175,1 – Croire, Croyances, Foi ; Idées, Opinions, Préjugés ; Idéologies, Idéalisme, Matérialisme, Marxisme

« En ‘logosphère’, la croyance va principalement à ce qu’on écoute ; en ‘graphosphère’, à ce qu’on déchiffre ; en ‘vidéosphère’ à ce que l’on voit-entend. » (Régis Debray) – Les moyens techniques d’expression ne sont pas neutres quant à l’adhésion qu’ils entraînent. La vidéosphère a tout emporté.

« Donnez-nous à croire. » (Jean Cau) –  Clame la jeunesse. Qu’a-t-on à lui offrir ? Cherchons bien.

– « On peut croire à quelque chose, comme les Anciens  à leurs mythes, non pas parce qu’on est un imbécile superstitieux, mais parce qu’on ne peut pas se passer d’y croire » (Eric Robertson Dodds – approx.) – Ne serait-ce que pour leurs vertus opérationnelles.

– « En Occident, la force du croire paraît aujourd’hui épuisée. » (?) – Le su l’a emporté sur le cru. Nous marchons sur une jambe, alors qu’il « faut tenir les deux bouts de la chaîne » (Blaise Pascal)

– « Circulez, y a rien à croire. » (Philippe Muray)

-« Savoir qu’on croit, et non pas croire qu’on sait. » (Jean Lesquier)

– « Ce qu’on croit engage plus que ce qu’on sait … Personne n’est prêt à mourir pour son savoir … Innombrables sont ceux qui sont morts pour leurs croyances. » (Jean d’Ormesson)

– « Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, par mes œuvres, je te ferai voir ma foi. » (Epître de saint Jacques) – A tous nos donneurs de leçons.

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« Il faut croire d’abord. Il faut croire avant toute preuve, car il n’y a point de preuve pour qui ne croit rien … Si je ne crois point qu’il dépend de moi de penser bien ou mal, je me laisse penser à la dérive ; mes opinions flânent en moi comme sur un pont les passants. Ce n’est pas ainsi que se forment les idées ; il faut vouloir, il faut choisir, il faut maintenir … Il ne manque pas d’esprits sans foi. Ce sont des esprits faibles, qui cherchent appui au dehors … Penser sans hypothèses préalables, raisonnablement formées, et fermement tenues, c’est combattre sans armes … L’obligation de croire ne diffère pas beaucoup du devoir de penser. L’homme moderne, à force de faire l’incrédule, finit par croire beaucoup. » (Alain) – A tout ce qu’on lui dicte.

« En matière de foi et de mœurs, il faut croire saint Augustin plus que les philosophes… mais si nous parlons médecine, je m’en remets à Galien et à Hippocrate, et s’il s’agit de la nature des choses, c’est à Aristote que je m’adresse ou à quelque autre expert en la matière. » (saint Albert le grand) – L’Eglise, obscurantiste !

« Le savoir au sujet de ces menaces, dont certaines sont gravissimes, n’incite personne à agir, et cela parce que nous ne croyons pas ce que nous  savons, parce que nous n’arrivons pas à nous représenter ce que nous savons. » (Günther Anders – sur les menaces nucléaires, écologiques…)

« Tout craindre de ‘l’homme d’un seul livre.»  (saint Thomas d’Aquin)

« De quelque pays que vous soyez, vous ne devez croire que ce que vous seriez disposé à croire si vous étiez d’un autre pays. » (La logique de Port-Royal, Antoine Arnauld, Pierre Nicole ?) – Aujourd’hui, trop souvent le juste et le vrai ne se déterminent que par rapport à l’utilité en faveur de telle cause ou/et de tel groupuscule dominant.

« Sur quoi sera fondée la morale commune ? Comment sera sauvegardée ou restaurée, entre les membres de la collectivité, l’unité de croyance, faute de laquelle la civilisation elle-même est en péril. » (Raymond Aron) – Trop tard, tout est détruit.

« Je m’étonne de la quantité de choses auxquelles peut croire un homme qui dit ne croire en rien. » (Lucien Arréat)

« Nous avons surtout besoin de croire à ce qui nous fait vivre et que quelque chose nous fait vivre. » (Antonin Artaud)

« Celui qui a abandonné son travail, ses amis, sa famille, au nom de sa croyance, ne peut pas revenir en arrière. L’option du renoncement à la croyance est quasiment impossible : c’est l’effet d’engagement … Il trouvera des subterfuges pour rationaliser  ses opinions fausses et continuer son action … Et aussi pour la raison de ne pas abandonner la chaleur du groupe des autres adeptes. » (Olivier Babeau) –  Combien de militants communistes se sont trouvés plus ou moins dans cette situation ?  

« Il est plus facile aujourd’hui de trouver des individus qui ont renoncé aux superstitions religieuses dans des monastères et des synagogues, dans des soupes populaires tenues par des associations religieuses ou à la messe du dimanche, qu’au club de gymnastique, qu’à la Bourse ou dans la salle des professeurs d’un campus universitaire. Ceux qui prétendent que le mépris de la chose religieuse est un antidote à la superstition religieuse n’ont pas suffisamment réfléchi à la révolution française, à la révolution culturelle de madame Mao, ni à la tentative sanglante de Pol Pot de manipuler les structures sociales. » (Gil Bailie) – Ne demandons quand même pas à un forcené de la libre pensée de réfléchir.

« Les concepts, les représentations abstraites et générales, ont toujours été les meilleurs fourriers du malheur de la conscience. » (Georges Bastide)

« L’entreprise moderne d’un monde indifférencié, le nôtre, qui ne peut qu’exterminer toute espèce de singularité ou de différence … Cette preuve éclatante d’une foi intense qui suscite une jalousie féroce chez ceux qui l’ont perdue. » (Jean Baudrillard – à propos de l’extermination des Indiens par les Espagnols qui ne pouvaient pas supporter un peuple qui va jusqu’au sacrifice humain dans son rituel religieux) – Sans doute existait-il aussi quelques raisons moins ambiguës. Mais le raisonnement de l’auteur (si élargi) reste pertinent. La foi perdue ne saurait supporter la foi vivante.

« Si une chose va de soi, tout droit est superflu, si la revendication de droit s’impose, c’est que la chose est perdue … C’est quand toutes ces belles choses disparaissent, le droit à l’air, le droit à l’eau, le droit au logement, etc. que le droit vient contresigner la disparition progressive de ces éléments, le droit vient sanctionner leur disparition … Le droit de réponse implique l’absence de dialogue … Le droit, c’est comme la croyance, si Dieu existe, il n’y a pas besoin d’y croire. Si on y croit, c’est que l’évidence de son existence est morte … Quand on reconnaît la Nature comme sujet de droit, c’est qu’on l’a objectivée à mort et qu’on se donne le droit de continuer à le faire à travers cette caution écologique. » (Jean Baudrillard)

« Que va faire le genre humain dégagé de toute croyance ? Soit il s’accomplit égoïstement selon un individualisme exclusif et souverain (Stirner), soit il s’accomplit collectivement, par une longue voie historique, comme chez Marx, soit il se déplace vers le Surhumain, par une transmutation des valeurs de l’espèce, c’est la voie tracée par Nietzsche, la grande métamorphose, celle du devenir. » (Jean Baudrillard)

« Nos convictions se fondent moins sur des valeurs ou des vérités aperçues que sur les vices et erreurs de celles dont nous ne voulons pas. » (Jean-Marie Benoist) – Plus exactement sur celles dont ne veut pas le gang politico-médiatique dominant.

« Nous avons du mal à croire ce que nous savons. » (Henri Bergson) – Ou plutôt nous refusons d’y croire, les catastrophes prévisibles, personnelles comme collectives. Heureusement peut-être.

« Me méfier quand je vois la disproportion entre la solidité d’une idée et l’attachement des autres (ou de moi) envers elle. Il faut, bien sûr, croire ce qu’on croit, mais non pas plus qu’on ne le croit. On ne devient que trop vite le comédien de ses propres sentiments. » (Emmanuel Berl)

 «  On ne perd pas la foi, elle cesse d’informer la vie, voilà tout. » (Georges Benanos) – Sur la foi religieuse.

« La plus dégoûtante création du monde moderne, l’homme réaliste, c’est-à-dire la créature singulière, jadis si rare, en qui nous voyons rassemblés les vices de l’aventurier, la prudence et l’avarice du bourgeois, le cynisme et l’hypocrisie… » (Georges Bernanos)

« Il croit qu’il sait, il ne sait pas qu’il croit. » (Alain Besançon – au sujet de Lénine)             

« On n’est plus capable de parler avec conviction du bien et du mal, plus personne ne croit vraiment à quoi que ce soit. » (Allan Bloom)

« L’époque où, aux Etats-Unis, les catholiques et les protestants se soupçonnaient les uns les autres du pire et se haïssaient n’était pas nécessairement la meilleure, mais du moins prenaient-ils alors leurs croyances au sérieux, et leurs accomodements … pour cohabiter … ne résultaient pas simplement d’une relative indifférence à l’état de leurs âmes. » (Allan Bloom)

« Ils avaient appris à douter de toutes les croyances avant de croire eux-mêmes à quoi que ce fût …  L’esprit qui, à l’origine, est sans préjugés est un esprit vide. » (Allan Bloom- sur des étudiants) – Mieux vaut encore passer par des préjugés.

« Il n’y a aucune différence entre croire et vivre. » (Christian Bobin)

« L’esprit n’est même plus nié. C’est plus sournois qu’une négation … Cette société ne croit plus qu’à elle-même, c’est-à-dire à rien. » (Christian Bobin)

« Dés qu’elles atteignent un certain degré, les croyances mystiques, religieuses, politiques deviennent fatalement destructrices. » (Gustave Le Bon) 

« Un des caractères les plus constant des croyances est leur intolérance. Elle est d’autant plus intransigeante que la croyance est plus forte. Les hommes dominés par une certitude ne peuvent tolérer ceux qui ne l’acceptent pas. » (Gustave Le Bon)

« On ne discute pas plus avec les croyances qu’avec les cyclones. » (Gustave Le Bon) 

« On n’expose pas sa vie pour une vérité ; on l’expose pour une croyance. » (Gustave Le Bon)

« Une des forces du convaincu est de ne pas discuter la valeur rationnelle de sa croyance. » (Gustave Le Bon)

« La leçon des faits n’instruit pas l’homme prisonnier d’une croyance ou d’une formule. » (Gustave Le Bon) – Sclérose typique de l’homme qui se proclame de gauche.

« La connaissance se répand par les livres, les croyances par les apôtres. » (Gustave le Bon)

« Il n’a pas encore été donné à un peuple de changer ses croyances sans être aussitôt condamné à transformer les éléments de sa civilisation. » (Gustave Le Bon – cité par Gilles-William Goldnadel) 

« Chacun s’est fait à soi-même un tribunal où il s’est fait l’arbitre (le juge) de sa croyance. » (Bossuet – sur la religion prétendue réformée)

« Expliquer une croyance, c’est retrouver le sens pour l’acteur de sa croyance, c’est supposer cette croyance rationnelle … retrouver les raisons que l’acteur a d’y croire … Ce en faisant abstraction des données cognitives que l’observateur tient de sa propre situation, mais … qu’il ne peut imputer à l’individu observé … Au lieu de supposer que l’enfant ou le primitif ou le croyant sont mus par des illusions, il faut supposer qu’ils sont animés par des raisons qu’il s’agit de reconstruire … raisons non irrationnelles, mais expliquées soit par la finitude de l’entendement humain soit par la présence d’effets de contexte … ‘Les raisons ultimes du fait qu’on croit à ce qu’on croit résident dans les raisons qu’on a d’y croire’. On ne peut expliquer une croyance collective ou individuelle durable par l’illusion … ‘L’être humain a toujours des raisons de croire à ce qu’il croit … Une conviction tenace et partagée ne peut résulter de l’illusion’ … Croyances scientifiques et croyances ordinaires, croyances politiques et croyances privées prennent dans l’esprit du sujet si et seulement s’il les perçoit comme faisant sens pour lui, c’est-à-dire comme fondées sur des raisons qu’il appréhende comme valides …La variabilité des croyances descriptives et normatives n’impose en aucune façon de leur attribuer des causes irrationnelles. Elle n’implique donc aucun relativisme … Causes affectives ou émotion jointe ne sont que des annexes… Mais ‘raisons fortes’ ne veut pas dire ‘raisons vraies’ … » (Raymond Boudon – reprenant et citant Durkheim – Pour lequel les croyances prétendument magiques du primitif ne sont dues qu’au fait qu’il n’a pas le même savoir que l’observateur.) – Ne pas réserver la méthode de compréhension aux croyances religieuses, infantiles ou primitives !

« Les points de repère moraux, philosophiques, spirituels et politiques auraient, sous l’effet de la globalisation, disparu des sociétés modernes ou en tout cas seraient définis au gré du caprice changeant des individus, des conjectures et des structures sociales et politiques. Au point que l’on peut qualifier les sociétés présentes de ‘liquides’, sociétés sans points fixes, où toutes les valeurs et les institutions auraient perdu leur solidité d’antan. » (Raymond Boudon – reprenant une analyse et un terme de Zygmunt Baumann)

« Comprendre, expliquer, n’est pas justifier … Certaines croyances ont un caractère régressif, d’autres non. On ne peut juger de la même façon les pratiques magiques du primitif Australien et celles de l’Occidental qui prétend pouvoir tordre les petites cuillers par la seule force de sa volonté. On ne peut de même confondre l’insensibilité dont témoignent à nos yeux les Européens du XVII° siècle (madame de Sévigné…) à l’égard des exécutions capitales ou de la torture avec l’insensibilité de certains de nos contemporains  à l’égard des crimes du communisme ou du nazisme. » (Raymond Boudon)

 « Postulat des croyances collectives selon Max Weber : – Une croyance collective  se forme lorsque son contenu fait l’objet d’une adhésion de la part des individus – Elle fait l’objet d‘une adhésion pour un ensemble d’individus lorsqu’elle fait sens pour chacun d’entre eux en particulier – Elle fait sens pour un individu lorsqu’il a des raisons fortes de l’accepter … Les ‘raisons’ qu’a l’acteur d’adopter une croyance sont pour Max Weber les ‘causes’ de ladite croyance … Ce, pour Max Weber, qu’il s’agisse de croyances prescriptives comme de croyances descriptives, les mécanismes qui font le succès des croyances sont identiques. » (Raymond Boudon)

« La ruine des croyances ‘dogmatiques’ … est grosse d’une lourde menace : la tyrannie de l’opinion. » (Raymond Boudon – se référant à une crainte exprimée par Alexis de Tocqueville) – « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » (Dostoïevski)

Méthodes (tordues) d’imposition d’une croyance, suivant Raymond Boudon : – Eviter le contact entre les fidèles et les non-croyants – Ne pas convier les opposants à la discussion – Invoquer une autorité supérieure (la Nature, l’Avenir, Marx, Freud, prix Nobel…) – Mais même en vigueur dans la communauté scientifique…

« Le sujet social se forme des opinions sur une multitude de sujets en mobilisant toutes sortes d’a priori, à savoir des principes, des théories, des procédures, des démarches mentales, des hypothèses, des conjectures respectables et éprouvées. Cette mobilisation le conduit en général à des solutions satisfaisantes, mais ces instruments peuvent aussi être à l’origine de croyances douteuses. Dans ce cas, on dira : ‘il croit à des idées fausses, mais il a de bonnes raisons d’y croire’. » (Raymond Boudon)

« Les sciences humaines répugnent à reconnaître que des croyances ou des représentations mal fondées s’appuient sur des systèmes de raisons et elles s’empressent  de proposer de toute croyance une explication causale. » (Raymond Boudon) – Mais l’auteur sait bien que les sciences humaines ont été perverties par le marxisme et le freudisme, et leurs explications causalistes de toutes les croyances comme de tous les comportements. 

« ‘Ne croire en rien’. La logique du nihilisme est celle d’un ‘présentisme’ absolu. Il vise à la destruction du passé et de l’avenir. Il épargne le présent tout simplement parce que celui-ci abrite le sujet de la destruction. » (Rémi Brague)

« La question n’est pas de savoir si l’homme peut savoir par lui-même comment il devrait bien vivre. Elle est plutôt de savoir s’il peut vouloir survivre sans une instance extérieure pour l’affirmer … pour lui donner une légitimité. » (Rémi Brague)

« Qui peut croire en l’homme ? L’homme lui-même ? Mais ‘croire en soi’, c’est le critère même de la folie. » (Rémi Brague)

« Il est possible de croire des choses folles sans être fou soi-même … Des gens ordinaires, sympathiques et sincères intégrés dans un groupe bouddhiste croyaient que le gourou était capable de faire léviter des éléphants. »  (Gérald Bronner – Déchéance de rationalité)

«  Lorsque des individus entretiennent un rapport inconditionnel avec des idées millénaristes, ils pensent qu’ils n’ont rien à perdre … Aucun sacrifice n’est excessif pour celui qui croit qu’il en sera bientôt infiniment récompensé … Et rien n’est plus grand que la réalisation d’un destin collectif, autorisant toute les exactions. » (Gérald Bronner) – Terrorisme certes, mais aussi suicides collectifs au sein de sectes. 

« La croyance dite par ‘délégation’. Je n’ai pas les compétences pour savoir par moi-même, mais cette délégation raisonnable est fondée sur le fait que la probabilité qu’un grand nombre de personnes se trompent toute ensemble est faible. » (Gérald Bronner)

« La coexistence de la croyance en Dieu et le constat de l’imperfection du monde, le problème intellectuel souligné par Leibniz puis par Max Weber. » (Gérald  Bronner)

« La croyance est à la fois un contenu et un  rapport à ce contenu. »  (Gérald Bronner)

« Être conservateur ne veut pas dire rester attaché à ce qui a été, mais vivre et agir en partant de ce qui a une valeur éternelle. » (Moeller van den  Bruck) 

« Dans la débâcle générale des croyances et des idéologies il en est au moins une au moins qui résiste et dont la vitalité ne se dément pas : l’économie. »(Pascal Bruckner)

« Les hommes cherchent des adversaires à combattre et des idées à réprouver, qui ne les leur fournit, ne les contente … et le monisme (cher aux philosophes) n’aura jamais persuadé les simples … Le premier caractère permanent est le manichéisme ou si le terme semble trop étroit, le dualisme en général … Les philosophies inclinent au monisme et toute religion, qui se voudrait militante , verse en pratique dans le dualisme … Le penchant à la symétrie est le deuxième caractère permanent … L’ordre et le confort intellectuel abusent de ce penchant-là … ce balancement qui multiplie les parallèles ou les couples … Que l’on se remémore l’action et la réaction, la thèse et l’antithèse, l’orthodoxie et l’hérésie … Elus ou réprouvés, il n’est pas de milieu, le moyen terme est impossible. » (Albert Caraco)

« Il y a bien pire que ne croire que ce que l’on voit ; ne voir que ce que l’on croit. » (Paul Carvel)

« On n’a jamais cru à autant de choses depuis qu’on ne croit plus à rien. » (Las Cases) – On reconnaît le Bobo-Gogo.

« On n’allume pas une bougie pour regarder le soleil. » (Pierre Damien – sur la foi en Dieu) – « Seule la simplicité de la foi pouvait sauver des pièges et des leurres de la raison. » (Ernst Cassirer – commentant)

« L’homme occidental ne croit plus à rien sinon qu’il pourra bientôt avoir un téléviseur haute définition » (Cornelius Castoriadis)

 « L’Occident est en panne de foi. L’homme occidental ne croit plus en rien qui l’élève, le dépasse et le transcende. » (Jean Cau)

« Que va-t-on donner à croire à cette humanité de demain qui avance vers ses avenirs, les bras tendus comme un aveugle qui sonde les espaces noirs ? » (Jean Cau) – Réponses, enthousiasmantes, La Croissance ! Et toujours plus de démocratie ! Ces deux divinités modernes répondent à tout et comblent le cœur de l’homme.

« Si la démocratie et l’égalitarisme sont ton horizon, il ne te reste plus, évidemment, qu’à croire en l’humanité, c’est-à-dire en une abstraction. Je te souhaite bonne chance. » (Jean Cau)

« Ce que les hommes veulent, ce qu’ils désirent, ce qu’ils espèrent, c’est d’avoir des maîtres admirables. » (Jean Cau)

« On ne croit jamais en quelque chose. On croit en quelqu’un. » (Jean Cau)

« Pendant longtemps, on a supposé indéfinies les réserves de croyance … Les ‘conversions’ (de foi) … consistaient à capter l’énergie croyante en la transportant. Des sociétés païennes on la conduisait vers le christianisme, puis des Eglises, on l’acheminait vers une politique monarchique, puis d’une religiosité traditionnaliste vers les institutions de la République, de l’Education nationale ou des socialismes. Ce qui n’était pas transportable, ou pas encore transporté … faisait figure de ‘superstition’ ; ce qui était utilisable par l’ordre régnant avait valeur de ‘conviction’ … Peu à peu, la croyance s’est polluée, comme l’air ou l’eau. Cette énergie motrice … vint à manquer … Deux mines pour trouver le matériau avec lequel injecter du croyable dans les appareils, l’une politique, l’autre religieuse ; dans l’une, un surdéveloppement de ses instances administratives et de son encadrement compense la mobilité ou le reflux des convictions chez les militants ; dans l’autre, au contraire, des institutions en train de se délabrer ou de se refermer sur elles-mêmes laissent se disséminer partout les croyances qu’elles ont longtemps fomentées, entretenues et contrôlées  … Tout s’est passé comme si, le religieux cessant d’être un pouvoir autonome (le ’pouvoir spirituel’, disait-on), le politique redevenait religieux … Cet aller et retour complexe, qui a fait passer du politique au religieux chrétien et de ce religieux à un nouveau politique, a eu pour effet une individualisation des croyances (les cadres de référence communs se fragmentant en  ‘opinions’ sociales ou en  ‘convictions’ singulières) … L’idée de démocratie correspondait à la volonté de gérer cette multiplication de convictions substituées à la foi qui avait fondé un ordre. » (Père Michel de Certeau – considérations éparses sur les croyances)

« ‘On n’y croit plus’ … Ainsi aujourd’hui, les traditions sont contestées, des patriotismes démystifiés, les règles et les rites se défont, les ‘anciens’ sont discrédités … discrédit des autorités … toutes les valeurs, celles du régime, celles de la patrie, celles des Eglises… sont affectées … Une dévaluation s’étend … Les dogmes, les savoirs, les programmes et les philosophies perdent leur crédibilité … La conviction fait défaut … L’utilitaire se substitue à la véracité …  la défense des ‘valeurs’ en privilégiant le service qu’elles rendent à un groupe, ne croit déjà plus à ce qu’elles disaient ; elle les tient pour perdue dès lors qu’elle les justifie seulement au titre d’un profit … Des militants se mettent en quête d’une cause qui mérite leur générosité sans la tromper, mais ils ne la trouvent pas … Nous avons trop d’anniversaires et pas assez de présent. Le pays fête des grandeurs et des célébrités qui étaient, hier, des signes de ralliement, mais qui ne le sont plus, et dont on a seulement besoin pour se rassurer, pour se distraire … avec d’antiques panaches … Ce qui émigre, sans  bruit, c’est l’adhésion,  celle de citoyens, d’inscrits à un parti ou à un syndicat, celle de membres d’une Eglise … L’esprit même qui animait les représentations les quitte … Les convictions ne sont plus des adhésions … L’abstention manifeste plutôt, de la part de tant de ruraux, de travailleurs et de jeunes, un refus de l’insignifiance … ce refus prend normalement des formes plus violentes … contre les institutions et des représentations devenues ‘incroyables’ … Toute autorité repose sur une adhésion. Proudhon dit qu’elle est ‘matière de foi’ … Des mouvements populaires réagissent contre la perte du droit le plus fondamental, le droit d’un groupe social à formuler lui-même ses cadres de référence et ses modèles de comportement … entraînant l’incompréhension et le désarroi des ‘intellectuels’ ou des autorités devant un mouvement de masse venu de profondeurs qu’ils ne soupçonnent pas. » (père Michel de Certeau – considérations éparses sur adhésion et croyances ; bis) – le droit d’un groupe social, ci-dessus, ayant été confisqué par l’oligarchie élitaire et son troupeau d’affidés, les Bobos. Leur incompréhension et leur désarroi, toujours ci-dessus, s’exprimant par la fureur méprisante et violente quand besoin est, et même avant que besoin soit.

« Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre. » (Chamfort)

« On est bien près de tout croire quand on ne croit à rien. » (Chateaubriand)

« L’homme qui ne croit à rien et qui ne croit en aucun homme se retrouve seul dans son propre cauchemar … Quand on supprime le mystère on ouvre la porte à la morbidité. L’homme ordinaire … accepte la pénombre. Il a toujours un pied posé sur la terre, un autre dans le royaume des fées. Il se réserve toujours la liberté de douter de ses dieux … mais aussi celle de croire en eux … C’est ainsi qu’il a toujours cru à quelque chose comme le destin et à quelque chose comme le libre arbitre. » (Chesterton)

« La franche incrédulité est un tribut plus loyal à la vérité que la réduction à une question de degrés par quelque métaphysique moderniste. » (Chesterton)

« Le danger de la perte de la foi en Dieu n’est pas qu’on ne croie plus alors à rien mais plutôt qu’on croie à n’importe quoi. » (Chesterton) – Voir la stupidité et la crédulité de beaucoup de nos contemporains qui avalent tout ce que leur racontent les média serviles ou se fabriquent d’invraisemblables complots. Ceci étant on peut ne pas croire en Dieu et être parfaitement lucide, Chesterton prêche pour sa paroisse. – « Privez une paroisse de prêtres pendant 50 ans, on y adorera les bêtes. » (Jean-Marie Vianney, curé d’Ars) – Par bêtes, on entend ce qu’on veut ; les sujets d’adoration proposés à nos contemporains sont nombreux.

« Un élément de bonheur entre indéniablement dans toute volte-face, on y puise même un surcroît de vigueur : le reniement ‘rajeunit’. Notre force se mesurant à la somme des croyances que nous avons abjurées, chacun de nous devrait conclure sa carrière en déserteur de toutes les causes. » (Emil Cioran)

« Les hommes croient à quelque chose pour oublier ce qu’ils sont. Ils se terrent dans des idéaux, se nichent dans des idoles et tuent le temps à grand renfort de croyances. Rien ne les accablerait plus que de se découvrir, sur le monceau de leurs agréables duperies, face à face avec la pure existence. » (Emil Cioran)

« Nous croyons à bien plus de choses que nous ne pensons … Chacun est pour soi-même un dogme suprême : nulle théologie ne protège son dieu comme nous protégeons notre moi. » (Emil Cioran)

« N’a de convictions que celui qui n’a rien approfondi. » (Emil Cioran)

« Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. » (Emil Cioran)

« Quand l’homme se résoudra enfin à avoir pulvérisé son dernier préjugé et sa dernière croyance, ébloui et anéanti par son audace, il se trouvera nu face au gouffre qui succède à l’évanouissement de tous les dogmes et de tous les tabous. » (Emil Cioran) –Nous y arrivons. Merci les déconstructeurs.

 « Une foi qui en admet une autre, qui ne pense pas qu’elle dispose du monopole de la vérité, est vouée à la ruine, abandonne l’absolu qui la légitime, pour se résigner à n’être qu’un phénomène de civilisation, un épisode, un accident. Le degré d’inhumanité d’une religion en garantit la force et la durée : une religion libérale est une moquerie ou un miracle. » (Emil Cioran – interprétant Joseph de Maistre) – De même pour certaines doctrines, voir le marxisme…

« Le libéralisme, le conservatisme ou le nationalisme ne peuvent, seuls, contenir leurs dérives … L’équilibre de ces trois notions le permet. Une droite ni libérale, ni conservatrice, ni nationaliste, mais les trois à la fois, afin de prévenir autant que peut se faire, les excès. » (Frédéric saint Clair – sur l’oubli par la droite de trois notions, jamais correctement essayées en raison du chantage opéré par la gauche-intello : cas du libéralisme, et encore plus du conservatisme ; ou dévoyée par tous, cas du nationalisme)  

« Le conservatisme, en tout cas en France, a été indûment associé à la notion de réactionnaire, et donc majoritairement condamné (confusion voulue et entretenue, l’ouvrage récent ‘Le rappel à l’ordre’ de Daniel Lindenberg) … La conséquence en a été qu’aucune droite réellement conservatrice n’a pu naître en France et prospérer, alors qu’elle aurait été le seul moyen efficace de faire contrepoids aux excès du libéralisme. » (Frédéric Saint Clair)

« Le conservatisme n’est ni une croyance ni une doctrine mais une disposition. Pas de principes généraux, mais des traits généraux : – Propension à employer et apprécier ce qui est disponible plutôt qu’à souhaiter ou à rechercher quelque chose d’autre – à se réjouir de ce qui est plutôt que de ce qui était ou de ce qui pourrait être – à préférer le familier à l’inconnu … Pas de tentation réactionnaire, pas de volonté de rétablir un état antérieur, de glorifier un âge d’or … Cette forme de conservatisme n’est pas tant politique que civilisationnelle. » (Frédéric Saint Clair) – « Conserver, n’est pas figer. Conserver un patrimoine, c’est l’entretenir pour qu’il vive, l’entretenir, le soigner, le réparer, et parfois le détruire et le remplacer partiellement … Etymologiquement, c’est ‘servare’, soit préserver, garder, assurer le salut … Ni une croyance, ni une doctrine, une disposition … C’est préférer le familier à l’inconnu, l’éprouvé à l’inédit, le fait au mystère, le réel au possible, le limité à l’illimité, le proche au distant, le convenable au parfait. » (Laetitia Strauch-Bonart )

« Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur. » (Coluche)

« On n’allume pas une bougie pour regarder le soleil. » (Pierre Damien – sur la foi en Dieu) –

« La prolifération des connaissances scientifiques dans le délicat réseau capillaire de nos sociétés agit comme un puissant dissolvant, irriguant toutes les cellules individuelles, les atomisant … Aucune croyance un tant soit peu stable n’y résiste. » (Maurice G. Dantec) – Surtout quand s’y rajoute le brouhaha infernal des informations.

« L’obscurcissement des vues générales tient, selon moi, au remplacement de la croyance, et de l’ambiance de la croyance, par la crédulité. » (Léon Daudet)

 « Cas d’irrationalité véritable (ou de duperie de soi-même) … On peut avoir de bonnes raisons de faire l’une ou l’autre de deux choses qui s’excluent mutuellement … Les gens peuvent quelquefois maintenir séparées des croyances proches par leurs contenus mais opposées l’une à l’autre, et ils y parviennent parfois … Dans cette mesure nous devons accepter l’idée qu’il peut y avoir des frontières entre les diverses  parties de l’esprit … et une de ces frontières peut passer quelque part entre deux croyances manifestement conflictuelles … Ces frontières ne définissent pas des territoires permanents et séparés … Effacer la ligne de partage entre ces territoires détruirait l’une des croyances. » (Donald Davidson – Paradoxes de l’irrationalité) – L’auteur explique aussi pourquoi un agent ayant pesé les raisons du pour et du contre, et ayant jugé que la prépondérance des raisons fait pencher la balance d’un côté, agit ensuite à l’encontre de ce jugement. L’ennui est que je suis intellectuellement totalement incapable de  suivre et de comprendre son raisonnement construit au-delà du fait élémentaire et bien connu que la raison est souvent esclave des passions (David Hume).

« Ceux qui ont eux-mêmes tout cru pensent tout croyable. » (Guy Debord)

« Degrés dans le ‘croire’. – Le ‘croire que’, que je vais gagner au loto.  Je présume, je suppose. C’est une conjecture – Le ‘croire à’, à ce que dit le journal, à ce que nous annonce le ministre. Je fais confiance, j’acquiesce – En haut du thermomètre, le ‘croire en’, Jésus-Christ, Trotski, Macron… Dans une personne ou un idéal. J’ai la foi, j’espère, je m’investis … Une surchauffe du croire (fanatisme) peut entraîner des hécatombes, et un refroidissement, de sérieux dégâts (alanguissement, dépérissement  des civilisations et des individus). » (Régis Debray)

« Le sujet connaissant est une première personne du singulier, ‘je pense, donc je suis’ … Le sujet croyant est en général une première personne du pluriel (on pense seul, on croit en chœur) … L’acte de connaissance permet de grands progrès, mais l’acte de foi, de grandes actions. » (Régis Debray)

« Qui ne superpose pas au réel un objet idéal de croyance ne composera jamais rien, et partout où le haut s’en va, qu’il s’agisse de Lénine, du mandat du ciel ou du sacré républicain, le bas se décompose et les sociétés partent en capilotade. On ne triche pas impunément avec cette nature crucifère et crucifiante des collectifs, abscisse et ordonnée. Les mœurs ne tiennent que par les croyances. » (Régis Debray)

« Cette couche immunisante et protectrice que procure à leurs adeptes une doctrine, une foi ou tout simplement une conviction. » (Régis Debray) – Contre le déferlement des événements, le bombardement d’informations…

« On agit quand on a une conviction, on opine quand on a une opinion, et prendre l’une pour l’autre est la maladie de l’époque. » (Régis Debray)

« Comment le croyant réagit-il à l’échec de sa croyance ? Comment un projet de société survit-il au démenti des faits ? … Le retour au réel n’est pas le plus probable. L’amour-propre pousserait plutôt en sens contraire, vers la conviction que si cela se défait, c’est qu’on n’en a pas assez fait. Une fausse bonne idée battue en brèche suscite chez ses adeptes une surenchère exaltée. Un toujours plus. » (Régis Debray – évoquant certains royalistes après la révolution, certains vieux communistes après la chute, certains européistes face à la dérive de l’UE…)

« La dérision est la seule chose dont on n’a plus le droit de rire … Le refus du sentiment petit-bourgeois fait le petit-bourgeois universel, celui qui prend ses distances, qui rougirait de se trouver en prise directe,  et s’en voudrait de manifester une conviction, un jugement de goût,  ou une quelconque appréciation. Par crainte de faire sourire son interlocuteur qui du sourire s’est fait un alibi pour ne plus parier sur rien. » (Régis Debray)

« On ne prend pas la Bastille avec pour slogan un ‘ne croyons plus en rien ni personne’. Difficile à mettre sur pied le rassemblement des ‘allez-vous faire foutre’. » (Régis Debray)

« Ce qui nous rassemble est ce qui nous dépasse, mais ce qui nous dépasse n’a souvent ni queue ni tête. Les valeurs de communion valent bien quelques bévues intellectuelles … Si tu veux pouvoir aller jusqu’au bout de toi-même, préserve en toi la part du feu, d’une foi, d’une ferveur, d’un élan… Qui croit en quelque chose se croit lui-même beaucoup plus qu’il n’est, condition du succès. Pour se donner une chance, rien de tel que de se monter le bourrichon. » (Régis Debray)

« On risque autant à croire trop qu’à croire trop peu. Il n’y a ni plus ni moins de danger à être polythéiste qu’athée : or le scepticisme peut seul garantir également, en tout temps et en tout lieu, de ces deux excès opposés. » (Diderot)

« L’exemple, les prodiges et l’autorité peuvent faire des dupes ou des hypocrites : la raison seule peut faire des croyants. » (Diderot)

« J’aime le mot ‘croire’. En général, quand on dit ‘je sais’, on ne sait pas, on croit. » (Marcel Duchamp)

« Quand on ne croit plus au paradis on commence à croire au spiritisme. » (Mircea Eliade – reprenant le curé d’Ars qui disait que « quand on ne croit plus aux anges on croit aux tables tournantes. ») – « Le danger n’est pas qu’on ne croit plus à rien, mais plutôt qu’on croie à n’importe quoi. » (Chesterton) – Sur la multitude des croyances infrarationnelles.

« L’homme est spontanément crédule car ça le dispense de penser par lui-même. » (Jacques Ellul)

« La foi politique a exactement pris la place, et tous de caractères de la foi chrétienne en Occident. Les hommes forgés par des siècles de christianisme ont éprouvé l’impossibilité de vivre sans cette organisation totalitaire de la personne … le phénomène de foi aujourd’hui se trouve principalement chez les gauchistes, identique dans sa structure psychique et son expression à ce qu’il était chez les hitlériens et les staliniens … La foi politique est la religion de la puissance abstraite et c’est en cela qu’elle est la plus atroce des religions. » (Jacques Ellul)

« Les croyances n’ont pas disparu, elles se sont multipliées, et elles énoncent parfois plus d’injonctions que les religions traditionnelles. » (Eugène Enriquez) – Même dans le domaine très profane, l’expansion foudroyante des interdictions (et donc des croyances obligatoires) émises par la dictature du politiquement correct, l’expansion non moins foudroyante des sanctions pour violation de la doxa officielle. L’inquisition a simplement changé de bord, de service et de maîtres.

« Nous finissons tous par acquérir des convictions qui servent nos intérêts. » (Frédéric Ferney)

« Quand s’impose une croyance par la peur ou par la force, fût-ce celle de la majorité, ce n’est plus une croyance, c’est un dogme. » (Frédéric Ferney)

« Si la crédulité … consiste à ‘écouter sans interpréter’, il existe une autre bêtise … qui a pour elle les dehors du discernement et le charme de la perspicacité : ‘interpréter pour ne pas écouter’, l’Autre ne parle pas, il est parlé, fuir les mots dans le non-dit dont ils portent témoignage, les diluer dans leur contexte, ne voir dans l’homme qui parle que le discours qui se parle à travers lui … Opposer au locuteur non le ‘front têtu de qui n’entend pas’ , mais le sourire en coin de qui ‘entend mieux’ … Interner les êtres dans leur identité sociale. » (Alain Finkielkraut – citant Jean-Claude Milner) – Ne considérer que l’homme collectif et non la personne, que son statut, sa classe sociale, ses amitiés, sa race ; mécanisme des procès et persécutions totalitaires.

« D’où parles-tu ? est la question totalitaire par excellence. D’où parles-tu ? C’est-à-dire, qui, quand tu crois t’exprimer, parle en toi ? » (Alain Finkielkraut) – Elle a notamment pour but d’éviter d’entendre et de répondre à ce qui est dit, de l’occulter.

« ‘Le refus aveugle de ce qui n’est pas nôtre’. La pensée des Lumières est coupable d’avoir installé cette croyance au cœur de l’Occident en confiant à ses représentants l’exorbitante mission d’assumer la promotion intellectuelle et le développement moral de tous les peuples de la terre. » (Alain Finkielkraut – citant Claude Lévi-Strauss) – D’où le colonialisme.

« Et chacun croit fort aisément – Ce qu’il craint, et ce qu’il désire. » (La Fontaine – Le loup et le renard)

« Nous ressemblons à ce que nous croyons. » (Marc Fumaroli) – Combien vrai !

« La croyance religieuse est une croyance dans l’autorité du passé, la croyance politique … est une croyance dans l’autorité du futur … L’avènement de la conscience historique, c’est-à-dire la conscience du caractère producteur du devenir … Mais, l’avenir n’est pas moins inscrutable que l’au-delà. Il y a un invisible terrestre qui appelle tout autant la spéculation et la foi que l’invisible céleste, et qui se prête au recyclage des attentes investies dans l’au-delà. » (Marcel Gauchet)

« La légitimation du lien collectif est passé de l’extra-social (religion) à l’intra-social, du passé fondateur à l’avenir indéterminé, de la raison théologique à l’idéologie. » (Marcel Gauchet)

« Tout l’effort social consiste donc à faire advenir l’avenir en déréalisant le présent, dans une course désespérée pour atteindre un horizon qui recule et dont le perpétuel éloignement légitime ce qu’on appelle ‘l’accélération de l’histoire’. » (Marcel Gauchet)

« Ce qui nous sépare de l’universel des religions : c’est que nous vivons nous, et mal, comme ‘problématique’ ce qui nous est donné pour ‘résolu’ dans le cadre des systèmes spirituels …  ‘Pourquoi moi ?’, ‘Qu’est-ce que je fais là ?’, ‘Que me veut-on ?’, ’Pourquoi naître maintenant quand personne ne m’attendait ?’,  ‘A quoi bon avoir vécu si l’on doit disparaître sans laisser de traces ?’ … Nous sommes voués à vivre désormais à nu et dans l’angoisse ce qui nous fut plus ou moins épargné depuis le début de l’aventure humaine par la grâce des dieux. A chacun d’élaborer ses réponses pour son propre compte. » (Marcel Gauchet)

« La métamorphose des croyances en identités, rançon du pluralisme poussé jusqu’au bout où toute ambition universaliste …. perd son sens … Identité qui ne cherche pas à convaincre, en même temps qu’elle est  imperméable à l’objection … intransigeante sur le chapitre de la reconnaissance … La croyance, les croyances, se muent en identités, ce qui signifie une autre manière de les habiter intérieurement, une autre manière de les revendiquer extérieurement … On était soi, ou plutôt on devenait soi, dans la mesure où on parvenait à se dégager de ses particularités, à rejoindre l’universel en soi … Alors que (maintenant) vous avez à rejoindre intérieurement ce qu’il vous est donné d’être extérieurement (ce qui vous identifie aux yeux des autres et vous fournit à vous-mêmes des repères pour vous situer vis-à-vis d’eux) … Les appartenances sont multiples et hétérogènes (homosexuel, Breton et protestant…) … Ces rattachements choisis ne représentent jamais un englobement unique et contraignant … Fortement liés au principe de minorité … Instrument de dissociation par rapport à la société globale … La sécession identitaire inséparable de la volonté de se faire reconnaître en tant que composante de plein droit de la communauté globale, en faisant valoir ce qu’on a de spécifique. » (Marcel Gauchet)

 « La foi dispense généralement de la bonne foi. » (André Gide)

« Les êtres humains sont très attachés à tout ce qu’ils croient. Ils ne cherchent pas la vérité, ils veulent seulement une certaine forme d’équilibre, et ils arrivent à se bâtir un monde à peu près cohérent sur la base de leurs croyances. Cela les rassure, et ils s’y accrochent inconsciemment. » (Laurent Gounelle)

« Ce que l’on croit devient notre réalité … Nos croyances vont nous amener à filtrer la réalité, c’est-à-dire à filtrer ce que l’on voit, entend et ressent …Ce que vous croyez sur le monde vous conduit à donner un sens à tout ce qui est ambigu ou incertain, et cela renforce vos croyances, une fois de plus. » (Laurent Gounelle – L’homme qui voulait être heureux) – Surtout ce que l’on croit sur soi-même, et cela devient même réalité pour les autres. Si je me crois insignifiant, si je vois systématiquement tout en rose, avec angélisme, si je ressens le monde comme hostile et dangereux et garde le visage fermé…

« Une croyance est indispensable à l’homme … Toute croyance contient en germe un élément négatif : la même idée qui est un moyen de ralliement  sert aussi comme moyen d’exclusion ‘Qui n’est pas avec moi est contre moi’ … L’orthodoxie est donc une suite fatale de toute croyance qui réussit ; ou, en tout cas,  elle est une tentation à laquelle peu de croyances résistent. » (Jean Grenier)

« Une des caractéristiques de l’esprit d’orthodoxie, quel qu’il soit, c’est que l’orthodoxe suppose toujours que celui qui critique son maître ne l’a pas lu … Et souvent, le plus triste, c’est que lorsque l’on les a lus on se dit que leurs partisans ont tort de les faire lire. » (Jean Grenier)

« Cette concession que vous me faites ne peut être que provisoire. Vous m’accordez le droit de penser faux ; et c’est tout ce que je demande. Mais par le seul fait que vous êtes convaincu que vous pensez juste, par le seul fait que vous êtes dans l’orthodoxie et moi pas, vous ne pouvez pas me laisser indéfiniment libre. ‘Chaque orthodoxie a pour opinion qu’elle est la seule bonne et vraie’. On n’a presque pas vu d’églises pour lesquelles l’intolérance … n’ait été un principe fondamental et une condition d’existence. » (Jean Grenier – citant Emile Burnouf)

« Rien n’est plus contestable que de vouloir faire concourir tout le savoir humain à la justification de sa foi. Rien d’ailleurs n’est plus dangereux ; car qu’est-ce qui cause la ruine d’une croyance sinon ses annexes scientifiques et temporelles ? peu de choses ont fait plus de tort, par exemple, à l’Eglise, que la condamnation de Galilée. » (Jean Grenier)

« Est-ce la peine de prétendre s’être libéré de toutes les idées qui soi-disant asservissaient l’esprit humain pour se précipiter tête baissée dans la croyance la plus superficielle et la moins justifiée qui représentait peut-être, il y a cinquante ans, l’opinion des Homais de village ? On rougit en lisant les insanités qui sont imprimées tous les jours par cette presse … Les déformations systématiques … Les sottises que se permettent d’écrire des demi-illetrés qui croient que l’humanité n’a rien fait avant eux et qui traitent du haut de leur suffisance des esprits comme Pascal, Platon… … Si l’esprit doit être arraché à l’argent, qu’au moins ce ne soit pas pour tomber dans la domesticité. » – Croyances au progrès, à la science, au matériel, à l’argent – « Il y a une chose dont l’humanité a certainement plus besoin que de confort (sachant qu’il existe un minimum indispensable, dépendant des époques et des lieux), c’est d’un élan vers quelque chose qui la dépasse. » (Jean Grenier)

« Le vrai sage ne lie à aucune croyance’, parce qu’il est au-delà de toutes les croyances particulières ayant obtenu la connaissance de ce qu est leur principe commun ; et c’est précisément pour cela qu’il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance. » (René Guénon)

« La croyance n’est plus rien d’autre qu’une manière de ‘hobby’, une manie singulière et inoffensive, un tic attendrissant, face à un monde extérieur et à un Etat neutre et réaliste, qui ne croient plus en rien. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Le territoire de la croyance est devenu radioactif, et l’on s’en tient à bonne distance. La conviction s’efface prudemment derrière le ‘constat’. L’engagement est contourné au profit d’une typologie savante et énumérative. Pour cette raison, sauf exceptions, l’Université donne l’impression de ne plus rien dire. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Les autres ne font que croire, affirme chacun, alors que moi je sais. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Nous avons de quoi manger, mais nous n’avons plus rien à croire. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Tout ce qui est vrai et authentique n’arrive à maturité que si l’homme est disponible à l’appel du ciel le plus haut, mais demeure en même temps sous la protection de la terre qui porte et produit. » (Martin Heidegger – Questions

« Ce n’est pas le savoir scientifique qui est en cause, c’est l’idéologie qui s’y joint aujourd’hui et selon laquelle il est le seul savoir possible, celui qui doit éliminer tous les autres … L’unique croyance qui subsiste dans le monde moderne … la conviction universellement répandue selon laquelle savoir veut dire science. » (Michel Henry)

« Plus rien n’est proposé à l’homme, à son voir ou à son faire, en tant que tâche infinie à la hauteur et à la mesure de son énergie. » (Michel Henry)

« L’homme commence par s’étonner de tout avant de voir : il ne parvient que par l’admiration à l’idée claire du Vrai et du Beau ; que par la soumission et l’obéissance à la première possession du bien ; et assurément il en va de même pour le genre humain. » (J. G. Herder) – Qu’est ce que le Vrai, le Beau et le Bien peuvent bien dire à l’écrasante majorité de nos contemporains, et encore plus à ceux que notre société élève (si on peut dire) pour nous succéder. Quant à la soumission et à l’obéissance, entendre les ricanements de la horde médiatique.

« Nous recevons tous au berceau les croyances de notre tribu en tatouage ; la marque peut sembler superficielle, elle est indélébile. » (Oliver Wendell Holmes)

« Opium du peuple ? Si l’on veut. Sauf qu’il n’existe pas de peuple sans opium … Le fait de croire en des choses irréelles nous aide à supporter la vie réelle. » (Nancy Huston)

« Les fictions religieuses et politiques, avec les illusions qu’elles véhiculent et les espoirs qu’elles favorisent, sont plus utiles pour la survie que les études de philosophie qui prétendent en venir à bout. » (Nancy Huston – S’inspirant littéralement de Jean Améry et de ses observations en camp de concentration.

« Si mauvais que deviennent nos descendants, tant qu’ils respecteront la règle simple de ne pas prétendre croire en ce à quoi ils n’ont pas de raison de croire sous prétexte que ce serait dans leur intérêt de le prétendre, ils n’auront pas sombré dans les bas-fonds de l’immoralité. » (Thomas Huxley) – Et bien, nos intellectuels officiels du gang politico-médiatique ont sombré.

« Nous ajustons nos croyances à ce que nous faisons réellement pour pouvoir continuer à penser que ce que nous faisons correspond à ce que nous croyons. » (Tomas Ibanez)

« Aller à l’idéal et comprendre le réel. » (Jean Jaurès)

« Posez l’objet d’une croyance comme l’absolu de la vérité : du coup, le cru prime le su et le vécu, ou à tout le moins y prétend. » (Lucien Jerphagnon)

« Quiconque par éducation a fait sienne l’habitude de se soumettre de façon absolue à une croyance collective et, ce faisant, de se dépouiller du droit éternel à sa liberté et du devoir tout aussi éternel de sa responsabilité individuelle, un tel être, en quelque sorte continuant sur sa lancée, restant accroché à ses habitudes devenues une seconde nature, se précipitera aussi bien avec la même foi et la même absence d’esprit critique, dans une direction radicalement opposée … si son pseudo-idéalisme pour ses convictions trouve un autre alibi ou un aliment meilleur, plus concret. » (Carl Jung)

« On ne peut pas prouver ce que l’on croit. On ne peut pas, non plus, croire ce que l’on prouve. » (Ernst Jünger)

« On pourrait dire qu’il demeure, en une quantité déterminée, un penchant à croire que l’Eglise satisfaisait légitimement. Détachée d’elle, désormais, cette ardeur s’adresse au premier objet venu. » (Ernst Jünger) – Ou à n’importe quel charlatan.

« Des humanoïdes dépourvus d’aspérités, de convictions, incapables de concevoir ce qui dépasse leur existence individuelle, et d’ailleurs incapables de se défendre comme d’attaquer pour ce qu’ils croient puisqu’il est interdit de croire en rien … A force de tout tolérer plus rien n’interroge ni ne questionne. » (Hervé Juvin)

« Croyance : milieu entre l’opinion et le savoir. » (Emmanuel Kant)

« J’ai dû supprimer le savoir pour faire place à la croyance. » (Kant – préface à la Critique de la raison pure)

« Souvent, si ce n’est la plupart du temps, il nous faut admettre une chose en nous contentant du témoignage d’un tiers, sans pouvoir en examiner nous-mêmes les tenants et les aboutissants. Tout au plus pouvons- nous nous assurer de la crédibilité des témoins. Saint Augustin expliquait que nous ne pouvons pas même aimer nos parents, ni leur faire confiance, si nous n’admettons pas a priori qu’ils sont nos parents. » (cardinal Walter Kasper)

« La foi est un moyen de connaître plus rapidement … La foi prépare la voie … Celui qui ne se laisse pas déterminer par ce qui est au-dessus de lui, ce qui, partant, ne peut lui correspondre exactement, n’arrive jamais à se dépasser lui-même … L’influence de la norme objectivement la meilleure, pour aussi extérieure même que soit cette observance, influence à la longue l’homme intérieur. » (Hermann von Keyserling) – « Si tu ne peux comprendre, crois afin de comprendre. Si tu ne crois pas tu ne pourras pas comprendre. » (Saint Augustin)

« Le paradoxe de la foi (religieuse) consiste en ceci que l’individu est supérieur au général (l’universel), qu’il détermine son rapport au général par le biais de son rapport à l’absolu, et non point son rapport à l’absolu par le moyen de son rapport au général. » (Kierkegaard –  Crainte et tremblement) – On est aux antipodes de la laïcité.

« Il est facile de croire, facile de ne pas croire. Ce qui est dur c’est de ne pas croire à son incroyance. » (Arthur Koestler)

« Il est souvent exigé de nous que sous prétexte de tolérance nous nous montrions indifférents … Or ce n’est pas de la tolérance … Cela relève d’une civilisation hédoniste où rien n’a réellement d’importance … Philosophie d’une existence sans responsabilités ni convictions … Dangereuse absurdité … Une société où personne ne croit à rien et où tout le monde se moque de tout pourvu que la vie soit amusante. » (Leszek Kolakowski)

« Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire. » (Krishnamurti)

« L’apostasie de l’homme moderne n’est pas de ne plus croire, elle est d’avoir cessé de douter, d’adorer naïvement tout ce qu’on lui propose. » (Sébastien Lapaque – à propos de Georges Bernanos)

« Il est aisé de faire perdre sa foi à un homme, mais il est difficile, ensuite, de le convertir à une autre … Facile de dépouiller une forme, moins facile d’en acquérir une nouvelle. » (T. E. Lawrence – Les sept piliers de la sagesse)

« Rien ne se montre plus assuré dans ses croyances que l’ignorance. » (Giacomo Leopardi)

« Les gens qui vont prier pour la pluie se munissent rarement d’imperméables. » (Simon Leys) 

« Ah ! Quelles heureuses saisons que celles où je croyais encore à tout ce que j’entendais ! » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Chez la plus grande partie des hommes, l’incrédulité est une chose qui se fonde sur la croyance aveugle en une autre. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Nous sommes sortis de l’âge des prophéties séculaires à résonance religieuse (idéologies, telles marxisme, Gand Soir…) … Un nouveau régime des idéologies se met en place : celui de la Mode … Nous n’avons plus de mégasystèmes, nous avons le flottement et la versatilité des orientations. Nous avions la foi, nous avons l’engouement. Après l’ère intransigeante et théologique, l’ère de la frivolité du sens. » (Gilles Lipovetsky)

« L’idéologie du développement personnel, optimiste à première vue, irradie résignation et désespoir profond. Ont foi en elle ceux qui ne croient à rien. » (Gilles Lipovetsky)

« Il en est qui disent : ‘Nous rejetons toute attitude partisane et nous professons l’objectivité. C’est la seule attitude honnête’. Il en est d’autres qui disent : ‘Nous rejetons tout dilettantisme et nous professons l’engagement. Seule cette attitude est digne de l’homme’. Les uns ne savent croire en rien et n’ont le courage de rien évaluer ; condamnés à la neutralité perpétuelle et ne comprenant rien à fond parce qu’ils sont incapables de rien choisir et de se donner à rien. Tandis que les autres, jusque dans la générosité de leur ardeur et peut-être dans la justesse de leur choix se rendent sans cesse injustes et sectaires en cédant à leur passion. » (cardinal Henri de Lubac)

« On peut croire à bien des choses : mais on ne donne à proprement parler sa foi qu’à quelqu’un. » (cardinal Henri de Lubac)

 « La croyance dominante est inhabitable, l’incroyance personnelle est sans feu ni lieu. La plupart des hommes de ce temps sont ainsi rejetés d’une impossibilité à une autre : ils ne peuvent pas plus se fixer dans le credo général qu’ils ne parviennent à fixer l’expression de leur mécréance. » (Pierre Mari – sur l’impossibilité de croire à la doxa ambiante imposée et l’impossibilité de rester sans croire en rien) – Le moderne zombie.

« Quand on croyait à la République, à l’émancipation, à le fraternité universelle, à la société sans classes, on y croyait vraiment et on n’appelait  pas cela des valeurs. » (Jean-Luc Marion) – Qui croit maintenant à ces sornettes ?

« Les pensées (ou les idées) de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, la classe qui est la puissance matérielle dominante est aussi la puissance dominante spirituelle, Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants. » (Karl Marx)

 « Les hommes ont besoin d’un centre distinct de sa périphérie, d’une permanence qui donne son poids au fugitif, et d’une configuration de l’existence qui se relie à la connexion du tout … La déconstruction a fêté un bal des adieux à tout ce à quoi l’homme s’était identifié dans son histoire. L’adieu à l’âme ; l’adieu au corps ; l’adieu au sujet ; l’adieu à l’œuvre ; l’adieu au monde ; l’adieu au sens ; l’adieu à Dieu, enfin, qui sonne le glas des meurtriers. L’adieu à ce qui faisait la substance de l’humanité … l’adieu à la condition humaine … A la lumière de l’être, il faut préférer la nuit du néant … Rien ne semble résister au travail de la taupe qui a sapé les principes sur lesquels reposait la civilisation. Descartes rappelait que la ruine des fondements signe en même temps la ruine de l’édifice … Le monde cassé de Kafka ou la terre dévastée de Kundera n’offrent plus à l’humanité de foyer qui est le sien. » (Jean-François Mattéi – contre les déconstructeurs, les Blanchot, Derrida, Deleuze, Guattari, Foucault, Judith Butler… et leurs ignares disciples, gauchistes démolisseurs de tout)

« On se gardera bien de confondre ‘l’idéologie dominante’, qui correspond par définition aux intérêts de l’élite au pouvoir (pensée d’en haut) et ‘l’opinion commune’, ou sensibilité populaire (pensée d’en bas). La première désigne avant tout … le régime de pensée qui doit gouverner le ‘débat’ intellectuel officiel (avec ses fausses oppositions et ses rôles impartis d’avance) ainsi que ses multiples traductions médiatiques (c’est le journaliste qui a la charge d’incarner de façon quotidienne cette idéologie dominante) dans un cadre linguistique contraignant (croissance et non accumulation du capital, tentation populiste et non exigence démocratique…), ses manières manipulatrices de poser les problèmes (rendant impossible toute solution contraire aux intérêts des riches et des puissants), ses schèmes de pensée mécaniques dont il est politiquement incorrect de s’écarter. » (Jean Claude Michéa) 

« La croyance à un certain système, à une certaine suite de pensées, lorsqu’elle atteint à un niveau suffisant de profondeur … Nous nommons dogmatisme une telle modification de la conduite par l’idée, un tel comportement intellectuel qui exclut le tragique. » (Jules Monnerot) – D’où le confort du dogmatisme, cachant le funeste, l’alarmant, fermant à toute interrogation, à tout doute en forme de questionnement (foi médiévale et encore contemporaine ailleurs, raison d’Etat, nationalisme exacerbé, volonté du peuple, sens de l’histoire, optimisme rationaliste et progrès qu’on n’arrête pas…)

« Fidèle à ses principes de progrès, la sociologie a appelé de tous ses vœux la fin des idéologies … Mais les masses humaines ne peuvent fonctionner suivant les règles de la raison ni agir de façon scientifique. Elles ont besoin du ciment des croyances. » (Serge Moscovici)

« Nous croyons éternels les lieux communs de cinq générations, universels les préjugés d’une presqu’île. » (Emmanuel Mounier)

« Le ‘naturel’ n’était pas plus séparé du surnaturel que le réel ne l’est en ce moment du médiatique. On croyait aux fééries médiévales, au merveilleux, aux miracles et au sabbat des sorciers, comme aujourd’hui à l’Europe, au Bien, à l’astrologie, à la guerre du Golfe et aux nouvelles technologies. L’incroyance, comme de nos jours, ne pouvait s’avancer que masquée… » (Philippe Muray)

« Si chaque animal a besoin de diverses conditions pour exister, l’homme en exige une de plus : il lui faut croire. » (Nietzsche)

« L’indépendance, la liberté vis-à-vis de toute espèce de conviction, le fait de savoir regarder librement, font partie de la force. » (Nietzsche)

« L’accoutumance à des principes intellectuels sans raison est ce qu’on nomme croyance. » (Nietzsche)

« Les convictions sont des prisons. » (Nietzsche)

« Le pire ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge mais les convictions. » (Nietzsche) – Car elles amènent à dissimuler les aspects de la réalité qui ne cadrent pas avec elles.

« Le besoin d’une foi puissante n’est pas la preuve d’une foi puissante, c’est plutôt le contraire. Quand on l’a, on peut se payer le luxe du scepticisme. On est assez sûr, assez ferme, assez solide, assez engagé pour cela. » (Nietzsche)  – « L’’intolérance à l’incertitude … telle qu’elle entraine beaucoup d’ hommes à souffrir les pires et  les  plus réels des maux en échange de l’espoir, si vague soit-il, d’un rien de  certitude …  Le goût de la certitude est souvent associé à un goût de la servitude … Espoir du gain d’un peu  de certitude obtenu en échange d’un aveu de soumission à l’égard de celui qui déclare se porter garant de la vérité. »  (Clément Rosset)  

« La conclusion tirée par tous les imbéciles, qu’il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans une cause pour laquelle quelqu’un accepte de mourir … Cette conclusion a constitué un obstacle considérable à l’examen, à l’esprit d’examen et de prudence … Les martyrs ont fait tort à la vérité. Maintenant encore il suffit d’une persécution un peu rude pour donner un renom de respectabilité au plus banal des sectarismes. » (Nietzsche – L’Antéchrist)

« Tout croire est d’un imbécile, tout nier est d’un sot. » (Charles Nodier)

« Don Quichotte voit ce qu’il croit ; Sancho croit ce qu’il voit … Deux attitudes face au monde. » (Michel Onfray)

« Il ne croit pas ce qu’il voit ; il se contente de voir ce qu’il croit. » (Michel Onfray sur Michel Foucault) – Il ne fut pas, et n’est pas le seul, de Sartre aux apologues de l’ex-URSS, aux islamo-gauchistes actuels.

« Nous sommes tous capables de croire à des choses que nous savons fausses et, lorsque nous avons finalement tort, nous déformons les faits sans vergogne pour montrer que nous avions raison » (George Orwell)

« Il faut craindre que le virus politique ne remplace le virus religieux. » (Georges Palante) – Au moins ce dernier avait-il quelque tenue. Il en a d’ailleurs encore.

« Le manque d’un infini authentique se manifeste comme une étrange infinitisation de positions humaines éphémères, investies d’une signification absolue. » (Jan Patocka) – Et on touche au grotesque.

« A quoi donc croient ceux qui ne croient à rien ? » (Louis Pauwels)

« Quand on a remplacé le Ciel par une finalité de l’histoire, on a changé de croyance. A-t-on progressé en raison ? » (Louis Pauwels)

« Le modernisme consiste à ne pas croire ce que l’on croit. Il consiste à ne pas croire soi-même pour ne pas léser l’adversaire qui ne croit pas non plus. C’est un système de complaisance, de politesse, de déclinaison mutuelle, de lâcheté, c’est la vertu des gens du monde. » (Charles Péguy)

« Ne crois pas légèrement ; considère d’abord quel est le but de celui qui te parle. » (Phocylide)

« Douter de tout ou tout croire, ce sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. » (Henri Poincaré)

« Une société libre n’est pas une société ouverte, mais une société pleinement engagée dans un certain nombre de croyances. » (Karl Polanyi) – Croyons-nous à quelque chose ?

« Le trait le plus manifeste de l’appareil de croyance est qu’il vient se substituer au travail de la pensée. La pensée questionne … se contredit … polémique avec elle-même … L’appareil de croyance est une réponse (à tout), tranquille ou violente, qui anticipe toute question. ‘La question n‘a pas à être posée’ : telle est la règle de son fonctionnement. » (Jean-Bertrand Pontalis)

« La croyance est omniprésente, en tout lieu, en tout temps : on imagine mal une culture de non-croyance  absolue, il n’y a que les morts pour ne croire à rien … Une croyance n’est récusée que pour céder la place à une autre croyance, elle consent à changer d’objet plus volontiers que de forme ou de technique. Elle peut virer du positif au négatif, de l’adoré à l’abhorré, du Paradis à l’Enfer, sans pour autant modifier ni sa structure ni ses modalités de fonctionnement et surtout, sans renoncer à sa finalité qui est d’assurer le sujet dans une conviction, de le ‘remplir’. Pour croire et faire croire, il y a toujours preneur … Vouloir expulser la croyance à tout prix, c’est confondre les exigences de l’esprit scientifique avec le culte d’une rationalisation militante, meurtrière, à terme, de ce qui n’est pas elle. La Terreur s’exerce toujours au nom de la Raison. » (Jean-Bertrand Pontalis) – Notre temps.

« Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir. » (Marcel Proust) – « Notre conscience prélève ce qui conforte sa cohérence et écarte ce qui n’entre pas dans sa logique. » (Jean-Claude Guillebaud)

« La foi est un ‘être avec’ ; elle fait sortir le moi de son isolement … L’acte de foi est une ouverture vers le large ; il rompt la porte de ma subjectivité… Le moi libéré se retrouve dans un moi nouveau et plus vaste. » (cardinal Joseph Ratzinger) – Sur la foi chrétienne, mais on  peut extrapoler.

« Nous devons accepter beaucoup de choses, la plupart en faisant confiance à la science, d’autant plus que cette confiance semble suffisamment justifiée … par l’expérience commune … Une foi de ce genre est indispensable à notre vie, sinon rien ne marcherait plus et tout le monde devrait repartir de zéro, et, plus profondément, parce que la vie humaine devient impossible si l’on ne peut plus faire confiance … ‘L’incrédulité est contre nature’ (saint Thomas d’Aquin) … Cette foi a une valeur moindre que le savoir, mais elle n’est pas complètement dépourvue de preuves (l’appareil électrique marche) … ‘Être sage en se servant de la tête de quelqu’un d’autre … c’est sans doute moindre que le savoir personnel, mais cela vaut infiniment plus que l’orgueil stérile de celui qui n’obtient pas l’indépendance du savant et méprise en même temps la dépendance du croyant’ (cardinal Newman). » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Tout homme est obligé d’avoir une foi. Même le marxisme ne peut démontrer que l’opérationnel soit le véritable sens de la vie; il ne peut que le promettre et en faire ainsi un objet de foi. » (cardinal Joseph Ratzinger)

«  Une foi, simple rétrospective sur le passé : romantisme, restauration – Une foi, simple perspective sur l’éternel : platonisme, métaphysique – Une foi, simple regard en avant, anticipation de l’espérance : utopie, surtout si le but n’est que la création propre de l’homme. Elle n’est véritable espérance que parce qu’elle se situe dans le système de coordonnées des trois dimensions. » (cardinal Joseph Ratzinger) – Sur la foi chrétienne, mais on peut extrapoler.

« On ne perd pas la foi, elle vous quitte. » (un religieux) – Discrètement.

« On est prêt à croire ce qu’on nous dit pourvu que cela coïncide avec une vision du monde acceptée, et l’on suspecte tout ce qui n’y correspond pas. » (Jean-François Revel)

« C’est un terrible luxe que l’incrédulité. » (Rivarol)

« La dévote croit aux dévots, l‘indévote aux philosophes ; mais toutes deux sont également crédules. » (Rivarol)

« On croit volontiers ce qu’on a beaucoup dit. » (Rivarol) – Et aussi ce qu’on a beaucoup entendu dire. Propagande.

« Le goût de la certitude est souvent associé à un goût de la servitude … L’espoir du gain d’un peu de certitude obtenu en échange d’un aveu de soumission à l’égard de celui qui déclare se porter garant de la vérité … Incapables de tenir à quoi que ce soit pour certain, mais également incapables de s’accommoder de cette incertitude, les hommes préfèrent le plus souvent s’en remettre à un maître qui affirme être dépositaire de la vérité à laquelle ils n’ont pas accès eux-mêmes … Plutôt que d’assumer leur ignorance, ils préfèrent troquer leur liberté contre l’illusion que quelqu’un est là qui pense pour eux et sait ce qu’ils ne réussissent pas à savoir … Le fanatique ne croit lui-même à rien ; il croit en revanche à celui ou celle dont il pense confusément qu’ils croient à quelque chose. » (Clément Rosset)

« La religion de l’homme exige que tout soit fait pour que son corps, sa vie matérielle ou physique soient préservés, ‘quoi qu’il en coûte’, comme dirait qui vous savez …  Cela peut évoluer vers un hygiénisme fanatique…  Quand on ne croit plus qu’en l’homme, il faut absolument sauver ça, sinon tout est fichu. Or, comme le montre Olivier Rey dans ‘L’Idolâtrie de la vie’, plus l’État donne, plus cela crée de frustrations qui engendrent à leur tour une nouvelle demande, qui entraîne plus d’intervention de l’État et ainsi de suite » (Frédéric Rouvillois)

« Faire croire aux autres que l’on sait, est la clé de toute conquête du pouvoir par une classe ou un clan (ou un parti) … Mais il faut que ce savoir supposé, dans la classe dirigeante ou en passe de l’être, soit à la fois visible, manifeste et invisible, qu’il soit montré et caché en même temps aux yeux des gouvernés et dirigés … Il faut ‘savoir que le Savoir supérieur existe chez les dirigeants’. Mais il faut qu’ils ne le partagent pas complètement sans quoi le charme serait rompu. … C’est pourquoi les classes dirigeantes se réservent des arcanes … Vocabulaire imposant, technicité hérissée, fils barbelés pour écarter les profanes, difficulté d’initiation… »  (Raymond Ruyer)

« Un peuple sans croyances organiques, sacralisées, religieuses, peut certainement subsister quelques décennies, ou à la rigueur un siècle ou deux, en organisant sa vie technocratiquement et avec des idéologies matérialistes fortes et superficielles ; qui profitent, au surplus, de la survie inaperçues de vieilles croyances ou d’habitudes religieuses hérités du passé. Mais un tel système hybride ne peut durer… En tout cas il est exclu que règne longtemps l’anti-système religieux qui caractérise notre phase de civilisation : anti-ascétisme, tout désacralisé, démythifié, démystifié, déconstruit, sans normal ni anormal, et qui est incapable de traverser le temps, de durer … La vie sociale n’est durable que si des nourritures psychiques et spirituelles s’ajoutent aux nourritures matérielles.  Les peuples périssent encore plus souvent en perdant leur âme qu’en perdant leurs ressources. »  (Raymond Ruyer)  – Durer exclut le n’importe quoi.   

« Contre toute logique, je dois avouer que n’importe quelle forme de croyance, même la plus absurde, serait préférable au fait que l’humanité perde tout respect. » (Lou Andréas Salomé)

« Le cadre cognitif ; ensemble des croyances, des représentations et des connaissances qu’un individu mobilise pour toute opération de pensée, de raisonnement et d’action ; il est  spécifique à chaque individu en ce qu’il se construit au gré des acceptations et rejets de propositions, croyances, connaissances, normes et valeurs auxquelles il est soumis lors de son parcours biographique, et ce, dans un contexte donné. » (Romy Sauvayre – Croire à l’incroyable) – Un exemple graphique de la difficulté d’élargir son propre cadre cognitif est figuré par l’énigme dite des NEUF POINTS (chercher à cette expression dans internet), où la solution implique la sortie de notre vision-raisonnement usuel, instinctif, acquis… 

« La dissonance cognitive, forme de contradiction, désaccord entre une ‘cognition’ et la réalité : déséquilibre, frustration, souffrance, injonction à la réduire en modifiant ou étayant les croyances impliquées ou bien en oubliant ou minimisant les éléments cognitifs dissonants. » (Romy Sauvayre) – Voir la dissonance cognitive à la rubrique Comportement, 140, 1, avec le livre de Jean-Léon Beauvois et Robert Vincent Joule, Soumission et idéologies .

« Croire représente un état mental dans lequel une proposition est acceptée sans disposer d’une connaissance pleine et entière … pour garantir sa vérité. » (Romy Sauvayre)

« Croire par désir, en prenant ses désirs pour des réalités. « (Romy Sauvayre)

« Avoir un système, voilà qui est mortel pour l’esprit ; n’en avoir pas, voilà aussi qui est mortel. D’où la nécessité de soutenir, en les perdant, à la fois les deux exigences. » (Friedrich Schlegel – cité par Maurice Blanchot)

« Les gens à convictions furent toujours ceux qui ont allumé les bûchers. » (Arthur Schnitzler)

« Nous sommes à la fois méfiants à l’endroit des fois collectives et hantés par un besoin de croire. » (Louis-Philippe de Ségur) 

« Plus une croyance est vécue, moins elle est facilement modifiable. Si elle est quelque chose de profondément personnel, si ce qu’un individu croit définit sa propre identité, tout changement de croyance implique un véritable bouleversement du moi … Individus se prétendant marxistes qu’on appelle parfois des idéologues ou des dogmatiques. Il s’agit surtout de personnes de la classe moyenne qui, pour des motifs humanitaires, par haine de leur passé ou d’eux-mêmes, deviennent des révolutionnaires. » (Richard Sennett) – Remplacés aujourd’hui par les maîtres-censeurs, les chiens de garde de la pensée unique et dominante, les aboyeurs et les délateurs agissant par cupidité plus que par croyance mais correspondant au même profil personnel.

« Cette société éclatée, dans laquelle nous sommes, se met alors en quête d’une identité et la trouve dans un consensus autour d’objets indubitables, autour de résultats objectifs, qui forment un noyau de certitudes partagé par tous. » (Lucien Sfez) – Il faut avoir une bonne vue pour voir une identité, un consensus, des objets indubitables, des résultats objectifs, des certitudes partagées par tous.

« Nos systèmes de croyances sont comme ces chevaux qu’il faut changer, échanger contre d’autres. » (Christiane Singer)

« On abuse aujourd’hui de ce mot de ‘tolérance’. Je le soupçonne d’abriter notre mépris de la différence, c’est-à-dire notre indifférence. On tolère pour ne pas se ‘prendre la tête’, pour ne pas se risquer à penser … Ce que les ‘tolérants’ n’aiment pas, ce que leur tolérance ne supporte pas … ce qu’ils nomment ‘violent’ c’est toute prise de position … Le modernisme consiste à ne pas croire soi-même pour ne pas léser l’adversaire qui ne croit pas non plus … Le modernisme est un système de lâcheté. » (Martin Steffens) – Ils ne supportent pas que d’autres se révèlent existants alors qu’eux, n’étant que vide, ne le sont pas.

« Nous avons voulu la surenchère de l’argent, du sexe, de la vitesse, de la transparence, du profit, mais pour que cela marche encore il faut y croire. » (Bernard Stiegler) – Nous n’y croirions donc plus ?

« L’opposition du réel et de l’idéal est irréductible, jamais l’un ne peut devenir l’autre : si l’idéal devenait réel, il ne serait plus l’idéal et si le réel devenait idéal, il n’y aurait que ce dernier et plus du tout de réel … L’idée ne peut être réalisée d’une manière qui la laisse subsister comme idée. » (Max Stirner) – Ecart irréductible entre sainteté et incarnation.

« L’enfant, captivé par les choses de ce monde est réaliste, jusqu’à ce qu’il soit lentement parvenu derrière ces choses elles-mêmes. Le jeune homme, enthousiasmé par les idées, est idéaliste, jusqu’à ce qu’il se hausse à l’état d’homme, d’homme égoïste, qui en use des choses et des pensées selon son bon plaisir et fait passer son intérêt personnel avant tout. Quant au vieillard, enfin, il me sera suffisamment temps d’en parler quand j’en serai un. » (Max Stirner)

« On croit plus aisément ce qu’on ne comprend pas. » (Tacite)

« L’évanouissement des croyances relevant de la métaphysique laisse les humains enfermés dans la cage de leur existence sensible, leur horizon se réduisant aux perspectives d’action de leur courte vie. » (Pierre-André Taguieff)

« La société c’est l’imitation, et l’imitation c’est une espèce de somnambulisme  … Les croyances, les opinions procèdent d’un hypnotisme collectif à mille lieues de l’autonomie individuelle. » (Gabriel Tarde)

« Credo quia absurdum – Je crois parce que c’est absurde. » (Tertullien) – Phrase célèbre. Le sentiment de la foi est incommensurable à la raison. La croyance n’a pas à se justifier.

« Ce ne sont pas les croyances qui changent, mais la capacité de croire qui s’efface. » (Paul Thibaud – reprenant Régis Debray)

« N’importe quelle foi arrive à gauchir en sa faveur l’instrument subtil de l’intellect. Il suffit de voir à quelles croyances infantiles tant d’hommes de génie ont pu asservir leur esprit. » (Gustave Thibon)

« On a longtemps dénoncé la ‘mystification idéaliste’ qui consiste à abreuver de consolations morales et religieuses les victimes de l’exploitation économique. La situation s’est renversée et voilà que nous commençons à cueillir les fruits amers de la mystification matérialiste qui consiste à faire croire aux hommes que l’abondance et la juste répartition des biens de consommation suffisent à leur bonheur. » (Gustave Thibon)

« Il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables ; ou plutôt, il n’y en a point qui subsistent ainsi. » (Alexis de Tocqueville) – D’où l’explosion à bref délai des sociétés occidentales n’est pas difficile à prévoir. Tout le monde le sait même si on ne peut guère le dire.

 « L’effondrement des croyances collectives, qui mène inexorablement à la chute de l’individu, a isolé l’individu, le ramenant à une échelle dérisoire … L’homme qui ne se pense plus comme membre d’un groupe cesse d’être un individu … C’est une stratégie du déluge qui est enclenchée. On ramasse le maximum, et puis l’on s’en va, pour terminer sa vie dans un camp retranché pour vieillards dorés. » (Emmanuel Todd)

« Besoin de croire, voilà le concept indispensable à la compréhension d’un monde vide de Dieu et de sens autre qu’économique. Croire en l’Europe, croire en l’action magique du marché, croire en la création par le verbe, croire en Macron. » (Emmanuel Todd)

« A partir de l’effondrement du catholicisme on a assisté à l’effondrement de toutes les croyances collectives qui lui faisaient face et se définissaient en grande partie contre lui : le communisme (effacement du parti communiste amorcé avant la dissolution de l’URSS) , la nation au sens gaulliste, la social-démocratie ? La disparition de ces croyances collectives qui encadraient  l’individu a laissé ce dernier tout seul, plus fragile et plus petit ; paradoxe de  l’individualisme contemporain … Pas de lutte des classes sans descente dans les rapports sociaux de l’affrontement entre le bien et le mal. La lutte des classes est, d’une manière subtile, religieuse» (Emmanuel Todd)

« Croire est en première instance vouloir croire. » (Miguel de Unamuno)

« Qui ne croit pas, ne pense pas. » (Upanishad)

« Ce n’est jamais bon signe quand une discipline, une grille de lecture sociologique par exemple, se transforme en une doctrine qui prétend dominer ou remplacer les autres. Dès qu’une pensée devient trop majoritaire, il faut sonner l’alarme … Le rêve d’un objet total a toujours hanté l’humanité … Les catégories (les groupes humains) sont des outils méthodologiques, ils sont devenus des dogmes idéologiques … L’homme est mauvais, le peuple est bon … Les Bretons, les cheminots, les retraités, les étudiants, les supporters, les salariés… pensent et désirent que  … Qu’espérer d’une société dont les intellectuels détournent les individus du désir d’élucider les causes personnelles de leur situation ? … La sociologie ne peut rien pour expliquer l’essentiel, à savoir l’échec ou la réussite d’une personne … Le sociologisme s’est mis à croire, et à faire croire, que ces catégories pratiques avaient une existence réelle, légitime, souhaitable, comme le cartographe qui confond ses cartes avec le territoire … … Grâce à la sociologie, la culture est désormais sommée de  s’adresser, non plus à l’être humain, mais à la diversité, sous peine d’être jugée bourgeoise, raciste, élitiste, en un mot dominante … Ne comprendre les événements du monde qu’à travers le déterminisme social est un réflexe qui consiste à attribuer systématiquement à une catégorie de l’humanité la responsabilité des malheurs des autres catégories. C’est une tournure d’esprit qui ne cesse de produire des boucs émissaires … Le sociologisme entretient une haine sociale qui transforme de débat démocratique en joute binaire et stérile. » (Philippe Val – sur la perversité du sociologisme ; Plus d’individus, seulement des catégories, en lutte, tout s’explique par le déterminisme social).

« De quoi était fait ce désordre de notre Europe mentale ? De la libre coexistence dans les esprits cultivés des idées les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposés. C’est là ce qui caractérise une époque moderne … Chaque cerveau d’un certain rang était un carrefour pour toutes les races de l’opinion ; tout penseur, une exposition universelle de pensée … Combien de matériaux, combien de travaux, de calculs, de siècles spoliés, combien de vies hétérogènes additionnées a-t-il fallu pour que ce carnaval fût possible et fût intronisé comme forme de la suprême sagesse et triomphe de l’humanité ? » (Paul Valéry – sur l’état en Europe à la veille de 1914) – Est-ce différent aujourd’hui ?

« Quand une croyance et un sens sont une croyance et un sens, ils contraignent. Quand ils ne contraignent pas, ils ne sont ni une croyance ni un sens. Ils sont n’importe quoi. … La vraie croyance est ce à quoi on ne peut échapper. La vraie croyance est une incroyance dans l’incroyance. » (Bertrand Vergely)

« Certes, la croyance est un obstacle pour la science, mais aussi son tremplin. Sans croyance au départ, pas de science … Toute hypothèse porte la trace d’une supposition, toute supposition porte la trace d’une croyance. » (Bertrand Vergely)

« Nous croyons d’emblée, nous croyons sur parole et nous ignorons presque tout. A quoi vient s’ajouter un drame caractériel : nous sommes tous, plus ou moins, en état de désordre interne, de multiplicité caractérielle, et nous en souffrons plus ou moins. Vous aurez deux espèce de croyants : une majorité de fidèles par neutralité, dociles à la vérité établie, et une minorité de fervents qui adoptent avec flamme cette vérité, pour organiser leur vie et mettre fin à leur douloureuse anarchie interne. Sociologiquement parlant, une religion est une vérité imposée par des convaincus à des indifférents ; elle n’est pas un besoin de la nature humaine en général.  La fameuse angoisse sur l’au-delà ou sur l’énigme du monde naît de la doctrine qui s’est imposée, et non l’inverse. » (Paul Veyne)  – Discutable sur les religions. Mais le mécanisme d’adhésion et son pourquoi est incontestable, mécanisme assez proche de la tranquillité procurée par la soumission (Voir Michel Onfray commentant Soumission de Michel Houellebecq à la rubrique 475,3)

« L’authenticité de nos croyances ne se mesure pas à la vérité de leur objet. » (Paul Veyne – cité par Lucien Jerphagnon)

« Trois menaces pesant sur l’Eglise catholique dans le monde moderne, comme ils menacent, sous des formes diverses, les sociétés contemporaines. Ces trois menaces peuvent se cumuler, et c’est, de fait, ce qui s’est produit au vingtième siècle  – Le millénarisme : la recherche à toute force et contre tout réalisme d’un ‘âge de l’esprit’, utopisme délirant – Le marcionisme (de l’évêque hérétique Marcion, rejetant l’Ancien Testament) : répudiation de l’apport de la tradition et de l’autorité morale pour ne se fier qu’à la connaissance scientifique et à la démocratie d’opinion, triomphe du relativisme et du conformisme, prédominance des ‘parfaits’ – Le gnosticisme : rejet de l’état actuel du monde, haine de la réalité et de la Création, le salut peut être réalisé dans l’histoire, et par les hommes eux-mêmes transformés (le monde conçu comme anthropodicée), soit par des groupes avancés et motivés … Le rôle salvifique du prolétariat (marxisme), de la race élue (nazisme), des pauvres (théologie de la libération). » (Jean-Philippe Vincent, abrégé – reprenant les thèses des Trois tentations dans l’Eglise d’Alain Besançon)

« On ne croit pas un homme parce qu’il est bien savant mais pour ce que nous l’estimons bon et l’aimons. » (saint Vincent de Paul)

« L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de cette chose. » (Voltaire)

« Nous pouvons être impartiaux seulement sur les sujets qui ne nous intéressent pas. C’est pourquoi un jugement impartial est absolument dénué de valeur. » (Oscar Wilde)

« Les personnes âgées croient tout ; les gens d’âge mûr doutent de tout ; les jeunes savent tout. » (Oscar Wilde)

« Si nous commençons à croire quelque chose, ce n’est pas une proposition isolée mais un système entier de propositions. La lumière se répand graduellement sur le tout. » (Ludwig Wittgenstein)

« La difficulté, c’est de nous rendre compte du manque de fondement de nos croyances. » (Ludwig Wittgenstein)

« Lorsque je dis ‘j’ai foi en vous’, j’affirme le pacte symbolique existant entre nous deux, un engagement qui engage, dimension qui se montre absente dans un simple ‘croire à…’. » (Slavoj Zizek – reprenant Octave Mannoni sur les différences entre foi et croyance)

« De quelque pays que vous soyez, vous ne devez croire que ce que vous seriez disposé à croire si vous étiez d’un autre pays. » (un homme d’Eglise – cité par Julien Benda)

« Adorer le gros Animal(voir Platon) c’est penser et agir conformément aux préjugés et aux réflexes de la foule, au détriment de toute recherche personnelle de la vérité et du bien. » (?) –  Le gros Animal : la foule, l’opinion publique, aujourd’hui la soumission aux média menteurs.  

« Les gens qui vont prier pour la pluie se munissent rarement de parapluie. » (apologue)

« Il est plus simple de croire que de s’enquérir. » (proverbe)

« C’est la croyance et non la raison qui mène le monde. » (?)

« L’ignorant aime à nier, le savant aime à croire. » (?)

« L’incrédulité ne se divise pas, elle envahit tout, la religion, la politique et dévore jusqu’à l’espérance. » (?)

« On croit ce que l’on veut croire. » (?)

« Ne pas avaler plus de croyances qu’on ne peut en digérer. » (?)

 « Pourquoi le savoir n’élimine-t-il pas le croire ? » (?) 

– « En Occident, la force du croire paraît aujourd’hui épuisée. » (?)

« Les époques sans foi sont les berceaux de nouvelles superstitions. » (?)

« Une minute de ferveur pour vingt-quatre heures de doute. » (?) – Traitant de religion 

« Il est interdit de croire en rien. » (?) – C’est la seule interdiction subsistante.

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Ci-dessous ont été regroupées un certain nombre de notions assez proches en ce qu’elles concernent la manière dont nous comprenons les événements et adoptons des croyances, souvent émanant d’ouvrages de Gérald Bronner

« Le croyant désire conserver ses croyances. » (Gérald bronner)

« Nous avons tous tendance à voir ce que nous croyons et à croire ce que nous voulons. » (Gérald Bronner)

Négligence de « la taille de l’échantillon … qui nous fait ressentir comme extraordinaires des phénomènes improbables mais qui sont cependant la production du hasard si on tient compte de la taille de l’échantillon duquel ils sont issus (prédictions astrologiques exactes comparées au nombre des fausses … La nature qui nous paraît si parfaite parce que nous ne voyons que ses réussites, et non la masse titanesque des brouillons enfouis dans une histoire immémoriale.’ » (Gérald Bronner)

« La démarche d’infirmation de la croyance vient assez peu spontanément à l’esprit de l’homme de tous les jours … Appétence pour la confirmation … Vivre dans le doute permanent, remettre tout en question, empêcherait de passer à l’action … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance. » (Gérald Bronner)

« Face à l’offre pléthorique d’informations, à l’espace sauvagement concurrentiel qu’organise la révolution du marché cognitif, l’individu peut être tenté de composer une représentation du monde commode mentalement plutôt que vraie. » (Gérald Bronner)

« Un croyant peut endosser une croyance pour toute une série de raisons, il ne l’abandonnera pas pour autant si vous lui montrez une à une que ces raisons sont mauvaises … le cerveau mobilise des ressources impressionnantes pour ne pas renoncer à son système de représentation … N’aller chercher que des informations qui vont affermir sa croyance, ne mémoriser que les éléments qui lui sont favorables, oublier et transformer les faits qui pourraient l’affaiblir, discréditer ceux qui tenteraient de lui opposer des contre-arguments. »  (Gérald Bronner)

«  L’effet ‘rateau’, notre esprit, passant sur un amas confus d’événements un rateau mental pour créer une répartition plus régulière que ce que ne provoque le hasard dans les faits. Nous supposons des répartitions uniformes (malgré notre expérience de la loi des séries). 12 dates prises au hasard dans l’année ne seront pas séparées par près de 30 jours, mais le plus faible écart sera de 2,53 jours (tirage 100.000 fois). » (Gérald Bronner) – Ceci est important quand on évoque des vagues de suicide, des risques de proximité… A partir, et au-delà de 15 personnes dans une assemblée, on peut parier que deux d’entre elles ont la même date (mois-jour) de naissance.

« Les opacités de la croyance qui conduisent à rendre difficilement visibles les logiques qui y sont à l’œuvre. – La distance culturelle rend opaque la rationalité d’autrui (dimension sociale séparant l’observateur de l’observé, dépassant un certain seuil, le premier tend à expliquer les croyances bizarres du second par des causes plutôt que par des raisons) – L’adhésion à une croyance n’est pas nécessairement inconditionnelle (‘je crois qu’il fera beau demain’) – La croyance individuelle a une histoire (elle résulte d’une construction parfois lente et par étapes, la croyance d’autrui ne se manifeste qu’une fois constituée, le processus. de constitution n’étant pas directement accessible). » (Gérald Bronner)

« Les limites. – Croyances et limites dimensionnelles. Notre conscience est limitée dans le temps et dans l’espace, ainsi que notre perception du champ des possibles, l’information pertinente pour forger une connaissance n’est donc pas toujours disponible, dès lors une information partielle permettra l’apparition de la croyance. – Un système de représentation peut suggérer des hypothèses qui se transformeront bientôt en croyances (fuite en avion pendant la guerre froide interprétée comme incursion délibérée et violente ? cosmogonies expliquant l’émergence du monde…) » (Gérald Bronner)

« Les monopoles cognitifs, ou les situations  où les individus sont confrontés à un mode unique  d’interprétation de la réalité – Le monopole imposé, la contestation d’une doctrine officielle (et donc à tendance monopolistique) peut avoir un coût social très fort qui explique en partie que certains renoncent – Le monopole à long terme lié au développement de la connaissance (absence de récit alternatif, la création de l’univers pendant longtemps expliquée par le texte biblique, la création d’un récit alternatif étant hors de portée d’un individu seul) – Le monopole lié au fait que l’énoncé est objectivement valide (la terre est ronde et elle tourne sur elle-même et autour du soleil, on peut diverger sur les causes des événements historiques, non sur le fait qu’ils ont existé) – Le monopole à court terme monopole provisoire rendu possible par l’incomplétude de la connaissance ou le manque d’intérêt suscité par le sujet (théories scientifiques admises provisoirement, faute de mieux). » (Gérald Bronner)

« A quel marché cognitif un individu a-t-il accès ? La position de l’individu à l’intérieur du corps social déterminera le genre d’informations, de compétences, de points de vue … Qui et combien de personnes font partie de votre marché cognitif le plus proche (enseignants majoritairement de gauche, petits entrepreneurs indépendants…) … Il est plus difficile de se distinguer que de se conformer … Ceux qui conservent leur foi en défendant des opinions minoritaires sont aussi ceux qui ont une force de  conviction importante. Les ‘croyants’ des groupes majoritaires ont moins souvent l’opportunité de mettre leur conviction à l’épreuve de la contradiction. Ce processus darwinien de sélection rend compte du fait que la probabilité de rencontrer des individus ayant un rapport inconditionnel à leurs croyances est plus importante dans les groupes minoritaires que dans les groupes majoritaires. » (Gérald Bronner)

« Il existe sur le marché cognitif, une forme de concurrence déloyale entre les idées du précautionnisme et celles qui s’y opposent (recensement de sites Internet favorables et défavorables, de livres, d’articles des médias), par le coût des connaissances méthodiques par rapport aux simples croyances, la différence dans l’effort mental requis … par la vérification rendue impossible par la surabondance de l’information … par la motivation des croyants, supérieure à celle des sceptiques … par la nature de la connaissance scientifique et du discours scientifique qui, en raison de sa prudence et de sa complexité, est un mauvais produit médiatique quand la rhétorique de l’inquiétude en est un très bon, parce que ce discours, désenchanteur et peu spectaculaire, manquant de sensationnalisme, achoppe à une caractéristique de l’esprit humain qui est sa difficulté à accepter des explications pluricausales. » (Gérald Bronner et Etienne Géhin – L’inquiétant principe de précaution)  – On peut étendre à beaucoup de croyances, y compris de nature complotiste.

 «  Le biais de confirmation : ‘Les hommes, infatués des apparences vaines, prêtent attention aux événements, quand ils remplissent leur attente ; mais, dans les cas contraires, les plus fréquents, ils se détournent et passent outre’ … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance … Beaucoup de nos idées fausses nous paraissent confirmées par notre expérience … Nous ne cherchons pas à tester ces idées en recueillant des contre-exemples, mais nous captons et mémorisons facilement tout ce qui affermit nos croyances … qui nous apporte un confort cognitif … D’autant plus si nous y avons intérêt … Lorsque vous êtes en quête de signes ils finissent toujours par arriver. »  (Gérald Bronner – citant Francis Bacon et le Novum Organum) – Connu aussi comme biais d’exposition sélective. Tendance à ne retenir que les informations qui confirment une idée préconçue – « L’aptitude de l’homme de résister à toute information extérieure dès lors que celle-ci ne s’accorde pas avec l’ordre de l’attente et du souhait, de l’ignorer, d’y opposer si la réalité s’entête un refus de perception qui clôt le débat, aux dépens naturellement du réel … Sorte de verrou offrant une dénégation préalable, une  protection à l’avance, une réfutation à priori. »  (Clément Rosset)

« Première question : le croyant adhère-t-il vraiment à sa croyance ? … Comment le croyant en est-t-il arrivé à croire ce qu’il croit ? … On néglige trop le caractère graduel de l’adhésion à des idées qui paraissent relever de l’irrationalité. Or, chaque moment, chaque étape,  de l’adhésion peut être considéré, dans son contexte, comme raisonnable … il faut voir le processus de constitution … L’extrémisme, quelles que soit les forme qu’il revêt, satisfait les critères de la rationalité, cognitive comme instrumentale : parce qu’il énonce des doctrines cohérentes … sans accepter toutes les  sortes de compromis du  citoyen ordinaire et, parce qu’une fois cette doctrine admise, il propose des moyens en adéquation aux fins poursuivies … Rationalité mécanique n’acceptant aucun compromis, appliquant jusqu’au terme de leur logique des prémisses que n’importe quel croyant pourrait admettre … L’action toute entière est mise au service d’un système de valeurs sévèrement hiérarchisé et cohérent une fois qu’on  en a admis les prémisses … Le biais de confirmation est sans doute le mécanisme le plus élémentaire et le plus fondamental de la pérennité de toute croyance (d’autant plus chez l’extrémiste qui a besoin constamment d’être rasséréné en raison des coûts psychologiques  et sociaux de son adhésion, d’où aussi ‘l’entre-soi’, l’enserrement dans un oligopole cognitif) –  Le biais de confirmation : ‘Les hommes, infatués des apparences vaines, prêtent attention aux événements, quand ils remplissent leur attente ; mais, dans les cas contraires, les plus fréquents, ils se détournent et passent outre’ … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance… Beaucoup de nos idées fausses nous paraissent confirmées par notre expérience … Nous ne cherchons pas à tester ces idées en recueillant des contre-exemples, mais nous captons et mémorisons facilement tout ce qui affermit nos croyances … qui nous apporte un confort cognitif … D’autant plus si nous y avons intérêt … Lorsque vous êtes en quête de signes ils finissent toujours par arriver … et peuvent être interprétés comme des injonctions à s’engager  » (Gérald Bronner – citant Francis Bacon et le Novum Organum)

« Beaucoup de nos idées fausses nous paraissent confirmées par notre expérience … Nous ne cherchons pas à tester ces idées en recueillant des contre-exemples, mais nous captons et mémorisons facilement tout ce qui affermit nos croyances … qui nous apporte un confort cognitif … D’autant plus si nous y avons intérêt … Lorsque vous êtes en quête de signes ils finissent toujours par arriver. » (Gérald Bronner)  – Tendance très proche du biais de confirmation.

 « Biais d’intentionnalité : des individus sont plus portés à attribuer des événements (par exemple, accident, incendie…) à des causes intentionnelles de préférence à des causes non intentionnelles … vers des intentions supposées … La logique conspirationniste est précisément celle qui ne parvient pas à se confronter à la complexité d’un monde beaucoup plus désordonné qu’elle ne l’imagine. »  (Gérald Bronner)

« Le biais de disponibilité. Nous évaluons la probabilité ou la fréquence d‘un événement à l’aune de la facilité avec laquelle des occurrences nous viennent à l’esprit. (Ex : il y  a trois fois plus de mots anglais qui comportent la lettre ‘k’ en troisième position, mais à la question de fréquence tout le monde répondra que les mots anglais qui commencent par cette lettre sont les plus nombreux, car nous accédons aux mots à partir de leur son initial et ceux-ci sont plus susceptibles de se présenter à nous quand nous sollicitons notre mémoire) … Des événements fréquents laissent des traces plus profondes dans notre mémoire. Mais à chaque fois que le souvenir d’un événement apparaît en bonne position dans la liste de résultats fournie par le moteur de recherche mental pour des raisons autres que la fréquence – parce qu’il est récent, vivace, sanglant, spécifique ou douloureux – les gens surestiment la probabilité qu’une telle chose se produise dans le monde … Les accidents de voiture tuent plus, mais beaucoup de gens ont peur de prendre l’avion, et presque personne n’a peur de conduire … Le ‘biais de disponibilité’, attisé par la tendance qu’ont les médias à privilégier le principe ‘plus ça saigne, plus c’est porteur’, peut alimenter le sentiment que l’état du monde est désolant. » (Steven Pinker)

« Il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités. » (adage) – Mais l’adage exprime « le biais  motivationnel, soit la contamination du croire par le désir …Le fait de laisser notre vision des faits ou des événements ou des prévisions être contaminés par notre désir … Engagé dans un processus de crédulité le croyant désire conserver ses croyances, en évitant ce que Léon Festinger appelait la ‘dissonance cognitive’ … Adhésion ou  rejet  d’une autre croyance selon qu’elle est en consonance ou en dissonance avec son système de représentation … L’être humain tente toujours de réduire les contradictions entre le système de représentation et les actes qu’il peut produire ou les informations tendant à invalider  ses croyances. »  (Gérald Bronner)   

« La ‘sunk cost fallacy’ ou le  sophisme de la dépense gâchée : poursuite obstinée d’une ligne de conduite qui représente un investissement en argent, temps ou énergie … la difficulté de renoncer à un effort devenu inutile mais représentant une vie ou une tranche de vie, ou représentant une dépense importante. ‘je ne peux pas me permettre de reculer’, et aussi bien, ‘je ne peux pas me permettre de douter’. » (tiré de Gérald Bronner – sur la difficulté  de faire renoncer à une croyance ancrée, même devinée fausse par l’intéressé)

« Une erreur de jugement bien connue des chercheurs qui travaillent sur la prise de décision est ce biais qui consiste à nous faire préférer une récompense immédiate plutôt qu’une récompense différée, et ce même si cette dernière est plus avantageuse. Un autre biais cognitif consiste à demeurer hermétique aux conséquences négatives de nos choix. Ce biais qui nous fait accorder une valeur positive aux options choisies s’étant avérées désavantageuses et des attributs négatifs inexistants aux options que nous n’avons pas retenues, s’appelle le ‘biais de soutien de choix.’ » (Lydia Pouga)

Ci-dessous, extraits simplifiés, remaniés du livre de Romy Sauvayre, Croire à l’incroyable. Lequel traite particulièrement des mécanismes d’adhésion et de désaffiliation à des mouvements ou groupes marginaux, au sens extrêmes et non conventionnels.  Quelques recoupements avec les théories des choix de Raymond Boudon à la rubrique Décision, choix, 195,1

« Le démenti d’une croyance ne conduit pas nécessairement à son abandon … Maintien d’adhésion à des croyances ‘invraisemblables’ alors que des preuves sans équivoque de leur fausseté sont avancées … Connivence entre le croire et le vouloir … ‘la puissance du sentiment fait disparaître la logique’ (Vilfredo Pareto) … ‘L’acteur a des raisons de croire à ce qu’il croit’ ; (Raymond Boudon) … ‘l’infirmation contribue souvent à renforcer la conviction et l’enthousiasme des fidèles’ (Léon Festinger et…) … L’adepte s’efforcera de minimiser la dissonance cognitive (désaccord entre conviction et réalité) lorsque son engagement dans le système de croyances est si fort que toutes les stratégies lui sembleront préférables, quand le coût cognitif et émotionnel du désaveu paraît trop important. De plus tenir compte de l’influence du groupe, (la force du grand nombre, ‘plus une idée est fausse et moins elle est acceptée, donc, plus une idée est vraie…’)  qui favorise autant l’adhésion qu’elle freine la désadhésion,  de la présence d’un tiers ou d’un condisciple lors du démenti, les deux facteurs favorisant le ‘doute de ses propres doutes ‘ … Même le démenti d’une théorie scientifique ne suffit pas à produire son abandon ! … La représentation sociale est composée de deux éléments : le ‘noyau central ‘et les ‘éléments périphériques’, le premier ayant une fonction structurante et déterminant la signification, la valeur et les liens qui unissent les différents éléments, paré d’une ‘utilité sociale’, son abandon ou sa restructuration apparaît comme particulièrement coûteuse d’un point de vue cognitif … Le démenti par les faits ne serait qu’interaction avec le réel touchant seulement les éléments périphériques … On n’abandonne pas plus de croyances qu’il n’est nécessaire et seulement si on a de bonnes raisons pour le faire. La révision des anciennes croyances s’effectue selon les principes du ‘changement minimum’ et de ‘’l’enracinement épistémique’ (abandon de la croyance qui a le moins de valeur aux yeux de l’acteur, laquelle est  fonction de leur puissance explicative et de leur utilité) … La confiance, rouage important dans les processus d’adhésion, désadhésion,  celle accordée au coapteur plus importante que la crédibilité ou l’autorité de celui-ci … Les moteurs de l’adhésion :  – L’insatisfaction intellectuelle, spirituelle ou thérapeutique – L’insatisfaction professionnelle – L’insatisfaction relationnelle (amoureuse ou amicale) … Le niveau occupé au sein du mouvement d’appartenance a une influence statistiquement significative sur la durée d’appartenance … L’adhésion cèderait sous les injonctions des contradictions à partir, ou au, sixième doute, appelé le ‘doute de rupture’, le deuxième doute étant recensé comme le ‘doute de basculement’, permettant l’émergence des doutes successifs et relativement cumulatifs … On va distinguer : –  L’adepte ‘utilitariste’ (raisons intellectuelles, spirituelles, cognitives), de bon niveau – L’adepte socio-affectif (raisons émotionnelles, recherche d’appartenance, d’inclusion, d’acceptation ; la croyance est alors secondaire), de moindre niveau, souvent féminin – L’adepte flexible (insatisfait, chercheur de sens), mélange d’utilitarisme et d’affectivité … Les phases d’adhésion : – La phase d’adhésion partielle (trois mois) – La phase d’adhésion inconditionnelle (deux ans) – La phase d’effritement partiel (la plus longue, près de six ans), émergences suivies de rejets  de doutes sur des éléments  d’abord très périphériques – La phase d’ouverture épistémique (trois mois avant la rupture d’adhésion), initiée (longtemps auparavant par le doute dit de basculement), générée par une contradiction axiologique, la contradiction des jugements de valeur portés par l’adepte et de ceux portés et prônés par le groupe. »

Extraits simplifiés d’un livre de Raymond Boudon, L’art de se persuader des idées douteuses, fragiles ou fausses sur les croyances. Voir aussi aux rubriques : Connaissance, Savoir, 155, 1 et Raison 630, 1 – Même auteur, même présentation.

 « Toutes sortes d’idées reçues ne méritent pas qu’on y croie, mais on a d’un autre côté de bonnes raisons d’y croire … On peut avec de bonnes raisons croire dur comme fer à des illusions … Selon Max Weber, comprendre une croyance c’est en retrouver les raisons, que celles-ci soient explicites ou seulement implicites …’L’esprit est toujours la dupe du cœur’ ( La Rochefoucauld),  ‘Personne n’ignore qu’il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l’âme, qui sont ses deux principales puissances, l’entendement et la volonté. La plus naturelle est celle de l’entendement, car on ne devrait jamais consentir qu’aux vérités démontrées ; mais la plus ordinaire, quoique contre la nature, est celle de la volonté ; car tout ce qu’il y a d’hommes sont presque toujours emportés à croire non par la preuve, mais par l’agrément’ (Blaise Pascal) … Dés que la distance sociale qui sépare l’observateur de l’observé excède un certain seuil, le premier tend à expliquer les croyances ‘bizarres’ du second par des ‘causes’ plutôt que par des ‘raisons’ (La soi-disant ‘mentalité primitive’ des primitifs de Lévy-Bruhl, les élites méprisant les classes populaires…) … Les raisons pour lesquelles le sujet social endosse telle ou telle croyance peuvent ne pas être objectivement valides et, en même temps, être intelligibles, eu égard au contexte social dans lequel il se trouve. »

Ci-dessous résumé du livre : La mythologie programmée, l’économie des croyances dans la société moderne de Perrot, Rist et Sabelli, beaucoup plus riche que ces quelques phrases.

  « L’essentiel n’est pas dans les croyances mais dans l’acte de croire, puisque c’est de lui que découlent les pratiques … Au lieu que ce soit la foi qui tente d’imposer l’ordre de ses pratiques, ce sont les exigences du programme (usuellement très concret) qui dictent leur loi et qui, pour se réaliser, parasitent le mythe au point de le pervertir, afin de bénéficier de l’unanimisme qu’il soulève. » (Perrot, Rist et Sabelli)

« La vie en société ne peut pas se satisfaire de règles juridiques ou morales ni d’engagements réciproques ni de contrainte organisée. Elle doit se fonder sur des croyances profondes, sur un ensemble de principes qui vont sans dire et dont le respect garantit l’accomplissement par tous de pratiques communes. » (Perrot, Rist et Sabelli) – D’ou le recyclage de mythes anciens bien ancrés (par exemple : les secteurs soit disant sacrés, jusqu’à l’utilisation du mot).

« Si l’homme ‘sort de la religion’, il n’entre pas pour autant dans l’ère de la raison, de la transparence à soi-même, de la maîtrise autonome de son destin… » (Perrot, Rist et Sabelli)

« Il convient de séparer clairement ‘l’acte’ de croire et ‘l’objet’ du croire … Même dans les sociétés … explicitement religieuses, le contenu de ce qui est cru détermine moins les pratiques sociales que le fait de croire … Il suffisait que les uns et les autres fussent croyants pour que s’affirme entre eux un certain rapport qu’on pourrait dire de connivence fondé sur une vérité tenue pour vraie même si les détails de son contenu étaient largement ignorées de la majorité … Nombreuses sont les conduites sociales qui semblent n’obéir à aucune rationalité précise et qui devraient paraître étranges à quiconque ignore le code qui les génère (le culte de la croissance qui n’aboutira qu’à la mort de la planète, la recherche médicale poussée et l’acceptation des massacres, même simplement routiers…) … Ces pratiques paradoxales se perpétuent sous l’effet d’une sorte de contrainte diffuse, d’une conviction généralisée de leur inéluctabilité, d’une résignation collective … La religion moderne ne cherche nullement à sauver les apparences. Au contraire, elle les renie pour préserver l’essentiel : l’acte de croire qui fonde la société. » (Perrot, Rist et Sabelli)

« Les sociétés primitives avouent leurs mythes … Les sociétés modernes, au contraire, prétendent n’en point avoir. Il est donc vain de chercher à définir quel récit, connu de tous, peut tenir lieu de mythe légitimant des conduites ‘traditionnelles’, c’est-à-dire obligatoires … Dans la société moderne, les supports mythologiques ne s’annoncent pas comme tels, ils ne constituent pas un récit (reconnaissable comme mythe) … Soit par exemple le signifiant ‘TGV’, train certes, mais nouveau signifié de la modernité, du progrès, de la maîtrise du temps, du développement … Sous l’angle mythologique, le TGV n’est plus tout à fait un train … il se remplit d’une signification nouvelle. » (Perrot, Rist et Sabelli)

« Ce discours mythique, récité à travers les les choses et les événements en apparence les plus banals de la quotidienneté … a pour objet de ‘faire croire pour faire faire’ … l’effet pratique consistant à conférer une crédibilité, même éphémère, aux multiples entreprises requises par la permanence et la reproduction du système social. » (Perrot, Rist et Sabelli)

Ci-dessous, extraits de l’ouvrage de Gérald Bronner, La démocratie des crédules, sur, au moins essentiellement le conspirationnisme, et les récits légendaires.

« La possibilité, pour celui qui réclame le droit au doute, d’ensevelir tout discours concurrent au sien sous un tombereau flot d’arguments (sur les mythes conspirationnistes), d’où il résulte un dédale mental dont ne sortira pas aisément celui qui n’a pas d’avis déterminé …’Tout ne peut pas être faux’ … Les mille feuilles argumentatifs ( ‘Da Vinci Code’) … Chacun des arguments pris séparément, est très faible, mais l’ensemble paraît convaincant comme un faisceau d’indices peut l’être … Fondé sur un effet de ‘dévoilement’ débusquant des anomalies et des éléments énigmatiques générant un  vide inconfortable que le récit construit va combler, ‘Comme par hasard’ … La narration (story telling) est de nature à augmenter la crédibilité d’une conclusion potentiellement improbable … Les sceptiques se contentent souvent d’ironie, de moquer la croyance plutôt que d’argumenter contre … Alors que les défenseurs de la croyance étayent leur point de vue … Plus grande motivation … La contre-argumentation nécessite un investissement (voir l’effet ‘Olson’ à la rubrique Action, 005,1, là, il permet à un petit groupe motivé d’occuper un espace disproportionné sur le marché cognitif) … Les croyants, statistiquement plus militants que les non-croyants, réussissent ainsi à instaurer un oligopole sur Internet, mais aussi dans les médias officiels (dans tous les sites, une fraction minime de contributeurs est très active, avec Wikipédia – site non conspirationniste – cent contributeurs écrivent plus du quart des textes) … La diminution du temps d’incubation nécessaire à l’apparition de récits légendaires grâce à Internet exerce une pression concurrentielle à laquelle les médias orthodoxes ne peuvent pas toujours résister (au contraire, abandonnant toute considération déontologique,  sont-ils ravis de trouver matière à leur attractivité ; les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne), affaire Baudis-Allègre, entre autres … La concurrence implique le quasi-abandon du principe de la vérification de l’information … Le torrent participatif dû au triumvirat démocratique  ‘J’ai le droit de savoir, j’ai le droit de dire, j’ai le droit de décider’ … On ne trouve pas de lien entre l’adhésion à des croyances douteuses et le manque d’éducation … La croyance au paranormal ou à l’astrologie touche d’abord : le supérieur non scientifique, puis le secondaire, puis le primaire supérieur et enfin seulement le primaire … D’ailleurs, l’idée qui lie croyances sectaires et faible niveau social et scolaire est fausse … Pas de corrélation claire entre niveau d’études général d’une population et vision perspicace du monde … Nos systèmes éducatifs et une certaine idéologie relativiste nous ont mieux préparé à défaire la connaissance plutôt qu’à la reconstruire … plus la participation de tous aux débats qui favorise la mutualisation de l’erreur. »

« La démarche d’infirmation de la croyance vient assez peu spontanément à l’esprit de l’homme de tous les jours … Appétence pour la confirmation … Vivre dans le doute permanent, remettre tout en question, empêcherait de passer à l’action … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance. » (Gérald Bronner)

« Face à l’offre pléthorique d’informations, à l’espace sauvagement concurrentiel qu’organise la révolution du marché cognitif, l’individu peut être tenté de composer une représentation du monde commode mentalement plutôt que vraie. » (Gérald Bronner)

«  Le biais de confirmation : ‘Les hommes, infatués des apparences vaines, prêtent attention aux événements, quand ils remplissent leur attente ; mais, dans les cas contraires, les plus fréquents, ils se détournent et passent outre’ … Nous cherchons en général des informations pour affermir une croyance.» (Gérald Bronner – citant Francis Bacon et le Novum Organum)

«  L’effet ‘rateau’, notre esprit, passant sur un amas confus d’événements un rateau mental pour créer une répartition plus régulière que ce que ne provoque le hasard dans les faits. Nous supposons des répartitions uniformes (malgré notre expérience de la loi des séries). 12 dates prises au hasard dans l’année ne seront pas séparées par près de 30 jours, mais le plus faible écart sera de 2,53 jours (tirage 100.000 fois). » (Gérald Bronner) – Ceci est important quand on évoque des vagues de suicide, des risques de proximité… A partir, et au-delà de 15 personnes dans une assemblée, on peut parier que deux d’entre elles ont la même date (mois-jour) de naissance.

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