255,1 – Emotion ; Sensibilité, Sentiment

« Patauger dans un marécage émotionnel. » (Père Anselm Grün) – « L’émotion gluante. » (?)

– Quand on entend le premier mot, toujours se demander si on ne veut pas nous décerveler en nous faisant larmoyer sur un aspect mineur d’une question qui recouvre une sordide manipulation. Quand les média promettent aux serviles Gogos-Bobos un grand moment d’émotion, soyons assurés qu’on veut les avilir un peu plus dans la pleurnicherie pour leur faire passer  subrepticement quelque mesure projetée, soit immonde, soit stupide, soit au profit d’une groupe de copains.

– Le culte de l’émotion de la société actuelle est à la fois le produit de la société politico-médiatique de manipulation et au service de ses objectifs pervers, ce par la fabrication d’infantiles imbéciles. Quoi de plus émouvant qu’un politicien, une politicienne, retors, de métier, s’adressant à ses futurs électeurs, électrices. A pleurer d’attendrissement devant tant d’abnégation.

– Fonctions de la Tyrannie de l’émotion, le fait divers comme idéologie (livre), avec la diffusion de l’énervement et de l’excitation : Garnir le monde de bruit sans intérêt (fabrication continue de polémiques …)  – L’imposition féroce d’un ordre moral mou et de son cortège de devoirs insidieux (tolérance totale, voyeurisme privé, apitoiement universel et infantile…) compensant la transgression généralisée – Promotion de la culpabilisation générale (fabrication de laquais…)

– En nous privant provisoirement de raison, l’excès d’émotion empêche de rester lucide, de garder les pieds sur terre. Chasser la nervosité, c’est maitriser les émotions excessives et déplacées qui font que nous ne sommes alors plus en relation avec le réel, mais avec notre interprétation de celui-ci. L’émotivité immodérée comporte souvent une grande part de narcissisme lequel entraîne soit à la compassion déréglée (ne serait-ce que pour soi-même) soit à la colère aveugle et sanguinaire.

– Trois catégories :

. Emotion individuelle durable et disproportionnée suite à des événements (exaltation ou abattement excessif).

. Emotion collective soudaine et brutale (phénomène de foule).

. Soumission habituelle et aveugle à l’émotion diffusée par les média.

Celle-ci est leur grand argument pour attirer et retenir le chaland et gonfler l’audimat (émissions vendues en promettant de grands instants d’émotion, soit de grands moments d’abrutissement infantile). Pleurs, gémissements, lamentations ou fureur, cris, invectives ; compassion déréglée ou colère aveugle ; toutes manipulations et prétextes pour faire passer des messages totalement malsains afin de déshabituer le gogo de tout raisonnement, d’accroître la confusion, de justifier toute transgression, de promouvoir la pourriture.

– Deux catégories : « Une impression toute superficielle qui fait frissonner notre sensibilité … l’autre, beaucoup plus profonde, qui nous indique une communication de notre moi avec la chose à connaître. » (Jean Guitton)

– L’abus de l’émotion (on le sait en famille, entre amis) c’est l’ouverture vers le chaos. Son excès peut aussi bien cacher la mauvaise foi en permettant de dire ou de faire n’importe quoi sous le couvert d’une irresponsabilité fabriquée artificiellement. Certain(e)s savent très bien se servir de cet alibi. Coup de griffe d’abord, puis le triomphe acquis, caresse dans quelque autre domaine pour amortir le coup.

– Où est l’homo sapiens dans ce brouhaha de pleurnichards ou d’enragés féroces ? Où était-il en août 1914 (suicide de l’Occident) et ensuite lors de la deuxième mi-temps ? Un avenir enchanteur est promis aux sociétés régies par l’émotionnel.

– Cependant, à titre personnel, des émotions (saines, justifiées et contrôlées, donc ne relevant pas de l’excès hors toute raison) peuvent être un outil de connaissance et se révéler bénéfiques. En effet, on peut découvrir dans la venue soudaine, imprévisible, mais un temps acceptée, de certaines, des vérités fondamentales sur soi et sur le monde, des instants de vie étincelants dont l’apport est irremplaçable (voir Alain Besançon et Jacques Salomé, plus bas).

Kilomètre sentimental : expression journalistique pour exprimer cette évidence qui veut que notre intérêt pour autrui soit inversement proportionnel à la distance qui nous sépare de lui. Même sans cet effet de distance, il est bien évident que cent victimes à  Beyrouth, à Bagdad ou à Lagos ne présentent pas le même intérêt qu’une seule à Paris. Restons sérieux.

– La sensiblerie contemporaine, outil au service des hypocrites, des victimes intéressées.

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« Nous sommes ainsi bâtis que presque toutes nos émotions sont des malheurs. » (Alain)

« L’émotion est belle et bonne, lorsqu’elle nous porte a quelque action que la raison a d’avance approuvée … Mais, dans la délibération, il faut que les forces du cœur soient domptées. » (Alain) – Qui se dévouerait pour en parler aux hystériques (femelles et mâles ; pour appuyer leurs légitimes revendications, donnons la priorité à ces dames) des média ?

« L’absence d’émotion ne fonde pas la rationalité. Il faut avoir été ‘touché par l’émotion’ pour réagir de façon rationnelle ou raisonnable. Ce qui s’oppose à l’émotion, c’est d’une part l’insensibilité et d’autre part la sentimentalité. » (Myriam Revault d’Allonnes)

« Si l’émotion s’oppose à l’insensibilité, elle ne se perd pas pour autant dans les effusions du cœur (de la ’sensibilité factice’ pour reprendre Hannah  Arendt). Elle n’est ni a-pathique ni pathétique ; dans la cité les hommes ne s’embrassent pas. » (Myriam Revault d’Allonnes)

« Les émotions dépendent à chaque fois des situations historiques, surtout de l’appareillage technique. Les affects d’un homme à la mitrailleuse (à plus forte raison d’un pilote de bombardier, pour autant que celui-ci ait encore des émotions, qui dans ses vols de nuit ne combattait plus mais se bornait à anéantir) n’offrent plus la moindre ressemblance avec ceux d’un hoplite engagé dans la bataille de Salamine … Des pilotes s’attribuaient même comme une attitude vertueuse, voire chrétienne, d’exécuter leurs missions sans haine. » (Günther Anders) – Et avec les pilotes de drones à des milliers de kilomètres, qui rentrent tous les soirs à la maison, après le bureau.

« Nos pensées dépendent plus fortement de notre humeur que l’inverse … Notre cerveau émotionnel l’emporte en général sur notre cerveau intellectuel … ‘L’esprit sera toujours la dupe du cœur’. » (Christophe André  – citant La Rochefoucauld)

« L’âge apporte une stabilité des émotions (moins de montagnes russes, de hauts et de bas) ainsi  qu’une augmentation des émotions positives. » (Christophe André)

« Observer sans juger, aussi difficile qu’inhabituel ; différencier le fait tel qu’il est de l’émotion qu’il suscite en nous … Notre décodage des faits prend la couleur des peurs, des espoirs, des projections qui nous habitent. Nous ne sommes pas en relation avec la réalité … mais avec nos préoccupations, notre interprétation, notre cinéma… Nous pensons plutôt que nous ressentons. » (Thomas d’Ansembourg)

« L’époque s’est mise à parler du cœur comme on parle du nez. » (Christian Authier)

« Il n’y a que les grandes croyances qui donnent de grandes émotions. » (Balzac)

« L’émotivité, c’est la grande qualité humaine. Seules nous mènent les vérités qui nous font pleurer. » (Maurice Barrés) – En matière individuelle peut-être. En matière collective, elles nous mènent à la connerie qui précède trop souvent la saloperie.

« A vingt-quatre ans, c’est un tel bonheur d’avoir des émotions, et dans cet âge le choix en est si maigre, que Sturel jouissait violemment de son anxiété. »  (Maurice Barrès – Les déracinés)

« L’état émotionnel dans lequel se mettent les gens dès lors qu’ils n’ont pas les moyens de défendre leur point de vue (en raison de leur inculture éblouissante doublée de stupide prétention). Non seulement ils montent sur leurs grands chevaux mais ils vous taxent d’élitisme si vous essayez de leur démontrer votre point de vue à l’aide de connaissances ou de références qui leur font défaut. » (Sophie Bastide – à propos des fureurs des féministes)

« Dépassés par notre sensibilité, assujettis à nos états d’âme, en permanence victimes de nos nerfs, nous n’avons pas les moyens émotionnels de nos ambitions intellectuelles, ce qui explique l’échec de la plupart de nos entreprises. Nous tournoyons au gré des vents médiatiques … Constamment à la remorque de notre émotivité … Progressistes comme réactionnaires … se rejoignent dans le consensus mou, la réforme foireuse, l’approximation. » (Olivier Bardolle)

« Les émotions de la joie ne sont point dangereuses comme celles de la tristesse. » (Beaumarchais)

« La propagande dite ‘glauque’ produisant des connotations émotives positives ou négatives qui s’attachent à certains concepts. » (Jean-Léon Beauvois) – Principal outil de propagande manipulatoire. Voir les rubriques Décision 195,1, livre de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens et Désinformation 435,2, l’ouvrage de Jean-Léon Beauvois, Les influences sournoises.

« Le point commun entre e la crise sanitaire et la cancel culture est l’hypersensibilité. Nous sommes entrés dans une ère douillette. Non seulement nous n’acceptons plus  d’êtr malades, mais nous refusons même d’être vexés. Tout le monde s’improvise flic… » (Frédéric Beigbeder) – « Epidémie de sensibilité … Prise en compte permanente de la sensibilité de l’autre, le crime majeur serait de le blesser par l’expression de nos propres convictions. » » (Gérald Bronner) – L’ère des zombies.

« Leur dogme est qu’en ordonnant son émotion, on la perd. » (Julien Benda – sur les intellectuels)

« Une humanité qui, manquant de tout point de repère moral, ne vit plus que dans l’ordre passionnel. » (Julien Benda)

« La façon dont la sensiblerie a remplacé la sensibilité, dont l’émotionnalisme lacrymal s’est substitué aux arguments raisonnés est très parlante.. Ce n’est plus Big Brother qui gouverne, mais Big Mother. ‘L’Etat thérapeutique’ (Christopher Lasch). » (Alain de Benoist)

« L’obsession de la protection (de l’enfant) et la prééminence de ce principe … Les manœuvres inconscientes, la suspicion hallucinée et la vindicte haineuse à cause desquelles des victimes innocentes demeureront à jamais marquées par le fantasme ou la calomnie … Le couple média-justice … La circulaire Royal faisant obligation de procéder à des ‘signalements’ et de transmettre au procureur sans délai ni explications et donc sans la moindre circonspection tous faits susceptibles de recevoir une qualification pénale … Le signalement parapluie et pire, l’appel à la délation transformé en devoir civique comme si la dénonciation ne pouvait charrier le pire dans une société … Et la presse fera son travail : faire du  tirage ! … L’opinion publique suit le courant dominant. Elle se montrera aussi prompte à plaindre le professeur injustement bafoué (qui s’est suicidé) qu’elle se pressait pour le pendre … Les poursuites peuvent s’exercer sans preuve, tout comme des gens se retrouvent condamnés ‘à cause du doute’ … ‘Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on n’a qu’une idée’ (Alain) … La levée ou la disparition des interdits les plus anciens (sur la liberté sexuelle) sont toujours compensées par la résurgence ou le renforcement d’autres tabous (pédophilie…) … Certaines associations se posent davantage en hérauts inquisiteurs d’une nouvelle ‘bien-pensance’ qu’en défenseur d’un intérêt commun : à la morale, on préfère manifestement le moralisme … Militer pour la protection de l’enfance ne devrait pas dispenser de s’interroger sur les motivations conscientes (ou inconscientes) de militants aussi obsessionnels à s’investir dans cette cause … Panser des plaies ou solder un contentieux personnel ne saurait être considéré comme le meilleur garant d’un professionnalisme au-dessus de tout soupçon … Les politiques et les groupes de pression ne sont pas les seuls à exploiter le thème si populaire de la lutte contre la pédophilie : les média savent aussi sonner le tocsin quand ils sont en mal de sensationnel … ‘Une flambée  justicière qui se développe, qui conduit à un phénomène d’hystérie collective et à un processus de chasse aux sorcières entraînant de dangereuses dérives administratives ou judiciaires et des drames humains douloureux’ (comité de défense de personnes poursuivies) … En passant systématiquement du principe de protection au principe de précaution, on attente gravement à la présomption d’innocence … Même en l’absence de sanction pénale, la sanction civile et la sanction sociale sont inévitables … Pour lever le doute, le mis en cause devrait pouvoir prouver que les gestes (ou les pensées) qu’on lui impute n’ont pas existé, ce qui est évidemment impossible. » (Paul Bensussan, Florence Rault – suite de considérations éparses sur les accusations de pédophilie, et d’inceste) – L’attrait des politiques pour tout ce qui peut les valoriser, ce sans aucun souci de l’équité, le goût du sang et du lynchage des foules et des média…

« L’homme de ce temps a le cœur dur et la tripe sensible. » (Georges Bernanos) – C’est encore bien pire depuis les années trente.

« Être attentif aux émotions et à la perturbation introduite dans le fonctionnement de l’appareil psychique … S’écouter soi-même en même temps que l’autre, affronter et résoudre l’angoisse concomitante, dont la fonction est d’avertir qu’une vérité intéressante est sur le point d’émerger … Le refoulement est une fuite devant la motion pulsionnelle ; le moi divorce du ça. De ce fait le moi perd l’énergie et la puissance créatrice qui était la sienne quand il avait passé alliance avec le ça. » (Alain Besançon) – Vérité intéressante mais refoulée si ressentie comme dangereuse pour l’équilibre atteint.

« Plus nous sommes vivement affectés, moins nous percevons et connaissons, c’est-à-dire moins nos impressions propres et les objets ou les causes qui les excitent sont des ‘faits’ pour nous. » (Maine de Biran) – Des dangers d’une trop vive sensibilité.

« Dans sa lutte éternelle contre la raison, le sentiment n’a jamais été vaincu. » (Gustave Le Bon) – Pour le plus grand malheur de l’humanité. Même du temps où cette plaie ne disposait pas de l’outil médiatique. 

« Dévoiements de la renommée que rien ne vient plus corriger, mépris pour l’excellence, irresponsabilité professionnelle et  ‘novlangue en état d’ébriété’, marketing de soi au détriment d’une ‘tenue de vie’ personnelle, anesthésie de la sensibilité au profit d’émois grégaires, dégradation de l’imaginaire collectif et défiguration de la langue… » (Françoise Bonardel – s’inspirant de Pierre Mari)

« La fraternisation universelle  à travers de grands rassemblements festifs dont le manque, cruellement ressenti par temps de Covid, est aussi le symptôme d’une addiction émotionnelle parmi tant d’autres. » (Françoise Bonardel)

« La source des émotions est en nous et non pas dans les événements qui les provoquent. Plaignons celui qui verse des pleurs sincères sur un chien, comme Byron, sur une orchidée qui va mourir, comme Charmey. » (Henri Boucher)

 « Un temps où le quotient émotionnel tend à remplacer le quotient intellectuel. » (Raymond Boudon) – Et l’impérialisme des hypocrites pleurnichards est simplement une catastrophe qui nous mène à la catastrophe concrète.

« Tant que l’Occident s’ingéniera à pratiquer la politique de l’émotion, en bons Christs bisounours, nous serons condamnés à endosser toute la misère du monde. » (Daoud Boughaleza – à propos d’une noyade ou photographiée comme telle) – Et à encourager ainsi par notre stupidité, notre lâcheté et notre servilité ceux qui la provoquent.

« Le repli sur le vécu, le témoignage ou le document ‘bouleversant d’authenticité’, la sincérité toujours avancée en excuse à la médiocrité, en bref le culte de l’émotionnel et du proche. » (Daniel Bougnoux)

« La culture du débat se trouve chaque fois menacée d’effondrement par ces appels directs à la carte forcée de l’émotion, qui donne aux média un pouvoir de chantage. Contagieuse, l’émotion communique mais elle informe peu ; c’est le circuit le plus court pour ratisser large. A l’acmé de l’émotion, le moi s’effondre ou se dérobe, ‘je’ redeviens un autre, possédé, englouti, mesmérisé. » (Daniel Bougnoux) – « Commentée avec les mêmes mots, les mêmes voix graves, les mêmes yeux humides, toutes les tragédies humaines finissent par se ressembler. Et le journaliste peut se transformer en porte-micro de la souffrance … L’objectif n’est pas d’expliquer mais d’impliquer … d’inviter le téléspectateur non plus tant à voir qu’à vivre. Donnez-nous des otages, des victimes, des accidents d’avion ! Donnez-nous de l’émotion. Permettez-nous de vous montrer combien nous sommes bons ! … Une fois épuisées les opportunités émotionnelles offertes par le spectacle de la désolation puis par celui de la douleur, l’information se concentre sur le mouvement de générosité planétaire. La solidarité est immense ; elle doit être bruyante … Nous sommes tous formidables …  » (Elisabeth Lévy) – Ce procédé de pleurnicherie généralisée, pratiqué par les hypocrites présentateurs, permet de ne pas traiter les questions ainsi que de disqualifier ceux qui privilégient la réflexion aux sanglots bidons. Télévision de midinettes (voir d’ailleurs l’assistance dans les gradins.

« La civilité (‘de civilitate morum puerilium’ d’Erasme en 1530), l’instauration progressive … d’un processus de contrôle des émotions qui va se traduire par la valorisation de toutes sortes de comportements de ‘séparation sociale’ … la mise en place de comportements d’objectivation … Tout cet attirail normatif de règles de civilité n’a au fond qu’un seul but : permettre le contrôle, et surtout l’autocontrôle, des émotions qui conduisent au déchaînement de la violence. » (Philippe Breton) – Question à se poser : pourquoi aujourd’hui nos média font-ils autant de bruit autour de l’émotion, diffusent-ils ces torrents d’émotion infantiles ?

« La passion qui paraît nous posséder est celle de la prise en compte permanente de la sensibilité de l’autre et le crime majeur serait de le blesser par l’expression de nos propres convictions … Epidémie de sensibilité. » (Gérald Bronnner) – Et apparition d’une société de zombies.

« Elle n’est au mieux qu’un point de départ et à être trop stimulée, cette ressource vitale anesthésie la sensibilité. » (Pascal Bruckner) – Surtout quand on la stimule au profit de causes-bidon-bidonnées.

« La vie est faite de sentiments mêlés et ambivalents. On pourra à la fois être triste et soulagé de la mort d’un proche qui avait une longue et douloureuse maladie, etc. … La colère peut conduire à à adopter un comportement destructeur et humiliant mais elle peut permettre également de s’unir pour affronter des injustices ou des menaces communes … L’envie peut être source de ressentiment et d’hostilité, elle peut également conduire la personne envieuse à redoubler d’efforts, et même également s’accompagner d’admiration. (Edgar Cabanas, Eva Illouz)

« Un homme qui ne connaît pas la rigueur ne peut pas non plus connaître la pitié. La pitié qu’il éprouverait serait une sorte de lâcheté, d’égoïsme ; en somme de la sentimentalité ou guère mieux. » (Thomas Carlyle)

« L’émotion dépasse les règles juridiques. » (Christophe Castaner, alors ministre de l’intérieur) – Bravo !

« Un esprit libre le sera dans la mesure où il sépare ce qui peut venir des sentiments et ce qui vient de la raison. Les ‘sentiments’, c’est l’esclavage ; la raison froide permet toute la liberté possible. Un homme de ‘gauche’ ou de ‘droite’ par sentiments, est en servitude … Un homme libre est un homme qui a plus de goût pour la vérité, dans la mesure où on peut la saisir, qu’il n’en a pour ses propres goûts ; c’est un homme capable de faire abstraction de lui-même et de sa servitude naturelle. » (Jacques Chardonne)

« Autrefois c’était pour faire tomber la pluie que les tribus africaines jouaient du tambour et que les dieux d’en haut ‘finissaient par entendre’. » (Jean Clair – à propos de nos manifestations imbéciles d’indignation, exigence, réclamation … Rassemblements, concerts, défilés, œuvres dites d’art, etc. pour exiger qu’au bout du monde on se plie à nos sommations et ultimatums, à nos trépignements)

« La forme de communication qui fonctionne sur un registre émotionnel n’est plus faite pour dire le vrai mais le vraisemblable. » (Jean- Marie Cotteret – essentiellement sur la communication politique) – J’ajouterais que ce registre autorise même les plus énormes mensonges.

« Un des problèmes du débat contemporain dans la presse et les médias comme sur les réseaux sociaux, des affrontements verbaux dont, nous Français, sommes si friands, c’est la confusion entre raison et sentiment … L’histoire ne doit pas porter de jugement moral, mais essayer d’établir des faits, de les contextualiser, voire de définir des responsabilités, ce qui n’est pas toujours facile. Mais dans tous les cas il ne peut jamais être question de rendre l’historien moralement complice des faits qu’il énonce. Pourtant, en réaction aux hypothèses historiques de X on constate souvent des propos indignés, des réactions émotionnelles, des condamnations violentes (parfois surjouées) et des jugements moraux sur sa personne. Comme si son point de vue historique le rendait ipso-facto complice. Mais Refuser le débat rationnel sur une opinion, et préférer le combat émotionnel contre la personne qui la porte, c’est évidemment une façon d’éviter toute discussion sur tout ce que propose la personne en question. Aujourd’hui, bien trop souvent, le débat d’idées bascule dans la querelle de personnes, et le sentiment remplace la raison …  ‘Si je pense qu’il faut stopper l’immigration, je n’ai pas de cœur’ … Ne pas accepter la mise en cause argumentée, mais ouvrir tout de suite le parapluie de la posture victimaire, c’est une tactique qui a fait ses preuves et qui aujourd’hui fait florès plus que jamais … La méthode n’est pas nouvelle. Les communistes ont été maîtres en la matière, réussissant à garder pendant toute la seconde partie du XXe siècle une emprise totale sur la grande majorité des intellectuels et des artistes, en jouant systématiquement sur ce type de réaction. A tout argument, à tout écrit, à toute œuvre un peu critique sur l’URSS, sur le Parti Communiste, sur la CGT, sur la révolution soviétique, sur le marxisme, on opposait le couperet moral : ‘tu fais le jeu des réactionnaires… tu es donc contre les ouvriers… tu es pour les exploiteurs… tu es contre la paix… tu es pour les fascistes’ … On ne discute pas, on n’argumente pas, on dit ‘si tu penses ça tu es un salaud ‘. Malheureusement cette culpabilisation de l’adversaire fonctionne toujours à plein, au nom d’un humanisme de pacotille. Les gauchistes, les féministes, les anti-racistes, les décolonialistes, les woke de toutes espèces ont parfaitement assimilé la méthode. Cela s’appelle le terrorisme intellectuel. » (Pierre Cretin – considérations éparses sur nos prétendus débats)

« La perception des émotions est à la base de ce que les êtres humains appellent, depuis des millénaires, l’âme ou l’esprit. » (Antonio Damasio – cité par Jean-Claude Guillebaud)

« Nos mobilisations spontanées, très émotionnelles, cachent de plus en plus mal notre impuissance collective à considérer la menace terroriste à sa juste mesure … Ce que nous glorifions comme des sursauts civiques, admirables par ailleurs, trahit une vulnérabilité psychologique qui n’échappe pas à nos bourreaux. » (Arnaud Danjean) – Et qui les incite à recommencer en amplifiant. La manifestation post Charlie, modèle du genre en matière de sottise politique.

« Chaque bulle émotionnelle dure quinze jours maximum … La culture du flux permet à tout un chacun d’effacer ses bourdes au fur et à mesure qu’il en profère (et ses émotions et indignations à celui qui en jouit à mesure qu’il les reçoit). Pas de recensement ni d’anthologie au-delà du mois écoulé. L’amnésie vaut amnistie.  » (Régis Debray) – Le tout est de trouver une nouvelle émotion hebdomadaire ou par quinzaine. Les média et les associations sont là pour nous la fournir gentiment.

« Dominée par l’émotion, cette époque déborde de mièvrerie … Sensiblerie larmoyante … La recherche du bien dans l’indifférence au vrai engendre une morale de la sentimentalité. Le jugement réactif, privé de réflexion, engendre une émotion fanatique, une priorité absolue du sensible sur la pensée … Il s’agit moins de cœur que de tripes. » (Chantal Delsol) – Et on sait ce qui sort des tripes !

« La capacité à faire pleurer les crocodiles ne m’a jamais ému. » (Jean-François Deniau)

« Un être humain dépourvu d’empathie ou de sentiment (entité définie cliniquement comme schizoïde, c’est-à-dire dépourvu de réponses émotionnelles) est exactement comme un androïde conçu sans en avoir … Île mentale … Glissement actuel du vivant vers la réification. » (Philip K. Dick)

« Les personnes qui s’émeuvent facilement n’ont pas plus de cœur que les autres ; elles l’ont plus mou. » (Louis Dumur)

« Celui qui s’émeut de tout ignore les émotions. » (Louis Dumur)

«  Quand une population vote sous le coup de l’émotion, elle finit toujours par être douchée. Mais comme elle n’enclenche jamais de processus rationnel pour identifier les raisons de sa déception, elle finit, telle une femme battue, à vivre des désillusions toujours plus profondes. » (Dominique Dupont)

« L’émotivisme qui dégrade la morale en préférence individuelle. » (Alain Ehrenberg)

« La tradition sociale pourvoit moins qu’autrefois l’individu en locutions stéréotypées, en modes de comportement établis d’avance … et les hommes sont plus nombreux qu’autrefois à éprouver une certaine gêne à s’en servir. Pour beaucoup … les formules rituelles de la société ancienne, qui facilitaient la maîtrise des situations critiques de la vie, sonnent faux et creux … La ‘déformalisation’ nous rend particulièrement méfiants à l’égard des rituels et des formules établies des générations antérieures … On ne peut plus les employer mécaniquement … Une timidité considérable engendre l’incapacité d’exprimer  des émotions violentes (au XVII° siècle, les hommes pouvaient encore pleurer en public, aujourd’hui, seules les femmes  encore). » (Norbert Elias – La solitude des mourants)

« Pour commencer à réagir intellectuellement, l’homme a besoin d’une incitation imagée. La simple information brute, l’article ou le livre ne font plus d’effet sur lui. Il ne réfléchit plus à partir de là, mais à partir de leur illustration. Il faut ce choc, cette émotion violente visuelle, pour déclencher un mouvement de pensée. En sautant d’image en image, c’est d’émotion en émotion que l’on saute, c’est de colère en indignation, de peur en ressentiment, de passion en curiosités … Le caractère émotif de ce que l’homme moderne appelle sa pensée … a pour conséquence une extrême violence des convictions alliée à une extrême incohérence des arguments. » (Jacque Ellul) – Dernier point évident en matière de terrorisme.

« Max Weber redoutait l’avènement d’une ‘dictature fondée sur l’émotivité des masses’. » (Guillaume Erner) – Nous y sommes, en politique intérieure, comme en poiltique extérieure. Politique de lâcheté.

« Ceux qui se laissaient conduire par le sentiment se montraient peu accessibles à l’argumentation et jugeaient avec le cœur. Ceux-là condamnaient toujours. C’étaient les bons, les purs. Ils ne songeaient qu’à sauver la République et ne s’embarrassaient point du reste …  Ce ne sont pas des hommes, ce sont des choses : on ne s’explique pas avec les choses.» (Anatole France – sur les juges révolutionnaires)

« Un monde maniaco-dépressif. Une démocratie lacrymale où tout le monde pleurniche. Même les intellectuels de plateaux n’analysent plus grand-chose, inaudibles entre deux sanglots, entre deux délations tristes ou invectives au ras des chrysanthèmes … La conséquence morbide de cette démocratie lacrymale est que toutes les causes finissent par se valoir … nivelées par les larmes … Juste des gens qui pleurent, juste des pleurs, la flotte salée dégueulasse… Maman ! Regarde Maman ! Regarde comme j’ai bien geint ! » (Nicolas Gardères)

« Le culte de l’émotion n’a pas seulement pour victimes la raison et la réflexion. Il évacue cette  dimension affective, le sentiment … La victoire du sexe sur l’amour peut être comprise en ce sens … La vie émotionnelle est de nature addictive … elle obéit aux mêmes lois que la dépendance … Pour atteindre un état équivalent de jouissance l’individu doit recourir à des excitations toujours plus fortes. D’où cette montée aux extrêmes du sexe, de la violence et de la mort, observable au cinéma, dans les chansons, les jeux vidéo… On considérerait comme des malotrus des footballeurs qui ne s’embrasseraient pas ne monteraient pas les uns sur les autres après quelque phase de jeu… Lorsqu’il n’y a plus de sensation que dans le sensationnel la sensibilité disparaît. » (Christian Godin) – A ce dernier niveau de stupidité !

 « Dans le débat public, l’expression émotionnelle a valeur d’autorité contre le travail intellectuel et les convictions  sensées … Le ‘ressenti individuel’ balaie tous les arguments … L’hégémonie sentimentale rabat tout sur le même plan … Les affects s’exhibent… Cette expression débridée aboutit à des comportements hystériques avec alternance d’agitation, de cris et de larmes (ou de vociférations haineuses dans le cas des censeurs, des chiens de garde). Les grands média les mettent en scène et font de l’expression ou du partage des émotions un modèle social de comportement. » (Jean-Pierre Le Goff)

« On n’exprimait pas ses sentiments de la même façon en famille et en public comme on le fait aujourd’hui. Non seulement le ‘linge sale se lavait en famille’ mais il en allait de même pour ses joies et ses peines individuelles. » (Jean-Pierre Le Goff – La France d’hier) – On gardait sa dignité. Sans se rouler par terre.

« N’agir jamais durant la passion. Autrement on gâtera tout. Battre la retraite quand on se sent de l’émotion. » (Baltasar Gracian)

« L’appel fait aux affects seuls, au mépris de la raison logique, signe les visées totalitaristes. »   (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel) – Nous sommes en plein dedans.

« Les impulsions émotives empêchent la réflexion, et c’est une des plus vulgaires habiletés de la politique que celle qui consiste à tirer parti de cette incompatibilité. » (René Guénon)

« La sentimentalité prédominant sur l’intelligence. » (René Guénon)  – Et celle-là détruisant celle-ci.  Caractéristique  d’un Occident devenu fou.

« L’âme sèche est la plus sage et la meilleure. » (Héraclite)

« Trois discours, le discours thérapeutique, le discours du management et le discours féministe, unis par des liens étroits, ont fourni les arguments et les méthodes qui ont chassé les sentiments du royaume de la vie intérieure  pour les mettre au centre du moi et de la sociabilité sous la forme d’un modèle culturel dominant ; le modèle de la communication. Sous l’égide du modèle psychologique, le modèle de la communication, les émotions, au sein de la famille et de l’entreprise, sont désormais des objets que l’on pense, que l’on exprime, que l’on justifie, que l’on conteste, que l’on négocie. » (‘Eva Illouz)

 « Césure entre, d’une part, une vie subjective intense et, de l’autre, une objectivation croissante des moyens d’exprimer et d’échanger ses émotions. La communication thérapeutique introduit dans la vie émotionnelle un élément procédural qui fait  perdre aux émotions leur valeur d’indices, leur capacité à nous orienter rapidement et de manière non réfléchie dans le réseau de nos relations quotidiennes … Coupure entre les émottions et l’action dans les relations concrète particulières. » (Eva Illouz)

« Des stations du club Med (le tourisme, domaine par excellence de la marchandisation des émotions), à la musique d’ambiance, diffusée par nos écouteurs, en passant par les guides de psychologie positive et la valorisation de sentiments par l’industrie des cartes de vœux, la consommation et les émotions sont désormais entièrement imbriquées. C’est là un trait fondamental de notre modernité. Une modernité qui nous demande d’être parfaitement rationnels et, dans le même mouvement, de chercher sans relâche à intensifier nos émotions. Ce paradoxe est rendu possible par le fait que les émotions et les marchandises sont désormais coproduites, jusqu’à générer un type de produits inédit … les marchandises émotionnelles. » (Eva Illouz – Les marchandises émotionnelles)

« Tournant des années soixante … lorsque l’individu ne s’est plus contenté de suivre les scénarios proposés par l’industrie publicitaire mais est de lui-même parti en quête d’états émotionnels, qu’il utilise désormais  de manière stratégique, selon les circonstances.  Ce faisant, il s’est privé des moyens de percevoir quels sentiments lui appartiennent en ‘propre’ et quels autres sont simplement simulés … Nos sentiments sont eux-mêmes devenus des marchandises, des biens pouvant être proposés sur différents marchés dans l’objectif d’en tirer profit … avec lesquels il devient possible de faire des affaires plus ou moins profitables … Sentiments et émotions sont devenus des marchandises … On n’aperçoit plus que des sujets qui, pressés par l’industrie du spectacle, ne connaissent plus que des mouvements émotionnels et des émotions qu’ils mettent exclusivement au service de la promotion de leur personne. » (Eva Illouz)) – De quoi donner raison au tout est pourri.

« L’émotivisme entraîne l’oblitération de toute distinction entre relations manipulatives et non manipulatives. La réalité du discours moral est la tentative par une volonté  d’aligner les attitudes, choix, préférences et sentiments d’une autre volonté sur la sienne. Autrui étant toujours un moyen et jamais une fin … ‘Je désapprouve cela ; faites comme moi !’n’a pas la même force que ‘Cela est mal’ car à cette seconde tournure s’attache une sorte de prestige qui vient que cette formule implique un appel à une norme objective et impersonnelle  … Or ce qu’était la morale a largement disparu … Le soi spécifiquement moderne, celui que j’appelle ’émotiviste’, ne trouve aucune limite quand il prononce ses jugements, car de telles limites ne pourraient dériver que de critères rationnels d’évaluation dont le soi émotiviste est privé. Quel que soit le point de vue adopté par le soi, tout peut être critiqué, même le choix de ce point de vue. C’est dans cette capacité du soi à éviter toute identification nécessaire à une situation contingente que certains philosophes modernes ont vu l’essence de l’action morale … Dans cette optique, être un agent moral, c’est précisément pouvoir se tenir à l’écart de toute situation où l’on peut être impliqué, de toute caractéristique que l’on peut posséder, et pouvoir émettre un jugement d’un point de vue purement universel et abstrait entièrement détaché de toute particularité sociale … L’émotivisme manquant de tout critère définitif, attitudes, préférences et choix précédent toute allégeance à un critère, principe ou valeur … Le soi spécifiquement moderne, le soi émotiviste, en gagnant la souveraineté sur son propre domaine, a perdu les limites traditionnelles qu’offrent une identité sociale et une vision de la vie comme ordonnée vers une fin  …. Dans le domaine de la morale, l’insolubilité du désaccord est pompeusement baptisée ‘pluralisme’. » (Alasdair Mac Intyre – considération éparses sur les ravages de ce que l’auteur appelle l’émotivisme, phénomène de la modernité – Après la vertu) – Le terme ravages est de l’auteur du blog, non d’Alasdair…)

« Ce ne sont pas les faits, mais les bruits, qui causent les émotions populaires. Ce qui est cru fait tout. » (Joseph Joubert)

« On a pris l’habitude de désigner conne ‘juste’ tout ce qui paraît émotionnellement désirable. » (Bertrand de Jouvenel) – D’où le délire actuel du n’importe quoi suivant les exigences des pulsions les plus déraisonnées

« Sans émotions il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement. » (Carl Jung)

« En présence d’une situation donnée, la discussion basée sur des arguments de raison ne demeure possible et n’a de chances d’aboutir que tant que le potentiel émotionnel inhérent à la situation n’a pas dépassé un certain niveau critique. Dés que ce dernier est franchi par la température affective et l’émotivité, les possibilités et l’efficacité de la raison se trouvent anéanties, s’y substituent des slogans et des désirs chimériques et fumeux … La raison fait place à une espèce de possession collective qui se propage à la manière d’une épidémie psychique. » (Carl Jung)

« A force de tout tolérer plus rien n’interroge ni ne questionne. L’indifférence absolue est l’effet de l’émotion planétaire. » (Hervé Juvin)

« Avancer une raison idéologique n’est souvent rien d’autre qu’exprimer une émotion, et si une émotion suffit à tout justifier, tout est justifié. » (Leszek Kolakowski) – Dans notre société : possibilités infinies de manipulations tordues ; accroissement vertigineux de la stupidité générale.

« Quand vous m’aurez dit une parole qui parle vraiment de vous, vous serez guérie. » (Jacques Lacan – à une patiente)

« L’urgence mobilise une ressource décisive : l’émotion. Et, par le jeu des média, elle renforce à l’échelle mondiale la sentimentalisation des sociétés modernes … laquelle émotion légitime l’action immédiate et disqualifie par avance toute contestation de cette immédiateté … Absolutisation de la ‘morale du présent’ (Luc Boltanski). » (Zaki Laïdi) – Le soi-disant humanitaire.

« Une émotion est un mouvement, c’est-à-dire un changement par rapport à un état immobile initial … Réaction à un événement ou à une pensée, elle débute soudainement et dure peu, entraîne une expression faciale universelle chez tous les humains. » (François Lelord, Christophe André)

 « Le ‘déplacement’, transfert d’une émotion sur un autre objet que celui qui l’a provoqué (colère : piétiner, casser un objet quelconque à portée). (François Lelord, Christophe André)

« Combien d’erreurs commises ‘sous le coup de l’émotion’, ou parce que nous n’avons pas su être attentifs à certaines de nos émotions ou parce que nous n’avons pas su comprendre celles des autres. Mais aussi combien d’autres évitées parce que nous avons su être attentifs à notre émotion ou à celle de l’autre … Manque d’émotions : – Indifférence, désintérêt, inactivité –  Comportements à risques pour soi-même ou pour les autres – Troubles de la mémoire ou du jugement – Difficultés relationnelles, comportements inappropriés en société. » (François Lelord, Christophe André)  

« De tous les besoins factices le plus dangereux est celui des émotions. » (duc de Lévis)

« Les malheurs privés sont un précieux carburant de la fabrique d’émotion publique … La cellule d’aide psychologique, la création d’une association et la publication d’un livre sont les ingrédients d’une trithérapie sociale fort prisée. » (Elisabeth Lévy)

« Face à l’horreur, le devoir sacré est d’être horrifié. » (Elisabeth Lévy) – Certes. Mais c’est aussi ce qui prive de toute réflexion. Ce pourquoi, lors de certains événements les média en rajoutent abondamment et, évidemment, dans un seul sens. Exemples types : les guerres honteuses de l’Otan en Yougoslavie, les guerres américaines en Irak.

 Les milliers de morts qui n’ont pas droit à une seule de nos larmes parce que nous n’avons pas d’image d’eux. » (Elisabeth Lévy)

« La tyrannie des émotions. Quand la liste des sujets interdits à la réflexion et des opinions criminelles s’allonge sans cesse, on nous dit  que  comprendre, c’est justifier, que réfléchir, c’est trahir … On voit même apparaître un nouveau chef d’inculpation, le ‘délit d’amitié’. » (Elisabeth Lévy)

« Cet éclectisme de l’émotion, inhérent à l’actualité, n’en recèle pas moins une forme d’inconséquence. Nous admirons le sacrifice d’Arnaud Beltrame, mais nous braillons comme des veaux emmenés à l’abattoir quand le gouvernement prétend rogner cinq euros sur nos APL. Nous nous inclinons devant un homme qui a mis sa vie au service de son pays, mais nous passons notre temps à nous demander ce que le nôtre va faire pour nous et en tirons imperturbablement la conclusion qu’il n’en fait pas assez. » (Elisabeth Lévy – plus qu’inconséquence, hypocrisie dont nous sommes coutumiers)

« Aucune émotion n’est en elle-même un jugement ; en ce sens, les émotions et les sentiments se situent tous en dehors de la logique. Mais ils peuvent être raisonnables ou déraisonnables dans la mesure où ils se conforment ou non à la raison. Le cœur ne peut jamais prendre la place de la tête ; mais il peut, et doit, lui obéir … Il existe un face-à-face entre le monde des faits, sans la moindre trace de valeur, et le monde des sentiments, sans la moindre trace de vérité ou d’erreur, de justice ou d’injustice, et aucun rapprochement n’est possible entre les deux. » (C. S. Lewis)

« Parlez-moi des gens qui ont les nerfs gros comme des câbles. » (Georg Christoph Lichtenberg) – Notre époque en est rempli, d’où l’hystérie ambiante 

« L’émotion hyperréaliste du public cathodique a succédé à l’idéalisme de l’obligation catégorique … Larmes aux yeux, théâtralité du Bien … Morale sentimentalo-médiatique. » (Gilles Lipovetsky)

« Le processus de fixation à un objet … Réaction de ‘l’enthousiasme militant’, forme particulière de l’agression en commun … Grande force (analogue à la pulsion sexuelle) et  attraction séductrice dominante, ce quelle que soit la valeur et l’intelligence du sujet … On est prêt à tout abandonner à l’appel … forme de devoir sacré … Renversement de toutes les valeurs qui réduit au silence les considérations d’ordre rationnel, l’esprit critique, les objections et inhibitions d’ordre moral … Etroitesse de vue et prétentions de noblesse … La pensée conceptuelle et la responsabilité morale atteignent leur niveau le plus bas … ‘Quand le drapeau est déployé, toute l’intelligence se trouve dans la trompette’ (proverbe ukrainien) … Conditions d’apparition de ‘l’enthousiasme militant’ : que l’unité sociale (famille, communauté, club, nation, abstractions telles la vérité scientifique, la justice…) avec lequel le sujet s’identifie semble menacée par quelque danger de l’extérieur – Présence d’un ennemi détestable (Prussien, fascistes, capitalisme…) – Figure inspirante d’un chef – Présence de beaucoup d’autres individus soulevés par la même émotion (phénomène de foule). » (Konrad Lorenz) – Inutile d’insister sur les effets dévastateurs.

« L’on s’émeut instantanément de tout pour ne s’occuper durablement de rien. » (Amin Maalouf – sur l’époque – cité par Régis Debray) – L’abandon de tout projet à long terme, qui serait noyé sous des flots de jérémiades.

« Le partage du sentiment est le vrai ciment sociétal ; il peut conduire au soulèvement politique, à la révolte ponctuelle, à la lutte pour le pain, à la grève pour solidarité, il peut également s’exprimer dans la fête ou dans la banalité courante. » (Michel Maffesoli)

« Il faut admettre que l’émotionnel contamine, de proche en proche, tous les domaines de la vie sociale. … Ce retour en force de l’émotionnel est l’indice le plus net de la décadence moderne … L’émotionnel, en sa fonction contaminatrice, en son aspect épidémique, met l’accent,, avant toute chose, sur le retour de l’aspect communautaire dans la vie sociale. » (Michel Maffesoli)

« En devenant progressivement hégémonique, le moralisme intellectuel tend à devenir intolérant. Et à la place de la force brute du sensible, il impose la force brute du concept. Dès lors, la pensée exerce sa violence contre le sensible … L’injonction ‘sois raisonnable’ signifie ‘ne te fie pas à tes impulsions, n’écoute pas ton corps, apprends à te contrôler, et d’abord à contrôler ta propre sensibilité’ … Rupture entre l’intellect et le sensible. » (Michel Maffesoli)

« Bernard Williams distingue les émotions ‘rouges’ et les ‘blanches’ ; c’est-à-dire les émotions qui nous font rougir ou pâlir. La honte est une émotion rouge, la culpabilité une émotion blanche. Sous l’emprise de l’émotion rouge, nous nous voyons à travers le regard de l’autre, ce qui nous fait rougir, elle implique le point de vue des autres. Par l’émotion blanche, tel individu se voit à travers le ‘regard intérieur’ de la conscience, ce qui peut le faire pâlir. » (Avishaï Margalit)

« La multiplication des écrans a provoqué un développement inquiétant de l’anxiété, car elle place le jeune dans une forme de dictature de l’émotion : il doit réagir du tac au tac à un mail, post, SMS … L’échange instantané empêche le discernement et le recul. » (Père Geoffroy de Marsac)

« La ‘déferlante compassionnelle’ dont nous sommes si souvent aujourd’hui les témoins participe plutôt d’une certaine délectation, d’une espèce d’auto-promotion, devant le spectacle du malheur d’autrui. Et, dans la même logique, elle contribue à alimenter notre voyeurisme. Il y a dans le discours compassionnel une jouissance ambiguë devant la détresse d’autrui, qui pousse certains à se déguiser en ‘secouristes imaginaires’ pour l’approcher de plus près ou pour l’utiliser à des fins commerciales ou politiques. Le compassionnel … a partie liée avec l’émotion facile, le sensationnel, la complaisance gratuite ; il ‘surfe’ sur toutes les vagues émotives et, par là, instrumentalise la détresse qui lui sert d’aliment … Entre la posture compassionnelle et l’indifférence pure et simple, la distance n’est pas grande. Celle-ci choisit d’ignorer le mal, celle-là l’entretient à ses propres fins, sans vraiment la voir et sans chercher à y remédier. » (Michela Marzano)

« Une telle ‘logique de la pitié’ dispense de penser dans la mesure où elle nous incite à jouer ‘l’émotion contre la raison’ » (Jean-François Mattéi – citant Michel Onfray – à propos d’un incident totalement inventé par la victime, cas de plus en plus fréquent)

« Qui cherchera le sens des choses ? on ne veut plus qu’en être ému. » (Charles Maurras – qui s’interrogeait déjà à une époque où l’émotion n’était pas encore divinisée)

« Le romantisme naît à ce point où la sensibilité usurpe la fonction à laquelle elle est étrangère, et, non contente de sentir et de fournir à l’âme ces chaleurs de la vie qui lui sont nécessaires, se mêle de lui inspirer sa direction. » (Charles Maurras)

« Sans religion, point de morale efficace et vivante : or, il nous faut une morale pour mettre fin à l’anarchie des sentiments, comme il a fallu une classification des sciences pour mettre fin à l’anarchie des esprits … ‘Toute constance est interdite aux sentiments qui ne sont point assistés par des convictions’. » (Charles Maurras – citant Auguste Comte) 

« L’opinion remplace le jugement, et bientôt l’impression va remplacer l’opinion. » (Charles Maurras – sur l’émotion manipulée)

« Ce qui émeut la ‘belle âme devient l’absolu de sa moralité … Le résultat de la lutte n’a pas d’importance ; il suffit de prétendre  lutter … ‘Il faudrait que’, ‘on fera en sorte que’, ‘il est prévu que’, ‘on prendra des dispositions pour’ … Compassion pour les victimes de toutes sortes … On ne pleure pas, on pleurniche, on s’émeut … L’obsession de la bienveillance et du soin conduit à accepter toutes les  différences pour peu qu’elles invoquent les excuses de la vulnérabilité, de la souffrance et de la minorité. Elle  favorise donc les revendications communautaristes qui s’avancent masquées sous des dehors de plaintes … Elle valide  et renforce les  revendications populistes les plus démagogiques.  » (Yves Michaud) 

 « Il est possible que la formidable sentimentalité de notre temps, cette disposition à être affecté et même submergé par des vagues d’émotion superficielle (la mort de Diana, le tsunami en Asie du sud-est, la mort du pape Jean-Paul II…), soit indissociable de la pauvreté communicationnelle et relationnelle de la plupart des échanges. » (Yves Michaud) –  Le troupeau ne sait plus que pleurnicher ensemble où et quand lui disent les média.

« Ce qui m’a toujours étonné chez Monsieur de Chateaubriand, c’est cette capacité de s’émouvoir sans jamais rien ressentir. » (Molé)

« Il est très malsain d’avaler les sentiments avec une grande cuiller. » (Robert Musil – évoquant les pleureurs-culpabilisateurs professionnels)

« De tout temps on a pris les ‘beaux sentiments’ pour des arguments. » (Nietzsche)

« Après avoir subi la tyrannie du Logos, notre monde postmoderne renouerait, sans forcément le savoir, avec les mânes de Dyonysos, dieu de l’ivresse et de l’illusion. » (Paul-François Paoli) – Fêtes, grands rassemblements techno, rave, foot… créatifs, animateurs télé ou sportifs consacrés idoles des masses.

« Or, ce que dit le sens commun, c’est que l’émotion et tout ce qui captive l’âme, loin de favoriser la découverte de la vérité, l’entravent. » (saint Pie X)

« Il est rare qu’un maelström d’émotions débouche sur autre chose qu’une logique de vengeance. » (Céline Pina – sur le déferlement suite à la campagne de délation dite Balancetonporc) – Comme on le voit à chaque révolution, invasion, libération…

 « Il serait plus exact de parler d’émotions plutôt que d’opinions, pour tenir compte du fait qu’elles changent d’une semaine à l’autre, comme le montrent les sondages. » (Neil Postman)

« L’hyper-émotion, figure caractéristique de la surinformation … sous l’influence du média d’information dominant qu’est la télévision … sa fascination pour le ‘spectacle de l’événement’ qui a déconceptualisé l’information et l’a plongée dans le marécage du pathétique … qui a établi insidieusement l’équation suivante : ‘Si l’émotion que vous ressentez en regardant le journal télévisé est vraie, l’information est vraie’. » (Ignacio Ramonet) – « La course au mieux-soi disant émotionnel. » (Elisabeth Lévy)

« Les émotions ne sont pas des outils de connaissance. Être guidé par des caprices, c’est-à-dire par des désirs dont la source, la nature et la signification nous sont inconnues, c’est s’abaisser à devenir un automate dont le fonctionnement est laissé à la merci de démons inconnaissables. » (Ayn Rand- La vertu d’égoïsme)Dans sa féroce critique de l’altruisme injustifié.  On sait que le maniement des émotions est un des outils privilégié des manipulateurs-destructeurs de la société qui règnent dans les média.

« Certains ne parlent pas ; ils se lamentent. » (Charles Régismanset)

« Nous avons fini par démasquer les méthodes de la ‘peste émotionnelle’. Elle accuse la Pologne de faire des préparatifs de guerre quand elle est sur le point de l‘attaquer. Elle attribue au rival des intentions meurtrières quand elle s’apprête à l’assassiner. Elle reproche à la vie saine des perversions sexuelles quand elle a l’intention de se livrer à quelque projet pornographique. » (Wilhelm Reich) – On reconnaît les trompettes médiatiques. Pour mettre au goût du jour, remplacer Pologne par Irak, etc.

« Le ‘vécu’, les ‘expériences’, les ‘émotions’ inlassablement étalées, triturées, comparées des sortes d’adolescents perpétuels. » (François Ricard) – Minable spectacle pour minables.

« Comment l’empathie peut-elle s’exprimer dans un monde de simulacres dans lequel disparaissent les ressources émotionnelles ? » (Jeremy Rifkin) – Tous sur nos écrans .

« Avoir son vocabulaire permet de décrire nos émotions et d‘établir plus facilement un lien avec autrui ; les mots désignant des émotions particulières sont plus utiles pour exprimer les sentiments que les mots vagues ou trop généraux (‘je suis content, enthousiaste, soulagé’, mieux que ‘je me sens bien’). » (Marshall Rosenberg – La communication non violente)

« L’émotion met ‘tout sens dessus dessous … Perte brusque et complète du contrôle que l’homme exerce d’ordinaire sur lui-même … Désordre introduit dans le comportement. » (Clément Rosset) – Et non pas encouragée comme le font les média pour soigner leur audimat.

« N’ayons ni le cœur dans la tête ni la tête dans le cœur. » (Père Joseph Roux)

« Les émotions ne se mesurant pas à la grandeur de ce qui les provoque, mais à l’état de celui qui les ressent. » (Maurice Sachs)

Mais il y a des émotions saines qui « nous font découvrir ce que nous ne savions même pas savoir. » (Jacques Salomé) – En effet, si c’est elle qui nous trouve, nous surprend et nous éveille, alors, sans en jouir, considérons-la sans lui opposer trop de rigueur. Son irruption peut éclairer une partie endormie de nous-mêmes que nous aurions peu de chances d’apercevoir sans cette secousse.

« L’émotion est une chute brusque de la conscience dans le magique. » (Jean-Paul Sartre)

« Les dominants se sont mis à éprouver et les élus à s’émouvoir. » (Michel Schneider) – Notre décadence politique, grotesque.

« Les sociétés modernes sont organisées comme des bourses à thèmes. On y émet constamment de nouvelles valeurs thématiques qu’on négocie au jour le jour. Le débat public …  forum destiné à régler les affaires que l’on fait avec ces thèmes. Les grands mass-médias … sont engagés dans un combat permanent pour que leurs thèmes aient la cote la plus élevée possible. Et lorsqu’un thème à scandale s’impose dans la société, cela signifie seulement qu’une rédaction est parvenue à émettre une proposition d’émotion  telle  que les concurrents doivent l’imiter à n’importe quel prix, jusqu’au point où toute une société devient quasiment monothématique et se synchronise sur une seule et même émotion … Nous vivons constamment  dans des champs d’excitation collective, dans des épidémies d’opinion dont il est difficile de s’immuniser» (Peter Sloterdijk – Ni le soleil ni la mort)  – C’est ainsi qu’on assiste à la semaine consacrée et obsédée par l’inceste, suivie de la semaine de la catastrophe climatique, suivie de la semaine du remaniement gouvernemental, suivie de la semaine de l’extension de la pauvreté, etc. – « La possibilité d’être contacté en permanence n’est qu’une expression de la mise en réseau ou de la mondialisation Lorsque nous disons ‘globalisation’ ou ‘mondialisation’ … nous parlons de la mise en place du système de stress  synchrone à l’échelle mondiale …  Les thèmes chargés d’une forte énergie emportent presque tout … Passe pour asocial celui qui ne se tient pas disponible en permanence pour le stress synchrone. L’excitabilité est désormais le premier devoir civique. »  (même auteur)

« L’évaluation qu’on fera de la situation (provoquant un sentiment d’indignation ou d’injustice) ne sera aucunement l’effet de l’émotion qu’on aura ressentie, elle ne sera pas d’emblée validée par l’émotion. Mais cette émotion donne un accès à la situation, l’éclaire d’une façon qu’on peut immédiatement ressentir comme normativement intéressante …Le travail de compréhension exige aussi qu’on s’interroge sur le caractère approprié de ce sentiment … Il va de soi que toutes les émotions ne sont pas justifiées … Une critique des émotions est dans la plupart des cas nécessaire, mais ce serait se priver d’une ressource morale essentielle que de nier le rôle qu’elles jouent dans notre orientation normative. » (Monique Canto-Sperber)

« Les gens ne pensent plus, ils ressentent. » (Margaret Thatcher, ou du film sur…)

« Leur noble action ne constitue pas, en soi, une légitimation de leur point de vue. » (Michèle Tribalat – sur les associations d’aide aux immigrés) – Hélas si, dans le monde où la pleurnicherie dicte sa loi à la raison disparue.

« La raison et le sentiment se concilient et se suppléent tour à tour. Quiconque ne consulte qu’un des deux et renonce à l’autre se prive inconsidérément d’une partie des secours qui nous ont été accordés pour nos conduire. » (Vauvenargues)

« Il est indigne des grands cœurs de répandre le trouble qu’ils ressentent. » (Clotilde de Vaux – l’amie d’Auguste Comte)

« Le sujet postmoderne fait passes ses émotions avant la raison … Des hommes qui n’obéissent qu’à leurs émotions. Nous avons dévalorisé l’expérience : voilà notre société ‘enfin devenue adolescente’ (Paul Yonnet), une ’génération de kids définitifs’ (Michel Houellebecq). » (Pierre le Vigan)

« Le régime actuel est celui de la synchronisation des émotions, assurant le passage de la démocratie d’opinion à la démocratie d’émotion. » (Paul Virilio)

« Le communisme des affects. Cette synchronisation des émotions, des sensations en temps réel, permet d’installer, un peu partout à la fois, cette communauté d’émotion des individus qui succèderait à la communauté des classes sociales … mondialisation des sensations communes, capable d’éliminer tout à fait la localisation du politique dont la cité était, hier encore, le symbole historique. » (Paul Virilio) – On voit les possibilités de manipulation anonyme, de contrainte à la soumission. C’est déjà fait.

« L’instantanéité des moyens de communication, de la transmission de l’information, a un rôle éminent dans l’établissement de la peur au rang d’environnement global puisqu’elle permet la synchronisation de l’émotion à l’échelle mondiale. » (Paul Virilio)

« Quand on a trouvé l’expression qui traduit une émotion, on en a fini avec celle-ci. » (Oscar Wilde)

« L’émotion nous égare, c’est son principal mérite. » (Oscar Wilde)

« C’est le mérite de la science d’être exempte d’émotion. » (Oscar Wilde)

« Refuser toute émotion qui ne soit pas seyante. » (Oscar Wilde) – Le dandy.

« Prêtez attention au premier mouvement, c’est le bon. » (proverbe)  

« Non seulement le cœur est affranchi de la sujétion rationnelle, mais on lui confie la direction de l’âme. » (? – sur le primat de l’émotion)

« L’émotif, c’est bien connu, ne brille pas par son discernement. » (?)

« Notre monde qui se voulait rationnel a été comme submergé par les émotions. » (?)

« De la tyrannie des émotions à la défaite de la raison. » (?)

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés du livre patronné par Eva Illouz et préfacé par Axel Honneth, Les marchandises émotionnelles. Ouvrage collectif traitant de l’envahissement du facteur émotionnel et de la marchandisation des sentiments. Autrement dit, le règne du faux institué.

 « Une modernité qui nous demande d’être parfaitement rationnels et, dans le même mouvement, de chercher sans relâche à intensifier nos émotions. Paradoxe … Les comportements sociaux sont aujourd’hui de plus en plus récupérables, récupérés, nos émotions devenant elles-mêmes des marchandises mises au service de la promotion de la personne … Les sujets ne mettant en jeu leurs désirs, leurs sentiments et leurs émotions que comme des moyens de maximiser leurs potentiels individuels, qui ne peuvent ainsi plus servir ‘d’innocentes’ instances de justification face à quelque évaluation ou objection … Ce que nous pouvons mettre sur le marché ce sont aussi nos sentiments avec lesquels il devient possible de faire des affaires (industries liées à la sphère du loisir, du tourisme, du spectacle et de la musique, industrie du bonheur, des services psy en tout genre, coaching, psychothérapies, techniques de l’épanouissement, du bien-être, du  comportement,  industries pharmaceutiques), … Les projets de vie émotionnels jouent un rôle prépondérant dans la formation de l’identité … Actes de consommation et vie émotionnelle s’entrelacent jusqu’à devenir inséparables, jusqu’à  se définir et s’autoriser mutuellement … C’est à partir du milieu du XX° siècle que l‘idéal de l’authenticité et de l’expression des émotions sont devenus hégémoniques en Occident … Dimension ‘expérientielle’ du tourisme et des vacances, le séjour au club Med : différenciation spatiale, brouillage de l’échange économique et célébration de l’individu … Le baladeur analogique comme compagnon … La marchandisation de la peur par le film d’horreur … La reconnaissance de la singularité d’une personnalité et de l’importance de la relation par la personnalisation des cartes de vœux… L’authenticité émotionnelle transformée en marchandise culturelle, la multiplication parfaitement acceptée des fausses autobiographies … L’authenticité, devenue cette tête que nous pouvons enlever et remettre à volonté … au moyen de diverses pratiques de consommation et au service d’un projet consistant à façonner un moi émotionnel intensément subjectivé. »

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