plus d’idées justes ou d’idées fausses, mais seulement des idées qui sont du côté du ‘Bien’ ou du ‘Mal’. Les idées mauvaises sont criminalisées. … On ne réfute plus. Discréditer, ostraciser, épargne d’avoir à réfuter. Il n’y a plus que des anges ou des démons, le manichéisme est partout. » (Alain de Benoist)

« Ne pas plier les choses à son idée au lieu de régler sa pensée sur les choses. » (Henri  Bergson)

« Quoi qu’en dise Diderot, nos idées ne sont pas nos catins. ll ne suffit pas de les accoster pour qu’elles s’attardent avec nous, de les payer pour qu’elles se donnent, ni de leur dire adieu pour qu’elles s’en aillent. Nous constatons plutôt qu’elles sont là sans que nous l’ayons voulu. Elles s’imposent à nous sans se soucier si cela nous convient, et, comme elles sont venues sans avertissement, elles nous quittent sans préavis. » (Emmanuel Berl)

« Les idées justes sont comme les jolies filles ; elles peuvent aussi se corrompre. » (Georges Bernanos)

« Une idée juste peut se fausser ; une idée vraie peut se corrompre. » (Georges Bernanos)

« Aujourd’hui,  l’idée n’est plus ce qui doit être discuté, ce qui se doit d’être contredit, mais une coulée tiède obligatoire où la moindre et plus sereine dissidence est contrainte de se  justifier … En même temps est baptisé ‘clash’ toute contradiction un peu vigoureuse, ce qui stérilise. » (Philippe Bilger) – Unanimisme, conformisme, lâcheté…

« Quand à propos d’une idée, on dit qu’on est d’accord sur le principe, cela signifie que l’on n’a pas la moindre intention de l’appliquer. » (Bismarck)

« Ils n’ont proprement que des idées qui ont rapport avec la conservation de leur être. Ils vivent dans une nuit éternelle à l’égard de tout le reste. » (Baudouin de Bodinat – sur l’homme moderne)

« Les idées ne s’imposent nullement par leur exactitude, elles s’imposent seulement lorsque, par le double mécanisme de la répétition et de la contagion, elles ont envahi les régions de l’inconscient où s’élaborent les mobiles générateurs de notre conduite. Persuader ne consiste pas seulement à prouver la justesse d’une raison mais bien à faire agir d’après cette raison. »     (Gustave Le Bon)

« Il est aussi difficile de vivre avec des hommes ne changeant jamais d’idées qu’avec ceux qui en changent constamment. » (Gustave le Bon)

« La mort intellectuelle commence dés que les idées deviennent trop fixées pour changer. » (Gustave Le Bon)

« Les idées fixes rendent impossible la perception de réalités très visibles. Bien voir est souvent aussi difficile que prévoir. » (Gustave Le Bon)

« S’il faut longtemps aux idées pour s’établir dans l’âme des foules, un temps non moins considérable leur  est nécessaire pour en sortir. » (Gustave Le Bon) – Considérez, par exemple, les idées de progrès, de croissance… Il faudra bien en sortir cependant ; de force plutôt que de gré.

« Toute démarche mentale … comporte des aspects implicites, des ‘a priori’ ; rien à voir avec des préjugés ou des ‘prénotions’, ils représentent plutôt des cadres ou des formes de la pensée. » (Raymond Boudon)

 « ‘L’âme dépend du monde tout autant que le monde dépend de l’âme’ . Ce qui signifie que nos idées ne peuvent être entièrement indépendantes des conditions sociales, mais elles ne sauraient non plus en être directement dépendantes … Les facteurs sociaux auraient surtout un rôle de sélection des idées (un rôle ‘d’écluse’ dit Max Scheler) … Les deux théories contradictoires ou plus précisément contraires, la théorie matérialiste et la théorie idéaliste … Leurs tenants, le matérialiste et l’idéaliste, n’ont pas tort, ils sont seulement partiels en mobilisant des a priori différents, l’un l’influence des conditions  sociales, l’autre l’autonomie du sujet pensant … Nous avons tendance à concevoir des prédicats comme contradictoires (subjectif/objectif…) alors qu’ils ne le sont pas en réalité … Ce parce que nous appliquons par défaut des principes fondamentaux à des situations auxquelles, en fait, ils ne s’appliquent pas. » (Raymond Boudon – citant Georg Simmel)

« ‘Ce ne sont pas les intérêts, ce sont les idées qui dominent en premier ressort l’action humaine’. Les intérêts n’interviennent qu’ensuite, une fois que les idées ont fait leur œuvre. Les représentations du monde qui sont créées par les idées ont souvent tenu lieu d’aiguilleurs déterminant les voies dans lesquelles la dynamique des intérêts s’est ensuite engouffrée. » (Raymond Boudon – citant une affirmation célèbre de Max Weber)

« Tocqueville avait lui aussi (comme Max Weber) repéré l’existence de ces irréversibilités axiologiques. Ainsi, il voit l’égalité comme une valeur irréversible des sociétés modernes … Innovation irréversible … La séparation des pouvoirs également … ‘Il n’y a pas plus de recul d’idées que de recul des fleuves’ . (Victor Hugo) … Ce qui ne veut pas dire que leur application est garantie dans les faits. » (Raymond Boudon)

« Toutes sortes d’idées reçues ne méritent pas qu’on y croie, mais on a d’un autre côté de bonnes raisons d’y croire. En d’autres termes, on peut avec de bonnes raisons croire dur comme fer à des illusions … Toute conviction s’appuie sur des raisons que le sujet perçoit comme fondées dans le contexte qui est le sien. » (Raymond Boudon)

« La circulation des idées cause plus de collisions que d’embouteillages. » (Albert Brie)

« Avant de changer d’idée, s’assurer d’abord qu’on en a déjà une. » (Albert Brie)

« Des idées bien arrêtées sont toujours, comme leur nom l’indique, des idées qui n’avancent pas. » (Jean-Paul Brighelli)

« La transsubjectivité d’une idée se mesure à sa capacité à s’exporter vers d’autres esprits, toutes choses étant égales par ailleurs. » (Gérald Bronner)

« Beaucoup de nos idées fausses nous paraissent confirmées par notre expérience … Nous ne cherchons pas à tester ces idées en recueillant des contre-exemples, mais nous captons et mémorisons facilement tout ce qui affermit nos croyances … qui nous apporte un confort cognitif … D’autant plus si nous y avons intérêt … Lorsque vous êtes en quête de signes ils finissent toujours par arriver. » (Gérald Bronner)  – Tendance très proche du biais de confirmation.

« Rassemblons les faits pour nous donner des idées. » (Buffon)

« Comme les idées n’ont pas de volume et n’occupent aucun espace, on imagine mal que leur fourmillement tire à conséquence. Pourtant leur invisible présence flottante parvient très bien à paralyser la pensée la plus vigoureuse, à l’égarer … La condition de la pensée l’apparente à la condition végétale … De même qu’en biologie les cellules cancéreuses éliminent les cellules saines, la croissance déréglée de la cogitation, par ses mille subtilités, distinctions et arguties vient à bout de la pensée sévère. Elle l’affaiblit, en détend la cohérence, en effrite la syntaxe. » (Roger Caillois)

« On vit avec quelques idées familières ; il faut dix ans pour en avoir une à soi. »(Albert Camus)

« Poser en principe qu’une idée idéologiquement déplaisante est fausse, ne les examiner même pas, ne pas les entendre et déclarer abjects, voire criminels, ceux qui oseraient malgré tout, sinon les soutenir, du moins les avancer pour discussion. » (Renaud Camus) – On a reconnu les idées nauséabondes d’aujourd’hui.

« La proposition selon laquelle une idée qui fut juste en son temps, ne saurait l’être, quand le temps se change, n’est pas reçue de la plupart des hommes, tant elle les révolte. » (Albert Caraco)

« Quand une idée réussit à transformer la conduite des hommes c’est parce qu’elle contient des éléments affectifs à côté des logiques. » (Alexis Carrel)

« Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Chamfort)

« On n’est pas maître de ses idées, elles vous possèdent. » (Jacques Chardonne)

« Pour classer des idées, il faut d’abord en avoir. » (Chateaubriand)

« Tout arrive par les idées ; elles produisent les faits, qui ne leur servent que d’enveloppe. » (Chateaubriand)

« L’invasion des idées a succédé à l’invasion des barbares ; la civilisation actuelle décomposée se perd en elle-même. » (Chateaubriand)

« Il en est des idées comme de ces sources qu’on fait naître sous ses pas sans y penser en pressant la terre du pied. » (Chateaubriand)

« Pas de vagues, juste des vogues. » (Gilles Châtelet) – Telle est la modernité.

« L’homme qui n’a pas d’idées sentira la première idée lui monter à la tête comme le vin  … Ces hommes pratiques, inaccoutumés aux causes, sont toujours enclins à penser que si une chose est considérée comme un idéal, elle est l’idéal. » (G. K. Chesterton – sur les financiers, les hommes d’affaires, les plus matérialistes) – Autant pour les stupides Bobos.

« Un homme … à qui nulle autorité n’en impose, qui pense sans compter avec quoi que ce soit et sans se conformer à rien, quelles idées un tel homme n’inventerait-il pas ? » (Léon Chestov) – Tous les délires sont alors permis.

« Contaminés par la superstition de l’acte nous croyons que nos idées doivent aboutir. » (Emil Cioran)

« Si nous croyons avec tant d’ingénuité aux idées, c’est que nous oublions qu’elles ont été conçues par des mammifères. » (Emil Cioran)

« Il faut qu’une sensation soit tombée bien bas pour qu’elle daigne se muer en idée. » (Emil Cioran)

« Le tête-à-tête avec l’idée incite à déraisonner, oblitère le jugement, et produit l’illusion de la toute-puissance … Être aux prises avec une idée rend insensé, enlève à l’esprit son équilibre et à l’orgueil son calme. » (Emil Cioran)

« Nous ne devrions parler que de sensations et de visions : jamais d’idées ; car elles n’émanent pas de nos entrailles et ne sont jamais véritablement ‘nôtres’. » (Emil Cioran)

« C’est porter une atteinte à une idée que de l’approfondir : c’est lui ôter le charme, voire la vie. » (Emil Cioran)

« Être aux prises avec une idée rend insensé, enlève à l’esprit son équilibre et à l’orgueil son calme. » (Emil Cioran)

« L’image, de l’audio-visuel, a le fantastique pouvoir d’être toujours nouvelle, alors que l’idée se fait tout de suite repérer, dater, et du coup dépasser. Aussi les idées fondamentales du consensus vont se camoufler derrière les images pour s’exprimer sans se dire et se renouveler constamment et ainsi marteler le même, l’identité libérale. Le champ de l’imagerie est quasi-illimité grâce au potentiel technologique de l’audio-visuel … La profonde homogénéisation du consensus idéel se fait par la multiple splendeur de l’image audio-visuelle. Plus l’image s’étale et mieux elle permet d’oublier l’idée qui l’a voulue. L’idée est dé-construite par son établissement imagé, lequel reconstruit le sens de l’idée dans l’intuition sensible …  Les images de l’audio-visuel ne sont que les illustrations des thèmes du consensus … C’est une pédagogie du ressassement qui a l’astuce de se présenter avec l’éclat de la nouveauté. » (Michel Clouscard)

« Tout le monde a des idées ; la preuve c’est qu’il y en a de mauvaises. » (Coluche)

« C’est un plus grand crime de maintenir en vie une idée mensongère que de tuer un homme. » (Joseph Conrad – Sous les yeux de l’Occident)

« Toutes les idées qui triomphent courent à leur perte. Il faut absolument convaincre l’homme qu’une fois acquis le consentement général sur un sujet, la résistance individuelle es la seule clé de la prison. » (René Crevel –Surréalisme)

« Une idée est une pensée qui n’a pas eu le temps de mourir. » (Maurice G. Dantec)

« Faites combattre des hommes pour des idées, ils deviennent des bêtes sauvages. Faites-les combattre pour une femme, et son enfant, ils deviennent des guerriers. » (Maurice G.  Dantec) 

« Aux époques fortes, où abondent les talents originaux,, vigoureux et sages, ce sont les hommes qui mènent les idées, lesquelles composent l’ambiance. Aux époques faibles, au contraire, c’est l’ambiance qui crée des principes vagues, lesquels, à un moment donné, s’incarnent dans un homme, dramaturge, poète, penseur ou savant, influençable, poreux et sans volonté.  Hugo est le père du romantisme … Claude Bernard est le fils du matérialisme ambiant… » (Léon Daudet)

« Nos laboratoires d’idées sont des ‘think-tanks’ anglo-saxons franchisés, dont les responsables, formés aux Etats-Unis, ont pour haute ambition d’être reçus au Pentagone ou au State Department. » (Régis Debray)

« ‘Mourir pour des idées – Mais de mort lente – Car à forcer l’allure il arrive qu’on meure – Pour des idées n’ayant plus cours le lendemain’ … On voudrait le jour sans la nuit, le héros positif sans négatif … On oublie la double nature des martyrs, sacrifiés et sacrificateurs, suicide et homicide … Et que ‘les hommes capables de mourir pour leurs idées’, comme on dit sans trop y réfléchir,  sont aussi capables de tuer pour elles. » (Régis Debray – citant Brassens)

« La principale erreur et la plus ordinaire qui s’y puisse rencontre (dans mes jugements) consiste en ce que je juge que les idées qui sont en moi sont semblables, ou conformes à des choses qui sont hors de moi. » (Descartes)

« Ce n’est pas parce qu’il a toutes les idées qu’il peut les embrasser toutes ; c’est parce qu’il n’en a aucune qu’il les juge toutes aimables. » (Diderot – sur le comédien)

« La beauté d’une idée nous illusionne souvent sur sa légitimité. » (Louis Dumur)

« Nous préférons triompher avec les idées des autres que voir les autres triompher avec nos idées. » (Louis Dumur)

« Les idées ou les concepts … ne sont pas des substituts légitimes aux choses … Ils sont comme un voile tiré entre les choses et nous-mêmes, nous les dissimulant plus sûrement lorsque nous les pensons plus transparentes. » (Emile Durkheim) – C’est une des grandes pratiques des propagandes que d’ensevelir les choses, les réalités, sous des mots afin de les masquer et même de les faire disparaître.

« Dans leur grotesque absurdité,, dans leur contradiction générale avec le réel … il faut voir une opération de magie et d’exorcisme.. C’est parce que la réalité n’est pas ce qu’on aimerait qu’il faut clamer son contraire afin d’anéantir sa puissance, afin d’évoquer l’apparition du contraire souhaitable … Le lieu commun est la formule incantatoire … fondée sur une évidence fausse grâce à quoi nous prétendons échapper à ce qui nous inquiète, nous trouble et nous menace … Incantatoire, parce qu’il n’a pas de sens, que celui qui le répète ne lui attribue aucun contenu effectif … Magique, parce qu’il a pour but d’agir et de modifier par un processus mystérieux le réel qu’il prétend d’ailleurs exprimer. » (Jacques Ellul)

« Nos meilleures idées viennent des autres. » (Ralph Emerson)

« Toute idée est une belle occasion de se taire. » (Léon-Paul Fargue)

« On n’étudie jamais une idée dans toutes ses ramifications, et l’on ne donne jamais à une conception toutes les chances qu’elle mérite. » (Paul Feyerabend)

« Les hautes idées poussent à l’ombre et au bord des précipices comme les sapins. » (Flaubert)

« Voulez-vous ne pas vous tromper ? Tenez pour fausses toutes les idées chères à votre temps. » ’(Gustave Flaubert – cité par Régis Debray)

« On perdrait courage si on n’était pas soutenu par des idées fausses. » (Fontenelle)

« L’idée subjugue toujours l’individu et les peuples. » (Sigmund Freud)

« Les idées conventionnelles (commodes et familières) substituent fréquemment le plaidoyer en faveur de l’originalité à l’originalité elle-même … Les gens aiment entendre formuler ce qu’ils approuvent. Cela flatte leur amour-propre  … Dans une certaine mesure, l’énonciation des idées conventionnelles est un rite religieux (pensons à des phrases sur la démocratie, la liberté, l’égalité, la fraternité, etc.)   … Ce n’est pas la pensée qui est l’ennemie des idées conventionnelles, mais la marche des événements … Elles ne correspondent pas au monde qu’elles sont censées interpréter, mais à l’opinion que le public se fait de ce monde. » (John Galbraith) – Conformisme.  

« C’est trop bête ! Tu viens empoisonner notre vie avec tes idées ! Tout le monde en a des idées ! Tu n’as qu’à avoir les idées de tout le monde ! » (Roger Martin du Gard)

« Lorsque je sors le matin, je vois dans la rue les poubelles remplies des idées des autres. » (André Gide – cité par Jean Dutourd)

« X est intelligent, mais il a l’air d’avoir rencontré des idées plutôt qu’il ne les a extraites de lui. » (André Gide)

« Je me méfie des idées qui rapportent et des opinions confortables ; je veux dire dont celui qui les professe peut tirer profit. » (André Gide) 

« Les rapports de forces ne contrôlent plus les rapports de foi, qui désormais dominent. Les ‘idées deviennent forces matérielles lorsqu’elles s’emparent des masses’ répète Lénine. … Une idée qui s’empare des masses, c’est une ‘ligne, une ‘foi’.» (André Glucksmann)

« Le XIX° siècle connut peu de bouleversements sociaux et politiques, il en programma beaucoup, Ordre, Travail, Révolution, Chaos final…  Les idées aujourd’hui dominantes sont produites à cette époque. » (André Glucksmann) – Nous ferions bien de nous demander ce qu’aujourd’hui nous programmons pour demain, mais peut-être est-ce déjà trop tard. Le vide que nous avons créé est là … Comment sera-t-il comblé ? Car il le sera. Nous commençons à nous en douter. Ce n’est pas enthousiasmant.

« Si l’idée agrandit, c’est l’action qui vivifie … Planter un concept  comme un piquet. » (Goethe – contre les idées pures)

« Tout devient inintelligible pour celui qui a peur des idées. » (Goethe)

« Les idées générales et la grande présomption sont toujours en train de déchaîner d’affreux malheurs. » (Goethe)

« L’idée agrandit, mais elle paralyse ; l’action vivifie, mais elle restreint … Au commencement était l’action. » (Goethe – Willhelm Meister)

« C’est un homme qui change à tout moment d’idée fixe. » (Edmond et Jules de Goncourt)

« En présence d’idées comme celle ‘d’égalité’, ou comme celle de ‘progrès’, ou comme les autres ‘dogmes laïques’ que nos contemporains acceptent aveuglément … il ne nous est pas possible d’admettre que de telles idées aient pris naissance spontanément. Ce sont de véritables ‘suggestions’ … Elles n’ont pas créé de toutes pièces l’état d’esprit … mais elles ont largement contribué à l’entretenir et à le développer  … Si ces suggestions venaient à s’évanouir, la mentalité générale serait bien près de changer d’orientation, c’est pourquoi elles sont si soigneusement entretenues par tous ceux qui ont quelque intérêt à … Dans un temps où l’on prétend tout soumettre à la discussion, elles sont les seules choses qu’on ne se permet jamais de discuter … Il ne s’agit nullement ‘d’idées pures’ ; ce sont, si l’on veut, des ‘pseudo-idées’ destinées principalement à provoquer des réactions sentimentales, le moyen le plus efficace et le plus aisé pour agir sur les masses … Le mot étant plus important que la notion qu’il est censé représenter … ‘verbalisme’ où la sonorité des mots suffit à donner l’illusion de la pensée. » (René Guénon)

« La chouette de Minerve (l’oiseau de la sagesse, qui voit dans l’obscurité) ne prend son envol qu’au crépuscule. » (phrase célèbre et énigmatique de Hegel) – « Le soupçon de Hegel : la perception de la réalité, apparaît seulement lorsqu’elle a  accompli et terminé son processus de formation. » (Enrique Valiente Noailles) – Le retard pris par la conscience sur l’action. On ne comprend qu’après l’Idée qui inconsciemment agissait dans l’homme d’action. C’est au soir de la vie qu’on commence à penser en se détachant, ou bien la réflexion, la méditation est nocturne, ou bien la philosophie est discrète,  à l’écart de l’action, ou bien encore la conscience, l’esprit, n’émerge qu’au moment où tout va finir (catastrophisme actuel), la connaissance doit attendre pour la comprendre que la réalité soit réalisée ou en passe d’être, etc. etc.

« Les uns soutiennent que nous ne recevons nos idées que du dehors … Ces gens considèrent l’esprit comme une table rase, où l’expérience écrit successivement et chaque jour quelque chose de nouveau … Les autres soutiennent que les idées sont nées dans l’homme … que le monde extérieur, l’expérience et les sens … ne nous amènent qu’à reconnaître ce qui était déjà disposé dans nos esprits … Aristote … reçoit tout de l’expérience … Platon est tout à fait idéaliste et ne connaît que des idées innées. » (Heinrich Heine) – Matérialisme et idéalisme en simplifiant énormément.

« Nous avons échangé nos idées avec X. Je me sens tout bête. » (Heinrich Heine)

« Il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue. » (Victor Hugo)

« Toute idée exprimée implique une responsabilité acceptée. » (Victor Hugo)

« Les idées divisent, n’en ayons donc pas. » (François-Bernard Huyghe –   La soft-idéologie)

« L’homme contemporain n’a que des idées suggérées qu’il a tendance à croire spontanées. » (Claude Jannoud)

« Il existe trois idées transcendantes à trois domaines de la vie humaine : le Juste, la Proportion (proche du Vrai), le Beau … Ces trois idées étant sous la dépendance de l’idée de Bien qui est le soleil des idées, la source du sens (le Dieu de Platon selon beaucoup de commentateurs) … Postulant ainsi une transcendance dans le domaine politique et moral avec l’idée de justice, dans le domaine de la connaissance avec l’idée de proportion, et dans le domaine esthétique avec l’idée de beauté. » (Abel Jeannière – Sur les Grecs en général et Platon en particulier) – Les quatre transcendantaux classiques : le bon, le beau, le vrai, le juste.

« Il faut savoir entrer dans les idées des autres et il faut savoir en sortir, comme il faut savoir sortir des siennes et il faut savoir y rentrer. » (Joseph Joubert)

« Les idées claires nous servent à penser ; mais c’est toujours par quelques idées confuses que nous agissons, ce sont celles qui mènent la vie. » (Joseph Joubert) 

« Jamais les mots ne manquent aux idées. C’est les idées qui manquent aux mots. Dès que l’idée en est venue à son dernier état de perfection, le mot éclôt. » – (Joseph Joubert) – Ceci  n’est plus vrai en novlangue où nombre de mots sont bannis pour empêcher la pensée de s’exercer ;  ici actuellement.

« La ‘fidélité à ses idées’ n’est souvent qu’une solution de facilité pour dissimuler le degré zéro de sa pensée. » (Jacques Julliard)

« La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles mais d’échapper aux idées anciennes. » (John Maynard Keynes)

«  La meilleure expression d’une idée, au point de vue absolu, est celle qui donne les meilleurs résultats, peu importe si, oui ou non, elle satisfait l’esprit … Le paradoxe qui veut que la valeur d’une idée, en tant qu’idée, en garantisse si peu la portée pratique que des idées bornées et même monstrueuses ont souvent été plus fécondes que d’autres plus profondes … » (Hermann von Keyserling)

« Une idée n’appartient pas à qui la découvre, mais à celui qui l’énonce le plus brillamment. » (Karl Kraus)

« Le débat politique se restreignant la plupart du temps aux classes qui détiennent la parole (‘talking’ classes) … devient de plus en plus nombriliste et figé dans la langue de bois … Les idées circulent et recirculent sous forme de scies et de réflexes conditionnés. » (Christopher Lasch) – De plus les sujets abordés se limiteront à ceux qui intéressent ces classes.

« L’esprit humain tire une bien plus grande satisfaction d’un petit plaisir, d’une idée ou d’une sensation faible, mais dont il ignore les bornes, que d’une sensation forte dont il connaît ou pressent les limites … Une toute petite idée confuse est toujours plus grande qu’une très grande idée parfaitement claire. L’incertitude qui porte sur l’existence ou la non-existence d’une chose est aussi une source de grandeur, qui s’efface avec la certitude que la chose existe réellement … L’ignorance, qui seule peut nous cacher les limites des choses, est la source principale des idées indéfinies. Elle est la première source de bonheur. Aussi l’enfance est-elle le plus heureux des âges. … l’expérience montre nécessairement les limites de beaucoup de choses.  » (Giacomo Leopardi)

« On ne m’explique pas pourquoi la diversité serait merveilleuse en toute chose, sauf dans le domaine des idées. » (Elisabeth Lévy)

« Dans tour débat, le meilleur signe que vous avez gagné, c’est quand vous voyez votre adversaire qui commence à s’approprier vos idées, tout en croyant sincèrement qu’il vient lui-même de les inventer. » (Simon Leys)

 « Le fait que la capacité de s’enthousiasmer pour certaines valeurs soit extrêmement dangereuse ne signifie pas pour autant qu’elle ne soit pas indispensable. » (Konrad Lorenz)

« S’efforcer de conserver soi même, chose difficile, l’esprit plus vaste que ses propres idées. » (cardinal Henri de Lubac)

« Sans Dieu, la vérité même est une idole, la justice même est une idole. Idoles trop pures et trop pâles, en face des idoles de chair et de sang qui se redressent ; idéaux trop abstraits, en face des grands mythes collectifs qui réveillent les plus puissants instincts … Aussi le laïcisme de cette société moderne a-t-il fait, quoique souvent bien malgré lui, le lit des grands systèmes révolutionnaires. » (cardinal Henri de Lubac) – Avons-nous de quoi être fiers du XX° siècle ? Comment s’annonce la douceur du XXI° ?

« Comme les modes de vie ou les situations sociales qui leur servent de supports, les idées, avant d’être canoniques, sont la plupart du temps anomiques (désorganisées, déstructurées). Et il est bon qu’il en soit ainsi : leur imperfection, leur fragilité, leur approximation servent de garantie à leur faculté de saisir ce qui est en train de naître. » (Michel Maffesoli)

Comment tuer une idée, rejeter ce qui vient déranger nos habitudes ou nos intérêts : « D’abord la mise à mort par le silence, couplée avec la pratique de l’assassinat anonyme propre aux multiples commissions et comités – Puis la dévalorisation par la stigmatisation, ragots, rumeurs, invalidation théorique via l’argument d’autorité (experts…) – Enfin la récupération, insidieuse, sournoise, partielle, qui n’étreindra que pour mieux étouffer. Dans le meilleur des cas, elle diluera ou affadira la force vive du poison que l’on n’a pu évacuer. » (Michel Maffesoli – condensé, simplifié)

« ‘L’homme ne peut rien apprendre qu’en vertu de ce qu’il sait déjà’, ‘Avant de parvenir à une idée particulière, nous la connaissons déjà en partie’ et ‘Toute doctrine et toute science rationnelle est fondée sur une connaissance antécédente’ ; ce qui suppose nécessairement quelque chose de semblable à la théorie des idées innées … soit indépendantes de l’expérience … comme on peut le constater chez les animaux : la bête ne fuit pas parce qu’elle en a vu dévorer d’autres (par son prédateur naturel). » (Joseph de Maistre – citant Aristote) – Mais ce qui s’oppose à l’axiome des scolastiques : « Rien ne peut entrer dans l’esprit que par l’entremise des sens. »

« Les bonnes idées n’ont pas d’âge, elle ont de l’avenir. » (Robert Mallet)

« On doit donc conclure qu’il existe dans la nature humaine une disposition qui lui donne perpétuellement la force d’immoler le présent à l’avenir, et par conséquent la sensation à l’idée … La nature de l’homme est tellement disposée au sacrifice que la sensation présente est presque infailliblement sacrifiée lorsqu’elle est en opposition avec une sensation future, c’est-à-dire avec une idée. » (Pierre Manent – cité par Zaki Laïdi)

« L’idée n’est plus signe formel mais signe instrumental, elle n’est plus une relation vivante faisant atteindre … elle devient l’objet, la seule chose immédiatement atteinte par l’acte de connaissance. » (Jacques Maritain – sur l’idéalisme)

« L’action du spirituel sur les hommes et sur l’histoire est plus vaste et plus puissante que l’action temporelle, qui, si elle est de grande portée, est cependant dans une dépendance radicale à l’égard de ce qui s’est déroulé dans l’ordre spirituel. Le Marxisme et la révolution communiste n’auraient pas été sans Hegel, qui n’aurait pas été sans Descartes et sans Luther. » (Jacques Maritain)

« Les idées ne sont rien d’autre que les choses matérielles transposées et traduites dans la tête des hommes. » (Karl Marx)

« Quand une idée s’empare des masses, elle devient une force matérielle. » (Karl Marx)

« La production des idées, des représentations et de la conscience est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle. » (Karl Marx – Engels)

« C’est de la terre au ciel que l’on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent … pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle ; c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. » (Karl Marx – Engels)

 « Faut-il une perspicacité profonde pour comprendre que les idées des hommes, leurs aperçus concrets, comme leurs notions abstraites et en un mot leur conscience se modifient avec leurs conditions d’existence, avec leurs relations sociales, avec leur vie sociale ? L’histoire des idées que prouve-t-elle sinon que la production intellectuelle se métamorphose avec la production matérielle ? Les idées dominantes d’un temps n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. » (Marx-Engels – Manifeste du parti communiste) – « Autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. »

« Chaque nouvelle classe qui prend la place de celle qui dominait avant elle est obligée, ne fût-ce que pour parvenir à ses fins, de représenter son intérêt comme l’intérêt commun de tous les membres de la société ou, pour exprimer la chose sur le plan des idées : cette classe est obligée de donner à ses pensées la forme de l’universalité, de les représenter comme étant les seules raisonnables, les seules universellement valables. » (Karl Marx – Engels – L’idéologie allemande)

« Il en est des idées comme des femmes ; dix coûtent moins à nourrir qu’une seule à habiller. » (Paul Masson)

« C’est toujours le même ‘clinamen’ (écart, déviation) : si on parle ‘idée’ pour le nazisme, on répond ‘réalité des crimes’ ; si on parle ‘réalité des crimes’ pour le communisme, on répond ‘idée’. » (Jean-François Mattéi)

« Moins les gens ont d’idées à exprimer, plus ils parlent fort. » (François Mauriac)

« Les idées sont encore des forces par elles-mêmes. Mais dans vingt ans ? Dans trente ans ? » (Charles Maurras) – qui, une fois de plus, voyait clair. – « L’époque du Rien. » (Benny Lévy) – est arrivée.

« Il n’est pas une idée née d’un esprit humain qui n’ait fait couler du sang sur la terre. » (Charles Maurras)

« Le ‘placement d’idées’ comme le dit Jean-Yves Le Naour … Les producteurs de séries télé sont très souvent contactés par tel ou tel organisme … Beaucoup de gens souhaitent utiliser les fictions télé pour faire passer leur message et sont prêts à payer très cher pour cela.. » (Sophie Mazet)

« La valeur de performance d’une idée tient à la modification de comportement qu’elle apporte à l’individu ou au groupe qui l’adopte. » (Jacques Monod)

« Les idées-bisons. » (Montherlant – cité par Raymond Ruyer) – Suffisamment expressif

« Les idées ne sont pas des outils intellectuels, ce sont des entités possessives. Comme pour un dieu, nous sommes les serviteurs de l’idée qui nous sert … Nous sommes possédés par les idées et  les croyances que nous possédons. » (Edgar Morin) 

« Partout, dans les sciences, les techniques, les humanités, les médias, règnent les idées générales creuses, ici sonores et retentissantes (les humanités), là cachées mais omniprésentes (les sciences), ailleurs triées selon leur valeur consommatrice et marchande (les médias). » (Edgar Morin)

« Ses idées, depuis longtemps avaient la consistance des nuées. » (Roger Nimier – sur Edouard Herriot) – Que n’a-t-il connu Jacques Chirac.

« Quand une idée paraît, c’est qu’elle a fait un long chemin. Elle arrive parfaitement formée et  il est trop tard pour la tuer … Celle-là s’est promenée pendant des jours … je l’oubliais … et tout à coup, elle  reparaissait, terriblement dure et narquoise, comme si elle avait joué tout le temps à cache-cache avec moi… » (Paul Nizan – La conspiration)

« Je me dis aujourd’hui qu’il faut que quelque grande idée conduise les espions et les dénonciateurs, s’ils veulent vivre. Il faut qu’on puisse croire à la sainteté même de sa trahison. » (Paul Nizan- La conspiration)

« Cette passion furieuse pour les idées au détriment de la réalité, cette religion de l’idéal sans souci du réel, ce goût des livres dont on pense qu’ils sont plus vrais que le monde qu’ils sont censés dire. Don Quichotte s’avère être un platonicien emblématique pour lequel l’idée qui dit le monde est plus vraie que le monde dit par cette idée. » (Michel Onfray)

« Je ne crois plus qu’aux faits. Une idée doit être évaluée à la lumière de la réalité, du réel, du concret. Si elle ne passe pas la rampe pragmatique, alors il faut sinon s’en débarrasser, du moins l’amender. Si on persiste, l’idéologie pointe son nez et avec elle la dénégation. » (Michel Onfray)

« La puissance intellectuelle se mesure à son aptitude à  dissocier des idées traditionnellement inséparables. Dissocier des idées est beaucoup plus difficile que de les associer. » (José Ortega y Gasset)

« ‘L’homme associe les idées non pas selon la logique, selon l’exactitude vérifiable, mais selon son plaisir ou son intérêt’. Les associations d’idées qui l’emportent dans la conscience sociale d’un groupe, sont celles qui sont en harmonie avec l’utilité actuelle de ce groupe. » (Georges Palante – citant Rémy de Gourmont – Vieilles associations : Instruction et intelligence, instruction et moralité, vertu-récompense, crime-punition, avenir-progrès…) – Plutôt avec l’utilité de l’oligarchie en mesure d’imposer les associations d’idées qui lui sont profitables et lui permettent d’exercer sa domination.

« Nos idées sont indissolublement liées à des émotions et à des affects, un ordre de réalité qui, quand on en prend conscience, rend très suspect toute prétention à l’objectivité. Ma conscience idéologique précoce est née sur un terreau affectif… » (Paul-François Paoli)

« Une mauvaise idée toute faite est infiniment plus pernicieuse comme toute faite, que comme mauvaise. » (Charles Péguy – cité par Jean-Edern Hallier)

« La plupart des idées sont des opinions. » (Georges Picard)

« L’originalité est la pire des recommandations pour les conceptions  fondamentales. » (Peirce – cité par Dany-Robert Dufour)

« Le critère de réfutabilité. Une démarche est scientifique s’il est possible de la mettre en défaut, s’il est envisageable de montrer qu’elle est fausse … Ce qui distingue une théorie scientifique d’une théorie métaphysique (ou idéologique), c’est sa possibilité d’être réfutée ou falsifiée. Une théorie infalsifiable, c’est-à-dire non scientifique, est une théorie qui résiste à la démonstration du contraire et inclut cette réfutation comme faisant partie de la théorie (Karl Popper) – « Si vous êtes contre le marxisme, c’est que vous êtes un bourgeois ; si vous êtes contre la théorie du genre, c’est que vous êtes un hétérosexuel ; si vous êtes conte les ‘postcolonial studies’, c’est  parce que vous êtes un blanc  La dérive déterministe des héritiers de Bourdieu. L’individu ignore les vraies raisons de  ses actions sociales. Il n’en est pas responsable puisque celles-ci sont causées par des dispositions qu’il a intériorisées. Il est le jouet de forces sociales, de système de ‘pouvoirs’ qui le dépassent La violence symbolique dont il est victime de la part des dominants justifie un ressentiment qui peut conduire au crime –Y a bon pour justifier n’importe quel terrorisme … Tout le réel devient une construction sociale, déresponsabilisation générale, attribution de tous les méfaits du corps social à un seul acteur surplombant (l’Etat, le capitalisme, le patriarcat…), conspirationnisme …  La destruction de toute norme commune devenue l’ambition des sciences sociales » (Eugénie Bastié – sur la French Theory)).

 « L’idée, la pensée, tant belle soit-elle, n’est que bulle de savon si elle ne s’étaye pas sur la force, si elle n’est pas fécondée par elle. » (Emile Pouget – suivant Georges Sorel)

« Il suivait son idée, une idée fixe, et il était surpris de ne pas avancer. » (Jacques Prévert)

« Certains vivent avec les idées des autres, c’est un moyen comme un autre de n’en manquer jamais. » (Charles Régismanset)

« Faute d’idées, les gens se contentent volontiers d’opinions. » (Charles Régismanset)

« L’intérêt d’une idée se partage selon une proportion variable entre sa fonction de vérité et sa fonction d’utilité, entre son pouvoir de connaissance et son pouvoir de polémique. » (Jean-François Revel) – Chez les politiciens, seule compte la fonction d’utilité (pour eux).

«Les idées matière première de l’activité économique, de la sphère marchande. Le contrôle des idées clés dans un secteur d’activité, contrôle de l’intégralité du secteur, concentration du pouvoir. » (Jeremy Rifkin)

« On ne peut pas vouloir une idée avant qu’elle nous vienne, et on ne peut pas toujours la chasser quand elle est venue. » (Rivarol)

« Les idées perdront toujours leur procès contre les sensations.  Il n’y a que les excellents esprits qui quittent tout pour une tête pensante. » (Rivarol)

« Il ne faut pas chercher à expliquer par des idées ce qu’on ne peut connaître que par des sensations. » (Rivarol)

« C’est la précision de l’idée qu’il faut chercher, non celle de la phrase. » (Rivarol) – Notre système scolaire ne recherche plus ni l’une ni l’autre. Lire des lettres ou des courriels, lire ou écouter des journalistes !

« Dès que nous abandonnons la distinction entre raison et passion, nous ne pouvons plus rejeter une idée sous le prétexte de ses origines. Nous entreprenons de classer les idées en fonction de leur utilité relative plutôt que de leur source. » (Richard Rorty –définissant le pragmatisme) 

« Il faut refaire le bagage d’idées de la démocratie française. » (Pierre Rosanvallon, l’intrépide chasseur de réacs) – Pourquoi ? Elles ne sont pas bonnes après quarante ans de monopole gauchiste, de chasse aux sorcières. de dénonciation, d’exclusion… En tout cas, il n’y aurait que des avantages à ce que l’auteur change son léger bagage.

« Les idées vraiment claires n’oublient pas l’ombre d’où elles viennent. » (Claude Roy)

« Une idée ne peut devenir efficace que si elle s’incarne en mythes, en décors, en cérémonies, en doctrine sacrée (comme le savent tous les pouvoirs forts)… Mais le danger est de prendre les choses à l’envers … que des clans idéologiques ne s’emparent du décor pour y dissimuler leurs entreprises … On ne va pas à l’Eros par l’érotisme et la pornographie. » (Raymond Ruyer)

« Ce que soutient, justement, le matérialisme historique, c’est que les idées ne sont jamais en l’air, détachées, qu’elles sont incarnées en des structures actuelles qui leur servent de rail ; du moins les idées saines, par opposition aux rêveries schizophréniques ou pseudo-philosophiques. » (Raymond Ruyer)

« En France particulièrement, les mots ont plus d’empire que les idées. » (Georges Sand)

« Exprimer librement des idées reçues, ce n’est pas être libre. Être libre, c’est être libre de penser les idées inexprimées. » (Michel Schneider) 

«  La renommée d’une idée elle résulte de son influence, pas de sa vérité. » (Roger Scruton)

« Devant les lézardes, ils ont tendu les grandes idées. » (Louis Scutenaire)

« Se faire ses propres idées ! Expression aussi jolie que trompeuse, car les ‘propres idées’ avec lesquelles on commence sont les clichés les plus massifs de l’époque dans laquelle on vit. » ( Peter Sloterdijk)

« L’Occident, qui ne possède pas de censure, opère pourtant une sélection pointilleuse en séparant les idées à la mode de celles qui ne le sont pas ; et bien que ces dernières ne tombent sous le coup d’aucune interdiction, elles ne peuvent s’exprimer vraiment ni dans la presse périodique, ni par le livre, ni par l’enseignement universitaire. » (Alexandre Soljénitsyne)

« N’avoir que des idées suggérées et les croire spontanées : telle est l’illusion propre au somnambule, et aussi bien à l’homme social. » (Spinoza)

« Une idée que personne n’aurait jamais eue a plus de chances d’être une sottise. » (André Comte-Sponville)

« L’opposition du réel et de l’idéal est irréductible, jamais l’un ne peut devenir l’autre : si l’idéal devenait réel, il ne serait plus l’idéal et si le réel devenait idéal, il n’y aurait que ce dernier et plus du tout de réel … L’idée ne peut être réalisée d’une manière qui la laisse subsister comme idée. » (Max Stirner) – Ecart irréductible entre sainteté et incarnation.

« Je ne plains pas un homme qui va en prison pour ses idées. Car il était déjà dans la prison de ses idées. » (André Suarès)

« Les idées et les passions ont beau se heurter en écumant, elles sont toujours moins irréconciliables que les intérêts. » (Gabriel Tarde) – Pas  si sûr.

« N’avoir que des idées suggérées et les croire spontanées : telle est l’illusion propre au somnambule, et aussi bien à l’homme social. » (Gabriel Tarde)

« La jeunesse n’est pas l’âge de la liberté, c’est celui de la ferveur. Des passions violentes au service d’idées étroites. Quand les idées s’élargissent la ferveur tombe en proportion. Et, de cet abîme de scepticisme, émerge une liberté sans limites, mais sans danger : toute menace d’incendie étant conjurée, car les vents intérieurs n’agitent plus que des cendres. » (Gustave Thibon)

« Quand nous disons à quelqu’un : ‘Vous avez eu une bonne idée’, cette formule s’applique, non à l’idée prise en elle-même, mais à ses heureuses conséquences pratiques. Ainsi l’épreuve du réel constitue l’unique critère de la validité des idées. » (Gustave Thibon)

« Une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de puissance dans le monde qu’une idée vraie, mais complexe. » (Alexis de Tocqueville) 

 « Ils ne disent pas que Reagan a tort parce que ses idées sont mauvaises, mais que les idées sont mauvaises parce qu’elles proviennent de Reagan. » (Tzvetan Todorov) – L’exemple est américain, mais on se croirait en France, que ce soit en politique, en littérature, en art, en philosophie… Le sectarisme juge de tout en fonction de son obsession, et de ses intérêts bien sûr, toujours là.

 « Ils (les Grecs) furent de grands agents de liberté mentale : ils enseignèrent à jouer avec les idées, à ne pas les respecter ; ils nous apprirent que les idées sont faites pour les hommes et non les hommes pour les idées. » (Miguel de Unamuno)

« Ce n’est pas nos idées qui nous font optimistes ou pessimistes, c’est notre optimisme ou notre pessimisme qui font nos idées. » (Miguel de Unamuno)

« Moins on a d’idées, plus on y tient. » (Bertrand Vac)

« Pourquoi mourir pour une idée alors qu’il y en a tant d’autres. » (Bertrand Vac)

« Ayez toujours deux idées, la seconde pour corriger la première. » (Paul Valéry)

« Un homme sérieux a peu d’idées, un homme d’idées n’est jamais sérieux. » (Paul Valéry)

« La principale liberté de circulation dont nous sommes privés de nos jours, c’est la libre circulation des idées. » (Pierre le Vigan) – Dans notre société qui censure tout, sauf sa propre bêtise vulgaire.

« Avec quelle force une idée s’empare de nous, comme elle nous fait sa dupe, et combien de temps il faut pour l’user. » (Alfred de Vigny)

« Les mots entraînent l’idée malgré elle. » (Alfred de Vigny) 

« Une idée, pour peu qu’on s’y accroche avec une conviction suffisante, qu’on la caresse et qu’on la berce, finira par produire sa propre réalité. » (Paul Watzlawick)

« Ce sont les idées et non les intérêts qui sont la cause dominante immédiate de l’action humaine. » (Max Weber – cité par Raymond Boudon) – «Les conflits les plus violents, y compris les conflits avec soi-même, ne portent-ils pas sur sur les valeurs et les idées ? » (Raymond Boudon)

« Une idée qui n’est pas dangereuse ne mérite pas d’être appelée idée. » (Oscar Wilde)

« L’idée, c’est comme le papier d’argent qu’on ne peut plus rendre lisse une fois qu’il a été froissé. » (Wittgenstein) – « Un sage est sans idée … il n’est en possession d’aucune, prisonnier d’aucune … il n’en met en avant aucune … Il ne laisse se former aucun pli dans son esprit. »  (François Jullien)

« Ce qui compte n’est pas de savoir si une idée est vraie ou fausse mais uniquement d’où elle vient, de quelle idéologie elle relève et quels intérêts elle sert. » (?) – De qui elle fait le jeu pour reprendre le langage des laquais médiatiques.

« Les idées convenues sont rarement stimulantes. » (?)

« Il y a des idées qui sont comme un attentat. » (?)

« Les meilleures idées sont celles que l’on n’a pas encore eues. » (?)

« Acheter ses idées sur le marché de la mode. » (?)

« Discréditer la personne pour ne pas discuter ses idées ; et donc les nôtres propres. » (?)

« Le lien unissant les idées généreuses aux idées générales. » (?)

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés de l’ouvrage d’Eugénie Bastié, La guerre des idées

 « Hyperspécialisation et hystérisation et surmédiatisation et archipellisation. caractéristiques du débat d’idées actuel … ‘Voici le temps de la philosophie réconfort, celle du self-service intellectuel parfaitement en phase avec le coaching généralisé’ (Gilles Lipovetsky) … ‘L’intellectuel français est de venu un exorciste, il aurait troqué la recherche de la vérité pour le ring, le temps long pour l’instantanéisme, la controverse pour l’altercation, la soumission à une grande idée pour le narcissisme moral … Indignation et déclamation systématiquement surjouées … Moins une guerre des idées qu’une guerre des sentiments. Il ne s’agit pas de faire taire une opinion que l’on considère comme divergente mais de réduire au silence une personnalité, de l’effacer (cancel culture) … Radicalité toute nouvelle, plus subjective que politique, nouvelle intolérance, incapacité de tolérer dans l’espace public le discours de quelqu’un qui ne pense pas comme vous … ‘ Le libéralisme voit le savoir comme quelque chose qu’on peut apprendre sur la réalité, la Théorie voit le savoir comme complètement créé par les humains – des histoires que l’on raconte, dans le but involontaire de maintenir son statut social, privilège ou pouvoir … Le libéralisme valorise les valeurs humaines individuelles et universelles ; la Théorie les rejette en faveur de l’identité de groupe et de la politique identitaire. Bien que les libéraux de gauche aient tendance à favoriser l’opprimé, le libéralisme en général est centré sur la dignité humaine ; la Théorie se concentre sur la victimisation. Le libéralisme encourage le désaccord et le débat comme moyen de découvrir la vérité ; la  Théorie les rejette comme moyens de renforcer les discours dominants qui suppriment certaines perspectives et insiste sur le fait que nous ne pouvons pas accéder à ‘la’ vérité, mais seulement à ‘nos’ vérités qui sont enracinées dans nos valeurs’. (Helen Pluchrose et James Lindsay Cynical TheoriesPar la Théorie, comprendre la pensée critique (de gauche en simplifiant) contestant le libéralisme sur le plan moral et politique et qui sape ses fondements même en s’attaquant à la possibilité même de la liberté de l’individu … La destruction de toute norme commune devenue l’ambition des sciences sociales …  ‘Le critère de réfutabilité. Une démarche est scientifique s’il est possible de la mettre en défaut, s’il est envisageable de montrer qu’elle est fausse … Ce qui distingue une théorie scientifique d’une théorie métaphysique (ou idéologique), c’est sa possibilité d’être réfutée ou falsifiée. Une théorie infalsifiable, c’est-à-dire non scientifique, est une théorie qui résiste à la démonstration du contraire et inclut cette réfutation comme faisant partie de la théorie’ (Karl Popper). Si vous êtes contre le marxisme, c’est que vous êtes un bourgeois ; si vous êtes contre la théorie du genre, c’est que vous êtes un hétérosexuel ; si vous êtes conte les ‘postcolonial studies’, c’est  parce que vous êtes un blanc … La dérive déterministe des héritiers de Bourdieu. L’individu ignore les vraies raisons de  ses actions sociales. Il n’en est pas responsable puisque celles-ci sont causées par des dispositions qu’il a intériorisées. Il est le jouet de forces sociales, de système de ‘pouvoirs’ qui le dépassent La violence symbolique dont il est victime de la part des dominants justifie un ressentiment qui peut conduire au crime –Y a bon pour justifier n’importe quel terrorisme … Tout le réel devient une construction sociale, déresponsabilisation générale, attribution de tous les méfaits du corps social à un seul acteur surplombant (l’Etat, le capitalisme, le patriarcat…), conspirationnisme …  La destruction de toute norme commune devenue l’ambition des sciences sociales  …  Avant de se lamenter sur les mensonges des populistes et la montée du complotisme, peut-être faudrait-il s’interroger sur la responsabilité des intellectuels (les déconstructeurs de tout de la French Theory, Bourdieu, Foucauld, Deleuze, Derrida, dans une moindre mesure  Barthes) dans cette fragilisation de la vérité. Qui a déconstruit méthodiquement les institutions, sapé la notion d’autorité ? Qui a affirmé que la vérité n’existait pas et qu’il n’y avait que des subjectivités ? Qui a cherché derrière les énoncés les plus banals, des structures de pouvoir cachées ? Qui a démantelé les plus simples évidences au nom de la lutte contre le préjugé ? Il n’y a pas de réalité, il n’y a que le langage. Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations, le réalisme est réactionnaire : voilà ce qu’on enseigne depuis quarante ans dans les universités occidentales. »

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