510,1 – Nature, Ecologie ; Naturel

« On ne  plus la terre, on la contrôle. » (?)

« L’indétermination pratique de la nature (comme l’indétermination de l’homme) est un des postulats du matérialisme dialectique … Elle est ce qui doit être disloqué. » (Pierre Boutang se référant à la théorie aberrante de Lyssenko)

– On ne cesse de parler de la nature, de faire semblant de la protéger… alors qu’on la viole sans cesse, qu’il s’agisse des bois et des champs ou des relations humaines (reproduction, filiation…). Elle nous fera payer notre négligence et notre prétention.

– Dans le récit de la Genèse, Dieu a institué l’homme comme l’intendant, le gérant de la nature ; c’est Descartes qui en a fait le maître, le possesseur. Si on se réfère à la Genèse, la domination de l’homme a toujours eu pour corollaire une responsabilité claire à l’égard de la nature ; saint Paul la compare à celle d’un gouverneur de province qui ne peut abuser de son pouvoir.

– Ce qu’on appelle loi naturelle n’est pas le retour à la nature, ou au chaos, ou à l’indifférenciation, c’est au contraire l’état, la situation d’un élément de l’univers par rapport à l’ensemble, sa place. Ainsi, un homme n’est pas un chimpanzé, une femme n’est pas un homme… Le culturel n’est qu’un ajout, une superstructure (au sens marxiste) qui ne saurait violer, sauf dommages imprévisibles mais certains, la loi naturelle, les lois non écrites.

– Paul Claudel a parfaitement exprimé le rapport de la nature et de l’esprit dans la parabole d’Animus et d’Anima ; Anima fait celle qui ne comprend pas, jusqu’au jour…

Voir aussi aux rubriques : Argent – Economie, 050,1 et Développement durable, 510,3

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« Après des millénaires de rationalité, la panique s’empare de nouveau de l’humanité dont la domination acquise sur la nature devenue domination de l’homme excède de loin en horreur ce que les hommes eurent jamais à craindre de la nature. » (Theodor Adorno)

« L’exister est l’actualité de toute forme ou nature. » (saint Thomas d’Aquin)

« L‘homme, en tant qu’homme, ne fait pas un travail contraire à la nature, tant qu’il fait ce que l’homme doit faire. » (Marc-Aurèle)

« A la nature qui donne et reprend tout, l’homme instruit et modeste dit :’Donne ce que tu veux, reprends ce que tu veux’. Et il ne le dit point par défi, mais uniquement par obéissance et condescendance pour elle. » (Marc-Aurèle)

« Va toujours par le chemin le plus court, et le plus court est celui qui va selon la nature. » (Marc-Aurèle)

« Pour commander à la nature il faut accepter de lui obéir. » (Kostas Axelos) – Obéir ? De nos jours ça veut dire quoi ?

« L’homme est peut-être le premier objet naturel où la nature essaye de se contredire. » (Gaston Bachelard)

« On ne gagne d’empire sur la nature qu’en lui obéissant. » (Francis Bacon) – Sagesse bien oubliée, nous qui brutalisons et violons la nature, et sommes soudainement et depuis peu  effrayé par les conséquences qui vont survenir.

« La nature est maintenant technicisée, asservie aux fins de l’homme, voilà ce qui paraît la démonstration suprême de la supériorité‚ de l’homme. Mais, ainsi désacralisée, elle n’est plus capable de parler d’autre chose que de l’homme qui l’a marquée du signe de sa souveraineté. » (Père Hans Urs Von  Balthasar)

« Cette “nature” qui protège, dirige et justifie la liberté de l’homme, et sur laquelle saint Thomas d’Aquin avait fait porter tout le poids de l’édifice, est pour Sartre l’ennemi mortel, le cachot de la liberté, et l’acte de faire sauter ce cachot est l’acte décisif par lequel l’homme devient vraiment homme. » (Père Hans Urs von Balthasar) – On voit le résultat. Il s’agit là de la nature de l’homme, plus que de la nature d’environnement.

« Un parisien au milieu de la nature nous la gâte un peu ; il traîne trop de civilisation avec lui. » (Anne Barratin)

« La Nature est un temple où de vivants piliers

« Laissent parfois sortir de confuses paroles.

« L’homme y chemine à travers une forêt de symboles

« Qui l’observent avec des regards familiers. » (Charles Baudelaire – Spleen et idéal)

« Au XVIII° siècle avec l’avènement et la découverte de la nature comme potentiel de forces (et non plus comme ensemble de lois), comme source de vie et réalité originelle … Cet avènement n’est que l’envers d’un événement : l’entrée de la nature dans l’ère de sa domination technique. C’est-à-dire la césure définitive entre un sujet et une Nature / objet et leur soumission simultanée à une finalité opérationnelle. » (Jean Baudrillard)

« En fait, nous ‘n’avançons’ pas, nous ne faisons que ranger la pagaille et chercher une porte  de sortie par laquelle échapper aux dégâts provoqués hier par nos propres actions. Les risques sont nos produits … Nous nous concentrons sur la tâche la plus proche, tandis que les changements que nous apportons à l’équilibre de la nature et de la société … se propagent en tout lieu ; leurs conséquences lointaines reviennent nous frapper sous la forme de nouveaux dangers, de nouveaux problèmes et donc de nouvelles tâches. » (Zygmunt Bauman)

« – Le garde-chasse défend la terre confiée à sa surveillance contre toute intervention humaine afin de préserver son équilibre – Le jardinier l’organise et la gère harmonieusement – Contrairement à ces deux personnages qui ont prévalu avant son entrée en scène, le chasseur se moque de l’équilibre, il remplit sa gibecière … L’extinction inexorable de la philosophie des gardes-chasse, combinée à la raréfaction de la philosophie des jardiniers, est ce que les hommes politiques portent aux nues sous le nom de ‘dérégulation’. » (Zygmunt Bauman)

« L’homme du XXI° siècle est en passe de devenir maître et possesseur de la nature humaine (génétique). Avec la menace de se montrer aussi aventureux et irresponsable avec celle-ci qu’il ne le fut envers la nature au cours des deux derniers siècles. » (Nicolas Baverez)

« La Nature est un temple où de vivants piliers

« Laissent parfois sortir de confuses paroles.

« L’homme y chemine à travers une forêt de symboles

« Qui l’observent avec des regards familiers. » (Charles Baudelaire)

« Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté. La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain existe seulement dans l’abstrait… » (Benoît XVI) – Chacun choisit sa nature !

« Rapports entre l’esprit humain et la nature … La première période pré-chrétienne ou païenne pendant laquelle l’homme, plongé dans la nature, est rattaché à elle par des liens organiques … conception animiste de la nature. Vient ensuite la période du christianisme qui se prolonge durant tout le moyen âge ; elle se déroule sous le signe d’une lutte héroïque contre les forces de la nature … La nature est considérée comme une source de tentations, comme une cause d’asservissement à des éléments inférieurs. A la troisième phase, qui débute à la Renaissance, il ne s’agit plus d’une lutte spirituelle, mais d’un combat dont l’issue doit être la victoire de l’esprit et qui doit permettre la transformation de ces éléments inférieurs en instruments, en moyens de réalisation des fins humaines, du bien-être et de la satisfaction des intérêts de l’homme. » (Nicolas Berdiaeff)

« La nature qui semblait de plus en plus fluide et docile aux mains souveraines de l’homme, redevient menaçante pour lui, par l’excès même de son apparente docilité … L’homme reste pour elle une espèce, non moins périssable que les autres … L’homme a déclaré la guerre à la Nature. Il la cessera ou la perdra. Elle lui préexistait, elle lui survivra, elle peut se passer de lui, il ne peut se passer d’elle. » (Emmanuel Berl)

« Le corps rapproche ce que l’esprit divise, la nature réconcilie ce que brouille la société … Sainte communion humaine, de l’eau, du feu, de la terre et du vent ! Les individus ont beau souiller de leurs haines, de leurs cruautés, de leurs vices, la pureté des herbes et des astres, la nature pourtant les tient rassemblés par les dons qu’elle leur prodigue et les souffrances qu’elle leur impose. » (Emmanuel Berl)

 « L’obsession de s’arracher à la nature, par laquelle on a souvent décrit l’esprit moderne, s’est transmuée en une aspiration à transgresser la nature humaine … Les utopies posthumaines … La nature n’est plus pour nous qu’un matériau indéfiniment manipulable, un ‘fonds’ d’énergie à exploiter … Le face-à-face avec la nature est devenu mortel pour elle : le sujet humain qui l’affronte veut la transformer, l’augmenter voire la supprimer … L’homme finit par avoir honte de son origine naturelle, honte de devoir son existence au processus aveugle de la procréation et de la naissance … Il est lui-même imparfait parce qu’il est ‘devenu’, alors qu’il aurait pu avoir été ‘fabriqué’ par lui-même … fantasme d’une auto-production qui nous délivrerait de la nécessité de la naissance, par le moyen du clonage ou de l’utérus artificiel … avec le rêve d’une immortalisation, grâce à la congélation des corps ou au téléchargement de la conscience, qui nous débarrasserait de l’inconvénient d’avoir à mourir … » (Jean-Michel Besnier)

« Nous ne savons pas remplacer la nature. Mais, éblouis par la mystique progressiste, nous faisons comme si nous pouvions nous en passer. » (Jean-Luc Besset)

« Tous les goûts sont dans la nature, dit-on. – Dans la nature du bourgeois, cela va sans dire… Et remarquez, je vous prie, qu’il n’est pas question de goûts très variés, de goûts très multiples, mais de ‘tous’ les goûts, depuis le goût de l’ambroisie jusqu’à celui de la m…. inclusivement… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, XXXII)

« Pourquoi respecterait-on la Nature quand n déconstruit allègrement la ‘nature humaine’ à laquelle le transhumanisme s’apprête à donner le coup de grâce ? » (Françoise Bonardel)

« Une vision mesurée de la nature nous empêche de céder à la tentation d’abaisser le niveau de notre propre être … Si les êtres humains étaient convaincus de leur propre dignité, ils éprouveraient moins le besoin de compenser en s’introduisant dans le garde-manger de la nature et en le pillant …. Analogie avec la manière du parvenu désireux de compenser son infériorité en se conduisant comme un importun, par opposition avec une certaine manière indolente de l’authentique aristocrate. » (Rémi Brague – s’inspirant pour partie de saint Thomas d’Aquin)

« La domination de la nature n’y est pas un projet mais une tâche (dans la Bible)… Mais, avec Kant et l’idéalisme allemand, la nature est à l’intérieur de chacun, le ‘pathologique’ qu’il faut réprimer. La nature est au pire un ennemi, au mieux une matière à former. C’est là que se situe l’invention de la ‘culture’ comme opposé de la nature» (Rémi Brague) – « La civilisation consiste … dans le développement de l’esprit humain, d’une part, et, de l’autre, dans le développement de l’action de l’homme sur la nature, qui en est la conséquence. » (Auguste Comte)

 « Le plus grand ouvrier de la nature est le temps. » (Buffon)

« Rien de plus révélateur que les mots dont il se sert pour désigner les endroits qu’il assigne à la nature sauvage et où, à proprement parler, il l’enferme : parc, réserve… Tous témoignent clairement de la situation résiduelle, purement décorative, qu’il lui consent. » (Roger Caillois – sur notre vision de la nature)

« Les manières d’être et la langue … qui paraissent également abandonnées au seul domaine de la nature, ou de ce qui passe pour tel. L’important, le ‘sympa’, dans les paroles comme dans les actes, c’est d’être naturel, ou mieux encore ‘nature’ … La naïve aspiration de chacun dans notre société ‘être soi-même ; laquelle a nécessairement partie liée à la répudiation emphatique de toute conception du comportement et du discours qui les soumettrait à des règles extérieures à la personne et à ses pulsions. » (Renaud Camus) – « Il était naturel ; c’est-à-dire abject. » (?)

« Le naturel, c’est la convention ; ce qui vient le plus naturellement à l’esprit … C’est ce qui traîne dans tous les esprits, ce que charrient tous les discours … Ce qu’une société se trouve avoir le plus massivement assimilé, ce qui est en somme le plus entravé, le plus banal. Le naturel est un psittacisme. » (Renaud Camus)

« Lorsque les sciences dévoilent les secrets de la nature, ce que celle-ci perd en mystérieux, elle le gagne en merveilleux. » (Paul Carvel)

« Rien n’ayant jamais été donné pour rien sur Terre, si l’homme prétend s’émanciper totalement de la nature, il pourrait bien le payer d’un contrôle social total. C’est pourquoi, aux menaces de catastrophes entraînées par l’exploitation sans frein de la terre s’en ajoutent d’autres provoquées par les réactions de la matière humaine écrasée sous le poids croissant de la machine sociale … Ce paradis auquel ne manque que la part de la nature et de la liberté, du corps et de l’esprit, ne peut être qu’un enfer. L’échec même, écologique et humain, de ce ‘progrès’ ne peut que le mener à se renforcer. Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent … on est obligé de renforcer l’organisation. On est contraint de tout connaître, tout calculer, tout prévoir pour ce qui est de la nature et de l’homme. Et comme le phénomène dépasse les frontières, seule une organisation, un Etat, mondiale gérant l’ensemble planétaire peut éviter le désastre. Dans le meilleur des cas, l’homme ne se serait dégagé d’une nature totale que pour se livrer à une autre, totalitaire. » (Bernard Charbonneau) – Le feu vert)  – Prescience de la globalisation et du totalitarisme qu’elle impliquera.

« A l’origine, pour certains individus et certains pays, elle n’est pas bien lointaine, il n’y avait pas encore de nature. Nul n’en parlait, parce que l’homme ne s’était pas encore distingué d’elle pour la considérer. Individus et sociétés étaient alors englobés dans le cosmos … La nature est une invention des temps modernes … Pour l’Indien d’Amazonie, ou plus près de nous, pour le paysan français de la III° république, ce mot n’a pas de sens … Il fallait se refuser, se donner tout entier à la lutte … ni contemplation, ni amour … Mais l’homme est devenu la force naturelle la plus active de la terre ; devant lui les forêts reculent et les espèces disparaissent … Nous n’adorons plus la pluie, nous la faisons … Nos dieux sont taillés à l’image de nos outils. » (Bernard Charbonneau)

 « Les passionnés de la nature sont en général à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade, et où ensuite, pour sauver la nature ils l’organisent. Ils ouvrent la voie … en solitaires … mais il faut qu’ils l’annoncent … livres et conférences … ‘Le monde du silence’, et c’est ainsi que le silence a été rompu … Pour ne prendre qu’un exemple, le commandant Cousteau est l’un des premiers responsables d’une évolution que sans doute il déplore … réaction contre l’organisation, le ‘sentiment de la nature’ aboutit à l’organisation. » (Bernard Charbonneau)

« Evidemment il s’agit là encore de sauver la nature de la ruée des masses. Mais pour commencer il faut la vaincre à coups de bulldozer … Pour permettre aux masses de fuir les villes on aura bâti des villes ; et comme elles couvriront cette fois toutes les côtes, aller à la mer signifiera aller à Paris. » (Bernard Charbonneau – sur les aménagements)

 « Tout ce qu’il y a de plus beau ou de plus fort dans l’existence, personne ne l’a inventé. » (Bernard Charbonneau) – Boire, manger, plaisanter, aimer…

 « C’est la campagne qui est à son tour assiégée par la ville. » (Bernard Charbonneau) 

« Si j’ai toujours aimé et scruté la nature, ce n’est pas en savant mais en dévot. » (Père Teilhard de Chardin)

« Sans une longue période de maturation, aucun changement profond ne peut se produire dans la nature. En revanche, une telle période étant donnée, il est fatal que du ‘tout nouveau’ se produise. » (Père Teilhard de Chardin)

« Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. » (Chateaubriand)

« Si vous considérez la nature comme une mère, vous découvrirez qu’elle est une belle-mère. » (Chesterton)

« L’homme aime la Nature le matin, pour son innocence, son aspect aimable. S’il l’aime encore à la tombée de la nuit c’est pour ses ténèbres, pour sa cruauté. » (Chesterton)

« En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. » (Emil Cioran)

« S’il s’intoxique de bruit, c’est pour s’éviter, pour escamoter le réquisitoire que le moindre retour sur soi ne manquerait pas de lui faire entendre … La disparition du silence doit être comptée parmi les indices annonciateurs de la fin …Babylone la grande mérite de s’écrouler à cause de son tintamarre et de son tapage, des stridences de sa ferraille et des forcenés qui n’arrivent pas à s’en rassasier … Que chercher encore dans le brouhaha d’une planète babylonisée ? A secouer la Création par sa frénésie, par ses vociférations de monstre traqué, l’homme l’a rendue méconnaissable et en a compromis la paix pour toujours. « (Emil Cioran)

« Quand le naturel l’emporte sur la culture, cela donne un sauvage ; quand la culture l’emporte sur le naturel, cela donne un pédant. L’exact équilibre du naturel et de la culture produit l’honnête homme. » (Confucius)

« Les ténors de la pensée imposée tentent de nous convaincre que la nature naturelle est en danger de mort. C’est notre monde culturel surtout qui est en danger de mort … Ce qui ne serait rien si nous n’y tenions pas !  … Par quelle défaillance de la raison nous récusons l’homme prométhéen quand il s’agit de la nature et de la terre, et couronnons l’homme prométhéen quand il s’agit de la procréation ou de la sexualité … Un monde existe hors de nous, que nous ne créons pas, et ce monde exprime un ordre, que nous ne créons pas non plus : scandale, ! mystère ! » (Chantal Delsol)

« Lorsqu’on souffre trop il faut s’en aller dans la solitude, dans la nature, où toutes les douleurs se fondent et se dissolvent, parce que nos plus grandes douleurs sont petites et que le plus petit coin de campagne est très grand. » (Maurice Donnay)

« La grande intelligence, ou la grande force … de la pulsion de vie contre celle de mort, est de la détourner, d’en utiliser l’énergie pour exploiter et détruire la nature, au bénéfice de l’humanité … ‘Détournement’ qui renvoie au principe de l’investissement et de l’accumulation capitaliste. » (Dostaler et Maris) – Bénéfice très provisoire.

« Jadis la nature était encore ‘don’ avant de se figer en ‘donné’. » (Père Gérard Esbach)

« La nature ? Nous y étions plongés. Voici que nous la produisons. Autrefois naturés, désormais naturants, nous tendons à devenir causes des plantes, des bêtes, de nous-mêmes. Il n’est plus guère de nouveaux vivants qui ne soient, au moins pour partie, un objet technique. » (Alain Finkielkraut)

« Tant le naturel a de force – Il se moque de tout, certain âge accompli – Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli … Quelque chose qu’on puisse faire – On ne saurait le réformer… Qu’on lui ferme la porte au nez – Il reviendra par les fenêtres. » (La Fontaine – La chatte métamorphosée en femme)

« Dieu pardonne toujours, l’homme pardonne parfois, la nature jamais lorsqu’on la maltraite. » (pape François)

« Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures… pour

« Messire le frère Soleil qui fait le jour… de toi il porte signification.

« Sœur Lune et les étoiles : dans les cieux tu les a formées, claires…

« Frère Vent et l’air et le nuage… par lesquels tu donnes le soutien.

« Sœur Eau fort utile, et humble, et précieuse et chaste.

« Frère Feu, par qui tu éclaires la nuit, et il est beau et fort.

« Notre maternelle sœur la Terre qui nous porte et nous mêne…

« Ceux qui pardonnent pour ton amour… Ceux qui persévèrent dans la paix…

« Notre sœur la mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper. » (saint François d’Assise – cantique des créatures)

« Il n’est aucun instant qui ne te dévore … aucun instant où tu ne sois un destructeur : la promenade la plus innocente coûte la vie à des milliers de pauvres vermisseaux, un pas détruit les laborieux édifices des fourmis … Ce ne sont pas les rares grandes catastrophes du monde, ces raz-de-marée qui balaient vos villages, ces tremblements de terre qui engloutissent vos villes, qui me touchent. Ce qui me mine le cœur, c’est la force dévorante qui gît dissimulée dans la totalité de la nature, laquelle n’a rien formé qui ne détruise son voisin, qui ne se détruise soi-même … Je ne vois rien d’autre qu’un monstre qui éternellement engloutit, qui éternellement rumine. » (Goethe – Werther) – « Voir le monde comme beau et bon relève de l’illusion ou de la myopie … Le jardin au crépuscule, vu par des humains qui le contemplent du haut d’un balcon, vécu à l’échelle des insectes et des bestioles qui s’y entredévorent … havre de paix ou abattoir. » (Rémi Brague – reprenant une idée de Dino Buzzati)

« Plus la société libère l’homme de la nature, plus elle l’enferme dans l’ordre du monde artificiel. » (Pierre-Yves Gomez)

« La technique et la connaissance s’associent, dans la perspective galiléenne, dans une volonté de mettre la nature à disposition. » (Alain Gras) – Il y aurait beaucoup à dire sur l’affaire Galilée, simplement que là se situe la bifurcation vers la technoscience, l’exploitation forcenée de la nature, le machinisme à base de l’exploitation du fossile, le cynisme du progrés (avec ses bénéfices, au moins provisoires, convenons-en).

« Nous appartenons à la nature, nous ne sommes que des chimpanzés avec des clefs de voiture. » (Jim Harrison – cité par Jean-Luc Besset)

« La loi cachée de la terre conserve celle-ci dans la modération qui se contente de la naissance et de la mort de toutes choses dans le cercle assigné du possible … Le bouleau ne dépasse jamais le ligne de son possible. Le peuple des abeilles habite dans son possible. La volonté seule, de tous côtés s’installant dans la technique, secoue la terre et l’engage dans les grandes fatigues, dans l’usure et dans les variations de l’artificiel ? Elle force la terre à sortir du cercle de son possible, tel qu’il s’est développé autour d’elle,, et elle la pousse dans ce qui n’est plus son possible et qui est donc l’impossible. Que par ses plans et ses dispositifs la technique réussisse mainte invention et qu’elle produise un défilé ininterrompu de nouveautés ne prouve aucunement que ses conquêtes puissent rendre possible même l’impossible. » (Martin Heidegger) – Un peu ardu.

« Nous n’observons pas la nature elle-même, mais la nature soumise à nos méthodes d’investigation, seulement à travers nos instruments. » (Heisenberg) – « La réalité est une construction, elle n’est pas donnée de façon absolue mais relative, elle dépend du regard que nous posons sur elle. » (Jean-Jacques Witezaele)

«’Je suis ici-bas pour m’étonner de ce que je vois.’ Nous ne devons pas nous contenter de trouver la nature féconde et utile. Nous devons aussi voir qu’elle est belle et, plus encore, qu’elle est insondable, qu’elle est au-delà du beau et du laid. Nous ne devons pas chercher mais découvrir ; nous ne devons pas juger, mais regarder et comprendre, nous laisser envahir par ce que nous voyons et le faire nôtre. » (Hermann Hesse – citant Goethe)    

« Nous avons quitté la nature et nous nous retrouvons suspendus dans le vide. » (Hermann Hesse – Le loup des steppes)

« L’histoire des efforts de l’homme pour asservir la nature est également l’histoire de l’asservissement de l’homme par l’homme. » (Max Horkheimer)

« Le totalitarisme nazi disait ‘tout est nature’ (inné), le dogme communiste clamait au contraire ‘tout est culture’ (acquis). Nos penseurs contemporains rejettent l’idée même de nature et cherchent à nous faire accroire que les êtres humains n’ont aucune nature d’aucune sorte, rien à voir avec la nature, ne sont en fait pas des animaux du tout mais des entités purement culturelles qui se créent elles-mêmes par un effort de leur volonté. Selon le dogme contemporain de la plasticité, tout est variable de culture en culture, tout est question de code, de contrainte et de construction. Or la nature existe …  et jusqu’à nouvel ordre nous en faisons partie. Bien au-delà de la différence sexuelle, cette attitude anti-écologique, qui postule une disparité radicale entre l’être humain et le monde matériel qui l’entoure, c’est-à-dire en réalité une supériorité de l’être humain sur le monde, est en train de nous tuer … Tout serait construit et donc reconstructible, le bébé humain serait une ‘tabula rasa’. A nous de décider ce que nous souhaitons écrire dessus. Cet orgueil prométhéen, ce refus de tout déterminisme, de toute modestie, de toute limite à ce que nous pouvons et nous devons entreprendre a caractérisé tous les régimes communistes du XX° siècle et conduit aux catastrophes que nous savons. » (Nancy Huston) – Ce qui ne nous gêne pas pour persévérer dans notre orgueil aussi prétentieux que dérisoire. On voit percer l’idéologie du modelage. Au profit de qui ? Bonne question.

« Ce n’est plus comme jadis la nature, mais justement notre pouvoir sur elle, qui désormais nous angoisse ; et pour la nature et pour nous-mêmes. » (Hans Jonas – Le principe responsabilité)

« C’est en s’adressant à la source Matière que l’inventivité de l’Europe septentrionale a mis en route l’énorme accroissement de force qui caractérise l’ère nouvelle … Dans une société hautement organisée comme la nôtre, l’individu croit vivre de ses rapports avec ses semblables, des services qu’il leur rend et des retours qu’il en obtient ; il ne sait plus qu’il vit des prélèvements sur son environnement naturel … que la substance est empruntée à la nature … Toute forme de vie est nécessairement exploitation du milieu … Malthus le grand réprouvé de notre civilisation. » (Bertrand de Jouvenel)

« Ce n’est sans doute nullement par hasard que tout ce qui nous enchaîne au souci temporel se détache de nous avec tant de force, dés que le regard se tourne vers les fleurs, les arbres, et se laisse captiver par leur magie. La botanique devrait en recevoir un surcroît de dignité. » (Ernst Jünger)

« Toute prétention des droits de la nature qui offense la liberté est un mal ; tout usage de la liberté qui offense la nature, est un vertige. » (Saint-Just)

« Le naturel, voilà l’ennemi, voilà le faux. Le réel, voilà ce qui s’en va … Avec la disparition de la Nature, c’est la seconde mort de Dieu qui s’accomplit … le corps est trop réel pour être plus longtemps toléré. Aucune dépense ne sera de trop pour apprivoiser, captiver, supporter ce réel … Fuite devant le spécifique, devant tout ce qui était le propre de l’espèce humaine, enracinement, attachement, héritage, appartenance, transmission sommé de céder devant le soleil rayonnant du moi indéterminé, indéfiniment mobile, flexible et désengagé … Mieux vaut supprimer le réel, toujours incorrect, pour y substituer sa représentation, toujours soumise … fluide, lisse, sans aspérités ni gros mots … Rabotage du monde … La quête de l’indétermination s’exprime avec une vigueur singulière dans le domaine des particularités physiques marquant une appartenance ou dénonçant une origine… Sortir l’espèce humaine de la malédiction de la maladie, de la souffrance et de l’accident. Que plus rien d’humain n’échappe au champ du droit, du vouloir et du savoir … Miss X est d’abord l’élue de l’indétermination, programmée pour être la miss d’un monde de nulle part, élue rêvée d’une planète démocratique. » (Hervé Juvin – L’avènement du corps)

« La nature peut faire confiance au progrès : il la vengera des affronts qu’il lui a fait subir. » (Karl Kraus) – Réflexion datant de près d’un siècle, pas mal.

« Une des façons de nier notre dépendance à la nature est d’inventer des technologies destinées à nous en rendre maîtres. La technologie incarne une attitude devant la nature qui est tout le contraire d’une attitude exploratrice, selon l’expression de Mélanie Klein. Elle exprime une révolte collective contre les limitations de la condition humaine … La nature aura toujours le dernier mot (couche d’ozone, effet de serre…) … La persistance des fantasmes d’autonomie technologique de la race humaine indique que notre culture est une culture du narcissisme. » (Christopher Lasch)

« En niant la capacité de régénération de la nature, en réduisant les ressources naturelles à une matière première à exploiter et non en la considérant comme un ‘ressourcement’, la modernité a éliminé le rapport de réciprocité entre l’homme et la nature. » (Serge Latouche)

« La nature est sommée de devenir une machine à absorber les déchets humains. » (Serge Latouche)

« Nous faisons partie de la nature, aussi en lui manquant de respect c’est à nous que nous manquons de respect. » (Serge Latouche) – Mais comme l’homme moderne ne se respecte plus, tout est en ordre, ou plutôt en désordre. 

« Nous sommes les seuls qui fassions une différence absolue entre la nature et la culture, entre la science et la société (nous, les 0ccidentaux) … Pollution des rivières, embryons congelés, virus du sida, trou d’ozone, robots à capteurs… Comment comprendre ces ‘objets’ étranges qui envahissent notre monde ? Relèvent-ils de la nature ou de la culture ? Jusqu’ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches est impuissant à rendre compte de la prolifération des ‘hybrides’. D’où le sentiment d’effroi qu’ils procurent. » (Bruno Latour – Nous n’avons jamais été modernes)

« Occidentaux industrialistes, nous avons inventé le bruit incessant, les montagnes d’objets, la présence totalitaire du plein. » (Pierre Legendre)

« Croyais-tu le monde fait tout exprès pour toi ? … Dans tout ce que j’ai conçu, ordonné et mis en œuvre, j’ai eu de toutes autres fins que le bonheur ou le malheur des hommes … D’ailleurs, quand bien même il m’arriverait de supprimer votre espèce, je ne m’en apercevrais pas. » (Giacomo Leopardi – la nature s’exprimant)

« La barbarie née d’un excès de civilisation ramène, par des chemins détournés, les hommes plus près de la nature. » (Giacomo Leopardi) – L’auteur grand partisan de la nature opposée à la civilisation.

« Au moment de la victoire de l’homme sur la nature, on constatera que l’humanité tout entière est assujettie à certains individus et que ces derniers sont eux-mêmes soumis à ce qui est purement ‘naturel’ en eux, c’est-à-dire à leurs pulsions irrationnelles. La nature, qui ne sera plus entravée par les valeurs, règnera sur les maîtres du conditionnement et, à travers eux, sur toute l’humanité. » (C. S. Lewis) – Nature humaine, et non nature externe. Voilà où nous mène le relativisme.

« Qu’on nous garde d’une nature enfin pleinement humanisée, à supposer que cela fût possible, si le résultat ou la condition devait en être un homme pleinement naturalisé. » (cardinal Henri de Lubac)

« La sympathie … l’empathie, ne permet pas la domination, et donc le pouvoir sur ce qui serait inférieur : l’animal, le végétal, mais instaure un rapport fraternel pour toute forme de vie … La thématique de la domination résulte de la dénégation de la mort. Cette mort que l’on n’intègre pas on la reporte sur ces boucs émissaires que sont les créatures ‘d’en bas’. » (Michel Maffesoli)

« Quelle étroite, étriquée, minable communication que celle qui ne s’étend qu’aux pauvres hommes ! Les professeurs (profiteurs) de philosophie ont-ils jamais regardé la nature ? » (André Pieyre de Mandiargues)

« La nature fait peut-être des sauts, mais elle ne reconnaît pas l’excès, la démesure.. » (Louis Marin)

« La connaissance précède la réflexion comme la nature précède la connaissance. » (Jacques Maritain)

« L’homme véritablement et pleinement ‘naturel’, ce n’est pas l’homme de la nature, la terre inculte ; c’est l’homme des vertus, la terre humaine cultivée par la droite raison. » (Jacques Maritain)

« Si la nature ne nous aimait pas, il y a longtemps qu’elle nous aurait éliminés. » (Abraham Maslow) – Voilà qui donne de l’espoir face aux bouleversements à venir.

« Société avant individu, inégalité avant égalité, dépendance avant autonomie, nécessité avant liberté, telles sont les fortes préférences de la nature, créatrices de la vie. La volonté politique, pour être réelle et efficace,  les devra connaître, adopter et parfaire. Elle ne construira pour durer qu’en se pliant aux sources premières de l’existence. » (Charles Maurras) 

« Ce défenseur de la nature, grand baroudeur des studios, qui, pour ses émissions Ushuaia, commentait depuis un hélicoptère, évidemment filmé par un autre hélicoptère, au-dessus de la jungle et des populations mourantes, la triste fin des grands fauves africains. » (Yves Michaud – sur Nicolas Hulot) – Ce grand écologiste, désintéressé, sans ambition et tout et tout ; idole des gogos)

« Il s’agit de la réduire à sa seule fonction de réservoir de ressources. L’écologie n’étant qu’une béquille idéologique de l’utopie mondialiste. » (Flora Montcorbier)

« Il y a moins de désordre dans la nature que dans l’humain. » (Edgar Morin)

« La théorie du genre est le produit d’une société dont l’objectif est de mener une guerre totale à la nature … Elle prépare le transhumanisme qui est l’objectif final du capitalisme. » (Michel Onfray)

« Il ne faut pas juger de la nature selon nous, mais selon elle. » (Blaise Pascal)

« Pourquoi ma connaissance est-elle bornée ? Ma taille ? Ma durée à cent ans plutôt qu’à mille ? Quelle raison a eue la nature de me la donner telle… » (Blaise Pascal)

« La nature a des perfections pour montrer qu’elle est l’image de Dieu, et des défauts pour montrer qu’elle n’en est que l’image. » (Blaise Pascal)

« La nature, domaine de choses mis à la disposition de l’homme pour qu’il le domine et le régisse … Une idée dont la signification originelle était la sollicitude pour les choses confiées à l’homme, devient aux Temps modernes une doctrine de domination et d’exploitation … sans égard ni à la nature elle-même ni à l’humanité future. » (Jan Patocka – sur le détournement de la doctrine chrétienne)

« Après le Christ et après le Logos, la nature devient détachée de la source mystique et de la vie (qui vient maintenant de l’Esprit). Le terrain est prêt pour la science moderne qui constate et qui codifie la matérialité, l’indifférence de  la nature. » (Cesare Pavese)

« Seule Colette a pensé la rancune de la nature à l’encontre du monde humain. Elle a été la seule à penser la réclamation sensorielle de la terre originaire face au monde linguistique. La doléance silencieuse et fondamentale des éléments, des végétaux, des insectes, des crustacés, des poissons, des oiseaux, de toute la faune exterminée face à la gloutonnerie des hommes et des femmes. L’ogre terrifiant des contes est l’humanité devenue énorme sur la surface de la terre. » (Pascal Quignard – Mourir de penser)

« Il existe de nos jours une curieuse haine de l’homme contre sa propre grandeur. Il se considère comme l’ennemi de la vie et de l’équilibre de la création, comme le grand trouble-fête de la nature, comme la créature manquée. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« La nature dont il est aujourd’hui question n’est plus nature mais matière première, un patrimoine qu’il s’agit de ménager et de gérer à la manière d’un vaste jardin public, suivant les conseils éclairés d’experts et de réglementations d’un ministère de l’environnement qui parle de ‘l’harmonie à trouver entre les différents usagers de la nature’. » (Olivier Rey)

« La tyrannie exercée sur une nature objectivée tend inévitablement à inclure les êtres humains dans son orbe et menace en permanence de les soumettre aux mêmes procédures d’objectivation … Les dispositifs qui visaient à asservir la nature en viennent à s’appliquer à eux-mêmes … Le manque de mesure dans l’exercice de la domination conduit à la destruction de ce qui est dominé, et le maître qui se veut absolu se retrouve maître d’un champ de ruines … Le transhumanisme ne peut que s’acharner à soumettre totalement la nature, jusqu’au saccage, ou s’évertuer à lui échapper totalement, jusqu’à l’anéantissement de ce que l’on est .. ‘L’accélération continue est le propre des chutes plutôt que des ascensions.’ (Gustave Thibon)  » (Olivier Rey – Leurre et malheur du transhumanisme)

« La nature n’est plus considérée autrement que comme une matière, un ‘stock’ de ressources qu’il s’agit de ‘gérer’ et de ‘conserver’ non pour sa beauté ou sa valeur propre, mais par crainte de son épuisement éventuel et de l’impact qu’un tel épuisement aurait sur la vie et le bonheur des individus. » (François Ricard)

« Le stock menace épuisement, l’égout déborde … On n’a pas encore appris à distinguer l’épuisement des ressources de l’épuisement de l’humanité … ‘Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imagination s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort’  (Elisée Reclus) … L’homme contemporain persiste à se persuader qu’il pourrait être humainement possible de continuer à ne faire que se demander comment sortir de l’enfer en y restant. » (René Riesel)

« Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras :

« Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;

« Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force,

« Des nymphes, qui vivaient dessous la rude écorce. » (Ronsard – La forêt coupée) – Quand on comprenait la nature.

« O Soleil ! Toi sans qui les choses

« Ne seraient que ce qu’elles sont. » (Edmond Rostand)

« La nature me repayse. » (Jean Rostand)

« Les jardins à la française conçus par un architecte chèrement payé pour gâcher le nature. » (J. J. Rousseau – La Nouvelle Héloïse)

« Le renoncement au mythe prométhéen de transformation de la nature par l’homme conquérant s’arrête au corps humain. Celui-ci est au contraire l’objet même de la liberté individuelle. » (Olivier Roy) – Toutes les manipulations, y compris celles portant sur la filiation, sont les bienvenues. Dans ce domaine, exit le principe de précaution dont on nous a rabattu les oreilles, au point de l’inscrire stupidement dans la Constitution.

« C’est par un mélange égal de ce que nous appelons crime et vertu que la nature se soutient ; c’est par des destructions qu’elle renaît ; c’est par des crimes qu’elle subsiste ; c’est, en un mot, par la mort qu’elle vit. » (marquis de Sade)

« Toute loi humaine qui contrarierait celles de la nature ne serait faite que pour le mépris … N’ayez plus d’autres freins que celui de vos penchants, d’autre lois que vos seuls désirs, d’autre morale que celle de la nature. » (marquis de Sade)

« Fin des jeux à deux ; début d’un jeu à trois. Voilà l’état global contemporain …Le jeu à deux qui passionne les foules et qui n’oppose que des humains, le Maître contre l’Esclave, la gauche contre la droite, telle idéologie contre telle autre, les verts contre les bleus, disparaît en partie dés lors que ce tiers intervient. Et quel tiers ! Le Monde soi-même. Climat, eau, air et feu, terre, flore et faune … Nous dépendons enfin des choses qui dépendent de nous. Etrange boucle, difficile à gérer. Nous dépendons, en effet, d’un monde dont nous sommes en partie responsables de la production … Nous prenons conscience que nous ne jouons, depuis des temps immémoriaux, que des jeux à deux, que nous ne tenons compte que des hommes … Coup définitif porté au narcissisme humain : nous voilà forcé de faire entrer le Monde en tiers dans nos relations politiques … Fils prodigues nous rentrons à la maison … Notre culture sans monde, soudain, retrouve le Monde… Notre voix couvrait le Monde. Il fait entendre la sienne … Fonte des glaces , montée des eaux, ouragans, pandémies infectieuses… La société ne s’occupe toujours que de soi. A l’heure présente, où elle produit les choses du monde et où elle en reçoit, en retour, l’effet global sur la tête, qui va lui parler au nom de ce muet (les espèces de poissons muets agonisent dans les océans vides et nous luttons pour nos droits de pêche !), dont le grondement inquiète et couvre … la rumeur tonitruante du cirque politico-médiatique … L’ancien sujet humain se met à dépendre de ce qui, justement, dépendait de lui. » (Michel Serres)

« Nombreuses sont les merveilles de la nature, mais de toutes la plus grande merveille c’est l’homme. » (Sophocle)

« Le ‘libre arbitre’ lui-même est un acte ouvert de rébellion et rien de moins. L’homme créateur a outrepassé les bornes de la Nature et, avec chaque nouvelle création, il s’en écarte toujours de plus en plus, et devient de plus en plus son ennemi. C’est cela son ‘histoire mondiale’, l’histoire d’un fossé fatidique se creusant toujours plus profondément entre le monde de l’homme et l’univers : histoire d’un rebelle qui a grandi jusqu’à lever la main sur sa mère … Des deux, la Nature est la plus forte. L’homme ne cesse pas d’en dépendre puisque, immanente, elle continue à l’englober … Toutes les grandes cultures sont des défaites … La lutte contre la Nature est sans espoir ; et pourtant, elle sera poursuivie jusqu’à la fin. » (Oswald Spengler) 

« L’événement enseignait à tous que l’Histoire, tout comme la Nature, se plaît particulièrement à faire des sauts. » (Botho Strauss) – Le prochain, demain, étant d’ordre climatique.

« L’homme est le seul à avoir conscience d’avoir conscience. La première conséquence de la conscience réflexive sera la contestation de la loi de l’espèce … Le conflit entre les forces naturelles et les forces culturelles … Pourquoi ce singe au poil rare a-t-il édicté lui-même des interdits pour s’empêcher de satisfaire des désirs d’autant plus impératifs que leur finalité est dictée par la majorité de ses gênes … La culture opposée à la dictature naturelle de l’espèce. » (Philippe Val) – L’auteur, très obéissant à la doxa dominante parisienne,  est un farouche adversaire de tout ce qui est naturel ou peut apparaître tel, allant, parmi mille férocités, jusqu’à (simple exemple) qualifier de nostalgiques des lois archaïques (on sait quel mépris l’expression cache bien mal) les femmes qui refusent l’anesthésie péridurale pour accoucher. 

« Ce qui nous nous déroute et nous inquiète, c’est que la Nature ne poursuit aucun but. Elle ne nous écoute pas. Elle ne nous demande rien. Elle ne s’occupe pas de nous. Elle n’a pas été créée pour nous. Elle nous englobe. Elle est libre. Rien d’extérieur à elle ne la gouverne … Elle est sans pensés, sans conscience, sans volonté. » (Dominique Venner)

« L’animal fait un avec la nature. L’homme fait deux. Pour passer de la conscience passive à la conscience interrogative, il a fallu ce schisme, ce divorce, cet arrachement … Animal avant l’arrachement, homme après lui ? Des animaux dénaturés, voilà ce que nous sommes. » (Vercors)

« L’idée que rien n’est impossible va voir le jour en enterrant la notion de limite. Plus rien ne va nous protéger de la dictature du droit et de l’idée que tout peut se décréter. Plus rien ne va nous protéger de la dictature de la science et de l’idée que tout peut se fabriquer. On obéissait la Nature qui, comme le dit Montaigne, est un ‘doux guide’. Nous allons désormais obéir à la science et au droit. La Nature évitait que l’Homme obéisse à l’Homme. Désormais, l’Homme va obéir à l’Homme sans que l’Homme n’obéisse à quoi que ce soit. » (Bertrand Vergely) – Sur certaines lois dites sociétales.

« Chassez le naturel, il ne reviendra jamais. » (Alexandre Vialatte)

« Le capitalisme a réalisé l’affranchissement de la collectivité humaine par rapport à la nature. Mais cette collectivité a pris par rapport à l’individu la succession de la fonction oppressive exercée auparavant par la nature. » (Simone Weil)

« Plus nous extrayons du monde, moins nous y laissons … La maîtrise de la nature pourrait s’avérer être à long terme notre esclavage accru à la nature. » (Norbert Wiener) – Sauf qu’énoncé dans les années 1950, cette prédiction n’était pas à long terme mais à moyen, sinon court terme, puisque la revanche de la nature a déjà commencé et ne va que s’accélérer (réchauffement climatique entre autres et surtout)

« Si quelque chose est dit sur la nature, alors ce n’est plus la nature. » (un sage chinois)

« Qui bête va à Rome, tel en retourne. » (proverbe)

« La nature est une merveilleuse unité. Elle n’est pas divisée en chimie, physique, mécanique… » (?)

« Mère et marâtre. » (?)

« Dieu pardonne toujours, l’homme quelquefois, la nature jamais. » (?)

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