600,5 – Evolution

– Cette loi de nature ne saurait qu’obéir à nos désirs et volontés, donc vers un toujours mieux, toujours plus. Et si la nature se moquait de nos prétentions ?

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« Il n’y a qu’une loi, c’est qu’un accident est à l’origine de toute évolution. » (Gaston Bachelard)

« Devant certains êtres je crois difficilement à l’évolution universelle. » (Natalie Clifford-Barney)

« L’adaptation explique les sinuosités du mouvement évolutif, mais non pas les directions générales du mouvement, encore moins le mouvement lui-même … Cette nécessité paraît expliquer les arrêts de la vie à telles ou telles formes déterminées et non pas le mouvement qui porte l’’organisation de plus en plus haut. » (Henri Bergson – cité par Rémi Brague)

« L’évolutionnisme est une façon de greffer l’idée de progrès sur la réalité du changement … Tant que notre civilisation croira, aura besoin de croire au progrès, elle imposera le dogme de l’Evolution et empêchera qu’on le conteste. » (Emmanuel Berl)

« L’évolution, on en a fait une idole, c’est-à-dire un mot confus pour remplacer le mot Dieu, sans y ajouter quoi que ce soit. » (Emmanuel Berl)

« Si l’homme à l’origine avait habité un monde aussi uniformément dénudé qu’un ‘grand ensemble’ d’habitation, aussi terne qu’un parking, aussi dépourvu de vie qu’une usine automatisée, on peut douter qu’il ait eu une expérience sensorielle assez variée pour retenir des images, modeler un langage ou retenir des idées. » (Baudouin de Bodinat – se référant à ?)

« L’argument de Rousseau selon lequel on ne saurait davantage expliquer l’apparition de la vie par le hasard qu’on ne peut espérer récrire ‘l’Iliade’ en combinant au hasard les lettres de l’alphabet conserve une certaine force de conviction. » (Raymond Boudon)

« Si l’évolutionnisme est aujourd’hui largement discrédité, c’est en partie sous l’effet du relativisme régnant. » (Raymond Boudon – sur l’évolutionnisme historique, social, des idées…)

« Une période d’euphorie et d’abondance, un Age d’Or, voilà, nous laisse-t-on entendre, tout ce que tiendrait en réserve pour nous l’Evolution. Devant un idéal aussi ‘bourgeois’, il est juste que notre cœur défaille. » (Père Teilhard de Chardin)

« Optimisme ou pessimisme absolus … Le progrès est tout ou rien … Deux directions seulement, l’une vers le haut, l’autre vers le bas, sans possibilité de rester accroché à mi-chemin. » (Teilhard de Chardin) – Dans quelle direction allons-nous ?

« Quand s’annonça l’évolution scientifique, certains craignirent qu’elle n’encouragea la pure animalité. Elle fit pire : elle encouragea la pire spiritualité. Elle enseigna aux hommes que plus ils s’éloignaient du singe plus ils s’approchaient de l’ange. Mais on peut s’éloigner du singe et aller au diable. » (Chesterton)

« L’évolution signifie qu’il n’existe pas de chose telle qu’un singe à transformer ni de chose telle qu’un homme en quoi le transformer, qu’il n’existe pas de chose telle qu’une chose, seul un flux de tout et de n’importe quoi. Vous ne pouvez penser si vous n’avez rien à quoi penser. Vous ne pouvez penser si vous n’êtes pas séparé du sujet de la pensée … L’idée d’une modification fondamentale du modèle est une de celles qui rendent impossible de penser au passé ou à l’avenir. » (Chesterton)

« Il ne sert à rien de commencer par dire que tout s’est fait lentement et doucement … Il n’y a pas de peintures, de fresques, commencées par des singes et achevées par des hommes … L’homme est à la fois inférieur à son état et supérieur à son état. Il n’est pas bien dans sa peau ; il ne peut se fier à ses instincts … Ce qui se tient devant nous, c’est autre chose qu’un animal ; seul d’entre les animaux, il est atteint de cette folie magnifique qu’est le rire … Cela ne sert à rien de comparer la boîte crânienne de l’homme avec celle du singe, s’il est absolument certain que jamais aucun singe n’a enterré un autre singe en lui fournissant les vivres nécessaires à son voyage jusqu’au paradis des singes … Qu’elles qu’aient été leurs croyances les hommes ont toujours cru que la race humaine était blessée (chute) … Seuls ils ont fait famille. » (Chesterton)

« Pour passer des cavernes aux salons, il nous a fallu un temps considérable ; nous en faudra-t-il autant pour parcourir le chemin inverse, où brûlerons-nous les étapes ? » (Emil Cioran)

« L’indiscrète, l’insinuante Evolution … synonyme savant du progrès, contrefaçon optimiste du destin … Un culte s’y attacha, comparable à celui qu’on vouait au ‘peuple’. » (Emil Cioran)

« La création était indépendante du temps, l’évolution abolit quant à elle l’idée du prototype. Mais aussi, à la mesure de la forme elle substitue la démesure, à l’économie, un prodigieux gaspillage des formules et une étonnante prolifération ; à l’unité, elle oppose la diversité, à la nécessité des combinaisons, le hasard, à la discrétion, l’exubérance. Tous traits de l’hybris moderne. » (Jean Clair)

« L’idée d’un devenir, d’un être qui peut sauter hors de sa forme, me semble un véritable monstre et le dernier degré de l’absurdité. » (Paul Claudel)

« L’évolution était la tarte à la crème de toutes les sciences. Au dogme de l’évolution était lié celui du progrès et de la science toujours bienfaisante, pacifique, et préposée à la félicité humaine … Ce qui a fait chez nous la vogue de Darwin (tout à fait utilisable par l’anticléricalisme à la mode en 1875) c’est la simiesquification de l’homme (si j’ose employer ce néologisme). La théorie … d’après laquelle nous descendrions du singe, a enchanté les innombrables ennemis que Dieu comptait en France. » (Léon Daudet – Et ce n’est pas qu’une obsession de 1875 !)

« Nous souhaiterions que la sélection fut morale, qu’elle permit un progrès. Malheureusement l’évolution est moins un progrès qu’une adaptation. Les mouches devenues par mutation résistantes aux insecticides sont-elles ‘meilleures’ ? » (Claude Fouquet)

« La théorie de l’évolution … Pipeau ! … On n’a pas évolué, on a changé. » (Jean-Marie Gourio)

« Le principe de l’évolution implique qu’il existe à la base de l’évolution une disposition interne, une présupposition existant en soi, qui se réalise dans l’existence … Le changement abstrait qui s’opère dans l’histoire a déjà été représenté comme un progrès vers le mieux, le plus parfait (à l’opposé des phénomènes cycliques répétitifs) … Chez l’homme, la détermination est une véritable aptitude au changement et, plus précisément, une aptitude de devenir meilleur, plus parfait : une impulsion vers la perfectibilité. » (Hegel) – Que de dégâts à venir implique une telle position. Attention, Hegel ne parle pas d’évolution dans la nature, au sens de Darwin, mais d’évolution socio-historique. D’ailleurs il écrivait bien avant celui-ci.

« Peut nous arriver : ce qui est arrivé à tant d’autres espèces animales d’un type différent, aux insectes par exemple ; l’activité cérébrale prendra de plus en plus le caractère instinctif, réflexe, automatique, mécanique, et deviendra de moins en moins consciente. » (Alexandre Herzen, neurophysiologiste – cité par Marcel Gauchet) – Quel avenir brillant. L’humain automatiquement adapté et augmenté est à la portée de nos biotechnologies. Tout ce qui est faisable, sera fait.

« La commande consciente de l’évolution s’est enfin substituée au mécanisme des hasards. » (Julian Huxley) – Ce sera encore plus vrai avec les manipulations génétiques de demain. 

« L’évolution, je veux bien après, mais pas avant… » (François Jacob – cité par Emmanuel Berl)

« La puissance de l’évolutionnisme … est à considérer dans les deux sens : à partir du moment où l’être culturel de l’homme est atteint, ses modes de vie changent, ses pratiques évoluent et sa nature organique elle-même se modifie ; il est prêt à revenir à l’animalité brute, et la civilisation à retomber dans le chaos. » (François Jullien) – Ayant bouleversé, renié, au moins en Occident, tout le culturel, c’est ce qui va se passer.

« L’évolution culturelle de l’humanité va de plus en plus vite et a atteint actuellement une telle vitesse qu’il n’est presque pas exagéré d’affirmer que le rythme de l’évolution génétique est comparativement négligeable et peut être considéré comme nul … sa cadence exclut radicalement toute possibilité de synchronisation (entre les deux types d’évolution) » (Konrad Lorenz)

« L’homme est terriblement menacé … la détermination de l’orientation que prendra l’évolution de la vie organique ici et aujourd’hui, ‘vers le haut’ ou ‘vers le bas’, incombe désormais à la responsabilité de l’homme … Or, dans l’ordre technocratique qui est actuellement celui de notre monde, cette direction est incontestablement vers le bas » (Konrad Lorenz)

« La sélection naturelle ne favorise absolument pas ce qui serait profitable à l’espèce à long terme mais récompense aveuglément tout ce qui promet dans l’immédiat une plus grande réussite du point de vue de la reproduction. (Exemple : les ‘bois’ du cerf- Il n’y a pas de sens à l’évolution). La marche de l’évolution ne correspond pas à une programmation préétablie qui irait dans la direction d’une adaptation plus parfaite. (Ce qui est peu enthousiasmant) … En ce qui concerne l’évolution des civilisations, l’histoire de l’humanité nous apprend qu’elle peut faire autant de zigzags que l’évolution génétique des espèces animales et végétales … L’idée que l’évolution d’une culture, guidée par la perspicacité et le savoir intellectuel, suivrait avec une sage assurance la voie des niveaux ‘supérieurs’ est une erreur. » (Konrad Lorenz) – Suite et assemblage de considérations éparses sur l’évolution.

« Le remplacement du principe de plaisir par le principe de réalité est le grand événement traumatique du développement  de l’homme, aussi bien au niveau de l’espèce qu’au niveau individuel. » (Herbert Marcuse)

« Il est curieux de voir comment Darwin retrouve chez les bêtes et les végétaux sa société anglaise avec la division du travail, la concurrence, l’ouverture de nouveaux marchés, les inventions et la lutte pour la survie. » (Karl Marx – ironique)

« Ce que la gauche moderne appelle avec un bel enthousiasme darwinien ‘l’évolution des mœurs’ (comme s’il s’agissait là d’un double de l’évolution biologique sur laquelle les humains n’auraient aucune prise).» (Jean-Claude Michéa)

« L’erreur fatale qui consiste à confondre changement avec amélioration, et l’évolution avec un passage à des formes de vie supérieures. » (Ludwig von Mises) – Il faut être aussi obtus qu’un socialiste pour applaudir au slogan hollandien ‘le changement, c’est maintenant’

« L’homme n’a d’autre recours, s’il veut survivre, que de se réconcilier avec sa nature animale, d’en respecter les exigences génétiques permanentes et de modifier en ce sens les choix qu’il fait dans la société. » (Serge Moscovici) – Ce n’est guère le chemin qu’on prend.

« En dépit de Darwin et de son transformisme, il y a une frontière infranchissable et d‘une clarté surprenante entre les créatures vivantes et nous. » (Jean d’Ormesson)

« Le hasard suffit, en effet, à expliquer tout ce qui relève d’une évolution qui est la clé de la vie. Et à expliquer, au-delà de la vie, l’histoire de l’univers Mais ni l’espace, ni le temps, ni la nécessité ne sont le fruit de l’évolution. Ils sont là. Ils sont donnés. Ils sont massifs et inexplicables. Le hasard règne sur les aléas de la matière, de la vie, de l’histoire. Il ne suffit pas à rendre compte de l’espace, ni du temps, ni de ces lois d’airain qui font tourner l’univers. » (Jean d’Ormesson)

« Un singe est un homme qui n’a pas réussi. » (Jules Renard)

« C’est un conte de fées pour grandes personnes. » (Jean Rostand – sur la théorie évolutionniste)

« Ce qui motivait, selon Chesterton, l’hostilité populaire rencontrée à son époque par le darwinisme, c’était moins une répugnance à admettre notre origine simiesque qu’un pressentiment de ce qu’une telle théorie de l’évolution nous annonçait sur notre devenir simiesque : l’idée que l’homme est indéfiniment malléable et adaptable a effectivement de quoi faire peur… » (Jaime Semprun) – Quand on considère les NBIC et le délire ambiant, au sujet de l’IA notamment, une fois de plus c’est l’hostilité populaire qui avait raison.

« La terre, jadis notre mère, est devenue notre fille. » (Michel Serres)

« C’est dans l’évolutionnisme qu’est la racine logique des cynismes théorisants qui jettent sur la réalité le regard olympien des maîtres. » (Peter Sloterdijk – cité par Alain Gras) – L’homme maître et destructeur de la nature par le soi-disant progrès.

« Avancement risqué du moment de la naissance et retard immensément accru du moment où l’on devient adulte (payé jusqu’à une période récente d’une mortalité infantile très élevée) … La luxuriance de l’évolution cérébrale est, entre autres, responsable de ce courant et peut partiellement s’expliquer par les primes élevées accordées par l’évolution à la croissance de l’intelligence (plus, en nourriture, l’accès aux protéines animales). Elle conduit à une augmentation remarquable du volume cérébral … à une croissance crânienne intra-utérine, dont l’effet secondaire immédiat est la contrainte de mettre au monde de manière prématurée … Cérébralisation et prématurité sont liées l’une à l’autre par une causalité circulaire. Elles sont conditionnées par le fait que la sphère de groupe stabilisée est en mesure de remplir sur une longue durée les fonctions d’utérus externe, de couveuse de groupe … compensant ainsi le déficit utérin du nouveau-né (l’enfant humain aurait besoin de vingt et un mois, s’il devait atteindre dans le ventre de sa mère l’état de maturité qu’ont les primates à leur naissance. Or, il doit naître au bout de neuf mois au plus tard afin d’utiliser sa dernière chance de passer par l’ouverture du bassin maternel) … La plus grande partie, et de loin, de la formation et de la structuration du cerveau humain se déroule en situation extra-utérine. Ainsi, l’attente et l’ouverture à l’information ultérieure postnatale et historique prend définitivement le dessus sur l’inné et l’apporté. » (Peter Sloterdijk) – « Chaque enfant à sa naissance est prêt à apprendre n’importe quelle langue. » (?)

« Il importe peu de descendre du singe, l’essentiel est de ne pas y retourner. » (Richard Wagner)

« Nous autres les modernes, nous ne croyons plus au cycle, mais à l’évolution. » (?)

« Si la théorie de l’évolution est vraie comment se fait-il que les mères de famille n’aient que deux mains ? » (?)

« Dés que l’eau d’un fleuve cesse de couler, elle se corrompt. » (?)

« Constante dans l’histoire: les formes qui s’achèvent ont tendance à se figer en totalitarisme. » (?) – Il s’agit de formes humaines, institutions… non de formes naturelles.

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