065,1 – Autorité, Admiration, Respect

 – Autorité, à titre personnel : étymologiquement, qui émane de soi, destinée à faire croître autrui.

– Distinction entre pouvoir et autorité. Les deux ne vont pas forcément de pair. Le pouvoir se conquiert, il est légal. Il se qualifie par son origine, il offre rarement, il aurait plus souvent tendance à prendre. L’autorité s’acquiert, elle ne se conquiert pas, elle se fait reconnaître et accepter, elle est légitime, méritée. Elle se qualifie par sa fin, ses résultats, elle donne. L’autorité est une force qui sort directement de quelqu’un, c’est une qualité propre à la personne, alors que le commandement est attaché à la fonction.

– Comment peut-on prétendre à exercer une quelconque autorité quand on se fait élire sous l’étiquette de Président normal, type même de l’oxymore (association de deux termes incompatibles destinée à dérouter les gens), quand, plus haut personnage de l’Etat, on se déguise en livreur de pizzas pour aller voir sa maîtresse.

-Nous n’avons plus de héros, plus de grands hommes, plus de leaders, mais, consolons-nous, nous ne manquons pas de requins en affaires, de pitres médiatiques, de députés, de médiateurs.

– Autorité, à titre institutionnel : elle est toujours haute (appelée comité si moins juteuse). Sert souvent à négliger la volonté populaire, toujours à abriter chaudement des copains tombés provisoirement dans le malheur : c’est alors un moyen d’exercice de la solidarité ; ou à neutraliser généreusement des rivaux insupportables : c’est alors l’application du principe de Machiavel suivant lequel « il ne faut jamais pousser son ennemi au désespoir. »

– Distinguer l’autorité de l’autoritarisme, lequel, dans les relations personnelles, consiste à refuser de se mettre au niveau où se place l’interlocuteur, soit à répondre à une argumentation par l’injonction, ou l’émotion, ou l’ironie, à contester un projet sur des détails anecdotiques souvent hors sujet, donc en fait à déserter la communication sollicitée (cette forme d’autoritarisme permet toutes les dérobades sans avoir la rectitude de les assumer) ; à se répandre sans cesse en minuscules reproches usants. L’autoritarisme ne peut que progresser dans la société occidentale dévirilisée

-Distinction autoritarisme / totalitarisme. « Si l’autoritarisme est une pratique politique qui tend à réprimer les possibilités d’action (atteinte aux droits de déplacement, de rassemblement, de travail, d’action politique, etc…), le totalitarisme, lui, va s’attaquer à la pensée (tentatives d’interdire la possibilité de réfléchir, de se former ou de s’informer, de croire ou de pratiquer sa religion). Le totalitarisme est ainsi bien plus dangereux que l’autoritarisme, parce qu’il touche à la faculté la plus importante de la personne humaine: la pensée, qui gouverne tout l’individu. Il est aussi plus difficile de caractériser les dérives d’ordre totalitaire, parce qu’elles sont plus insidieuses. » (François Martin)  – On peut avoir un aperçu des tendances à l’autoritarisme en observant les injonctions, remarques de beaucoup de dames avançant en âge.

– En effet, dans les couples, il peut arriver que l’autoritarisme s’accroisse avec l’âge chez l’un ou l’une, mais plutôt quand même chez l’une, forçant l’autre à délaisser le terrain par lassitude et afin d’éviter de descendre trop bas en répliquant à ces salves de mini-reproches maqués sous la forme apparente de soi-disant simples remarques. Cet autoritarisme se dissimule alors souvent sous le masque clamé et affiché de la gentillesse. Qui n’a pas connu certaines dames mûres…. ?

– Le côté avantageux et reposant de l’autoritarisme pour celui qui le subit, c’est le fait que l’autoritaire est amené à prendre des décisions et à les assumer.

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« Le temps a fondamentalement à voir avec l’autorité … Le temps est la matrice de l’autorité … C’est le caractère temporel de l’autorité qui en fait une dimension incontournable du lien social : elle assure la continuité des générations, la transmission, la filiation… » (Myriam Revault d’Allonnes)

« L’autorité n’a rien à voir avec l’obéissance : elle repose sur la reconnaissance … Ou bien il n’y a pas d’autorité du tout, ou bien elle est reconnue par le seul fait de son existence. L’autorité et la reconnaissance de l’autorité ne font qu’un … Une opposition est possible et on renonce volontairement et consciemment à la mettre en œuvre. ‘L’autorité est la possibilité qu’a un agent d’agir sur les autres sans que ces autres réagissent sur lui, tout en étant capables de le faire … En agissant avec autorité l’agent peut changer le donné humain, sans subir le contrecoup, c’est-à-dire sans changer lui-même en fonction de son action’. » (Myriam Revault d’Allonnes – citant Alexandre Kojève)

« Non seulement parce que le fil de la tradition a été rompu, mais surtout parce que c’est aussi effondrée l’autorité du futur … Elle se révèle aujourd’hui … dans l’écroulement de projets liés au caractère déterminant de l’avenir … La fin des idéologies, l’effondrement des mythes révolutionnaires et des religions séculières : tout cela contribue à radicaliser la crise en ébranlant profondément notre rapport à la temporalité … Le temps a cessé de promettre quelque chose … La ‘précédence’ qui augmente l’autorité ne tient pas seulement à l’antériorité de ce qui nous préexiste dans le passé mais à l’attente d’un avenir possible. » (Myriam Revault d’Allonnes – sur la crise de l’autorité)

« L’effondrement plus ou moins général, plus ou moins dramatique, de toutes les autorités traditionnelles … Le symptôme le plus significatif de la crise … est qu’elle a gagné des sphères prépolitiques, comme l’éducation et l’instruction des enfants, où l’autorité, au sens le plus large, a toujours été accepté comme une nécessité naturelle … requise autant par la dépendance de l’enfant que par la nécessité politique de la continuité d’une civilisation. » (Hannah Arendt)

« Définir l’autorité, c’est l’opposer à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments … Sa principale caractéristique est que ceux dont l’obéissance est requise la reconnaisse inconditionnellement … Elle ne peut se maintenir qu’autant que l’institution ou la personne dont elle émane sont respectées. Le mépris est ainsi le plus grand ennemi de l’autorité, et le rire est pour elle la menace la plus redoutable. » (Hannah Arendt) – Parler d’autorité, notamment à l’école, alors que règne l’ironie méchante et la dérision haineuse de la plupart de nos prétendus humoristes ne constitue qu’un mensonge de plus de nos politiques

« Historiquement, la disparition de l’autorité est simplement la phase finale d’une évolution qui, pendant des siècles, a sapé la religion et la tradition. » (Hanna Arendt)

« Nous savons tous ce qu’il en est aujourd’hui de l’autorité … Cela veut dire … qu’on ne veut plus demander à personne de prendre ni confier à personne aucune responsabilité, car partout où a existé une véritable autorité, elle était liée à la responsabilité de la marche du monde … Désormais la responsabilité de la marche du monde est demandée à chacun … ou bien on est en train de désavouer les exigences du monde et son besoin d’ordre … L’autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut signifier qu’une chose : que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants. C’est comme si chaque jour les parents disaient : ‘Vous devez faire de votre mieux pour vous en sortir … Je vous mets dans une situation que j’ai contribué à construire et que je n’assume nullement’. » (Hannah Arendt)

« Affranchi de l’autorité des adultes, l’enfant n’a pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyrannie de la majorité. » (Hananh Arendt) – Le terme majorité est peut-être discutable, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut d’abord être comme les autres. La tyrannie du groupe est bien pire, gare au déviant.

« Si l’on retire l’autorité de la vie politique et publique, cela peut vouloir dire que désormais la responsabilité de la marche du monde est demandée à chacun. Mais cela peut aussi vouloir dire que l’on est en train de désavouer … les exigences du monde et son besoin d’ordre, qu’on est en train de rejeter toute responsabilité pour le monde : celle de donner des ordres, comme celle d‘y obéir. » (Hannah Arendt – La crise de la culture)

« L’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition ; là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité, d’autre part, est incompatible avec la persuasion  qui présuppose l’égalité et opère par un processus d’argumentation. Là où on a recours à des arguments, l’autorité est laissée de côté … Pour la définir, il faut opposer l’autorité à la fois à la contrainte par force et à la persuasion par arguments. » (Hannah Arendt)

« L’autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut signifier qu’une chose : que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé leurs enfants… C’est comme si chaque jour les parents disaient : ‘Vous devez faire de votre mieux pour vous en sortir, nous sommes innocents, nous nous lavons les mains de votre sort’. » (Hannah Arendt)

« L’autorité, c’est moins la qualité d’un homme qu’une relation entre deux êtres. » (Maurice Barrès)

« L’autorité … quand on envisage de pénaliser la fessée, quand une claque à un élève est une maltraitance. » (Matthieu Baumier) 

« Si l’arbitraire est bien présent, le principe d’autorité s’abîme dans le rire et le mépris, qu’Hannah Arendt considérait à juste titre comme des poisons mortels pour la démocratie. » (Nicolas Baverez) – Le règne médiatique des prétendus amuseurs publics ; tout pourrir.

« On ne parle des parents que pour les accuser, en stigmatisant un jour les dérives de leur autorité, et en leur reprochant le lendemain d’avoir démissionné  de leur responsabilité. » (François-Xavier Bellamy) – Monde de schizophrènes.

« L’autorité est toujours le partage d’un socle commun entre celui qui ordonne et celui qui obéit et, quand elle s’effrite, on la remplace par l’autoritarisme. » (Miguel Benasayag)

«  L’autorité est un principe qui veut que tout ne soit pas caprice, que rien ne soit sans cause … L’anti-autoritarisme s’est agencé à merveille avec le néo-libéralisme qui n’accepte aucune sorte d’autorité … L’amalgame est tel qu’il est impossible de parler d’autorité sans que l’on comprenne discipline … Le démocratisme a tout confondu en se proclamant anti-autoritarisme de base … et il a construit un monde très autoritaire … Lorsque l’autorité ne représente plus rien, elle ne se fonde plus que sur la discipline … Si nous prétendons être tous égaux, pris dans une sorte de sérialisation égalitaire, sans aucune asymétrie, sans aucune hiérarchie, nous effaçons tout principe d’autorité non autoritariste. L’autoritarisme prend le relais… » (Miguel Benasayag) – On le voit bien dans l’arrogance dont font preuve nos dirigeants.

« Le rebelle est un antiautoritariste de bon ton. L’antiautoritarisme s’est très bien agencé avec le néolibéralisme qui fait table rase de tout, ne respecte aucune priorité, aucune hiérarchie, aucun principe. Cette idéologie du rebelle tient en trois propositions : ‘je ne respecte rien’, ‘je crois que tout est possible’, ‘je peux tout modifier’. Elle est, contrairement à ce qu’elle prétend, archidisciplinaire ; La discipline comble le déficit de l’autorité … L’ultraconformiste, sorte de sauvage qui ne respecte rien et qui colle à l’esthétique socialisée : il existe des voitures, des vêtements de rebelle … Il s’accorde tout à fait avec les idéaux néolibéraux, qui ne lui posent aucune limite tant qu’il a les moyens. » (Miguel Benasayag)

« Le principe d’autorité est disqualifié et les choses évoluent comme si une autorité affermissait progressivement sa voix : voici sur quel registre ou sur quel patron il est convenable de penser. Qui prend ses distances, doit prendre ses précautions… » (Philippe Béneton)

« Les métiers de … ne confèrent de l’autorité que dans la mesure où ils sont exercés comme des charges : quand les individus s’effacent derrière ce qu’ils incarnent (l’intérêt commun, la justice, les armes…), quand ils se donnent à ce qu’ils ont à faire … Ces formes sont des béquilles qui aident les hommes à se tenir droits et à remplir leurs obligations … Celui qui doit le plus respecter l’autorité, c’est celui qui la détient, il doit se sentir humble devant le symbole qu’il incarne … L’individu moderne s’applique à prendre des libertés avec les rôles sociaux traditionnels. Il se dégage, et par-là, s’affranchit de toute responsabilité vitale. » (Philippe Bénéton) – Triomphe de la lâcheté. Mesurer à cette aune nos bouffons de politiciens.

« La chute de l’autorité. Principalement celle qui s’exerce de personne à personne … du professeur sur l’élève, du patron sur l’employé, du médecin sur le malade, de l’évêque sur le prêtre, du mari sur la femme (pitié, horreur), du père sur l’enfant… La démocratie, cantonnée jusque-là, dans l’ordre politique déborde et s’étend à toutes les relations qui structuraient la société. » (Alain Besançon)

« Pour acquérir une autorité momentanée il suffit de persuader qu’on la possède. » (Gustave Le Bon)

« Le plus sûr moyen de détruire le principe d’autorité est de parler à chacun de ses droits, jamais de ses devoirs. Tous les hommes sont prêts à exercer les premiers, très peu se préoccupent des seconds. » (Gustave Le Bon)

« Nul ne sait user de la puissance, que celui qui la sait contraindre. Celui-là sait maintenir son autorité, qui ne souffre ni aux autres de la diminuer, ni à elle-même de s’étendre trop, qui la soutient au dehors et qui la réprime au-dedans. » (Bossuet)

« Comment instaurer l’autorité, qui parle ‘au nom de’, sans représentation symbolique forte d’un ailleurs, d’un amont ou d’une transcendance, de quelque nom qu’on l’appelle ? » (Daniel Bougnoux) – Dans l’océan de médiocrité, de bassesse, de ruines… d’imbécilité pure.

« A force de prêcher la relativité des princes, la fragilité des puissances humaines, on énerve dans un tempérament, le sens de l’autorité et de la décision. » (Henri de Bourbon Parme – sur l’éducation reçue par Louis XVI)

 « On ne naît pas  respectable, on le devient. » (Jean-paul Brighelli)

« Si l’essentiel est d’être soi-même, et si soi-même on l’est déjà, l’autorité devient impossible, car elle signifierait qu’un individu, l’enfant, l’élève…, qui par définition est déjà tout ce qu’il peut être, tout ce qu’il doit être, et qui ne doit apprendre qu’à exprimer cet admirable ‘déjà-là’, aurait à se soumettre à un autre ‘soi-même’, extérieur, étranger, au risque manifeste de compromettre le sien. » (Renaud Camus) – L’horreur absolue. De combien d’Homère, de Michel-Ange ou de Marcel Proust  nous priverions la pauvre humanité.

« Toute autorité repose sur une adhésion. Proudhon dit même qu’elle est ‘matière de foi’ et qu’elle a pour fondement une ‘croyance’. Un accord spirituel donne seul, finalement, à l’exercice d’un pouvoir sa légitimité. » (père Michel de Certeau)

« Heureux sommes-nous de l’autorité de l’Eglise ! Livrés à nous-mêmes, jusqu’où risquerions-nous d’aller à la dérive ? » (Père Teilhard de Chardin – la forte personnalité mais toujours obéissante) – Ne s’applique pas qu’à l’Eglise.

« Les mécanismes de contrôle n’ont pas disparu, ils se sont adaptés en se faisant moins directifs, en délaissant l’imposition au profit de la communication (on n’interdit plus aux gens de fumer, on leur fait prendre conscience… on les culpabilise…) … Face à la déstructuration des contrôles sociaux, les individus … ont le choix de s’assumer ou non, de s’autocontrôler ou de se laisser aller (notre société de la minceur et des régimes est aussi celle de l’obésité et du surpoids). » (Sébastien Charles)

« En voulant détruire l’idée de l’autorité divine nous avons presque entièrement détruit l’idée de cette autorité humaine qui nous permet d’ordonner nos raisonnements. » (Chesterton)

« Les critiques modernes de l’autorité religieuse (comme de toute autorité) sont semblables à des hommes qui critiqueraient la police sans avoir jamais entendu parler des voleurs. » (Chesterton) – Nous sommes envahis de ces imbéciles pleins d’eux-mêmes.

« Un homme ne peut attendre d’aventures au pays de l’anarchie. Il peut attendre toutes sortes d’aventures au pays de l’autorité. Quelle signification trouver dans une jungle de scepticisme. » (Chesterton)

« Autorité et pouvoir … Le second se révèle impotence arbitraire lorsqu’il en vient à ne plus refléter l’autorité qui, précisément, en autorise l’exercice par la transcendance qu’elle suppose et à laquelle il se réfère – en démocratie, ‘le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple’. » (Jean-François Colosimo) 

« A défaut d’autorité morale l’ordre matériel exige, de toute nécessité, ou l’usage de la terreur ou le recours à la corruption. » (Auguste Comte)

« Il ne s’est jamais vu qu’un home respectueux de ses supérieurs devienne un fauteur de trouble. » (Confucius)

« Que l’autorité reste dans ses limites et se borne à être juste. Nous nous chargerons d’être heureux. » (Benjamin Constant)

« Elle représente une relation dans laquelle les deux partenaires sont également impliqués … Il faudra toujours que le détenteur de l’autorité conquière l’autorité, ce qui signifie qu’on lui a conféré seulement le titre ou l’apanage de l’autorité, sa condition, mais non l’autorité elle-même … Cela signifie qu’elle peut à tout moment se trouver être remise en cause par celui qui obéit … L’autorité est une disposition personnelle permettant de se faire obéir sans employer la force … il doit y avoir acceptation d’obéissance pour que l’autorité s’exerce. Cette acceptation suppose reconnaissance, laquelle exclut la contrainte … La relation d’autorité est typiquement inégalitaire (sans différence ontologique) … Elle s’établit pour ainsi dire ‘d’en bas’, au sens où c’est l’inférieur qui reconnaît le supérieur ; elle peut s’établir en dehors des statuts sociaux … Elle échappe donc aux hiérarchies sociales et contredit l’esprit d’égalité. » (Chantal Delsol – suite de considérations éparses sur l’autorité)

« L’histoire se résume finalement dans celle des grands hommes. L’autorité devient le seul fil conducteur capable de nous rendre signifiant le cours des événements. Rien ne se fait que par l’obéissance, l’admiration, le mimétisme, d’un côté, et le prestige, la supériorité traduite en intelligence, en lucidité et en courage, de l’autre. Les peuples sont des suiveurs de lumières. » (Chantal Delsol) – Vision de l’histoire très peu marxiste, mais, elle a sa pertinence.

« L’autorité inspire la confiance et la confiance fait l’autorité. » (Sebastian Dieguez)

« L’imposition de l’autorité étant devenue presque inexistante socialement, les individus-souverains finissent par rechercher l’autorité par eux-mêmes, et croient décider de s’y soumettre de leur propre chef, au nom du rêve d’une liberté à venir. » (Roger-Pol Droit – sur la floraison et le pouvoir des coachs et gourous)

« Sans autorité bien comprise, nous allons tout droit vers le totalitarisme. » (Dany-Robert Dufour – s’appuyant sur les travaux d’Hannah Arendt)

« Prétendre qu’il ne doit pas y avoir de conflit entre maître et élève est un mensonge … qui fausse radicalement la participation de l’enfant à une vie sociale, et qui l’empêche de marquer sa personnalité  … Le maître ne peut être en réalité que l’ennemi de l’enfant (du point de vue de l’enfant) comme l’officier pour le soldat. Et ce qui est formateur, c’est l’établissement de ce conflit, où l’inférieur se ‘fait les dents’, mesure sa force, apprend les modalités du jeu de la contrainte et de la liberté. mais dans ce conflit, le supérieur doit savoir qu’il n’a pas à brimer, écraser, dompter, il doit savoir, parce qu’il est le supérieur, limiter sa propre force à celle de son adversaire, et c’est là toute la pédagogie. » (Jacques Ellul – L’illusion politique – cité par Christopher Lasch) – C’était avant la prise de pouvoir par les lâches et les Bisounours.

« Absence d’autorité, de vrais chefs, à l’extérieur, dans le domaine de l’Etat ; et absence de forme intérieure chez les individus : les deux choses sont solidaires, l’une corrobore l’autre, au point de faire penser qu’il s’agit peut-être de deux aspects différents d’un phénomène unique de nos temps évolués et démocratiques. » (Julius Evola)

« Il faut de l’autorité, moins les gens sont raisonnables plus la crainte les retient. » (Fénelon)

« Echapper à soi-même en faisant confiance à quelqu’un. » (Alain Finkielkraut – sur l’autorité)

« La limitation de l’autorité ne garantit pas l’autonomie du jugement et de la volonté ; la disparition des contraintes sociales héritées du passé ne suffit pas à assurer la liberté de l’esprit. » (Alain Finkielkraut)

« Ukase. – Appeler ukase tout  décret autoritaire, vexe le gouvernement. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Il a une grande autorité. On l’écoute avant même qu’il ait parlé. » (Anatole France)

« L’autorité n’est-elle pas comme les deux berges fermes qui encadrent et dirigent depuis la source le fleuve naissant pour le conduire à son but ultime : prendre la mer ? » (Inès de Franclieu – s’exprimant dans le domaine de l’éducation) – Mais officiellement on préfère mettre l’élève au centre du système afin qu’il se noie, ainsi aura-t-on des sujets dociles.

« Chaque renoncement pulsionnel accroit la sévérité de la conscience morale au lieu de l’amadouer. L’autorité du ‘Surmoi’ est en cela bien pire que l’autorité extérieure d’où elle provient, car elle n’éprouve aucun amour pour le Moi … Un Surmoi jamais défaillant. » (Sigmund Freud)

«  La reconnaissance de l’autorité est toujours liée à l’idée que ce que dit l’autorité n’est pas arbitraire, ni irrationnel, mais peut être admis dans son principe. » (Gadamer)

« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans l’éloignement. » (Charles de Gaulle)

« Aussitôt que je cesse d’être moral je perds toute autorité. » (Goethe)

« Pour pouvoir ressentir et vénérer la grandeur d’une personnalité, il faut être quelqu’un. » (Goethe) – Les minables n’admirent pas.

« L’autorité ne se confond pas avec le pouvoir.  Elle implique une relation dissymétrique qui est acceptée d’emblée comme légitime. Elle suppose l’acceptation tacite, la reconnaissance de la légitimité d’une supériorité de l’un des deux termes sur l’autre … il n’est d’autorité que reconnue. » (Jean-Pierre Le Goff)

« L’autorité a été abolie par les adultes et cela ne peut signifier qu’une chose : que les adultes refusent d’assumer la responsabilité du monde dans lequel ils ont placé les enfants … Nous sommes innocents, nous nous lavons les mains de votre sort. » (Jean-Pierre Le Goff)

« La société comporte aujourd’hui un grand nombre d’adultes ‘mal finis’, des sortes de bébés narcissiques mus par le principe de plaisir, fascinés par le modèle de la performance sans faille en même temps que psychologiquement fragiles. » (Jean-Pierre Le Goff) – Pour ne pas dire carrément de dangereux dingues.

« La compétence demeure le fondement solide de l’autorité… » (Jean-Pierre Le Goff)

« De l’ascendant, c’est une force secrète de supériorité, qui vient du naturel et non de l’artifice ni de l’affectation. » (Baltasar Gracian)

« La notion de respect est associée à celle de grandeur. Or notre temps est caractérisé par une tendance morbide à traîner dans la boue tout ce qui est réputé grand. Les êtres médiocres ne peuvent pas supporter qu’il existe une authentique grandeur humaine … pour se prouver à eux-mêmes que la grandeur humaine cela n’existe pas et justifier ainsi leur médiocrité. » (Père Anselm Grün) – D’où : Tout pourrir (commencer par la dérision des humoristes…)

« Au contraire du pouvoir et de la puissance, l’autorité est toujours visible, évidente, incarnée ; donc  … responsable. » (Henri Guaino)

« L’instinct de gouverner qui remplace vite chez la femme l’instinct d’aimer. La femme qui cesse par force d’être coquette ne cesse pas pour autant de manifester sa puissance. » (Jean Guitton) – On n’est plus alors dans ‘autorité, mais dans un autoritarisme forcené.

« L’irresponsable démission des adultes ne libère pas l’enfant … Elle le livre au contraire au pouvoir tyrannique des autres enfants, dont le protégeait l’autorité du maître … L’abdication du monde adulte est directement responsable du développement de la violence à l’école … Montée de la violence encore accrue par le fameux dogme du pédagogisme de ‘l’ouverture’ de  l’école sur la vie, ouverture si bien réussie qu’on y entre comme dans un moulin (racket, agression, viols…). » (Jean-Louis Harouel)  

« On vit pour aujourd’hui, on vit très rapidement, on vit en pleine irresponsabilité ; et c’est ce qu’on nomme liberté. Ce qui des institutions ‘fait’ des institutions est méprisé, haï, rejeté ; on se croit menacé d’un nouvel esclavage au seul mot d’autorité. » (Martin Heidegger)

« L’éloignement augmente le prestige. » (Horace)

« Qui ne sait pas se taire n’obtient point d’ascendant. » (Joseph Joubert)

« Point d’autorité aussi constamment, entièrement, généralement respectée que celle qui naît du mérite véritable et reconnu. » (Joseph Joubert)

« L’autorité peut être conférée par quatre procédures principales : l’hérédité, la nomination par en haut, la cooptation, l’élection par en bas. » (Bertrand de Jouvenel) – Il s’agit là d’autorité conférée, institutionnelle, soit en fait de pouvoir. Rien à voir avec la vraie autorité, l’autorité personnelle, naturelle que confère la compétence, la dignité, la rigueur, la droiture…

« En agissant avec autorité l’agent peut changer le donné humain, sans subir de contrecoup, c’est-à-dire sans changer lui-même en fonction de son action. » (Alexandre Kojève) – Ce qui exclut notamment l’usage de la force ou l’exercice de toute pression. 

« L’Autorité appartient à celui qui fait changer … Elle est essentiellement active … L’acte autoritaire se distingue par le fait qu’il ne rencontre pas d’opposition de la part de celui ou de ceux sur qui il est dirigé … ce qui présuppose la possibilité d’une opposition et le renoncement conscient et volontaire à la réalisation de cette possibilité. » (Alexandre Kojève)

« On peut distinguer quatre types (simples, purs ou élémentaires) d’Autorité : – L’Autorité du Père (l’autorité de la cause, de l’origine et de la source de ce qui est ; issue d’écarts d’âge, de la Tradition, d’un mort par testament…) – L’Autorité du Maître sur l’Esclave (l’autorité du risque, l’autorité qui se décide et agit ; du Noble, du Militaire, du Vainqueur…) – L’Autorité du Chef (l’autorité de la prévision, de l’action, du projet, qui prévoit et guide ; du Leader, du Supérieur, du Maître, du Savant, du Technicien…) – L’Autorité du Juge (l’autorité de l’équité, de l’impartialité ; de l’Arbitre, du Contrôleur, du Confesseur, du Juste…) … Quatre théories s’appliquent à ces quatre types d’autorité, et de pouvoir : – La théorie scolastique ou théologique de l’Autorité, transfert de l’autorité divine par voie d’hérédité, fondée sur le rapport parents/enfants, utilisée par la monarchie (tout en sachant que Dieu assume également les trois autres types d’Autorité, du Maître, du Chef, et du Juste-Juge, mais comme Dieu-Père, comme cause à effet et non à travers les justifications annexes de Risque, de Prévision ou d’Equité) – La théorie hegelienne a la forme d’une théorie du rapport entre Maître et Esclave, le premier, au contraire du second qui a accepté la soumission, ayant soutenu l’épreuve de la lutte et du risque, de la possibilité de la mort – L’Autorité d’Aristote rend compte de l’autorité du chef, de celui qui peut prévoir par rapport à l’homme des besoins immédiats, autorité de l’Intelligent, du Sage, du Meneur, du Guide, du Chef de bande – Pour Platon, toute Autorité est, ou devrait être, fondée sur l’équité, sur la Justice, sauf à être passagère, accidentelle, abusive, directement ou indirectement fondée sur la Force … Père ; Cause – Maître ; Risque – Chef ; Projet-Prévision – Juge ; Equité, Justice. » (Alexandre Kojève – résumé-condensé)

« Toute Autorité réelle est en fait plus ou moins totale … En accordant à quelqu’un l’Autorité d’un des quatre types purs (celle de Chef par exemple), on est naturellement porté à lui accorder aussi celle des trois autres (en tant qu’autorités ‘dérivées’). De même tout détenteur d’une Autorité sélective a une tendance naturelle à la transformer en Autorité totale … La constatation de l’absence complète d’un (ou de plusieurs) types pur d’Autorité provoque généralement l’annulation du (ou des) type présent (par exemple : en constatant qu’un Chef est ‘nul’ en tant que Juge, voire ‘injuste’, on a tendance à ne plus reconnaître même son autorité de Chef). » (Alexandre Kojève)

«  Quant à sa genèse, l’Autorité peut être – soit Spontanée, elle naît spontanément par des actes émanant de celui qui va la détenir, sans présupposer aucun acte extérieur ni l’existence préalable d’une autorité quelconque – soit Conditionnée, l’Autorité naît à la suite d’actes autres que ceux de celui qui va la détenir. Cette transmission s’opérant soit par hérédité soit par élection, soit par nomination … Une transmission, quelle qu’elle soit, amoindrit toujours plus ou moins l’Autorité. » (Alexandre Kojève – lequel décrit également les rapports entre les quatre types d’autorité et les modes de transmission. Par exemple, l’autorité de Juge se prête mal à une transmission, son représentant devant plutôt bénéficier d‘une autorité spontanée fondée sur sa justice)

Alexandre Kojève écrivait en 1942. Pour démontrer son idée de la conjonction entre la notion d’autorité de Chef et l’existence d’un projet, il s’inspire de l’actualité d’alors. « La Révolution nationale a besoin de l’Autorité du Maréchal (Pétain) pour pouvoir naître et se réaliser et l’Autorité du Maréchal a besoin de la Révolution nationale pour pouvoir se maintenir sans subir d’altération. » (Alexandre Kojève) – La Révolution nationale étant alors un projet de refondation de la nation (matérialisé d’ailleurs par un projet de constitution, incidemment accordant le droit de vote aux femmes auxquelles la troisième république l’avait refusé)

« Ni dans les hiérarchies du travail et du pouvoir ; ni dans la famille, le déclin de l’autorité ne provoque la destruction des contraintes sociales ; il ne fait que priver celles-ci de toutes bases rationnelles … Lorsque les parents n’administrent pas une punition équitable, l’estime que l’enfant se porte s’en trouve diminuée plutôt que renforcée ; de même, la corruption des pouvoirs publics, leur acceptation des fautes mineures, rappelle son assujettissement à l’individu subalterne, en lui faisant sentir qu’il dépend de l’indulgence de ses supérieurs. » (Christopher Lasch)

« La croissance de la bureaucratie crée un réseau complexe de relations personnelles, favorise l’habileté dans les rapports sociaux et rend intenable l’égotisme sans frein de l’Adam américain. Mais elle érode en même temps toutes les formes d’autorité patriarcale, et affaiblit ainsi le surmoi social, jadis représenté par les pères, les professeurs et les prêtres. » (Christopher Lasch) – L’auteur, américain, écrivait dans le cadre des Etats-Unis, mais puisque nous avons tout copié chez eux !

« Le triomphe apparent du principe de plaisir masque une soumission nouvelle à la réalité … La dissolution de l’autorité ne mène pas à la liberté mais à de nouvelles formes de domination … Puisque l’autorité n’inspire plus le respect, les autorités doivent imposer leur volonté par  le biais de la manipulation psychologique, de l’intimidation, de la corruption et du chantage, ou, par la violence pure et simple. » (Christopher Lasch)

« Parce qu’il ne peut plus compter sur l’autre pour poser la limite, le sujet d’aujourd’hui, pour que cette opération ait lieu, ne peut plus compter que sur lui-même. Mais recevoir la limite de l’autre ou devoir se l’imposer soi-même n’est pas du tout équivalent. Se l’imposer soi-même, tâche à recommencer sans cesse, est beaucoup plus difficile et lourd à porter …Tout peut-être à chaque fois renégocié, tout est toujours susceptible d’être remanié. » (Jean-Pierre Lebrun) – Faute d’une transmission adéquate.

« La seule autorité qu’on admette encore, c’est une autorité charismatique … C’est la seule qu’on reconnaisse … Une autorité qui peut prescrire le meilleur ou le pire … celle d’un homme tout à fait intéressant mais dont rien ne vient garantir la pertinence du propos … On voit bien, par exemple, comment les enseignants doivent séduire pour enseigner … comment ils doivent faire appel à leur charisme pour pallier l’absence de l’autorité symbolique dont ils disposaient autrefois. » (Jean-Pierre Lebrun)

« ‘En procédant à l’exécution de Louis XVI, les révolutionnaires n’abattent ni une personne, ni un symbole. Ils édifient pour la première fois dans l’histoire des grandes nations une société sans garant transcendant, une société de l’immanence’ … La pyramide organisée hiérarchiquement ne reposait que sur un leurre, une illusion, celle de l’extériorité radicale d’un ‘Autre’ substantiel, en l’occurrence, et ‘in fine’, celle de Dieu, sur l’existence non discutable d’une place d’exception absolue ; démasquée, nous nous sommes retrouvés face à un système qui avait perdu ce qui lui donnait sa consistance … La vie collective ne se soutient plus d’un ordre préétabli qui transmet des règles, mais d’un ordre qui doit émerger des partenaires eux-mêmes, si tant est qu’on consente à ce qu’il émerge … Forts de ce que le’ grand Autre’ n’existe pas (nous étant débarrassés de ses incarnations), nous nous sommes libérés de la transcendance … et  dans la foulée, de tout ce qui relève du transcendantal. » (Jean-Pierre Lebrun – citant son confrère psy, Eugène Enriquez) – Plus de place d’exception absolue, plus de transmission, plus de hiérarchie, fut-elle fictive, illusoire, plus de discours possible affirmant, plus de contestation édifiante, plus d’être consistant, plus de civilisation, magma pluraliste. Nous y sommes.

– On ne parle plus guère de gouvernement le mot fait mauvais effet. On parlera plutôt de gouvernance, qui fait plus sérieux, qui sous-entend la compétence, la responsabilité, la bienveillance… qui fait moins autoritaire. « On passe ainsi d’un système hiérarchique de gouvernement de la société à un système de régulation et de gestion des divers intérêts des acteurs de cette société … ‘Du coup le terme fait voir en rose un pouvoir…’ (Yves Michaud) … ‘Il n’y a plus ni autorité ni référence ni de savoir qui tienne. On n’est plus que dans la gestion, il n’y a plus que des pratiques’ (Charles Melman). » (Jean-Pierre Lebrun)

Typique est « le caractère progressivement incongru du terme de ‘chef’, de l’au-moins-un à qui est reconnue l’autorité, au profit de celui de ‘manager’ ou de ’coordinateur’, toujours en charge de devoir faire consensus, ou de celui de ‘spécialiste’ ou ‘d’expert’. » (Jean-Pierre Lebrun) – Société prétendument horizontale, société refusant une colonne vertébrale et la verticalité induite.

« Confondre habilement la revendication, quasi inexistante, de retour à l’ordre moral et la demande, bien réelle, d’autorité permet, par contiguïté, de discréditer la seconde. » (Elisabeth Lévy) – «… les appels au retour de l’ordre moral et de l’autorité… » (citation incriminée)

« La croyance dogmatique en une valeur objective est nécessaire à la notion même d’une autorité qui ne soit pas tyrannie ou d’une obéissance qui ne soit pas esclavage. » (C. S. Lewis) – Quid avec le relativisme ?

« Aujourd’hui, si les individus sont de plus en plus fragiles, c’est moins parce que le culte de la performance les détruit que parce que les grandes institutions sociales ne fournissent plus d’armature structurante solide aux individus. » (Gilles Lipovetsky)

« On ne se remet pas entre les mains de l’autorité comme un homme qui, las de déployer son initiative, abdique ; ou comme le navigateur heureux d’arriver enfin dans un port tranquille après une traversée orageuse. Au contraire, on reçoit de l’autorité. On se confie à elle comme un navire qui quitte le port pour un beau voyage et de grandes aventures. » (cardinal Henri de Lubac)

« Le fondement dernier de l’autorité est la charité, et sa raison d’être est l’éducation. Son exercice, entre les mains de ceux qui en détiennent une part, quelle qu’elle soit, doit donc être compris comme une pédagogie. » (cardinal Henri de Lubac)

« Dans le système moderne, et plus encore, postmoderne, l’autorité est matière à argumentation. Elle n’est jamais qu’attribuée, concédée … à un individu ou à un groupe, lequel n’occupe le lieu d’autorité que pour un temps limité. Ce lieu est, par principe, vacant. L’autorité est désignée par un contrat  … Dans la tradition islamique (ou juive aussi bien), le père élit son peuple, désigne ses représentants … et il leur dicte sa loi … loi transcendante … L’autorité est matière à interprétation beaucoup plus qu’à argumentation … interprétation qui s’efforce seulement de remplir les ‘blancs’. » (Jean-François Lyotard)

« L’autorité fait croître ce qui existe déjà. Elle est horizontale et participe de la loi des frères. On retrouve un tel accompagnement dans toutes les pratiques s’apparentant à ce qu’il est convenu d’appeler le ‘coaching’. » (Michel Maffesoli) – Sur l’autorité plus spécialement initiatique.

« La raison humaine est manifestement convaincue d’impuissance pour conduire les hommes … en sorte qu’il est bien, quoi qu’on dise, de commencer par l’autorité. » (Joseph de Maistre)

« L’autorité est fille du courage sous toutes ses formes, moral, intellectuel et physique. » (Hélie de Saint Marc) – C’est sans doute pourquoi on ne veut plus d’autorité. La lâcheté ne demande aucun courage.

« La subordination n’est pas la servitude, pas plus que la tyrannie n’est l’autorité. » (Charles Maurras)

« Pour imposer un ordre, il faut une autorité. » (Charles Maurras)

« L’autorité  élue est un organe qui, naturellement, ne répond pas à sa raison d’être, c’est un organe absurde avant d’être caduc … Il est contradictoire que l’Etat fondé pour établir l’unité entre les hommes, dans le temps et dans l’espace, soit légalement constitué par les compétitions et les divisions des partis, qui sont essentiellement diviseuses. » (Charles Maurras)  

« La situation actuelle n’est pas tenable … Et l’on peut craindre, comme une évolution naturelle, l’émergence … d’une aspiration collective à l’établissement d’une autorité qui soulagerait de l’angoisse, qui viendrait enfin dire à nouveau ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire, ce qui est bon et ce qui ne l’est pas, alors qu’aujourd’hui on est dans la confusion. » (Charles Melman)

« L’autorité, c’est ce qui fait limite au pouvoir … Et quand les régimes théologiques veulent assurer la collusion entre le pouvoir et l’autorité, c’est une catastrophe. Parce qu’on aboutit à légitimer des pouvoirs qui n’ont plus  aucune limite … C’est ce qu’on appelle l’intégrisme. » (Charles Melman) – Et nous y sommes dans la mesure où le pouvoir politique ne reconnaît aucune autre autorité que lui-même (laïcité)

« ‘L’autorité exclut l’usage de moyens extérieurs de coercition’ (Hannah Arendt). Or, à présent, ce qu’excluait l’autorité est de venu son nouveau contenu. Quand on appelle à la restauration de l’autorité dans les établissements scolaires, on pense explicitement à la restauration de la coercition : discipline, surveillants, exclusion des opposants, collaboration avec la police, contrôle, filtrages, fermetures … ‘Tolérance zéro’ de façon plus générale … L’autorité s’affaiblissant, la force passe souvent aujourd’hui au premier plan. »   (Gérard Mendel)

« L’asymétrie des rôles est fondamentale dans la mise en scène de l’autorité sociale. Cette inégalité relationnelle ne s’impose pas d’elle-même, dans le seul rapport de deux personnes … elle est symbolique … importance des éléments situationnels  : uniforme représentant l’ordre social répressif, impersonnalité et impassibilité,  droit d’exiger, taille (l’agent est debout, le conducteur fautif est assis ; la relation se transforme si le conducteur s’extrait de son véhicule), le juge (en uniforme) parle de haut, comme le prêtre, comme l’ancien enseignant … Tous ces signes perçus induisent, de manière subliminale mais qui ne prête pas à doute, le sentiment d’une faute, induisent un malaise, une inquiétude (prime enfance : rappel du changement des traits du visage vers la froideur ou la sévérité, de l’exigence de réponse, du contrôle de l’emploi du temps, de l’examen corporel…) . » (Gérard Mende)

« Il n’existe que deux contenus possibles de l’autorité. L’un, contenu œdipien, dans lequel s’affirme un pouvoir limité sur l’événement … sans rupture brutale avec la tradition, un pouvoir contractuel dans lequel existent  des droits et des devoirs réciproques et permanents, des règles codifiées, précises, connues. Avec l’autre, au contraire, contenu archaïque, s’affichent la violence, l’arbitraire, la démesure, l’illimité, l’irrationnel. » (Gérard Mendel)

« La contradiction ‘autorité-démocratie’. Plus la logique de l’argumentation progresse, parallèlement à la dynamique des sociétés démocratiques, plus l’espace de l’autorité est fragilisé … La famille est en train de devenir un espace de discussion, l’école de même. Les valeurs démocratiques, (égalité, espace public de discussion, argumentation rationnelle, refus de poser une supériorité a priori) se voient opposées point par point à l’autorité … L’autorité est maintenant à base de discussion publique, d’égalité des partenaires, d’argumentation, de contrat, de consensus. » (Gérard Mendel) – La légalité, caractéristique de la démocratie, l’emporte sur la légitimité. laquelle participe de la dimension de l’autorité. Mais aussi nul n’ignore que le gourdin est bien présent derrière ces valeurs démocratiques pour en soutenir la fiction.

« Affaiblissement de l’image paternelle psychique, moindre efficacité de la relation d’autorité … On comprend alors l’inefficacité des incantations rituelles à la ‘restauration de l’autorité’. » – Gogos, étonnez-vous donc !   (Gérard Mendel) 

« La modicité des instincts innés de notre espèce  a rendu possible la plasticité humaine par rapport au monde. Modicité et plasticité se paient d’un coût. Tout d’abord, la dépendance de l’enfant au groupe est très longue. Puis en raison de la longue ’immaturité psychologique des premiers temps de la vie qui ne permet pas l’étalonnage de la réalité, un archaïsme psychologique se développe, à l’origine d’une angoisse d’abandon que l’individu biologique ne pourra, laissé à lui seul, contrôler … sans un appoint qui lui vient de l’environnement … sous la forme de l’autorité, c’est-à-dire la prolongation de la dépendance affective infantile première, mais tournée désormais envers des figures sociales : celle de la communauté (en général sous habillage religieux), celle du père, dans la société patriarcale (‘Moi ou le chaos’ d’un politique) … La modernité … remettant sans cesse en cause l’absolu culturel et politique du schéma psychofamilial, affaiblit l’impact des figures traditionnelles de l’autorité, laissant l’individu moderne de plus en plus seul face à son angoisse d’abandon. » (Gérard Mendel)

« Le principe du ‘tiers exclu’, qui se trouve au cœur de l’idéologie capitaliste développée, rend inévitable, à terme, la délégitimation de toutes les figures de l’autorité qui ne sont pas fondées sur une compétence strictement technique, à commencer par celles qui prétendent s’appuyer sur une expérience de la vie … Autoriser un tiers à poser le moindre interdit philosophique ou moral reviendrait forcément à imposer à l’enfant (ou à l’élève, ou plus tard à l’adulte) les valeurs arbitraires d’un choix purement idéologique qui devrait toujours demeurer privé. » (Jean-Claude Michéa) -Ainsi fabrique-t-on des zombies.

« Certains philosophes et sociologues s’accordent à dire que le prétendu déclin apparent de l’autorité masque en réalité aujourd’hui l’existence de servitudes beaucoup plus discrètes. Les individus peuvent intérioriser des contraintes au point qu’elles semblent s’imposer naturellement à eux, autocontrôle (régimes drastiques, apparence physique normée, interdits sur le tabac…). » (Stanley Milgram)

« Elle est moins qu’un ordre et plus qu’un conseil. » (Theodor Mommsen – cité par Alexandre Kojève)

« Que le roi fuie le tumulte et se communique peu. » (Montesquieu)

« Que le roi fuie le tumulte et se communique peu. » (Montesquieu) – Imagine-t-on nos saltimbanques ne pas se vautrer dans le tumulte et le vain bavardage.

« Nous obéissons assez facilement à quelqu’un qui possède de l’autorité. » (Jean-Luc Nancy)

« Commander, c’est parler aux yeux. » (Napoléon Bonaparte)

« Rapport entre la dissolution de toute autorité et la féminisation ambiante des mœurs et des valeurs … Relation entre la destitution du pouvoir intellectuel, fondé sur l’autorité de la pensée, et la dynamique narcissique qui régit l’individualisme contemporain. » (Paul-François Paoli)

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,

« Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,

« Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,

« Lorsque les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne,

« Alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. » (Platon)

 « On peut imaginer un point ultime de l’évolution actuelle où l’on n’admettrait plus aucune autorité liée à l’âge, à l’expérience, au rôle institutionnel ou à la compétence. » (Samuel Pruvot) – Pas besoin de faire l’effort d’imaginer ce qui est déjà.

« L’autorité, c’est le pouvoir plus la reconnaissance de la légitimité. » (Alain Renaut)

 « L’adulte ne doit en aucun cas se poser en modèle, interposer sa  personne entre l’enfant et le monde. Aux transmissions autoritaires d’une génération à l’autre s’est substituée, dans l’idéal pédagogique, une auto-construction de l’enfant à travers l’élaboration de ses savoirs et l’expression de soi… Tels doivent être les adultes : fournisseurs de prestations, éclairés par la science … Les pères et mères ont cédé la place aux papas et aux mamans. »» (Olivier Rey) – Ou comment fabriquer des zombies.

« L’autorité la plus authentique, et aussi la plus puissante, … est toujours l’autorité charismatique personnelle. » (Max Scheler)

« Le modèle autoritaire admirant l’ordre et la force a presque disparu, faisant place à des Narcisse tendance ‘United Colors of Benetton … Mais le ‘surmoi’ cruel qui tire son énergie des impulsions destructrices ou agressives émanant du ‘ça’ et des fantasmes sadiques, exerce tout son empire sur l’individu confronté à l’absence d’autorité. Si ‘l’idéal du moi’, interiorisation de parents aimés et respectés, n’est pas assez constitué, alors domine le ‘moi idéal’, qui incarne les représentations de rage et d’agression contre eux qui ne peuvent jamais satisfaire les revendications pulsionnelles de l’enfant … Cessons d’agiter l’épouvantail du fascisme dés qu’une autorité paternelle se dresse pour s’opposer à la satisfaction de toutes les revendications pulsionnelles d’un peuple enfant. » (Michel Schneider) – Oui, mais le mot-clé de fascisme est bien trop utile politiquement pour l’abandonner, ou plutôt restreindre son usage aux situations, heureusement rares, dans lesquelles il fait réellement sens. 

« L’autorité n’existe plus dés qu’elle a rendu l’obéissance honteuse et la révolte honorable. » (Louis-Philippe de Ségur)

« L’autorité se trouvera toujours entre deux écueils : le mépris qu’inspire la faiblesse et la haine qu’excite l’arbitraire. » (Louis-Philippe de Ségur)

« La chute du principe d’autorité a interrompu le lien, actif depuis des millénaires, entre les Jeunes et les Vieux (tous deux compris moins comme âges de la vie que comme catégories ontologiques). Les Vieux ont cessé d’être un patrimoine commode et ’portatif’ de savoir et d’expérience pour les jeunes générations (et même sont-ils devenus étrangers, encombrants, des trouble-fête) … Chaque génération préfère renaître ‘ex novo’, vierge et ignare presque comme au premier jour de la création : l’opinion et le savoir des prédécesseurs sont devenus méprisables et sans valeur ; oublier ce que le passé a  accumulé est dans certains cas presque un devoir politique … La fracture est radicale, une faille que l’on ne peut combler. » (Raffaele Simone)

« Qui est privé de secousses, de refus, de remarques, de contradictions, de luttes, d’injustices, de ‘Non !’ irréversibles entre déjà dans le camp des perdants. » (Père Zanotti-Sorkine)

« Il n’est aucune question, ni morale ni politique, dans laquelle il faille admettre ce qu’on appelle l’autorité. La conscience des hommes est en eux une révélation perpétuelle, et leur raison un fait inaltérable. » (madame de Staël) – « Il suit de là inévitablement que tous ceux qui ne pensent pas comme Mme de Staël, n’ont ni conscience ni raison … On reconnaît le fondement de la pensée protestante. » (Louis de Bonald commentant) – L’aboutissement de cette aberration : entre autres, les horreurs du XX° siècle, et celles à venir. La conscience et la raison des hommes, vaste rigolade.

« Le sujet désengagé est un être indépendant, en ce sens que la personne doit trouver en elle ses raisons d’être essentielles et ne doit plus se les laisser dicter par un ordre plus vaste auquel elle appartient … L’agent humain ne doit plus se concevoir comme un élément appartenant à un ordre plus vaste et signifiant. Il doit découvrr se raisons d’être paradigmatiques en lui-même … Par nature, il ne dépend plus d’aucune autorité. La condition de la soumission à l’autorité doit être créée. » (Charles Taylor)

« Qui garde le commandement veille sur sa vie, qui néglige son autorité sera mis à mort. »(Ancien Testament – Livre des Proverbes)

« Pour bien diriger, il faut d’abord savoir se diriger soi-même … Chacun doit être son propre chef avant de prétendre être celui d’un autre. »  (Pierre de Villiers) – Pensait-il à François Hollande sous son casque de motard ?

« L’autorité qui se conforte dans la vérité, se dissout dans le mensonge. » (Pierre de Villiers)

« L’autorité, dans la mesure où elle repose sur l’adhésion volontaire, implique et même présuppose la liberté. » (Jean-Philippe Vincent)

« L’effondrement de l’autorité symbolique paternelle a deux facettes. D’un côté, les normes prohibitives symboliques sont de plus en plus  remplacées par des idéaux imaginaires (de beauté corporelle, de réussite sociale…) ; d’un autre côté, le manque de prohibition symbolique est augmenté de la ré-émergence de féroces figures du surmoi. Nous avons alors affaire à un sujet extrêmement narcissique, c’est-à-dire percevant toute chose comme une menace potentielle pour son précaire équilibre imaginaire (l’universalisation de la logique de victimisation est éclairante). » (Slavoj Zizek) – Du : Tu le fais, un point c’est tout ! On est passé au redoutable : Tu dois le faire et tu dois être ravi de le faire !

« Si tu veux vraiment connaître un homme mets-le en position d’autorité. » (proverbe)

« L’autorité qu’on s’attribue amoindrit toujours celle dont on dispose ou dont on mérite. » (?)

 « L’autorité n’ordonne certes pas, comme peut le faire le pouvoir, mais elle influence. L’autorité ne s’exerce que sur des hommes qui reconnaissent sa légitimité … la légitimité de l’autorité n’est, en effet, pas validée par autre chose que par cette acceptation, que par cet acte même de reconnaissance … Pour que cette autorité soit légitime, il faut que la reconnaissance même de cette autorité soit à son tour légitime ou authentique … Mais il est fréquent que l’on extorque la reconnaissance par des moyens obliques … affects, influences, jeu des passions humaines. » (?)

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