480,1 – Lois, Règles, Coutume ; Exception

« Laissez-moi seul juger ce qui m’aide à vivre. » (Paul Eluard)

– Faute de règles intégrées par tous, on revient à la loi du plus fort. Le laquais moderne confond légalité avec honorabilité, honnêteté, moralité… Sa servilité l’empêche de savoir ce que veut dire légitimité (laquelle ne se recoupe pas toujours avec légalité).

– Leur élaboration est confiée à une élite intellectuelle et morale soigneusement choisie.

– Equivalent moderne des anciens commandements divins. Le progrès est manifeste si on compare leur nombre à la pauvreté d’un décalogue réduit à dix articles.

– Censées permettre d’éviter quelques inconvénients dus à la nature environnante ainsi que tous ceux dus à la nature humaine, ce qui explique leur nombre faramineux. Lequel s’explique aussi par le nombre aussi incalculable d’élus et leurs valses à deux temps dues à l’alternance bénie (au moins par eux) ; tout ministre entendant attacher son nom pour la postérité à quelque réforme, tout député à quelque mesurette. D’où un chaos invraisemblable irréfléchi dont les esprits malveillants penseraient qu’il facilite la fraude et permet de rendre service discrètement à des copains ou à des supporters et les esprits les plus bienveillants qu’il ne fait qu’accroître la confusion générale et le stress qui en découle.

– Ne reculent devant aucun ridicule ; même à fabriquer l’Histoire et à dicter leur discours aux historiens, comme à imposer des normes de pensée aux citoyens. Les lois dites mémorielles soumettant aux tribunaux des questions de fait qui ne ressortent que de la discussion intellectuelle, créant un véritable délit d’opinion contraires à la constitution et à la fameuse déclaration des droits de l’homme, mais qu’importe quand il s’agit d’intérêts électoraux. Jadis la loi était censé protéger les citoyens, éviter des abus… Maintenant, pour suivre les minuscules préoccupations électorales des députés Machin et Truc dans leurs circonscriptions, elle régit l’interprétation d’événements historiques et lointains, qui ne regardent ni n’intéressent nos contemporains. Elle impose silence à l’historien et nous brouille sans profit avec nos voisins. « La puissance publique n’a pas droit de décider où réside la vérité. » (Condorcet) – En France, elle ne s’en prive pas, intérêt électoral d’abord – « Est-ce le rôle de la loi de dresser la liste, en fonction des groupes de pression correspondants, des crimes et atrocités de l’histoire de l’humanité ? » (Julien Landfried)

– D’autres lois ne sont faites que pour satisfaire les clameurs d’un groupe d’excités ou les obsessions d’un groupe de copains bien utiles. Dans une autre catégorie sont les lois leurres qui, introduisant de faux débats sur des problèmes des plus secondaires, permettent, grâce aux média complices, de détourner l’attention du brave populo (lois dites sociétales, sur la prostitution, sur la fessée…). On est en pleine farce.

– Du 1 juillet 1789 au 26 octobre 1795 (six ans), les trois assemblées (nationale, législative et convention) auraient pondu 15.479 lois, plus 3 constitutions (cité par Joseph de Maistre s’appuyant sur une gazette étrangère non mentionnée) ; même les socialistes actuels dans leur précipitation à répandre la confusion, à détruire tout ce qui a été fait ainsi que dans leur avidité à débusquer la moindre pièce de monnaie sont largement battus. Quand, aujourd’hui, on jouit, à grands frais, de 576 députés, plus les sénateurs, avides de satisfaire quelque groupuscule et de laisser leur nom dans les basses cours, on est prié de ne pas s’étonner du maelström de lois stupides, et souvent nocives quand elles pourrissent la vie des gens, 400.000 normes, 11.500 lois, plus de 280.000 décrets répartis dans 62 codes différents (évaluation), 15.000 infractions possibles. Sept fois plus de lois qu’en Allemagne, pays où il y a probablement sept   fois moins d’élus, et où tout aussi probablement chacun d’eux est moins prétentieux.

– Ce n’est qu’un cri : Vite, une loi ! Au moindre minuscule événement survenu dans un village de l’Ariège (parfois inventé par les média ou sonorisé pour d’obscures raisons d’intérêt local) le chœur des impuissants pleurnichards abrutis par les média réclame : Il faut une loi ! Et une de plus ! Aucun doute que nos élus vont s’empresser de satisfaire cette revendication médiatique grotesque. En effet, trois avantages corrélés : montrer combien nos élus sont indispensables, les média vigilants et attentifs, infantiliser le citoyen, le rendre encore plus stupide et lui enlever encore un peu de liberté. Le fond de l’affaire n’a aucune importance et, de plus, s’il fallait appliquer les lois ! Un fait divers, une loi.

 – Les lois sont faites pour être votées à grand renfort de publicité médiatique et afin d’éblouir le gogo. Leur profusion délirante empêche évidemment de les appliquer. D’autant plus que personne n’y comprend plus rien. 

– Quand il faut une loi pour permettre à un citoyen de céder des jours de congé à un collègue-ami dans le besoin, on perçoit à quel degré de dictature sont parvenus nos élus, à quel degré de servilité sont descendus ceux qui furent des citoyens libres et conscients, ceux qui acceptent qu’il faille une autorisation préfectorale pour lire du René Char sur la voie publique.

– Le nombre de loi est directement proportionnel à la lâcheté de la population qui les réclame , et ensuite les subit ; de lois qui étouffent sa liberté pour le plus grand profit de la classe politique. « Tous les jours il (l’Etat) rend moins utile ou plus rare l’emploi du libre arbitre, il renferme l’action de la liberté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. » (Alexis de Tocqueville)

– Qu’est-ce qu’une disposition, une loi dite clivante ? Elle reflète la position de 95% de la population mais hérisse la meute médiatique parisienne pourrie.

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« A l’opposé de cette fonction de stabilisation propre aux lois de toute communauté normale, les lois totalitaires sont d’emblée définies comme des lois du mouvement … immanentes à un mouvement … lois inhérentes à des processus ne sollicitant plus aucune correspondance chez l’homme … Le pouvoir totalitaire a besoin de la terreur pour déchaîner les processus de l’histoire ou de la nature et imposer les lois de leur mouvement à la société humaine. » (Hannah Arendt – sur le totalitarisme, mais ces procédés subversifs sont loin d’être l’apanage de ces régimes)

« Ce qui augmente particulièrement l’amertume de tous ces gens, c’est le fait que les bourgeois libéraux ont fait adopter des lois dont ils n’ont pas eux-mêmes à supporter les conséquences. » (Hannah Arendt – sur l’Amérique et notamment sur la soi-disant non ségrégation scolaire) – C’est devenu encore bien pire en France, dans tous les domaines, au détriment de ce qui fut la classe ouvrière et les petites gens. La grande parade moqueuse des riches urbains bobos.

« Quoique, en réalité, les actions prescrites par la loi ne soient justes que par accident. » (Aristote) – Déjà !

« Les esprits bornés font une maxime, une règle, de chaque idée particulière. » (Aristote) – Il devait pressentir nos députés et politicards.

« Les lois ne sont pas l’expression de droits absolus ou de devoirs mystérieux ; elles sont des compromis entre des intérêts opposés. » (Lucien Arréat)

« La loi émanera toujours d’un vaste cerveau, d’un homme de génie, et non de neuf cent intelligences qui, si grandes qu’elles puissent être, se rapetissent en se faisant foule. » (Balzac)

« L’arbitraire sauve les peuples en venant au secours de la justice. La légalité tue la société moderne. » (Balzac)

« Des édits contre tout et n’importe quoi parce qu’à un moment ou à un autre un fait divers a suscité une ‘grande émotion collective’ soigneusement entretenue par des média hystérisés. Ce qui a d’ailleurs pour principal effet de nous désensibiliser pour de bon. » (Olivier Bardolle)

« La France, soi-disant pays de la liberté de penser, est surtout la patrie des lois liberticides. » (Eugénie Bastié)

« Une loi n’est jamais inéluctable : elle est un concept et elle se fonde sur un consensus. La règle, elle, est inéluctable, parce qu’elle n’est pas un concept, elle est une forme qui ordonne le jeu. » (Jean Baudrillard)

« S’il y a quelque chose de pire que d’être soumis à la loi des autres, c’est bien d’être soumis à sa propre loi. » (Jean Baudrillard)

« La législation peut susciter ou non une conduite d’un genre souhaitable. Ce qu’elle n’a en revanche aucune chance de réaliser, c’est la promotion de la responsabilité morale (en tant que distincte de l’obéissance légale). » (Zygmunt Bauman)

« Les ‘lois ontologiques’, non positives, n’ont rien à voir avec ce qu’il faut faire ou ne pas faire … principes ontologiques que nous ne pouvons que constater … conditions absolues de l’existence de toute situation, qui permettent que l’organisme vive et se développe … En ce qui concerne les lois non ontologiques, tout se passe comme si ceux qui les édictaient essayaient systématiquement de les faire passer pour des lois ontologiques, c’est-à-dire non négociables, inévitables … Mais lorsque les lois d’un pays rompent ou s’éloignent trop de cette consonance ontologique, la société commence à vivre une époque marquée par la mort, par un dangereux affaiblissement de la capacité de survie … Désastre écologique, désastre génétique … Se demander si dans le cas où une tendance se poursuivrait elle ne mènerait pas à la destruction de la situation et de la vie … » (Miguel Benasayag) – Nous sommes en plein dans cette folie.

« Dans la mesure où les Modernes abandonnent l’idée du bien-agir, ils sont conduits à tout miser sur des règles formelles qui doivent permettre de se passer des ‘bonnes mœurs’ et d’ordonner le monde des droits. » (Philippe Bénéton)

« Le positivisme juridique …  Le droit est exclusivement déterminé par le législateur d’un Etat, lois, décrets, règlements, règles… Si la justice et le droit se confondent avec la loi … toute loi s’impose dès lors qu’elle a été adoptée dans les règles, ce qui laisse le champ libre à l’arbitraire de l’Etat … Aucune loi ne peut plus être considérée comme injuste. La légitimité étant rabattue sur la légalité. Antigone n’a plus rien à opposer à Créon. » (Alain de Benoist) – On peut enfin faire n’importe quoi, comme dans nos sociétés avancées.

« La loi, médiocrement efficace contre les bêtes de proie, ne peut rien contre les insectes. » (Georges Bernanos)

« Ce n’est pas la règle qui nous garde, c’est nous qui gardons la règle. » (Georges Bernanos – Dialogue des carmélites)

« Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation. » (Bismarck)

« Cette volonté, dans une sorte de suivisme forcené, de laisser croire que chaque transgression originale mérite son texte. » (Philippe Bilger) – Certes, mais le législateur doit prouver chaque matin qu’il sert à quelque chose, au moins à accroître la confusion générale.

« Même loi pour le lion et pour le bœuf, c’est oppression. » (William Blake)

« La restriction forcée des libertés par les assemblées parlementaires est … fort réelle. Elle résulte des innombrables lois … dont les parlements, avec leur esprit simpliste, voient mal les conséquences … la création incessante de lois et de règlements restrictifs entourant des formalités les plus byzantines les moindres actes de la vie, a pour résultat fatal de rétrécir progressivement la sphère dans laquelle les citoyens peuvent se mouvoir librement … Cette restriction progressive des libertés … constitue un des symptômes précurseurs de décadence… » (Gustave Le Bon) – Encore, l’auteur écrivait-il cette évidence il y a cent vingt ans, époque où on était moins délirant et moins corrompu.

« Présomption de ces hommes qui disent : assemblons-nous et inventons une société, et qui, faisant des lois par cela seul qu’ils sont assemblés pour en faire, font des lois sur tout, font des lois contre tous, et les  font nécessairement désastreuses, par cela seul qu’elles n’étaient pas nécessaires. » (Louis de Bonald) – Il est certain que, si on refuse par habitude de se passer  d’Assemblées, il serait bénéfique que leurs membres dorment paisiblement en se contentant de toucher de grasses indemnités  plutôt que de s’agiter fébrilement en pondant des textes au mieux inutiles et encombrants, au pire nocifs.

« La loi ne fait pas qu’autoriser, elle contribue à absoudre du point de vue moral … les lois ont une signification symbolique, ce sont  les panneaux de signalisation sur le chemin de l’évolution de la société … La source d’un cadre radicalement nouveau. » (Laetitia Strauch-Bonart) – Sur les lois dites sociétales dont l’effet, sinon l’objectif, est la destruction de toute morale d’abord, et de toute société ensuite et en conséquence.

« C’est un grand défaut dans les hommes de vouloir tout régler, excepté eux-mêmes. » (Bossuet)

« Dés qu’un groupe doté d’un certain pouvoir de chantage émet une protestation, on soumet une nouvelle loi au Parlement pour tenter de répondre à sa demande. Souvent hâtivement conçue, la nouvelle loi crée parfois plus de problèmes qu’elle n’en résout … effets secondaires qui n’apparaissent qu’à terme. » (Raymond Boudon) – Aucune importance, d’ici là tout le monde aura oublié.

« Sans loi, la liberté n’a pas de sens, non pas parce qu’il faut toujours s’y soumettre, mais parce que c’est en l’acceptant ou en la refusant qu’on devient un homme libre. » (Pierre Boutang) – . L’auteur a évidement plus en vue les lois non écrites, plutôt que les  élucubrations de nos élus.

« Les hommes font des lois pour justifier leur force. Quelle est la source du droit ? Le vainqueur … La loi ne devrait pas avoir à se prouver, à venger ou à triompher. Sa source doit être au-delà des opinions et des volontés de la génération pour laquelle elle légifère. » (Pierre Boutang) – Ôh, illusion. La force n’est pas forcément violente. En démocratie, elle est celle de la majorité.

« Les lois dont Antigone se réclame contre le décret de Créon et dont elle dit que ‘personne ne sait d’où elles sont apparues’. C’est qu’elles ne sont en fait jamais apparues du tout, elles sont si manifestes qu’elles n’ont pas de point d’émergence. » (Rémi Brague – sur ce qu’on appelle les lois divines qui sont si manifestes qu’il n’est pas nécessaire de les faire connaître, pas plus qu’elles ne demandent une promulgation)

« On sait depuis Antigone qu’il y a des lois injustes ou immorales, parce que la loi exprime la morale dominante. Dans une société homogène cela ne pose pas de problème. Mais justement, existe-t-il encore dans notre société ouverte une morale dominante qui soit verticale, univoque et connue ? » (Béatrice Brugère)

« De mauvaises lois sont la pire sorte de tyrannie. » (Edmund Burke)

« Les lois n’invitent qu’à la prudence. Chacun prétend les avoir pour soi et s’abriter derrière elles jusque dans les mauvaises actions. » (Roger Caillois)

« On appelle sans pudeur ‘démocratiques’ des sociétés où non seulement les citoyens, mais même les avocats ne connaissent pas la loi et ne peuvent pas la connaître. » (Cornelius Castoriadis) – On a réussi, enfin, à larguer tout le monde. Diffusion du brouillard propice à toutes les malversations.

« Moins la morale est l’affaire de chacun et plus se multiplient les lois. » (Jean Cau) – Et plus on multiplie les lois, plus la morale s’effondre, jusqu’à ce que tout s’écroule.

« Le nombre des lois est inversement proportionnel au sentiment de l’honneur de ceux qui les subissent. » (Jean Cau)

« Il est plus facile de légaliser certaines choses que de les légitimer. » (Chamfort) – Par exemple certains mariages.

« Une ribambelle de lois mémorielles … dans un bel élan vertueux du législateur décidé à de substituer aux historiens, à verrouiller autant que possible  la liberté d’expression  et à flatter un électorat … ‘Stalinisme de la pensée’ (Pierre Nora). » (Anne-Sophie Chazaud)

« Il se peut que les dogmes soient des murs, mais ce sont les murs d’un terrain de jeu. » (Chesterton -s ur les dogmes de la foi chrétienne)

« Les règlements d’un club avantagent parfois les membres pauvres. La tendance d’un club favorise toujours les membres fortunés. » (G. K. Chesterton)

« Les lois modernes sont presque toujours faites pour atteindre la classe gouvernée, et non la classe gouvernante. » (G. K. Chesterton) – On ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied.

« Ne demande pas comment les principes de l’Ancien Testament pouvaient être bons. Demande comment ils étaient bons, à l‘époque pour laquelle ils ont été faits. » (saint Jean Chrysostome) – Ne juger les lois et les mœurs que dans le cadre de leur époque.

« Les lois placent le bien public au-dessus des intérêts particuliers. » (Cicéron) – Peut-être, chez les Romains.

«Je sortais enfin de ce monde hideux de Taine et de Renan et des autres Moloch du XIX° (les automates m’ont toujours inspiré une horreur hystérique), de cette mécanique gouvernée par des lois parfaitement inflexibles et, pour comble d’horreur, connaissables et enseignables. » (Paul Claudel)

« La bonté des lois est, osons le dire, une chose beaucoup moins importante que l’esprit avec lequel une nation se soumet à ses lois et leur obéit. »  (Benjamin Constant) – Encore faut-il estimer ses lois, l’esprit qui les a dictés et le législateur. On est loin du compte.

« Il aurait voulu qu’elle atteignit les pensées, les impressions les plus passagères, qu’elle poursuivit l’homme sans relâche, et sans lui laisser un asile où il pût échapper à son pouvoir. » (Benjamin Constant – sur la loi telle que la voulait l’abbé Mably) – De nos jours, l’abbé serait comblé par nos lois inquisitoriales, les meutes médiatiques déchaînées et la transparence violeuse.

« Sous-couvert de liberté de pensée et de parole, les lois anti-blasphèmes existent comme dans n’importe quelle société religieuse … Deux lois anti-blasphème sanctionnent  deux crimes : le négationnisme  et l’homophobie … réintroduction secrète de l’idée du blasphème : hypocrisie.» (Chantal Delsol) – Et une lâcheté honteuse de plus à mettre au compte de  notre société

« La multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices. Un Etat est bien mieux réglé , lorsque, n’en ayant que fort peu, elle y sont étroitement observées. » (Descartes) – Bien avant la perpétuelle diarrhée règlementaire  !

« Si les lois sont bonnes, les mœurs sont bonnes, et elles sont mauvaises si les lois sont mauvaises … Le législateur forme à son gré des héros, des génies et  des hommes vertueux. » (Diderot) – « Les vices d’un peuple sont cachés au fond de sa législation. » (Helvétius)

« Nous sommes passés du régime de la loi pour tous au désir pour chacun. » (Roger-Pol Droit)

« Un pays dont les lois changent constamment, sous prétexte d’améliorer quelque chose, de simplifier, de rendre telle situation plus logique ou plus raisonnable, devient fou, c’est-à-dire anarchique … Généralement, c’est une incommodité inédite, donc douloureuse, que l’on substitue à une incommodité ancienne qui était devenue indolore et même invisible prise qu’elle était dans le réseau de nos habitudes. »(Jean Dutourd)

« La course, typiquement française, a toujours plus de réglementations, de lois, de décrets, il n’y a pas de limites … Ces textes qui malmènent notre droit d’être informés en adultes, de pouvoir juger par nous-mêmes sans que la ‘puissance publique’ nous prenne par la main. » (Duverger, Ménard) – Censure.

« De même que Darwin a découvert la loi du développement de la vie organique, de même Marx a découvert la loi du développement de l’histoire humaine. » (Friedrich Engels)

« Les lois ne sont là que dans la mesure où on ne peut pas totalement se fier aux autres … Quand une défiance généralisée s’instaure, il ne sert plus à rien d’édicter des lois, des interdits. » (Eugène Enriquez) – Les lois ne sont là… Ce serait vrai si le législateur ne se mêlait pas de ce qui ne le regarde pas, soit ne voulait pas régenter nos vies, dicter l’histoire… Quand une défiance… c’est alors là que pleuvent encore plus les lois, comme si ces gesticulations remplaçaient une confiance qui n’existe plus.

« Le slogan soixante-huitard, ‘Il est interdit d’interdire’ est dangereux parce qu’il nous prive de la désobéissance en personne. Si les règles sont indispensables, c’est paradoxalement, par que, sans les règles, l’idée même de transgression n‘a pas de sens … A qui désobéir quand personne ne vous contraint ? Qui combattre quand tout vous est permis ? » (Raphaël Enthoven)

« ‘Tout sujet du ‘20heures’ est virtuellement une loi … La loi est une réponse à défaut d’être une solution. On légifère d’abord puis, rarement et seulement si on n’a rien de plus rentable à faire, on réfléchit ensuite’ (Guy Carcassonne) … C’est moins la loi qui fait l’événement que l’événement qui fait la loi … L’abbé Sieyès invoquait la nécessité d’une ‘fermentation’ de la loi … Un fait divers, une loi … Le temps de rédiger une loi de qualité est systématiquement refusé, d’où les lois sont de plus en plus illisibles, inefficaces et bavardes. » (Gilles Finchelstein) – Typique de l’affolement, de l’agitation, de l’imbécillité, de l’inculture de notre temps, dont les média sont largement responsables.

« Le néoféminisme est un ‘amalganisme’ : les pénétrations forcées et les propositions indécentes sont mises dans le même sac … Cet amalgame est entré dans la loi en instaurant le délit d’outrage sexiste, qui crée ne continuité criminelle entre des comportements totalement dissemblables … L’emprise, c’est déjà un viol. » (Alain Finkielkraut) – Que de plaintes et de fric en perspective !

« Il existe un principe simple dont l’application me paraît relever du bon sens : avant de supprimer une réglementation ou de la modifier, il vaut mieux s’interroger sur les raisons qui, dans le passé, ont conduit à l’introduire. » (Jean-Paul Fitoussi) – Mais pour cela il faudrait que des politiciens et journalistes minables disposent d’un peu de culture et ne prennent pas leurs ancêtres pour des demeurés.

« L’égalité devant la loi favorise l’éclosion du fanatisme et du sentiment d’envie qui exige que tous les hommes soient traités de la même façon dans tous les domaines de l’existence, et elle récuse comme antidémocratiques les différences nées de l’intelligence par exemple. »  (Fritz Fleiner – cité par Helmut Schoeck)

 « Les lois françaises ne sont pas faites pour être appliquées mais pour être admirées. » (Bruno Fuligni)

« A chaque règlement nouveau, chaque citoyen français s’inquiète de savoir non comment il pourra le suivre, mais comment il pourra l’éluder. » (André Gide)

« Le fin du fin des systèmes bureaucratiques est de se présenter comme UN Système, plus encore que d’appliquer le règlement, il s’agit de faire croire qu’il existe quelque chose comme LE règlement : ‘on entre ainsi dans un univers de silence, l’univers du Texte, du Texte qui sait tout, qui dit tout, qui fait les demandes et les réponses’. » (André Glucksmann citant ?)

« Si on veut demander ce que dit n’importe quel appareil de domination il faut questionner qui il se donne pout tâche de faire taire. En elle-même la loi finit toujours par dire silence ! » (André Glucksmann)

« Chaque modification législative est évidemment présentée comme une avancée incomparable : comment a-t-on pu vivre sans jusqu’à présent ? » (Christian Godin)

« Pour vivre sans règles, il faut d’abord avoir intériorisé et compris toutes les règles . » (Emmanuel Godo)

« Au lieu d’être un facteur de stabilité, la loi devient ‘l’expression du mouvement lui-même’, qui est mise au service d’un mouvement d’adaptation déstabilisant … » (Jean-Pierre Le Goff  – s’exprimant dans le contexte de la modernisation)

« Quand la loi uniformise, on finit par mettre des uniformes. Dans la Chine de Mao tout le monde s’appelait ‘camarade’ et portait le même costume, au nom de l’éradication décrétée de toute distinction, notamment de sexe… »  (Pierre-Yves Gomez – sur le mariage pour tous)

 « La démarche habituelle des technocrates est qu’au lieu de ‘retrancher’ ce qui est en trop ; ils s’empressent, au contraire, ‘d’ajouter’ de nouvelles complexités aux complexités existantes, aggravant ainsi le caractère critique de la situation par un inexorable surcroît de règlements, de lois, de chantiers, de services intermédiaires et de structures administratives … C’est le propre de l’autorité que de mutiler la capacité d’initiative des individus et de prouver ensuite qu’ils sont incapables d’initiative. »  (Paul Goodman – interprété par Bernard Vincent) – C’est aussi le moyen politique de saturer et de déboussoler le peuple, tout en veillant sur le  sort des copains.

« Depuis la fin de l’Ancien régime, et la mise sur pied des premiers Etats de droit, le langage et la pensée juridique courante tendent à confondre la égalité avec la légitimité. On qualifie presque indifféremment une activité de légale ou de légitime quand on la trouve conforme aux règles du système juridique en vigueur. » (Pierre Gothot)

Une évidence : « La règle ou la loi ne sont que des paravents si ceux qui sont chargés de les appliquer ne se conforment à la lettre que pour en bafouer impunément l’esprit. Aussi ne sert-il presque jamais à rien de changer les institutions si ceux qui les servent ont un autre parti que celui de la vérité. » (Nicolas Grimaldi)

« Chaque fois qu’il s’agit de faire accepter à l’opinion un nouvel assouplissement de la loi (une nouvelle transgression) on invoque l’existence, à l’étranger, de législations plus libérales … Alignement de tous sur le moins disant éthique. » (Jean-Claude Guillebaud) – C’est aussi à ce nivellement par la base que servent l’Europe et son totalitarisme règlementaire.

« Aucun jeu ne peut se jouer sans règles. » (Vaclav Havel)

« Pour remplir leurs fonctions, les règles doivent être appliquée sur une longue période. » (Friedrich von Hayek – Le mirage de la justice sociale)

« Pour son efficacité, il est plus important que la loi soit toujours appliquée sans exception que de savoir ce qu’elle contient. Peu importe que nous conduisions sur le côté droit ou sur le côté gauche de la route, à condition que nous prenions tous le même côté. Ce qui est important, c’est que nous puissions, en connaissance de la règle, prédire correctement l’attitude des gens. Ceci exige qu’elle soit appliquée dans tous les cas, même si à l’occasion nous avons l’impression de commettre une injustice. » (Friedrich A. Hayek)

« Les règles de juste conduite sont généralement des prohibitions  de conduite injuste … Pratiquement elles sont toutes négatives, au sens de n’imposer normalement aucune obligation positive à quelqu’un, à moins qu’il ne s’y soit assujetti par ses propres actions … Le positivisme juridique est simplement l’idéologie du socialisme, forme la plus influente et la plus respectable du constructivisme, idéologie  enfantée par la volonté d’acquérir le contrôle complet de l’ordre social et par la croyance qu’il est en notre pouvoir de déterminer tous les aspects de cet ordre le  pouvoir nécessairement illimité de quelque autorité, l’Etat omnipotent … Le libéralisme exigeait des individus qu’ils agissent justement, la ‘nouvelle société’ charge du devoir de justice des autorités ayant pouvoir de commander aux gens ce qu’ils ont à faire. » (Friedrich von Hayek – Le mirage de la justice sociale

« La liberté individuelle signifie que l’individu est guidé dans ses décisions par des  règles de juste conduite, et non par  des commandements spécifiques … Le socialisme, à qui fait défaut tout principe de conduite individuelle, n’en rêve pas moins à une situation qu’aucune action morale de libre individu ne peut réaliser. » (Friedrich von Hayek) – Alors que feront nos 576 députés, s’ils ne peuvent plus nous contraindre ? 

« L’homme n’a pas adopté de nouvelles règles de conduite parce qu’il est devenu intelligent ; il est devenu intelligent parce qu’il a adopté de nouvelles règles de conduite … Les outils fondamentaux de la civilisation, le langage, la morale, le droit et la monnaie sont tous le fruit d’une croissance spontanée et non d’un dessein. » (Friedrich von Hayek)

« Les vices d’un peuple sont toujours cachés au fond de sa législation … C’est par la réforme des lois qu’il faut commencer la réforme des mœurs … Le législateur forme à son gré des héros, des génies et des gens vertueux. » (Helvétius) – Il suffit de considérer notre législation et qui elle forme ; sûrement ni les uns ni les autres.

« Vaines sont les lois sans les mœurs. » (Horace)

« Le langage : on est dans un univers étroitement réglementé. Partout les objets vous parlent, vous donnent des conseils, des ordres bienveillants, des instructions. On va au jardin en face de notre hôtel et on tombe sur un panneau nous informant que ‘ce parc est destiné uniquement à la récréation passive’ suivi d’une longue liste d’activités interdites (courir, jouer au ballon, etc.). Ou bien on ouvre une boîte de lait et, à l’intérieur des pans en carton, on tombe sur les mots : ‘Merci d’avoir acheté un produit Béatrice’. Il ne suffit pas  de payer la boîte, il faut aussi supporter qu’elle vous adresse la parole. » (Nancy Huston) – Voir les panneaux urbains, les panneaux d’autoroute où aujourd’hui on nous informe sur les réflexes anti-covid. L’infantilisation est générale, voulue, outil de domination.

« Puisqu’une vertu est généralement comprise comme une disposition ou un sentiment qui nous fait obéir à certaines règles, le consensus sur les règles est toujours la condition nécessaire du consensus sur la nature et le contenu d’une vertu particulière … Ce consensus sur les règles est une chose que notre culture individualiste est incapable de trouver. »  (Alasdair Mac Intyre)

« Qui a quelque chose à dire peut a fortiori se passer des règles ; tandis qu’avec les règles seules rien ne commence. » (Vladimir Jankélévitch)

« En toutes choses, suis la règle, ou mieux encore, la raison de la règle, si tu la sais. » (Joseph Joubert)

« La règle nous délivre des fantaisies et des tourments de l’incertitude. » (Joseph Joubert)

« Les meilleures lois naissent des usages. » (Joseph Joubert)

“La souveraineté de la loi aboutit à la souveraineté parlementaire. » (Bertrand de Jouvenel) 

 “Le raisonnement se tient à merveille. Cercle vicieux. Seule la loi fait le Droit. Donc tout ce qui est loi est Droit et il n’y a pas de  droit contre la loi. Le flot montant des lois modernes ne crée pas du Droit. Elles ne sont que la traduction de la poussée des intérêts, de la fantaisie des opinions, de la violence des passions. Risibles dans leur désordre … Odieuses dans leur ordre inique. … Ce qu’on dénomme activité législatrice n’est que l’ouvrage hâtif des intérêts à courte vue et des passions aveugles … Le Droit mouvant est le jouet et l’instrument des passions … Comment ne pas voir qu’un délire législatif développé pendant deux ou trois générations, habituant l’opinion à considérer les règles et les notions fondamentales comme indéfiniment modifiables, crée la situation la plus avantageuse au despotisme.  » (Bertrand de Jouvenel)

« La volonté générale n’est pas fixée par nature (suivant quelque autorité divine se présentant comme Loi éternelle) mais mobile, on peut la faire parler en lois successives et changeantes. Le pouvoir a dans ce cas les coudées plus franches.» (Bertrand de Jouvenel)

« Les députés ne font pas de lois, ils ne font que des amendements … Rien ne ressemble moins au projet de loi que le texte définitif que l’on adopte. Chacun propose un amendement … souvent pour mettre à couvert sa responsabilité. Quant à ce qui peut sortir de là d’hirsute, de contradictoire et d’absurde, le roi Pétaud lui-même en frémit … L’amendement, c’est la restriction que risque un parlementaire, à l’heure d’approuver un budget qui ne contient aucune des réformes qu’il a  promises, c’est la réserve qu’il esquisse au moment  de voter une loi où se trouvent violés tous ses principes essentiels, c’est le remords auquel il s’attarde avant d’accorder sa confiance à un gouvernement qui vient de faire violence à toutes ses convictions … Une loi n’est plus une loi. C’est trois cents amendements, dix décrets, trois règlements d’ordre public. » (Robert de Jouvenel – La république des camarades)

« La tyrannie de la télévision et d’Internet tend à substituer à l’objectivité de la loi le subjectivisme de la morale … Toute la société médiatique baigne dans les bons sentiments dont nous voyons chaque jour l’impuissance et l’hypocrisie … Les surenchères de la morale servent de cache-sexe à la prédominance absolue des intérêts privés et du profit. Elles permettent d’escamoter aisément les exigences de l’esprit juridique. » (Jacques Julliard)

« Le plein des règlements fait obstacle à l’essor spontané. Le vide est ce qui maintient le réel animé, et non enlisé … Si tout vide est éliminé, est aussi détruit le jeu qui permettait le libre exercice de l’effet … Devenu opaque et rigide, sans plus aucun vide pour l’habiter, le réel se trouve inhibé … Ce trop-plein qui l’encombre (le plan politique), celui des règlements et des interdits qui, en se multipliant, finissent par entraver la société. » (François Jullien – analysant des principes ancestraux chinois) – Mais, en France, l’objectif est justement d’entraver la société, de la paralyser pour l’asservir.

« Le droit s’appuie sur des vérités qui ne s’établissent pas juridiquement. Il s’ensuit que les recueils de lois ne cessent de grossir à mesure que la vérité disparaît. » (Ernst Jünger) – Le droit ne s’établit plus aujourd’hui que sur le pouvoir de nuisance.

« Les longues lois sont des calamités publiques. » (Saint-Just)

« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » (Lacordaire) – Vrai du temps où la loi était pensée, et ce dans l’intérêt général.

« L’exigence de lois et d’ordre, qui, à première vue, semble être une tentative de rétablir des normes morales, est en réalité la reconnaissance et l’acceptation de leur effondrement. L’application de la loi en vient à être envisagée comme la seule arme de dissuasion efficace dans une société qui ne connaît plus la différence entre le bien et le mal … Séparée du concept de justice, la loi n’est rien d’autre qu’un instrument au moyen duquel les autorités imposent l’obéissance … De l’expression du consensus moral de la communauté, la loi n’est plus envisagée que comme un outil de contrôle comportemental. » (Christopher Lasch) – Elle n’exprime plus rien que l’état des rapports de force et les exigences des vainqueurs.

« L’amour de la subordination dans le cœur du peuple, au moyen de l’amour de la loi … Les juristes savent que l’amour porté à l’Etat passe par une dévotion de la loi … La pompe de l’arrêté réglementaire pour nommer un concierge de Ministère ou pour lever la taxe sur les chiens n’est pas une invention d’idiots, mais un cérémonial efficace pour entretenir la soumission. Sont-ils, sur ce point, affranchis, les sujets de cette bureaucratie superbe, au XX° siècle ? … Mettez ensemble les sujets, dites-leur de décider de la plus infime question, immédiatement ils manifestent leur souffrance de ne pouvoir en référer à leurs pasteurs. Ainsi s’ordonne la gérance d’un troupeau fidèle … L’Etat centraliste comme substitut monothéiste … L’Etat investi de la charge suprême du Salut, venant prononcer les paroles rassurantes et distribuer les bienfaits d’un Bonheur magistralement défini selon les docteurs, d’après cette image sacrée du Père, associée au thème de la Mère nourrissante … Afficher la bonne croyance, dire que le Droit est l’unique et le vrai Droit, voilà l’important et le seul nécessaire ; le grand œuvre de la soumission ne demande pas autre chose : une entreprise perpétuelle d’ordre moral et de conversion. » (Pierre Legendre)

« Confucius nourrissait une méfiance profonde pour les lois : les lois incitent les gens à la ruse et excitent leurs pires instincts. La cohésion profonde d’une société n’est pas assurée par des dispositions légales, elle se fonde sur un commun respect des rites. » (Simon Leys) – On ne saurait mieux dire.

« Les hommes font les lois, les femmes font les mœurs. » (prince de Ligne) – Maintenant elles font tout.

« ‘Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires…’ Les premières nous infantilisent, nous aliènent et nous appauvrissent quand les secondes nous protègent, nous libèrent et nous émancipent. » (David Lisnard – citant Montesquieu)

« Tout ordre étatique et juridique, et au premier chef, l’ordre capitaliste, repose en dernière analyse sur le fait que son existence et la validité de ses règles ne posent aucun problème et sont acceptées comme elles. La transgression de ces règles dans des cas particuliers n’entraîne aucun danger spécial pour le maintien de l’Etat, aussi longtemps que ces transgressions ne figurent dans la conscience générale que comme cas particuliers … L’idéologie n’est pas seulement un effet de l’organisation économique de la société, elle est aussi la condition de son fonctionnement paisible. » (György Lukàcs) – Aujourd’hui, les transgressions sont si nombreuses et si tolérées, sinon même médiatiquement valorisées, par une société devenue lâche qu’un fonctionnement paisible est devenu plus qu’aléatoire.

« Un excès de régulation est potentiellement mortifère, ou à tout le moins il désamorce la tension vitale qui fait qu’une communauté se sent responsable d’elle-même … On aboutit à la destruction de l’être-ensemble … Un rationalisme à outrance ressemble à cet excès de vie qu’est le cancer … ‘L’abus des lois est le signe d’une société malade’ » (Michel Maffesoli – citant Joseph de Maistre) – Oui, mais encore faudrait-il ne pas se livrer pieds et poings liés à 576 agités, incompétents, incultes, avides de se montrer et de castrer tout le monde.

« L’anomique d’un moment devient le canonique du lendemain. » (Michel Maffesoli) – L’anormal, l’exceptionnel, le hors toute règle devient la règle… C’est hélas souvent vrai dans nos sociétés débridées et déboussolées. Les groupuscules subversifs le savent bien. C’est ainsi qu’une société pourrit.

« La légitimité morale réchauffe le cœur bien plus que la froide légalité, mais la démocratie se fonde sur des valeurs ‘froides’ telles que la légalité … Si les ‘lois non écrites des dieux’ se contentent de s’opposer abstraitement à la loi positive, elles peuvent se révéler extrêmement dangereuses ; si pour Antigone elles s’identifient à une valeur que nous pouvons tous considérer comme universelle, un fanatique peut considérer comme un commandement divin la voix intérieure qui le pousse, au nom de sa morale ou de sa religion, à empêcher les femmes de faire des études ou à tirer sur Ytzhak Rabin (ou bien d’autres) … Un moralité pure, même noble, mais déconnectée de la loi, peut devenir violence de justicier, et aller jusqu’au lynchage. » (Claudio Magris) – Et c’est bien ce à quoi on assiste actuellement du côté du terrorisme d’inspiration islamiste comme du côté des réseaux sociaux lyncheurs.

« Plus on écrit et plus l’institution est faible … Les lois ne sont que des déclarations de droits et les droits ne sont déclarés que lorsqu’ils sont attaqués … La multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des chocs et le danger d’une destruction. » (Joseph de Maistre)

« L’abus des lois est le signe d’une société malade, l’homme étant imparfait, il lui faut des lois ; plus il y a de lois, plus se trahit son imperfection … Quinze mille quatre cent soixante-dix-neuf lois, sans parler des constitutions, édictées en France de juillet 1789 à  octobre 1795. » (attribué à Joseph de Maistre) – Le délire démocratique fait aussi bien aujourd’hui que le délire  révolutionnaire.

 « L’essence d’une loi fondamentale (telle qu’une constitution) est que personne n’ait le droit de l’abolir ; or, si quelqu’un l’a faite, comment sera-t-elle au-dessus de tous ? » (Joseph de Maistre)

« Les hommes ne peuvent être réunis pour un but quelconque sans une loi ou une règle qui les prive de leur volonté : il faut être religieux ou soldat. » (Joseph de Maistre)

« L’autonomie d’une créature intelligente ne consiste pas à ne recevoir aucune règle ou mesure objective d’un autre que soi-même mais à s’y conformer volontairement parce qu’on les sait justes et vraies et qu’on aime la vérité et la justice. » (Jacques Maritain) 

« Deux erreurs opposées sont à éviter, celle qui soumet toutes choses à’ l’univocité’, celle qui disperse toutes choses dans ‘l’équivocité’… La seconde pensera qu’avec le temps les conditions historiques deviennent tellement différentes qu’elles relèvent de principes eux-mêmes hétérogènes. La première portera à croire que ces règles et ces principes suprêmes s’appliquent toujours de la même façon. La solution vraie ressortit à la philosophie de l’analogie. La notion d’ordre est une notion essentiellement analogique. Les principes ne varient pas, ni les règles suprêmes pratiques : mais ils s’appliquent selon des manières essentiellement diverses, qui ne répondent à un même concept que selon une similitude de proportions. » (Jacques Maritain)

«  Contaminés par la dérive anglo-saxonne qui consiste à porter tout désaccord devant les tribunaux, nous en arrivons à renoncer à  la réflexion philosophique, sociologique ou politique pour ne plus penser qu’à la loi, en une dérive étrangement similaire à celle des fanatiques qui nous combattent, et pour lesquels l’obéissance à une loi divinisée et prétendument divine abolit toute exigence éthique … L’abandon de l’exigence morale pour ne garder que la dimension contractuelle des relations humaines et du droit aboutit à la loi de la jungle, la capacité d’instrumentaliser les subtilités juridiques tenant lieu de force, son vernis policé ne devant pas en masquer la sauvagerie. » (Aurélien Marq) – Les lâches, comme les impuissants, moralement comme culturellement,  s’abritent toujours derrière la loi.

« Là où il n’y a plus de règle, il n’y a plus de transgression, mais une régression des forces créatrices. » (Jean-François Mattéi – sur l’art) – Mais on peut étendre à notre situation en général.

« La véritable liberté s’exerce à l’intérieur de la règle. » (André Maurois)

« Une grande partie des pratiques de la vie quotidienne n’étaient pas clairement réglementées, et leurs bornes étaient laissées à l’appréciation individuelle. Aujourd’hui, on assiste à une multiplication vertigineuse des normes et des règlements qui sont en train de nous étouffer comme un véritable corset … La fonction de ces lois devient de plus en plus répressive … A mesure que l’activité économique et le travail sont  dérégulés, la vie quotidienne est sur-régulée, sur-encadrée … Si on ajoute la surjudiciarisation venue d’Amérique… » (Bertrand Méheust)

« Empiler (les lois, les règlements, les procédures, les organismes, les comités…) – Ne rien supprimer, laisser s’étioler. » (Yves Michaud)

« Croire que légiférer c’est agir … La folie législative française … Quoi qu’il se produise, de grave ou de pas grave, d’accidentel ou de substantiel, pourvu que cela ait ému l’opinion une minute, il faut faire une loi ; sur l’immigration, sur la sécurité, sur les ‘stock-options’, sur l’eau, sur la justice, sur les espèces menacées… La loi faite, on a conscience d’avoir agi. Et peu importe si la loi est inapplicable … si personne n’y comprend rien sauf les fous qui s’en servent pour entamer des contentieux administratifs. » (Yves Michaud) – Et en appeler à la cour de justice européenne (un machin de plus, aurait dit De Gaulle)

 « Le développement des emplois passe évidemment par une nouvelle loi offrant de nouveaux contrats. » (Yves Michaud) – Aidés bien sûr. L’essentiel est de tout embrouiller encore plus.

« C’est bien la gauche moderne qui, depuis plus de vingt ans, est à l’origine de presque toutes les lois répressives qui permettent de transformer une simple ‘opinion’ (serait-elle abjecte ou moralement inacceptable) en un ‘délit de droit commun’. » (Jean-Claude Michéa)

« Au lieu que la loi se réfère à la structure fondamentale et permanente des rapports humains, la conception libérale la conçoit comme une mesure pragmatique correspondant aux mœurs et aux habitudes d’une époque, d’une génération, d’un groupe de pression … quitte à changer dés que la nature des transactions civiles se modifie. » (Thomas Molnar) – Ce qui permet aussi, bénéfice annexe, de déboussoler les gens.

« Il n’est point sujet à plus continuelle agitation que les lois. » (Montaigne)

« Nous avons en France plus de lois que le reste du monde. » (Montaigne) – Déjà ! au XVI° siècle.

« Il ne faut pont faire par les lois ce que l’on peut faire par les mœurs. » (Montesquieu)

« Quand un peuple a de bonnes mœurs, les lois deviennent simples. » (Montesquieu) – Oui, mais alors, tout le monde comprend ; plus de combines, de passe droits, de privilèges, d’exemptions…

« Un peuple connaît, aime et défend toujours plus ses mœurs que ses lois. » (Montesquieu) – C’est pourquoi pour briser un peuple il suffit de bouleverser ses mœurs, comme de nos jours.

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. » (Montesquieu)

« Il ne faut toucher aux lois que d’une main tremblante. » (Montesquieu)

« Les lois extrêmes dans le bien font naître le mal extrême. » (Montesquieu) – Interdire le prêt à intérêt, c’est susciter l’usure.

 « S’il y avait dans le monde une nation qui eût une humeur sociable, une ouverture de cœur, une joie dans la vie, un goût, une facilité à communiquer ses pensées ; qui fût vive, agréable enjouée, quelque fois imprudente, souvent indiscrète ; et qui eût avec cela du courage, de la générosité, de la franchise, un certain point d’honneur, il ne faudrait point chercher à gêner, par des lois, ses manières, pour ne point gêner ses vertus. » (Montesquieu – De l’esprit des lois – cité par Mona Ozouf) – Voilà comment nos innombrables élus ont castrés les Français et les ont rendu médiocres en voulant les asservir et les rendre idiots.

« Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, mais elle est loi parce qu’elle est juste. » (Montesquieu) – Comme si les législateurs actuels se préoccupaient de justice !

« Un peuple connaît, aime et défend toujours plus ses mœurs que ses lois. » (Montesquieu) – Inacceptable pour un progressiste, un laquais de la mondialisation.

« Avant qu’il y eût des lois faites, il y  avait des rapports de justice possibles. Dire qu’il n’y rien de juste ni d’injuste que ce qu’ordonnent ou défendent les lois positives, c’est dire qu’avant qu’on n’eût tracé de cercle, tous les rayons n’étaient pas égaux. » (Montesquieu) – C’est bien pourtant ce que pensent tous les laquais demandeurs, admirateurs, esclaves des lois.

« Surtout des lois, des lois nouvelles, des lois tout le temps, des lois pour tout, des lois inédites presque chaque jour … pour notre confort, pour notre bonheur … Qui s’en plaindrait ? … Tout ce qui est réprimable doit l’être … Vive la loi ! Vive les punitions ! Encore un tour d’écrou !…. » (Philippe Muray)

« Un frénétique désir de législation gagne les habitants de la planète festive. L’envie du pénal ne cesse de dévorer chaque jour un peu plus ‘Homo festivus’, l’être rendu fou par l’affirmation de sa propre fierté … Quand ils ont avoué, d’une manière ou d’une autre, leur ‘désir de loi’, c’est-à-dire leur envie furieuse d’infantilisation, d’assistance et de maternage social, ils sont arrivés à peu près au maximum de leur véhémence. » (Philippe Muray)

« …Nous sommes passés, en quelques décennies, d’un ensemble de lois à peu près respectables et, de toutes façons, pour la plupart nécessaires, à une multitude de lois burlesques, grotesques, funestes, funèbres … La multiplication cancéreuse des lois … Les lois prolifèrent comme des ronces sur le terrain abandonné de l’autorité paternelle, autrement dit, de l’idée même de Loi … et les deux phénomènes sont liés … Au bout de combien de contraintes n’y aura-t-il plus de société du tout, seulement des agglomérats d’esclaves ahuris … absolument incapables d’assumer la moindre responsabilité, de se regarder comme comptables du moindre de leurs gestes. ‘C’est pas ma faute’ était une expression habituelle aux enfants ; c’est aussi devenu celle des néo-adultes… Bernanos à la fin de sa vie décrivait l’humanité future, une humanité gâteuse, disait-il, poussée dans des fauteuils roulants et torchée par des robots. Nous y sommes, ou à peu près…» (Philippe Muray)

« De la bouillie de tous les débats n’émerge qu’une voix, qu’une clameur : ‘il faut combler le vide juridique’ … Saintes lois, priez pour nous ! Enseignez-nous la sainte terreur du vide juridique et l’envie perpétuelle de le colmater … Notre monde est à la merci d’une lacune dans le Code ! … Ainsi de nouveaux chapitres du despotisme égalitaire, de l’histoire de la servitude volontaire s’accumulent. » (Philippe Muray)

« L’époque crache du projet de loi à jet continu dans l’espoir, chaque fois, d’apaiser un conflit ; et, chaque fois aussi, elle fait se lever de nouvelles querelles … Le sacré de notre temps, divisé en mille factions antagonistes et complémentaires, va s’y affronter comme jamais : laïcité et communautarisme, communautarisme déguisé en humanisme pour exiger le pluralisme, tolérance contre tolérance, liberté d’expression contre liberté de penser, protection de la vie et de la maternité contre droits des femmes… » (Philippe Muray)

« ‘Il y a un vide juridique !’, ‘Il faut combler le vide juridique !’. Ce n’est qu’un cri sur les plateaux … La nature contemporaine humaine a horreur du vide juridique … Le rêve consiste à finir par interdire peu à peu et en douceur, tout ce qui n’est pas encore absolument mort … Toutes les délations deviennent héroïques … C’est l’ère du vide, mais juridique … Vive la Loi ! Les Lois ! Vive les punitions ! Encore un tour d’écrou ! Un de plus ! Encore un autre ! Encore ! » (Philippe Muray)

« Il y a tant de lois qu’il n’y a personne exempt d’être pendu. » (Napoléon Bonaparte) – Déjà, de son temps; aujourd’hui on ne pend plus, on ruine, c’est plus lâche et plus profitable pour la meute.

« Une règle n’est pas un carcan, c’est un instrument qui permet de tracer des lignes droites. » (Père Nault – sur la règle de saint Benoît et les parcours de vie rectilignes)

« C’est quand les empires s’effondrent que les lois s’y multiplient. » (Nietzsche) – Quand il n’y a plus aucune cohésion, aucun sens.

« Les hommes de l’ancienne France connaissaient un grand nombre de lois ; mais ils n’étaient pas perdus dans ces textes comme un écureuil dans sa cage, qui court, affolé, en croyant au progrès parce que le sol bouge sous ses pieds. » (Roger Nimier) – Et encore, du temps de l’auteur le délire législatif et réglementaire des excités ne faisait que commencer.

« La France est de toutes les démocraties la seule qui pratique ce sport législatif … Victimisation générale du passé. » (Pierre Nora – à propos des lois mémorielles, Juifs, descendants d’esclaves et déportés africains, Arméniens… Nous y mettons toute notre lâcheté. 

« … Et de déclarations de vérité officielle et d’établissement d’une vérité d‘Etat qui sont le propre des pays totalitaires … Quel sens y a-t-il à condamner un phénomène historique vieux de quatre siècles ? … Quand les acteurs ont disparu, on s’en prend aux gens qui évoquent ces crimes, c’est-à-dire aux historiens, ce qui est une absurdité intellectuelle. » (Pierre Nora – manifestant son hostilité aux lois mémorielles en réponse à une question, et évoquant la loi Taubira sur l’esclavage) – On sait que ces lois ont pour but d’imposer une histoire officielle.

« Les lois qui contredisent la loi naturelle ne méritent pas le nom de lois. » (Origène – Contre Celse) – Quel est le politicard avide de démagogie et gonflé d’orgueil qui peut comprendre cela ?

« Ils s’étaient donnés pour règle de les démolir toutes. » (Jean d’Ormesson)

« Parce qu’il est progressiste, le gouvernement socialiste n’en finit pas d’appeler au changement et de multiplier les lois, les décrets, les règlements, les mesures de toute sorte. C’est un échafaudage de plus en plus compliqué. Un des titres de gloire de l’Assemblée nationale est de produire autant de textes que possible … jamais autant de règles n’auront été édictées. Personne n’est plus capable de connaître la loi que personne n’est pourtant censé ignorer. Et personne d’ailleurs ne la respecte plus. » (Jean d’Ormesson) – N’importe. Ce cirque perpétuel n’est fait que pour semer le brouillard et la confusion, pour décerveler les gens.

« La manie légiférante, la réglementation et le contrôle à outrance, la suspicion jetée sur toute velléité d’indépendance dans l’ordre des idées et des croyances comme en celui des actes … ‘la liberté, c’est le règne de la loi’, répètent les démocrates. De cette définition de la liberté on peut tirer un despotisme épouvantable. » (Georges Palante)

« Il est dangereux de dire au peuple que les lois sont injustes, car il n’y croit que si elles paraissent justes. » (Blaise Pascal)

« Les employés des ministères sont victimes d’une étrange superstition : ils croient qu’on remédie à un mal évident par l’envoi d’une circulaire. » (Jules Payot) – D’ailleurs, tout le monde fait semblant de croire qu’on y remédie par quelque loi votée par la majorité provisoire d’une assemblée aussi provisoire.

« Que dans une cité la loi soit assujettie et sans force, et je vois sa perte toute proche, mais où elle règne sur les chefs et où les chefs se font les esclaves des lois, c’est le salut que je vois arriver là et, avec lui, tous les biens que les dieux accordent aux cités. » (Platon)

« Mais arrêtez donc d’emmerder les Français. Il y a trop de lois, de règlements, trop de textes dans ce pays. On en crève ! Laissez les vivre un peu et vous verrez que tout ira beaucoup mieux» (Georges Pompidou – s’adressant au jeune, autant que médiocre, Jacques Chirac et s’élevant contre le délire législatif) – Oui, mais si on ne les emmerde pas constamment, ils auront le temps de réfléchir, de s’apercevoir de certaines magouilles (c’est là un euphémisme).

« Il conviendrait que les Français prennent conscience que les lois de notre pays, ainsi d’ailleurs que les normes européennes dont beaucoup de textes nationaux ne sont que le servile recopiage … sont très largement dictées à nos représentants par des lobbies de toutes sortes. » (Anne-Marie Le Pourhiet)

 « Sous l’influence du multiculturalisme, du néoféminisme et du militantisme LGBT, la sexualité est devenue l’obsession de l’Etat et de sa législation … Notre droit est chaque jour davantage envahi de normes sexuelles … Il n’est pas un domaine du droit qui ne soit envahi par l’inflation de ‘la lutte contre’. » (Anne-Marie Le Pourhiet)

« Plus on légifère, plus il surgit de litiges. » (Joseph Proudhon) – Diviser pour régner.

« Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons, avec nos lois coraniques nous vous dominerons. » (Youssef-Al-Qaradawi – cité par Ivan Rioufol) – C’est évident. Et pourquoi s’en priveraient-ils ?

« Lois de circonstance – Vous en connaissez d’autres ? » (Charles Régismanset)

« Bien après lequel nous soupirions, et son absence cause de tous nos maux. Nous les avons conquises ces libertés et nous n’en sommes pas plus avancés, et le lendemain de chaque révolution nous nous hâtons de rédiger le programme de la suivante … mais jamais on n’a pensé avec moins d’originalité depuis qu’on a été libre de le faire … Une liberté reconnue légalement doit être réglée. Or une liberté réglée constitue une chaîne plus étroite que l’absence de la loi. » (Ernest Renan)

« Il n’y a pas de limite. Là c’est vraiment le oui ou le non. Une amputation d’une main, là oui on peut l’éliminer. Mais une amputation d’un doigt ? Et puis d’un doigt de la main gauche ? D’un doigt de la main droite ? Et puis quel doigt ? On ne peut pas décortiquer. » (Marie-Odile Rhétoré – sur la stupidité de vouloir légiférer en tout) – Mais il ne s’agit pas que de stupidité, il s’agit d’asservir et d’abrutir le citoyen.

« Ce n’est pas la loi qui fonde la valeur, mais l’inverse. » (Isabelle Richebé) – Une telle énormité est-elle possible pour un de nos contemporains ? A plus forte raison s’il est politicien.

« La meilleure loi n’est pas la plus juste mais la plus fixe. » (Rivarol – écrivant en des temps tumultueux)

« Rien ne rend misérable comme de se conduire en un état par les règles ou les principes ou données d’un autre état. Un sauvage qui aurait nos lumières, un citoyen qui aurait l’ignorance du sauvage seraient également malheureux. » (Rivarol) – Egalement, rien ne rend aussi ridicule qu’un prétendu philosophe qui se prend pour un stratège, la maîtresse d’un homme d’Etat pour une grande politique…

« S’institue une démocratie d’un nouveau type : une démocratie barbare sans limites, sinon celles du désir, et où les plus forts asservissent les autres au nom même de l’égalité et de la liberté. Lorsqu’il n’y a plus de règles, lorsque ont été chassés les dieux, les rois, les pères et les lois, il n’y a plus en effet que le renard libre dans le poulailler libre. » (Frédéric Rouvillois) –Voilà où nous ont conduit la gauche, les humanistes bêlants, les déconstructeurs et les libérateurs. Ils ont travaillé pour le marquis de Sade.

« ‘Les conventions pourraient être tout autres’. Certainement. Mais dés qu’elles sont incarnées, coutumières, vivantes, elles ont une valeur psychique à défaut de valeur rationnelle. » (Raymond Ruyer) – Et on ne les bouleverse pas impunément. Il ne s’agit pas de normes industrielles, mais de normes sociales au sens large, plutôt de règles.

« Les progressistes néophytes sont pressés de faire la morale à tout le monde au nom des idéologies à la mode. Ils sont sévères en diable dans ce rôle. Les ennemis des lois et de la police sont de terribles policiers … ils sont des moralistes austères, aussi dépourvus d’humour que les prophètes, et portés, comme les prophètes, à condamner ce qu’ils ne comprennent pas. » (Raymond Ruyer)

« Rien de plaisant comme la multiplicité des lois que l’homme fait tous les jours pour se rendre heureux, tandis qu’il n’est pas une seule de ces lois qui ne lui enlève, au contraire, une partie de son bonheur. » (marquis de Sade) – Et surtout de sa liberté.

« La loi n’a jamais fait naître un seul grand homme. » (Schiller)

« Dans un vide symbolique croissant, tous se tournent vers la loi pour fixer un peu de normes et mettre un soupçon de limites aux comportements … Moins il y a de loi symbolique, plus il y a de règles juridiques. » (Michel Schneider)

« La réglementation est le quatrième moyen de domination douce de ‘Big Mother’. Au premier rang des simulacres par lesquels les gouvernants feignent d’être les organisateurs de mystères qui leur échappent, la prolifération des lois … Fureur législatrice … La multiplication des lois n’est que la conséquence de l’effacement de la Loi. L’accumulation, la complication et le désordre de lois votées pour être annoncées, non pour être exécutées, masquent mal la disparition progressive …  de toute Loi, au sens symbolique d’un certain caractère immuable et valable pour tous. » (Michel Schneider) – Entubage et enfumage, plus service aux amis.

« Les règles ordonnées par l’histoire seraient-elles moins fortes que celles définies au présent sous la pression d’un mouvement catégoriel ? C’est précisément leur caractère relativement immuable à travers les siècles, et en l’occurrence les millénaires, qui devrait inspirer le désir de conserver ces règles inchangées. » (Michel Schneider – sur la sexualité et la filiation notamment) – Certes, mais s’il fallait renoncer à satisfaire quelques groupuscules de copains, copines, agités ! S’il fallait renoncer à tout régenter !

« En brisant ou détournant les règles d’un jeu, vous ne trouvez qu’un autre jeu. » (Louis Scutenaire)

« Je suis exception harmonieuse de certaines règles et exemple désolant pour les autres. » (Louis Scutenaire)

« Partout et dans tous les temps, les lois se multiplient à mesure que les mœurs se dégradent. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Il n’y a plus de règles : nul n’est apte à les définir et plus personne n’ose les rappeler. » (Jean Sévillia)

« Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires … Elles entravent le fonctionnement de la démocratie qui exige des citoyens responsables. » (Alain-Gérard Slama) – Et si, justement, on ne voilait ni citoyens responsables, ni démocratie véritable ?

« L’abus des lois est le signe d’une société malade ; l’homme étant imparfait, il lui faut des lois ; plus il y a de lois, plus se trahit son imperfection. » (Alain-Gérard Slama) – Et surtout plus l’oligarchie l’infantilise, le rapetisse, l’humilie, l’enchaîne…

« Si la loi se réclame, purement et simplement, d’un principe moral, il se trouvera toujours en face d’elle un autre principe moral qui permettra de la contester. Si elle se réclame uniquement du principe d’utilité, elle se frappera elle-même de précarité. Si elle revendique à la fois la morale et l’utilité, elle s’engage sur la pente totalitaire. » (Alain-Gérard Slama) – Et c’est bien ce qui se passe actuellement 

« ‘La soumission dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous  citoyens. Elle ne les désespère point ; mais elle les contrarie sans cesse et les porte à renoncer à l’usage de leur volonté’ (Alexis de Tocqueville) … C’est dans la pratique des menues règles quotidiennes que s’informe notre vision du monde et que s’intériorisent nos rapports avec la société. » (Alain-Gérard Slama)

« Les lois sont comme une toile d’araignée ; les petits s’y font prendre et les grands les déchirent. » (Solon)

« Si on regardait de près la politique sociale contemporaine, on trouverait qu’elle est empreinte des idées de jalousie et de vengeance ; beaucoup de réglementations ont plutôt pour but de donner des moyens d’embêter les patrons que d’améliorer la situation des ouvriers. » (Georges Sorel)

« Vouloir tout régenter par des lois, c’est rendre les hommes mauvais. » (Spinoza) – On se doutait, on savait, que tel était l’objectif, au moins inconscient, de nos assemblées délirantes et de nos associations hystériques.

« En prétendant imposer une vérité historique (comme si c’était possible !), les lois mémorielles laissent entendre que cette vérité est douteuse, puisqu’elle a besoin d’être protégée et que les historiens sont incapables, sans l’aide du législateur (et de dures sanctions) de l’établir. » (André Comte-Sponville)

« C’est la recherche éperdue du cadre qui rassure. On ne fait d’ailleurs plus de lois, mais de ‘grandes lois’ … La loi est de plus souvent incantatoire, cadre rassurant, sorte d’objet transitionnel, la loi comme doudou pour fonctionnaires en perte de repères … La loi et ses avatars que sont les sous-textes, les décrets, les arrêtés, les circulaires qui interprètent l’inter prétation, qui prescrivent ce qu’on doit faire et penser dans chaque détail de la vie, qui traquent la vie pour la réduire à des catégories accessibles à la bureaucratie … La loi qui construit un Etat fictionnel qui rassure en étouffant … Le roi-Etat est nu, mais la forêt touffue des lois et règlements de la république masque sa nudité et son impuissance. » (Hélène Strohl)

« Ceux qui font la loi sont les hommes les plus libres : ils obéissent une fois pour toutes et n’obéissent qu’une fois. » (André Suarès)

« Dans un société où chacun a une parole il est besoin de beaucoup moins de lois. Plus la chose publique est corrompue, plus il y a surabondance de lois. » (Tacite – cité par Thomas de Koninck)

« Comment se fait-il que, dans toute l’histoire humaine, il ait fallu attendre les sociétés dites développées du début du XXI° siècle pour que de telles revendications surgissent sous forme de loi ? Que signifie ce passage subtil (et très peu aperçu) de la loi qui interdit (ou contraint) à la loi qui ‘permet’ ? C’est en fait une réflexion d’ordre anthropologique…» (François Taillandier – sur les lois dites sociétales : bioéthique, parentalité, euthanasie…) – Cette loi qui devient autorisation de… n’est le plus souvent en fait que le principe de démolition des vieux interdits qui ont permis la civilisation.

Sans loi « les hommes s’avaleraient vifs les uns les autres. » (Talmud) 

« La seule lecture de ces règlements m’a fatiguée. Que serait-ce si je devais les observer ? » (sainte Thérèse d’Avila  – à propos du risque d’accumulation des règlements monastiques) – Nos législateurs eux ne se fatiguent pas (il est vrai qu’ils ne lisent, ni d’ailleurs ne relisent, leur délirante production destinée à embrouiller tout le monde). Rien que le code du travail : 2.000 ou 3.000 pages, plus personne ne sait !)

« Admirer l’exception dispense de suivre la règle ; on rêve de performances magiques et de records pulvérisés sans bouger le petit doigt ; l’effervescence cérébrale compense la faiblesse musculaire. » (Gustave Thibon) – Et pas qu’en matière sportive.

« Ne crois pas aux briseurs de règles qui parlent de l’amour. Là où la règle est brisée, l’amour avorte. On n’échappe pas à ce qu’on détruit : on n’échappe qu’à ce qu’on prolonge. » (Gustave Thibon)

« L’homme vraiment ‘libéré’ se reconnaît à ce signe qu’il se refuse plus de choses permises qu’il ne se permet de choses défendues. » (Gustave Thibon) – « Se faire l’avocat de la règle, dernière forme de la grandeur. » (Nietzsche)

« Jadis, l’homme intérieurement libre manifestait son indépendance en violant les interdits sociaux. Aujourd’hui, la même liberté se traduit, non en enfreignant des défenses, mais en refusant des licences. Tout se permettre étant devenu la loi, l’ennemi des lois n’a plus qu’une issue : recréer au-dedans ces mêmes lois que rien ni personne ne lui imposent plus du dehors. Au vieux briseur de tabous, succède le néophyte du sacré. C’est le même défi au Gros Animal social. » (Gustave Thibon)

« Le commerce et les affaires s’ils n’avaient pas de ressort propre, n’arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement, et s’il fallait  juger ces derniers sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d’être punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées. » (Henry David Thoreau) – En France, les intentions sont à la hauteur des conséquences. C’est voulu, par stupidité, envie et jalousie, volonté de destruction.

« Un régime politique indépendant ne se propose pas les lois d’autrui. » (discours de Thucydide à Périclès à la veille de la guerre du Péloponnèse – cité par Philippe de Villiers) – Les lois des lobbies de Bruxelles.

« La part que prend l’habitude dans le jeu des institutions politiques, comment les hommes se tirent plus aisément d’affaire avec des lois obscures et compliquées, dont ils ont depuis longtemps la pratique, qu’avec une législation plus simple qui leur est nouvelle. » (Alexis de Tocqueville)

« Un pouvoir qui renforce sans cesse, dans l’espoir de faire le bonheur des citoyens, son réseau de ‘petites règles compliquées, minutieuses et uniformes’. » (Alexis de Tocqueville) – Qui avait très bien perçu dans La démocratie en Amérique que la démocratie se transformerait en bureaucratie aveugle, mesquine, bornée et rapidement dictatoriale.

« Tout système juridique suffisamment complexe sera intrinsèquement injuste favorisant ceux qui ont les ressources permettant de maîtriser son extrême complexité. C’est clairement le cas aux Etats-Unis où ceux qui ont de l’argent peuvent l’emporter sur ceux qui n’en ont pas en les menaçant tout simplement de poursuites. (Emmanuel Todd)  – Contrairement à ce qu’on fait croire aux gogos, le développement forcené du droit entraîne évidemment l’effet d’en réserver le bénéfice aux puissants et aux riches, la profusion juridique n’est pas un outil de libération, mais un outil de domination.

« Ce projet de loi favorable à l’euthanasie s’inscrit parfaitement dans la ‘zeitgeist’ du moment : la primauté de la liberté individuelle. Il souffre donc des mêmes travers et des mêmes limites que toute autre loi dite ‘progressiste’ : l’impossibilité de penser le débat hors de l’autonomie de l’individu. C’est donc un projet de loi de renoncement : renoncement à penser la vie bonne, l’éthique, la morale ou la mort en dehors du prisme de l’individualisme. » (Laurence Trochu – à  propos d’un projet de loi sur  l’euthanasie ; mais définit l’intention,  on ne saurait dire l’esprit, de toute initiative progressiste. Tout détruire pour exalter le ‘MOI’ et ainsi laisser l’individu seul, sans recours autre que lui-même, soit le conduire inéluctablement au désespoir ….’On le forcera d’être libre’( (J. J. Rousseau))

« Les faibles veulent dépendre afin d’être protégés. Ceux qui craignent les hommes aiment les lois. » (Vauvenargues) – La surabondance des lois exprime autant une société de faibles, qu’une société de scélérats ; en tout cas, elle révèle une société malsaine et déséquilibrée dans ses relations.

« Les hommes à courte vue rapportent les droits aux seuls termes de la loi … Or des idées uniformes nées chez des peuples inconnus les uns des autres doivent avoir un fond commun de vérité. » (Giambattista Vico –sur l’universalité de trois coutumes : religion, mariages et sépultures) – Il faut être aussi bête et aussi servile qu’un de nos contemporains pour rapporter exclusivement le droit à la loi, tel Créon.

– « L’objet du droit n’est pas de dicter à l’individu des règles de conduite, mais de déterminer un partage des biens et des charges dans un groupe entre plusieurs personnes. » (Michel Villey) – Si on ne peut plus dicter aux gens leur conduite, c’est la fin de des dictatures-soft.

« Quand il n’y a plus de mœurs on fait des lois. » (Philippe de Villiers)

« Il est impossible de ne pas ponctuer une interaction … Des règles sont tenues d’émerger et tout échange, en particulier dans l’interaction humaine, réduit invariablement les possibilités jusque-là ouvertes aux deux partenaires. » (Paul Watzlawick) – Si je n’ai pas protesté les premières fois, c’est que j’admets, et me prive ainsi de la faculté de m’insurger ensuite…

«  Il faut que les règles assez raisonnables et assez simples pour que quiconque le désire et dispose d’une faculté moyenne d’attention puisse comprendre, d’une part l’utilité à laquelle elles correspondent, d’autre part les nécessités de fait qui les ont imposées. Il faut qu’elles émanent d’une autorité … ni étrangère ni ennemie … qui soit aimée. Il faut qu’elles soient assez stables, assez peu nombreuses, assez générales, pour que la pensée puisse se les assimiler une fois pour toutes. » (Simone Weil) – Tout le contraire de la boulimie règlementaire de nos assemblées. Si le peuple, les assujettis s’y retrouvaient, comment les dominerait-on ? Comment avantagerait-on les copains ? Comment bouleverserait-on discrètement la société ?

« L’immense vertu de la loi, sa raison d’être profonde, n’est-elle pas précisément de nous dispenser d’avoir à parler du reste ? Quel besoin d’épiloguer sur le reste (le juste et l’injuste, le bien et le mal, le normal et l’anormal, le rationnel et l’irrationnel, etc.). Quand bien même on y croirait, le simple fait qu’on continue à croire à la loi, à lui obéir, seulement par ce qu’elle est la loi et pour rien d’autre, suffit, en soi déjà, à rendre le système fonctionnel. … Que se passerait-il si on poussait le nihilisme jusqu’à ne même plus croire à la loi ? » (Eric Werner – Le système de trahison) – Il suffit de voir comment les média serviles parlent de la loi, l’encensent, comme ils auraient encensé les lois raciales chez Adolf.

« Les lois qui ne sont pas écrites sont celles qui, les mêmes dans tous les pays, portent partout les mêmes prescriptions. » (Xénophon)

« Une règle qui éprouve le besoin d’être en permanence exposée trahit une fonction déjà inopérante, déjà usée. » (Paul Yonnet) – Ou pire, opération de propagande pure, qui n’a jamais correspondu à quelque réalité. Ainsi, inopérantes ou artificielles, des continuelles injonctions  et diktats de la meute politico-médiatique.

« Les lois sont dangereuses quand elles retardent sur les mœurs. Elles le sont davantage lorsqu’elles se mêlent de les précéder. » (Marguerite Yourcenar) – Et encore plus lorsqu’elles servent à les imposer.

« Dans un monde sans règles définies tous les coups sont permis. » (Eric Zemmour)

« Nous ne gardons pas la règle, c’est la règle qui nous garde. » (une religieuse)

« Peu de lois, bon Etat. » (proverbe) – Ce n’est certes pas le cas de la France.

« Nouveaux rois, nouvelles lois. » (proverbe) – Ou nouvelle majorité (provisoire)

«  Chacun sera jugé suivant la loi qu’il a pu connaître en son temps. » (?) – Non ! Tous nos ancêtres ont été malfaisants. Nous seuls, vivants, sommes bons et purs.

« Ce qu’on appelle liberté dans le langage politique c’est le droit de faire des lois, c’est-à-dire d’enchaîner la liberté. » (?)

« Plus une mesure est incompréhensible, plus il est difficile de trouver des raisons pour la supprimer. » (?)

« Ce qu’il y a de plus fondamental et de plus essentiel dans les lois d’une nation ne saurait être écrit. » (?) – La rédaction d’une constitution prouve l’incapacité des gens à la respecter.

« Le Nouveau Testament, postérieur à la mort du législateur, et même à l’établissement de sa religion, présente une narration, des avertissements, des préceptes moraux, des exhortations, des ordres, des menaces mais nullement un recueil de dogmes énoncés en forme impérative … Les évangélistes se gardent bien de déclarer ni d’ordonner rien … On lit bien : ‘Allez enseignez’ : mais point du tout : ‘Enseignez ceci ou cela’ … Jamais l’Eglise n’a cherché à écrire ses dogmes ; toujours on (l’opposition, les hérésies) l’y a forcé. » (?) – Cela n’a pas empêché le fond de pénétrer les masses et pour longtemps.

« L’écriture est constamment un signe de faiblesse, d’ignorance ou de danger ; à mesure qu’une institution est parfaite, elle écrit moins … toute loi écrite n’est qu’un mal nécessaire, produit par l’infirmité ou par la malice humaine. » (?)

« La loi est devenue l’écho des sondages d’opinion. » (?)

« Les lois et les règlements se multiplient d’autant plus rapidement qu’ils sont de moins en moins respectés » (?) – Ce qui entraîne réciproquement leur multiplication. L’absurdité de notre système.

« En sport, la règle est indispensable pour que le duel soit équitable. » (?) – Elles furent respectées. Comme partout, il y a bien longtemps que ce n’est plus le cas (dopage, simulations, corruptions…)

Ci-dessous extraits remaniés d’un livre d’Alain Supiot, La gouvernance par les nombres.

« Le renversement du règne de la loi au profit de la gouvernance par les nombres s’inscrit dans l’histoire longue du rêve de l’harmonie par le calcul dont le dernier avatar, la révolution numérique, domine l’imaginaire contemporain. Cet imaginaire cybernétique conduit à penser la normativité  non plus en termes de législation mais en termes de programmation … Rabattre le jugement sur le calcul conduit à se couper progressivement de la complexité du réel, autrement dit à substituer la carte au territoire. … La pauvreté définie par les Nations unies comme le fait de vivre avec moins d’un dollar par jour. Une telle définition ne peut que rendre aveugle à tout ce qui, dans le niveau et la qualité de la vie, ne relève pas d’une évaluation monétaire, mais dépend de l’inscription dans une société et une culture … Enfermement des peuples dans les boucles autoréférentielles d’un discours technocratique qui écrase les réalités de la vie humaine au lieu de les représenter … ‘Le contrôle, en toute matière, aboutit à vicier l’action, à la pervertir … dès qu’une action est soumise à un contrôle, le but profond de celui qui agit n’est plus l’action même, mais il conçoit d’abord la prévision du contrôle, la mise en échec des moyens de contrôle’ (Paul Valéry) … Exemples : le sabotage de la production dans l’ex-URSS, le chercheur qui, pour augmenter ses scores bibliométriques qui servent à mesurer sa performance, découpe en quatre articles ce qu’il aurait publié en un seul … . Fin de l’Histoire, fin de la loi ; l’épître aux Romains, témoignant de ce que sera la sécularisation du christianisme,  ne dit mot de l’amour de Dieu, l’unique commandement est l’amour du prochain … ‘Dans un peuple de saints, la loi serait inutile’ (Jean Carbonnier) … ‘De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins’ (Karl Marx) … La foi dans l’harmonie par le calcul, fondant les bases économiques de la suppression de l’Etat a resurgi avec la globalisation libérale et les revendications libertariennes, qui sont les deux faces, économique et sociétale,  d’une même médaille … La loi, c’est le mal … Mais cet univers de compétition généralisée, cette promesse moderne d’émancipation, disqualifiant toute espèce de solidarité au profit de la compétitivité et de la sélection des plus aptes, n’est pas faite pour les faibles … L’émancipation est lourde de dangers pour l’émancipé qui se trouve privé des protections, l’émancipation est d’abord apparue comme une sanction infligée par un ‘pater familias’ à son fils … Faute d’une instance hétéronome à laquelle se référer, les rapports humains sont entièrement soumis à la logique binaire ami/ennemi où Carl Schmitt voyait l’essence du politique … Lorsque la relation ami/ennemi n’est plus cantonnée aux frontières, cette négation essentielle se transporte à l’intérieur de l’Etat, elle ne vise plus l’étranger, mais des groupes de concitoyens, identifiés en raison de leur classe, leur race, leur religion ou leurs opinions. L’ombre de la guerre civile s’étend alors sur la société … Comme l’ont montré les récentes guerres américaines (Golfe…), on a renoué avec la pratique féodale qui consistait pour un monarque à appeler auprès de lui, en vue d’une expédition militaire, tous ses vassaux munis de leur équipement et d’un nombre d’hommes proportionnel à leur rang et qualité … Avec l’effondrement des Etats-nations et l’extension de ces réseaux d’allégeance à tous les domaines de la vie sociale (dépendance entre entreprises, dans les réseaux, dans les partis …), c’est la structure juridique de la féodalité qui refait surface … On passe du souverain au suzerain, de la loi au lien … Les techniques d’inféodation des personnes se présentent aujourd’hui sous le nom de ce qu’on appelle les réseaux. » (Alain Supiot – La gouvernance par les nombres)

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