550,2 – Réflexion, Méditation

– Penser, il faut bien hélas, un tout petit peu, le minimum indispensable pour survivre. Mais alors réfléchir ! Se prendre la tête,  c’est vraiment trop craignoss. En plus, ça peut vous mener loin, bien trop loin. Les média peuvent beaucoup nous aider dans cette hygiène de vie qui consiste à demeurer idiot.

– Une méthode (difficile) pour voir surgir des idées nouvelles, inattendues ; pour éviter l’obsession activiste et faciliter l’apparition du : à faire ou à éviter ou à différer. Se vider l’esprit, le laisser flotter, ne penser à rien, de précis au moins, et marcher, déambuler, en étant aussi déconcentré que possible ; ce qui, là, ne veut pas dire dispersé, mais plutôt inhabité. L’objectif, non recherché étant de se libérer l’esprit de tout ce qui constitue l’en-cours immédiat dont la présence obsédante empêche de voir le paysage à côté de la route ou au-delà du prochain virage.

– J’ai renoncé à même seulement compulser les innombrables manuels actuels de relaxation, méditation, bien-être, développement personnel. Mon reste de vie, même généreusement accordé, n’y suffirait pas et, de plus, ils disent tous la même chose.

« L’occasion d’un salutaire retour sur soi-même ; pour peu qu’il y ait quelqu’un. » (Basile de Koch)

L’être intime de l’homme « dont la destinée est de penser. » (Martin Heidegger)

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« La pensée est une espèce de jeu qui n’est pas toujours très sain, communément on tourne sans avancer. » (Alain)

« La paresse consiste à délibérer sans fin, car, quand on réfléchit, tous les possibles sont équivalents. Il faut savoir se tromper, savoir tomber et ne pas s’en étonner. » (Alain)

« ‘Parfois je pense, parfois je suis’ … Il arrive que penser nous détourne de certaines choses ou manière d’être essentielles … ‘L’overthinking’, la rationalisation permanente, le recours constant au raisonnement logique qui peut parfois finir par étouffer l’intuition. » (Christophe André – citant Paul Valéry)

« Laisser faire le travail de la nuit. » (saint Thomas d’Aquin) – Conseil : prendre le temps de la réflexion, ne pas agir à chaud.

« Le fait vient en premier, c’est un point de départ. » (Aristote)

« L’intellect veut saisir ce qui est donné aux sens, tandis que la raison souhaite en comprendre la signification … la distinction de Kant entre la capacité de savoir née de l’expérience sensorielle et la faculté de penser spéculative. » (Hannah Arendt)

« Rares sont les penseurs qui vivent leur pensée et les hommes qui pensent leur vie. » (Kostas Axelos)

« Dans le jeu de la pensée, ne compte pas seulement le résultat mais, tout autant sinon plus, le chemin, le cheminement, l’acheminement, la méthode. » (Kostas Axelos)

« La question que j’aimerais que l’on me pose se formulerait à peu près ainsi ; qu’est-ce qui éclaire, en ces temps, l’absence universelle et étonnante, (mais est-elle si étonnante ?) de pensée. » (Kostas Axelos – Entretiens)

 « Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible. » (Maurice Barrès)

« Nul instant n’a de prix ni de plénitude en soi-même, on ne saurait s’y tenir. Il faut qu’il cède la place le plus vite possible à l’instant qui le suit. Chaque instant n’est qu’un moyen pour l’instant qui le suit … L’intégrité et l’unité du moi sont liées à l’intégrité et à l’unité de l’indécomposable présent, de l’instant en sa valeur plénière, qui n’est plus alors un moyen pour l’instant suivant … L’instant indécomposable est l’instant de la contemplation, sans laquelle il n’y a pas de concentration, d’approfondissement, d’intégrité du moi … que la tristesse de l’existence livrée au monde objectivé. » (Nicolas Berdiaeff) – Contemplation, méditation.

« La réflexion n’est plus ce qui permet de juger, mais ce qui permet d’ajourner le jugement. » (Emmanuel Berl) 

« Réflexion ; Action de l’esprit par laquelle nous obtenons une vue plus nette de nos rapports avec les événements de la veille, et sommes capables d’éviter des périls que nous ne rencontrerons plus jamais. » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable)

« L’augmentation du nombre et de la soudaineté des événements, dont le moindre aurait stupéfait l’univers, du temps que nos parents avaient notre âge, et qui ne retiennent même plus notre inattention, rendent la réflexion inutile : le temps qu’on en décortique un pour en désenchevêtrer les causes et lui inventer une explication, des complications nouvelles, à cela plus captivantes, l’ont jeté dans l’oubli et l’on reste toujours en retard de quelques dysfonctionnements ; et il deviendrait plus sain de se débarrasser de toute signification comme d’un fardeau inutile. » (Baudouin de Bodinat)

« Nulle part la poésie de l’aéroport n’est plus concentrée que sur les écrans d’information qui annoncent le départ et l’arrivée des avions … Si nous trouvons une certaine poésie à la station-service et au motel, si nous sommes attirés par l’aéroport ou la gare, c’est peut-être parce que, en dépit de leurs compromis architecturaux et de leur inconfort, de leurs couleurs criardes et de leur éclairage violent, nous sentons confusément que ces lieux isolés nous offrent un cadre matériel à une alternative bénéfique au confort égoïste, aux habitudes et au confinement du monde sclérosé ordinaire. » (Alain de Botton)

« Rêverie dans laquelle nous semblons dériver hors de notre moi ordinaire et avoir accès à des pensées et des souvenirs qui n’émergeraient peut- être pas de leurs limbes dans des circonstances plus habituelles … Au bout de deux heures de rêverie ferroviaire, on peut avoir le sentiment d’avoir été rendu à soi-même : c’est-à-dire ramené au contact d’émotions et d’idées importantes pour soi. » (Alain de Botton – dans un train, par la fenêtre)

« Un gouffre sépare l’explication des rituels magiques par les hypothèses de type ‘mentalité primitive’ de l’explication qui y voit l’effet de différences entre le savoir du ‘primitif’ et celui de l’homme moderne. Dans le premier cas, les règles de la pensée sont supposées variables selon les époques et les cultures (et les milieux sociaux !). Dans le second, elles sont traitées comme universelles et invariantes. (Raymond Boudon – s’appuyant sur Durkheim) – Ne pas réserver cette constatation aux Sauvages !

« Nous pensons toujours depuis le sommet de la pile. » (Daniel Bougnoux) – Suivant la dernière préoccupation. Ce qui nous empêche de réfléchir au fond, au non urgent, à l’essentiel, au terme et long terme, à ce qui fait, et encore plus, fera notre vie…

« Pour toute réflexion guettée par le doute le manichéisme reste la béquille idéale. » (Pascal Bruckner)

« L’idéologie ‘politiquement correcte’ où toute réflexion est remplacée par des réflexes conditionnés. » (Annie Le Brun)

« Le bonheur de la plupart des hommes a pour condition nécessaire l’absence de toute réflexion. » (Albert Caraco)

« Tout le monde regarde ce que je regarde, mais personne ne voit ce que je vois. » (Chateaubriand) – Le surgissement épisodique du Je personnel.

« La plupart des hommes ne vont pas au-delà de ce qui nourrit leur curiosité, Ils s’attachent davantage à ce qui les surprend qu’à ce qui les rapproche : vite satisfaits et craignant de réfléchir. » (Louis Martin-Chauffier)

« Le temps vide de la méditation est, à la vérité, le seul temps plein. Nous ne devrions jamais rougir d’accumuler des instants vacants. Vacants en apparence, remplis en fait.  Méditer est un loisir suprême, dont le secret s’est perdu. » (Emil Cioran)

« Si, par hasard ou par miracle, les mots s’envolaient, nous serions plongés dans une angoisse et une hébétude intolérables … C’est l’usage du concept qui nous rend maîtres de nos frayeurs. Nous disons : la Mort, et cette abstraction nous dispense d’en ressentir l’horreur et l’infini. En baptisant les choses et les événements  nous éludons l’Inexplicable : l’activité de l’esprit est une tricherie salutaire, un exercice d’escamotage ; elle nous permet de circuler dans une réalité adoucie, confortable et inexacte … la réflexion naquit un jour de fuite ; la pompe verbale en résulta … C’est l’abstraction, les sonorités sans contenu dilapidées et boursouflées, qui ont empêché l’homme de  sombrer, et non pas les religions ou les instincts … Lorsqu’Adam fut chassé du paradis, au lieu de vitupérer son persécuteur, il s’empressa de baptiser les choses : c’était l’unique manière de s’en accommoder et de les oublier … Les bases de l’idéalisme furent posées. » (Emil Cioran)

« Réfléchir, c’est faire un constat d’impossibilité. Méditer, c’est donner à ce constat un titre de noblesse. » (Emil Cioran)

 « On saisit incomparablement plus de choses en s’ennuyant qu’en travaillant, ’l’effort’ étant l’ennemi mortel de la méditation. » (Emil Cioran)

« A force d’aller au fond des choses, on y reste. » (Jean Cocteau)

« Etudier sans réfléchir est vain, mais réfléchir sans étudier est dangereux. » (Confucius) – L’étude confucéenne est d’abord l’apprentissage moral du métier d’homme, l’acquisition du savoir ne vient qu’ensuite et après.

« ‘Le délai de réflexion est infantilisant. » (Catherine Coutelle, présidente de quelque chose – sur le délai de réflexion avant décision d’avortement, supprimé bien sûr) – Ou la réflexion infantilisante, alors qu’on croyait que l’impulsion était le propre du poupon ou du rustre.

« La ‘dissolution de la logique’, soit la ‘perte de la possibilité de reconnaître instantanément ce qui est important et ce qui est mineur ou hors de la question ; ce qui est incompatible ou, inversement, pourrait bien être complémentaire ; tout ce qu’implique telle conséquence et ce que, du même coup, elle interdit’. » (Guy Debord)

« Le gradualisme des hypothèses, le différemment de la conclusion, le détour calculé, tout cet appareillage de la rationalité critique procédait de l’infinie patience du marcheur, ou de l’endurance du cavalier. Nous, nous entendons piquer droit au but. … Relations entre progrès de l’irrationalisme et gains de vitesse. » (Régis Debray)

« Les affaires extérieures, écrit Napoléon à un commis, sont des affaires qui doivent se traiter longuement ; vous devez toujours garder mes lettres trois ou quatre jours sous votre chevet avant de les faire partir … L’esprit de décision ne s’oppose pas à la lenteur de la conception, il la suppose. Plus longue la réflexion, plus prompte l’initiative … Aujourd’hui, la crise est du matin, l’échange téléphonique à midi, et l’arrivée sur place le soir, ce soir on improvise (Talleyrand mit huit jours pour rejoindre Vienne en septembre 1814) … La jet diplomaty est une diplomatie du spectacle, à l’estomac … la mobilité devient alors son propre motif … Se déplaçant pour un rien, il finit par se déplacer pour rien (le politique) … A la diffusion des communications correspond la multiplication des crises mondiales … Ce sont les immobiles, non les agités, qui mettent les hommes en mouvement. Bouddha est resté sept semaines assis sous son figuier … Accélération de la vie, pulvérisation des jours, désintégration de la personne ; l’aliénation n’est plus loin. » (Régis Debray – La puissance et les rêves)

« Beaucoup de réflexion et peu de connaissances, voilà ce à quoi il faut tendre. » (Démocrite)

« Je ne me fie jamais aux premières pensées qui me viennent. » (Descartes)

« Les secondes pensées ont pour coutume d’être plus nettes que les premières. » (Descartes)

« La majeure partie de nos états de conscience ne se seraient pas produits chez des êtres isolés et se seraient produits différemment chez des êtres groupés d’une autre manière. Ils dérivent non de la nature psychologique de l’homme en général, mais de la façon dont les hommes une fois associés s’affectent mutuellement … Deux consciences : l’une qui nous est commune avec notre groupe… qui est la société vivant et agissant en nous (sorte de ‘marché commun de la pensée’ suivant Lucien Jerphagnon), l’autre qui représente ce que nous avons de personnel et de distinct. » (Emile Durkheim)

« L’absence de pensée c’est la pensée instantanée, et la pensée instantanée est l’omniscience. » (maître Eckhart) – « Pour sentir cela, table rase, faire le vide. Tous les mystiques sont passés par là … Le ‘passage à une autre sphère’ dont parle Aristote, ‘la fulguration de l’être propre’ de Heidegger. » (Marc de Smedt) 

« Il faut aller bonnement son chemin. Tout ce que vous y mettez de plus est de trop et c’est ce qui forme un nuage entre Dieu et vous … Allez votre train, oubliez tout, allez devant vous ; Dieu ne vous manquera pas … La simplicité du premier mouvement contre les retours de la réflexion.  » (Fénelon – à une pénitente) – Sur les ‘méfaits de la réflexion’, de trop de réflexion préalable, en matière morale essentiellement.

« Je fus contraint de prendre une mesure que personne  n’adopte volontairement : je fus obligé de réfléchir. » (Francis Scott Fitzgerald – La fêlure)

« Dans le domaine intellectuel, il reste une offre, produite par des individus isolé, mais il n’y a pas de demande. » (Marcel Gauchet) – On ne peut pas se cultiver un minimum et rester courbé, même en marchant, sur sa tablette. Génération d’abrutis.

« Certains hommes pensent avec des phrases toutes faites (la phrase se substitue à la réflexion) ; faculté singulière de penser par clichés. Les mots échouent à pendre des postures nouvelles. Ils se présentent dans l’ordre où la mémoire les a reçus (ils traînent la pensée à leur suite, une pensée honteusement résignée). Les mots enfermés dans le cerveau comme dans un appareil de distribution passent directement de leurs cases au bout des lèvres ou au bout de la plume sans aucune intervention de la conscience ou de la sensibilité. » (Rémy de Gourmont)

 « Les moines des premiers temps ont développé une méthode qui leur permettait de vivre entièrement dans le présent. Cette méthode, c’était la méditation, ou comme ils l’appelaient la ‘rumination’ … Conserver, sauvegarder dans son cœur, le peu que nous avons lu, entendu … Tout simplement, être attentif à ce que je suis en train de faire …être tout entier dans l’instant présent … ne pas se presser, marcher lentement … percevoir consciemment toute sensation … Vivre soi-même au lieu d’être vécu» (Père Anselm Grün)

« Les impulsions émotives empêchent la réflexion, et c’est une des plus vulgaires habiletés de la politique que celle qui consiste à tirer parti de cette incompatibilité. » (René Guénon)

« Un système est un ensemble d’éléments de pensée qui dépendent les uns des autres et dont l’un conduit à l’autre par une suite logique, par une conséquence … Une méthode, c’est une recherche, une ouverture et une voie qui doit nous acheminer vers quelque vérité … Le système vise à la cohérence plus qu’à la vérité ; la méthode vise à la vérité plus qu’à la cohérence … L’esprit de système est un esprit architecte … Rigueur logique de la déduction, symétrie des propositions, balancement  des antithèses … L’harmonie interne de la pensée est pour lui le signe qu’il a reconstitué l’ordre réel des choses … L’esprit de méthode au contraire ne se soucie guère de la forme : il se concentre, il s’acharne, il creuse le sol ; sa grande idée est d’arriver au but et par conséquent de trouver les moyens les plus efficaces ; peu importe que la galerie soit régulière … Le méthodique n’est point un architecte, c’est un sapeur … Chaque voie a ses défauts et ses qualités … Il faudrait avoir l’esprit de méthode dans les commencements, l’esprit de système dans les achèvements. Mais, s’il fallait choisir, il faudrait préférer la méthode, car les systèmes ne voient les choses qu’en gros, et les choses ne sont vraies que par ce que nous appelons à tort des ‘détails’ et des ‘nuances’. » (Jean Guitton)

« La marée de révolution technologique qui nous guette pourrait tellement captiver, ensorceler, éblouir et captiver l’homme, que la pensée qui calcule pourrait bien un jour ou l’autre être acceptée et pratiquée comme la seule façon de penser … Le caractère frénétique de la technologie menace de s’installer partout. » (Martin Heidegger)

« La piété de la pensée … La plus pensante pensée. » (Martin Heidegger – sur le questionnement – cité par Alain de Benoist)

« Rien n’est plus cher à l’éclosion que le retrait. » (Héraclite)

« Les hommes les plus grands de l’histoire universelle ou bien ont médité ou bien ont trouvé sans s’en rendre compte la voie qui aboutit où nous mène la méditation. » (Hermann Hesse)

« Créer au-dedans de soi une vaste plaine, débarrassée des broussailles sournoises qui vous bouchent la vue, ce devrait être le but de la méditation. » (Etty Hillesum)

 « Capacité de thématiser  et problématiser ce qui, dans l’attitude naturelle, n’est que simple réalité … Brisure du rapport au contexte, réflexion déclenchée par une dissonance, par un dérangement dans le train-train de l’habitude, par un événement déclencheur perturbateur (surprise, déception, désir insatisfait, intention inaboutie, situation inédite…) … Changement de régime de conscience, prise de distance réflexive, changement de régime (au sens du régime d’un moteur), de la somnolence à la vigilance, de l’inattention à l’attention, de la dissipation à la concentration, de l’abstention à l’intervention … Changement du mode de relation à la parcelle de contexte considéré … L’événement ne prend son sens d’événement que sur le fonds d’un horizon de référence au nom duquel la réflexion est déclenchée. » ((Mark Hunyadi) – Sans la  présence d’un horizon de référence (cas ordinaire du Bobo…)   il ne peut se produire ni réflexion ni attribution de sens à un événement, fut-il perturbateur, simplement flottaison de l’esprit dans l’anecdote et soumission pleine et entière à la doxa. Les médias étant chargés  d’escamoter tout horizon de référence autre que celui permettant d’exercer la domination.

« Dés le premier tressaillement de la réflexion l’esprit d’inquiétude nous tourmente ; car La réflexion n’est pas là pour confirmer les évidences, mais au contraire pour les contester. » (Vladimir Jankélévitch)

« Philosopher, c’est se comporter dans le monde comme si rien n’allait de soi. » (Vladimir Jankélévitch)

« En morale, en littérature, les erreurs d’optique sont provoquées par l’irréflexion. » (Joseph Joubert)

« Je n’ai pas connu l’immédiateté ; par suite ; à un point de vue strictement humain, je n’ai pas vécu. J’ai tout de suite commencé par la réflexion ; je n’en ai pas acquis un peu avec l’âge ; je suis réflexion du commencement à la fin. » (Kierkegaard) – De l’extrême danger de trop de cérébralité, voir l’existence assez lamentable de l’auteur.

« Il ne s’agit que de trouver l’endroit d’où il faut voir. » (Kierkegaard)

« Les gens ont souvent l’intention de faire quelque chose ; il est plus rare qu’ils aient l’intention de réfléchir sur quelque chose. » (Karel Kosik)

« Faire une halte peut déjà constituer un bon début de réflexion. En s’abandonnant (au doute, à l’angoisse), en se posant la question : à quoi bon tant se presser, trimer et inventer, on voit se dégager l’espace et le temps propices à la méditation. » (Karel Kosik)

« Il faut se retirer, pour penser, de la foule, et s’y confondre pour agir. » (Lamartine)

« Réfléchir avant de penser. » (Stanislas Jerzy Lec)

« La pensée est une inspiration, la réflexion, un travail. » (duc de Lévis)

« La capacité permanente et implacable d’absolue souvenance est une malédiction : elle exclut toute possibilité de réflexion. Car la pensée requiert un espace où l’on peut oublier, choisir, effacer, isoler, éliminer, mettre en valeur. Si vous ne pouvez rien rejeter du grenier de la mémoire, vous ne pouvez ni abstraire ni généraliser. Sans abstraction ni généralisation, il ne peut y avoir de pensée. » (Simon Leys) – D’où la place prise dans les média et dans l’éducation par l’anecdote qui empêche abstraction et généralisation.

« On ne saurait observer les mêmes choses de trop d’endroits différents ; à chaque nouveau point de vue la nature paraît nouvelle. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Quels maux sans nombre ne cesse d’engendrer le privilège humain de réfléchir ! A peine s’exerce-t-il, et voilà qu’il naît ‘plus de désordre dans une seule conscience qu’il n’en faudrait pour disjoindre l’univers … L’homme à l’état brut est un nœud féroce de contradictions’. » (cardinal Henri de Lubac – citant Pierre Emmanuel et visant les critiques systématiques)

«  Contaminés par la dérive anglo-saxonne qui consiste à porter tout désaccord devant les tribunaux, nous en arrivons à renoncer à  la réflexion philosophique, sociologique ou politique pour ne plus penser qu’à la loi, en une dérive étrangement similaire à celle des fanatiques qui nous combattent, et pour lesquels l’obéissance à une loi divinisée et prétendument divine abolit toute exigence éthique … L’abandon de l’exigence morale pour ne garder que la dimension contractuelle des relations humaines et du droit aboutit à la loi de la jungle, la capacité d’instrumentaliser les subtilités juridiques tenant lieu de force, son vernis policé ne devant pas en masquer la sauvagerie. » (Aurélien Marq) – Les lâches, comme les impuissants, moralement comme culturellement,  s’abritent toujours derrière la loi.

 « Se poser quelque part, au calme … La position assise, le dos bien droit … C’est quand l’esprit est parfaitement silencieux que l’on comprend. » (Serge Marquis)

« Les pâles images suggérées par la réflexion ont rarement la force de conduire un homme à l’action. » (Charles Maurras)

« Le présent est haché, envahi, rempli par une masse d’informations … Cela veut dire concrètement que le présent est bouché, qu’il n’y a plus de place pour y faire entrer quoi que ce soit … Le sentiment corrélatif est d’être débordé, miné … poussé en avant … Le temps devient une suite d’urgences … Urgence généralisée qui tient avant tout aux moyens de communication et d’information à notre disposition … Ce temps saturé d’événements et d ‘informations tombe sous un présentisme qui ronge et fait disparaître les autres dimensions temporelles … Impossibilité de mettre les choses en perspective en les articulant et en les hiérarchisant … Ce qui se perd ainsi, c’est la réflexion, la réflexion comme arrêt de la pensée parce que l’expérience fait problème ou parce que l’on souhaite s’orienter en prenant le temps … L’urgence du présent débarrasse de la réflexion : il faut parer au plus pressé, traiter les urgences. » (Yves Michaud)

« Prendre le temps de la réflexion (même par de simples silences) c’est prendre l’ascendant psychologique. C’est aussi se prémunir contre des émotions parasites … Celui qui vous presse est un bluffeur. » (Elodie Mielczareck – sur la communication) 

« Le désert croît. Malheur à celui qui abrite en lui des déserts. » (Nietzsche s’est trompé – l’inculture, l’insignifiance du conformisme généralisé, mène aujourd’hui à la célébrité et à la fortune ; voir les milieux médiatique et du spectacle)

« ‘Je me promène parmi les hommes comme s’ils étaient des arbres’ … S’isoler, se retirer en soi … voilà une véritable attitude individualiste. » (Georges Palante – citant Descartes méditant) – Très bien sauf de temps en temps…

« Je suis quelqu’un qui met en relation les faits, même éloignés, qui rassemble les morceaux désorganisés et fragmentaires dans une politique cohérente et qui rétablit la logique, là où semble régner l’arbitraire, la folie et le mystère. » (Pier Paolo Pasolini) – Est-ce pour cela qu’on l’a assassiné lors des années de plomb ?

« Il n’y a pas de meilleure manière d’arriver à prendre conscience de ce qu’on sent soi-même que d’essayer de recréer en soi ce qu’a senti un maître. Dans cet effort profond c’est notre pensée elle-même que nous mettons, avec la sienne, au jour. » (Marcel Proust – à propos de la lecture, mais on peut étendre)

« La science, en effet, ne secrète aucun sens : tout son objet, au contraire, consiste précisément à en reculer l’origine vers des amonts toujours plus lointains. Le sens requiert un dessein, une volonté, une aspiration ; la science ne chérit que les causalités implacables et aveugles, à l’indifférence inhumaine … Bientôt, la ‘pensée calculante’, pour parler comme Heidegger, finit par avoir raison de toute ‘ pensée méditante’.  Alors, comme le notait avec justesse Spengler, en 1931, dans ’L’homme et la technique’ : ‘On ne pense plus qu’en chevaux-vapeur. On ne regarde plus de chute d’eau sans vouloir la transformer en électricité ; on ne regarde plus d’enclos de troupeaux qui paissent sans penser à l’exploitation de leur stock de viande’.  Bref, on ne croit plus qu’aux seules vertus de la logique et du nombre. » (Sylvain Quennehen)

« Je sais déjà regarder les nuages qui passent,

« Je sais aussi rester en place.

« Et je sais presque me taire. » (Jules Renard) – Bravo !

« Aujourd’hui, il ne faut pas laisser la pensée s’échapper du dispositif, éviter qu’une brèche ne s’ouvre dans la mobilisation universelle de l’étant et de la pensée, empêcher que l’esprit ne se manifeste en prévenant tout décalage entre la pensée et le monde. L’ajustement doit être parfait … Accident : cellule de soutien psychologique, pour rattraper le coup. Chaque trou doit être bouché par lequel l’esprit pourrait se reinsinuer … Hypnotiser la conscience, la saturer matériellement à défaut de pouvoir s’en rendre maître conceptuellement. » (Olivier Rey)

« On comprend sans doute mieux la nature véritable de la désolation présente (dans quel monde nous vivons) en s’en remettant à ses seuls sens, plutôt qu’à des systèmes d’interprétation, qui n’apportent guère que des consolations; l’illusion d’une maîtrise, au moins intellectuelle.  Se tenir à la perception sensible … est de toute façon le passage obligé pour qui veut reconstruire son intelligence sur le tas, sans le filtre des représentations: c’est le début, forcément individuel, de toute désincarcération, d’aller réveiller au fond de soi la sensibilité atrophiée … douloureuse, comme toute désintoxication. » (René Riesel) – Même s’il s’agit plus de perception, sensation que de méditation, réflexion.

« Réfléchir, c’est déranger ses pensées. » (Jean Rostand)

« J’ose presque dire que l’état de réflexion est un état contre nature et que l’homme qui médite est un animal dépravé.. » (J. J. Rousseau)

« Tout le mal que j’ai pu faire dans ma vie a été le résultat de la réflexion, et le peu de bien que j’ai été capable de faire a été le résultat de l’impulsion. » (J. J. Rousseau – Le Contrat social)  

« Les nouvelles technologies nous placent dans un environnement de réponses rapides. L’attente devient vite insupportable et la réflexion n’a pas toujours le temps de mûrir. » (Sœur Marie-Anne Le Roux) – C’est même le moins que l’on puisse dire.

« Réfléchir, c’est préférer. » (Louis Scutenaire)

« Ne pas avoir le temps de méditer, c’est n’avoir pas le temps de regarder son chemin, tout occupé à sa marche. » (père Sertillanges – En annexe, honte à lu, le religieux belliqueux sanguinaire de 1917)

« Il ne s’agit pas d’acquérir, il s’agit de creuser. » (Marc de Smedt)

« Méditer c’est faire en soi une espèce de vide qui ne serait rempli dans les meilleurs moments que par le corps et par le monde. » (André Comte-Sponville)

« L’espace public ne peut être un milieu de formation du sens, d’un sens commun, voire de lien social, qu’à la condition de bénéficier du temps requis pour la délibération, la discussion ou le dialogue. Or l’emprise de l’idéologie technocommunicationnelle est telle que l’impératif de vitesse qu’elle impose rend impossible le fonctionnement démocratique … Annulation de la réflexion au profit de l’information technicisée, monopolisée et marchandisée. » (Pierre-André Taguieff) – Il est bien évident que l’agitation médiatique a pour but annexe de servir le pouvoir dans son obsession d’empêcher toute réflexion.

« Et comme c’est une activité fatigante, on l’aide. On lui fournit un récit tout prêt. » (François Taillandier) – Il ne manque pas d’enchanteurs pour les fabriquer.

« ‘Oui’ et ‘Non’ sont les deux mots les plus courts à prononcer et ceux qui demandent le plus d’examen. » (Talleyrand)

« Si la solitude est féconde … c’est qu’elle alterne avec une vie intense de relations, d’expériences et de lectures, dont elle est la méditation. » (Gabriel Tarde)

« Il n’est pas impossible qu’après un temps de réflexion on en vienne à ne plus rien désirer ni regretter. » (Edmond Thiaudière)

« L’homme qui pense devient ermite au milieu de l’agitation de la place du marché. » (Henry David Thoreau)

« Rien n’est plus nécessaire à la culture des sciences que la méditation, et il n’y a rien de moins propre à la méditation que l’intérieur d’une société démocratique. Chacun s’agite : les uns veulent atteindre le pouvoir, les autres s’emparer de la richesse. Au milieu de ce tumulte universel, de ce choc répété des intérêts contraires, de cette marche continuelle vers la fortune, où trouver le calme nécessaire aux profondes combinaisons de l’intelligence ? Comment arrêter sa pensée sur un point, quand autour de soi tout remue et qu’on est soi-même entraîné et balloté chaque jour dans le courant … Se livrant peu à la méditation il est naturel que les hommes des sociétés démocratiques aient peu d’estime pour elle. Les habitudes d’esprit qui  conviennent à l’action ne conviennent pas toujours à la pensée.  » (Alexis de Tocqueville)

« Réfléchir permet de se tromper judicieusement. » (Bertrand Vac)

« Ayez toujours deux idées, la seconde pour corriger la première. » (Paul Valéry)

« Personne n’est sujet à plus de fautes que ceux qui n’agissent que par réflexion. »(Vauvenargues)

« Être ferme par tempérament et flexible par réflexion. » (Vauvenargues)

« Aucun rapport ne se forme si la pensée ne le produit pas. Deux et deux restent indéfiniment deux et deux si la pensée ne les ajoute pas pour en faire quatre (Simone Weil)

« Nous haïssons les gens qui voudraient nous amener à former les rapports que nous ne voulons pas former. » (Simone Weil)

« Dans la pensée aussi il y a un temps pour labourer et un temps pour récolter. » (Ludwig Wittgenstein)

« Un homme qui lit, ou qui pense, ou qui calcule appartient à l’espèce et non au sexe ; dans ses meilleurs moments il échappe même à l’humain. » (Marguerite Yourcenar – Mémoires d’Hadrien)

« Cinq minutes assis valent mieux que dix minutes debout. » (proverbe)          

« Se gratter la tête n’est pas une activité cérébrale. » (?)

« Le défilé ininterrompu,  l’enchevêtrement des images a pour fonction d’empêcher la réflexion de se poser. » ( ?)

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