080,4 – Chagrin, Peine, Tristesse

– Ne refusons pas, ne combattons pas la tristesse. Ecoutons plutôt ce qu’elle nous dit, le message qu’elle veut nous faire passer, sur notre situation, sur nous, sur nos manques et nos erreurs… Grâce à  la prise de conscience qu’elle peut révéler, rectifions avant qu’il ne soit trop tard.

– Quoi de plus émouvant qu’un chagrin féminin, un vrai comme il en est.

– Avoir laissé partir quelqu’un pour toujours sans lui avoir montré que vous l’aimiez.

– D’après l’excellent observateur qu’était Philippe Muray, visant la généralisation des apitoiements, pleurs, sanglots, larmes, gémissements, plaintes, récriminations, déplorations, fleurs et bougies, nous sommes entrés en régime de lacrymocratie.

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« Si vous les plaignez ils se sentent malheureux, sans remède ; si vous ne les plaignez pas, ils se disent qu’ils n’ont plus d’amis et qu’ils sont seuls au monde. » (Alain – sur les mélancoliques)

« Aucun homme ne peut demeurer dans la tristesse. » (saint Thomas d’Aquin)

« Le chagrin frelaté veut se distraire, et veut qu’on le distraie, le chagrin authentique répugne au partage, ilsouffre encore mieux l’indifférence que l’indiscrétion. » (Emmanuel Berl)

 « Mais le chagrin que l’on se donne à soi n’excuse nullement celui que l’on donne aux autres. » (Emmanuel Berl – à propos des ruptures)

« Il n’y a de véritable tristesse que dans la honte ; la honte seule est triste. » (Georges Bernanos)

« Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. » (Léon Bloy)

« Le marché de l’affliction. » (Pascal Bruckner)

« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. » (Henri Calet)

« C’est peut-être çà qu’on cherche à travers la vie, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. » (Louis-Ferdinand Céline)

« La mélancolie : le temps devenu affectivité. » (Emil Cioran)

« Il n’y a pas de cafard qui résiste au bricolage. » (Emil Cioran)

« A la faveur du cafard, nous nous souvenons de celles de nos vilenies que nous avons enfouies au plus profond de notre mémoire. Le cafard est le déterreur de nos hontes. » (Emil Cioran)

« La mélancolie n’est pas le malheur, mais le sentiment du malheur, qui n’a rien à voir avec ce qu’on affronte, puisqu’on l’éprouverait même au cœur du paradis. Nul besoin d’adversité ni d’enfer, la  certitude de l’inéluctable ressenti comme mélodie sans trêve, comme tonalité fondamentale de la vie. » (Emil Cioran)

« La tristesse a presque toujours une raison précise, tandis que, dans la mélancolie, on ne peut assigner aucun déterminant extérieur à la conscience … Pourquoi l’acte sexuel est-il suivi d’abattement, pourquoi est-on triste après une formidable ébriété ou un débordement dyonisiaque ? … Nous sommes tristes après certains exploits parce que, au lieu du sentiment d’un gain, nous éprouvons celui d‘une perte. La tristesse surgit chaque fois que la vie se dissipe ; son intensité équivaut à l’importance des pertes subies. » (Emil Cioran)

« Mon âme est triste à en mourir. » (Evangiles – L’unique plainte de Jésus ; l’apparente inutilité de son sacrifice pour  les hommes présents et la multitude à venir ?)

« Mélancolie. –  Signe de distinction du cœur et d’élévation de l’esprit. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Prenez garde à la tristesse, c’est un vice. » (Flaubert)

« La tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé. » (pape François)

« La joie paraissait vulgaire, signe d’une trop bonne et bête santé, et le rire faisait grimacer le visage. La tristesse se réservait le privilège de la spiritualité, et partant, de la profondeur. » (André Gide – Les nouvelles nourritures terrestres)

« Les mots de Sénèque ‘Il n’est pas conforme à la Nature de se laisser briser par le chagrin’ peuvent-ils être encore compris à l’heure où le sentimentalisme victimaire paraît triompher. » (Jean-Pierre Le Goff)

« ‘Ce qui aurait pu être’, les mots les plus tristes de la langue. » (William James)

« L’objet de la nostalgie, ce n’est pas tel ou tel passé, mais c’est bien plutôt le fait du passé. » (Vladimir Jankélévitch)

« La jeunesse, les années perdues, les printemps perdus, les rencontres sans lendemain et toutes les premières-dernières fois dont notre route est semée … Les deux anachronismes qui s’expriment dans les mots ‘Trop tôt’ ou ‘Trop tard’. » (Vladimir Jankélévitch )

« La vie est finie et par conséquent toute réitération advient comme une chance inouïe et un hasard miraculeux ; les vécus de cette vie sont tous voués à devenir, tôt ou tard, objets de nostalgie. Je sais d’avance que je ne les revivrai plus, si banals soient-ils. » (Vladimir Jankélévitch)

« Mélancolie : chagrins qui n’ont pas de nom. » (Joseph Joubert)

« Au lieu de se plaindre de ce que la rose a des épines il faut se féliciter de ce que l’épine est surmontée de roses. » (Joseph Joubert)

« La tristesse apprend à éviter les situations qui la provoquent, elle amène à se retirer  de l’action et à réfléchir sur ses erreurs. » (François Lelord, Christophe André) – En ce sens, elle ne peut être que bénéfique.

« La plupart des peines n’arrivent si vite que parce que nous faisons la moitié du chemin. » (duc de Lévis)

« Le chagrin n’est pas un état, mais un processus. » (C. S. Lewis)

« Cette pression permanente du progressisme tous azimuts, avec ‘sauvetage de la planète’, ‘lutte contre l’islamophobie et l’homophobie’, y compris dans les stades, ‘égalité hommes-femmes‘ tellement ressassée qu’elle instaure progressivement la guerre hommes-femmes, multiculturalisme, migrants, PMA pour toutes, et bientôt GPA pour tous, honte du passé colonial, antispécisme et véganisme, ‘laïcité’ antichrétienne obsessionnelle, etc…, tout cela matraqué tous les jours, de toutes les façons et à tous les étages, tout cela nous tue. Notre société est devenue irrationnelle, suspicieuse, schizophrène, agressive, méchante, tout le monde s’épie, s’accuse et se dispute. Elle n’a plus rien d’humain. Surtout, elle est devenue d’une tristesse absolue. Quand arrêtera-t-on ce lavage de cerveau ? Quand nous laissera-t-on vivre ? Qui nous délivrera du progressisme ? » (François Martin)

« Il est resté comme un abîme

« Entre ma vie et le bonheur,

« Comme un mal dont je suis victime,

« Comme un poids jeté sur mon cœur !

« Dans le chagrin qui me dévore,

« Je vois mes beaux jours s’envoler…

« Si mon œil étincelle encore

« C’est qu’une larme en va couler ! » (Gérard de Nerval –Pensée de Byron)

« Tout est perdu, ce que je suis et ce que j’ai,

« Comme de l’eau qui n’a personne pour la boire,

« Comme un morceau de pain que nul n’aura mangé,

« Et voilà qu’il me reste une âme dérisoire,

« Pleine d’un don immense et lourd, sans rien donner. » (Marie Noël – citée par Gustave Thibon)

« Peu de chose nous console parce que peu de chose nous afflige. » (Blaise Pascal)

« Être empêché de songer à soi … Ils ne laissent pas d’être misérables et abandonnés, parce que personne ne les empêche de songer à eux … C’est être bien malheureux que d’être dans une tristesse insupportable, aussitôt qu’on est réduit à se considérer, et à n’en être point diverti. » (Blaise Pascal – sur le divertissement)

« Pour triompher de votre chagrin, appelez votre raison au secours. » (Pétrone)

« On ne supporte pas toujours bien les larmes qu’on fait verser. » (Marcel Proust)

« La seule vraie tristesse est l’absence de désir. » (Charles-Ferdinand Ramuz)

« Maintenant que l’on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l’expression ‘tristesse de ce monde’. Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dés l’instant où ils ne furent plus interdits. Même poussés à l’extrême et infiniment renouvelés ils semblent fades, parce qu’ils sont tous finis, et qu’il y a en nous une faim d’infini. La racine la plus profonde de notre tristesse c’est l’absence d’une grande espérance et l’inaccessibilité du grand Amour : tout ce que l’on peut espérer est connu. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Il est des gens si compatissants qu’ils ressusciteraient volontiers nos vieux chagrins pour pouvoir nous en consoler. » (Charles Régismanset)

« Ce ne sont pas les peines d’un état qui nous dégoûtent, mais les plaisirs d’un autre. » (Rivarol)

« Plus un homme augmente ses attachements, plus il multiplie ses peines. » (J. J. Rousseau)

« Il y a deux moyens d’oublier les tracas de la vie ; la musique et les chats. » (Albert Schweitzer)

« La joie, passion qui reflète le passage à une plus grande perfection ; la tristesse, passion par laquelle elle passe à une perfection moindre. » (Spinoza)

« On ne se console pas des chagrins, on s’en distrait. » (Stendhal)

« Je supporterai que tout pleuve sur moi, et il pleut fort pour le moment, tant j’ai été affligée. » (sainte Thérèse d’Avila)

« J’avais oublié d’apporter un bouquet de bleuets cueillis pour elle. Je me faisais vraiment des peines de tout ! » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus – sur la tombe de sa mère)

« Il pleure dans mon cœur

« Comme il pleut sur la ville ;

« Quelle est cette langueur

« Qui pénètre mon cœur ?

« C’est bien la pire peine

« De ne savoir pourquoi,

« Sans amour et sans haine,

« Mon cœur a tant de peine. » (Paul Verlaine)

« Rien n’est meilleur à l’âme

« Que de faire une âme moins triste. » (Paul Verlaine)

« Les petites peines sont bruyantes et les grands chagrins muets. » (proverbe)  

« La tristesse qui agit est une tristesse relativement bien portante. » (?)

« La dictature du chagrin. » (?) – A la fois confortante et effrayante. Oui, ça existe dans les sociétés émotionnelles ou émotionnées, spontanément ou non. A rapprocher de : « Ces déluges de larmes, de paroles, de gestes, de vertus, qui amènent à courte échéance un déluge de sang. » (Jean Giraudoux).

Ci-dessous, extraits du livre d’Emmanuel Godo, Ne fuis pas ta tristesse.

  « Elle n’est pas toujours cette grisaille qui rabat nos joies, ce fardeau qui entrave nos élans. Elle est aussi la frange de lumière adoucie qui nous relie à tout ce qui, dans nos vies, s’est enfui … Notre mémoire, notre trait d’union entre ce que nous sommes et ce que nous avons été … Ecoute ta tristesse, elle en sait plus long que toi sur toi-même, elle sait plus sûrement que toi ce dont tu as besoin … Tu ne la tromperas pas, elle te reviendra, exacerbée par le mensonge que tu lui auras opposé … elle ne sera dupe d’aucun de tes subterfuges, elle te demandera des comptes, fera la liste de tes manquements, ne pardonnera aucune de tes esquives, te fera sentir la plus infime de tes dérobades, tes négligences, tes possibles restés à l’état de moignons, ta vie passée à côté … Regrets, souvenirs, défaites, grondement sourd de l’inaccompli … Lorsqu’elle paraît, elle fait tomber avec elle les mascarades qui défigurent l‘aventure de la vie … Mais, ‘La tristesse n’est qu’un mur entre deux jardins’ (Khalil Gibran) … C’est le travail de la paix au sein de tes morsures et de tes afflictions …  Par elle, je suis ici et un peu avec tout ce que j’ai perdu. Je suis aussi là-bas, dans tous les là-bas de ma vie … ‘Les instants de tristesse où quelque chose de nouveau entre en nous … plus nous en faisons l’acquisition, plus il sera vraiment nôtre’ (Rainer Maria Rilke) … Nous trouverons encore de bonnes raisons pour nous refermer comme des huîtres … nous reprendrons nos cuirasses, nous dirons au compatissant, en nous, de repasser plus tard … Cette tristesse de vaincu, nous la camouflons, nous la dissimulons par toutes sortes de masques : le bien-intentionné-qui-fait-ce-qu’il-peut, l’affairé, le grave, l’occupé-à-des-choses-plus-importantes, le distrait, celui-à-qui-on-ne l’a-fait-pas, celui-qui fera-mieux-la prochaine-fois … Elle dessine les contours, même si c’est en creux et dans une encre douloureuse, de la vie désirable … Elle nous apprend le véritable prix des choses … Elle nous délivre de nos désirs de conquête et de nos fantasmes de possession … Prière qui ne dit pas son nom, elle nous appelle au dépouillement … Tristesse des lendemains, des voiles déchirés, des mots de trop, des mots blessants … des blessures infligées contre ta volonté … tristesse de l’irréparable … Le réveil après la colère, le premier regard sur la dévastation … La simple tristesse des dimanches soirs … Par différence, sinon opposition, à la douce tristesse confiante, ‘espérante’, tournée vers le Bien qu’elle désire (ta tristesse connaît le chemin de la maison du Père), il existe une tristesse qui est obstacle, réticence, résistance, attachement déraisonnable aux ombres … consentement à la paresse, à la bassesse … une tristesse qui se prend elle-même pour fin … goût morbide, pente à la mélancolie qui se nourrit elle-même, satisfaite dans son marasme …  ‘Le souvenir de tes péchés te rend à juste titre triste et inquiet, tristesse salutaire tant que le désespoir ne s’en mêle pas’ (saint Augustin ?). »

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