165,2 – Châtiment

– Le mot a disparu. Ce qu’il représentait n’est plus nécessaire depuis que la morale et le civisme règnent partout, et puisque, pour les quelques rares et bénignes entorses à la douce harmonie sociale du vivre ensemble qui pourraient encore subsister, le fameux couple compréhension-prévention permet de répondre de façon enfin moderne.

– Néanmoins et suivant la stupide exigence journalistique moderne, comme il faut que les victimes fassent leur deuil, une peine de principe est exigée (ce qui ne signifie pas  appliquée), sans laquelle évidemment le dit deuil serait impossible.

– La vieille loi du Talion était un progrès. Elle affirmait le principe d’équivalence, soit que le délit et la peine devait être du même poids. Qu’il fallait préserver le droit, mais que son exercice ne devait pas dégénérer en vengeance. Elle ne signifiait nullement une canonisation de la vengeance.

– Se reconstruire : Et aussi, vengeance, revanche, cupidité ? (sans nier la douleur de la victime)

– « Condamner l’acte, pas la personne. »

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« Que toute crainte surtout ne soit pas chassée hors de ses murailles ; s’il n’a rien à redouter, quel mortel fait ce qu’il doit ? » (la déessa Athéna – citée par Myriam Revault d’Allonnes)

« La rédemption possible de la situation d’irréversibilité (on ne peut défaire, alors même que dans l’acte on ne savait pas ce qu’on faisait), c’est la faculté de pardonner (évitant de nous voir enfermés dans un acte unique, à jamais victime de ses conséquences) … Suppression de ce qui a été fait (analogue à l’acte de détruire l’œuvre du fabricant) … Réaction qui agit de manière inattendue, non conditionnée par l’acte qui l’a provoquée … A cet égard le pardon est exactement le contraire de la vengeance, qui agit en réagissant contre un manquement originel et, par là, loin de mettre fin aux conséquences de la première faute, attache les hommes au processus et laisse la réaction en chaîne dont toute action est grosse suivre librement son cours … Le châtiment est une autre possibilité … ayant ceci de commun avec le pardon de mettre un terme à une chose qui, sans intervention, pourrait continuer indéfiniment. » (Hannah Arendt)

« L’amnistie est l’expédient des gouvernements faibles. » (Hervé Bazin) 

« Pour les individus comme pour les sociétés qui ont dépassé le point de tension au-delà duquel la détente devient impossible, les déluges sont peut-être nécessaires, et il faut y voir moins des châtiments que des courts-circuits. » (Emmanuel Berl) – Nous approchons de ce point.

« L’ambiguïté des marches blanches au cours desquelles se mêlent pacifisme réconciliateur (‘Tu n’auras pas ma haine’) et indignation face aux actes commis. Symboles de l’innocence outragée, martyrisée, elles font figure de contrepoison attestant que la société n’est pas en aussi mauvaise santé que pourraient les laisser penser les exactions des pervers, malfrats et tortionnaires. À travers la sincérité et la dignité des participants, le corps social se redonne de lui-même une image honorable, mais cette blancheur symbolique souligne aussi indirectement son incapacité à mettre un terme aux maladies qui le rongent : conflits sociaux récurrents et de plus en plus violents, actes de terrorisme divers, pédophilie et pornographie, accoutumance à l’horreur, etc. La blancheur n’efface pas le sang, ni la pureté l’ignominie … Les belles âmes toujours prêtes à imputer aux victimes la responsabilité de ce qui leur arrive … Si dignes soient-elles, les marches blanches ne font au mieux que souligner le divorce entre l’opinion publique qui pleure et s’indigne à juste titre, et les dirigeants politiques qui ont laissé s’installer, par incompétence ou lâcheté, une situation devenue ingérable . » (Françoise Bonardel)

« Les circonstances atténuantes … deviennent des circonstances disculpantes. » (Pascal Bruckner)

« Au lieu de vouloir corriger les hommes de certains travers insupportables à la société, il aurait fallu corriger la faiblesse de ceux qui les souffrent. » (Chamfort) – Au degré de lâcheté où en est notre société, que de corrections en perspective !

« Pourquoi donc la justice serait le seul registre en France où le principe de précaution ne serait pas sacro-saint ? Le diesel, les cheminées, le gaz de schiste, les antennes-relais, l’amiante, les OGM… mais pas les délinquants sexuels ? » (Gabrielle Cluzel – rappelant pour mémoire un violeur récidiviste condamné à dix ans de prison et relâché au bout de trois ans, assassin de la jeune joggeuse Natacha Mougel) – Mais il vaut mieux traquer de lourdauds harceleurs que des assassins.

« Le délinquant tend à être davantage sensible à la probabilité qu’une peine lui soit effectivement appliquée qu’à la hauteur de celle-ci. » (Maurice Cusson – criminologue) – En clair,le risque de se faire prendre.

« Distinguer entre un crime unique, et actualisé par une fatale série de circonstances et de  choix personnels viciées, et une longue succession d’assassinats et de traitements inhumains parfaitement planifiée, organisée, et mise en œuvre avec méthode… » (Maurice G.  Dantec)  – Une société qui se respecterait, qui aimerait ses enfants aurait depuis longtemps supprimé l’ogre des Ardennes, Fourniret, et son infecte  compagne Monique Olivier, au lieu d’en faire des sortes de célébrités médiatiques ; ne serait-ce que pour dissuader les nombreux imitateurs potentiels

« Insistance sur l’apaisement consécutif à l’aveu, la confession pour tranquilliser … Consigne de croire les pénitents … D’accorder des peines ou pénitences légères et faciles (tenant compte de l’état du pénitent, vieillesse, faiblesse, autres mérites, et même environnement social, ces éléments se rajoutant à la crainte qu’un châtiment trop lourd soit rejeté) … Si grandes sont l’humiliation et la honte inhérentes à l’aveu que l’Eglise catholique vit dans celui-ci l’expiation principale de la faute et, le plus souvent, accorda son absolution aussitôt après cette ‘confession’. »  (Jean Delumeau – L’aveu et le pardon) – Conduites cohérentes et praticables dans un environnement  plus ou moins religieux ; impossibles à accepter dans l’environnement profane actuel.

« Si tous étaient sans crainte comment le mal pourrait-il être prohibé ? » (cité par Georges Duby)

« La punition du coupable est déterminante pour permettre à la victime de se reconstruire. » (Benoît Duteurtre) – Car, il est clair que, même la femme d’affaires trentenaire, infortunée victime d’un frottement dans le métro, est totalement détruite pour le restant de ses jours, comme le gamin auquel quelque papy aura un jour posé la main sur sa cuisse en signe d’affection.

« Ce n’est plus la loi qui se charge de punir, c’est la meute. Car la majorité traite les opinions dissonantes, les comportements antisociaux et les pisseurs désinvoltes avec la même sévérité : comme un délit que la morale, sinon la loi, corrige à coups d’ostracismes … ‘Il (l’Etat) pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leur succession, divise leurs héritages. Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?’ » (Raphaël Enthoven – citant Alexis de Tocqueville)

« Quel mortel reste juste s’il ne redoute rien ? » (Eschyle)       

« Le juge prétendait qu’à tort et à travers – On ne saurait manquer condamnant un pervers. » (La Fontaine – Le loup plaidant contre le renard par-devant le singe)               

« Va, recueille un autre enfant, occupe-t-en et aimes-le. » (Gandhi – à un émeutier assassin effondré) – Ce qu’aurait pu dire tout religieux.

« Si la société se démet du droit d’infliger la peine de mort, chacun se fera justice à lui-même. » (Goethe) – Sauf que c’est interdit aux vrais innocents dont le rôle est de se faire massacrer sans rien dire.

« Je doute qu’aucune règle morale puisse être préservée sans que soient exclus de la compagnie décente ceux qui l’enfreignent régulièrement. » (Friedrich von Hayek) – Mais qui songerait raisonnablement à préserver de vieilles règles morales, dans la mesure où il en subsisterait quelques bribes malgré tous nos efforts pour les faire disparaître ?

« Si le châtiment est moindre que l’avantage de la transgression, loin d’atteindre cette fin (obliger à obéir à la loi), il agira en sens contraire. » (Thomas Hobbes)

« Si tous étaient sans crainte, comment le mal pourrait-il être prohibé ? » (Isidore de Séville)

« On n’est correct qu’en corrigeant. » (Joseph Joubert)

« Ce sont les Américains qui ont commencé. La riposte et le châtiment doivent s’exercer en suivant scrupuleusement le principe de réciprocité, surtout lorsqu’il est question de femmes et d’enfants. Ceux qui ont lancé des bombes atomiques et ont eu recours à des armes de destruction massive contre Hiroshima et Nagasaki, c’étaient les Américains. Est-ce que ces bombes pouvaient faire la différence entre les militaires et les femmes et les enfants ? » (Ben Laden – interview de mai 1988 – citée par Jean-Pierre Dupuy) – Et les villes allemandes passées au phosphore ? – Cependant la logique de Ben Laden est celle du mal, de la violence et du ressentiment. Elle ne peut que perpétuer ce qu’elle prétend dénoncer. De plus, ceci est l’affaire des Japonais, non d’un Saoudien plus de soixante ans après.

« Il est probablement dans la nature de l’esprit qu’un Dieu sévère et un homme libre préparent un ordre humain meilleur qu’une Bonté infinie pour un homme mauvais … L’extermination du mal par la violence signifie que le mal est pris au sérieux et que la possibilité du pardon infini invite au mal infini … Sans cette finitude de la patience divine, la liberté de l’homme ne serait que provisoire et dérisoire, et l’histoire un jeu. Admettre le châtiment, c’est admettre le respect de la personne même du coupable. » (Emmanuel Levinas – vantant la dure loi de l’Ancien Testament qui n’est peut-être pas une doctrine de douceur, qu’importe) – Autant pour la Loi humaine. Il est évident que le lâche laxisme actuel s’exerce au profit de la prétendue bonne conscience des forts et au détriment de l’ordre protecteur des faibles. 

« Chaque jour apparaissent de nouveaux vides juridiques qu’il convient de combler sans délai en créant à tout va de nouveaux interdits et les châtiments afférents … causes à défendre, discriminations à combattre, oppressions à dénoncer … (Elisabeth Lévy) – Noble peur du vide – « Même, d’après le site Atlantico, les ‘menstruations sont un tabou qui discrimine encore la moitié de l’humanité’. » – Il faut que cela cesse !

« Puisse dieu ne pas punir

« Des plaisirs passagers pleins de trouble et d‘ennui

«  Par des tourments affreux éternels comme Lui. » (prince de Ligne)

« Je ne dis pas qu’il ne faut point punir ; mais il faut s’y prendre de manière que ce soit la raison et non la colère qui nous guide. » (Machiavel)

« La sévérité est utile à une république, parce qu’elle la ramène aux principes de son institution et à son antique vertu. » (Machiavel) – Le laxisme actuel. Il est vrai que la vertu actuelle !

« La méchanceté ne se laisse ni dompter par le temps ni désarmer par les bienfaits. »(Machiavel)

« Il est nécessaire à un prince, s’il veut se maintenir, d’apprendre  à pouvoir ne pas être bon et d’en user ou non selon la nécessité. » (Machiavel – Le Prince) – De quoi faire pleurnicher les bien-pensants.

« Le sage considère le châtiment comme la perfection de la justice. Qu’un monarque indolent cesse de punir et le plus fort finira par faire rôtir le plus faible. » (Joseph de Maistre)

« Puisque le crime est venu habiter votre terre, et qu’il ne peut être arrêté que par le châtiment, ôtez du monde l’exécuteur, et tout ordre disparaît avec lui. » (Joseph de Maistre)

« Crains la potence plus que ta conscience. » (La Mettrie) – Et quand l’une et l’autre ont disparu ?

« Pourquoi être puni pour ses péchés, puisque presque tous, même les plus charmants, portent leur punition en eux-mêmes. » (Paul Morand)

« Ce qui importe par-dessus tout, ce sont les paramètres raciaux ou autres, de celui qui parle. Il sera condamné ou blanchi suivant son identité. Les mots sont devenus des éléments secondaires. » (Douglas Murray)

« Le ’sens’ du châtiment est incertain. Le châtiment est surchargé d’utilités de toutes sortes … On cherche à susciter le sentiment de la faute … On se méprend … Le véritable remords est quelque chose d’extrêmement rare chez les criminels et les condamnés … ‘’quelque chose, inopinément, a mal tourné’ se dit-il, et non pas ‘je n’aurais pas dû faire cela’ … Le criminel voit justement la même forme d’action (que son acte) s’accomplir au service de la justice. » (Nietzsche) – Dédié aux Bisounours, apôtres du rachat, de la conversion, de la psychiatrisation, de la fameuse déradicalisation.

« Foucault voulait abolir la punition : ses disciples travaillent à sa radicalisation, à son extension, à sa prolifération et à sa généralisation. Chacun sait qui entend surveiller et punir qui. » (Michel Onfray – sur la lutte des prétendus racisés contre les non moins prétendus racistes)

« Nul n’a droit à une protection juridique supérieure à celle dont bénéficie n’importe quel autre groupe de citoyens, petit ou grand. » (Camillle Paglia – à propos des homosexuels) – Mais on peut étendre. Et à plus forte raison en violation de l’exigence d’égalité républicaine, à un châtiment plus sévère  en fonction  des glapissements et des lamentations.

« Le sophiste Antiphon avait opposé la justice de la nature à celle de la loi selon ce principe bien simple : celui qui enfreint la loi ne sera châtié que s’il est vu. Mais celui qui va contre la nature en subira le châtiment de toute façon. » (Jacques Rancière)

« Réponse logique à ceux qui ne croient pas à la liberté du vouloir et pensent qu‘il est lié à des causes, qu’on n’aurait pu agir autrement : je te châtie pour que tu n’agisses plus de même à l’avenir … Et aussi que la crainte du châtiment serve d’exemple aux autres … Moyen de dissuasion pour l’avenir … Alors que le pur sentiment de justice le considère comme représailles pour le passé.  » (Paul Rée) – Distinction stérile depuis qu’il n’y a plus de châtiment sérieux, ni dissuasion ni représailles.

« En matière de crime il faut fermer la porte à la pitié. » (cardinal de Richelieu)

« Être rigoureux envers ceux qui se font gloire de mépriser les lois, c’est être bon avec le peuple. » (cardinal de Richelieu)

« Je fais marcher la peine devant la récompense parce que s’il se fallait priver de l’une des deux, il vaudrait mieux se dispenser de la dernière que de la première. » (cardinal de Richelieu)

« Que l’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme, j’y trouverai de quoi le faire pendre. »  (cardinal de Richelieu) –  La meute de nos inquisiteurs qui extraient de son contexte un mot ou un morceau de phrase a retenu la leçon.

« La clémence qui pardonne aux assassins n’est qu’une meurtrière. » (Shakespeare)

« Qu’a changé l’abolition de la peine de mort en France dans la vie des gens ? … Une peine de mort qui menaçait en fait si peu de gens qu’elle aurait dû être la dernière des mesures d’urgence (après le partage du travail, des richesses, le logement…) d’un gouvernement de gauche authentique. Elle fut la première sous Mitterrand. » (Alain Soral) – Comme le mariage pour tous sous Hollande. La gauche adore jeter de la poudre aux yeux, ainsi elle n’a pas à se préoccuper de l’essentiel et donc de risquer de déplaire au grand capital, son maître.

« Celui qui fait preuve de miséricorde envers le cruel se conduira bientôt avec cruauté avec le miséricordieux. » (Talmud)

« Là où manque la crainte, la correction n’intervient pas. » (Tertullien)

« Le terrible risque de l’erreur judiciaire, argument majeur des abolitionnistes (des laxistes), n’est pas totalement contrebalancé … par le risque également affreux d’autres innocents livrés aux criminels récidivistes. » (Xavier Tilliette) – Choisir entre deux risques.

« On dit que la peine de mort n’a pas d’utilité … elle empêche toute récidive. » (Alexandre Vialatte)

« Le châtiment : le seul moyen de témoigner du respect à celui qui s’est mis hors la loi est de le réintégrer dans la loi en le soumettant au châtiment … Il est éducation supplémentaire … Susciter le souvenir d’un sentiment de justice … Le degré d’impunité doit augmenter non pas quand on monte, mais quand on descend l’échelle sociale. » (Simone Weil – L’enracinement) – C’est aujourd’hui exactement l’inverse.

« Qui hésite à punir augmente le nombre des méchants. » (?)

« La fessés, non. Le voilement des fillettes, oui. » (?)

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