110,1 – Choses, Evénements, Faits

– Ces derniers sont têtus, exactement comme les pieds de lit auxquels on cogne ses orteils. Aussi, pour un politicien, est-il bien préférable de les  ignorer ou de les nier.

– Cependant, si un événement  qui a fortement choqué l’opinion publique a été révélé malgré la vigilante censure opérée par les média et si les plus hautes autorités n’y peuvent rien et de plus n’ont aucune intention de remédier à la situation pour le présent comme pour l’avenir, il est essentiel pour les dites autorités de se précipiter sur leur appareil à tweeter avant de se rendormir et de faire savoir à la terre entière que le dit événement est inacceptable.

-Si un événement (à arranger quelque peu si besoin) permet de baver sur D. Trump, J. Bolsonaro, V. Poutine, V. Orbàn… il est le bienvenu et doit être communiqué largement au bon peuple avec tambours résonnant de vertueux étonnement et trompettes vibrant de légitime indignation. Si le même événement risquait de gêner aux entournures quelque personnage également en vue mais estimable, politique tel Emmanuel Macron,  milliardaire mondialiste et humanitaire, Européiste convaincu, philosophe donneur de leçons, il serait charitable de ne pas en informer le dit bon peuple pour ne pas le choquer.

« L’invention du téléphone mobile n’est-elle pas aussi importante, sinon plus, que la chute du mur de Berlin ? » (suggestion de Richard Millet)

– « Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s‘étale dans les journaux, ce qui crie à travers les média, mais ce qui mûrit dans les profondeurs … La naissance du Christ ne fut un événement que pour quelques bergers. » (Jean-Marie Domenach)

– Créer l’événement (et même le buzz), le rêve de tous les imbéciles.

-‘Fact-checker’, Personnage bien caché chargé d’imposer les mensonges de la doxa officielle et de prouver la qualité de l’information fournie par la servilité médiatique

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« A force d’annoncer les événements on en provoque l’accomplissement. » (Louise Ackermann)

« Les faits frappent sans instruire. » (Alain)

« Face à un événement qui n’aurait jamais dû se produire, la société réagit toujours en niant son existence, en faisant comme s’il n’avait jamais existé. » (Francesco Alberoni)

« Tout événement digne de ce nom est doué d’une ‘puissance indéfinie d’ébranlement’. » (Myriam Revault d’Allonnes – citant Paul Ricœur)

« Un événement n’est pas seulement un fait. Il est ce qui fait rupture et résiste, par son caractère inédit, à sa dissolution dans un schéma causal. Il répugne tout autant à s’inscrire comme une ‘étape’ dans un processus finalisé, orienté vers son achèvement … Il déborde toujours les causes qu’on peut lui assigner. » (Myriam Revault d’Allonnes)

« ‘Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations’ (Nietzsche). Les faits bruts ne signifient rien. Ils doivent être mis en ordre et ne font sens qu’à la condition d’être déchiffrés et interprétés.» (Myriam Revault d’Allonnes)  – « La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat. » (Hannah Arendt.)

« Il y a même des événements qui n’arrivent que parce qu’on a envie ou besoin de les retransmettre. On ne sait plus alors où s’arrête la réalité et où commence le jeu … La reproduction peut l’emporter sur le modèle … Conçues à l’origine pour ceux qui y prennent la parole ou pour ceux qui viennent les écouter, des manifestations sont désormais ‘conçues en amont’ pour les millions d’auditeurs ou de spectateurs de leur reproduction. Beaucoup de ces événements ne sont pas d’une importance telle qu’ils doivent être retransmis ; c’est parce qu’ils sont retransmis qu’ils deviennent importants et on ne les organise que pour cela … Ils ne deviennent réels qu’une fois reproduits, ils n’ont plus lieu qu’en vue de leur reproduction … produisant un monde qui ‘aille mieux’ à l’homme et un homme qui ‘aille mieux’ au monde (caractéristiques du conformisme) … L’esprit du consommateur est déjà préformé (comme dans ces disques qui ne nous restituent pas seulement la musique mais aussi les applaudissements dans lesquels nous devons nous reconnaître, nous dictant la façon de réagir – voir aujourd’hui les publics stupides d’émissions télévisées assemblés et guidés pour nous conditionner). » (Günther Anders – simplifié) – Rôle des Communicants.

« Faire la différence entre les faits (ce qui se passe) et mon interprétation. » (Christophe André)

 « Est-ce que les événements qui m’arrivent viennent de moi (attribution interne) ou d’influences extérieures à moi (attribution externe) ? Est-ce que ces événements vont durer (attribution de stabilité) ou seront éphémères (attribution d’instabilité) ? Est-ce qu’on peut en tirer des conclusions générales sur ce que je suis (attribution de globalité) ou ne signifient-ils rien de précis sur moi (attribution de spécificité) ? » (Christophe André) … Le système d’attribution causal du déprimé. « Différentes attributions :  D’abord en cas d’événement positif (ex : réussite à un examen,) ensuite en cas d’événement négatif (échec à l’examen) : D”abord ‘Cela ne vient pas de moi, j’ai eu de la chance’ ensuite ‘C’est de ma faute’ – D’abord  ‘Cela ne durera pas, ne se reproduira pas’ ensuite  ‘Ce n’est qu’un début, cela va recommencer’  – D’abord ‘Cela ne veut rien dire, je suis quand même minable’ ensuite ‘Cela prouve bien que je suis minable’. » (même auteur) – Mais si l’exemple ci-dessus est celui du déprimé, tout le monde fonctionne suivant un système d’attribution causale.

« Les événements du quotidien frappent bien à toutes les portes, mais ils savent que je ne reçois pas des hôtes aussi agités. » (Aharon Appelfeld – cité par Alain Finkielkraut) – Grande sagesse.

« La ténacité intraitable et irraisonnable de la pure factualité. » (Hannah Arendt)

« Dans les choses qui ne savent pas mentir. » (Aristote – La source de la connaissance)

« Ce n’est pas seulement une déclaration de guerre qui est événement, mais n’importe quelle œuvre, au moment de sa naissance. La ‘critique de la raison pure’ n’existerait pas si l’homme unique, Kant, n’avait pas existé .., L’événement, intervention d’une conscience à un point de l’espace et du temps, est caractéristique d’un aspect du passé humain, quel que soit l’ordre d’activité. » (Raymond Aron)

« Le mystère de l’événement, l’entrecroisement de la nécessité et de l’accident. » (Raymond Aron)

« Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. » (Raymond Aron)

« Le rêveur impatient de progrès avance les aiguilles de l’horloge. Mais l’événement brusquement les ramène à l’heure. » (Lucien Arréat)

« Nous créons les théories, nous ne créons pas les faits. Créer les faits n’est jamais que les reconnaître. » (Lucien Arréat)

« Rapport au monde imagé et abstrait puisque, avertis de tout, nous ne connaissons en général de ce qui nous est dit que ce qui nous en est dit, nous habituant progressivement à discuter de textes et d’images quand nous pensons parler de réalité … Ce rapport à la réalité est médiatisé (tous les faits aujourd’hui sont médiatisés, au sens où ils sont transmis et présentés par les médias ; l’expression ‘fait médiatisé’ est devenu un pléonasme). La médiation de l’image suscite des effets d’abstraction et même d’irréalité spécifiques lorsque des panneaux et des croquis se substituent sur le bord de l’autoroute aux paysages et aux curiosités que nous pourrions voir si nous en sortions. » (Marc Augé)

« La religion des faits … Il faut des faits, partout, tout le temps pour invoquer le réel plus qu’en témoigner et donner ce goût de véritable à l’univers des informations. » (Florence Aubenas, Miguel Benasayag – La fabrication de l’information) – Accompagnés de chiffres, c’est encore mieux.  

« Les événements sont les flots d’un fleuve rapide qui est le temps ; à peine chacun d’eux apparaît-il qu’il est déjà emporté, puis un autre est emporté à son tour, et en voici déjà un autre qui va l’être. » (Marc-Aurèle) 

« Il ne faut pas s’irriter contre les choses, car elles n’en ont cure. » (Marc Aurèle) – « Les choses n’avancent ni ne retardent. » (Paul Valéry) 

« Avant la mort de Marie-Antoinette existait (entre autres) une probabilité de non-exécution, au même titre qu’une probabilité d’exécution. Quelque chose s’est potentialisé, parce qu’autre chose s’est actualisé. Ce quelque chose a malgré tout existé … En même temps il n’a pas existé, puisque Marie-Antoinette a été exécutée … Quelque chose qui s’est produit en 1980 ne sera un événement que parce que d’autres choses se produiront en l’an 2000. Un autre événement de 1980 aura disparu de la ‘réalité’ sociale ou historique, parce que d’autres choses se produiront ou ne se produiront pas en l’an 2000. En outre, les événements de 1980 ou 2000 rétroagiront sur ceux des années 60 ou 70, les plongeant dans, ou les extrayant, de l’invisibilité … Une masse de faits sociaux ou historiques ne devient visible que par la grâce ou à l’occasion d’un événement censé être la ‘conséquence’ de ces faits, et qui lui-même n’est souvent visible que par ses propres ‘conséquences’ … Louis XVI inscrivant ‘rien’ sur son calepin à la date du 14 juillet 1789 … On découvre des faits a posteriori … Un sens s’attache aux faits, ou s’en détache, avant, pendant, ou après les faits eux-mêmes …  Il y a presque toujours une distance, un espace, un jeu, entre un événement et  ses causes. » (Yves Barel – considérations sur la notion d’événement – La marginalité sociale)

« Réelles ou éventuelles, la plupart des choses ne font pas événement. Elles sont de l’ordre de la continuité des causes et des effets. L’événement, lui, est de l’ordre de la discontinuité et de la rupture. » (Jean Baudrillard)

 « Tour au long de cette stagnation des années 1990, c’était la ‘grève des événements’. Eh bien, la grève est terminée. Les événements ont cessé de faire grève. » (Jean Baudrillard – sur la période de calme entre l’effondrement de l’URSS en 1980 et les attentats islamistes à New-York de septembre 2001)

« L’événement prodigieux, celui qui ne se mesure ni à ses causes ni à ses conséquences, celui qui crée sa propre scène et sa propre dramaturgie, n’existe plus. L’histoire s’est peu à peu rétrécie … au champ de  l’actualité … refus de signifier quoi que ce soit, ou capacité de signifier n’importe quoi. » (Jean Baudrillard)

« Le propre de tout événement véritable est de déjouer toute prévision, d’être là  où on ne l’attend pas. » (Jean Baudrillard – sur la chute du communisme, la guerre du Golfe, le 11 septembre 2001, etc.)

« Les événements ne sont pas plus nombreux, mais l’événement en lui-même est multiplié par sa diffusion, par l’information. » (Jean Baudrillard)

« Nous sommes à l’ère des événements sans conséquences (et des théories sans conséquences). » (Jean Baudrillard)

« Les choses continuent de fonctionner alors que l’idée en a depuis longtemps disparu … Ainsi, l’idée de progrès a disparu, mais le progrès continue … auto-reproduction à l’infini. » (Jean Baudrillard) – Même quand la simple croyance en elles a disparu, ainsi du Marxisme par exemple.

« Il y a deux formes d’oubli (des événements) : soit l’extermination lente ou violente de la mémoire, soit la promotion spectaculaire, le passage de l’espace historique dans l’espace publicitaire, les média devenant le lieu d’une stratégie temporelle de prestige … Fabrication à grand renfort d’images publicitaires d’une mémoire de synthèse qui nous tient lieu de référence primitive, de mythe fondateur, et surtout qui nous tient quitte de l’événement réel … Le bicentenaire de la Révolution qui a constitué la plus belle simulation événementielle de la fin du siècle. » (Jean Baudrillard)

« Il y a en nous un immense désir d’événement … L’imprévisible dont nous sommes tellement friand … Mélange de jubilation et de terreur, d’exaltation secrète et de remords. » (Jean Baudrillard)

« Communément, les choses se doivent d’abord être possibles et ensuite seulement de s’actualiser. C’est l’ordre logique et chronologique. Mais alors, elles ne sont plus un événement au sens fort … L’événement se caractérise, d’une façon paradoxale, par son inquiétante étrangeté, c’est l’irruption de quelque chose d’improbable et d’impossible, et par son inquiétante familiarité, apparaissant comme une évidence, comme s’il était prédestiné, comme s’il ne pouvait pas ne pas avoir lieu … Ce n’est qu’ensuite qu’on peut le concevoir comme possible  – La stupéfaction de Bergson à l’éclatement de la première guerre mondiale qui apparaissait à la fois, avant qu’elle n’éclate, comme probable et comme impossible » (Jean Baudrillard)

« Si on escamote  le moment de stupéfaction, d’admiration … où se trouve condensée, à travers l’immoralité de l’image, l’intuition stupéfiante de l’événement, si on récuse ce moment-là on perd toute capacité de comprendre.  Si la première pensée est de dire : cela est monstrueux … alors toute l’intensité, tout l’impact de l’événement se perd dans des considérations politiques et morales. Tous les discours nous éloignent irrévocablement de l’événement et nous ne pourrons plus jamais nous en rapprocher … La consommation de l’image épuise l’événement par procuration. Cette visibilité de substitution est la stratégie même de l’information; c’est-à-dire, en fait, la poursuite de l’absence d’information par tous les moyens.  Dans le régime normal des médias, l’image sert de refuge imaginaire contre l’événement. C’est une forme d’évasion, de conjuration de l’événement. » (Jean Baudrillard – à propos des attentats du 11 septembre 2001)

« ‘Amor fati’, maxime de Nietzsche, de Montherlant… Ce n’est pas le goût du pire, ni la simple acceptation du sort. C’est le vouloir possessif et conscient de ce qui doit être. » (Alain de Benoist)

« Ne pas plier les choses à son idée au lieu de régler sa pensée sur les choses. » (Henri  Bergson)

« Avant de s’intéresser à la genèse de quelque chose, il faut s’intéresser à ce quelque chose. » (Emmanuel Berl)

« Un fait n’est rien par lui-même, il ne vaut que par l’idée qui s’y rattache ou par la preuve qu’il fournit. » (Claude Bernard)

« Les événements ont ceci de commun avec les oies qu’ils vont en troupe. » (Léon Bloy)

« L’augmentation du nombre et de la soudaineté des événements, dont le moindre aurait stupéfait l’univers, du temps que nos parents avaient notre âge, et qui ne retiennent même plus notre inattention, rendent la réflexion inutile : le temps qu’on en décortique un pour en désenchevêtrer les causes et lui inventer une explication, des complications nouvelles, à cela plus captivantes, l’ont jeté dans l’oubli et l’on reste toujours en retard de quelques dysfonctionnements ; et il deviendrait plus sain de se débarrasser de toute signification comme d’un fardeau inutile. » (Baudouin de Bodinat)

« On a du trouble et de la complication à comprendre ce que sont les choses qui nous entourent, les phénomènes, et par exemple ce que signifierait au juste, en termes humains, une ‘Love parade’, une ‘Rave party’, une ‘Gay pride’, ou simplement une ‘Ola’ de spectateurs. » (Baudouin de Bodinat)

« C’est le propre d’un esprit maître de lui-même de traiter chaque chose selon ce qu’elle est en elle-même. » (Boèce)

« Juger un événement inévitable, c’est en faire une fatalité. » (Gustave Le Bon)

« Ce n’est pas du rationnel mais de l’irrationnel que les grands événements sont nés. Le rationnel crée la science, l’irrationnel conduit l’histoire. » (Gustave Le Bon)

« Voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient. » (Bossuet)

« Que veut dire ‘faire événement’ ? Comment isoler l’importance intrinsèque d’un fait de son acoustique ou de son tapage médiatique … Trop de pseudo-événements sont lancés à grand renfort de ‘communication événementielle’ … A l’inverse ces grands événements qui ‘arrivent sur des pattes de colombe’ (Nietzsche), comme une maladie mortelle infiltre le corps à bas bruit. » (Daniel Bougnoux)

« C’est une grande chose que d’être fidèle dans les petites choses ; c’est par les petites que les grandes se maintiennent. » (Père Bourdaloue)

« Une légende veut que les bourgeois de la ville de Königsberg aient deviné qu’un événement prodigieux venait de se produire quand ils virent le philosophe Emmanuel Kant modifier la direction de sa promenade quotidienne. » (attribué à Paul Bourget – mais le phénomène semble authentique) – Kant était connu pour sa régularité à une promenade toujours la même.

« Les choses appartiennent à ceux qui les rendent meilleures. » (Bertolt Brecht)

« Une surprise, soit un événement qui contrefait une partie de nos attentes, contient plus de puissance d’attraction pour capter notre attention, comme l’incongruité et le surprenant, les éléments dits contre-intuitifs … Ainsi, tout est organisé pour nous faire prendre le vide ou le pas grand-chose pour un événement … L’événement doit surgir sans cesse. » (Gérald Bronner)

« L’événement constitue les citoyens en public. » (François Brune – cité par Zygmunt Bauman) – Ce qui pourrait expliquer pourquoi les média usent et abusent du terme ; tout est événement.

« Rassembler des faits pour nous donner des idées. » (Buffon)

« Veux-tu connaître les choses ? Regarde-les de près. Veux-tu les aimer ? Regarde-les de loin. » (Ion Luca Caragiale)

« Comparé à notre richesse, le passé peut paraître très pauvre. Mais l’abondance de faits n’est pas nécessairement une richesse de pensées. » (Ernst Cassirer – sur la connaissance en général) – Comme en témoigne d’une part le déluge d’informations sans intérêt qui nous submerge et le vide intellectuel et spirituel de notre époque.

« Un événement n’est pas ce qu’on peut voir ou savoir de lui, mais ce qu’il devient (et d’abord pour nous). » (Père Michel de Certeau)

« Dans les grandes choses, les hommes se montrent comme il convient de se montrer ; dans les petites ils se montrent comme ils sont. » (Chamfort)

Fabrication de l’événement. « La presse est une véritable ‘pompe aspirante et refoulante d’informations’ reçues et propagées le jour même de tous les points du globe (du moins celles paraissant intéressantes au journaliste et ’eu égard au but qu’il poursuit et au parti dont il est la voix’) … En imposant simultanément aux discours et aux conversations la plupart de leurs sujets quotidiens, elle crée des groupes dont les membres, bien que dispersés géographiquement, ont une consistance. » (Patrick Champagne – citant Gabriel  Tarde) – Uniformisation, presse égal médias.

« Les journalistes ferment le jeu en croyant l’ouvrir ; ils attirent l’attention du grand public sur certains faits qu’ils constituent en ‘événements’ ; ils les commentent longuement, interrogent des hommes politiques ou des spécialistes pour savoir ‘ce qu’il faut en penser’ ; puis ils font demander par sondage quels sont les événements les plus importants et ce qu’il faut en penser ; afin de commenter ce que pense ‘le peuple’ sur les problèmes qu’ils ont eux-mêmes posés. » (Patrick Champagne) – Autre face de la même attitude : refuser d’évoquer tout ce dont il  est interdit de parler, tout ce qui n’est pas politiquement correct, c’est-à-dire châtré en fonction des intérêts du gang politico-médiatique.

« Les choses, rétrospectivement, nous paraissent surgir toutes faites. » (Père Teilhard de Chardin)

« Les événements de notre vie nous ressemblent : cela double l’injustice. » (Jacques Chardonne)

« Les événements ne comptent que pour ceux qui en pâtissent ou qui en profitent ; ils ne sont rien pour ceux qui les ignorent ou qu’ils n’atteignent pas. » (Chateaubriand)

« Dans ce pays fatigué, les plus grands événements ne sont plus que des drames joués pour notre divertissement : ils occupent le spectateur tant que la toile est levée, et, lorsque le rideau tombe, ils ne laissent qu’un vain souvenir. » (Chateaubriand) – De nos jours, ils ne laissent même plus de souvenir ajoute Philippe Muray. Flot d’événements sans lien ni raison.

« Dés que vous pénétrez dans le monde des faits, vous pénétrez dans un monde de limites … Vous pouvez libérer les êtres des lois étrangères ou accidentelles, pas des lois inhérentes à leur propre nature. Vous pouvez délivrer un tigre des barreaux de sa cage ; vous ne pouvez pas le délivrer de ses rayures. » (Chesterton)

« Il faut prendre l’événement par la main avant qu’il ne vous saisisse à la gorge. » (Winston Churchill)

« Don Quichotte représente la jeunesse d’une civilisation : il s’invente des événements. Nous ne savons comment échapper à ceux qui nous pressent. » (Emil Cioran)

« Ma mission est de voir les choses telles qu’elles sont. Tout le contraire d’une mission. » (Emil Cioran)

« Pour qu’un événement soit grand, deux conditions doivent se trouver réunies : la grandeur du sentiment chez ceux qui l’accomplissent et la grandeur du sentiment chez ceux qui en sont témoins. » (Frédéric Saint Clair) – Ne nous étonnons donc pas de la petitesse qu’on éprouve à assister ou à seulement évoquer nos manifestations et cérémonies publiques (panthéonisation, toutes prétendues fêtes…)

« J’aime les choses qui existent ensemble. » (Paul Claudel)

 « L’événement le plus important de l’histoire de l’humanité. n’est pas que l’homme ait marché sur la lune, c’est que Dieu ait marché sur la terre.»  (Paul Clavier)

« Puisque ces événements nous dépassent, feignons de les organiser. » (Jean Cocteau – Les mariés de la tour Eiffel)

« Il n’est rien de si méprisable qu’un fait. » (Royer-Collard) – Patron des dogmatiques.

« Quoi que vous puisiez imaginer, cela s’est déjà produit, ou le sera. » (Maurice G. Dantec)

« Une manif réunit 50 personnes dans la rue : ce n’est pas un événement. Une caméra de T.F.1 était là, et passe une minute au 20 heures : c’est un événement. Huit jours après, dix mille personnes défilent dans le même quartier : un événement ! Aucune image le soir à la télé : erreur, un non événement. » (Régis Debray) – Ajouter que si la caméra était justement là, c’est que la manifestation était bénie (c’est-à-dire) organisée par la bien-pensance dominante, ce qui ne devait pas être le cas de la deuxième.

« ‘La guerre, c’est la pensée dans le fait’. Or que voyons-nous aujourd’hui ? De moins en moins de pensée dans de plus en plus de faits. » (Régis Debray)

« Nous ne connaissons des choses que l’apparence qu’elles nous présentent. » (Descartes)

« L’événement est ce qui nous oblige à choisir. » (Jean-Marie Domenach)

– « Ce qui compte, ce n’est pas ce qui s‘étale dans les journaux, ce qui crie à travers les média, mais ce qui mûrit dans les profondeurs … La naissance du Christ ne fut un événement que pour quelques bergers. » (Jean-Marie Domenach ou Emmanuel Mounier)

« ‘Je suis une part de tout ce que j’ai rencontré’ … Je repère dans ma vie partout du hasard : rencontres, amitiés, amours, succès, échecs, humiliations … Chaque fois il aurait suffi d’un presque-rien ou d’un je-ne-sais-quoi pour que les choses se passent différemment et que ma vie n’en soit transformée. » (Jean-Pierre Dupuy – citant Ortega y Gasset)

« C’est l’observation des faits présents qui permet de mieux comprendre les phénomènes passés, et c’est l’approfondissement du passé qui ouvre l’accès à ce qui s’accomplit sous nos yeux. » (Norbert Elias)

« L’obstacle le plus puissant qui pèse sur nous comme un interdit, le motif qui nous empêche de remettre en question les structures de cette civilisation et de nous lancer dans la voie de la révolution nécessaire, c’est le respect du fait. » (Jacques Ellul) – Faire pour faire, n’importe quoi, ensuite s’en accommoder – Ex. : la bombe atomique ne poserait que des questions secondes, du genre : qui et comment contrôler…

« Et d’abord, c’est un fait, dit-on. – Ca te coupe la chique, hein, mon bonhomme ! Qu’as-tu à répondre à cela ? Finis les arguments, les paradoxes, les billevesées, les paralogismes, tout le baratin des intellos … Je peux disserter à perte de vue de la vérité, mais si la vérité est ramenée au fait, je suis sûr de la saisir. Je peux errer sur le sens de ma vie, mais non point sur le sens giratoire de la circulation. … En face de vos désirs et de vos regrets qui n’existent pas, il y a ce qui est : ‘ce qui est’ a une grande supériorité sur ce qui n’est pas ! … mais il y a Fait et Fait … Comment distinguer ceux qui sont raison suffisante et ceux qui ne valent rien ? … Est-ce que l’homme est devenu homme en s’inclinant devant le Fait ? … La reconnaissance de la souveraineté du Fait, c’est l’élimination … de ce qui fait la grandeur, la spécificité, la vérité de l’homme. Il ne reste plus qu’une solution : s’adapter. » (Jacques Ellul – Exégèse des nouveaux lieux communs)

 « Le fait est pour l’homme de notre temps la raison dernière, la valeur suprême, la preuve irrécusable. Tout s’incline devant le fait. Il faut lui obéir … Cette soumission collective au fait transformé en valeur, cette frénésie de ne vouloir connaître que la réalité du fait portent avec elles le triomphe matériel que nous connaissons dans notre société. » (Jacques Ellul)

« Il n’y a plus de fait important ou non en soi … Le fait n’est important politiquement que si l’opinion s’y attache (d’où l’importance des média) … Lorsqu’on finit par savoir que le fait  n’existait pas, le public n’est pas touché par la rétractation (si on la lui fait connaître !), car il a oublié le fait, mais il a gardé l’impression générale de l’histoire et du débat. » (Jacques Ellul)

« ‘L’opinion est très sensible aux événements importants.’ Mais qui détermine l’importance des événements ? … Il n’y a plus de faits importants ou non en soi …  L’opinion n’est publique que lorsqu’elle concerne une question ‘publique’, c’est-à-dire intéressant tout le monde, ce qui implique qu’il y ait eu un véritable forçage de l’’opinion pour lui démontrer que telle question est vraiment d’intérêt général … Il n’ y a d’opinion publique qu’à partir du moment où la propagande a créé ce sentiment d’importance autour d’un problème qui fera que tout le monde aura à son sujet une opinion … Il n’y a  qu’une certaine catégorie de faits susceptibles de devenir des faits d’opinion publique (pouvoir émotif, transformable aisément en image), et ce ne sont pas forcément les plus importants objectivement, une information neutre et purement objective n’émeut pas l’opinion … Un fait n’est important politiquement que si l’opinion s’y attache … Quand le préjugé est établi, que les stéréotypes sont bien créés, qu’il existe un schéma mental (œuvres de propagande préalable), les faits se classent par rapport à cela et ne peuvent, en soi, rien changer … Un fait qui remet en question un préjugé est nié, rejeté dans la catégorie ‘propagande’ … Les faits ne changent rien aux croyances, aux stéréotypes qui maintenant sont fixés pour l’homme moyen (d’où l’intérêt de maîtriser les récits historiques dans le sens voulu, qui n’a évidemment que peu à voir avec l’histoire telle qu’elle s’est réellement déroulée) … Les ‘problèmes’ (les Sudètes des années 1920-30, les Juifs et l’antisémitisme de conséquence, etc.) ne deviennent tels que par la propagande qui donne, par sa diffusion,  un élément d’agressivité à un fait politique en l’universalisant (et l’amplifiant) … La propagande transforme le fait concret en fait politique, et elle peut même y arriver à partir d’un fait inexistant, à partir de rien (la propagande communiste de paix  dans les années 1948-50, ne reposait sur rien de palpable). » (Jacques Ellul)

« Ce qui trouble l’homme, ce ne sont pas les choses, mais l’imge qu’il se fait des choses. » (Epictète)

« Ne cherche pas à ce que ce qui arrive arrive comme tu le veux, mais veille que ce qui arrive arrive comme il arrive, et tu seras heureux. » (Epictète) – « Se complaire dans les événements, les accueillir avec joie, les accepter avec plaisir, les aimer… » (Marc-Aurèle)

« La mission des intellectuels ne consiste plus seulement à se battre pour la liberté de la justice, mais pour les faits. Nier les réalités qui dérangent, telle est la nouvelle ‘trahison des clercs’. » (Alain Finkielkraut – citant l’ouvrage célèbre de Julien Benda)

« Pour qu’une chose soit intéressante il suffit de la regarder longtemps. » (Flaubert)

« Il est temps que je m’en aille, je commence à voir les choses telles qu’elles sont. » (Fontenelle)

« L’impossibilité de changer une situation nous met au défi  de nous changer nous-mêmes dans cette situation. » (Viktor Frankl)

« La chose la plus difficile est de n’attribuer aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance. » (Charles de Gaulle)

« Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée. » (André Gide)

« La société moderne est cernée par la menace de l’objectivation universelle et générale, retour inattendu et ultime résultat de sa longue tentative de ‘mater’ la nature … L’enfant lui-même, devenant un objet avec la bio-technologie. » (Jacques Godbout)

« Les choses ne passent pas pour ce qu’elles sont, mais pour ce qu’elles paraissent. » (Balthasar Gracian)

« ‘L’intuition précède le fait’ … En science c’est l’intuition qui est première … Le télescope de Galilée n’est pas le fruit d’un perfectionnement technique mais le fruit d’une théorie optique … L’expérimentation suit l’intuition … Le risque est que, privé de point d’ancrage dans le réel, l’esprit peut alors dériver à l’infini dans un constructivisme sans limites. » (Henri Guaino)

Les choses « ne sont que ce qu’elles sont. » (Hegel) – Contre tous les délires, rêves, utopies, projections…

«  Si les faits ne s’accordent pas avec la théorie, alors tant pis pour les faits. » (Hegel)

« Le produit advient à l’être de par notre propre production … qui impose à une matière une forme … L’être-produit du produit réside en son utilité. Déterminé par sa nature de chose, à moitié chose, mais aussi plus ; en même temps il est à moitié œuvre d’art, et cependant moins, parce que n’ayant pas la suffisance pour elle-même de l’œuvre d’art. Complexe forme-matière, le produit se place dans l’intervalle entre la chose et l’œuvre … Le tableau de Van Gogh présentant une simple paire de souliers nous a soudain transporté alleurs que là où nous avons coutume d’être (vers la paysanne, le sol, la terre, la solidité de l’objet…) … L’œuvre d’art nous a fait savoir ce qu’est en réalité la paire de souliers. » (Martin Heidegger – remanié) – réflexion sur les choses.

« Les grands événements ce sont les grandes pensées… Les événements se déroulent dans la réalité de l’esprit avant de se manifester dans la réalité extérieure de l’histoire. » (Heinrich Heine)

« Dans leur succession ou dans leur juxtaposition les événements présentent un caractère commun : l’incohérence, incidents ponctuels, sans tenants ni aboutissants … sans qu’il soit tiré le fil de sa causalité, de sa finalité, de sa signification, de sa valeur … Incohérence et superficialité, l’actuel est insignifiant … Les diverses pratiques du sentir, du comprendre et de l’aimer sont délaissées. » (Michel Henry – sur le flux médiatique ininterrompu)

« Tout advient par discorde et par nécessité » (Héraclite)  – Le consensus ne mène jamais qu’à la stagnation, c’est-à-dire à la soumission à la dominance telle qu’actuelle.

« Ce qui déclencha chaque réforme, ce fut des petites choses insignifiantes, qui n’eurent jamais dés le début la valeur de grand plan qu’elles prirent par la suite ; chaque fois au contraire qu’il y avait eu à l’origine un grand plan humain vraiment concerté, chaque fois il échoua … Homme, tu ne fus jamais, presque contre ta volonté, qu’un petit instrument aveugle. » (J. G. Herder) – Exemple Luther et l’affichage très local de ses thèses.

 « Capacité de thématiser  et problématiser ce qui, dans l’attitude naturelle, n’est que simple réalité … Brisure du rapport au contexte, réflexion déclenchée par une dissonance, par un dérangement dans le train-train de l’habitude, par un événement déclencheur perturbateur (surprise, déception, désir insatisfait, intention inaboutie, situation inédite…) … Changement de régime de conscience, prise de distance réflexive, changement de régime (au sens du régime d’un moteur), de la somnolence à la vigilance, de l’inattention à l’attention, de la dissipation à la concentration, de l’abstention à l’intervention … Changement du mode de relation à la parcelle de contexte considéré … L’événement ne prend son sens d’événement que sur le fonds d’un horizon de référence au nom duquel la réflexion est déclenchée. » ((Mark Hunyadi) – Sans la  présence d’un horizon de référence (cas ordinaire du Bobo…)  i il ne peut se produire ni réflexion ni attribution de sens à un événement, fut-il perturbateur, simplement flottaison de l’esprit dans l’anecdote et soumission pleine et entière à la doxa. Les médias étant chargés  d’escamoter tout horizon de référence autre que celui permettant d’exercer la domination.

  « Les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore. » (Aldous Huxley)

« Comme l’Océan dans son ensemble est altéré par une seule goutte de vin ou de parfum, de même la vie entière est modifiée par l’événement  qui est survenu un jour et qui fait désormais partie d’une destinée toute différente ; ma vie, à compter de ce jour, est une autre vie, un autre ensemble sériel. » (Vladimir Jankélévitch)

« Vous voulez tout expliquer par les faits qui vous sont connus. Mais les faits que vous ignorez ? Que diraient-ils ? » (Joseph Joubert)

« Ce ne sont pas les faits, mais les bruits, qui causent les émotions populaires. Ce qui est cru fait tout. » (Joseph Joubert)

« Je suis né l’année où les frères Wright ont volé trois cent mètres, j’avais six ans lorsque Blériot a franchi la Manche, et vingt-quatre lorsque Lindbergh a franchi l’Atlantique. A soixante-six ans j’ai vu le débarquement d’hommes sur la Lune. Quels changements énormes dans l’ordre de grandeur des capacités humaines ! » (Bertrand de Jouvenel – La civilisation de puissance)

« L’attention accordée par la pensée chinoise à la transformation lente et progressive dissout l’événement dans la continuité historique ; si soudain et spectaculaire que celui-ci puisse paraître, il n’est toujours que l’aboutissement logique d’une tendance qui est le plus souvent, au départ, très discrète. » (François Jullien)

« Un événement n’est pas n’importe quel instant, il fait saillie et se détache par rapport à ce renouvellement continu d’où naît la durée. En lui attribuant un être propre non seulement isolable mais autoconsistant (‘c’est un événement’ !) … comme s’il détenait en lui une initiative ou du moins sa propre individualité, on lui fait introduire une faille dans la continuité du changement … L’ascendant des médias ne se fonde-t-il pas précisément sur la fabrication en chaîne, stéréotypée, d’événements ? … Tout ce dont parle les médias devient événement … Cette événementialisation leur sert à capter l’intérêt, donc l’audience et l’influence … C’est la façon dont on le trie, et dont on le traite, dont il parvient à coaguler autour de lui de la parole et du spectacle, que lui vient sa consistance, ou performance, d’événement. En quoi la mort de tel chanteur repassée en boucle en jouant du pathos … sitôt promise à l’effacement… est-elle plus significative du point de vue de la connaissance du présent que n’importe quelle autre information que le développement accordé à ce décès fait passer sous silence ? …  L’événement distraction que véhicule la télévision, et qui n’a pas grand-chose d’informatif … Théâtre ‘d’actualités’ (comme on dit de ‘variétés’), puisque tout y est fait d’abord pour surprendre-passionner-scandaliser-recréer-rasséréner … L’apparition des ‘concepteurs d’événements’ … Me surprend toujours cet effet de fixation et d’accaparement qui fait soudain oublier tout le reste et produit cette protubérance … qui n’est qu’affleurement, le marqueur et l’indice de transformations lentes, profondes et silencieuses » (François Jullien – Les transformations silencieuses)

« Le regard qui se pose sur les choses, pleinement conscient et sans rien de bas qui l’obscurcisse est la source d’une grande force. Il se nourrit de la création à sa manière… » (Ernst Jünger)

« Les choses ne sont pas ce qu’elles sont, elles sont ce qu’il est dit qu’elles sont. Et les mots pour les dire les remplacent tout à fait. » (Hervé Juvin)

« Une curieuse loi de la nature humaine veut que les vraies tragédies soient camouflées par la facilité. Les premiers symptômes d’une maladie, les premiers signes de la démence comparée à la violence d’une dépression, les vrais problèmes embusqués derrière des idées et des rêves jugés ordinaires et insignifiants … Et si l’on relit ses notes de journal au bout d’un an, on constate avec surprise qu’on a étrangement minimisé les événements personnels vraiment importants. » (Arthur Koestler)

« La découverte de l’Amérique est pour les Européens un événement historique (ébranlement de l’image du monde, questionnements multiples, nouveaux équilibres économiques, expansion du capitalisme…). En revanche pour les Indiens, la rencontre des Européens n’est qu’accident ou fatalité (subie, ininsérable dans la continuité du temps, dénuée de sens…). » (Claude Lefort – abrégé) – Sur les différents aspects que peut prendre un même événement suivant qui le perçoit.

« La question de savoir si les choses existent réellement hors de nous et telles que nous les voyons est absolument dépourvue de sens. La question est presque aussi absurde que de se demander si le bleu est réellement bleu, objectivement bleu. » (Georg Christoph Lichtenberg) 

« L’orgueil, l’intérêt particulier et la vengeance sont les trois grands ressorts des événements de tous les siècles … Ce sont eux ou le plus ou moins de logique ou d’humeur de l’homme ou de la femme en crédit qui fait souvent prendre un parti, qu’on met sur le compte ténébreux d’un profond calcul politique. » (prince de Ligne)

 « Alors que dans la conception qu’on vient de voir (cycles sans fin, éternel retour, rythme du yin et du yang, aspir et respir de Brahma, danse de Siva…) ‘le déroulement des temps n’est qu’un devenir sans substance où rien ne se passe parce que tout y passe’, selon le christianisme au contraire la durée est quelque chose de bien réel. Elle n’est pas un éparpillement stérile … Les faits ne sont plus seulement des phénomènes, ils sont des événements. » (cardinal Henri de Lubac – citant Jean Guitton)

« Nous ne vivons plus dans le monde des choses, mais dans celui de l’information … ‘L’ordre terrien est aujourd’hui remplacé par l’ordre numérique’ et celui-ci ‘déréalise le monde en l’informatisant’ … Les choses sont remplacés par ces non-choses que sont les informations qui nous submergent et nous empêchent de voir le monde réel … ‘La masse d’informations qui recouvre la réalité empêche les expériences de la présence’… Le GPS comme fin de la dimension sensible de l’espace, suppression de l’autre et de l’empathie par la prééminence des écrans  et l’abolition du regard … Nous n’habitons plus le ciel et la terre, nous habitons Google earth et le cloud. » (Pierre Lurçat -s’inspirant du coréen, Byung-Chul- Han La fin des choses,  bouleversements du monde de la vie)

« ‘Il faut prendre les phénomènes comme ils se donnent’ (Edmund Husserl) … La réduction ramène les visibles épars, potentiels, confus et incertains (apparences, esquisses, impressions, intuitions vagues, faits supposés, opinions, ‘théories absurdes’, etc.). » (Jean-Luc Marion – Etant donné) – Se restreindre à voir ce qui se donne à voir, ce qui est, sans en rajouter.

« Les circonstances font tout autant les hommes que les hommes font les circonstances. » (Marx/Engels – L’idéologie allemande)

« ‘Il n’est de véritable liberté que dans l’acceptation et dans l’amour de l’inévitable, c’est-à-dire de la nature de la réalité’ (principe spinozien) … Il faut donc, afin de bien entendre les voix de la réalité, être silencieux et écouter avec une grande réceptivité. Il faut donc, si l’on veut permettre aux faits de nous révéler leurs obligations, apprendre une certaine écoute que l’on peut appeler  taoïste (calme, non directive, réceptive, patiente, respectueuse et courtoise envers la question). » (Abraham Maslow – Être humain)

« Nous ne commanderons aux choses qu’à condition de leur obéir, moissonner en hiver, vendanger au printemps… » (Charles Maurras)

« … Ce sont des faits ; mais tous les faits veulent être éclaircis par des faits antérieurs ou contemporains, si l’on tient à les déchiffrer. » (Charles Maurras)

« Les événements n’arrivent point naturellement. Il faut quelqu’un pour leur donner figure humaine. » (Charles Maurras – s’exprimant en politique, son domaine)

« Je n’aime pas beaucoup l’air du temps et je ne sais pas bien ce que c’est que  la force des choses. » (Charles Maurras)

« Vrai remplace Vérité. Un fait n’est aujourd’hui avéré que s’il est établi par voie judiciaire et condamné ou absous comme tel … Le vrai relève des décisions de justice, ou de la loi (loi Gayssot sur les génocides et les lois mémorielles successives) qui permettent aux associations de poursuivre les travaux d’historiens dont les conclusions ne leur conviennent pas, y compris sur ce qui s’est passé au XVIII° siècle … L’établissement du vrai sera donc distendu, parfois indéfiniment reporté en cas d’actes de procédure multiples, d’expertises, d’appels, de récusations… (malversations de Chirac, délits de Mitterrand, trafics de Roland Dumas, affaires de société, etc.). » (Yves Michaud)

« Une des tâches (du Nouvel Ordre moral) est de déplacer le factuel vers l’éthique, c’est-à-dire de voiler la vérité. » (Richard Millet)

« L’information  continue, omniprésente, obsidionale, est une des figures les plus évidentes de l’ordre horizontal. Ce perpétuel redoublement du monde par un commentaire sous forme d’images et de mots a fait entrer l’événement dans une discréditation permanente qui trouve dans l’inflation spectaculaire de quoi se re-légitimer ; ainsi peut-on se représenter comme un droit ce qui n’est que de la propagande. » (Richard Millet)

« Dans un monde dépourvu d’événements, les lieux sont également décentrés, erratiques et deviennent des non-lieux : tout peut désormais être partout, c’est-à-dire nulle part, une canopée tropicale en plein Paris (les halles), comme des pistes de ski artificielles sous cloche à Dubaï, ou encore les monuments européens copiés à Disneyland ou Las Vegas, c’est-à-dire nulle part, … Le non-lieu et le non-événement se rejoignant pour définir les conditions de cette non-existence qu’on appelle déjà la post-humanité. » (Richard Millet)

« Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même. » (Montaigne)

« Les hommes sont tourmentés par les opinions qu’ils ont des choses, non par les choses elles- mêmes. » (Montaigne)

« Les hommes, aux faits qu’on leur propose, s’amusent plus volontiers à en chercher la raison qu’à en chercher la vérité. Ils laissent là les choses, et s’amusent à traiter les causes. Plaisants causeurs ! » (Montaigne – ironisant sur la prétention de ceux qui cherchent à désigner des causes à tout)

 « Les événements s’usent. J’attends le moment où l’époque présente apparaîtra ridicule. (Henry de Montherlant)

« L’événement sera notre maître intérieur. » (Emmanuel Mounier – sur notre agitation)

« Vous avez le droit d’avoir votre propre opinion, mais pas vos propres faits. » (Patrick Moynihan)  

« La question des événements étant une chose trop sérieuse pour être laissée au hasard, elle est confiée désormais aux entrepreneurs d’événements. » (Philippe Muray)

« 190 millions d’Européens en 1800, 400 millions en 1900. Au fond, il ne s’est passé que ça. » (Philippe Muray) – Qu’importe l’exemple, la période, le lieu et les nombres ; discerner les faits importants du brouillard ambiant. On ne retient du XIX° siècle que les deux Napoléon, la guerre franco-prussienne, l’unité allemande et italienne, l’indépendance grecque, la conquête de l’Algérie. Au moins aussi importantes pour le siècle suivant, le XX°, sont la vague d’occultisme alimentant l’utopie socialiste, la métempsycose et la nécromancie, la dévotion au progrès et l’antisémitisme (le socialiste Toussenel, auteur du premier grand pamphlet antisémite moderne, Juifs rois de l’époque, précède de quarante ans Edouard Drumont, la France juive, que celui-ci tenait pour son inspirateur.)

« Tout ce qui a été prévu ne s’est pas passé et tout ce qui s’est passé n’a pas  été prévu. » (Douglas Murray)

« Il y  a eu des civilisations plus âpres, plus ordonnées par la peur et le tourment. Il n’y en a pas eu de plus triste, de plus grise ni plus atone. » (Jean-Luc Nancy)

« Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations. » (Nietzsche) – Ce qui équivaut à n’en avoir aucune, sinon celle qui convient au plus puissant. Moyen de déconstruction de tout réel.

« Les plus grands événements et les plus grandes pensées – mais les plus grandes pensées sont les plus grands événements – ne sont compris que très tard: les générations contemporaines ne vivent pas de ces événements – elles vivent à côté. » (Nietzsche)

« Nous ne voyons jamais les choses telles qu’elles sont, nous les voyons tels que nous sommes. » (Anaïs Nin)

« L’événement, le merveilleux des sociétés démocratiques. » (Pierre Nora)

« Je ne crois plus qu’aux faits. Une idée doit être évaluée à la lumière de la réalité, du réel, du concret. Si elle ne passe pas la rampe pragmatique, alors il faut sinon s’en débarrasser, du moins l’amender. Si on persiste, l’idéologie pointe son nez et avec elle la dénégation. » (Michel Onfray)

« Nous aimons moins les choses que le chemin qui y mène. » (Blaise Pascal)

« L’événement, c’est quand le réel passe toute prophétie. » (Charles Péguy)

« Suivre les événements, excellent exercice pour se convaincre que les événements ne nous suivent pas. » (Charles Péguy)

« Le biais de disponibilité. Nous évaluons la probabilité ou la fréquence d‘un événement à l’aune de la facilité avec laquelle des occurrences nous viennent à l’esprit. (Ex : il y  a trois fois plus de mots anglais qui comportent la lettre ‘k’ en troisième position, mais à la question de fréquence tout le monde répondra que les mots anglais qui commencent par cette lettre sont les plus nombreux, car nous accédons aux mots à partir de leur son initial et ceux-ci sont plus susceptibles de se présenter à nous quand nous sollicitons notre mémoire) … Des événements fréquents laissent des traces plus profondes dans notre mémoire. Mais à chaque fois que le souvenir d’un événement apparaît en bonne position dans la liste de résultats fournie par le moteur de recherche mental pour des raisons autres que la fréquence – parce qu’il est récent, vivace, sanglant, spécifique ou douloureux – les gens surestiment la probabilité qu’une telle chose se produise dans le monde … Les accidents de voiture tuent plus, mais beaucoup de gens ont peur de prendre l’avion, et presque personne n’a peur de conduire … Le ‘biais de disponibilité’, attisé par la tendance qu’ont les médias à privilégier le principe ‘plus ça saigne, plus c’est porteur’, peut alimenter le sentiment que l’état du monde est désolant. » (Steven Pinker)

« Le mot chose est un miracle de la langue française. Il peut tout remplacer : des objets, des idées, des souvenirs, des projets, des paroles, des sentiments, des utopies. Et même le sexe : il est porté sur la chose … Un peu comme ça : Qui ça ? Où ça ? ça va ? ça roule, ça marche, A part ça, Comment ça se présente… » (Bernard Pivot)

« Nous n’avons conscience du temps que par les seuls événements. C’est la raison pour laquelle nous le définissons comme une succession d’événements. » (E. A. Poe)

« Ne jamais céder à la tentation de prendre au sérieux les problèmes concernant les mots et leur signification. Ce qui doit être pris au sérieux, ce sont les questions qui concernent les faits, et les affirmations sur les faits : les théories et les hypothèses ; les problèmes qu’elles résolvent ; et les problèmes qu’elles soulèvent. » (Karl Popper)

« L’ensemble des techniques électroniques nous entraîne dans un nouveau monde ; un monde du ‘coucou, me voilà !’, où chaque événement fait son entrée en scène à toute vitesse et disparaît aussitôt pour laisser la place à un autre … monde sans cohérence ni sens, qui ne nous demande pas d’agir et ne nous le permet pas non plus. » (Neil Postman)

« Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir. » (Marcel Proust) 

« Le cœur de la machine d’information, c’est l’interprétation. On a besoin d’événements, même faux, parce que leurs interprétations sont déjà là, qu’elles leur préexistent et le rappellent … Ce qui est insupportable aux yeux du journaliste moraliste c’est qu’il ne se soit rien passé … que les témoins de l’événement (de la prétendue agression) n’aient rien fait … Aucun commentateur n’a pensé à tirer la conclusion la plus simple : c’est peut-être parce qu’il n’y avait rien à faire, parce que l’événement n’a pas eu lieu … Il faut toujours qu’il y ait des événements pour que la machine (médiatique) tourne … La machine n’a pas besoin qu’il arrive toujours quelque chose. Elle a besoin qu’il arrive aussi un certain type de choses ; ce qu’on appelle des ‘phénomènes de société’ … Il y a du trouble dans la société parce qu’elle n’est pas assez moderne … des groupes trimballent des valeurs tribales traditionnelles …  Une société inlassablement occupée à la tâche de son auto-interprétation et de son auscultation …. L’essentiel c’est qu’il y ait toujours des événements à interpréter, des symptômes à déchiffrer … Un non-événement est toujours un événement qui s’ignore. » (Jacques Rancière)

« Le ‘fait’ trouve sa justification dans le faisable, le renouvelable, le vérifiable … On passe au primat de ‘ce-qui-est-à-faire’ sur ‘ce-qui-a-été-fait’. » (cardinal Joseph Ratzinger) 

« De l’ancienne équation vérité/être on est passé à vérité/fait réel. L’esprit humain n’a plus à réfléchir sur l’être, il n’en a pas la possibilité. Le règne du ‘fait’ commence, l’homme se tourne radicalement vers sa propre création, il la considère comme sa seule certitude. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Selon les lois qui gouvernent … ce que nous appelons opinion, un fait n’est ni réel ni irréel : il est désirable ou indésirable. C’est un complice ou un comploteur, un allié ou un adversaire, ce n’est pas un objet à connaître. Préséance de l’utilisation. » (Jean-François Revel) – Il est donc traité selon les désirs et intérêts de ceux (journalistes) qui font l’opinion.

« Pour nos grands-parents encore, une ‘maison’, une ‘fontaine’, une tour familière, voire même leur propre habit, leur manteau, étaient infiniment, infiniment, plus rassurants ; presque chaque chose était un réservoir dans lequel ils trouvaient quelque chose de l’homme, dans lequel ils amassaient de l’humain. A présent, d’Amérique, proviennent et s‘accumulent des choses vides et indifférentes, des pseudo-choses, des trompe-l’œil de la vie. » (Rainer Maria Rilke – en 1925 !)

« De même que ce sont les images des objets, et non les objets mêmes, qui frappent nos yeux, ainsi nos âmes sont frappées des opinions qu’on a des choses, et non des choses mêmes. » (Rivarol)

« Les esprits extraordinaires tiennent grand compte des choses communes et familières, et les esprits communs n’aiment et ne cherchent que les choses extraordinaires. » (Rivarol)

« L’essentiel pour tout organisme journalistique est de justifier son existence en fabriquant, en suivant ou en s’opposant à un événement … Jamais expression n’aura été aussi juste que celle –ci ;  ‘Créer l’événement’. »  (Oliver Rohe)

« Mai 1968 n’a existé qu’à cause du général de Gaulle. Deux phénomènes semblables : le gaullisme imitation de la ‘monarchie’ comme l’autre de la ‘révolution’, la mythomanie intérieure, s’est opposée la mythomanie collective. » (Dominique de Roux) – Bien vu.

« Être moderne, c’est céder aux circonstances. » (Dominique de Roux)

« Pour juger un événement, comme pour mesurer un édifice, il faut se mettre à distance. » (Père Joseph Roux)

« Rien n’est plus gênant que les faits. Ils empêchent de croire ce que l’on veut. » (Claude Roy) – Ce pourquoi, Pouvoir et média s’accordent pour les cacher, pour cacher la réalité, pour faire disparaître le réel.

« Depuis longtemps nous savions que ce sont les hommes qui décident et non pas les faits. » ( Ernst von Salomon – Les réprouvés)

« Quand on perd de vue les faits tout peut arriver. » (Leonardo Sciascia) – Soit quand on les tait, les déforme comme le fait a propagande des laquais médiatiques.

« Le fétichisme culturel est caractérisé par sa nature ’standardisée’, sa présentation routinière de matériel prédigéré et son refus de remettre en question son propre statut de marchandise … Le rapprochement du fétichisme de la marchandise et celle de la réification, c’est-à-dire la façon dont les gens perdent leur liberté objective en la plaçant dans des objets extérieurs à eux-mêmes …  Lukàcs prétendait que les gens, dont la liberté était extraite pour être fossilisée en objets, étaient réifiés : leur liberté était transférée et capturée par les objets qui les représentaient … Remplacement de rapports entre sujets par des rapports entre objets. » (Roger Scruton) – Pour expliquer, un peu, l’expression réification, aujourd’hui largement utilisée.

« Je suis partagé entre mon goût pour les faits et mon goût pour l’effet. » (Louis Scutenaire)

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » (Sénèque)

« L’importance d’un événement se mesure à la longueur de l’ère qu’il achève. » (Michel Serres)

« Que survienne un fait colossal qui provoque des effets inattendus, en dimension ou en nature,, et que dévie, par exemple en direction, le format monotone des règles antérieures, alors nous les appelons  événements (volcanisme, chute et impact d’aérolithe, éruption, rupture du bouchon du Bosphore et création de la mer noire, déluge ?…) … Cause locale, effet universel ; cause physique, effet biologique. Les conséquences bifurquent en nature aussi bien qu’en portée … Or il s’en trouve d’autres où diminue la force des causes jusqu’au minimum et même à zéro et dont, cependant, les effets dépassent toute proportion … Ainsi dévia l’histoire romaine et universelle, à la vue du nez de Cléopâtre, dont César et Antoine … Qui peut prédire la propagation d’une parole, le racontar qui grossit en rumeur, qui se  répand en calomnie ? ‘Le mot tue’, l’efficace d’une annonce, d’un mensonge, d’une vérité ? Qui sait peser la puissance d’un symbole, apparemment sans force (le Vatican…) … Une allumette enflamme des hectares … Une même disproportion peut affecter tout autant les phénomènes inerte et artificiels … Une infime mutation peut entraîner l’émergence d’une espèce vivante dont le nombre occupera le globe … Le concept d’événement devient universel, alors qu’il paraissait si menu et circonstanciel … Ecart entre cause et conséquence. » (Michel Serres – Rameaux)

« Les événements mémorables ne ressemblent jamais à ce qu’on attend d’eux. » (Georges Simenon)

« La mission philosophique de Staline consista à révéler le fait … que les prétendues résistances du réel sont en vérité des oppositions. Il n’existe pas de problèmes, il n’y a que des gens qui créent des difficultés. Il n’existe pas de faits, mais uniquement des saboteurs … Un ‘moi’ se dissimule derrière chaque ‘ça’ … ‘Pas d’hommes, pas de problèmes’ (Staline) … Il ne peut plus exister de fautes, uniquement des sabotages … Plus de deuxièmes opinions, uniquement des plans contre-révolutionnaires … Il n’est plus de réunions libres, que des conjurations … Les événements neutres sont inexistants, ils sont tous des actes de sujets agissants  … Pas de difficultés objectives, uniquement les effets d’une volonté hostile … La solution des problèmes est moins importante que la question de savoir qui est responsable qu’ils sont survenus. » (Peter Sloterdijk) – Nos démocraties  niant les problèmes réels et remplaçant si souvent l’action résolue par l’incantation magique ne s’inspirent-elles pas quelque peu d’un stalinisme doux.

« L’initiative ou la maladie moderne. La création d’événements ! Y en a pas assez, faut en créer d’autres La bougeotte généralisée ! ‘Agito, ergo sum ! » (François Taillandier)

« C’est une nouvelle, ce n’est plus un événement. » (Talleyrand – à propos de l’annonce de la mort de Napoléon)

« Inutile de se fâcher contre les choses puisque cela ne leur fait rien du tout. » (Talleyrand)

« Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes. » (Talmud) 

« Les événements qui fournissent de bonnes manchettes frappent notre attention parce qu’ils sont à la surface du fleuve de la vie et qu’ils nous distraient des mouvements plus lents, impalpables, impondérables, qui travaillent sous la surface et pénètrent les profondeurs. Mais ce sont ces mouvements plus lents et plus profonds qui, en fin de compte, font l’histoire, alors que les événements sensationnels et passagers sont réduits, en perspective, à leurs réelles proportions … Les historiens futurs diront, je pense, que le grand événement du XX° siècle fut le choc de la civilisation occidentale sur toutes les autres sociétés, affectant les comportements, les horizons, sentiments et  croyances… » (Arnold Toynbee)

« Les choses ne changent pas. Change ta façon de les voir, cela suffit. » (Lao Tseu)

« L’écume des choses. » (Paul Valéry)

« Les petits faits inexpliqués contiennent toujours de quoi renverser les explications de grands faits. » (Paul Valéry)

« Soyez gaie… acquiescez aux événements contrariants, adorez la Providence, suivez-la, ne l’enjambez pas…. » (saint Vincent de Paul) – Bon conseiller de prudence et sagesse

« Les choses sensibles sont réelles en tant que choses sensibles, mais irréelles en tant que biens. » (Simone Weil)

« Un univers où les événements du monde extérieur ne se produisaient à vrai dire que dans le journal et ne venaient pas frapper à la porte de la chambre …Jamais il ne se produisait rien de soudain : les catastrophes qui pouvaient survenir au loin, à  la périphérie du monde, ne traversaient pas les parois bien capitonnées de cette vie ‘assurée’ » (Stefan Zweig – Le monde d’hier)

« L’erreur des hommes est d’essayer de réjouir leur cœur avec des choses quand ce qu’il faut faire c’est réjouir les choses avec leur cœur. » (un sage taoïste)

On dit des dattes et des bananes : « Vous ne pouvez rien en dire : pour savoir ce que c’est, il faut les manger sur place. » (?) – Nous rejoignons le voisin par le fait qu’il sent aussi le goût des dattes et des bananes, mais ce n’est pas le même pour lui et pour moi ; voir à : Connaissance, Savoir, 155, 1.

« Les événements humains interviennent généralement de façon à donner raison aux imbéciles. » (?)

« Le vulgaire ne juge jamais des choses que par l’événement. » (?)

« Les faits sont les choses les plus obstinées du monde. » (?)

« L’aspect étranger et transformé que prennent les choses quand notre cœur en a pris congé. » (?)

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