240,1 – Education, Transmission

– Instruction : transmission de savoirs et de savoir-faire, de connaissances sans valeur ajoutée – Education : inculcation de valeurs morales et politiques, de modèles de comportement, de manière d’agir … On peut, à la rigueur, laisser l’instruction à l’Etat ; mais lui laisser l’éducation ! 

– Eduquer : étymologiquement, conduire hors de soi, c’est-à-dire, plus loin, faire advenir ce que l’on est.

« L’éducation s’obtient moins vite que l’instruction. Cependant l’instruction est un formidable marchepied pour l’accès à l’éducation. Elle ouvre certaines portes qui à leur tour en ouvriront d’autres. L’ennui est que le processus peut prendre deux ou trois générations. » (Renaud Camus) – Ce que ne saurait admettre notre société d’affolés du tout tout de suite.

– Le pédagogisme des dernières décennies a renoncé à conduire qui que ce soit où que ce soit.  Il a transformé les élèves en maîtres de ceux dont c’étaient le rôle ; inutile d’insister sur les dégâts chez les uns et les autres. Enseigner n’est plus que permettre. Il ne s’agit plus, comme jadis, de mettre des hommes debout, mais de les materner. Il s’agit de les livrer à la tentation narcissique de tout être, l’obsession du sacro-saint soi-mémisme si prisé par la société (je suis comme je suis, je viens comme je suis, je pense comme je pense…), c’est-à-dire de les laisser rester des zombies, incultes, sans références autres qu’eux-mêmes, « puisque l’être est tout entier  déjà là, et qu’il suffit de lui permettre de s’exprimer. «  (Renaud Camus)

« L’offre en ressources humaines augmente énormément, tandis que la demande est en nette diminution … Chacun peut demain être superflu (l’est déjà). Que faire de lui ? » (Hans Magnus Enzensberger).  Une étude américaine restée confidentielle des années 1995 (incapable, provisoirement, de retrouver le nom du rapport, produit en septembre 1995 à San Francisco) énonçait : – L’augmentation inéluctable du chômage, en Occident du moins – La nécessité de fournir aux gens des occupations diverses, des hobbies, pour les empêcher au moins de trop s’ennuyer et de se révolter (en admettant qu’on puisse leur assurer un niveau de vie décent) – De cette prévision est née l’introduction des nouveaux rythmes scolaires. On ne peut soupçonner un, ou une, ministre de lire de tels vieux rapports entre deux tweets, mais un de ses conseillers peut s’en souvenir et lui faire faire d’une pierre deux coups : innover (changer, bouleverser : préoccupation ministérielle constante) et parer en partie à l’avenir inéluctable suivant cette étude. Le gogo ne se doute pas qu’il y a très souvent de solides raisons pratiques derrière les gadgets.  « Certaines projections  américaines envisagent que seulement 20% ou 30% ou 40% de la population serait intégrée aux  circuits de production de la richesse et de distribution du pouvoir. La partie restante étant alors réduite, sous des formes diverses, à l’état de non-valeurs sociales. » (Robert Castel) – Si on regarde alentour, nous sommes fortement engagés dans ce chemin.

– « Comment serait-il possible, pour l’élite mondiale, de maintenir la gouvernabilité des quatre-vingts pour cent d’humanité surnuméraire dont l’inutilité a été programmée par la logique libérale ? … La solution fut proposée par Zbigniew Brzezinski (à l’époque surpuissant conseiller occulte) sous le nom de ‘tittyainment (‘titts’, en argot américain, les seins) soit l’élaboration d’un ‘cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète’ (et ainsi d’éviter d’inévitables explosions) … Le cahier des charges que les élites mondiales ont assigné  à l’école du XXI°siècle … La ‘dissolution de la logique, soit la perte de la possibilité de reconnaître instantanément ce qui est important et ce qui est mineur ou hors de la question, ce qui est incompatible ou inversement, pourrait bien être complémentaire ; tout ce qu’implique telle conséquence et ce que, du même coup, elle interdit … Un élève ainsi dressé se trouvera placé d’entrée de jeu au service de l’ordre établi’ (Guy Debord) … La transformation des enseignants, auparavant sujets supposés savoir, en animateurs d’activités d’éveil ou transversales, de sorties, de forums de discussion et ‘l’école lieu de vie, parc d’attractions’. » (rapporté par Jean-Claude Michéa) – Les média étant chargés pour leur part de distraire, d’animer, de se moquer, de faire rire… Les festivités (officielles, municipales, groupusculaires, parades, shows, nuits colorées…) étant chargées de remplir les vides.

« Pas d’éducation sans disciplines imposées du dehors, sans contraintes ; et en même temps, l’éducation a pour mission de former des êtres libres. Le paradoxe est insoluble ; même si la vie le résout tous les jours. » (Olivier Rey – sur l’éducation , tâche impossible selon Freud)

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 « Propager l’imparfait du subjonctif dans les classes pauvres. » (Alphonse Allais) – Une mission éducative.

« La performance des jeunes à l’école varie en fonction de leur capacité de séduction  … Les chantres du développement du contrôle continue ne mesurent pas combien ce type d’évaluation accentue les inégalités sociales) … Ceux qui font l’apologie du recrutement à partir d’entretiens, de mises  en situation ou de tests de personnalité et regrettent la place excessive des diplômes et des concours écrits font le jeu de la plus injuste des sélections. » (Jean-François Amadieu)

« Le monde a perdu ses chemins. Nous ne parcourons plus les chemins … Nous n’allons plus au-devant des événements, on nous les apporte. » (Günther Anders – cité par Alain Finkielkraut)

« On appelle ‘double bind’ (double contrainte), deux messages contradictoires soumettant un individu à deux injonctions qui s’opposent ou se contredisent, de sorte que l’obéissance à l’une entraîne la transgression de l’autre … Accélérer et freiner en même temps ! … Procédé qui entraîne un mouvement de cisailles qui casse et broie l’élan de vie, une inhibition qui mène souvent à vouloir sans oser, à espérer sans entreprendre, à attendre sans transformer, à subir sans agir … C’est également parce que son intention est (très généralement) généreuse que cette double injonction s’imprègne en nous inconsciemment, fonctionnant comme un piège invisible. » (Thomas d’Ansembourg) – Exemple sur quelqu’un qui pouvait se révéler brillant et resta largement en-dessous de son potentiel : Tu réussis, c’est très bien…  mais veille bien à rester dans la moyenne à laquelle nous appartenons tous, on peut avoir besoin de tout le monde… Effet destructeur garanti sur l’ambition et le potentiel réalisé d’un jeune, et même sur son estime de soi.

« L’éducation, force d’ordre, car elle introduit dans le désordre des êtres inégaux la loi de l’égalité des chances, propre aux vertébrés … Et si cette éducation échoue, l’espèce tend à disparaître. » (Robert Ardrey)

« « L’éducation doit être conservatrice parce que, ainsi, elle introduit les enfants dans un monde plus vieux qu’eux et leur permet de développer la faculté de commencer quelque chose.   C’est précisément pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire dans chaque enfant que l’éducation doit être conservatrice … Le professeur est celui qui dit : ‘Voici notre monde’. » (Hannah Arendt) – Il n’est pas celui qui le déforme ou l’invente.

« Le conservatisme, pris au sens de conservation, est l’essence même de l’éducation. » (Hannah Arendt)

« L’éducation progressiste … en abolissant l’autorité des adultes, nie implicitement leur responsabilité à l’égard du monde dans lequel ils ont fait naître leurs enfants, et refuse le devoir de les guider dans ce monde. » (Hannah Arendt)

« Pour ne pas aller à l’encontre de certaines théories … on a résolument mis à l’écart toutes les règles du bon sens … Ce sens commun qui nous permet d’être adapté à un unique monde commun … Nulle part ailleurs (qu’en Amérique) les théories pédagogiques les plus modernes n’ont été acceptées de façon si servile et si peu critique … Egaliser ou effacer, la différence entre jeunes et vieux, doués et moins doués, entre enfants et adultes, entre professeurs et élèves, ne peut se faire qu’au dépens de l’autorité du professeur et au détriment des élèves les plus doués … Affranchi de l’autorité des adultes, l’enfant n’a pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et tyrannique … bannis du monde des adultes, ils sont soit livrés à eux-mêmes, soit livrés à la tyrannie de leur groupe duquel ils ne peuvent s’échapper, car le monde des adultes leur est fermé … On s’est efforcé de supprimer la distinction entre le travail et le jeu au profit de ce dernier … En essayant d’instaurer un monde propre aux enfants, l’éducation moderne détruit les conditions nécessaires de leur développement et de leur croissance … Vis-à-vis de l’enfant, le professeur est un peu comme le représentant de tous les adultes qui lui signalerait les choses en lui disant : ‘Voici notre monde’ … On ne peut éduquer sans en même temps enseigner ; et l’éducation sans enseignement est vide et dégénère donc aisément en une rhétorique émotionnelle et morale … Le problème de l’éducation est que par sa nature même l’éducation ne peut faire fi ni de l’autorité ni de la tradition, et qu’elle doit cependant s’exercer dans un monde qui n’est pas structuré par l’autorité ni retenu par la tradition. » (Hannah Arendt) – Suite de considérations éparses sur l’éducation.

« L’autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut signifier qu’une chose : que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé leurs enfants… C’est comme si chaque jour les parents disaient : ‘Vous devez faire de votre mieux pour vous en sortir, nous sommes innocents, nous nous lavons les mains de votre sort’. » (Hannah Arendt)

« Vouloir que les enfants n’aient point d’enfance. » (Hannah Arendt – sur les théories pédagogiques les plus avancées, let ’enfant individu complet et autonome)

« Il faudrait bien comprendre que le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants ce qu’est le monde, et non pas leur inculquer l’art de vivre … L’éducation sans enseignement est vide et dégénère donc aisément en une rhétorique émotionnelle et morale … Le fait significatif est que pour ne pas aller à l’encontre de certaines théories, bonnes ou mauvaises, on a résolument mis à l’écart toutes les règles du bon sens. » (Hannah Arendt. – La crise de l’éducation)

« La saine éducation consiste à trouver nos plaisirs et nos peines là où il convient. » (Aristote, ou  Platon)

« A force de pédagogie subtile il deviendra plus difficile de faire manger sa soupe à un marmot que de gouverner des empires. » (Lucien Arréat)

« Je n’aurais rien appris, si on ne m’y avait forcé. » (saint Augustin)

« Laissez un enfant sans aucune éducation, sans contraintes… et vous verrez  bien de quel côté il tombera, du côté du mal. » (saint Augustin – sur la notion de péché originel)

« L’ordre naturel exige que lorsque nous apprenons quelque chose, l’autorité précède la raison. » (saint Augustin)

« S’il se trompe, instruis-le avec bienveillance et montre-lui sa méprise. Mais, si tu ne le peux pas, n’en accuse que toi, ou pas même toi. » (Marc-Aurèle)

« Dans l’art de l’écriture et de la lecture tu ne peux enseigner avant d’avoir appris. Il en est de même, à plus forte raison, de l’art de la vie. » (Marc-Aurèle)

« La première et la plus essentielle fonction de l’activité du sujet est de se tromper. » (Gaston Bachelard) – D’où la stupidité qui consiste à laisser l’initiative au sujet, à l’élève.

« Le propre de l’éducation est d’informer le psychisme …  de telle manière que le sujet développe les vertus indispensables aux états qu’il occupera. L’instruction parfait l’éducation avec les compétences exigées par ces mêmes états. » (Jean Baechler)

« La compétition est devenue féroce lorsque nous sommes passés d’un monde d’examens à un monde de concours. » (Olivier Bardolle)

« Avaient-ils senti qu’ils avaient charge d’âme ? Avaient-ils vu la périlleuse gravité de leur acte ? A ces déracinés ils ne surent pas offrir un bon terrain de ‘replantement’. Ne sachant s’ils voulaient en faire des citoyens de l’humanité, ou des Français de France, ils les tirèrent de leurs maisons séculières, bien conditionnés, et ne s’en occupèrent pas davantage, ayant ainsi travaillé pour faire de jeunes bêtes sans tanières. De leur ordre naturel, peut-être humble, mais enfin social, ils sont passés à l’anarchie, à un désordre mortel. » (Maurice Barrès – Les déracinés – à propos du personnage de l’enseignant de Nancy) – Mais on peut étendre à tant de maîtres ou de prétendus maîtres.

« Le clonage biologique a été précédé du clonage mental. Le système de l’école permet de fabriquer des êtres qui deviennent une copie conforme les uns des autres. » (Jean Baudrillard)

« On parle de désinformation quand les phrases ou les images mentent. Au lieu de former la capacité d’interpréter correctement les phrases et les images, la déséducation consiste à faire porter des verres qui déforment le regard. » (Jean Bédard)

« Les technocrates utilitaristes qui préparent dans les universités la cohorte passive des monotechniciens abrutis. » (Jean-Marie Benoist)

« Parler et instruire est le rôle du maître ; au disciple, il sied de se  taire et d’écouter, et s’il doit s’enquérir de quoi que ce soit qu’il le fasse avec mesure. » (règle de saint Benoît)

« L’idéologie de la bienveillance, autre nom de la démission. » (Corinne Berger) – Pour ne pas dire, expression de la lâcheté.

« Qui s’enseigne lui-même pourrait bien avoir un sot pour maître. » (saint Bernard)

« Collège unique, lycée unique, bac plus cinq unique … Des disciplines vétustes (d’abord, latin et grec, puis histoire, géographie….) sont un frein à l’égalité : trop exigeantes, trop peu égalitaires. Les anciennes hiérarchies ne sont pas démocratiques, citoyennes et justes. » (Harold Bernat)

« On dit que un enfant doit apprendre à parler à un âge précis … sinon il ne parlera jamais … Un certain apprentissage de la pensée me fut proposé au bon âge, et l’ayant repoussé je l’ai manqué pour le reste de ma vie. Je n’ai pas appris assez d’histoire, au bon moment, je n’ai pas lu assez de bons livres, je ne me suis pas exercé dans les disciplines de la parole et de l’écriture quand il le fallait. Tout l’effort assez réel et opiniâtre fourni depuis ne pourra jamais remettre en culture ces zones d’infertilité, ces plaques de latérite, que j’ai laissées s’étendre en moi. » (Alain Besançon – Une génération) – En matière de formation, il y  a des étapes qu’il ne faut pas manquer.

« Lycée : école antique où on discutait de philosophie – école moderne où on discute de football. » (Ambrose Bierce)

« Etudiants, étudiantes ! Ne vous présentez plus au bac, prenez le pont de Tancarville ! » (Francis Blanche)

«  Tout système d’éducation comporte une fin morale, qu’il essaie d’atteindre et qui inspire son programme. » (Allan Bloom) – Exception avec le passage au numérique, qui ne comporte comme fin que l’abrutissement.

-La distinction entre ce qui est profond et ce qui est superficiel, base des études sérieuses, n’a guère résisté à la tendance démocratique naturelle qui consiste à demander ‘à quoi ça sert ?’ » (Allan Bloom)

«  L’impression que notre population est en général mieux ‘éduquée’ est fondée sur une ambiguïté du sens du mot ‘éducation’ ou sur l’escamotage de la distinction entre éducation littéraire et éducation technique. Un informaticien doté d’une haute formation n’a pas besoin d’avoir appris davantage de choses sur la morale, la politique ou la religion que le plus ignorant des hommes … Tout au contraire, l’enseignement étroit reçu, les préjugés et l’orgueil qui y sont associés peuvent avoir pour effet de le couper complètement de la culture générale que des gens plus simples étaient accoutumés à absorber par le truchement d’une quantité de sources traditionnelles diverses. » (Allan Bloom) – Voir la stupidité prétentieuse générale de nos élites.

« Quelques années suffisent pour instruire un barbare. Il faut parfois des siècles pour l’éduquer. » (Gustave Le Bon – sur la distinction entre instruction et éducation) 

« La grande illusion de la démocratie est que l’instruction égalise les hommes. L’instruction ne sert qu’à les différencier davantage. » (Gustave Le Bon) 

« Combien est éloigné de la pratique celui qui s’ennuie de l’explication ? Quand aura le courage de l’accomplir celui qui n’a pas la patience de l’entendre ? » (Bossuet – sur la parole de Dieu, mais vrai de toute éducation, instruction)

« Si vous croyez que l’éducation ne sert à rien essayez l’ignorance. » (Serge Bouchard)

« L’effet principal de l’augmentation de la demande d’éducation paraît être d’exiger de l’individu une scolarité de longueur sans cesse croissante en contrepartie d’espérances sociales qui, elles, restent inchangées. » (Raymond Boudon) – Et quand on voit ce qui sort de ces innombrables années de scolarité, puis d’université…

« Les ‘belles âmes’ qui ont dénoncé l’inégalité des chance scolaires ont surtout contribué à la dégradation de systèmes d’enseignement. Le ‘collège unique’, l’allongement du ‘tronc commun’, le développement de la théorie de l’école ‘lieu de vie’, le culte du ‘pédagogisme’ n’ont guère servi à atténuer l’inégalité des chances scolaires ; en revanche, ces innovations ont contribué au développement de l’illettrisme et à l’apparition de la violence scolaire. » (Raymond Boudon) – Mais ces conséquences évidentes ne pouvaient que laisse froids les éminents pédagogistes en quête de célébrité et de fric

« S’il ne doit pas y avoir d’exclusion, il est inconcevable qu’il n’y ait pas de hiérarchisation des apports sans pour autant que celle-ci soit un jugement de valeur sur les cultures qui ont contribué de façon plus marginale que d’autres à la construction sociale américaine. La difficulté étant que cette hiérarchisation soit perçue comme une volonté de puissance et de domination et non comme un souci d’organisation des connaissances. » (Laurent Bouvet) – Idem pour la France, où le problème est résolu par la promotion de toutes les cultures à l’exception de la culture du pays hôte, la culture française, systématiquement ignorée, niée, salie…

« L’instruction consiste à donner la formation nécessaire pour réaliser efficacement une action que l’on est appelé à accomplir de façon habituelle … Ce que l’on apprend aujourd’hui dans les établissements qui s’appellent encore ‘d’éducation’ s’éloigne de plus en plus de l’éducation et se transforme toujours davantage en une instruction technique… L’éducation doit former non pas un technicien, mais tout simplement un homme, sans autre spécification … Or, celle-là devient de moins en moins pensable, parce que former l’homme suppose comme point de départ que l’on puisse dire … ce que signifie le fait d’être un homme. » (Rémi Brague) – Or, nous avons totalement renoncé à savoir qui nous sommes et pourquoi nous sommes là, simple assemblée passagère d’atomes.

« Aristote a défini l’homme éduqué comme celui qui sait dans quels cas une approche déterminée convient à son objet et dans quels cas elle ne l’est pas … un ‘honnête homme’ ne se conduit pas en mathématicien ou en soldat quand il a affaire à des gens qui ne le sont pas (tiré de Blaise Pascal) … Ce comportement approprié n’est autre que le respect … Traiter le donné comme ce qui se donne … ce qui peut impliquer de rester à la surface, de renoncer à pénétrer trop avant dans les profondeurs de l’autre. » (Rémi Brague) – Au moins tant qu’on n’est pas invité à aller plus avant.

« N’est pas conformiste qui veut, il faut passer par l’éducation … Et la conformité mène à la médiocrité. » (Albert Brie)

« Naguère un professeur vous incitait à aimer les œuvres … à en explorer les richesses. Désormais c’est un directeur de  conscience qui vous explique pourquoi vous devez vos méfier des classiques, voire les écarter. » (Pascal Bruckner)

« Le monde est plus riche que ma simple existence, il y a d’autres réalités, merveilleuses, insolites, que je vais abandonner : voilà le message de l’école qui nous donne une double leçon d’humilité et de curiosité. » (Pascal Bruckner)

« Cette vérité qui veut que chaque classe d’âge s’élève sur le meurtre symbolique de la précédente, les garçons et les filles d’aujourd’hui, dans leur majorité, n’ont pu l’éprouver. Pour eux tout fut acquis et non conquis. Et c’est le drame des éducations trop libérales, sans interdit ni encadrement, que de n’être pas des éducations. » (Pascal Bruckner)

« Comme la démocratie, comme la vie morale, l’éducation est un ‘formalisme’. Elle est même la grande initiation à la forme, c’est-à-dire à la structure, au rite, au détour, au moins-pour-le-plus. » (Renaud Camus) – C’était avant que n’arrive la barbarie.

« Le problème (d’éduquer les rejetons de ce qu’il est convenu d’appeler ‘les milieux culturellement défavorisés) ne serait encore rien … si éduquer n’était aussi déséduquer ; si apprendre n’était pas désapprendre ; si enseigner n’était récuser. Il ne s’agit pas seulement d’apporter quelque chose en plus … Il s’agit aussi … de modifier, de critiquer, de mettre en cause, d’écarter voire d’éradiquer. » (Renaud Camus)

« Le niveau réel de qualité d’un diplôme, et les répercussions culturelles qu’il entraîne, ne dépendent nullement de son nom, ni même du nombre d’années d’études qu’il exige, mais du nombre de ceux qui l’obtiennent, et de leur proportion au sein du corps social. Le baccalauréat qu’obtient quatre-vingt pour cent d’une classe d’âge… » (Renaud Camus)

« Ce n’est pas du ‘même’ qu’il faut prodiguer à l’élève. Le ‘même’, il en aura toujours assez. C’est le ‘lointain’ qu’il faut lui apprendre à aimer, le dissemblable, le non-coïncidant : le mot qu’il ne comprend pas dans une phrase, la phrase qu’il ne comprend pas dans un texte, le nom qu’il ne connaît pas dans une liste, le geste qu’il n’aurait pas fait dans une situation, l’idée qui ne lui serait pas venue … Si l’enseignement veut produire … autre chose que des petits-bourgeois et des maître en petit-bourgeoisisme, il doit prodiguer de la ‘lointeur’, de la distance, de l’écart, de la non-coïncidence avec soi-même ; en un mot de la culture et, pour être plus précis, de la culture générale … La seule rumeur collective est celle de l’inculture. Elle seule a droit de cité. En ne s’adressant jamais qu’aux ignorants, on les flatte, on les console ou on les ménage, et c’est très bien ; mais quel est le prix de cette commisération, pour la connaissance elle-même, et pour le niveau culturel moyen ? » (Renaud Camus)

« Le système (éducatif) ne produit, au mieux, que des spécialistes et des experts … au champ de compétence de plus en plus étroit. Sa grande victime est la culture générale. Elle est d’ailleurs presque ouvertement pourchassée par l’idéologie vertueuse, au moyen d’une assimilation rituelle à la culture bourgeoise. » (Renaud Camus) – N’importe quel recruteur en voit les effets terrifiants.

«  Si la culture s’est répandue c’est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. Lorsque les trois-quarts d’une génération accèdent au baccalauréat, le niveau de connaissance et de maturité qu’implique ce diplôme est à peu près celui qu’atteignaient au même âge les trois-quarts d’une autre génération, quand personne ne songeait à nommer cela baccalauréat, à peine certificat d’études. L’université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l’école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement. Tout a baissé d’un cran. C’est la grande déculturation. Et si les journaux n’ont plus de lecteurs, c’est en grande partie parce que leur public potentiel ne sait plus lire, même des phrases de plus en plus simples et de plus en plus fautives, avec de moins en moins de mots. Le paradoxe est que l’objectif quantitatif, qui est au cœur de l’ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l’argent, par le biais de la publicité, des taux d’audience et des lois du marché. C’est ainsi que le Louvre devient une marque, etc. » (Renaud Camus – La grande déculturation) – Il suffit de lire la lettre ou le courriel d’un bac + 8 ou de l’entendre essayer (en vain) d’aligner trois phrases pour savoir que c’est encore bien pire.

« Mettez l’élève au centre et, adulte, il restera au bord de la route. » (Belinda Cannone)

« Un mauvais maître est plus dangereux qu’un voleur à la tire. » (Casamayor)

« Comparez l’éducation que recevait les citoyens (et les femmes et les esclaves) athéniens en assistant aux représentations de la tragédie, et celle que reçoit un téléspectateur d’aujourd’hui en regardant ‘Dynasty’ et ‘Perdu de vue’ . » (Cornelius Castoriadis)

« Le pouvoir culturel n’est plus localisé dans une école. Il s’infiltre dans n’importe quelle ferme et dans n’importe quelle pièce, avec les écrans de télévision … Il se personnalise et se fait intime … Cela change la position de  l’école. Hier, représentante de l’Etat pédagogue, elle avait pour vis-à-vis et adversaire la famille qui jouait le rôle d’un contrôle. Chaque soir jouait le réajustement familial par rapport à la culture enseignée à l’école. Aujourd’hui, l’école se trouve dans une situation presque inversée ; par rapport à la famille envahie par l’image télévisée, elle peut devenir le lieu de contrôle où s’apprenne le mode d’emploi d’une information désormais donnée hors de l’école. » (père Michel de Certeau) – L’école apprenant à réfléchir, à se défaire de l’ endoctrinement, doux rêve.

« On élève toujours les enfants en fonction d’un monde qui n’existe déjà plus. » (Chateaubriand)

« Prétendre arranger l’entendement d’un enfant, c’est vouloir arranger une chambre vide. Donnez-lui d’abord des notions claires… » (Chateaubriand)

« Chaque homme pour faire son éducation a plus à oublier qu’à apprendre. » (Alphonse de Châteaubriant)

« Un éducateur qui n’est pas dogmatique est simplement un professeur qui n’enseigne pas. » (Chesterton)

« Apprendre, c’est oublier, oublier ce qu’on était, comment on était, qui on était avant. La parfaite appropriation de nous-mêmes à ce que nous fûmes, la parfaite rétention de ce que nous fûmes interdiraient tout apprentissage. » (Jean-Louis Chrétien)

« Le père et le fils ont passé un contrat social : ‘Si tu as ton bac, tu l’auras ta moto.’ … Rituel d’entrée dans la vie … Les parents proposent eux-mêmes l’extraordinaire objet ludique, libidinal, marginal continuant l’initiation mondaine (acquise dès l’enfance avec les premiers gadgets : écrans divers…) … Emancipation entraînant intégration … Nouvel équilibre entre le transgressif et l’institutionnel … Déculpabilisation de la consommation mondaine et production d’un modèle standard : l’individu de la social-démocratie libertaire. » (Michel Clouscard – Le capitalisme de la séduction)

« L’enseignement s’acquiert. Il ne se dispense plus. » (Christian Combaz) – Résultat !

« Si l’état révolutionnaire consiste chez les praticiens en ce que tout le monde prétend  commander, tandis que personne ne veut obéir, il prend chez les théoriciens une autre forme non moins désastreuse et plus universelle, où chacun prétend enseigner et personne ne veut apprendre … On ne peut, sans la vénération, ni même rien apprendre, ni même rien goûter, ni surtout obtenir aucun état fixe de l’esprit comme du cœur… » (Auguste Comte)

« Le constat des bénéfices sociaux que l’élite tire du désastre scolaire (par la destruction de la méritocratie scolaire qui réduit les chances de promotion des enfants du peuple, comme l’affaiblissement de la démocratie culturelle) incite cette dernière à faire diversion. D’où le thème, très moderne, de ‘discrimination positive’ qui représente le moyen le plus habile de ne rien changer à ses privilèges, comme le montre l’exemple fort éclairant de la ‘réforme’ de Sciences-Po-Paris …. L’intérêt d’un quota pour exclus permet, moyennant une petite entorse publicitaire concernant une poignée d’élèves, de maintenir le monopole massif d’une élite sociale. » (Eric Conan)   

« La liberté des opinions ne serait plus qu’illusoire si la société s’emparait des générations naissantes pour leur dicter ce qu’elles doivent croire. » (Condorcet) – Il y a longtemps que c’est fait.

« Je n’enseigne pas celui qui ne s’efforce pas de comprendre, je n’enseigne pas à parler celui qui ne s’efforce pas d’exprimer sa pensée. » (Confucius)

« Le travail éducatif consiste à insérer l’individu dans des significations qu’il n’a pas créées. » (Guy Coq)

« ‘En priorité, il faut interdire ‘Loft story’ ! Qu’est-ce que c’est que ces six ou sept abrutis qui passent leur journée à se maquiller et à ne rien faire et qui en sortent millionnaires’. Sauver l’éducation n’est pas l’affaire exclusive de l’école : par son indifférence à l’éducation, par les modèles qu’elle valorise, l’expression médiatique contribue à rendre impossible l’éducation. Pour sauver l’enfance, oui, on a le droit d’interdire, oui, il faut de la censure. » (Guy Coq – citant une directrice d’école au Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie) – Et la vulgarité sordide de nos humoristes et présentateurs choyés !

« Eduquer, c’est conduire hors de soi. » (Boris Cyrulnik)

« Pour apprendre l’anglais en trois minutes, rien de plus facile : utilisez un sablier. » (Pierre Dac)

« On ne construit une bonne éducation que contre le cours naturel de la vie, contre l’ordre du monde … Les revendications libertaires demandant à l’école de ‘s’ouvrir sur la vie et sur le monde’ … l’ont ouverte d’un seul coup à tous les cruels paradoxes de la vie et du monde. La vie sociale moderne régit désormais de ses lois morbides le lieu où les adolescents sont censés devenir des adultes créatifs, responsables et citoyens. Or la vie sociale inégalitaire, violente, darwinienne, des Américains (des Français aussi)  … disloque tout l’appareil mental adolescent si celui-ci n’est pas élevé, cultivé, canalisé, maîtrisé dans un dispositif de contraintes, corporelles et psychiques, qui se nomme précisément éducation. » (Maurice G. Dantec)

« La subversion du différé par le direct, le débordement des médiations symboliques par l’immédiateté sonore et visuelle, radio et télé, ne pouvaient que marginaliser l’école républicaine. Celle-ci est liée au culte du livre, et d’abord de la lecture. » (Régis Debray) – Et comme on ne sait plus lire.

« Nos managers ont senti d’instinct qu’en allégeant dans nos business-schools les programmes d’histoire et en supprimant les épreuves de culture générale, sortiraient de Sciences-Po encore plus de produits frais et digestibles … A Sciences-Po, qui taille au moule nos futurs ministres et vient de renoncer à l’épreuve de culture générale, l’Histoire de France débute en 1945. » (Régis Debray) – Cela permet au moins de passer sous silence la magistrale rossée reçue cinq ans avant et de se concentrer sur la participation française à la victoire (rires) – Consolons nous en pensant que nos futurs ministres ne pourront pas être plus ignares, plus prétentieux et plus arrogants que les actuels.

« Une culture, religieuse ou non, n’est jamais obsolète ; une technique sera désuète un jour, nécessairement. » (Régis Debray)

« C’est sans doute dans l’éducation que la déstructuration du sens critique par le  bruitage communicant qui ‘couvre’ (à tous les sens du mot) l’ordre marchand s’avère la plus nocive … Culture de flux, se substituant à une culture (vraie) de stock. » (Régis Debray)

« L’éducation du vide refuse d’apporter des contenus du dehors : n’influençons pas l’enfant, plus tard il choisira… Une société n’a pas le droit de faire de ses enfants les cobayes de ses doutes. Mieux vaut un contenu médiocre que le rien. » (Chantal Delsol)

« Eduquer, former un esprit qui sera capable de penser par lui-même … On ne peut pas éduquer et prescrire un contenu de pensée. Eduquer ne consiste pas à défendre une idéologie, mais à développer des qualités de discernement, de jugement, de responsabilité qui permettront à chacun de se former sa propre opinion … Le souci de nos démocraties consiste à empêcher que se développe une réflexion valorisant l’enracinement et la défense de la particularité, le souci majeur de nos gouvernants est de faire disparaître les affirmations issues des courants populistes … L’éducation ‘stricto sensu’ ne présente donc plus grand intérêt dans les circonstances d’aujourd’hui … L’instruction civique enseigne une ligne de pensée bien précise, ainsi que la haine des autres pensées, caporalisation de la pensée : l’enfant récite les crimes du passé et l’interdit de l’homophobie … Il n’apprend pas à se forger ses opinions propres, car ce serait trop dangereux … Il ne s’agit pas d’éduquer le peuple mais de lui enseigner la Vérité, et de l’injurier quand il profère des contre-vérités. » (Chantal Delsol)

« L’éducation est pour les gens heureux une parure, pour les malheureux un refuge. » (Démocrite)

« Max Weber eût été incapable de l’imaginer. Il dénonçait pourtant et déjà il y a une centaine d’années la ‘médiocrité’ dans laquelle s’enfonçait l’université en subordonnant son organisation aux rapports de séduction de nature commerciale qui y sévissaient … Aujourd’hui, évaluées en éléments quantitatifs (nombre de publications des professeurs, nombre de diplômés, ratio de placement, etc.), et fétichistes (revues scientifiques choisies, thèmes en vogue, appartenance à des réseaux, publications en anglais, etc.) et publicitaires (commandite, partenariats, présence dans les médias, etc.) … Toutes contraintes s’imposant conne une sorte de code de la ‘bienséance universitaire’ …  un ton prescrit qui empêche les professeurs de s’éloigner trop des balises que fixe l’idéologie dominante. » (Alain Deneault)

« Les articles sont souvent strictement écrits, édités, imprimés et distribués pour permettre à leur auteur d’ajouter une ligne à leur CV … Tout en jouant les accablés, on continue de confondre pudiquement la rédaction d’articles à outrance et la ‘recherche’, alors que l’on sait très bien que l’une nuit à l’autre, que le recyclage de contenu, de même que la signature commune d’articles auxquels un seul a travaillé, sont légion. » (Alain Deneault)

« La multiplication galopante des références obstrue l’esprit dans son travail d’assimilation lente et intime. La médiocrité s’installe alors. » (Alain Deneault) – S’agissant surtout de l’étudiant.

« L’idéologie de la déconstruction a privé les élèves les plus modestes de l’histoire et de tout l’héritage pour les transformer en enfants de personne. » (Alexandre Devecchio) – En petits sauvageons malgré eux. Tel ne pouvait pas ne pas être l’objectif de ces élites déconstructrices, désarmer le peuple.

« Il est presque impossible à l’enfant, mais aussi à l’homme d’aujourd’hui de fixer son attention sur autre chose que des images … L’explication est accablante, elle lasse l’auditeur, la parole ne retient plus ni l’attention ni l’intérêt … La lecture globale, dans laquelle on apprend à considérer le mot dans son ensemble, comme un dessin. » (Jacques Ellul) – Et ses ‘résultats’ catastrophiques.

« Il ne faut pas se cacher que la nullité croissante constatée aux examens tient justement à cette discordance : l’élève a enregistré des images et on lui a demandé de restituer un discours. Le passage de l’un à l’autre est précisément impossible. » (Jacques Ellul)

« La formation permanente, idéologie utopique par excellence, implique que l’on ne sorte jamais du stade infantile. » (Jacques Ellul)

« Le premier stade du savoir est l’amour de son précepteur. » (Erasme)

« On n’ensemence que par le haut. » (Saint-Exupéry) – Ce n’est pas une maxime prisée (serait-elle même comprise ?) dans les lieux de formation des enseignants de l’EDNAT, les IUFM, devenus les ESPE, puis les INSPE .

« Stupide éducation visuelle moderne qui découvre d’admirables trucs pour enseigner sans efforts, et livrer ainsi à l’enfant, réduit au rôle de formulaire, un bagage de connaissance au lieu de lui forger un style – et partant une âme. » (Saint-Exupéry)

« Nietzsche écrivait des dissertations de quatre-vingt-dix pages, en grec, à ses condisciples du lycée dés l’âge de quinze ans, en grec, s’il vous plaît, sur les mérites comparés de Sophocle et d’Euripide …  L’essentiel de la ‘Phénoménologie de l’esprit’ de Hegel était un cours destiné à des élèves de seconde, âgés eux aussi d’une quinzaine d’années. » (Luc Ferry) – Et les laquais de service vont nous assurer que le niveau monte ! 

« On ne doit pas dire quelque chose qui choquerait un père de famille. » (Jules Ferry – aux instituteurs) – Quand les hommes de gauche étaient honorables et repectables  

« Vous voulez transformer tout un chacun en une sorte de zombie de vertu. Ne réalisez-vous pas qu’une éducation qui viserait un état de ce genre serait l’instrument le plus oppressif qu’on puisse imaginer ? Elle effacerait toutes les parties d’un être humain qui ne seraient pas en accord avec la vertu. D’une personne capable de choisir entre le Bien et le Mal, elle ferait un ordinateur agissant toujours comme il faut. Cela conduirait à tuer les gens réels et à les remplacer par des incarnations d’idées. » (Paul Feyerabend) – Tel est pourtant l’ambition de notre système éducatif et médiatique ; bourrer la tête des gens d’idéologies idiotes.

« Toute éducation tend à  produire un être stable, sûr et persistant dans ses choix, qui n’est plus en devenir, mais est et ne peut être autre que ce qu’il est. » (Fichte) – Léger désaccord avec nos brillants pédagogistes qui n’entendent produire que des girouettes aisément manipulables.

« Tout élève à qui l’éducation est dispensée par pur amour de l’acte d’apprendre et pour nulle autre raison, apprend avec plaisir. » (Fichte)

« Il faut faire l’homme. Le faire tel qu’il ne puisse pas du tout vouloir autrement que comme tu veux qu’il veuille … Introduire une espèce humaine totalement différente des hommes habituels jusqu’à maintenant et en faire la règle … L’humanité devra se faire soi-même ce qu’elle doit encore devenir. » (Fichte) – « Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté … L’enfant ne doit faire que ce qu’il veut ; mais il ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse ; il ne doit pas faire un pas que vous ne l’ayez prévu ; il ne doit pas ouvrir la bouche que vous ne sachiez ce qu’il va dire. » (J. J. Rousseau – Emile) – Voilà les inspirateurs du ministère de l’Education nationale depuis quarante ans, les fabricants de laquais.

« Il ne saurait être question d’aller les mains pleines à la rencontre des nouveaux venus. Il s’agit, au contraire, de s’effacer, de se taire pour qu’ils ouvrent la bouche… Plus de tables, plus de livres, plus de médiation, l’amour ; plus d’institutionnel, du relationnel ; plus de formalités, des subjectivités. L’effusion supprime tout intervalle. » (Alain Finkielkraut) –  Inculture et sauvagerie.  

« Je voulais enseigner et je ne voulais pas être un maître. Allez-vous débrouiller avec ça ! … Les professeurs sont invités à faire preuve de toujours moins de sévérité, c’est-à-dire d’exigence intellectuelle, et de toujours plus de sollicitude … L’école ‘ouverte’ (sur le monde, sur les multiples communautés, imbibée de multiculturalisme et de repentance, hostile à toute dignité, toute grandeur, toute trace de fierté et d’honneur…) n’a pas cultivé le peuple, elle a eu raison du peuple cultivé. » (Alain Finkielkraut)

« En troquant l’admiration pour la démystification, on ne développe, comme il est prétendu, pas leur esprit critique, on les enferme, sous couvert de les éclairer, dans le cercle étroit d’un présent dogmatique et passionnément épris de lui-même. » (Alain Finkielkraut) – Pauvres élèves qu’on endoctrine.

« Il n’y a plus de place pour le médiateur ou l’intercesseur de l’universel dans le nouveau dispositif de l’information et de la communication planétaire … La ‘télé-présence’ remplit désormais cette fonction (notamment celle de l’instituteur de jadis) … On consomme des programmes … ‘L’être-dans-le-monde’ de la vieille humanité cède inexorablement la place à un ‘être-pour-l’écran’ … blasé, ‘alimenté’, comme disait Valéry, d’images visuelles ou auditives naissant et s’évanouissant au moindre geste, presque à un signe’ … L’homme (de jadis) a grandi dans une époque où c’était l’homme qui allait au monde et non le monde à l’homme. Mais il n’y allait pas seul. »(Alain Finkielkraut – commentant Le premier homme d’Albert Camus)

« L’individu nouveau … n’en est pas moins tendanciellement inéducable … A toute entrée dans un savoir transmissible, donc formalisé, anonyme, collectif, l’individu contemporain oppose les réquisitions de sa singularité : ‘Et moi là-dedans ?’ … Apprendre, c’est précisément se soumettre au décentrement … C’est cette extériorité impersonnelle de la méthode qui tend à être refusée. » (Marcel Gauchet) – « Le fantasme de se créer soi-même ex nihilo après avoir fait table rase du passé est d’abord une entreprise nihiliste qui balaie ce qui fait barrage à la barbarie. » (Pierre-André Taguieff)

« Le lancer du poids fait oublier la dictée. C’est faire peu de crédit aux jeunes esprits … que de croire que ces manipulations et ces brouillages de repères sociaux les tromperont … Est-il inconcevable d’élargir et de diversifier … la gamme des aptitudes et des orientations valorisées … sans faire semblant que tout se vaut ? … Cela suppose l’abandon de la stratégie d’occultation … au profit d’une stratégie d’explicitation … dans le cadre d’un dessein  raisonné de diminuer la pesanteur des inégalités … Sous couvert de respect des individus tels qu’ils sont, on n’aboutit quà les enferrer dans ce qu’ils sont et à les confirmer dans leur handicap … Comme s’il n’était pas d’expérience … d’apprendre plus au contact de messages dont une bonne partie vous échappe que sous le coup de propos conçus pour vous être accessibles. » (Marcel Gauchet)

« Pas d’accès à l’humanité, pas d’inclusion dans le réseau serré des symboles qui la représentent et la constituent … sans heurt avec l’extériorité violente d’une organisation dont la cohérence vous précède … sans passer par l’angoisse du décalage entre le peu que vous saisissez et la somme de ce qu’il faudrait maîtriser … Au bout de la pédagogie sans violence, il y a l’école de l’inégalité. » (Marcel Gauchet)

« Assurément que l’éducation a l’individu pour fin. Il y a seulement que la fin ne dit rien des moyens sociaux de l’individuation, et que l’installation de la fin à la place des moyens est la plus sûre manière de se priver de ceux-ci. L’école selon l’individu passe infaulliblement à côté des conditions de production de l’individu. » (Marcel Gauchet)

« Le rôle décisif du facteur interpersonnel dans l’enseignement … C’est le rapport subjectif de l’enseignant au savoir qui fait l’efficacité de l’enseignement. » (Marcel Gauchet) – Sur le niveau des enseignants.

« Pour l’individu nouveau la liberté doit être autant au départ qu’à l’arrivée … Il ne refuse pas l’éducation … … Il aspire au contraire à être formé, afin d’être en mesure de s’orienter lui-même … Il n’en est pas moins tendanciellement inéducable. Une chose est de  demander de  l’éducation, une autre d’être capable de la recevoir … ‘Et moi là-dedans ?’ demande-t-il. Quel sens peut-il y avoir à apprendre cela ? Et pas quel sens en général, quel sens pour moi … Comme si d’avance l’individu pouvait savoir ce qu’il veut apprendre. » (Marcel Gauchet)

« Le vrai problème est l’absence d’idéaux adultes. » (Carol Gilligan, féministe – citée par Christopher Lasch) – « Des modèles identificatoires culturels et intellectuels, valorisant l’ambition, la fierté, plutôt que des discours lénifiants sur la créativité, l’émotivité… » (Natacha Polony – sur l’éducation des filles) – Mais aussi pertinent pour des garçons.

« Qui n’a pas accepté les conditions d’accueil de la parole autre est incapable d’apprendre quoi que ce soit (faire taire son identité, la prétendue singularité qui n’est autre que la conformité aux modèles dominants … sans disponibilité aucun apprentissage n’est possible.) » (Emmanuel Godo)

« En fin de compte, nous ne retenons de nos études que ce que nous savons appliquer. » (Goethe) – Ou pratiquer, utiliser…

« Au modèle institutionnel hiérarchique se substitue celui d’une collectivité horizontale organisée en réseau et ouverte sur l’environnement … Dans cette perspective, les nouvelles technologies de la communication ne peuvent manquer d’apparaître comme des outils libérateurs dont Internet serait le porte-drapeau. » (Jean-Pierre Le Goff) – D’autant plus qu’ils permettent de décharger les responsables et surtout de les déresponsabiliser.

« En considérant de plus en plus tôt les enfants comme des individus autonomes et des citoyens, les adultes ont brouillé les places et les rôles, court-circuité l’insouciance de l’enfance et l’indétermination de l’adolescence, étapes indispensables à la structuration de l’individu. » (Jean-Pierre Le Goff)

« Si la formation peut avoir quelque effet, elle doit se greffer sur l’expérience. » (Jean-Pierre Le Goff – parlant de management) – Mais c’est exact dans quasiment toutes les matières soit techniques, soit d’approche psychologique, soit comportementales…

« L’éducation sera de plus en plus envisagée comme un ‘bien de positionnement’ ; c’est-à-dire dont la valeur tient principalement à la quantité de diplômes dont vous disposez par rapport aux autres. » (David Goodhart) 

« Le mépris dans lequel aujourd’hui on tient la formation des jeunes par les ‘humanités’ constitue une ‘catastrophe écologique’. C’est la nature même de la pensée, l’environnement mental que l’on sacrifie aux intérêts directs des apprentissages techniques et instrumentaux … Une ‘connaissance’ qui ne se soucie que de l’utile, que des services, était dans la cité antique celle que l’on réservait aux esclaves. » (Roland Gori) – Et tout est dit.

« L’éducation c’est la tendance conservatrice du temps qui d’une part s’exerce, puisqu’elle reproduit en abrégé le passé dans le présent. Mais d’autre part, c’est la tendance explosive du temps qu’elle permet d’autant mieux de s’accomplir, puisque chacun en est rendu d’autant plus impatient de surprise et d’originalité, d’autant plus exigeant de novation… » (Nicolas Grimaldi)

« En hâtant … l’assimilation … l’incorporation d’une culture, l’éducation libère d’autant plus rapidement l’individu de la tâche de s’adapter à son milieu : en lui faisant acquérir sous forme d’habitudes les mécanismes dans lesquels s’est sédimentée l’expérience d’une société, elle rend du même coup sa volonté disponible pour toutes les tâches que sa liberté lui assignera. » (Nicolas Grimaldi – cité par Jean-Claude Guillebaud)

Ce que devrait être un enseignement.  « La ‘vulgarisation’ déforme et dénature inévitablement la doctrine, en prétendant la mettre au niveau de la mentalité commune, sous prétexte de la lui rendre accessible ; ce n’est pas à la doctrine de s’abaisser et de se restreindre à la mesure de l’entendement borné du vulgaire ; c’est aux individus de s’élever, s’ils le peuvent, à la compréhension de la doctrine dans sa pureté intégrale. Ce sont là les seules conditions possibles de formation d’une élite intellectuelle, par une sélection appropriée, chacun s’arrêtant nécessairement au degré qui correspond à l’étendue de son propre ‘horizon mental’ ; et c’est aussi l’obstacle à tous les désordres que suscite, quand elle se généralise, une demi-science bien autrement néfaste que l’ignorance pure et simple. » (René Guénon) – Mais,  ce que veut notre prétendue société, ce sont des zombies, des laquais, des Bobos…

« Alors que les populations immigrées sont concentrées dans les centres urbains, à proximité des établissements d’enseignement supérieur, la ‘working class’ blanche s’en est éloigné sous l’effet des logiques foncières et de la recomposition des territoires. » (Christophe Guilluy – s’interrogeant sur la pertinence en France de l’analyse d’un ministre de l’éducation britannique constatant que le taux d’accès à l’université des jeunes blancs de la working class est inférieur à celui des enfants d’immigrés ; ce qui est tant mieux pour ceux-ci ; mais pour le moins questionne)

« Autrefois les illettrés étaient ceux qui n’allaient pas à l’école ; aujourd’hui ce sont ceux qui y vont. » (Paul Guth)

« La conséquence du rôle déculturant du divertissement médiatique et de la déculturation de  l’école est la pauvreté culturelle de classes d’âge qui ont pourtant bénéficié d’une scolarité longue généralisée sans précédent dans l’histoire e l’humanité. » (Jean-Louis Harouel)

« Les étudiants apprennent à évaluer et non à s’enthousiasmer, à garder les pieds sur terre et non à se laisser enchanter, à s’intéresser de manière inflexible à chaque chose prise séparément et non à se sentir  attirés par l’Unité et le Tout. » (Hermann Hesse) – Former des esprits éclatés perméables aux manipulations les plus simplistes.

« Les dévastateurs ne manquent jamais de prétextes. » (Victor Hugo  – Guerre aux démolisseurs) – Et il n’a pas eu le plaisir de connaître nos déconstructeurs, les Deleuze, Derrida, Foucault et la meute forcenée des pédagogistes.

« L’école est l’agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est. » (Ivan Illich)

« Auprès des campagnes visant aujourd’hui à discréditer et à ridiculiser la philosophie, les bûchers de livres organisés par l’inquisition hitlérienne paraissent comme du travail artisanal … La technique du terrorisme contemporain est autrement efficace. Elle obtient, sans bûchers, le rabougrissement mortel de la philosophie … L’antiphilosophie risque, par la stérilisation et le tarissement à la source, de fabriquer une génération d’abrutis manipulables et parfaitement dociles, incapables non seulement de réagir, mais de comprendre l’enjeu. » (Vladimir Jankélévitch) – Et c’est bien l’objectif de la modernité anglo-saxonne.

« Le prof, celui-là, est devenu ce qu’en d’autres temps on appelait un maître, c’est-à-dire quelqu’un dont on a l’intuition qu’il vous aidera à devenir non pas seulement quelque chose : un élève, un étudiant parmi d’autres pourvu d’un diplôme … mais quelqu’un. Quelqu’un d’unique : soi. » (Lucien Jerphagnon)

« Enseigner, c’est apprendre deux fois. »(Joseph Joubert)

« Jeter dans les esprits des semences et non y planter des arbres morts et des plantes toutes venues. » (Joseph Joubert)

« Fureur d’endoctriner et de mêler la bave de son esprit à tout ce qu’on enseigne. » (Joseph Joubert)

« Les maîtres doivent être les guides et non pas les amis de leurs élèves. Les enfants doivent avoir pour amis des camarades et non leurs pères et leurs maîtres. » (Joseph Joubert)

« Ils ont plus besoin de modèles que de critiques. » (Joseph Joubert – sur l’éducation des  enfants) 

« Au lieu de cette ignorance qui s’ignore et de ce savoir qui se connaît, fruits pernicieux et repoussants de notre éducation actuelle, on sortait des anciennes écoles avec une ignorance qui se connaissait et un savoir qui s’ignorait. On les quittait avide de s’instruire encore. » (Joseph Joubert)

« Donnez-leur la physique d’aujourd’hui, la littérature et la morale d’autrefois. » (Joseph Joubert)

« Tout le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique. La bouffonnerie érigée en moyen d’expression. » (Pierre Jourde ?)

« Ce qui domine, c’est un souci utilitariste analogue à celui qui a fini par triompher dans l’enseignement des langues étrangères. Ce français … qui s’appuie  sur les articles de la presse locale et sur des notices pharmaceutiques … Une idée du  ‘textuel’ qui s’abstient de toute hiérarchisation, de tout jugement de valeur, de toute ambition proprement littéraire … Ce mélange de platitude existentielle et de formalisme pédant qu’on nomme aujourd’hui enseignement du français … Ce démocratisme le plus borné où tout texte en vaut un autre … Murmure confus, insignifiant. » (Jacques Julliard)

« La discipline nous fait passer de l’état sauvage à celui d’homme. Un animal est par son instinct même tout ce qu’il peut être. Une raison étrangère a pris d’avance pour lui tous les soins indispensables. Mais l’homme a besoin de sa propre raison. Il n’a pas d’instinct et il faut qu’il se fasse lui-même son plan de conduite. Mais comme il n’en est pas immédiatement capable et qu’il arrive dans le monde à l’état sauvage, il a besoin du secours des autres … Une génération fait l’éducation de l’autre. La discipline empêche l’homme de se laisser détourner de sa destination, de l’humanité, par ses penchants brutaux. » (Emmanuel Kant – Réflexions sur l’éducation) – A l’époque on ne pensait pas à mettre le ‘pervers polymorphe’ détecté par Freud au centre du système éducatif. C’est dire qu’on formait et obtenait des hommes et des femmes et non pas de pervers zombies.

« Sauf miracle, nul ne peut apprendre ce qu’il ignorait totalement. » (Kierkegaard)

« Le vrai problème de l’éducation est l’éducateur. » (Krishnamurti)

« L’éducation devrait éveiller la capacité de se percevoir soi-même et non une complaisance pour l’expression de la personnalité. » (Krishnamurti)

« Ne plus enseigner correctement la langue et ne plus nourrir les esprits par la fréquentation des grands auteurs du passé est pire que la censure, c’est empêcher la formation même de la pensée chez les jeunes générations. » (Laurent Lafforgue, mathématicien) – Mais c’est bien l’objectif poursuivi par les idéologues dégénérés.

« A l’encontre du sens commun (et des théories égalitaires, progressistes, socialistes, éducatives…), à l’âge adulte les différences d’aptitudes cognitives imputables au milieu social sont très faible en regard des héritages génétiques. » (Hugues Lagrange) – Si c’est exact, c’est plutôt triste.

« Version infantilisée de la sociologie ; conformément au principe erroné selon lequel le plus court chemin pour s’assurer de l’attention de l’enfant est d’insister  sur ce qui lui est le plus familier : sa famille, son quartier, les industries locales … Il serait plus sensé de supposer que les enfants ont besoin d’apprendre des choses sur des endroits lointains et des époques révolues avant de pouvoir trouver un sens à leur environnement immédiat. » (Christopher Lasch) – Mais ce serait plus exigeant pour les enseignants.

« Sous le prétexte de respecter le droit des minorités à posséder leur ‘culture propre’ et sous celui, plus généralement, de respecter les droits des jeunes, les écoles ont abandonné tout effort réel de transmettre ‘ce que l’on sait et ce que l’on pense de mieux dans le monde’. Elles travaillent sur la base du postulat qui veut qu’une culture de haut niveau soit intrinsèquement élitiste, que personne ne devrait être obligé d’apprendre quoi que ce soit de difficile, et que les valeurs de la  classe moyenne ne devraient en aucun cas être imposées … Les enseignants américains (les Français en pire) invoquent des slogans démocratiques  pour justifier en pratique des programmes qui condamnent la plupart de nos concitoyens à un quasi-illettrisme. Ils en appellent au dogme du multiculturalisme dans le but de justifier l’échec massif de l’enseignement public. » (Christopher Lasch)

« Au nom du pluralisme, on prive les étudiants d’accès à des expériences qui échappent à leur horizon immédiat et on les encourage en outre à rejeter une bonne part de ces expériences, souvent préservées dans des œuvres de culture classique … L’exposition à l’altérité se révèle être à sens unique. » (Christopher Lasch – signifiant ainsi que les milieux privilégiés sont incités à se pencher sur des intérêts, cultures, situations bien différents, mais qu’on refuse aux milieux marginaux la possibilité de s’intéresser à la culture mondiale dite blanche et occidentale ; le message sous-jacent est aussi clair que méprisant : l’incapacité. Ségrégation voulue, bien pire que l’ancienne ségrégation de fait.

« Dans notre monde, c’est le savoir qui fait fonction de boussole, et ce qui est ainsi promu, c’est une modalité nouvelle de lien social qui substitue au rapport maître-sujet, un rapport savoir (acéphale)-sujet … Les effets du marquage du social par la religion se constatait dans l’organisation monocentrique et verticale de la société. En contrepoint, le lien social, induit par le développement de la science, promotionnera une organisation pluricentrique et horizontale du lien social … Tout se passe comme si notre social reconnaissait aux énoncés de la science la qualité de tiers, mais ce sont des énoncés d’où la dimension de l’énonciation a disparu  … La prétention totalisante de la science qui, sans pour autant être d’office totalitaire, porte néanmoins en elle la menace du totalitarisme … Par totalitarisme pragmatique, il s’agit d’entendre l’autonomie prise par un système organisé autour d’une logique qui prétend rendre compte rationnellement de tout, à tel point qu’il en viendrait –sans le vouloir de manière délibérée mais sans non plus vouloir le savoir – à ne plus laisser sa place au sujet.» (Jean-Pierre Lebrun – sur le rôle de la science et la société sans Père) – Pour expliquer ce qui peut apparaître comme contradictoire, je ne peux que renvoyer au livre de l’auteur, Un monde sans limite.  

« La première communauté éducative à laquelle appartient l’enfant est sa famille … L’école vient en complément, et non en substitution, du terrain familial. » (Barbara Lefebvre)

« Le français et sa littérature d’une part, l’histoire, d’autre part, sont les mamelles de l’identité nationale. C’est pourquoi déraciner l’enseignement de ces deux disciplines était primordial pour les guérilleros du multiculturalisme postmoderne, du libéralisme mondialisé, de l’individu atomisé. » (Barbara Lefebvre)

« L’illettré est celui qui décode plus ou moins correctement, mais ne comprend pas ce qu’il lit. » (Barbara Lefebvre) – Combien d’adultes ? 

« Ils se figurent que le degré atteint par la civilisation, la nature du temps présent et à venir les dispensent de tout effort dans l’acquisition des compétences … Ce siècle est un siècle de gamins. » (Giacomo Leopardi) – Qui s’exprimait déjà au XIX°, alors aujourd’hui !

« L’éducation consiste en une série de désidentifications : désidentification religieuse (catholique exclusivement), désidentification nationale et, dernier avatar de ce processus, désidentification sexuée et sexuelle … Cette non-transmission engendrant des êtres pensant comme ‘on’ pense, sentant comme ‘on’ sent, jugeant comme ‘on’ juge…» (Bérénice Levet)

« Cinquante années d’éducation progressiste qui, depuis les années 70, a fait de la liberté de l’enfant, de son génie originellement créateur, un alibi pour se dispenser de la tâche de transmettre l’héritage … ‘D’autant que l’âme est plus vide et sans contrepoids, elle se baisse plus facilement sous la charge de la première persuasion’ (Montaigne). » (Bérénice Levet) – La fabrique des zombies, des laquais gauchistes stupidifiés dès les bancs de l’école, et fiers de l’être.  

« Il ne s’agit plus d’aider l’enfant à trouver sa place dans un monde plus vieux que lui, mais de faire comme si le monde était né avec lui. » (Elisabeth Lévy)

« Là où l’ancienne éducation initiait, la nouvelle éducation conditionne … On est passé d’une sorte de propagation, transmission d’humanité, à la propagande. » (C. S. Lewis)

« Si l’exigence d’égalité est une noble aspiration dans sa sphère propre, qui est celle de la justice sociale, l’égalitarisme devient néfaste dans l’ordre de l’esprit, où il n’a aucune place. La démocratie est le seul système politique acceptable, mais précisément elle n’a d’application qu’en politique. Hors de son domaine propre, elle est synonyme de mort : car la vérité n’est pas démocratique, ni l’intelligence, ni la beauté, ni l’amour … Une éducation vraiment démocratique est une éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la démocratie en politique ; mais, dans son ordre à elle, qui est celui de la culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste. » (Simon Leys) – On comprend qu’avec de telles idées, l’auteur (viré de l’université par les cathos-maos de l’époque) ait dû s’exiler aux antipodes, en Australie.

« Il y a tant de génies de nos jours que l’on peut vraiment se réjouir lorsque le ciel nous envoie un enfant qui n’en est pas un. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Ce n’est pas la passion de la pensée qui gagne mais l’exigence de savoirs et d’informations immédiatement opérationnels. » (Gilles  Lipovetsky)

« Pour cet art de connaître les hommes, si important, il se peut apprendre, mais il ne se peut enseigner. » ( Louis XIV – à son fils)

« Face à un monde en transformation rapide, nous avons à faire un exercice de ‘déséducation’. On le pratique volontiers à l’égard des savoirs traditionnels, mais non à l’égard des dogmatismes plus récents. Nous sommes suffisamment ‘dépersonnalisés’ et ‘déspiritualisés’. Il nous reste à nous démarxiser et à nous déstructuraliser… » (Alfred Fabre-Luce) – Oui, mais sans dogmatisme (et il en est de nouveaux : libéralisme, marché, ouverture, tolérance, liberté du n’importe quoi, esprit bisounours…), comment faire pour asservir les gens ?

« Le principe de performativité, même s’il ne permet pas dans tous les cas de décider de la politique à suivre, a pour conséquence globale la subordination des institutions d’enseignement supérieur aux pouvoirs. » (Jean-François Lyotard) – Et on observe une baisse du QI moyen (notamment à la sortie des Grandes Ecoles) qu’on se garde bien de divulguer.

« L’effet à obtenir est la contribution optima de l’enseignement supérieur à la meilleure performativité du système social. Il devra donc former les compétences qui sont indispensables à ce dernier … En simplifiant : les unes destinées à affronter la compétition mondiale, les autres destinées à fournir au système les joueurs capables d’assurer leur rôle aux postes chargés du maintien de la cohésion de celui-ci. » (Jean-François Lyotard) – Deux fonctions dont la deuxième au moins implique dépendance d’esprit et soumission.

« Le droit de l’enfant à être éduqué requiert que l’éducateur ait sur lui une autorité morale. » (Jacques Maritain)

« Le pire ennemi de l’intelligence … aujourd’hui ce n’est plus l’ignorance, mais l’instruction faussée, tronquée, truquée, telle que la société bourgeoise la donne au peuple. » (Marcel Martinet – La culture prolétarienne) –Depuis 1935, remplacer bourgeoisie par esprit progressiste de démolition. 

« Que l’on édifie le monde à partir d’un modèle scientifique, l’homme à partir d’un modèle éthique, ou le citoyen à partir d’un modèle juridique, le geste d’édification a pour but d’élever la réalité de l’homme à la hauteur d’une idée, l’idée de vérité, l’idée de justice ou l’idée de bien … Comme on construit une maison pierre après pierre … on construit un homme signe après signe. » (Jean-François Mattéi)

« En essayant d’instaurer un monde propre aux enfants, l’éducation moderne détruit les conditions nécessaires de leur développement et de leur croissance. » (Gérard Mendel)

« Dans une optique libérale, c’est l’acte éducatif lui-même qui tend à devenir problématique. La prétention d’enseigner quelque chose à quelqu’un (hormis des lois du Marché, des Droits de l’individu, des savoirs strictement techniques, seules formes de l’idéal d’universalité qui soient fondées objectivement) est, par définition, toujours suspecte. Il est en effet facile d’y voir une manière déguisée d’imposer à autrui ce qui ne constitue qu’une opinion privée, en droit toujours déconstructible. » (Jean-Claude Michéa) – Voir comment les gens se hérissent quand on s’extrait de la banalité des considérations sur le temps qu’il fait. Plus d’éducation, plus de transmission, la sottise béate et creuse s’étale. 

« En reprenant la devise que Beaumarchais prêtait aux courtisans (et qui s’applique intégralement aux élites modernes), on pourrait dire que la maxime enfantine par excellence a toujours été ‘demander, recevoir et prendre’. Permettre au petit d’homme de s’élever progressivement de ce comportement égocentrique initial aux logiques de la réciprocité et du don (savoir donner, recevoir et rendre) constitue l’objectif de toute éducation. »  (Jean-Claude Michéa) – Dans la démission générale et le stupide pédagogisme, on en est loin !

« Comment, dans une société qui méprise les professeurs, les élèves n’imposeraient-ils pas leur langage (argot de banlieue, ‘nov-langue’ des stations de radio et des histrions de la télévision) … Le français est devenu une matière ‘comme les autres’ … j’ai entendu des inspecteurs suggérer de ne plus faire étudier le passé simple … On est conduit à abandonner des positions, à renoncer à l’étude des temps passés du subjonctif ou du conditionnel passé deuxième forme, à privilégier les concessives introduites par ‘même, si’ ou ‘alors que’ parce que suivies de l’indicatif … On finit par se sentir coupable d’enseigner toute la langue … ’Il y a une entreprise mi-officielle, mi-occulte, d’abaissement de la langue, qui correspond à l’effondrement d’un certain nombre de valeurs qui étaient le propre de la civilisation française … une normalisation linguistique … » (Richard Millet – Le sentiment de la langue)

« L’Université ne représente pas seulement l’orgueil du rationalisme. Elle représente surtout et elle sert merveilleusement cette tendance de l’Etat à tout ployer sous l’implacable niveau d’une stérile uniformité. » (Charles de Montalembert)

« Il ne faut pas beaucoup d’esprit pour montrer ce qu’on sait ; mais il en faut infiniment pour enseigner ce qu’on ignore. » (Montesquieu)

« La résignation à l’emmerdement est un des premiers acquis de l’éducation. » (Edgar Morin)

« Le but de l’éducation est de prévenir l’originalité et de réduire l’exception. » (Georges Palante)

« On ne va pas à l’école pour parvenir à un résultat personnel, mais pour apprendre à fonctionner en tant que membre d’un groupe. » (Olof Palme) – Et à devenir un parfait laquais. Ce premier ministre suédois aurait été digne de régenter notre éducation nationale.

« Quand une société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner … c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même … Une société qui n’enseigne pas est une société qui a honte, qui ne s’aime pas, qui ne s’estime pas. » (Charles Péguy)

« Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s’apprend pas : la solitude, l’indifférence, la patience, le silence. » (Georges Perec)

« Un enseignement asséché qui interdit toute forme d’admiration, toute forme d’identification, et oblige les enfants à chercher ailleurs que dans la littérature et dans l’histoire les mythes et les héros qui peupleront leur imaginaire. » (Natacha Polony) – Stars war, le djihad au pire…

« Eduquer, c’est accepter le reproche et la colère de l’enfant que l’on frustre parce que l’on sacrifie son désir présent à un bonheur futur, parce qu’on lui apprend le temps long et la récompense différée. » (Natacha  Polony) – Oui, mais : Tout, tout de suite.

« A en croire les théoriciens des ‘lumières’, l’Europe devrait, depuis deux siècles qu’on l’instruit’ se couvrir de beautés artistiques et littéraires, et l’atmosphère spirituelle qui l’enveloppe devrait l’emporter sur celle qui régnait au temps de Montaigne ou de Racine. Or c’est tout le contraire. » (Robert Poulet) – On n’enseignerait donc pas ce qu’il faut, comme il faut ?

« Interrogeons nos enfants sur les notions que notre école fait travailler, cuisinons-les sur le développement durable, les vertus du métissage, et nous les verrons à nouveau truster les premières places de ces classements iniques. » (Sylvain Quennehen – A propos de nos dégringolades dans les classements internationaux en mathématiques… et en tout)

« Le point faible de tout système d’éducation : on enseigne tout à tous, sauf l’art de vivre. » (Charles Régismanset)

« Une école où les écoliers feraient la loi serait une triste école. » (Ernest Renan)

« La déchéance des études s’accompagne de l’inflation des diplômes, des titres. » (Jean-François Revel)

« Partir de l’enfant, de ses préoccupations, de ses désirs : une telle revendication libertaire installe un rapport de perpétuelle soumission aux pulsions, ‘l’impulsion du seul appétit est esclavage’ disait Rousseau. » (Olivier Rey) – Certes, mais c’est obtenir les consommateurs les plus soumis ainsi que les meilleurs laquais des privilégiés du pouvoir. L’alliance systématique du capital et de la gauche dominante.

« L’éducation dite ‘libérée’ et toute centrée sur le prétendu ‘respect de l’enfant’ équivaut en réalité à séquestrer l’enfant ou l’adolescent dans un univers à part, une sorte de camp de concentration ludique, d’où l’accès au monde commun lui est interdit. Ne rien lui imposer, le dispenser de rien apprendre et l’inviter à tout découvrir par lui-même sous prétexte de le préparer à un ‘monde nouveau’, c’est en réalité le confiner à sa propre vie, à ses propres expériences, donc au conformisme et à l’ennui. C’est lui refuser les moyens d’innover, de s’opposer, de contester … Sous couvert de le libérer on l’isole … C’est en assurant la transmission du monde comme ‘passé’, que l’éducation peut offrir … le monde comme ‘avenir’. » (François Ricard) – Il s’agit bien de fabriquer des conformistes.

« La modernisation des pratiques pédagogiques ne consiste la plupart du temps qu’à simplifier les matières, augmenter les options (le zapping intellectuel) et se tenir aussi près que possible de l’univers familier des enfants. » (François Ricard) – Surtout ne pas les faire sortir d’eux-mêmes.

« L’homme … doit être soulevé pour être transformé. » (Jean-Paul Richter)

« C’est une misérable chose que de penser être un maître si l’on n’a jamais été un élève. » (Fernando de Rojas)

« Celui qui n’a pas subi les sévérités d’un maître subira les sévérités de la vie. » (Al-Dïn Saadi)

Pour éduquer, il faut « une once de science, un baril de prudence, un océan de patience. » (saint François de Sales)

« C’est par la violence que nous nous éduquerons. » (Jean-Paul Sartre – Le diable et le bon dieu) – Espérons qu’il n’endossait pas cette énormité, encore qu’avec lui, on peut s’attendre à tout !

« Pourquoi l’autorité de l’enseignant s’est-elle affaiblie ? Parce que fondamentalement la différence de statut entre enseignant et enseigné n’est plus acceptée, c’est une conséquence de l’idée démocratique, une conséquence de l’absence de limites à l’égalité de tous qui fait que l’enseignant et l’enseigné sont égaux tout comme le médecin et le malade. » (Dominique Schnapper) – Bienfait de la démocratie ?

« Le même fond commun de bons sentiments abreuve les devoirs comme il inonde les micros : compassion pour les faibles, mépris pour les riches … (sauf quand ils appartiennent au show-biz et chantent pour ‘Les Enfoirés’), solidarité avec les opprimés, haine de la guerre … Elèves comme professeurs ont commencé à penser avant d’avoir rien appris, comme tant d’écrivains de nos jours commencent à écrire sans avoir rien lu. » (Michel Schneider)

« Un homme à qui le fait d’enseigner n’a jamais laissé le temps d’apprendre. » (Schopenhauer – sur Fichte)

« Les hommes apprennent en enseignant. »(Sénèque)

« Nous n’apprenons plus pour la vie, mais pour l’école. » (Sénèque) – Déjà alors !

« Quant au développement de la connaissance, l’école perd du terrain chaque jour état donné son incapacité intrinsèque à répondre à la provocation spectaculaire de la médiasphère. » (Raffaele Simone) 

« La famille et le groupe des pairs fournissaient la connaissance ‘évaluative’ (opinions, jugements et préjugés, attitudes émotionnelles, éducation sentimentale et en partie politique, langage), et l’école s’occupait de la connaissance ‘rationnelle’ et scientifique … Le monde extérieur a commencé à produire des masses de connaissance autonomes : culture jeune, formes de consommation, mythe du voyage, phénomènes collectifs, ‘carnaval permanent’ du temps libre, découverte du corps, ésotérisme, refus des formes et des étiquettes, recherche d’expériences extrêmes … On apprend dehors et non plus ‘entre les murs’» (Raffaele Simone) – Maintenant, c’est la rue, la médiasphère, les réseaux dits sociaux, n’importe qui fournissant  n’importe quoi ,n’importe comment.

« La lenteur cotre la rapidité, ce qui est compliqué cotre ce qui est simplifié, ce qui est organisé contre ce qui est élémentaire, ce qui est ennuyeux contre ce qui est amusant, ce qui est profond contre ce qui est brillant. La lenteur et la peine qui ont été associées pendant des millénaires  à l’apprentissage complexe, sont remplacées par la rapidité et le ‘fun’. » (Raffaele Simone) – En vertu (si on peut dire) de quoi, on n’obtient que des sauvages aussi incultes que prétentieux.

« L’éducation, révéler à l’enfant l’immensité qui l’entoure et qui l’habite … L’erreur la plus courante en éducation consiste à partir du plus bas, du plus réduit, du plus pragmatique ; elle est souvent irréparable … Le meilleur seul est acceptable. En nivelant, en faisant une fausse démocratie de la médiocrité, il n’y a que des perdants. La possibilité de dépasser les limites sociales, familiales, intellectuelles et même physiques est volée à l’enfant. » (Christiane Singer)

« De la même manière que dans l’Antiquité, le livre a perdu le combat contre le théâtre, l’école pourrait aujourd’hui perdre le combat contre les forces indirectes de la culture, la télévision, le cinéma de violence, et les autres média de la déshinibition. » (Peter Sloterdijk) – Pourquoi employer le conditionnel ?

« Le secret de la créativité, c’est le transfert de ces facultés abstraites dans un autre champ d’application. Bonne raison de maintenir le latin, le grec et de mettre l’accent sur les mathématiques pour ceux qui en possèdent le don. Un lycée n’est jamais trop conservateur. » (Peter Sloterdijk) – Certes, mais en France on ne veut pas fabriquer des créateurs mais des moutons, et on y réussit fort bien.

« C’est vous ou moi. » (George Steiner – rappelant la phrase maîtresse bien oubliée de toute éducation) – Maintenant ce serait, c’est « C’est vous, moi je disparais, faites comme si je n’existais pas. » (ce qui d’ailleurs est rigoureusement exact)

« Un ‘classique’ survit à toutes les bêtises ; ça survit à la déconstruction, au post-structuralisme, au féminisme, au modernisme. » (George Steiner) – Et même au pédagogisme.

« Nous savons maintenant que la qualité de l’éducation dispensée et le nombre de gens qu’elle touche ne se traduisent pas nécessairement par une stabilité sociale ou une sagesse politique plus grandes. Nous comprenons maintenant que les sommets de l’hystérie collective et de la sauvagerie peuvent aller de pair avec … une éthique de la haute culture. Nous savons aussi que des qualités évidentes de finesse littéraire et de sens esthétique peuvent voisiner, chez le même individu, avec des attitudes barbares, délibérément sadiques … Que les rapports entre la culture et la société soient désormais ressentis comme faussés, ou du moins paradoxaux, est un fait nouveau et moralement déconcertant. » (George Steiner)

« C’est dans la mesure où on leur a épargné toutes les contraintes qu’ils succombent à toutes les séductions … La liberté est à son terme plus qu’à son principe. » (Gustave Thibon)

« Les clivages éducatifs définissent des attitudes et des forces indépendantes de l’économie. » (Emmanuel Todd) – Indépendantes du statut social 

« Comment expliquer que de plus en plus d’enfants obtiennent le bac au sein de générations qui savent de  moins en moins bien écrire et compter … nous n’avons plus à faire au même bac … Eurostat nous dit que la part d’une génération qui fait des études supérieures est passée de 27,4% en l’an 2000 à 43,6  % en 2016. Une société ne peut pas faire un tel bond éducatif en seulement seize ans. Le niveau des études supérieures non plus ne peut pas être resté le même … De 1987 à 2017, les scores (en calcul) tombent de près de 30%, et ce  presque uniformément pour les enfants de toutes les classe sociales …La lecture complexifie la vie intérieure et transforme la personnalité de l’enfant, elle change son rapport au monde, la lecture intensive structure le cerveau à une certaine époque de la vie, question d’agilité intellectuelle   (perturbation par l’arrivée de la télévision bien avant celle des tablettes et écrans, le développement de l’univers avant tout visuel (vidéos) d’Internet n’a rien arrangé.) … Lire un mauvais roman fait plus de bien au cerveau que regarder un chef-d’œuvre au cinéma …  On peut observer un début de baisse du QI … La corrélation entre les deux variables : l’éducation et l’intelligence est en cours de dissociation, déconnexion entre niveau de diplôme et intelligence réelle.  »  (Emmanuel Todd – citant des études de la DEPP, organisme rattaché à l’Education nationale)

« L’obstination dans l’affrontement populisme/élitisme, s’il devait se prolonger, ne saurait mener qu’à la désagrégation sociale … partout, l’éducation supérieure a brisé l’homogénéité culturelle des démocraties libérales et créé des ‘mondes d’en haut’ attachés aux valeurs d’ouverture, et des ‘mondes d’en bas’ qui revendiquent le droit d’une nation à contrôler ses frontières et à considérer l’intérêt de ses citoyens comme prioritaire …(Un tiers de la population de la France pourrit économiquement et moralement, et enrage de son impuissance inlassablement reconduite) … Une méritocratie qui mine le sentiment égalitaire parce que celui qui a été sélectionné par le système scolaire finit par se penser intrinsèquement supérieur … L’idéal méritocratique, effet pervers d’une aspiration égalitaire, l’égalité des chances, qui finit par créer une inégalité de mérite. Plus une société est au départ égalitaire, démocratique de tempérament, plus l’idéal méritocratique y sera fort … plus la perversion inégalitaire engendrée par accident sera puissante … Plus le système scolaire règne en maître … plus le tri des hommes sera efficace … Le méritocrate pense tout devoir à son travail et à son intelligence, à son mérite. Loin d’aspirer à faire vivre l’égalité, il considère trop souvent ceux qui ne l’ont pas suivi dans sa trajectoire ascendante comme des gens moins doués, stupides ou débiles. Dignes de voter pour Trump ou pour le Front national … En revanche, celui qui a hérité de son statut privilégié, aristocrate ou non, sait bien, au plus profond de lui-même, ce qu’il doit à ses ancêtres. Il exprimera moins de mépris pour ceux qui n’ont pas réussi dans leurs études … s’ajoutera à la modestie la notion d’une noblesse qui oblige, de devoirs qui accompagnent les privilèges. » (Emmanuel Todd – considérations éparses sur l’Université, la méritocratie et l’égalitarisme, les classes dominantes et le populisme) – Pour expliquer le déluge de mépris, les torrents d’injures déversés sur les électeurs de Trump, sur ceux du Front national, jadis sur les opposants à la honte du traité de Maastricht (passé grâce à une escroquerie intellectuelle, une de plus, de Mitterrand), sur les Anglais ayant opté pour le Brexit (mais là les insultes ne venaient que de l’étranger, média français en tête dans l’abjection comme toujours, et pas de l’élite britannique et il est aussi juste de  considérer que le parti conservateur met correctement en œuvre la volonté populaire, en effet, c’est dans la plus aristocratique des démocraties libérales que le populisme est le mieux intégré)

 « L’éducation vise à propager des valeurs, à promouvoir ce qu’elle estime être utile ; l’instruction enseigne des ‘vérités de fait et de calcul’ … Dichotomie entre le domaine de la volonté, dont l’horizon est le bien, et le domaine de la connaissance, orientée vers le vrai. » (Tzvetan Todorov – commentant Condorcet)

« L’éducation scolaire transcende l’antinomie entre les deux sens de la culture : elle nous familiarise avec une tradition et en même temps nous donne les moyens pour, le cas échéant, nous en affranchir. » (Tzvetan Todorov) – Ce cher auteur rêve un peu !

« Je dis aux enfants d’une école : Ecrivez chaque jour quelques lignes dans un gros cahier. Non pas un journal intime consacré à vos états d’âme, mais au contraire un journal dirigé su le monde extérieur, ses gens, ses animaux et ses choses.  Et vous verrez que de jour en jour, non seulement vous rédigerez mieux et plus facilement, mais surtout vous aurez un plus riche butin à enregistrer. Car votre œil et votre oreille apprendront à découper et à retenir dans l’immense et informe magma des perceptions quotidiennes ce qui peut passer dans votre écriture. De même que le regard du grand photographe cerne et cadre la scène qui peut faire une image. » (Michel Tournier – Journal extime)  – C’était avant qu’on ne leur mette des écrans en mains, quand on pensait encore à les cultiver. 

« Phénomène très visible en Amérique, la fragilité des étudiants se dessine peu à peu en France et se propage au-delà des campus.  Revendications identitaires extrêmes, outrage moral, demandes d’accommodations en tous genres, obsession du trauma, sacralisation de la victime : la tyrannie du bien-être fait exploser l’anxiété de masse. » (Samuel Veissiere) – « L’informe et l’inordonné sont horrifiants. » (Michael Hardt, Antonio Negri) – Rendons grâce à toutes nos libérations. Remercions nos si bienveillants  déconstructeurs. Enfin la sortie de l’odieux carcan de jadis et l’arrivée dans la plénitude. 

« Eh Dieu ! Si j’eusse étudié

« Au temps de ma jeunesse folle

« Et à bonnes mœurs sacrifié… » (François Villon)

« Réussir à l’école, c’est être capable de s’intéresser à ce qui ne nous concerne en rien. » (Donald Winnicott)

 Et ceux qui sont les plus instruits tombent dans les plus grands égarements. » (saint François Xavier) – Et pourtant le saint ne connaissait pas nos énarques et notre personnel politique. 

« Comment voulez-vous que je puisse vous enseigner quelque chose puisque votre esprit est semblable à cette tasse (débordante). Vous êtes venu avec un esprit trop plein de choses.  Non pas pour apprendre, mais pour critiquer, pour discuter. Donc je ne peux rien vous enseigner. » (un maître Zen – cité par Dominique Venner) – tels sont nos contemporains.

« L’abondance des moyens d’éducation ne transforme pas forcément les citoyens en parangons de vertu … Cette abondance et la relative facilité de leur approche a désacralisé et dévalorisé l’éducation … Diplômés de l’université sans débouchés, artistes médiocres, jeunes bacheliers qui n’ont pas poursuivi d’études. Ces individus développent une idée exagérée de leurs capacités et fondent des prétentions disproportionnées par rapport à leur valeur réelle. » (Alexandre Zinoviev)

« Le degré d’instruction d’une société ne définit pas son niveau intellectuel… Il peut exister une société supérieurement instruite mais faiblement intellectuelle. Nous possédons beaucoup de savants, de fonctionnaires et d’hommes de lettres hautement instruits, mais absolument pas intellectuels et même hostiles à tout ce qui est intellectuel … Jadis, l’instruction chez nous allait de pair avec l’intellectualité, la spiritualité, et je dirais même la moralité. Aujourd’hui, au contraire, l’instruction apporte tout à l’homme soviétique, sauf le niveau intellectuel, culturel, et un certain développement moral de l’esprit que l’on pourrait attendre. L’instruction maintenant mène au professionnalisme et à la stricte défense de petits intérêts professionnels. » (Alexandre Zinoviev) – Ecrit dans les années soixante-dix, du temps de l’homme soviétique. Et chez nous, qu’apportent les écoles de management, les Hec, Essec et autres ENA… ? Voir l’inculture des produits qui en sortent.

On distingue couramment 4 stades d’apprentissage, nous sommes : « Inconsciemment incompétents : nous croyons maîtriser alors que nous n’avons aucune idée de la chose – Consciemment incompétents : nous réalisons à quel point nous ne savons pas – Consciemment compétents : Nous possédons la théorie, la pratique nous échappe – Inconsciemment compétents : avant chaque acte, nous pouvons nous dispenser de réfléchir. » (d’après Thomas d’Asembourg)

« A quoi ça sert d’apprendre tout cela alors qu’on doit mourir un jour ? » (d’une petite gamine effondrée sur ses devoirs) – Admirer la profonde sagesse ou déplorer l’immense paresse ?

« Les professeurs ouvrent la porte, mais vous devez entrer vous-même. » (proverbe)

« Le chien ne peut pas apprendre à nager sans se mouiller la queue. » (proverbe)

« L’Etat instruit, la famille éduque. » (?)

« Thomas réfute un adversaire comme on instruirait un disciple. » (? – sur saint Thomas d’Aquin)

« Soyez les serviteurs des dons de vos enfants, pas les profiteurs. » (?)

« Jadis on enseignait les règles avant que le déroulement de la vie n’enseigne les exceptions. » (?)

« L’égalité n’est pas éducative, elle écrase tout au prétexte qu’il ne faut pas différencier. » (?)

« Tout est accessible, rien n’est maîtrisé. » (?)

« Ecoute, écoute bien, première phrase de tout enseignement. » (?)

« Poursuivre des études qui ne se laissent jamais rattraper. » (?)

« Enseignez la sagesse plutôt que le savoir. » (?)

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