.105,1 – Changement, Mouvement ; Réforme / Stabilité, Tradition

– « Le droit fondamental de l’homme à la continuité. » (Ortega y Gasset) – Droit constamment violé.

– « Le changement, substitut de l’Être suprême. » (Pierre-André Taguieff)

– « Le mouvement qui déplace les lignes. » (Baudelaire, et Joseph de Maistre) – les deux manifestant leur commune détestation du  cirque du changement perpétuel)

– Le changement toujours salvateur, toujours uniformément progressif et bon, toujours souhaitable et désirable ; l’immobilité toujours mortifère.

– Rêve proposé au Gogo : Devenir acteur du changement.

– C’est une obsession, une pathologie, un délire-refuge dans l’utopie, une tentative d’échapper à la réalité, une technique pour occuper les gens et les décentrer, tout en secouant le cocotier pour le plaisir et le profit d’en faire tomber les vieux, tout en dynamisant le gaspillage facteur de croissance poudre aux yeux et, enfin et surtout, une fuite lâche devant l’inéluctable, à savoir la mort, un divertissement au sens pascalien.

– Les deux premiers termes, changement et mouvement, représentent l’alpha et l’oméga du vocabulaire politico-médiatique. Ils contribuent puissamment à abrutir et à désécuriser les gens, ainsi qu’à masquer de profitables manipulations, à édifier une sorte d’univers liquide. Créateur de désordre, le changement perpétuel permet d’épuiser les gens, ce qui est toujours à l’avantage de n’importe quel pouvoir. « L’essoufflement psychique des Français est un événement historique. » (Titre d’un quotidien en 2010) – Rien de surprenant, puisque tel était, et reste, l’objectif.

– Le rêve de l’ahuri médiatisé : bouger, soi-même bien sûr, la région, la ville, le quartier, l’économie, le spectacle, les mœurs… Le tournis. « Une ville qui bouge bien, une ville que détruisent le tourisme et la promotion immobilière, où la mafia possède de nombreuses boîtes de nuit… » (Jean-Claude Michéa)

– Leur expression excite tous les impuissant(e)s frustré(e)s qui rêvent d’enfin se trouver et s’accomplir.

– Ce sont des mots clé ouvrant à des rêves délicieux pour le benêt. Ils donnent délicieusement à penser que l’herbe va être plus verte demain. Pour qui les prononce, ils constituent des atouts majeurs au grand concours national de qui dépensera le plus, en abrutissant le plus de monde, (voir le slogan récent pour agités-frustrés : Le changement maintenant !)

– L’emploi fréquent de ces deux termes est indispensable pour rappeler combien tout ce que nous avions pu imaginer et fabriquer jusque là était stupide et nocif. Les bouleversements qu’ils impliquent doivent être réalisés sans tarder et sans relâche puisque nous sommes quand même plus malins qu’hier et surtout que nos prédécesseurs qui étaient de profonds imbéciles.

– Combien le slogan électoral récent (succédant au Changer la vie mitterrandien), Le changement, c’est maintenant, a dû sonner agréablement aux oreilles du grand capital et des tenants de la mondialisation, puisque justement l’un comme l’autre ont besoin du changement perpétuel pour se maintenir et se développer ; comme Marx l’avait déjà fort bien expliqué, il y a bien longtemps. On voit le résultat de ces attrape-nigauds, et ce n’est qu’un début.

– L’effet de Time to move, ou le slogan du programme de management de France-Telecom à l’intention de ses cadres et employés pour assurer la mobilité permanente et l’épidémie de suicides professionnels résultante n’a en rien diminué l’enthousiasme des prédateurs pour l’établissement du chaos permanent et la stupidité légendaire des obéissants Gogos-Bobos.

Le changement continuel destitue le sens, n’importe quel sens. Il n’y a plus qu’une succession de métamorphoses sans causes ni effets : « Nous sommes devenus trop attentifs à ce qui change, pas assez à ce qui demeure. » (?)

– La frénésie du changement témoigne d’un désarroi dans les esprits, et surtout de la grande peur de se retrouver face à soi-même, c’est-à-dire face à son vide et à sa nullité. Le changement, sécurité pour les nuls

– « Le mot ‘progrès’ qui jadis signifiait simplement un mouvement en avant, bénéfique ou maléfique (progrès d’une maladie, d’un incendie…) est devenu le ‘Bien’ en soi. Symétriquement, le Mal absolu qui, pendant des siècles, a eu pour nom Satan, s’appelle aujourd’hui ‘retour en arrière’ et son petit frère est ‘immobilisme’. » (Olivier Rey)

– Deux  perles de l’imbécillité prétentieuse : le slogan d’un François Mitterrand : Changer la vie ! Certes, elle a changé, pour le pire comme d’habitude. Celle d’un Emmanuel Macron : En marche ! – Peu importe vers où, nul ne le sachant-

-Sans changements, pas de commissions discrètes, pas de backchich…

« Changer, pourquoi changer ? Tout va déjà assez mal. » (Lord Salisbury)

– L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.

On trouvera des extraits de l’ouvrage de Marshall Mcluhan, Comprendre les médias vers la fin de la rubrique Fins  / Moyens, 335, 1. Sachant que dans l’acception de l’auteur, média ne signifie pas simplement moyen de communication, mais tout moyen technologique (chemin de fer, avion, et même matière première). Incidence sur le changement.

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« La menace que représente pour les hommes, l’humanité organisée par l’apogée de la discontinuité. » (Theodor Adorno) – Changements et mouvements sans but ni objet ni projet.

« La dose d’incertitude est top importante pour notre cerveau. » (Christophe André)

« Le changement n’est pas un phénomène moderne, mais il est inhérent à un monde habité et organisé par des êtres humains, qui y entrent à leur naissance comme des étrangers et des nouveaux venus, et le quittent au moment où ils en ont acquis l’expérience et se sont familiarisés avec lui, ce qui, dans certains cas assez rares, peut leur permettre de faire preuve de ‘sagesse’ selon les normes de ce monde. » (Hannah Arendt) – Constatation qui ne justifie cependant pas le chaos systématique actuel, ni cette « obsession totalitaire du mouvement perpétuel. » (Même auteur)

« La terreur est l’accomplissement de la loi du mouvement. » (Hannah Arendt – Le système totalitaire) – tous doivent marcher, au pas si possible, le progrès…

« A la place du concept ‘d’être’, nous trouvons maintenant le concept de ‘processus’. » (Hannah Arendt – La condition de l’homme moderne)

« Les formations totalitaires ne restent au pouvoir qu’aussi longtemps qu’elles demeurent en mouvement et mettent en mouvement tout ce qui les entoure … L’obsession totalitaire du mouvement perpétuel. » (Hannah Arendt)

« Le monde devient inhumain lorsqu’il est emporté dans un mouvement où ne subsiste aucune espèce de permanence. » (Hannah Arendt)

« Le progrès de la science a cessé de coïncider avec le progrès de l’humanité, il pourrait bien en sonner le glas … La notion de progrès ne peut plus nous servir d’étalon pour apprécier la valeur du processus de changement désastreusement rapide que nous avons-nous-même déchaîné. » (Hannah Arendt)

« La transformation d’une société de production en société de consommation, cette dernière ne pouvant se perpétuer que par sa métamorphose en une gigantesque économie de gaspillage … La doctrine du progrès comme présupposé de toute cette époque dans son développement … ‘Le progrès  a été un bulldozer traçant sa propre route, qui n’a laissé aucune empreinte durable derrière lui, et qui n’a avancé vers aucune destination envisageable ni humainement souhaitable … Le mouvement est devenu le but ‘… Cesser le mouvement, le gaspillage, la consommation toujours plus importante, toujours plus rapide, parce que dire à un moment donné ‘en voilà assez’ équivaudrait à un effondrement immédiat. » (Hannah Arendt L’ère du déclin – – citant Lewis Mumford) – C’est bien pourquoi nous nous préparons un effondrement imposé autrement plus dramatique qu’un effondrement préparé et consenti.

« De même que l’homme pervers est un homme versatile, ainsi est perverse la nature qui a besoin de changement, car elle n’est ni simple ni bonne. » (Aristote – Ethique à Nicomaque)

« Les changements sociaux appellent toujours quelque regret et tout gain comporte quelque perte. A chaque nouveauté qui s’introduit … c’est une coutume ou une espérance qui s’en va, une vertu qui s’efface, un beau site qu’on endommage, une laideur qui triomphe, une hâte qu’on impose à la vie. » (Lucien Arréat)

« Quand un peuple a modifié trop vite et trop profondément ses conditions d’existence il se montre le plus souvent malhabile à en créer d’autres qui lui seraient favorables. » (Lucien Arréat)

« La jeunesse se plaît aux changements qui égaient son existence, la vieillesse les redoute parce qu’ils la menacent. » (Lucien Arréat)

« Pour changer de civilisation. » (rien de moins, titre d’un livre de Martine Aubry, qui s’y est mise avec cinquante chercheurs et citoyens pour expliquer, sinon réaliser, cet urgent, vaste et indispensable programme)

« Le monde est changement, la vie remplacement. » (Marc-Aurèle)

« Tout est en cours de transformation. Toi-même aussi tu es en état de transformation continue et, à certains égards, de dissolution ; de même pour l’univers entier. » (Marc-Aurèle)

« Les traits dépressifs et schizoïdes, hystériques, paranoïaques et obsessionnels de notre civilisation et de notre culture se développent de plus en plus. En tant que signe de quoi ? Plus que d’un malaise, plus que d’une crise, il s’agit de quelque chose semblable à un ébranlement du traditionnel et du coutumier, sans que l’horizon d’un autre enjeu ne s’ouvre aux êtres fatigués et usés que nous sommes. » (Kostas Axelos –  Problèmes de l’enjeu) – Nous avons voulu tout détruire, tout bouleverser.

« Le changement est devenu lui-même une valeur … Le résultat est que l’obsolescence des objets, des biens, des institutions, des idées… ne cesse de s’accélérer et se trouve ressentie comme un progrès. » (Jean Baechler) – Du moins par les imbéciles et les frustrés.

« C’est la pensée moderne qui opère les ruptures, qui évacue la tradition porteuse de permanence et appréhende toute chose sous l’aspect du mouvement … Cette époque est vue comme celle de la simulation, des simulacres, d’une hyperproduction en quoi tout s’annule ; il y a effondrement de l’ordre symbolique, prolifération des informations, annulation des contenus remplacés par de pures images : ainsi se crée un pseudo-réel pourtant très réel … La modernité, c’est le mouvement plus l’incertitude. » (Georges Balandier)

La société hypermoderne est passée d’une culture de stock à une culture de flux. Ce qui importe c’est la fluidité, la circulation la plus libre possible. Le provisoire l’emporte sur la durée. » (Olivier Bardolle) – Résultat : tout est du toc.

« Il paraît que le vieux monde est épuisé et que le nouveau est encore à naître. En conséquence, on va à la fois connaître les soubresauts de l’agonie et les spasmes de l’accouchement. Haut les cœurs ! » (Olivier Bardolle)

« Être d’avant-garde, c’est savoir ce qui est mort ; être d’arrière-garde, c’est l’aimer encore. » (Roland Barthes)

« Je hais le mouvement qui déplace les lignes. » (Baudelaire – Les Fleurs du mal)

« Il y a dans tout changement quelque chose d’infâme et d‘agréable à la fois qui tient de l’infidélité et du déménagement. » (Baudelaire)

« Le changement est devenu un incontournable ainsi que son propre but, ne requérant aucune autre justification. » (Zygmunt Bauman) – On ne dira jamais assez la profondes stupidité des slogans ; ‘changer la vie’ et ‘le changement c’est maintenant’. Reflets de la bêtise des politicards français et de l’aliénation des électorats.

« Impossible de ne pas  s’enfoncer quand on est pris dans des sables mouvants. » (Zygmunt Bauman) – Les politiciens qui utilisent largement les promesses de changement, ce PAC (piège à con, terme de militaire), le font en connaissance de cause pour piéger les imbéciles qui les croient et les éternels frustrés.

« Une société ‘moderne liquide’ est celle où les conditions dans lesquelles ses membres agissent changent en moins de temps qu’il n’en faut aux modes d’action pour se figer en habitudes et en routines. La liquidité de la vie et la liquidité de la société se renforcent l’une l’autre … Une fois lancé un ‘perpetuum mobile’ ne cessera de tourner tout seul …  Ils bougent parce qu’ils ne peuvent s’arrêter … La vie liquide, tout comme la société moderne  liquide ne peut conserver sa forme ni rester sur la bonne trajectoire longtemps … Il faut apprendre à marcher sur des sables mouvants … Être en mouvement n’a qu’un but : rester en mouvement … Ils (les modernes) bougent parce qu’ils ne  peuvent s’arrêter.  Tels des bicyclettes, ils ne tiennent debout qu’en roulant … suivant en cela le précepte de Lewis Carroll : ‘Ici, on est obligé de courir tant qu’on peut pour rester au même endroit’ … ‘Pour survivre sur une fine couche de glace, il faut patiner vite’(Emerson). »  (Zygmunt Bauman  – sur les modernes – La vie liquide)

« Le marché ne survivrait pas si les consommateurs s’accrochaient aux choses. » »(Zygmunt Bauman)

« La gangrène des révisions parcellaires et incohérentes qui décompose la Constitution … au terme d’une étonnante alliance passée entre les héritiers du gaullisme et les transfuges du trotskisme … déstabilise la loi fondamentale qui, de socle des institutions, devient un simple objet d’ajustement juridique des majorités successives, ballotté au gré des sondages et des péripéties judiciaires de chaque camp. » (Nicolas Baverez) – L’organisation du b…..

« Le problème n’est pas le mouvement, mais que le mouvement devienne son propre but … Le mouvement est devenu le projet … Nous voulons toujours tout changer, mais nous n’avons plus de but qui puisse mettre fin au changement … Si le but se déplace, le progrès est impossible. S’il n’y a pas de but, il n’y a pas de progrès … Cette préoccupation de la nouveauté, le besoin de se mettre au goût du jour, la crainte de paraître dépassé, bref cette injonction au changement perpétuel … Le progressisme pense que tout changement est un progrès : parce que c’est nouveau, c’est forcément mieux La politique ne se fait qu’au nom de la réforme et de la transformation …  Après ‘La rupture’, puis ‘Le changement c’est maintenant’, nous voilà ‘En marche’. Ces slogans disent que la politique prend pour but le changement lui-même … Que la marche devienne à elle-même son propre but, et elle perd tout sens, épouser la marche comme notre cause, c’est les transformer en une fuite absurde du réel … ‘Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va’ (Sénèque). » (François-Xavier Bellamy – considérations éparses sur le mouvement/ changement – Demeure…)

« La paix de l’âme est interdite : elle casserait le moteur de l’expansion. » (père Maurice Bellet) – Sur le  B….. perpétuel.

« La plupart des grandes civilisations ont toujours considéré la notion de permanence comme une notion essentielle, bien plus positive que celle de changement, lequel ne pourrait advenir qu’après un long travail de concertations, d’arrangements, de va-et-vient. » (Miguel Benassayag, Florence Aubenas)

« Le matérialisme dialectique pratique le reniement de la raison en ce qu’il entend concevoir le changement, non pas comme une succession de positions fixes … mais comme une ‘incessante mobilité’, ignorante de toute fixité, pur dynamisme, indemne de tout ‘statisme’ … une telle attitude prononce l’abjuration de la raison … Le propre de la raison étant  d’immobiliser les choses, tant qu’elle en traite, alors qu’un pur devenir, exclusif, par essence, de toute identité à soi-même, ne peut être l’objet que d’une adhésion mystique, mais non d’une activité rationnelle. La furie du dynamisme conduit ses possédés à cette thèse incroyable : savoir qu’il n’y a de pensée valable que celle qui exprime un changement. » (Julien Benda)

« A tout mouvement il faut un but ; sinon, privé de sens interne, il dégénère toujours et devient circulaire. » (Nicolas Berdiaeff)

« …Oubliant que le changement peut être aussi : la mort. » (Emmanuel Berl)

« C’est à la destruction permanente qu’on donne le nom de changement … Renouvellement perpétuel au moyen d’une destruction perpétuelle … En termes économiques, l’idéologie du changement s’appelle ‘croissance’ … L’impératif peine à dissimuler les raisons de son succès : tout faire pour conjurer une grande lassitude, une immense panne de désir qui frappe la société dans son ensemble. Désir morbide qui s’exténue dans le spectacle de la destruction … Dans une telle logique, l’adaptation … est absolument nécessaire … L’homme à bout de souffle est incapable de conserver quoi que ce soit … La conservation nécessite autrement plus de courage que le changement perpétuel. » (Harold Bernat)

« Le but final, quel qu’il soit, n’est rien ; le mouvement est tout. » (Edouard Bernstein) – Voilà bien l’idée d’un socialiste. Les nôtres ont progressé, ils se préoccupent quand même du but : tout démolir.

« Contester n’est pas nécessairement réfuter et innover ne signifie pas toujours progresser. » (Alain Besançon)

« S’interroger sur la finalité du mouvement : s’il est possible d’aller plus vite, pourquoi aller plus vite ? Si on peut aller plus loin, pourquoi aller plus loin ? Si on sait produire plus, pourquoi produire plus ? Si on est capable d’innover, pourquoi faut-il innover ? » (Jean-Paul Besset) – Mais il y a bien longtemps que personne ne se pose plus la question du pourquoi, des finalités…

« Le point de référence, ‘shifting baselines’, et son irréversibilité,  ou les limites de la comparaison.  L’oubli collectif. Les dégradations de l’environnement disparaissent avec le temps qui passe. On ne perçoit qu’imparfaitement la chute (on peine à se souvenir qu’il fallait nettoyer le pare–brise de la voiture en cours de route tant il était moucheté de cadavres d’insectes, et bientôt nul n’en aura même le souvenir) …  Le point  que les scientifiques utilisent au début de leur carrière … Le syndrome du décalage des points de référence fonctionne partout, dans tous les domaines de la perception, de la vie, de la morale et des valeurs. Et il fonctionne dans les deux sens, dégradation ou amélioration … Le décalage du point de référence est d’autant plus vrai que les changements s’accélèrent et deviennent significatifs à l’échelle d’une vie, comme depuis le XIX° siècle … Une société peut donc, avec un peu de temps, s’habituer eu meilleur comme au pire. Quelle que soit l’évolution à venir, le ‘shifting baseline syndrome’ permettra aux générations futures de l’encaisser … Mais, dans un monde en mutation accélérée,  le décalage du point de référence pourrait se révéler insuffisamment rapide par rapport à l’évolution de la réalité … Si les choses vont vraiment trop vite, les changements pourraient se révéler insupportables, chaque génération pouvant se  rendre compte des pertes et des évolutions, et pouvant peut-être plus aisément transmettre ce sentiment aux générations suivantes. » (Philippe Bihouix – Le bonheur était pour demain) – Pour pouvoir dire, c’était mieux, ou pire, avant, encore faut-il connaître comment était l’avant. Si on ne le connaît pas l’actuel devient la seule référence ; ou, tout au moins, la seule référence se situe au point où on a pris conscience de l’état d’une situation, soit quelques décennies au plus. Plus d’insectes paraît normal d’une part, tout comme internet d’autre part.

« La pensée qui défait à l’infini pour ne pas devoir agir, … qui se contente de dénombrer, de saisir, de nommer. Ce qui est saisi peut être de la bouillie, de la bouillie ressentie comme un flux perpétuel… affaiblissant les concepts au point d’en faire de  simples noms qui ne signifient rien de réel … partout le mouvement secoue le joug du concept rigide qui fige ce qui est fluctuant, à la manière du chien qui s’ébroue… » (Ernst Bloch) – On comprend mieux pourquoi le changement perpétuel est l’arme par excellence du totalitarisme déboussolant, celle des imbéciles brevetés à l’usage des mêmes (le slogan de François Hollande), afin d’annihiler toute réflexion.

« Tous les changements, intellectuels ou moraux, qui sont survenus au cours des vingt dernières années ont toujours été justifiés par l’argument qu’ils étaient cause ou effet d’une plus grande ouverture, ce qui équivaut à ne pas les justifier du tout. » (Allan Bloom)

« Le changement continuel efface le souvenir. » (Baudouin de Bodinat) – Effacer le passé, tel est l’objectif de la bordelisation permanente.

« Ce n’est pas la nouveauté qui nous désenchante, c’est au contraire le règne fastidieux de l’innovation, de la confusion incessamment renouvelée, c’est ce kaléidoscope tournant d’instantanéités universelles qui nous fait vivre sans perspective de temps ou d’espace comme dans les rêves ; c’est l’autoritarisme du changement qui s’étonne de nous voir encore attachés à la nouveauté qu’il recommandait hier, quand il en a une autre à nous imposer et qui empile à la va-vite ses progrès techniques les uns sur les autres sans faire attention que nous sommes là-dessous. » (Baudouin de Bodinat) – Et s’il n’y avait que les progrès techniques ! Ajoutons la fureur réglementaire de politiciens dont l’objectif est de tout détruire, de nous décerveler tous pour nous rendre aussi soumis qu’impuissants.

« ‘Changer la vie’, changer la société’, expressions terrifiantes. » (Laetitia Strauch-Bonart)

« Trois principes pourraient être invoqués : l’importance des coutumes et donc de la culture majoritaire ; le transfert de la charge de la preuve (du bien-fondé) sur l’innovateur et  non sur le conservateur ; afin la possibilité d’une atteinte à autrui qui n’est pas une atteinte à sa liberté. » (Laetitia Strauch-Bonart – sur les règles préalables à imposer à tout  changement substantiel) – Voilà d’excellents principes de précaution. Mais, décidément cet auteur veut empêcher d’introduire un joyeux (pas si joyeux que ça) b….. 

« La politique démocratique repose sur un principe de renouvellement permanent, chaque changement de majorité entraînant une rupture qui est rarement profonde mais qui doit, sur le moment, donner l’impression de l’être. » (Jean Borie)

 « Le monde est entré dans une nouvelle phase … le changement est radical : il ne suffit plus de bouger une fois, de trouver une invention, d’engager une réforme, mais de bouger en permanence, de créer quotidiennement, de réformer les réformes, pour courir de plus en plus vite. » (Eric le Boucher – Le Monde, 22/10/2006 – cité par Pierre-André Taguieff) – Où court cet agité saisi par la danse de saint Guy ? A titre exceptionnel ; normalement je vous épargnerai et m’épargnerai des citations de presse.

« Vision matérialiste du changement : celui-ci résulterait du jeu d’intérêts étroitement commandés, voire déterminés par la position sociale des acteurs, rapports de production et structures, tradition marxiste, les idées sont déterminées par les structures … les dominants ont toutes chances de faire prévaloir leurs demandes … rôle des conflits – Vision ‘idéaliste’ (même si le terme est discutable et non revendiqué), rôle des idées et des valeurs, qui sont des variables indépendantes (‘L’éthique protestante’ de Max Weber, sur l’ethos calviniste et l’entrepreneur capitaliste) – Caractère premier ou dérivé des conflits, caractère premier ou dérivé des valeurs – Le changement a-t-il des causes endogènes (thèse privilégiée par les sciences sociales), le changement d’un système entre t et t + k étant interprété comme fonction de l’état de ce système en t (le changement dans une société pauvre ne pourrait venir que d’une intervention exogène), ou bien sont-elles exogènes ? » (Raymond Boudon)

« ‘Il faut que tout change pour que rien ne change.’ (Le Guépard) – ‘Changer pour conserver’ ou la loi de sa perpétuation pour une fraction de la classe dominante pratiquant le conservatisme progressiste, le langage de l’optimisme de la croissance, du progrès, celui de la nécessité de l’évolution, de la ‘volonté’, de ‘l’effort’, du ‘choix’, du ‘courage’, de la ‘discipline’ … La bourgeoisie intelligente  a tiré les leçons du passé, les leçons de ses échecs historiques, elle sait qu’à vouloir tout conserver, on risque de tout perdre … Pratique du discours neutre qui s’engendre ‘naturellement’ dans la confrontation d’individus appartenant à différentes fractions et prélevés dans la fraction de chaque fraction la plus disposée à entrer en communication avec d’autres fractions, réunissant dans des lieux neutres les intellectuels les plus proches du champ du pouvoir, les plus intellectuels des patrons, les plus libéraux des conservateurs et les plus raisonnables des progressistes. » (Pierre Bourdieu, Jean-Luc Boltanski) – Quand François Hollande clamait pour se faire élire : Le changement c’est maintenant, il se mettait explicitement au service de la bourgeoisie éclairée, ce qu’elle a parfaitement compris.

« Derrière le sentiment de la vulnérabilité économique, figure cependant un autre sentiment : celui de l’insécurité, personnelle et sociale, une forme généralisée ‘d’intranquillité’, intranquillité particulièrement observable dans les catégories populaires. » (Laurent Bouvet) – Voir : L’insécurité personnelle à la fin de la rubrique Sécurité/insécurité, 535,2, ou comment déstabiliser les citoyens, surtout les faibles, afin de les empêcher de se rebeller.

« ll existe aussi une barbarie historique qui est la volonté d’oublier, de lever l’ancre, de larguer les amarres du passé. » (Rémi Brague)  – Très répandue de nos jours. Notre orgueil imbécile désirant croire, et faire croire, qu’il a tout découvert, tout inventé ; alors qu’il n’a fait que tout casser.

« Cette facilité d’oublier tout principe pour changer l’état des choses aussi souvent, aussi profondément, et en autant de diverses manières que vont et viennent les caprices ou les modes, briserait toute la chaîne et la continuité de la république. Aucune génération ne pourrait établir un lien avec les autres. Les hommes ne deviendraient guère plus que les mouches éphémères d’un été. » (Edmund Burke)

« Il est au moins imprudent d’abandonner un bien qu’on possède pour un bien qu’on imagine : le résultat pourrait être fort décevant. » (Roger Caillois) – Certes, mais sans mettre le B….., on ne peut plus gouverner (les esprits, à défaut des choses, elles moins agitées !).

« Les mots de ‘cohésion’ et de ‘dissolution’ permettent assez bien de définir l’unité respective des ensembles complexes auxquels appartiennent le pur et l’impur. Les puissances qui affermissent le premier sont celles qui affermissent, qui rendent solide, fort , vigoureux et sain, stable, régulier … prospérité, bon fonctionnement, fondent, maintiennent … Les autres, à l’inverse, sont responsables du désordre, de l’effervescence et de la fièvre … irrégularité, monstres … L’extrême étant la décomposition du cadavre. » (Roger Caillois) – N’aurions-nous pas inversé les positions qui ont régies l’humanité pendant des millénaires et nous ont fait ce que nous sommes ? La suite, qui ne va pas tarder, va nous éclairer sur ce point.

« L’appétit et la convoitise de tout innover, changer et remuer. » (Calvin)

« Le monde nouveau qui est en train  de naître, par la coïncidence historique, dans les années 1968-1975, de trois processus indépendants : – La révolution informatique, la logique dominante des réseaux transforme actuellement tous les domaines de la vie économique et sociale (uberisation…) – Les crises parallèles du capitalisme et de l’étatisme, avec les restructurations qu’elles ont entraînées, mondialisation du noyau stratégique des activités économiques et flexibilité organisationnelle, comme celle de l’emploi, avec mise en cause de la protection sociale et exclusion corrélée de groupes sociaux, de quartiers, de régions, de pays vers un ‘quart monde’ entraînant une expansion de l’économie criminelle. Capitalisme plus dur dans ses objectifs et plus souple dans ses moyens – L’essor de mouvements culturels et sociaux, revendications libertaires, féminisme, écologie, défense des droits de l’homme, affirmations identitaires, combats pour l’environnement, pour la libération sexuelle, l’égalité ethnique, etc., avec un impact indirect certain sur l’économie. De plus, en refusant la transmission autoritaire des valeurs et des codes communs, le patriarcat, la religion, le nationalisme, ces mouvements ont accéléré le processus conduisant à la fracture fondamentale de toutes les sociétés actuelles en d’un côté, des élites actives, autonomes édifiant leur propre système de valeurs et de l’autre des groupes sociaux incertains d‘eux-mêmes, privés d’informations, de ressources et de pouvoir se retranchant derrière des valeurs rejetées. » – « Les interactions entre ces trois processus, et les réactions qu’ils ont suscitées, sont à l’origine d’une nouvelle structuration du social, la société en réseaux, d’une nouvelle économie, mondialisée et informationnalisée, d’une nouvelle culture, celle de la virtualité réelle. » (Manuel Castells – Fin de millénaire) – Il s’agit plus là de bouleversements que de changements.

« La vitesse avec laquelle les modes se succèdent donne aux gens l’impression trompeuse que tout cela est anodin … et que ces modes n’ont rien de comparable avec les grandes illusions idéologiques … La personnalité se désagrège au fil de ces changements perpétuels, sans aucune pause … Plus de critère permettant de juger de la portée d’un événement. » (Stanko Cerovic) – Quant à la réflexion, méditation !

« Le ‘progrès’ détruisant sans arrêt ce qu’il établit, engendre un bouleversement accéléré impossible à maîtriser, car si la science avance en fusée, la connaissance de ses effets par la raison humaine suit à pied. Les sociétés de la vérité religieuse se voulaient immuables, la ruée des sciences vers une insaisissable connaissance engendre un changement qui laisse de moins en moins de temps de jouir de l’acquis et de s’adapter ; on en ressasse tant l’obligation que parce que l’on n’y arrive pas. » (Bernard Charbonneau) 

« Je me dérangerais, à la rigueur, pour l’Apocalypse, mais pour une révolution… Collaborer à une fin ou à une genèse, à une calamité ultime ou initiale, oui, mais non à un changement vers un pire ou vers un mieux quelconque. » (Emil Cioran)

« Les sociétés archaïques (Chine, Egypte…) ont duré si longtemps parce qu’elles ignoraient l’envie d’innover et de se prosterner toujours devant d’autres simulacres. Quand on en change avec chaque génération on ne doit pas s’attendre à une longévité historique … Un peuple qui s’est accompli, qui a dépensé ses talents et a exploité jusqu’au bout les ressources de son génie, expie cette réussite en ne donnant plus rien après … Les Germains abandonnèrent les noms latins pour revenir aux noms germaniques quand les seigneurs exténués, en recul, n’étaient plus redoutés ni respectés. » (Emil Cioran) – Quand on pense à la vogue récente de fin de l’histoire avec l’avènement mondial de la société libérale ! Alors qu’il ne signifie que l’avènement de la catastrophe qui mettra un terme à cette monstruosité.

« Le changement implique l’adaptation, et celle-ci contraint l’homme bien plus qu’il ne le croit. La perte de repères née du bouleversement continu des conditions de vie des hommes est une source supplémentaire de fragilisation psychologique. » (Frédéric Saint Clair – reprenant Michaël Oakeshott)

« La rhétorique du changement sert à  démanteler toute habitude, à briser tous les liens, à désarçonner toute certitude, à dissuader toute solidarité, à entretenir une insécurité existentielle chronique … Prévenir par la crise permanente toute crise effective. » (C. N. I ?)

« Pourquoi il est des types purs et forts de civilisations, et d’autres mélangés et faibles. A force de s’enrichir de nouvelles inventions qui suscitent des désirs nouveaux ou des croyances nouvelles et dérangent la proportion des anciens désirs ou des anciennes fois, les types les plus purs s’altèrent et finissent par se disloquer … Toutes les inventions ne sont pas ‘accumulables’ et beaucoup ne sont que ‘substituables’. » (Vincent Coussedière – s’exprimant en matière de changements sociaux)

« L’homme n’avance jamais avec autant d’assurance que lorsqu’il ne sait pas où son chemin le mène. » (Cromwell)

« 1 – Une attaque technocratique brillante et vigoureuse, mais aveugle et maladroite ; 2 – Une défense opiniâtre des intéressés également aveugle, mais mobilisant les sentiments de l’opinion jusqu’à l’extrême limite du sentimentalisme ; 3 – La réussite d’un chantage sans vergogne d’autant plus efficace qu’il a l’appui de l’opinion ; 4 – Une négociation aveugle dont les résultats aléatoires ne sont même pas vraiment utiles aux intéressés. » (Michel Crozier – description du cycle du changement en France)

« Depuis qu’il y a des hommes, et qui raisonnent, le changement est apparu comme une des conditions de la vie en général et de la vie humaine en particulier. Mais pourquoi ce changement serait-il uniformément progressif et bon ? Pourquoi serait-il toujours souhaitable. » (Léon Daudet) – La nature, les crises, notre propre stupidité vont très bientôt nous faire détester ce mot-tarte à la crème.

« La marche sur le sable mouvant épuise… » (Marie-Madeleine Davy)

« La jeunesse, le changement de ce qui existe, n’est aucunement la propriété de ces hommes qui sont maintenant jeunes, mais celle du système économique, le dynamisme du capitalisme. » (Guy Debord – La société du spectacle)

« Un pur devenir sans mesure, véritable devenir fou qui ne s’arrête jamais. » (Gilles Deleuze)

« Il n’y a pas que le milieu naturel, le milieu social est lui aussi ‘naturel’ à sa façon. » (Louis Dumont) – Idée insupportable pour nos politiciens démolisseurs par stupidité, avidité ou corruption mentale.

« Une conception satisfaisante de la justice doit être stable. C’est … l’un des traits d’une ‘société bien ordonnée’. » (Jean-Pierre Dupuy) – Certes, mais ce n’est pas ainsi qu’on peut gouverner et mater les mécontents.

« La doctrine du changement impératif et permanent encourage le tournoiement de l’économie sans nulle autre perspective que ce sentiment désormais répandu de ‘foncer dans le mur’. » (Benoît Duteurtre) – Plus stupide et plus nocif que le slogan de campagne de François Hollande Le changement c’est maintenant. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été élu par une peuplade de Gogos. 

« Les temps changent lorsque les fils ne font plus les mêmes bêtises que les pères (ou des sottises inverses par réaction), lorsqu’une certaine continuité dans la bêtise des générations s’arrête et qu’une autre forme de bêtise s’installe. »(Jean Dutourd)

« Il est très rassurant de ne devoir s’occuper que de ses affaires privées… Il est très fatigant, très mauvais pour l’esprit et le caractère de devoir s’adapter chaque année ou chaque mois à des façons d’être ou de penser inconnues précédemment, de honnir tout à coup ce qu’on était tenu d’acclamer la veille, de se contraindre sans relâche à marcher avec son temps. » (Jean Dutourd) – C’est tout l’intérêt des changements perpétuels imposés par les dominants et la technique ; occuper et épuiser les gens.

« Le changement a été pendant longtemps une chose désirable parce que lié à l’horizon d’un progrès qui devait se poursuivre indéfiniment et d’une protection sociale qui ne pouvait que s’étendre. Il est appréhendé aujourd’hui de manière ambivalente, car la crainte de la chute et la peur de ne pas s’en sortir l’emportent nettement sur l’espoir d’ascension sociale. Nous n’aurions plus que les méfaits du changement, méfaits que les mots’vulnérabilité’, ‘fragilité’ et ‘précarité’ résument. Nous changeons, certes, mais nous n’avons plus le sentiment de progresser. » (Alain Ehrenberg)

« La triade asthénie, insomnie, anxiété est une réponse comportementale et affective au changement incessant qui imprègne le quotidien des sociétés démocratiques. » (Alain Ehrenberg)

« Nous sommes partis à une vitesse sans cesse croissante vers nulle part … il n’y a plus ni objectif, ni transcendant, ni valeur déterminante, le mouvement se suffit. » (Jacques Ellul) – Voilà qui peut provoquer les dépressions si courantes. Mais un citoyen déprimé est des plus maniables.

« Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses. » (Paul Eluard)

« Comment penser que le monde a un sens ou que du sens soit nécessaire au monde puisqu’il doit toujours changer (injonction principale) » (Eugène Enriquez) – « Tout est brisé, toute cohérence s’en est allée. » (John Donne) – « Le désert croît. » (Nietzsche)

« Tous les établissements en France couronnent le malheur du peuple. Pour le rendre heureux, il faut le renouveler, changer ses idée, changer ses lois, changer ses mœurs, changer les hommes, changer les choses, changer les mots … tout détruire ; oui, tout détruire puisque tout est à recréer. » (Rabaut Saint-Etienne, député à la Convention) – On croirait entendre un brillant socialiste d’aujourd’hui. Semons le chaos pour festoyer tranquillement au sommet.

« Si n’importe quelle nouveauté représente un plus et un mieux par rapport à ce qui l’a précédée, c’est la sanctification de tout changement destructeur et révolutionnaire. » (Julius Evola)

« Ces changements ont projeté les individus dans une société atomisée. Ils les ont déracinés, suscitant un sentiment d’abandon. » (Marc Ferro – Sur les changements intervenus dans la deuxième moitié du XIX° siècle)

« Le conservatisme n’est plus une opinion ou une disposition, c’est une pathologie. L’ordre autrefois s’opposait au mouvement, il n’y a plus que des partis du mouvement. » (Alain Finkielkraut)

« Naguère encore, on comptait sur le mouvement –intellectuel, scientifique, social – pour améliorer l’existence, civiliser le monde, arracher l’Histoire à la fatalité de l’éternel retour. C’est désormais la fatale brutalité du mouvement qui empoigne le monde. » (Alain Finkielkraut)

« Les projets ne sont plus à l’ordre du jour. Le progrès a vécu. Mais la haine du passéisme demeure. Pas question d’apparaître comme rétrograde : en l’absence d’une destination claire et d’une finalité heureuse, on se rabat sur les flux, sur le mouvement, sur le changement en tant que tel. Tout fluctue, tout évolue, rien ne meurt : le monde est en état de transformation perpétuelle, le progressisme s’éclipse et le nihilisme installe son règne. » (Alain Finkielkraut)

« C’est à travers la notion de changement que l’homme se pensait comme l’auteur de son histoire et voici que le changement le dépossède de cette prérogative … Il était une opération de la volonté, voici qu’il se produit sans que personne ne le programme. Il était entrepris, il est subi. Il était désiré, il est maintenant destinal. Il n’est plus ce que nous faisons ou ce à quoi nous aspirons, le changement est ce qui nous arrive (dans la gueule !) » (Alain Finkielkraut)

« Une opération en deux temps … déracinement d’abord, arrachement des êtres à ce réseau d’habitudes et d’attitudes qui constitue leur identité collective ; dressage ensuite, inculcation des valeurs dominantes élevées à la dignité de significations idéales … Purger l’être authentique pour le remplir aussitôt avec une identité d’emprunt. » (Alain Finkielkraut)

« Avec une éloquence inchangée, nos technocrates célèbrent le changement et, avec un zèle inlassable, nos gouvernements s’emploient à ‘faire bouger les choses’, c’est-à-dire à faire advenir la fatalité sur l’air de la libération. » (Alain Finkielkraut)

« Chercher à rétablir un état antérieur constitue un caractère général des pulsions … Le principe de plaisir serait une tendance qui se trouve au service d’une fonction à laquelle il incombe de faire en sorte que l’appareil psychique soit absolument sans excitations ou de maintenir en lui constant ou le plus bas possible le quantum d’excitation … L’aspiration générale de tout ce qui vit à retourner au repos du monde anorganique … Les pulsions de vie … apportent sans discontinuer des tensions dont la liquidation est ressentie comme plaisir. » (Sigmund Freud) – N’est ce pas un plaidoyer contre la stupide boulimie de changement des affolé(e)s, des frustré(e)s perpétuels.

« Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous … Soyons le changement que nous proposons. » (mahatma Gandhi) – Ce dernier slogan a une autre allure que Le changement c’est maintenant, d’autant plus que l’un comme l’autre ne sont pas portés par la même qualité d’homme !

« Jamais pareille puissance de changement n’a été à l’œuvre. Jamais la conscience et la conduite des acteurs n’ont été guidées à ce point par le souci du futur. » (Marcel Gauchet)

« L’invocation permanente, démultipliée, de ce vocable de ‘crise’ en a considérablement émoussé la portée. Qu’est-ce qui n’est pas en crise ? Ce n’est plus guère qu’une manière paresseuse de mettre un nom sur des changements dont le sens nous échappe … la prétendue crise est en fait l’état habituel de la démocratie. » (Marcel Gauchet) – On se sort d’une crise, pas d’une dégringolade acceptée par lâcheté.

« Le soulèvement libertaire (des années 1970) s’est montré d’une efficacité aussi inattendue que ravageuse. Il est venu à bout avec une facilité déconcertante des interdits et des devoirs qui ne tenait plus que par inertie. La simple dénonciation de son anachronisme a suffi à le faire s’écrouler. L’hédonisme pratique s’est révélé incomparablement plus convaincant que l’athéisme théorique. Le droit des désirs individuels et la norme de l’accomplissement personnel ont installé leur règne sans coup férir … Effacement du parti de la réaction (au sens religieux) et du parti de la révolution, effacement de ce couple aussi solide que tumultueux … Clôture d’une rivalité de cinq siècles entre deux principes d’organisation des sociétés … Fin de l’opposition à la société actuelle en même temps qu’installation d’un avenir vidé de sa promesse de dépassement du présent et d’accomplissement de l’histoire. » (Marcel Gauchet – Le nouveau monde)

 « Le mouvement des sociétés modernes qui confronte l’individu à la possibilité d’une distance par rapport à une position héritée et donc à des conflits d’identité lorsque sa trajectoire le conduit à changer de rang … Changement de métier, de région et surtout de classe sociale lié aux processus d’ascension ou de descension sociale. » (Vincent de Gaulejac – La névrose de classe)

« Définissons la gauche pour commencer. Disons, pour aller vite, qu’il s’agit du camp des progressistes c’est-à-dire tous ceux qui se sentent parfaitement à l’aise dans l’époque que nous vivons. Ils aiment le changement quel qu’il soit et applaudissent la transformation accélérée de la démographie, de la langue française, des paysages, des goûts et des saveurs. La seule mutation qui leur semble poser problème est celle du climat. Tout ce qui est purement français leur semble suspect. C’est le parti de ‘la mise à jour’ perpétuelle. Selon eux, l’ancien doit céder la place au nouveau qui est meilleur, par essence, et donc désirable. Le seul héritage qui trouve grâce à leurs yeux est celui qui peut être monétisé en tant qu’attraction touristique (Versailles) ou ‘exporté’ à l’étranger sous le format d’une franchise (Le Louvre à Abu Dhabi par exemple). »  (Driss Ghali)

« Soyons sincères avec nous-mêmes, le virus n’est qu’un prétexte pour prolonger la décadence de notre civilisation.  Après la phase festive et ludique, nous sommes entrés dans la phase triste et punitive de notre déchéance. Nous sommes passés de l’orgie à l’incendie (de Rome). La jouissance sans entraves s’est métamorphosée en punition collective. Hier, il était interdit d’interdire. Aujourd’hui, il est interdit de respirer librement. Hier, on refusait d’emprisonner les fichés S. Aujourd’hui, on met en garde à vue les restaurateurs qui veulent travailler.  Le spectacle est le même, c’est la chute de l’Occident. Après l’Acte I, flamboyant, nous sommes en plein Acte II, terne et déprimant, un chef d’œuvre de désespoir. Le virus a, tel un coup de sifflet providentiel, invité le chef d’orchestre étourdi à changer de partition. Depuis, les notes stridentes de la tragédie ont couvert les mélodies légères de la comédie … » (Driss Ghali) 

« Chacun finit par n’être plus que rupture, incessante et monstrueuse rupture – moins avec les autres qu’avec son propre passé. Et voilà comment l’inconséquence est devenue la principale vertu intellectuelle d’avant-garde. » (René Girard)

« Le véritable changement ne peut prendre racine qu’à une condition : il faut qu’il jaillisse de cette cohérence que seule la tradition nous offre. La tradition ne peut être défiée avec succès que de l’intérieur … Vouloir que la nouveauté soit pure de toute trace d’imitation, c’est vouloir qu’une plante puisse pousser ses racines dans le ciel. » (René Girard)

« L’appétit et convoitise de tout innover, changer et remuer. » (Calvin) – « Des desseins formés pour innover en matière de droits… » (Cromwell s’en prenant à ces desseins) – Ainsi même des novateurs s’en prennent à l’hystérie du changement (laquelle ne reflète que le mal-être d’impuissants frustrés) et pas seulement des conservateurs comme Bossuet ou Hobbes, celui-ci : « Il en est beaucoup qui, se croyant plus sages que les autres, s’efforcent d’innover et à chaque novateur son innovation. » (textes dus à René Girard)

« L’odeur nauséabonde de l’hérésie avait fini par se dissiper, aussitôt remplacée par les vapeurs d’ivresse du progrès scientifique et technique … Jusqu’à même un Diderot (‘Toute innovation est à craindre dans un gouvernement’), le goût pour le changement était censé dénoter un esprit pervers et détraqué (lutte contre les hérésies, les protestants accusaient le catholicisme d’avoir rompu avec ses origines, ils voulaient une restauration non une innovation, les humanistes se tournaient vers les modèles révérés par le Moyen Âge…) … Tout bricolage délibéré de l’ordre social était non seulement sacrilège mais intrinsèquement dangereux, et susceptible de déclencher un désordre apocalyptique … Puis, chacun a fini par n’être plus que rupture, incessante et monstrueuse, moins avec les autres qu’avec son propre passé … Et voilà comment l’inconséquence est devenue la principale vertu intellectuelle d’avant-garde … Dans nos universités, insister sur les ruptures, fragments et discontinuités est toujours le comble du chic. » (René Girard – sur la rupture du XVIII° et surtout du XIX° siècle et l’aujourd’hui)

« Les dominants profitent du chaos, les opprimés s’en exaspèrent. » (Edouard Glissant – cité par Pierre Veltz) – C’est bien pourquoi la gauche, composée de dominants et à leur service, entreprend toujours de tout bouleverser.

« Le ‘changement’ est devenu un fétiche que l’on invoque et que l’on ressort pour donner l’idée que l’on agit dans le bon sens. On peut parler de fétichisme du changement dès lors qu’une valeur positive lui est systématiquement associée … Naturellement, pas question de soulever la nécessité du changement ou celle de sa finalité tellement la cause est entendue. » (Christian Godin)

« Je déteste tout changement violent, car je sais qu’il détruit pour le moins autant de valeurs qu’il permet d’en acquérir. Je hais ceux qui le préconisent … Suis-je pour cela un ennemi du peuple ? » (Goethe)

« L’invocation perpétuelle du changement finit par dissoudre tout repère de principe, par considérer les dimensions sociales et humaines comme de simples paramètres à adapter … Discours rendant le monde incompréhensible, insignifiant et vain … Eriger le changement en norme peut-il faire sens ? … Comment une collectivité humaine pourrait-elle vivre dans un état d’instabilité permanente ? … Comme le souligne Hannah Arendt, le besoin de permanence et de familiarité avec le monde est un des traits de la condition humaine … Les salariés des entreprises, et du reste toute collectivité humaine, peuvent-ils vivre dans un état d’instabilité permanente ? … Mobilité, flexibilité, réactivité étant les valeurs de référence, tandis que l’exigence de garanties et de stabilité devient synonyme d’immobilité et de refus du changement … Cette invocation  perpétuelle du changement finit par dissoudre tout repère de principe … Le monde devient un vaste chantier … La course pour rattraper le retard est sans fin … Un changement sans but ni sens autres que ceux d’une adaptation réactive à la mondialisation. » (Jean-Pierre Le Goff) – Certes, mais il s’agit d’un côté de dissimuler le chaos de la société et d’un autre de déstabiliser, paniquer, traquer les individus pour en faire de bons laquais, bien soumis.

« La rupture est à la fois changement de référent et changement de durée, elle se produit dans un ‘temps’ très court … – La rupture linéaire : un événement aléatoire se produit qui entraîne la disparition pure et simple du système (chute d’un météore, accident atomique d’envergure…) – La rupture structurelle : force devenant dominatrice d’une classe jusque là montante, franchissement de seuils (démographiques, technologiques…) entraînant des changements brutaux de types socioculturels – La rupture séquentielle : face aux ruptures structurelles ou linéaires qui diffèrent par la durée mais qui aboutissent toutes deux à un changement de modèle de développement, un troisième mode de discontinuité nous laisse apercevoir une autre histoire, qui se situe dans un monde radicalement autre, dans une perspective d’évolution en parfait désaccord avec celle dominante à tous les niveaux … conscience utopique … brièveté … négation de l’espace et du temps dominant (Commune de Paris, mai 68) … sans conséquence ‘stricto sensu’ … Hors des déterminations causales qui entourent l’événement et ne causant rien, du moins apparemment… » (Alain Gras)

« Les oracles modernes, sociologues, ethnologues, anthropologues, et surtout économistes, rejettent, s’ils sont conseillers du prince, le brusque renversement de tendances … Il est vrai que les traits qui composent l’idéologie occidentale du temps ne laissent guère de possibilité à cette inversion logique. » (Alain Gras) – N’attendons ni lucidité ni courage de la part de laquais largement stipendiés.

« L’Occidental, et surtout l’Occidental moderne, apparaît comme essentiellement changeant et inconstant, n’aspirant qu’au mouvement et à l’agitation, au lieu que l’Oriental présente exactement le caractère opposé … La ‘mode’, avec ses variations continuelles, n’existe que dans les  pays occidentaux. » (René Guénon)

« Le caractère le plus visible de l’époque moderne : besoin d’agitation incessante, de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante … C’est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n’est plus unifiée par la conscience d’aucun principe supérieur … morcellement indéfini, désagrégation, inaptitude à la synthèse, impossibilité de toute concentration … Mouvement et changement étant véritablement recherchés pour eux-mêmes, et non en vue d’un but quelconque. » (René Guénon) – Typique, le stupide slogan électoral récent : Le changement c’est maintenant. Le changement de quoi ? Pourquoi ?

« Le changement, n’ayant pas en lui-même sa raison suffisante doit recevoir d’un principe supérieur sa loi, par laquelle seule il s’intègre à l’ordre universel ; si au contraire il se prétend indépendant de tout principe supérieur, il n’est plus, par là même que désordre pur et simple. Le désordre est, au fond, la même chose que le déséquilibre, et, dans le domaine humain, il se manifeste par ce qu’on appelle l’injustice, car il y  a identité entre les notions de justice, d’ordre, d’équilibre, d’harmonie … Chaque fois que le désordre s’accentue, le mouvement s’accélère, car on fait un pas de plus dans le sens du changement pur et de ‘l’instantanéité’. » (René Guénon) – L’auteur n’a rien compris à la vertu du changement-incantation-parfaitement-vide. Il sert à faire élire des incapables, dont le roi fut François Hollande précédant, dans cette catégorie, Jacques Chirac de justesse. Il n’a non plus rien compris au désordre. Il sert à dominer un troupeau de paumés, à dissimuler les malversations. 

« Le besoin de changement n’est qu’une marque d’infériorité manifeste … Celui qui est parvenu à un état d’équilibre n’éprouve lus ce besoin, celui qui sait ne cherche pus.  … C’est parce que la civilisation moderne manque de principes qu’elle est éminemment changeante. » (René Guénon)

« Rien n’est plus exaspérant que ce qu’on pourrait appeler ‘l’idéologie du changement’ … que ce catéchisme impérieux … Ce que Pierre-André Taguieff  appelle le ‘bougisme’ … Ce qu’il ya d’humain en nous, ce qui nous permet d’exister en tant qu’êtres cohérents et équilibrés passe forcément par un minimum d’immobilité et de permanence. » (Jean-Claude Guillebaud) – « Le bougisme, la dernière en date des métamorphoses de l’idée de progrès, produite par l’appauvrissement maximal de celui-ci (détaché de toute notion, intention, finalité) … le mouvement idole, nouvel absolu. » (Pierre-André Taguieff)

« La rapidité du changement échappe ainsi, non seulement à notre contrôle, mais à la simple capacité que nous avions d’en évaluer … la portée. Les ‘choses’ cavalent maintenant très loin devant nous … Nous courons derrière elles penauds et abasourdis. Le réel échappe au pouvoir que nous avions de le penser. » (Jean-Claude Guillebaud)

« La rhétorique obsessionnelle du ‘changement’, qui, dans le discours contemporain semble avoir pour fonction principale de masquer l’absence de projet. On change pour changer … L’effacement de l’avenir, l’évanouissement du projet, favorisent curieusement, par compensation, une exaltation frénétique du changement. La thématique de la réforme … s’apparente à une psalmodie incantatoire. On réclame d’autant plus bruyamment le changement qu’on ne sait plus où l’on va. Il devient une valeur en soi, une plante cultivée hors soi… » (Jean-Claude Guillebaud)

 « La mobilité. A l’heure de la mondialisation, cette notion dépasse la seule question du déplacement dans l’espace. Elle s’apparente bien plutôt à un dogme, à une injonction que Pierre-André Taguieff définit comme la dernière métamorphose du progressisme : le ‘bougisme’ ; tout changement, tout mouvement se confond alors avec le progrès. » (Christophe Guilluy) – Il s’agit de détruire l’attachement au Village, notion considérée abstraitement ; lieu d’habitudes, de racines, de convivialité, de relative cohérence et harmonie culturelle, sociétale, traditionnelle, précieuse et valable en Kabylie, comme en Chine ou en Seine et Marne. Ce au moins pour les classes populaires. Les classes dominantes s’arrangeant parfaitement, elles, pour reconstituer et défendre leur séparation géographique et culturelle.

« On ne se baigne jamais dans le même fleuve. » (Héraclite)

« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,

« Fatigués de porter leurs misères hautaines,

« De Palos de Moguer, routiers et capitaines,

« Partaient ivres d’un rêve héroïque et brutal. » (José Maria de Heredia)

« Combien est insensé l’homme qui, dédaignant ce qui est à ses côtés, va rechercher ce qui est loin de lui. » (Hésiode)

« Il commença à dépérir et à vieillir, et adopta de plus en plus cette attitude lasse soucieuse et grave que l’on peu observer chez … les hommes et toutes les créatures vivantes : celles qui ne possèdent pas le pouvoir de se métamorphoser, sombrent avec le temps dans la tristesse, s’étiolent et perdent leur beauté. » (Hermann Hesse) 

« Les dévastateurs ne manquent jamais de prétextes. » (Victor Hugo  – Guerre aux démolisseurs) – Et il n’a pas eu le plaisir de connaître nos déconstructeurs, les Deleuze, Derrida, Foucault et la meute forcenée des pédagogistes.

« La passion ou la neurasthénie c’est l’instabilité ; et l’instabilité c’est la fin de la civilisation. » (Aldous Huxley)

« L’on perd bientôt sa route à chercher trop de voies. » (Christaan Huygens)

« Il faut du nouveau ! Il faut suivre son siècle ! Est-ce que la nature, la lumière, l’air, les passions humaines changent ? » (Ingres) – De fait, ces sages éléments ne changent pas, sauf sous l’effet criminel de notre action qui leur est extérieure, et toujours pour le pire.

« Dans certains cas, l’augmentation de la vitesse est un symptôme de perplexité alors que le ralentissement inhérent à la réflexivité est une condition de possibilité de changements plus profonds. » (Daniel Innerarity) – Et moins insensés. Mais réfléchir ! Se priver d’esbroufe !

« Le changement aujourd’hui a pris d’autres dimensions. Il est plus créateur, matériellement  plus destructeur, plus barbare, plus bavard, jusqu’à être assourdissant … Il est si brouillon, si irrésistible, si étourdissant, qu’il rend amnésique au point de ne pas savoir ce que l’on est. » (Claude Jannoud)

« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots. » (Jean Jaurès)

« Je suis né l’année où les frères Wright ont volé trois cent mètres, j’avais six ans lorsque Blériot a franchi la Manche, et vingt-quatre lorsque Lindbergh a franchi l’Atlantique. A soixante-six ans j’ai vu le débarquement d’hommes sur la Lune. Quels changements énormes dans l’ordre de grandeur des capacités humaines ! » (Bertrand de Jouvenel – La civilisation de puissance)

« L’homme, entendez l’individu, aime le changement, mais essentiellement celui dont il est l’auteur ; tandis qu’il le cause, il se sent agissant, puissant … Il faut donner au flux qui l’emporte un sens et une signification, un sens, il faut qu’il aille quelque part ; une signification pour l’individu qui doit se sentir non point emporté, mais auteur. » (Bertrand de Jouvenel)

« Résoudre la contradiction historique entre l’action génératrice de changement et la régulation qui a pour finalité légitime la conservation de l’ensemble social … avec une forte tendance au conservatisme … Auteur d’élan, auteur d’équilibre, …  Deux rôles, l’un mobilisateur, l’autre régulateur, qui ont été essentiels de tout temps dans toutes les affaires humaines … Tout changement n’est pas progrès. » (Bertrand de Jouvenel – sur le rôle de tout gouvernement) – Aujourd’hui si, paraît-il, puisque l’objectif des dirigeants est la table rase, la destruction de tout l’existant.

« Tout gueux qu’il fut, d’Artagnan avait son valet … La disparition des serviteurs personnels est du point de vue de l’égalité sociale un changement capital. La plus petite maison bourgeoise avait deux entrées, répondant à une classification fondamentale. Tout cela a disparu. Et c’est un des plus grands changements imaginables que l’effacement d’une distinction entre ‘servis’ et ‘serviteurs’. Cela tient-il au progrès technologique ? Que nenni !  … La politique de plein emploi, à elle seule, a été génératrice de plus de changement social que toutes les réformes sociales réunies … Et pas de retour possible, parce qu’on ne veut plus de ce genre de travail, c’est là une attitude psychologique nouvelle (plus la ressource alternative de l’allocation chômage) … Nous voyons ici un très important phénomène social de la vie quotidienne qui ne doit rien au progrès technologique … Si vous aviez fourni à un prévisionniste de l’année 1913 toute l’évolution technologique du demi-siècle suivant, jamais il n’en aurait tiré la disparition du phénomène domestique. » (Bertrand de Jouvenel)

« Plus ça change, plus c’est la même chose. » (Alphonse Karr) – Déjà, en 1850. Evidemment puisqu’il ne s’agit que de poudre aux yeux à destination des gogos pour se faire élire ou réélire.

« Lien certain, depuis la fin de la première guerre mondiale et plus encore après la fin de la deuxième, entre la poussée du syndrome anxio-dépressif et le bouleversement des équilibres anciens. » (Hugues Lagrange)  – Autrement dit avec la promotion, généralisation du bazar. 

« Il faut que tout change pour que rien ne change. » (prince de Lampedusa – Le Guépard) – Les bouleversements perpétuels sont effectivement destinés à masquer la domination de l’oligarchie dite républicaine.

 « La néophilie, l’amour du mouvement pour le mouvement, le culte du futur pour le futur : adaptation, plasticité, mobilité … Discrédit de toutes les acquisitions des valeurs culturelles antérieures. » (François Laplantine)

« Le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines. » (Christopher Lasch)

«De la navigation sur les mers et les fleuves jusqu’aux médias moderne en passant par les chemins de fer et par les transports aériens, est-ce que la capacité créatrice de la communication et de l’information s’accroît ? … Tout se passe comme si la production et la création variaient en sens inverse, l’une déclinant pendant que l’autre grandit. Les chemins de fer ont introduit plus de changements et de nouveautés que les autoroutes. » (Henri Lefebvre)

« Le monde devient inhumain lorsqu’il est emporté dans un mouvement qui ne laisse subsister aucune espèce de permanence. » (Bérénice Levet)

« La passion du changement de la gauche trouve son plus fidèle allié dans son prétendu ennemi, l’économie capitaliste et la loi du marché. » (Bérénice Levet)

 « Ce que les élitocrates considèrent comme désirables, ils le prétendent comme inéluctable .. ‘Accepter le primat du mouvement’. » (Elisabeth Lévy – citant alain Minc) – C’est le rôle des pantins comme Alain Minc, Jacques Delors…

« Faute d’avenir radieux à proposer, il ne reste en effet, qu’à décréter que l’avenir est radieux par définition, autrement dit à diviniser le changement. » (Elisabeth Lévy) – Mantra du discours politique. Le mouvement devenu fin en soi.

« Un changement n’est un progrès que si le fond reste le même. Un jeune chêne en grandissant devient un chêne majestueux. S’il devenait un hêtre, on ne parlerait plus de croissance, mais de mutation. » (C. S. Lewis) – Avec, notamment, les réformes dites sociétales, sous le nom séduisant et anodin de changement, on dissimule des mutations de la forme et du fond de la société.

 « L’aversion pour ‘toujours les mêmes choses’ est une des passions les plus utiles que nous ayons introduites dans le cœur humain. C’est une source intarissable d’hérésie en matière de religion, de folie dans les conseils, d’infidélité dans le mariage, d’inconstance dans l’amitié. Ce n’est qu’au prix d’efforts continus que nous pourrons maintenir ce besoin de changement permanent et anormal. » (C. S. Lewis – Tactique du diable) – Le changement c’est maintenant, délicieuse musique diabolique.

« En hypermodernité, il n’y a plus de choix, pas d’autre alternative que d’évoluer, accélérer la mobilité pour ne pas être dépassé par ‘l’évolution’ : le culte de la modernisation technicienne l’a emporté sur la glorification des fins et des idéaux. » (Gilles Lipovetsky) – D’où les dépressions, les suicides et le nombre de dingues en liberté.

« La mode et la coutume sont les deux grandes formes de l’imitativité permettant l’assimilation sociale des personnes. Lorsque l’influence des ancêtres cède le pas à la soumission aux suggestions des novateurs, les âges de coutume font place aux âges de mode … Pour la première fois l’esprit de mode l’emporte à peu près partout sur la tradition, la modernité sur l’héritage … Prééminence du présent sur le passé … amour des nouveautés.. » (Gilles Lipovetsky) – Avec la disparition de tout lien stable, de toute cohérence, pour finir dans la dépression générale. Nous y entrons.

« Le changement qui constitue un problème est celui qui modifie la relation entre deux variables dépendantes (exemple de l’accroissement du nombre d’automobiles et de la rigidité des axes de circulation, l’automobile n’est pas en cause, mais la relation  entre l’automobile et la ville, la force –armée – se mesure en fonction d’un adversaire à atteindre) … Pour qu’un problème se pose, il faut la présence de deux variables au moins, corrélées mais distinctes … si les deux variables parviennent à s’ajuster … il n’y a pas de problème. » (Walter Lippman)

« De la même manière que le taux de mutation doit être bien mesuré pour ne pas compromettre l’évolution génétique d’une espèce, il faut que pour chaque culture la possibilité de modifications possible demeure limitée … De plus entre la phase de démolition et la phase de reconstruction il y a forcément une période de vulnérabilité accrue … Le fait de jeter par-dessus bord une vieille culture n’en fait pas automatiquement naître une nouvelle et meilleure. »» (Konrad Lorenz)

« Les remises en question trop fréquentes entraînent une instabilité générale qui peut devenir mortelle pour une civilisation …  A partir de quel degré d’intensité, le progrès devient-il ‘régressif’ ? » (Alfred Fabre-Luce)

« Un changement en prépare un autre. » (Machiavel)

« Toujours en effet un changement laisse des pierres d’attente pour en édifier un autre. » (Machiavel – Le Prince)

« La nature nous a créés avec la faculté de tout désirer et l’impuissance de tout obtenir ; en sorte que le désir se trouvant toujours supérieur à nos moyens, il en résulte du dégoût pour ce qu’on possède et de l’ennui de soi-même. De là naît la volonté de changer. » (Machiavel)

« Si tu savais changer de nature quand change les circonstances, ta fortune ne changerait point. » (Machiavel)

« La voie vers la sérénité est un long apprentissage d’origine sacrée (monastères) qui se fonde sur le jeu rituel de la reconduction du même dans les menus actes de la vie quotidienne … La répétition est une protection contre le temps qui passe, contre l’angoisse du devenir, mais également contre la projection politique de ce devenir, à savoir l’uniformisation et le totalitarisme d’un processus linéaire et progressif dont l’expression la plus parfaite est l’Etat … La répétition est l’élément moteur des gestuels populaires. » (Michel Maffesoli) – Empêcher la sérénité, la tranquillité, l’obsession de tous les pouvoirs laïcs. Toujours tout bouleverser.

« L’humanité se séparera en riant de son passé. » (Karl Marx) – Elle ne rit plus du tout, et s’apprête à pleurer.

« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production et donc les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux … Le bouleversement constant de la production, l’ébranlement incessant de toutes les conditions sociales, l’insécurité et l’agitation perpétuelle, bref la permanence de l’instabilité et du mouvement, distinguent l’époque bourgeoise de toutes les époques antérieures. Tous les rapports sociaux stables et figés, avec leur cortège de conceptions et d’idées traditionnelles et vénérables, se dissolvent … Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée et tout ce qui était sacré est profané. » (Manifeste du parti communiste) – Ce qu’on appelle encore la gauche, la nouvelle bourgeoisie (au sens de classe dominante), les nouveaux Bobos et les Gogos, les éternels zombies gobe mouches aussi centristes qu’invertébrés de l’ancienne bourgeoisie, les laquais du monde médiatique, les parvenus du show-biz, les milliardaires de toute espèce, les people de la jet-set, se sont ralliés d’enthousiasme à la perspective du bouleversement systématique et sans fin requis par le nouveau capitalisme.

« Les analyses classiques d’Hannah Arendt ont établi que la Terreur totalitaire était ‘la réalisation de la loi du mouvement’. Elle a fait en sorte que ‘la force de la nature ou de l’histoire puisse emporter le genre humain tout entier dans son déchaînement’. L’action de l’homme devient effectivement démesurée quand la Nature et l’Histoire ne sont plus garantes de la permanence de la vie, mais deviennent des forces aveugles qui détruisent la masse indifférenciée des individus, non pas par un appareil répressif d’Etat, mais par un ‘mouvement constamment en mouvement’. » (Jean-François Mattéi)

 « Tocqueville a le premier attiré l’attention sur le ‘mouvement perpétuel’ qui règne au sein des démocraties et qui tend à modifier sans cesse la forme de la langue comme le contenu des pensées … Toutes les sociétés démocratiques qui … ‘aiment le mouvement pour lui-même’ … Cette ‘agitation générale’ … Toutes les révolutions et contre-révolutions qui ont bouleversé l’Europe, ‘tous ces mouvements’ qui ont détruit les pouvoirs intermédiaires traditionnels ont contribué à renforcer les Etats en égalisant les conditions sociales des sorte que ‘chaque pas que les nations font vers l’égalité les rapproche du despotisme’. » (Jean-François Mattéi – s’inspirant de et citant Tocqueville) – Le despotisme n’étant que la croissance destructrice de l’Etat. « La mobilisation infinie, la mythomotricité de l’Europe. » (Peter Sloterdijk) « La mobilisation universelle. » (Ernst Jünger)

« Qui veut changer trouve toujours une bonne raison pour changer. » (André Maurois)

« ‘Mouvement vers le mouvement, mouvement vers plus de mouvement, mouvement vers une plus grande aptitude au mouvement’. Tout est sous le signe de l’action et d’une action qui s’autoactive … Tout ce qui est potentiel doit se réaliser, rien ne peut rester en réserve. » (Yves Michaud – citant Peter Sloterdijk)

« Le monde change suffisamment par lui-même et malgré nous, il change déjà suffisamment ‘tout seul’ pour que nous n’en rajoutions pas de notre fait. La fameuse mondialisation ou globalisation, c’est précisément cela : l’expérience d’un changement puissant et continuel, d’une ‘révolution’ permanente du monde. » (Yves Michaud) – Mais si on les prive de leur drogue d’obsession du changement, que vont devenir tous les frustrés et les impuissants ?

« L’idée que le ‘mouvement’ en tant que tel puisse constituer un programme philosophique et politique à part entière est assurément étrange … Le ‘Progrès’ et la ‘Croissance’ ne sont que des habillages plus classiques de cette fuite en avant … Dans la pratique, un monde régi par le mouvement brownien des individus atomisés serait donc, sauf pour quelques minorités privilégiées (hommes d’affaires, artistes du show-biz, élite universitaire), un monde où prédomineraient nécessairement les emplois précaires, les ‘junk jobs’ et les contrats à durée déterminée, variante appauvrie de celui dans lequel nous vivons déjà … Il est clair que la constitution d’une expérience politique commune deviendrait rapidement problématique et que les possibilités de ‘tromper tout le monde tout le temps’ (formule d’Abraham Lincoln) en seraient accrues d’autant. » (Jean-Claude Michéa) – Douces perspectives que n’ignorent pas les leaders du parti du mouvement, le militant n’étant que l’imbécile de service jouant contre ses intérêts (propre de l’aliéné au sens étymologique et marxiste).

« C’est ‘proprement vivre les yeux fermés’ (pour parodier Descartes) que de continuer à ignorer, comme le font la plupart des intellectuels de gauche actuels, ce fait évident et massif : jamais dans l’histoire de l’humanité un système économique et social n’aura transformé à ce point, ni aussi vite, la face entière du monde et la substance même de l’âme humaine. » (Jean-Claude Michéa – sur le système capitaliste mondial qui constitue une force révolutionnaire permanente)

« Il n’y aura bientôt plus de réalité distincte, seulement des changements, des passages, des hybridations, d’incessantes métamorphoses. Nulle altérité ne résistera à l’arraisonnement, c’est-à-dire à la consommation. Nulle extériorité ne subsistera, rien n’échappera à la prise, tout deviendra fongible, commissible et disponible. » (Jean-Claude Milner – Les penchants criminels de l’Europe démocratique)

« L’erreur fatale qui consiste à confondre changement avec amélioration, et l’évolution avec un passage à des formes de vie supérieures. » (Ludwig von Mises) – Il faut être aussi obtus qu’un socialiste pour applaudir au slogan hollandien ‘du changement, c’est maintenant’

« L’artificialité domine car rien n’a de sens dans le grand provisoire environnant.» (Thomas Molnar)

« Il est dans la nature de l’homme qu’une fois surpris et ébranlé dans ses attentes, par les changements sauvagement imposés, il ne revienne pas à l’état d’équilibre mais se trouve désormais en état de vacillation. L’instabilité s’installe … l’axe se brise … le périmètre disparaît, le centre est partout. La mesure et les proportions se dissolvent, les certitudes tombent en poussière. » (Thomas Molnar) – Tout politicien sait que promettre le changement et le poursuivre sert à fabriquer des hommes déboussolés et soumis,  les meilleurs laquais.

« Rien ne presse un estat que l’innovation ; le changement donne seule forme à l’injustice et à la tyrannie. » (Montaigne)

« Il faut être attentif à ne point changer l’esprit général d’une nation. » (Montaigne) – Alors comment le gang gauchiste va-t-il arriver à tout pourrir avant de tout détruire ?

« Je suis dégoûté de la nouvelleté, quelque visage qu’elle porte et ai raison, car j’en ai vu des effets très dommageables … Le meilleur prétexte de nouvelleté est très dangereux … ‘Tant il est vrai qu’aucun changement apporté à l’usage ancien ne mérite approbation’ (adage latin). » (Montaigne)

« ’Il est dangereux de faire dans un Etat de grands changements’ (Machiavel) … Ils servent d’exemples et autorisent la fantaisie de celui qui voudra bouleverser tout, en ôtant le respect que l’on doit avoir pour les choses établies. » (Montesquieu) – Mais le but de tous ces changements continuels est bien justement de massacrer toutes les choses établies, et de plus d’insulter gratuitement ceux qui respectent la tradition et leurs ancêtres.

« Tous les trente ans le monde laisse tomber une peau. » (Paul Morand) 

« Valorisation du changement pour le changement : L’action est autolégitimée, l’action est le but ultime de l’action, les décisions sont vides de sens parce qu’elles n’ont pas d’autre but que l’action elle-même rattachement de l’action non à un objectif mais à une valeur très générale, attrape-tout, valeur vitrine qui masque l’absence de sens. » (Christian Morel – Les décisions absurdes…)  – Nos incantations politiques et leur absence de sens.

« Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir, mais au contraire le pousser. » (Nietzsche) – Oui, mais ne pas pousser, au contraire, ce qui tient ferme et bien.

« Rien ne peut changer en mieux parmi les hommes. » (Origène)

« Et si les multiples changements qui paraissent bouleverser sans cesse les habitudes et les modes de vie n’étaient que des trompe-l’œil pour que tout reste comme avant. » (Perrot, Rist et Sabelli) – Voir citation du prince de Lampedusa plus haut.

« Pour que les choses changent, ou donnent l’apparence du changement, il faut que l’imaginaire collectif acquiesce à la disparition de l’ancien et adhère à l’inéluctabilité du nouveau. » (Perrot, Rist et Sabelli) – D’où l’importance de diriger les média et de conditionner un public de Gogos.

« En tout, sauf ce qui est mal, il n’y a rien de plus périlleux que le changement. » (Platon – Lois). C’est pourquoi nos politiques le promettent et que les imbéciles, les frustrés, les ratés adorent qu’on leur en parle, ignorants que c’est justement fait pour leur retomber sur le nez.

« Souvent le rythme du changement n’a pas moins d’importance que sa direction : mais, s’il est fréquent que celle-ci ne relève pas de notre volonté, il se peut fort bien que dépende de nous le rythme auquel nous permettons que le changement survienne. » (Karl Polanyi)

« Quoi d’étonnant si le besoin de l’homme de croire à quelque chose, d’avoir solidement ancrés en soi quelques principes fondamentaux, se trouve contrarié par la remise en cause constante de tout ce sur quoi l’humanité s’est appuyée pendant des siècles. » (Georges Pompidou – mi-mai 1968) – Le but inavoué du changement perpétuel (voir le slogan du sot François Hollande) est bien de déboussoler l’homme afin de mieux l’asservir.

« Cessez d’emmerder les Français ! » (Président Georges Pompidou) – L’unique politique qui fut conscient que la multiplication infernale des lois, décrets, règlements, normes…  correspond surtout à l’objectif de montrer chaque matin qu’on fait quelque chose, de casser ce qui marche, d’abrutir les citoyens en les noyant sous des flots de changements inutiles sinon nocifs qui n’éblouissent que les Gogos salivant béatement sans avoir la moindre idée de ce qui va leur tomber le lendemain sur la g….. Il fallait vraiment être descendu bien bas dans l’échelle de la servile stupidité pour applaudir au slogan : Le changement c’est maintenant.

« Changer c’est d’abord changer de point de vue. »(Jean-Bertrand Pontalis)

« Jamais n’améliore son état celui qui change de lieu sans changer de vie et de mœurs. » (Francisco de Quevedo)

« Le progrès n’est plus qu’un élément du mouvementisme généralisé … ‘Se bouger’ … L’homme tendu sans fin. » (Robert Redeker)

« Promettons un changement et affirmons qu’il n’y a pas de véritable changement. » (Olivier Rey – Leurre et malheur du transhumanisme)

« Sous couvert de changer la société, la vie ou la culture, la subversion n’avait d’autre but en réalité que de faire place nette, de disqualifier l’héritage des générations précédentes, afin que les nouveaux maîtres n’aient aucun compte à rendre ni aucune continuité à assumer … Dégager l’horizon, se délester de la mémoire … Libres de toute allégeance, niant la validité des modèles auxquels auraient pu être confrontés leurs actions et leurs œuvres … Ainsi, se rendre invulnérables à toute culpabilité comme à toute contrainte … Le ciel et la terre rendus purs de toute présence, débarrassés de tout poids, silencieux et vides comme au premier matin du monde. » (François Ricard – sur la génération des années soixante) – Mais ces constatations sont applicables de tout temps à tous les obsédés du changement.

« Toute époque a ses déshérités, tels que ce qui était ne leur appartient plus, et pas encore ce qui s’approche. » (Rainer Maria Rilke) – Et ils sont particulièrement nombreux de nos jours. 

« Changer la vie. » (Arthur Rimbaud) – Dit par lui, c’était admirable, par Mitterrand, c’était minable.

« Celui qui renverse l’ancien autel pour en élever un nouveau, est un fanatique ; et celui qui renverse pour ne rien substituer est un insensé. » (Rivarol) – Choix du rôle pour nos dirigeants.

« Ce n’est la faute de personne, ce n’est que la faute du temps. » (La Rochefoucauld)

« Contrairement à ce que croient la plupart des politiciens et des démagogues … les hommes ont aujourd’hui plus besoin de stabilité, de respiration sur un palier, que de changement. Les programmes politiques dont la substance est ‘Il faut que ça change’ sont peut-être payants à court terme … Mais ils correspondent à des énervements passagers plutôt qu’à des besoins profonds. » (Raymond Ruyer) – De plus il faut tenir ses promesse ! On vient encore de le voir en France : Le changement c’est maintenant, piège à cons.

« Il n’y a pas grand intérêt à accélérer l’histoire, alors que le rythme des changements déborde déjà les capacités d’adaptation … La prétendue ‘sagesse des réformes de structures’ qui transforment les institutions en chantiers de démolition. Les bonnes réformes gardent les structures et rajeunissent les comportements. » (Raymond Ruyer) – Et si l’objectif justement était de démolir.

« La porte du changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur. » (Jacques Salomé)

« Le rythme de plus en plus rapide des changements oblige à accélérer sans cesse ce processus d’adaptation. Pour survivre, l’homme du XX° siècle est condamné à s’adapter à une société en changement permanent, où tout change sous ses yeux … Sur dix malades qui viennent consulter, sept présentent des troubles qui sont la conséquence directe de ce fléau … Le stress est d’origine psychologique. » (Hans Selye – cité parAlain Ehrenberg)

« Ce n’est pas de lieu qu’il faut changer mais d’âme. » (Sénèque)

« Il faut toujours craindre de changer de visage. » (Shakespeare – Macbeth)

« Notre monde ne vit que dans l’urgence et dans le ‘zapping’, l’obsession du mouvement et de l’action. Tout doit changer et bouger sans cesse : les hommes, les machines, l’information, les idées et les idéaux. Nos sociétés modernes ont développé une religion du mouvement perpétuel … Frénésie qui ressemble à une fuite en avant et à une perte de sens … Course folle, fascination pour l’éphémère et l’événementiel … La cinétique est l’éthique de la modernité. » (Peter Sloterdijk)

« Car si le pire doit effectivement se produire avant qu’un changement de mentalité puisse  commencer … ‘La catastrophe le leur montrera !’ Le désastre réellement présent comble selon toutes apparences la lacune entre l’argument et la révélation ; il surmonte l’écart entre l’appel à la conscience représentante et l’accablement par des évidences présentes … Mais les consciences sont plus dures que les faits, et celui qui naguère, ne voulait pas écouter les conseils, celui-là, désormais, refusera de s’instruire à ses dépens. » (Peter Sloterdijk – sur les catastrophes écologiques et autres à venir) – Mais on peut généraliser la fin.

« Quel orgueil que de vouloir changer le cours des choses, de vouloir sauver ce monde qui est un ‘torrent en crue’ … L’homme qui sait qu’il ne peut réussir mais continue ses tentatives. » (cité par Marc de Smedt – reprenant les critiques des Taoîstes contre les Confucéens et les bienfaits du non-agir)

« Le bonheur consiste dans la tranquillité et dans la jouissance. Sans tranquillité il ne peut y avoir de jouissance ; et dans une tranquillité parfaite, il n’est presque rien qui ne soit capable de procurer de l’amusement. Or dans toute situation personnelle, lorsqu’il n’y a aucune attente de changement, l’esprit de tout homme retourne … à son état naturel et habituel de tranquillité… La grande source de la misère et des désordres de la vie humaine semble naître de la surestimation de la différence entre telle situation permanente et telle autre. » (Adam Smith) – ‘Le changement, c’est maintenant’,  slogan d’escroc pour déstabiliser les imbéciles.

« Trop de gens se persuadent que changer et perfectionner sont synonymes. On croit marcher au progrès et on rétrograde. » (baron de Stassart)

« ‘Changer’, ‘échanger’ : tel est le bruit de fond d’un monde assigné à la ‘globalisation’ (nouveau nom de mondialisation). Tout défaire pour tout refaire. Tout détruire pour tout reconstruire. » (Pierre-André Taguieff)

« ‘Mouvement’ ou ‘changement’, idole, quelque chose comme un nouvel Absolu, un substitut de l’Être suprême … Les nouvelles élites transnationales exigent de tous les individus qu’ils bougent, qu’ils suivent le mouvement globalisateur … L’inhumaine tyrannie de cet impératif abstrait est telle qu’elle ne peut provoquer que déception et mésestime de soi. » (Pierre-André Taguieff) – Donc fournir les meilleurs laquais.

« Le ‘bougisme’, le dernier avatar historique de la ‘religion du Progrès’ dans la société communicationnaire … La pensée-slogan … Culte du mouvement pour le mouvement, du changement (sans contenu, forme vide susceptible d’être remplie par n’importe quel contenu idéologique) pour le changement … Changer est bon en soi … le changement incarne une valeur intrinsèque … ‘Adaptez-vous !’ ou le degré zéro de la pensée normative … La réforme perpétuelle comme suite indéfinie d’adaptations et de réadaptations dues à de fatales inadaptations … Les néoprogressistes n’osant plus employer le mot ‘progrès’ recourent à des mots idéologiquement plus neutres : changement, développement, croissance, transformation, innovation, avancée ou réforme, disruption (un nouveau)  qu’ils opposent à : immobilisme, stagnation, résignation, etc.,   et à condition, certes de ‘penser ensemble’ de ‘vivre ensemble’, de ‘réussir ensemble’ … Il s’agit toujours d’aller vers le mieux … Invention du concept creux de ‘start-up nation’. » (Pierre-André Taguieff)

« De nos jours, en notre siècle de mode déployée et envahissante, les œuvres artistiques et les actes vertueux sont à peu près semblables partout … mais, de dix ans en dix ans, pour ne pas dire d’année en année, les manières … se transforment avec les goûts du public (ceux que l’on dicte au public !), et les maximes morales elles-mêmes s’usent, s’altèrent, se renouvellent avec une effrayante facilité. » (Gabriel Tarde) – Déjà, en 1900 !

«  Vous et moi. » (Mère Térésa – en réponse à la question, Que changer pour que le monde aille mieux ?)

« A travers nos mutations les plus imprévues, nous nous sentons rassurés et comme absous par la permanence de notre identité. Tandis que les changements des autres nous déconcertent et nous blessent comme des trahisons. Nous sommes évolutionnistes en ce qui nous concerne, avec de fortes tendances au fixisme dans nos exigences envers le prochain. » (Gustave Thibon)

« Aujourd’hui au contraire, tout tend à s’uniformiser dans l’espace (mode, cuisine…) mais cette variété perdue dans l’espace se retrouve dans le temps (succession des modes à une cadence de plus en plus accélérée) … On a supprimé d’une part la diversité (dans l’espace) qui était le reflet de la richesse et d’autre part la résistance aux morsures du temps qui était le reflet de l’éternité. » (Gustave Thibon)

« L’extraordinaire fortune du mot ‘évasion’ montre à quel point l’homme moderne se sent prisonnier, de tout (travail, proches, lieu…). D’où cette névrose de changement et de nouveauté. » (Gustave Thibon)

« L’obsession du progrès manifestée par une inlassable recherche du changement, de la nouveauté … La religion du progrès, pratiquée sans véritable joie,  est une école du mépris. » (Pierre Thuillier) – Du passé, des attardés, etc.

« Qui ose penser l’avenir d’une humanité vouée à l’idolâtrie d’un ‘changement’ sur lequel elle n’a pas de prise et qui lui inspire une terreur inavouable ? » (Denis Tillinac)

« Le monde politique change, il faut désormais chercher de nouveaux remèdes à des maux nouveaux. » (Alexis de Tocqueville)

« Dans la société traditionnelle, c’est le passé qui est source de légitimation ; dans le monde totalitaire, c’est l’avenir … La place qu’occupe l’individu dans ce projet social : d’un côté libre, d’un autre soumis. » (Tzvetan Todorov) – De ce point de vue, il n’y a plus que des sociétés plus ou moins totalitaires, ce dont on se doutait.

« D’une part, le changement implique la violence (à preuve les guerres religieuses en France), alors que ses bénéfices sont incertains ; d’autre part, le changement va forcément contre le consensus, et donc privilégie la raison individuelle  au détriment de celle de la communauté. » (Tzvetan Todorov – résumant une opinion de Montaigne)

« Il ressentait … qu’il avait accompli la tâche essentielle de la vie qui est de transporter jusqu’au lendemain les effets et les  fruits du labeur de la veille. L’humanité ne s’est lentement élevée  que sur le tas de ce qui dure … La nature a fait que nous portions avec nous de quoi résister quelque peu à l’inconstance des événements ; la graisse qui est sur nos membres, la mémoire qui  se tient toute prête … ce sont des modèles de ressources que l’industrie a imités. » (Paul Valéry)  – C’est pourquoi il convient de sans cesse tout bouleverser afin de ramener l’humanité en arrière.

« Les principes de la démocratie et des droits de l’homme n’ont pas de plus sûr garants que la nécessité où le marché mondial se trouve de vendre n’importe quoi à n’importe qui. Il s’ensuit que les valeurs du passé vont à la casse à la cadence de marchandises obsolètes. » (Raoul Vaneigem – Adresse aux vivants)

« La foule à têtes d’hydre qui ne fait que soupirer après le changement. » (Webster)

« Depuis plusieurs siècles, les hommes de race blanche ont détruit du passé partout, stupidement, aveuglément, chez eux et hors de chez eux … Les Occidentaux avant de mettre à mal le passé des autres, s’en sont pris au leur propre. » (Simone Weil – L’Enracinement)

« Le repos des choses est une illusion dans un monde perpétuellement mouvant, de même que le retour des phénomènes. Mais cette illusion est pour nous une condition d’existence. » (Simone Weil) – Celle que l’on s’efforce de détruire à tout prix.

« L’espèce humaine est en fin de course. L’esprit n’est plus capable de s’adapter assez vite à des conditions qui changent plus rapidement que jamais. » (H. G. Wells) – C‘est pourquoi il est parfaitement pervers de rajouter à la confusion générale par une sorte de diarrhée législative, sauf si on désire accroître le b….., ce qui semble être le cas.

 « On pourrait être tenté de raisonner sur la trahison comme on raisonne sur le changement en général. Trahir, après tout, ce n’est rien d’autre que changer (de maître, d’opinion, de vêtements…) … Tout coule disait déjà Héraclite. » (Eric Werner) 

« Tout ce qui change perd de sa valeur. » (poème du XII° siècle – cité par Gilles Lipovetsky) – Et c’est bien pour cela qu’on change toujours tout, pour relancer la machine à gaspiller les choses et à décerveler les Êtres.

« Le tigre ne peut pas changer ses rayures ni le léopard ses taches. » (adage)

« Tel change qui ne s’améliore. » (proverbe)

« Change de ciel, tu changeras d’étoile. » (proverbe)

« Il ne faut pas changer d’attelage en traversant une rivière. » (proverbe)

« Changement d’herbage réjouit les veaux. » (proverbe)

« Pierre qui roule n’amasse pas mousse. » (proverbe)

« Avoir honte de changer, c’est avoir honte d’être humain. » (?)

« Je voulais changer le monde et changer la vie parce que je n’arrivais pas à me changer moi-même. » (?)

« Quand tout marche bien il est grand temps d’entreprendre autre chose. » (?)

« L’homme absurde est celui qui ne change jamais. » (?)

Ci-dessous, des extraits de l’ouvrage de François Jullien, Les transformations silencieuses.

 « Des modifications qui ne cessent de se produire devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu’on ne les perçoit pas. Mais on en constate soudain le résultat ; qui nous revient en plein visage … Ce qui se produit inlassablement sous nos yeux … mais ne se voit pas, ne se discerne pas … Discret par sa lenteur en même temps que trop étale pour qu’on le distingue … Aucun début n’est assignable, on a toujours commencé de vieillir … Grandir, vieillir ; l’indifférence qui se creuse jour après jour entre les anciens amants sans même qu’ils s’en aperçoivent, elle et lui ne s’aiment plus ; les Révolutions se renversant sans crier gare en privilèges ; le réchauffement de la planète ; l’émergence puis le déclin d’une classe sociale ; on ne voit pas le blé mûrir, les rivières creuser leur lit, les glaciers fondre ou la mer ronger le rivage … C’est ‘tout’ qui se modifie, rien n’est isolable, aucun facteur ne peut être discerné, même étalé sous nos yeux, ne se voit pas … Silencieux est plus juste qu’invisible, la transition ne fait pas crier, ne suscite ni résistance ni rejet, on ne l’entend pas progresser … Les transformations sont aussi silencieuses par leur mode d’avènement parce qu’elles sont infiniment graduelles, non pas locales mais globales, à la différence de l’action, ne se démarquant pas, ne se remarquant pas, aussi parce que nous tenons à part les déterminations opposées : jeunesse et vieillesse, force et faiblesse  … La brèche esquissée est devenue fissure – fente – faille – fossé … La modification ‘bifurque’, la continuation ‘poursuit’, l’une ‘innove’ et l’autre ‘hérite’ … Le plein été, le plein hiver, sont dans la continuation … La glace devenant eau. La pensée occidentale abordant le réel en terme ‘d’être’ et, par suite, de substance, fait obstacle à la saisie de la transition en maintenant l’unité factice d’un troisième terme, d’une identité, substrat-sujet du changement … Bergson nous met en garde, ‘nous regardons’ bien le changement mais ‘nous ne l’apercevons pas’ parce que notre intelligence morcelle, isole et stabilise … Il faudrait se représenter tout changement, tout mouvement comme indivisible, or nous les décomposons en positions successives laissant échapper le passage par lequel se franchit l’intervalle … Parce qu’elle a privilégié la finalité le ‘vers quoi’, la philosophie européenne a porté son attention sur le terme et non sur la transition, elle a enjambé la vieillesse pour ne garder en vue que la Fin : la mort … Mais Montaigne ‘Pendant la vie, vous êtes mourant’ … Il suffit d’une photographie retrouvée pour rendre enfin saillant ce travail du silence … Entre le moment où elle n’a pas encore accédé au visible et celui où elle s’est désormais trop étalée et confondue au sein du visible, la transformation n’offre qu’un étroit interstice de perceptibilité, c’est pourquoi c’est avec tant de vigilance qu’il faut la ‘scruter’ … Au terme de l’essor se reconnaît le déclin. Dépensant mes forces avec succès au temps de l’essor, je commence à les épuiser, plus je les étale, plus je les fragilise, plus j’occupe de terrain, plus je peine à le conserver (le ‘limes’ de l’Empire romain poussé trop loin) … La transformation silencieuse en vient à faire paraître aujourd’hui comme allant de soi et passant sans mot dire, sans le remarquer, ce qui, auparavant, nous aurait fait sincèrement protester, tellement c’était impossible, même inimaginable … Temps long, face au temps court de l’événement, face au récit traditionnel historique ‘attentif au temps bref, à l’individu, à l’événement …précipité, dramatique’ … Transformation toujours silencieuse dont l’événement, affleurement, parce qu’il s’en détache, n’est que le marqueur et l’indice. »

Ci-dessous extraits de l’ouvrage d’Alvin Toffler, Le choc du futur, mélange de pessimisme et d‘optimisme assez caractéristique de l’époque. Publié en 1970, ses prédictions technologiques apparaissent naturellement aujourd’hui comme erronées ou disproportionnées dans un sens ou dans l’autre (qu’on fasse mieux ici et aujourd’hui en prévision pour les années au-delà de 2060 !). Il n’avait pu prévoir la ceinture de satellites et ses conséquences : Le GPS, l’avènement d’internet, donc l’ubérisation, l’amazonisation, du monde, le e-commerce, les réseaux sociaux rassemblant la horde bestiale des délateurs. Mais son approche de la brutalité des bouleversements continuels technologiques et de leurs incidences dans les domaines sociologique et psychologique est pertinente : famille en lambeaux, mystique de la maternité, apparition des parents professionnels et marchandisation, papas homosexuels, extension de la location en tout, envahissement des déchets, nomadisme des gens, urbanisation délirante, effondrement de la hiérarchie (avouée et officielle), apparition des ordinateurs dans l’enseignement, spécialistes des loisirs, mini-héros (nos grotesques people), usines à styles de vie (les petites tribus), surabondance de ‘moi’, bombardement des sens et sur-stimulation cognitive et sensorielle, surabondance d’informations, célébrations mondiales (conquête de l’espace…), usage de la drogue,  explosions périodiques de vandalisme et de violence incontrôlée, apathie, stress décisionnel – Ces points relèvent de l’écriture en italiques, car recensés, entre autres, par Alvin Toffler.

 « Provisoire, éphémère, atmosphère et sensation d’instabilité. Trois types : – La brièveté des choses, des possessions, des endroits, des gens, des organisations – La nouveauté des sciences, des relations et structures sociales – La diversité des choix, des modes de vie, des sous-cultures … Crise historique d’adaptation par la conjugaison de la diversité avec l’éphémère et la nouveauté … 90% de tous les hommes de science que la terre ait jamais connus sont actuellement en vie … La majorité écrasante des biens matériels dont nous nous servons dans notre vie quotidienne ont vu le jour au cours de la présente génération … La société toute entière se dirige vers un fonctionnement ininterrompu vingt-quatre heures sur vingt-quatre … ‘Future shock’ est le stress et la désorientation que nous provoquons chez les individus en les soumettant à trop de changements dans un temps trop court … Le choc du futur ne représente plus aujourd’hui une menace en puissance pour un lointain avenir mais une maladie réelle qui affecte déjà un nombre accru de personnes … On parle de ‘former les gens en vue du changement !’ … Analogie avec le ‘choc culturel’ qui désigne l’effet produit sur un visiteur pris au dépourvu lorsqu’il se trouve plongé dans une culture étrangère … Le réseau des liens sociaux est si serré que les conséquences d’un événement se répandent instantanément dans le monde entier … Nous avons imposé au changement un rythme radicalement nouveau … Jadis, un siècle ou parfois plus s’écoulait entre une idée et son application (machine à écrire, procédé de conservation de la nourriture en boîte, c’est-à-dire les conserves…), aujourd’hui la société industrielle ne peut même plus endiguer une telle accélération … Emballement sans discernement du moteur de l’évolution et incidences sur les facultés d’adaptation et également sur l’aptitude à agir raisonnablement … La prévision impossible dans un environnement imprévisible et la mise en danger de l’aptitude à ‘voir’ l’avenir personnel … stress décisionnel … Réaction par le refus catégorique devant des mutations trop rapides … Disparition des rites qui constituaient un bon antidote au changement. »

-Ci-dessous, quelques extraits d’un livre d’Hartmut Rosa, Accélération, une critique sociale du temps.

 « Les structures temporelles de la modernité sont essentiellement placées sous le signe de l’accélération … Les groupes et groupements se définissent comme ‘mouvements’. … Victoire du temps sur l’espace … Nous n’avons pas le temps, alors même que nous en gagnons toujours plus … Plus le degré d’habitude et de routine diminue, plus le temps devient alors un problème … ‘Notre temps’ quotidien est perçu comme enchâssé dans le temps de son époque … ‘Nous dansons de plus en plus vite uniquement pour rester au même endroit’ (?) … Plus on dispose d’objets, moins on a de temps à consacrer à chacun (‘je devrais faire’, ‘il faudrait que je fasse’…) … Nous sommes constamment occupés à éteindre le feu (à venir à bout des problèmes urgents) … – Accélération technique (on n’a mis que quatre ans pour passer de la première à la cinquante millionième connexion Internet) – Accélération du rythme de vie, soit augmentation du rythme de vie par l’augmentation du nombre d’épisodes d’action et / ou de vécu par unité de temps – Accélération de la vitesse des transformations sociales et culturelles, impossibilité de maintenir l’ambition de préserver la synchronisation et l’intégration sociales (la démocratie et les rythmes électoraux, eux-mêmes facteurs d’accélération) …  Il faut planifier sa vie à long terme, mais une telle démarche rationnelle est rendue impossible par la contingence croissante des condition sociales … De plus, plus la durée de coïncidence entre espace d’expérience et horizon d’attente (le présent) est brève, plus le nombre d’épisodes de vécu par unité de temps est élevé, et plus la transformation du vécu en expérience devient improbable … Le temps de la modernité est un temps privé d’expériences qui consiste en un enchaînement non cumulatif de vécus-chocs non reliés entre eux, dont ne résulte aucune expérience … ‘Tout ce qui avait solidité et expérience s’en va en fumée’ (Manifeste du parti communiste) … L’ethos Capitaliste (issu de l’éthique protestante) exige de mettre le temps à profit … ‘C’est assez désagréable de ne pouvoir plus rien apprendre pour toute la vie’ (Goethe déjà – ‘Les affinités électives’) … Le fait que chacun sait que les autres font les choses différemment contraint à trouver des justifications pour son propre mode de vie ou à changer par conformité. »

Quelques termes pour exprimer la bienfaisance et l’inéluctabilité du changement et de l’agitation perpétuelle ; langage baptisé Movlangue par Pierre–André Taguieff.

Bouger (les choses, la société, les gens… ça bouge partout, même pour nos loisirs…), Evoluer, Révolutionner, Innover, Moderniser, Avancer, Prendre de l’avance ou rattraper le retard, Ne pas rater le train de…, Accélérer, Efficacité, Flexibilité, Réactivité, Rentabilité, Souplesse, Polyvalence, Mouvement, Adapter et s’adapter, Alléger, Assouplir, Dégraisser, Complexe, Pluriel (là tout est dit)

A l’opposé, les vilains ou les pauvres types qui répugnent à se trémousser en cadence sont rangés dans les : Frileux, Rigides, Crispés, Moisis, voire Réactionnaires, dont les réactions sont archaïques, pire populistes.

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