080,1 – Bonheur, Gaieté, Joie, Plaisir / Malheur, Difficulté ; Chagrin, Peine, Tristesse ; Dépression

– Le bonheur est relié au sens de sa vie. Le plaisir découle de moments privilégiés. Bonheur et plaisir sont d’un ordre différent, encore qu’ils soient souvent joints. Le bonheur est un état relativement stable, le plaisir, la joie sont fugitifs. Le bonheur est profond, la gaieté – valeur très estimable –  est plus superficielle, elle résulte souvent du bonheur, elle ne l’implique pas forcément. Plaisir et gaieté sont immédiats, le bonheur est comme une toile de fond. On l’obtient en cherchant autre chose. Sa condition nécessaire, mais non suffisante, est un bon niveau d’estime de soi.

– Tristesse, mélancolie, sens exacerbé du devoir, narcissisme, culpabilité, obsessions diverses entraînant fermeture… que de pièges. Il y a  beaucoup plus de gens qu’on ne croit pour refuser, inconsciemment, le bonheur, faire en sorte qu’il n’arrive pas, le fuir même.

– La recherche (et l’obtention) du bonheur fait l’objet d’une injonction tyrannique qui doit être respectée sous peine de se voir déclaré comme non-conforme à ce « catéchisme collectif », à l’impératif « d’euphorie perpétuelle. » (Pascal Bruckner)

– On peut être malheureux au milieu des plaisirs, heureux dans une cellule de prisonnier.

-Une bonne question à se poser, peut-être la seule qui vaille : Qui ai-je rendu heureux ?  Du moins passé un certain âge, mais il vaut mieux s’en préoccuper tant qu’il est temps. En espérant ne pas répondre comme un personnage de Scott Fitzgerald dans Tendre est la nuit « Je ne dois plus être capable d’apporter le bonheur à quelqu’un. », ou bien pire de s’apercevoir qu’on rend ou qu’on a rendu malheureux.

Quatre questions pour évaluer son existence, modifier ? : – Est-ce que j’aime ce que je suis ? – Est-ce que j’aime ce que je fais ?- Est-ce que j’aime ceux avec qui je vis ?- Est-ce que j’aime l’endroit où je vis ?

-« Ce qui nous reste quand le Paradis s’en est allé. » (Régis Debray)

« Le bonheur ne se chasse pas, il se braconne. C’est plus difficile. » (Jean de la Varende) 

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« Il arrive au bonheur exactement ce qui arrive à la vérité : on ne le possède pas, on est dedans. Le bonheur, en effet, c’est se sentir enveloppé, réminiscence de la sécurité éprouvée dans le ventre maternel. C’est aussi la raison pour laquelle ceux qui sont heureux ne le savent pas. Pour voir le bonheur il faudrait en sortir. » (Theodor Adorno) 

« Il y a plus de volonté qu’on ne croit dans le bonheur. » (Alain)

« On peut défaire n’importe quel bonheur par la mauvaise volonté. » (Alain)

« Le bonheur est une récompense qui ne vient qu’à ceux qui ne l’ont pas cherchée. » (Alain)

« Il est impossible que l’on soit heureux si on ne veut pas l’être ; il faut donc vouloir son bonheur et le faire. » (Alain)

« La relation entre bien-être et richesse s’estompe au fur et à mesure que le revenu augmente. » (Yann Algan…)

« Dans les pays riches, nous savons que c’est moins le niveau absolu du revenu que sa valeur relative qui explique le bien-être pour la majorité de la population. » (Yann Algan…)

« Et après le bonheur, on fait quoi ? » (Woody Allen)

« Le bonheur est dans le lien … ‘Le bonheur, c’est d’avoir quelqu’un à perdre’ » (Christophe André – citant Philippe Delerm)

« Le plaisir est partiel, limité à la satisfaction d’un organe, d’un sens, il diffère en cela de la globalité du sentiment de bonheur … Le bonheur n’est pas une simple addition de moments de plaisir … La joie provient d’un événement extérieur (fête de famille, contact d’un enfant, réussite…) … Elle est brève. Elle est ou peut être ingrédient, expression, incarnation du bonheur …  Mais …  Il peut y avoir des joies malsaines. » (Christophe André)  – Telle la vengeance… comme il peut y avoir des plaisirs pernicieux : alcool, jeu…

« Le bonheur peut partir du bas en découlant de l’accumulation des conditions facilitant sa survenue (argent, santé, amis…), sans ces bases concrètes, pas de bonheur possible…  ou bien aller de haut en bas, soit ne survenir que si nos dispositions mentales nous permettent d’apprécier ce qui nous arrive, sans ces dispositions psychologiques, pas de bonheur possible. » (Christophe André)

« ‘Nul ne peut être heureux s’il ne jouit de sa propre estime’ … S’accepter, vivre en amitié avec soi-même, des relations positives aux autres (soutien social), autonomie (le bonheur s’accommode mal de la dépendance), un sentiment de contrôle sur son environnement, des buts dans l’existence, se soucier de son développement personnel (s’enrichir psychologiquement et émotionnellement). » (Christophe André – citant J. J. Rousseau)

« Il ne faut pas croire exagérément au bonheur. » (Jean Anouilh)

« Encoder du bon, engranger du bon. » (Thomas d’Ansembourg) – Pour être heureux.

« Qui a le goût de l’absolu renonce par là au bonheur. » (Louis Aragon)

« Tu connaîtras la justesse de ton chemin à ce qu’il t’aura rendu heureux. » (Aristote)

« Le bonheur est à ceux qui se suffisent à eux-mêmes. » (Aristote)

« Le bonheur ne saurait être qu’une forme de contemplation. » (Aristote – Ethique à Nicomaque) – Peut-être faut-il avoir atteint un certain âge pour apprécier cette remarque.

« Dans toute action, comme dans tout choix, le Bien est la fin, car c’est en vue de cette fin qu’on accomplit toujours le reste … Mais ce ne sont pas là des fins parfaites alors que le Bien suprême est de toute évidence quelque chose de parfait … Nous appelons parfait au sens absolu ce qui est toujours désirable en soi-même et ne l’est jamais en vue d’une autre chose … Il est ce qui se suffit à lui-même … ce qui, pris à part de tout le reste, rend la vie désirable et n’a besoin de rien d’autre … Or tel est, nous semble-t-il le caractère du bonheur … L’honneur, le plaisir, l’intelligence … sont des biens que nous choisissons sûrement pour eux-mêmes, mais nous les choisissons aussi en vue du bonheur  car c’est par leur intermédiaire que nous pensons devenir heureux. Par contre, le bonheur n’est jamais choisi en vue de ces biens, ni d’une manière générale en vue d’autre chose que lui-même. » (Aristote – Ethique à Nicomaque)

« Pour être heureux, il faut en avoir un peu l’habitude ; il faut être d’eau douce depuis l’enfance. » (Marcelle Auclair)

« Le bonheur c’est de continuer à désirer ce qu’on possède. » (saint Augustin)

« Pouvoir ce qu’on veut, vouloir ce qu’il faut. » (saint Augustin – sur la félicité)

« Partout une allégresse plus vive est précédée d’une plus vive peine. » (saint Augustin)

« Nous n’avons pas encore totalement oublié ce que nous nous souvenons d’avoir oublié. Nous ne pourrions pas rechercher un souvenir perdu si l’oubli en était absolu … L’aspiration au bonheur implique le souvenir du bonheur … Si nous gardons dans notre mémoire la notion du bonheur c’est que nous avons été heureux autrefois … Si cette connaissance est dans la mémoire … c’est que nous avons été heureux autrefois … Où donc et quand ai-je éprouvé le bonheur, pour m’en souvenir, l’aimer et le désirer ? … Nous ne l’aimerions pas si nous ne le connaissions pas. » (saint Augustin – évoquant le paradis terrestre, avant la chute)

« Celui qui aime la gloire met son propre bonheur dans les émotions d’un autre ; celui qui aime le plaisir, dans ses propres penchants ; mais l’homme intelligent dans sa propre conduite. » (Marc-Aurèle)

« Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages. » (Barbey d’Aurevilly)

« Se contenter d’être heureux, c’est plafonner ; peut-être plafonner un peu bas. » (Marcel Aymé)

« La sérénité est intérieure. C’est au-dedans de nous qu’est notre printemps perpétuel. » (Francis Bacon)

« Les voies du bonheur (la bonne vie). Le spontanéisme aspire à la spontanéité originelle de l’état de liberté, soit par inclination mystique latente, par révolte viscérale contre les apparences ou par propension psychique à tout percevoir comme un jeu futile – L’édénisme cherche la solution hors de la société, voie séculière vers un paradis terrestre, monachisme… – Pour le cosmisme (comme opposé au chaos), bien vivre c’est vivre bien, en faisant le mieux possible son métier humain, voie séculière la plus répandue dans les grandes traditions culturelles que sont les civilisations et les religions révélées, voie la plus simple et la plus immédiate pour les collectivités comme pour les individus, confondue avec l’éthique spontanée de ceux qui ne se posent pas de questions, proche du stoïcisme, défavorisée dans la modernité car établie sur la voie du devoir et de la vertu, peut se transformer en un cosmisme pur et dur, imposant et exigeant, en prométhéisme pour  explorer tout le champ des possibles et ce dans la voie de l’excellence – L’hédonisme conséquent est une ascèse du goût et de la culture, pour maximiser les récompenses tirées des expériences naturelles, ‘Faites-vous plaisir’, mais l’Epicurisme conséquent n’est pas une voie si facile. » (Jean Baechler – considérations sur les voies du bonheur)

« Le plaisir, selon Aristote, est une sensation euphorique produite par une activité conduite suivant la nature. La joie est une émotion qui emporte le psychisme tout entier, quand un sujet a le sentiment, justifié ou non, d’avoir rencontré ce à quoi il aspirait. Le bonheur est un état de quiétude et de plénitude procuré par l’assurance subjective que tous les problèmes du sujet sont résolus. » (Jean Baechler)

« Si, pour atteindre le bonheur, il faut réduire l’écart entre nos désirs et notre pouvoir de les réaliser, il est plus raisonnable de diminuer les désirs que d’augmenter le pouvoir. » (Benjamin Barber)

« Le bonheur, cette chose qui n’est jamais et qui pourtant un jour n’est plus. » (Henri Barbusse – cité par Gustave Thibon)

« Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. » (Olivier Bardolle)

« Le bonheur de l’homme commence quand il y renonce. » (Anne Barratin)

« Plus doux encore que de posséder le bonheur, le sentir s’approcher. » (Anne Barratin)

« Vouloir être heureux n’en donne pas la possibilité, mais empêche qu’on néglige l’occasion. » (Anne Barratin)

« Il s’agit pour chacun de nous qu’il trouve en soi la source cachée de l’enthousiasme. » (Maurice Barrès)

« Ce n’est que jusqu’à un certain seuil que le sentiment déclaré de bonheur croît avec les échelons de revenus. Seuil qui coïncide avec le point de satisfaction des besoins de ‘survie’ naturels ou essentiels … Au-dessus de ce seuil relativement modeste, la corrélation entre bonheur et richesse disparaît … Les habitants des pays riches et développés, dont l’économie se base sur la consommation, ne sont pas devenus plus heureux en s’enrichissant. D’un autre côté, les phénomènes négatifs et les sources de malaise (stress, dépression, long travail désocialisant, détérioration des relations, manque de confiance en soi, incertitude quant à la sécurité…). » (Zygmunt Bauman)

« Le vrai bonheur donne toujours du plaisir à un homme heureux, mais tous les plaisirs ne rendent pas l’homme heureux … Les plaisirs ne durent pas, instables, évasifs, insaisissables … le bonheur au contraire ne peut se trouver que dans la durée. » (Zygmunt Bauman)

« On pouvait croire au progrès, et à un bonheur, but et destinée de l’humanité, placé devant, et renoncer aux satisfactions immédiates dans l’optique d’un bon investissement (qui ne paraissait sûr que par la confiance en l’avenir) … Progrès  compris comme un voyage vers une destination donnée-à-l’avance, une trajectoire pourvue d’une ligne d’arrivée … La vie humaine est (ou était) propulsée et maintenue sur sa trajectoire par la soif de transcendance. » (Zygmunt Bauman) – Transcendance au sens de transgresser, dépasser les limites données actuellement.

« Le plaisir présente un avantage : contrairement au bonheur, il a le mérite d’exister. » (Frédéric Beigbeder)

« On en fait un but absolu, alors qu’il ne vient que de surcroît, on le lie à l’individu alors qu’il n’est possible que par l’estompement de celui-ci. » (Miguel Benasayag)

« Le bonheur assimilé à l’absence de contraintes … ne peut se vivre que comme un manque, une tristesse … le présent n’étant jamais que le temps lourd de l’attente. » (Miguel Benasayag)

« Depuis Platon, il signifie ‘harmonie, la coïncidence avec l’être, le dépassement des pulsions immédiates, des calculs. L’homme connaît le bonheur lorsqu’il se vit inclus dans l’être, lié à un ensemble, à un tout. Le bonheur est à présent tellement lié à l’individu heureux que cette langue nous paraît étrangère. Le leurre est total : on en fait un but absolu alors qu’il ne vient que de surcroît, on le relie à l’individu alors qu’il n’est possible que par l’estompement de celui-ci. » (Miguel Benasayag)

« Pour les penseurs contemporains, les questions dites de fondement : la vérité, le progrès, la décision et le sujet ou l’émancipation, par exemple, semblent arbitraires, lointaines et inconséquentes. Le courant post-moderne les trouve, lui, dangereuses et à bannir … ‘Soyez heureux’. Il faut être heureux, profiter de la vie, ‘s’éclater’, s’épanouir, se dépasser, se réaliser … signifiants claironnés dérivant du signifiant maître, jamais mis en cause, le bonheur … Pour pallier l’angoisse, la civilisation marchande propose des images identificatoires du bonheur : propriété privée, voyages, famille, loisirs… véritables mirages. » (Miguel Benasayag) – Encore faudrait-il que l’inculture et la vulgarité des dits penseurs contemporains (les officiels) les rendent quand même capables de penser hors des consignes reçues, pour le moins douteux.

« Toute société qui fixe la quête du bonheur comme objectif central de la vie des hommes se met par là-même en danger. Nos vies concrètes et réelles, dans lesquelles nous existons, doivent être ainsi comparées en permanence avec les images abstraites, ‘ma vie devrait être comme cela…’ … Les images identificatoires du bonheur ne peuvent produire que du malheur. Soit parce qu’il se révèle impossible pour nous de les atteindre, soit parce que, même si nous parvenons à nous y conformer exactement, nous ne parvenons pas à être heureux … Ces images opèrent une sorte de filtrage, de détournement de notre capacité perceptive vers une aperception canalisée et disciplinée. Elles apparaissent comme des mini–téléologies ‘ad hoc’ qui nous disent quelles formes correspondent au bonheur. » (Miguel Benasayag – Connaître est agir) – Télévision, publicités…

« Passé un certain niveau de bien-être, la quantité de bonheur ou de malheur au sein d’une société ne dépend guère de sa richesse. » (Alain de Benoist)

« Ni sa liberté ni sa dignité n’autorisent l’homme à voir dans le bonheur et la satisfaction la fin et l’unique bien de la vie. A vrai dire, il existe même un antagonisme insurmontable entre la liberté et le bonheur. C’est autour de lui que Dostoïevski créa la ‘Légende du Grand Inquisiteur’ (Les frères Karamazov). » (Nicolas Berdiaeff)  

« Le bonheur ; une bonne santé et une mauvaise mémoire. » (Ingmar Bergman)

« Être capable de trouver sa joie dans la joie de l’autre : voilà le secret du bonheur. » (Georges Bernanos)

« Bonheur : agréable sensation qui naît de la contemplation de la misère d’autrui. » (Ambrose Bierce – Dictionnaire du diable)

« Il faut renoncer à chercher le bonheur dans dans le sentiment immédiat de l’existence … et chercher le repos dans le monde des idées. » (Maine de Biran)

« Si le bonheur sensible fait l’intérêt et tout le but de l’existence, en quoi le méchant se trompe-t-il, s’il vit heureux dans le désordre, s’il trouve sa satisfaction et son intérêt dans le mal d’autrui ? » (Maine de Biran) – Voilà la conséquence de l’obsession du bonheur. On aboutit au relativisme le plus complet.

« Le bonheur se refroidit plus aisément dans l’instant lorsqu’il survient dans l’instant. Il rend presque toujours plus heureux avant ou après que lorsqu’il arrive. » (Ernst Bloch)

« Un bonheur n’arrive jamais seul, dit-on. – Reste à savoir par qui ou par quoi il est accompagné. S’il m’arrive une somme inespérée, je considère naturellement que c’est un bonheur, mais, presque aussitôt, je vois surgir mes créanciers et je vois ce bonheur en fuite… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, XXXIII)

 « Voici encore ce que je me suis demandé : se souvient-on du bonheur universel annoncé aux populations d’après la guerre, celui de l’ère atomique et du gouvernement mondial ? de cet avenir radieux qui nous fut certifié au prix avantageux de nos vieilles villes sans ascenseurs et malcommodes, de nos campagnes pleines de croyances, d’animaux, de paysans ? Pour le coût très modique de nos boutiques minables, de nos soirs d’oisiveté dans le silence de l’univers, de ces potagers mesquins avec leurs légumes à éplucher,  de ces artisans périmés … les agonies chez soi dans son lit… » (Baudouin de Bodinat) – « Ils sentent qu’ils ne sont pas heureux et ils espèrent toujours de le devenir par les moyens même qui les rendent misérables. » (Fénelon)

« J’ai commis le pire des péchés : je n’ai pas été heureux. » (Jorge Luis Borges)

« Le bonheur humain est composé de tant de pièces qu’il en manque toujours. » (Bossuet)

« Tant que nos besoins non matériels essentiels resteront insatisfaits, la courbe du bonheur restera obstinément basse. » (Alain de Botton)

« On peut allumer des bougies avec une seule bougies sans que la vie de cette bougie s’en trouve abrégée. On ne réduit pas le bonheur en le partageant. » (le Bouddha – cité par Tal Ben Shahar)

« Le bonheur est une de ces haltes où l’homme domine le fleuve inlassable (du temps) et où il sourit à sa destinée. » (Robert Brasillach)

« Le bonheur s’attache aux plus fragiles des aspects et naît de préférence des choses minimes et du vent. » (Robert Brasillach)

« Le bonheur ; cette provocation. » (Albert Brie)

« Le bonheur est devenu l’illusion collective de notre époque. » (Pascal Bruckner)

« Soyez heureux ! Injonction paradoxale et terrible … Nous avons tous les droits désormais sauf celui de ne pas être béats … C’est de ne pas être heureux qui est immoral aujourd’hui … Cette assignation à l’euphorie qui rejette dans la honte ou le malaise ceux qui n’y souscrivent pas.» (Pascal Bruckner)

« Notre temps raconte une étrange fable. Celle d’une société tout entière vouée à l’hédonisme et à qui tout devient irritation, supplice. Le malheur n’est pas seulement le malheur, il est pire encore, l’échec du bonheur. » (Pascal Bruckner)

« Nous ne sommes jamais sûrs d’être heureux ; se le demander c’est déjà ne plus l’être. » (Pascal Bruckner)

« Le secret d’une bonne vie, c’est de se moquer du bonheur : ne jamais le chercher en tant que tel, l’accueillir sans se demander s’il est mérité. »  (Pascal Bruckner)

« A la fameuse question de Stendhal : ‘Pourquoi les hommes ne sont-ils pas heureux dans le monde moderne ?’, nous pouvons répondre : parce qu’ils se sont affranchis de tout et s’aperçoivent que la liberté est insupportable à vivre. La liberté, parce qu’elle engage et oblige, nous tyrannise par ses exigences. Nous savons, depuis Max Weber (et Marcel Gauchet) que nous vivons dans l’univers du désenchantement … Le système libéral a riposté par une invention tout à fait originale, le ‘consumérisme’. Les loisirs, le divertissement, l’abondance matérielle constituent à leur niveau une tentative pathétique de réenchantement du monde, l’une des réponses que la modernité apporte à la souffrance d’être libre, à l’immense fatigue d’être soi. » (Pascal Bruckner)

« L’espoir du bonheur triomphe sur le déclin de l’idée de salut et de l’idée de grandeur, sur une double récusation de la religion et de l’héroïsme féodal : nous préférons être heureux plutôt que sublimes ou sauvés. » (Pascal Bruckner)

« Comment un mot d’ordre émancipateur des Lumières, le droit au bonheur, a-t-il pu se transformer en dogme, en catéchisme collectif ? … Du droit au bonheur comme impératif … Etant ‘libre’ désormais, l’homme n’a plus le choix : les obstacles sur la route de l’Eden s’étant évanouis, il est ‘condamné’ en quelque sorte à être heureux … il ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il n’y parvient pas … Le bonheur ne constitue pas seulement, avec le marché de la spiritualité, la plus grande industrie de l’époque, il est aussi … le nouvel ordre moral … Nous constituons probablement les premières sociétés dans l’histoire à rendre les gens malheureux de ne pas être heureux … Ce qui peut arriver de pire c’est de passer (toute sa vie) à côté de son bonheur sans le reconnaître. » (Pascal Bruckner) – Suite et assemblage de considérations éparses sur le bonheur.

« Le bonheur diversifié qui nous est proposé de tous les côtés et dans tous les domaines … N’est-ce pas à profusion que nous sont offertes toutes les occasions d’être heureux, culturellement, culinairement, physiquement, touristiquement, érotiquement… exerce une terreur à l’optimisme à laquelle il est difficile d’échapper. » (Annie Le Brun)

« ‘Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi’  … ‘Pourquoi n’as-tu pas été toi-même ?’ … Le trésor de l’accomplissement de l’existence,  le lieu où se trouve ce trésor est le lieu où l’on se trouve … C’est dans le milieu que je ressens comme mon milieu naturel, dans la situation qui m’est échue en partage, dans ce qui jour après jour m’arrive, dans ce qui jour après jour me réclame, c’est là que réside ma tâche essentielle, là est l’accomplissement de l’existence qui s’offre à ma portée. » (Martin Buber –reprenant la doctrine hassidique) – Et dans cet accomplissement est le bonheur, nulle part ailleurs.

« Selon la formule de Pascal Bruckner, l’idéologie du bonheur fonctionne sur une double récusation : celle de la religion et celle de l’héroïsme. Le monde moderne nous préfère heureux plutôt que sublimes et sauvés. Mais au final il aura fabriqué des dépressifs à la chaîne qu’on soigne à grand renfort d’anti dépresseurs et d’anxiolytiques. » (Patrick Buisson)

« Pour connaître la joie, il faut partager le bonheur. Le bonheur est né jumeau. » (Lord Byron – cité par Tal Ben Shahar)

« En général, les chocs de la vie rejettent l’être dans ses plans intérieurs, dans son cosmos intime, alors qu’à l’inverse les événements heureux de son existence l’aident souvent à sortir de lui-même, à parfaire son expérience des choses, des êtres et du monde, à affermir ses inter-relations avec l’ambiance qui l’entoure. » (Dr Roland Cahen)

« Bonheur : le simple accord entre un être et l’existence qu’il mène. » (Albert Camus)

« Je n’étais pas heureux à cause de ceci ou de cela mais parce que je possédais un corps et une âme en triomphe. En accord avec tout. En triomphe sur tout. Je n’étais pas heureux. J’étais le bonheur. » (Jean Cau – sur sa jeunesse)

« Le bonheur, il n’a qu’un nom vrai, ancien et moderne : la foi ; fût-elle pervertie et descendue, le temps d’un éclair, au royaume de n’importe quel rêve humain et de n’importe quelle utopie politique. » (Jean Cau) – Foi ? En quoi maintenant où tout a été détruit.

« La grande prétention au bonheur, voilà l’énorme imposture ! » (Louis-Ferdinand Céline)

« Ce qui frappe dans le discours social du bonheur, c’est l’alternance entre les aveux du cœur et les dénudations du corps. Le courrier du cœur et l’érotisme racontent le même mouvement de dévoilement,  mais sur deux registres différents … Exhibitionnisme sentimental ou sexuel. » (père Michel de Certeau)

« Qui ne sait pas prendre le bonheur quand il vient ne doit pas se plaindre quand il s’éloigne. » (Miguel de Cervantès)

« Les prétentions sont une source de peine, et l’époque du bonheur de la vie commence au moment où elles finissent. » (Chamfort)

« On est heureux ou malheureux pour une foule de choses qui ne paraissent pas, qu’on ne dit point et qu’on ne peut dire. » (Chamfort)

« Le bonheur n’est pas chose aisée. Il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs. » (Chamfort)

« Que le bonheur qu’on prend ne soit pas du malheur qu’on donne. » (Maurice Chapelan)

« Dans les sociétés traditionnelles … la souffrance est beaucoup plus répandue que dans la nôtre ; mais la souffrance humaine n’existe vraiment qu’en devenant source d’angoisse … Si les sociétés anciennes connaissaient les malheurs, la nôtre connaît le malheur. Si la mort rôdait autrefois partout, elle n’était pas un absolu ; si la vie était précaire, vérités religieuses et traditions lui imposaient la marque de l’éternité. La société qui enfermait les individus, en bornant leur vue, leur dissimilait l’abîme. Ils n’étaient pas seuls dans l’univers, ils avaient des frères et un lendemain … Avant le mal du siècle, il n’y avait que des maux, tandis que, depuis, il y a le malaise … En devenant un idéal, le bonheur devient un absolu inaccessible qui se dissipe aussitôt qu’on l’atteint.  Dans une société qui en a fait une fin au lieu d’en bénéficier par surcroît, le bonheur devient déception, insatisfaction et frustration perpétuelle … Ils s’étaient voulus libres et se constataient seuls, ayant perdu Dieu et le cherchant quand même, traqués par la mort sans pouvoir renoncer à l’éternité … la misère moderne est celle de l’individu dont les cadres se sont effondrés, l’abandonnant à lui-même sans qu’il soit capable de se donner un sens et un ordre par lui-même. » (Bernard Charbonneau)

« Les hommes seraient plus heureux si on leur parlait moins de bonheur. D’instinct, ils sont facilement contents … Mais on les tourmente avec des formules, et on a vite persuadé à chacun qu’il est malheureux… » » (Jacques Chardonne) – C’est l’ABC de la propagande politique, de façon à créer des Sauveurs ; on sait lesquels.

« A la base du bonheur il y a l’innocence : celle d’une nature bien constituée, qui élimine par  avance ce qu’il ne faut pas connaître. »  (Jacques Chardonne)

« Le vrai bonheur coûte peu ; s’il est cher, il n’est pas d’une bonne espèce. » (Chateaubriand)

« Les autres nous semblent toujours plus heureux que nous, et pourtant ce qu’il y a d’étrange, c’est que l’homme qui changerait volontiers sa position ne consentirait presque jamais à changer sa personne. » (Chateaubriand)

« Il est bien vrai que le bonheur le plus vif nous saisit surtout à certains moments passagers. » (G. K. Chesterton)

« Le suprême bonheur ici-bas ? C’est d’écouter la chanson d’une petite fille qui s’éloigne après vous avoir demandé son chemin. » (un Chinois)            

« La sagesse, que rien ne fascine, recommande le bonheur ‘donné’, existant ; l’homme le refuse, et ce refus en fait un animal historique, un amateur de bonheur ‘imaginé’. » (Emil Cioran)

« La clef du bonheur serait de ressentir une secrète volupté toutes les fois qu’on ne fait aucun cas de nous … La quête de la reconnaissance, sous quelque forme que ce soit,  n’est jamais que l’aveu d’une infirmité. » (Emil Cioran)

« Tout le monde n’est pas fait pour être heureux. » (Paul Claudel)

« Le bonheur n’est pas le but, mais le moyen de la vie. » (Paul Claudel)

« Il n’y a rien pour quoi l’homme soit moins fait que le bonheur et dont il ne se lasse aussi vite. » (Paul Claudel – Le soulier de satin)

« Le bonheur est une longue patience. » (Jean Cocteau)

 « Le premier des intérêts c’est d’être heureux, et les habitudes forment une partie essentielle du bonheur. » (Benjamin Constant)

« Les gens ne connaissent pas leur bonheur … mais celui des autres ne leur échappe jamais. » (Pierre Daninos)

« L’idée-pilote  née au XVIII° siècle, c’est ce qui nous reste quand le Paradis s’en est allé. » (Régis Debray – à propos du bonheur)

« Ce qui ne pardonne pas, c’est la croyance au bonheur. Celui de l’humanité s’entend. L’épreuve de réalité, en broyant l’illusion, broie alors le croyant. Que de désastres à porter au compte de l’optimisme. Les pires tragédies sont encore celles qu’engendre le refus de la tragédie. » (Régis Debray – La puissance et les rêves)

« Le malheur de Sisyphe n’est pas de rouler une pierre mais de rester absent de la beauté ; jamais pour lui le monde ne devient spectacle à regarder. Pour le reste,  son sort ferait bien des jaloux, car il a quelque chose à faire, et peu importe quoi. C’est la première étape du bonheur : avoir quelque chose à pousser, à planter, à cueillir, à travailler, à inventer, à aimer peut-être. Sans rien de tout cela, difficile de se confronter avec le mouvement du monde. Plus difficile encore de l’arrêter. » (Philippe Delerm)

« A bonheur on préfère ‘paix, équilibre, harmonie’. Pourquoi ? … Bonheur semble fragile évanescent. Paix serait plus profond, plus ancré, plus durable, moins menacé par la couleur des jours,  peu souvent  religieuse, mais définitive et personnelle. Les gens qui ont déjà souffert, et lentement pansé leurs blessures secrètes, n’aiment guère le mot bonheur, le trouvent niais ou douloureux, condamné à jamais par un passé trop lourd de peines. » (Philippe Delerm)

« Le malheur, c’est de perdre quelqu’un. Le bonheur, c’est d’avoir quelqu’un à perdre. » (Philippe Delerm)

« Fichte écrivait que la société parfaite et achevée n’engendrerait pas le parfait bonheur, mais une immobilité par définition privée d’espérance, et caractérisée par la détresse. Ce qui signifie que le bonheur tient davantage dans l’espérance que dans la possession. » (Chantal Delsol)

 « Le bourgeois est un renonçant … Il fait l’apologie d’une existence peu ambitieuse, dans le but d’atteindre le bonheur : rabaisser volontairement les buts afin de les atteindre à coup sûr … C’est une extinction des feux, une mise sous le boisseau des passions qui affolent, des sentiments qui font mal, des questions qui obsèdent, des mystères qui angoissent. Une décision de se réduire drastiquement … La ‘douceur démocratique’ décrite par Tocqueville, a ramené dans l’enfance les citoyens devenus adultes. Elle a produit des sociétés où les citoyens ont toujours peur de tout (principe de précaution, cellules psychologiques qui arrivent en même temps que les secours) … faiblesse générale, des tempéraments mièvres et pleurnichards, incapables de résister à la première tempête ..le bonheur consiste en un déni de la tragédie existentielle. Autre manière de dire le divertissement pascalien : le bonheur va à l’encontre de la ‘vie dans la vérité’. » (Chantal Delsol) – L’Occident. Une explication du refus de voir la réalité, et même de prononcer les mots qui la décriraient.

 « Ayant droit à tout il n’est comblé par rien, et parce qu’insatisfait, il ignore jusqu’au nom de ce qu’il cherche … Son existence ne signifie plus … Il naît dans un monde informe et insonore … dans un monde dégriffé … Protégé à l’excès, il finit par se réduire … et vit d’une existence pliée … Pour lui, le bonheur vrai résulterait de l’aplanissement de tous les obstacles, qui en général surgissent devant nos pas comme s’il en pleuvait. Aussi court-il chercher des remèdes à tout propos … Tout se passe comme si la définition du bonheur avait été littéralement confisquée par quelques idéaux jugés suffisants : la liberté, la sécurité, le bien-être matériel, la diffusion de la culture. Et comme s’il suffisait de mener ces idéaux à leur point extrême de réalisation pour conquérir un bonheur social extrême. » (Chantal Delsol – sur l’Occidental contemporain)

« Le bonheur ne se donne pas, il s’échange. » (comtesse Diane)

« Il se vante (le grand inquisiteur), lui et les siens, d’avoir supprimé la liberté pour rendre les hommes heureux. Les hommes sont naturellement révoltés ; est-ce que des révoltés peuvent être heureux ? » (Dostoïevski – Les frères Karamazov ; La légende du Grand Inquisiteur)

« Il n’y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d’un état à un autre, voilà tout. » (Alexandre Dumas – Le comte de Monte Christo)

« Davantage prêter l’oreille à la prophétie de malheur qu’à la prophétie de bonheur. » (Jean-Pierre Dupuy – interprétant Hans Jonas)

« Que fait-on avec le bonheur ? … Question sans espoir de réponse … Le plus grand génie qui ait paru en ce monde n’y répondrait pas mieux que moi. » (Jean Dutourd)

« Le bonheur et l’ordre marchent du même pas. Je veux dire que l’ordre, dans une vie, est la forme extérieure que prend le bonheur. » (Jean Dutourd) – A méditer à l’inverse devant certaines vies désordonnées. Malheur derrière ?

« Le bonheur assuré par le progrès de la science. Tous y ont droit, tous ont la promesse effective. Il n’est besoin d’aucun sacrifice, d’aucune éducation, d’aucune décision, d’aucune responsabilité … dû à tous. » (Jacques Ellul) – Ecrit alors qu’on y croyait.

« Le bonheur ne consiste pas à acquérir ni à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre. » (Epictète)

« Il n’est pas possible de vivre heureux sans être sage, honnête et juste, ni d’être sage, honnête et juste  sans être heureux. » (Epicure)

« Le sens du mot bonheur : l’entendre comme récompense et non comme but. » (Saint-Exupéry)

« Le bonheur est un mensonge dont la recherche cause toutes les calamités de la vie… C’est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer … Mais il est des paix sereines qui l’imitent et qui sont supérieures peut-être. » (Flaubert)

« Bonheur : c’est le diable qui a inventé cette idée pour faire enrager le genre humain. » (Flaubert)

« Il ne se faut jamais moquer des misérables – Car qui peut s’assurer d’être toujours heureux ? » (La Fontaine – Le lièvre et la perdrix)

« Dans le bonheur il y a du plaisir ; mais dans le plaisir il n’y a pas toujours du bonheur. » (Inès de Franclieu)

« L’être humain ne cherche pas le bonheur, mais plutôt une raison d’être heureux. » (Viktor Frankl)

« Il n’est point entré dans le plan de ‘la Création’ que l’homme soit heureux. Ce qu’on nomme bonheur au sens le plus strict résulte d’une satisfaction plutôt soudaine de besoins ayant atteint une haute tension et n’est possible de par sa nature que sous forme de phénomène épisodique. » (Sigmund Freud – cité par Pascal Bruckner)

 « Nous ne voulons toutefois point oublier que, pour semblable qu’il soit à un dieu, l’homme d’aujourd’hui ne se sent pas heureux. » (Sigmund Freud – Malaise dans la civilisation)

« Il n’est pire servitude que l’espoir d’être heureux. » (Carlos Fuentes)

« On pourrait soutenir que le bonheur humain serait tout aussi assuré par l’inefficacité de la création de besoins que par l’efficacité de la production. » (John Galbraith) – Si du moins on ramène le bonheur à la consommation.

« Que serait le récit du bonheur ? Rien que ce qui le prépare, puis ce qui le détruit, se raconte. » (André Gide)

« Rien n’empêche le bonheur comme le souvenir du bonheur. » (André Gide)

« O Seigneur ! Gardez-moi d’un bonheur que je pourrais trop vite atteindre. » (André Gide – La porte étroite)

« Il me parut que le meilleur et plus sûr moyen de répandre autour de soi le bonheur était d’en donner soi-même l’image, et je résolus d’être heureux. » (André Gide – Les nouvelles nourritures terrestres)

« Dieu n’a pas prévu le bonheur pour ses créatures. Il n’a prévu que des compensations : la pêche à la ligne, l’amour, le gâtisme… »(Jean Giraudoux)

« Qu’est-ce qui a conduit l’humanité à se convaincre que seule l’augmentation permanente de la production marchande conduisait au bonheur ? … ‘L’humanité a autre chose à faire’.» (Jacques Godbout – citant Cornelius Castoriadis) – On dirait Qui plutôt que Qu’est-ce.

« L’homme n’est pas heureux avant que son effort se soit fixé à lui-même ses limites. » (Goethe)

« Le bonheur et le malheur vont d’ordinaire à ceux qui ont le plus de l’un ou de l’autre ; et de là vient que chacun fuit les malheureux, et cherche les heureux. » (Baltasar Gracian)

« Lorsqu’on est si heureux qu’on n’a plus rien à attendre et qu’on ne sait même plus quoi désirer, il manque toutefois pour rendre un tel bonheur supportable de pouvoir encore s’endormir en espérant que demain ne sera pas le même jour qu’hier. » (Nicolas Grimaldi) – C’est peut-être pourquoi Adam a cherché autre chose.

« Le bonheur comme le malheur est en grande partie une construction mentale faite après coup. Nous n’avons presque jamais eu conscience  d’être pleinement heureux, et pourtant nous nous souvenons de l’avoir été … Le bonheur, le malheur, c’est précisément le passé, ce qui ne peut plus être ; c’est aussi le désir éternel qui ne sera jamais satisfait … Dans ces domaines, nous sommes enveloppés d’illusions sans nombre. Rien de  réel et d’absolument certain que la sensation présente. » (Jean-Marie Guyau)

« ‘L’hédonisme suppose un calcul permanent afin d’envisager dans une situation donnée, les plaisirs escomptés, mais aussi les déplaisirs possibles.’ Je croyais enfin me la couler douce et voilà que je dois me faire comptable calculateur et scrupuleux. » (Fabrice Hadjadj – citant Michel Onfray)

« Il n’est rien à quoi l’homme se laisse mener plus difficilement qu’à son bonheur. » (Hermann Hesse)

« N’ayez pas peur du bonheur ; il n’existe pas. » (Michel Houellebecq)

« Les conditions historiques n’en sont tout simplement plus réunis ». (Michel Houellebecq – Sérotonine)

« La vie vous offre une chance parfois, mais lorsqu’on est trop lâche ou trop indécis pour la saisir la vie reprend ses cartes, il y a un moment pour faire les choses et pour entrer dans un bonheur possible, ce moment dure quelques jours, parfois quelques semaines ou même quelques mois mais il ne se produit qu’une fois et une seule, et si l’on veut y revenir plus tard c’est tout simplement impossible, il n’y a plus de place pour l’enthousiasme, la croyance et la foi … demeure la sensation inutile et juste que quelque chose aurait pu avoir lieu, qu’on s’est simplement montré indigne du don qui vous avait été fait. » (Michel Houellebecq – La carte et le territoire)

« L’idée renversante et simple, jamais exprimée, que le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue. » (Michel Houellebecq – Soumission) – A l’intention de nos gamins qui s’enivrent du mot liberté et s’asservissent à tout ce qui passe de plus stupide.

« Le bonheur est un maître exigeant, surtout celui des autres. » (Aldous Huxley)

« Chacun devient responsable de son bonheur, et c’est la construction collective même d’un changement sociopolitique qui se trouve sérieusement limitée. » (Eva Illouz)

« Le bonheur est devenu partie intégrante de la nouvelle doxa qui permet aujourd’hui, par un discours scientifique, de raviver, de légitimer, d’institutionnaliser l’idéologie néolibérale de l’individualisme … La psychologie positive … Etablissant une  ‘structure de sentiments’ particulière, c’est-à-dire une manière spécifique d’être, d’agir et de comprendre le monde, qui est hautement individualiste et extrêmement émotionalisée … permettant l’établissement du lien de causalité entre bonheur et succès, la ‘spirale ascendante’ du bonheur … Transformant les citoyens en psytoyens en leur faisant porter la responsabilité des contradictions et des paradoxes  structurels qui affligent nos sociétés. » (Eva Illouz – Les marchandises émotionnelles)

« On ne trouve le repos qu’aux deux extrémités de la vie mentale ; soit dans l’inconscience, soit dans la conscience la plus extrême, dans une sorte d’extase où nous atteindrions au comble de l’objectivité, que ce soit ‘ravissement’ mystique ou extroversion esthétique. » (Vladimir Jankélévitch)

« Du moment que la victoire nous sourit, il est temps de trembler. Malheur au bonheur ! Car la chance va à la chance … jusqu’à la culbute finale … le moment où l’on aura tout à perdre et plus rien à gagner, ce moment donne un peu le vertige … Au sommet les choses ne peuvent qu’empirer … Heureux les malades, car ils seront bien portants ! … L’échec est un moment provisoire qui ne ménage que des succès … D’après la loi selon laquelle il vaut mieux avoir tout à gagner que tout à perdre, il est évident que l’échec est une situation plus enviable que le succès. » (Vladimir Jankélévitch – cité par Bertrand Vergely)

« En matière d’affaires de gravité comportant un potentiel apocalyptique, davantage prêter l’oreille à la prophétie de malheur qu’à la prophétie de bonheur (l’issue heureuse ou malheureuse peut se comparer à la probabilité d’atteindre ou de rater un but – cible – beaucoup d’échecs), accorder un plus grand poids au pronostic de malheur qu’au pronostic de salut … De façon classique, la responsabilité continue de porter certes sur ce qui a été fait, sur l’acte causal ; mais aussi sur ce qui est à faire … Là elle invoque non la cohérence de l’acte en accord avec lui-même, mais celle de ses effets sur la survie de l’activité humaine dans l’avenir … Le contrôle sur ‘cela’ implique l’obligation pour ‘cela’. » (Hans Jonas – Le principe responsabilité) – En matière écologique au sens large.

« N’est pas heureux qui ne veut l’être. » (Joseph Joubert)

« De la bonhomie. Ce que c’est. Elle consiste à ne refuser notre intérêt à rien de ce qui occupe notre attention, et notre attention à rien de ce qui est innocent. Elle est une enfance agrandie, conservée, affermie et développée. Elle est une perfection. Elle sert de bonheur à l’homme ordinaire. Elle est une source abondante de plaisirs et de délassements à l’homme occupé, au grand homme. »(Joseph Joubert)

« Nous comprenons alors quel bonheur c’est déjà pour nous autres hommes que de vivre au fil des jours en de petites sociétés, sous un toit paisible, parmi de bonnes conversations, saluées d’un bonjour et d’un bonsoir également tendres. » (Ernst Jünger – Sur les falaises de marbre) – Jeune, on ne pense pas assez à cette quiétude.

« Le bonheur est une idée neuve en Europe. » (Saint-Just)

« Bonheur : idéal de l’imagination et non de la raison. » (Emmanuel Kant)

« La première condition (du bonheur), c’est de pousser sur un sol qui soit le vôtre, mais ce n’est pas si facile à trouver. » (Kierkegaard)

« Le temps humain ne tourne pas en cercle mais en ligne droite. Et c’est pourquoi l’homme ne peut être heureux puisque le bonheur est désir de répétition. » (Milan Kundera)

« Bonheur : posséder ce que l’on aime et aimer ce que l’on possède. » (Jean-Benjamin de Laborde)

« Le bonheur pendant une bonne heure. » (Jacques Lacan)

« L’homme  jouit du bonheur qu’il ressent, et la femme de celui qu’elle procure. » (Choderlos de Laclos) – De quoi faire rugir les féministes, à juste titre pour une fois.

« Le plaisir particulier doit être choisi pour lui-même, tandis que le bonheur ne l’est pas pour lui-même, mais à cause des plaisirs particuliers. » (Diogène Laërce)

« Il ne se sent pas le droit d’être heureux … Il se sent coupable s’il est heureux … Et coupable si elle n’est pas heureuse… » (Ronald Laing)

« L’homme ne connaît le bonheur qu’après l’avoir perdu. » (Lamartine)

« Le secret du bonheur consiste à abdiquer le droit d’être heureux. » (Christopher Lasch) – Ce qu’enseigne toute religion.

« L’existence la plus heureuse est celle  qui est la plus occupée … Un esprit occupé échappe au désir inné qui autrement ne le laisserait pas sen paix ; il le détourne vers les multiples menus objectifs de la journée … la distraction est le repos du désir … L’ennui n’est rien d’autre que la privation du plaisir et l’absence de tout ce qui nous dissuade de désirer le plaisir … comparable à l’horreur du vide. » (Giacomo Leopardi)

« Pour la plupart, les gens sont aussi heureux qu’ils décident de l’être. » (Abraham Lincoln – cité par Tal Ben Shahar)

« On est passé du monde clos à l’univers infini des clés du bonheur ; voici le temps du ‘coaching’ généralisé et du bonheur mode d’emploi pour tous … C’est ainsi que le droit au bonheur s’est transformé en impératif d’euphorie créant la honte ou le malaise chez ceux qui s’en sentent exclus … La félicité despotique. » (Gilles Lipovetsky)

« L’idéal du repos, de la tranquillité jouisseuse, du bonheur facile est plat, est un idéal indigne de l’homme et plein de contradictions ; il engendrerait un mortel ennui d’où renaîtraient tous les maux. Un ‘monde tranquillement au repos’ est d’ailleurs impossible, il est incompatible avec notre univers en marche. » (cardinal Henri de Lubac – citant Teilhard de Chardin) – C’est bien pourtant l’idéal que nous propose les sociétés dites de consommation, même si ça ne va pas durer !  

« Le bonheur, c’est un rêve irrationnel et profond de l’humanité : celui d’étirer en états durables quelques instants privilégiés. » (Alfred Fabre-Luce)

« Dans une société fortement organisée, l’insatisfaction est une sorte de délit ; impolitesse au japon, ‘unamerican’ aux Etats-Unis … La satisfaction des citoyens facilite la tâche du gouvernement, qui cherche donc à la produire (c’est-à-dire à l’imposer). » (Alfred Fabre-Luce)

« Le bonheur n’est pas dans les événements, il est dans le cœur de ceux qui les vivent. » (André Maurois)

« On cherche le bonheur comme on cherche ses lunettes, quand on les a sur le nez. » (André Maurois)

« Les petits bonheurs …  Le bonheur se présente sous forme de miettes, faut-il pour autant le négliger ? » (Albert Memmi – cité par Christophe André)

« Le meilleur moyen d’être heureux est de ne pas vouloir l’être à tout prix. » (John Stuart Mill)

« Par ‘bonheur’ on entend le plaisir et l’absence de douleur ; par ‘malheur’, la douleur et la privation de plaisir. » (John Stuart Mill)

« La plupart des hommes n’ont pas de conception du bonheur. Il y a d’Alain, un livre intitulé, ‘Propos sur le bonheur’. Mais à aucun endroit de ce livre, il n’est question du bonheur … L’idée du bonheur st si forte chez la femme, qu’elle ne voit que le bonheur ; il éteint pour elle le risque … Il arrive toutefois que l’homme ait une conception positive du bonheur. Le bonheur est alors pour lui la satisfaction de la vanité. La vanité est la passion dominante de l’homme.» (Henry de Montherlant)

« Plus on est heureux et moins on prête d’attention à son bonheur. » (Alberto Moravia)

« Chagrin et joie dépendent plus de ce que nous sommes que de ce qui nous arrive. » (Multaluli)

« Depuis une vingtaine d’années, le commandement d’être heureux et de le montrer, de s’éclater, d’être décomplexé, sans culpabilité, sans regrets pour rien, sans remords envers personne, sans honte, sans nostalgie, sans inhibitions, souffle en rafales permanentes sur l’homme occidental. » (Philippe Muray) – Il s’agit toujours de fabriquer des abrutis. 

« Tant que la vie est ascendante, bonheur et instinct sont identiques. » (Nietzsche)

« C’est un signe de régression quand les valeurs hédonistes commencent à passer au premier plan. » (Nietzsche)

« Le bonheur de l’homme, c’est de dire : ‘Je veux.’ Le bonheur de la femme, c’est de pouvoir dire : ‘Il veut.’ » (Nietzsche)

« Être forcé de lutter contre les instincts (c’est là la formule de la décadence). Tant que la vie est ascendante, bonheur et instinct sont identiques. » (Nietzsche)

« Le bonheur n’est pas un but, encore moins une carrière ou une obligation, mais un don gratuit, une surprise et la récompense de ceux qui ne passent pas leur temps à le cultiver. » (Jean d’Ormesson)

« Il nous faudrait une histoire des  sentiments … à peu près impossible à rédiger … Ce qu’ils pensaient, nous parvenons encore, à la rigueur, à le reconstruire et à le comprendre. Mais ce que pouvaient signifier pour eux le bonheur, le plaisir, la souffrance, la tendresse, la résignation ou le désespoir, comment le saisirions-nous ? Comment comparer leurs sentiments et les nôtres ? … Personne ne saura jamais si les gens étaient plus ou moins heureux sans voitures et sans télé, sans nouvelles, sans argent, sans besoins et sans ambition, sans grandes espérances, mais sans illusion … S’il est permis de se prononcer sur ce mystérieux bonheur des hommes, je soutiendrais volontiers qu’ils n’ont jamais été plus heureux qu’à la fin du XIX° siècle et au début du XX°, non pas parce qu’ils l’étaient vraiment … mais parce que, enfin, après tant de millénaires, ils espéraient le devenir. Jamais, mon grand-père, qui était un homme du passé, n’aurait songé à organiser son existence autour de l’idée de bonheur  » (Jean  d’Ormesson – Au plaisir de Dieu)

« Le bonheur est calme, aussi durable que possible, plutôt ennemi du temps qui passe, parfois mélancolique. Il a quelque chose de bourgeois, d’installé, de retraité et de bovin … La joie, c’est autre chose. Loin de nous enfoncer dans le monde à la façon du plaisir et du bonheur, elle nous en détacherait plutôt … Elle éclate comme un tonnerre. Elle détruit tout sur son chemin . Elle se consume elle-même, elle s’oublie, elle se nie. Il y a quelque chose dans la joie qui ressemble à l’adoration. Elle nous élève au-dessus de nous. Elle nous transporte ailleurs. » (Jean d’Ormesson)

« Veuillez, Monsieur, ne pas nous imposer une forme de bonheur qui n’est pas la nôtre. » (un Pacha d’Algérie à quelque gouverneur des colonies d’alors)

« Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir ou nous rappelons le passé … Nous errons dans des temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient … Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé ou à l’avenir …Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. » (Blaise Pascal)

« Tous les hommes recherchent d’être heureux …  … c’est le motif de toutes les actions des hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre … Et cependant tous se plaignent … le présent ne nous satisfaisant jamais … Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur. » (Blaise Pascal – sur le paradis perdu)

« Si nous rêvions toutes les nuits la même chose, elle nous affecterait autant que les objets que nous voyons tous les jours. Et si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits douze heures durant, qu’il est roi, je crois qu’il serait presque aussi heureux qu’un roi qui rêverait toutes les nuits, douze heures durant, qu’il serait artisan. » (Blaise Pascal – Pensées – cité par Calderon de la Barca – La vie est un songe)

« Je commence à découvrir le bonheur. Il ne ressemble pas du tout à l’existence. » (Louis Pauwels)

« On devient heureux à mesure qu’on perd ses raisons de l’être. » (Georges Perros)

« Le bonheur ne vient pas à ceux qui l’attendent assis. » (Baden-Powell)

« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. » (Jacques Prévert)

« Que de bonheurs possibles dont on sacrifie la réalisation à l’impatience d’un plaisir immédiat. » (Marcel Proust)

« Ce qu’il y a de bien avec le bonheur des autres, c’est qu’on y croit. » (Marcel Proust)  

« Un bonheur si commun n’a pour moi rien de doux.

« Ce n’est pas un bonheur s’il ne fait des jaloux. » (Racine)

« Bonheur, je ne t’ai reconnu qu’au bruit que tu fis en partant. » (Raymond Radiguet)

« Le bonheur est confondu avec l’euphorie. Le bonheur s’est affaissé dans l’euphorie. … La publicité reçoit la mission de rendre les hommes euphoriques. » (Robert Redeker)

« Combien de grandes joies et de petits chagrins résisteraient à cinq minutes de réflexion ? »(Charles Régismanset)

« Être heureux est sans importance ; il s’agit de se croire heureux. » (Charles Régismanset)

« Le bonheur, la plus rapide des impressions. » (Jules Renard)

« J’ai bien connu le bonheur, ce n’est pas ce qui m’a rendu le plus heureux. » (Jules Renard)

« Bonheur, les rares instants où l’on est heureux de partout. » (Jules Renard)

« Il faut être discret lorsqu’on parle de son bonheur et s’en confesser comme s’il s’agissait d’un vol. » (Jules Renard)

« Il ne suffit pas d’être heureux, encore faut-il que les autres ne le soient pas. » (Jules Renard)

 « Il lui conseillait de lire chaque jour les faits divers pour se rendre compte de son bonheur. » (Jules Renard)

« Si on avait promis à l’homme d’avant (celui de l’ancien monde, d’avant le zombie moderne) que le fait de posséder trois autos, un téléphone portable, un accès à internet haute vitesse et deux ex-épouses allaient lui assurer le plein épanouissement de son être, il aurait pris cela soit pour un mensonge soit pour une blague. » (François Ricard) – Et effectivement, il s’agissait bien d’un énorme mensonge émis par le capitalisme et ses fidèles soutiens les libertaires- progressistes-gauchistes.

« Le bonheur est en quelque sorte ce qui met un point d’arrêt à la fuite en avant du désir. » (Paul Ricœur)

« J’ai fait la tragique étude du bonheur que nul n’élude. » (Arthur Rimbaud)

« Le nom de bonheur lui-même prouve que nos pères n’ont porté que fort tard leurs vues vers une félicité durable. Le bonheur et le malheur ne signifient, au fond, que ‘bonne’ ou ‘mauvaise heure’ ; et nous avons dit longtemps ‘bien heuré et ‘mal heuré’ pour heureux et malheureux. » (Rivarol)

« Nous n’avons le choix qu’entre des bonheurs relatifs et des malheurs transitoires. » (Louis-Philippe Robidoux)

« On n’est jamais si malheureux qu’on croit, ni si heureux qu’on espère. » (La Rochefoucauld)

« Le bonheur et le malheur des hommes ne dépendent pas moins de leur humeur que de leur fortune. » (La Rochefoucauld)

« Comme le premier pas vers le bien est de ne point faire le mal, le premier pas vers le bonheur est de ne point souffrir. » (J. J. Rousseau)

« De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d’extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence ; tant que cet état dure on se suffit à soi-mêmme comme Dieu. Le sentiment de l’existence dépouillé de toute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix. » (J. J. Rousseau)

« Malheureux, on doute de tout ; heureux, on ne doute de rien. » (Père Joseph Roux)

« Toujours le malheur rend malheureux, rarement le bonheur rend heureux. » (Père Joseph Roux)

 « Le bonheur n’arrive que d’un côté ; le malheur vient de partout. » (Père Joseph Roux)

« Quand on veut être heureux, il est important de s’intéresser à autre chose qu’à soi-même. » (Bertrand Russell)

« L’homme heureux est celui qui a tous ses besoins de nourriture satisfaits à tous les niveaux. » (Raymond Ruyer) – Nourritures matérielles, psychiques, spirituelles.

« On ferait plus de crédit aux marchands de bonheur s’ils étaient plus constants dans leurs recommandations et prescriptions. Mais ils changent trop souvent leurs remèdes-miracles … Les diététiciens, hygiénistes, psychologues, pédagogues, sociologues, experts (psy. et gourous en tout genre, maintenant les inénarrables communicants pour qui ne sait pas communiquer). Il n’est pas de ‘régime’, dans tous les sens du mot, qui n’ait été prôné, puis vilipendé, souvent par les mêmes docteurs … Les marchands de bonheur deviennent ainsi par leurs contradictions des marchands d’angoisse … ‘Vous n’avez pas assez donné d’amour à votre enfant ; mais non, vous avez été une mère trop protectrice’ … Ce qui ne change pas, chez ces experts, c’est le besoin d’importance, le ton doctoral, le jargon. » (Raymond Ruyer)

“Il reste d’une vie, d’une période de notre vie, si peu de chose qu’une image sauvée du naufrage suffit à nous consoler de la fuite du temps. Un détail possède le pouvoir de provoquer une somme de journées, de mois. Quelques images recensées, archivées, réactivées, nous livrent accès à ce que nous vécûmes en commun. Ce n’est pas par hasard qu’il s’agit souvent de gestes bénins, d’actions  sans importance. Au prix d’une sagesse tardive, nous nous apercevons que le bonheur n’était rien d’autre que leur répétition, la certitude de leur répétition. » (Pierre Sansot – Les vieux  ça ne devrait jamais vieillir)

« Je ne me sens pas chargé d’apporter des petits bonheurs privés, mais d’éviter de grands malheurs publics. » (Nicolas Sarkozy ?) – – Tel est le rôle d’un homme d’Etat, d’un Etat. Il n’est pas celui de consoler les pleurnichards.

« Le droit au bonheur, le devoir de bonheur même, sont les symptômes des sociétés sans pères, où la maternisation généralisée veille, pour le meilleur bien sûr, à ce qu’il ne nous arrive rien … Une époque qui met à ce point l’accent sur le bonheur est une époque qui va mal. » (Michel Schneider) – L’auteur a écrit fin 2001, les choses allant très vite, cette remarque, comme d’autres, date déjà. Le bonheur, nos gentils dirigeants n’osent plus guère en parler.

« On connaît maints exemples de croyants fervents qui se sont mis à douter de Dieu parce qu’un grand malheur les a frappés … Mais on n’a encore vu personne perdre la foi pour un bonheur qu’il ne méritait pas. » (Arthur Schnitzler)

« Le bonheur consiste à avoir des heures courtes et des semaines longues, et l’on parvient à ce résultat grâce au travail. » (Arthur Schopenhauer)

« L’activité est indispensable au bonheur. » (Arthur Schopenhauer)

« Les hommes sont mille fois plus occupés à acquérir la richesse que la culture intellectuelle, quoique certainement ce qu’on ‘est’ contribue bien plus à notre bonheur que ce qu’on ‘a’ …. L’essentiel pour le bonheur, c’est ce que l’on ‘a en soi-même’ … En effet, toutes les sources extérieures du bonheur et du plaisir sont, de par leur nature, eminement incertaines, équivoques, fugitives, aléatoires, parfois sujettes à s’épuiser rapidement … Bien plus, avec l’âge, presque toutes tarissent fatalement. » (Arthur Schopenhauer)

« Le bonheur, c’est le sourire des femmes. » (Louis Scutenaire)

« Quand vous aurez cessé de songer au bonheur, vous l’aurez trouvé. » (Charles Secrétan)

« Créer des rituels – Exprimer sa gratitude – Simplifiez, suivant Henry David Thoreau. » (Tal Ben Shahar – trois, entre autres, ingrédients du bonheur)

« C’est un grand bonheur de savoir goûter celui qu’on a. » (Saint-Simon)

« Il y a pire que le bonheur vendu, c’est l’obligation de paraître heureux. » (Christiane Singer)

« La finalité du bonheur du plus grand nombre, sacrifice de la liberté du choix individuel à une idéologie de la sécurité. » (Alain-Gérard Slama – s’inspirant de John Stuart Mill)

« La partie la plus importante du bonheur humain naît de la conscience d’être aimé. » (Adam Smith – Théorie des sentiments moraux)

« Le bonheur consiste dans la tranquillité et dans la jouissance. Sans tranquillité il ne peut y avoir de jouissance ; et dans une tranquillité parfaite, il n’est presque rien qui ne soit capable de procurer de l’amusement. Or dans toute situation personnelle, lorsqu’il n’y a aucune attente de changement, l’esprit de tout homme retourne … à son état naturel et habituel de tranquillité… La grande source de la misère et des désordres de la vie humaine semble naître de la surestimation de la différence entre telle situation permanente et telle autre. » (Adam Smith) – ‘Le changement, c’est maintenant’,  slogan d’escroc pour déstabiliser les imbéciles.

« Là où est la conscience, le bonheur s’enfuit. » (Sophocle)

 « La joie est le passage de l’homme d’une moindre perfection à une plus grande. La tristesse, le passage d’une plus grande perfection à une moindre. » (Spinoza)

« La sagesse se reconnait au bonheur, bonheur qui n’est pas obtenu à coups de drogues, de mensonges, d’illusions, de ‘divertissement’ au sens pascalien du terme, C’est un bonheur qui s’obtiendrait dans un certain rapport à la vérité. La sagesse, c’est le bonheur dans la vérité … C’est le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité. » (André Comte-Sponville)

« Qu’est-ce qui nous manque pour être heureux, quand on a tout pour l’être et qu’on ne l’est pas. Il nous manque la sagesse. » (André Comte-Sponville)

« La gloire ne saurait être pour une femme que le deuil éclatant du bonheur. » (Germaine de Staël)

« Le bonheur, nous dit Aristote repris ensuite par saint Thomas d’Aquin, n’est pas un bien parmi les autres, qui s’ajouterait, par exemple, à la santé, à la richesse, à l’amour. Le bonheur est bien plutôt ce qui fait de tous nos biens (santé, richesse, amour….) d’authentiques biens … Que me sert-il d’être riche, d’être en bonne santé… si je ne suis pas heureux ? Le bonheur n’est pas au bout du chemin, il n’est même pas dans le chemin … il est dans la marche, dans la joie de vivre ce qu’on doit vivre. » (Martin Steffens)

« Il est difficile de ne pas s’exagérer le bonheur dont on ne jouit pas. » (Stendhal)

« Qui n’a pas vécu avant la Révolution n’a pas connu la douceur de vivre. » (Talleyrand)

« A-t-on jamais vu l’abondance matérielle ou le défoulement sexuel tenir leurs promesses de bonheur, ou une révolution accoucher d’une société irréprochable ? » (Gustave Thibon)

« A chaque faveur de la destinée tu dois réagir par un surcroît de sévérité envers toi-même. Tout bonheur qui n’enfante pas un devoir amoindrit ou corrompt. » (Gustave Thibon)

« Tu cherches à ‘cueillir’ le bonheur. Cherche plutôt à ‘être cueilli’ par le bonheur. » (Gustave Thibon)

« Rares sont ici-bas les bonheurs qui l’emportent sur la pureté de l’espérance. » (Gustave Thibon)

« Ecris tes blessures dans le sable et tes joies dans la pierre. » (Lao Tseu)

« L’homme heureux est celui qui se retrouve avec plaisir au réveil et se reconnaît tel qu’il aime être. » (Paul Valéry)

« Comme l’a souligné Marcel Conche, une société qui peut lire dans son passé est une société en repos, sans inquiétude. Sur cette permanence se fonde le sentiment de sécurité. Au contraire, le progrès, les nouveautés apporteront le trouble. A partir du moment où l’on rêve de cité idéale et de lendemains meilleurs, se trouve tué en chacun le contentement. Dés lors, domine le mécontentement de soi et du monde. » (Dominique Venner)  – Ce qui est vrai pour les sociétés l’est aussi pour les individus.

« On parle beaucoup de bonheur. On en parle d’ailleurs trop. On joue à être heureux. Pour se persuader qu’on peut l’être … Le bonheur est devenu un objet de consommation. Il a cessé d’être une vertu. On a cessé de l’honorer comme un devoir pour le réclamer comme un droit. » (Bertrand Vergely)

« Le bonheur est insaisissable ; la sagesse sait qu’il n’existe que dans le souvenir. On ne saura qu’après qu’à telle époque on était heureux sans le savoir. » (Paul Veyne)

« Le bonheur date de la plus haute antiquité, il est quand même tout neuf car il a peu servi. » (Alexandre Vialatte)

« Autrefois, le bonheur était un sous-produit. On l’obtenait en cherchant autre chose. Aujourd’hui, on le vise directement. » (Alexandre Vialatte) – Que de progrès !

« Ce qui m’intéresse ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est le bonheur de chacun. » (Boris Vian) – Proposition incompréhensible pour un utopiste.

« Soyez gaie, acquiescez aux événements contrariants, adorez la Providence, suivez-la, ne l’enjambez pas. » (saint Vincent de Paul)

« Le bonheur est un mot composé abstrait composé de quelques idées de plaisir. » (Voltaire)

« Il est plus que temps de mettre au rancart les contes de bonne femme qui voudraient nous faire croire que la chance, le bonheur et la satisfaction sont tout ce qu’il convient de désirer dans l’existence … ‘L’homme n’est guère fait pour s’accommoder de la pure béatitude.’ » (Paul Watzlawick – citant Dostoïevski)

« Tout bonheur est un chef d’œuvre : la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l’altère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sottise l’abêtit … Tout bonheur est une innocence. » (Marguerite Yourcenar)

« Je ne supporte pas bien le bonheur. Manque d’habitude. » (Marguerite Yourcenar) – « Je me demande si mon enfermement dans le cercle étroit et obsessionnel de quelques blessures d’autant plus prégnantes que ma mémoire défaillante et ma susceptibilité à vif les ont retenues et cultivées n’explique pas en grande partie pourquoi je n’ai cessé, pour moi comme pour les autres, d’entretenir un rapport malaisé, mesquin avec le bonheur. » (Philippe Bilger) – On doit bien constater qu’Il est effectivement difficile, sinon même interdit, à certaines personnes.

« Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » (proverbe) – Qui explique parfaitement pourquoi dénonciation, délation, lynchage et autres saletés font le bonheur et la raison d’être de certaines associations, de bavards des réseaux sociaux, des milieux médiatiques en général. Ou comment quelques milliers d’individus pourrissent un pays.

« Il ne faut attendre son bien que de soi-même. » (proverbe)

« Le malheur vient à cheval et le bonheur à pied. » (proverbe)

« C’est avoir beaucoup de bonheur que n’avoir point de malheur. » (proverbe)

« Qui cherche des tracas, rare s’il ne trouve pas. » (proverbe)

« J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en claquant la porte. » (?)

« On raisonne souvent sur ses malheurs et rarement sur ses plaisirs. » (?)

« Bonheur : décision que mous prenons d’être heureux quoi qu’il arrive. » (?)

« Le bonheur consiste à ne désirer que ce qu’on peut obtenir. » (?)

« Le malheur cherche la solitude ; le bonheur est expansif. » (?)

« Le bonheur est aussi une décision que l’on prend. » (?)

« Le bonheur suppose, entre autres, une mauvaise mémoire. » (?)

« On ne construit pas son bonheur, on détruit ce qui y fait obstacle. » (?)

« Le bonheur n’est pas une destination, mais un chemin quotidien. » (?)

« Il est plus facile de fuir le bonheur que d’être heureux. » (?)

Extraits simplifiés et remaniés du livre d’Edgar Cabanas et Eva Illouz, Happycratie, comment l’industrie du bonheur  a pris le contrôle de nos vies.. La psychologie positive, bras armé de l’idéologie individualiste et de son mantra de la responsabilité personnelle ;  outil au service du néo-libéralisme … L’idéal néolibéral de l’amélioration sans fin de soi vient parfaitement s’articuler au principe de la consommation perpétuelle.

« Le bonheur peut lui aussi être construit, enseigné, appris … apparition de la psychologie positive … Non seulement la science du bonheur nous impose d’être heureux mais elle nous impute notre incapacité à mener des vies plus réussies et accomplies … le bonheur, marchandise fétiche d’une industrie mondiale (thérapies positives, littérature du ‘self-help’, prestations de coaching et de conseil professionnel, techniques de développement personnel…) … Devenir une ‘meilleure’ personne  ou mener une  ‘meilleure’ vie … Mettre l’accent sur le bonheur de l’individu ou de populations entières : stratégie visant à détourner l’attention d’indicateurs socio-économiques plus objectifs (revenus, inégalités, ségrégation…) … vernis humanisant permettant d’homogénéiser des jugements et des croyances … légitimation de l’individualisme étroitement relié au bonheur, mantra de la responsabilisation individuelle … S’intéresser bien plus à son moi qu’aux conditions et circonstance extérieures dont il s’agit de minorer le rôle (solution dite des 40%, il s’agit de la part du moi et non des circonstances extérieures),  … retrait dans la ‘citadelle intérieure’ (lequel se produit d’ailleurs lorsque le monde extérieur se révèle exceptionnellement aride, cruel ou inique) … Si la psychologie positive dit vrai, à quoi bon améliorer l’environnement , les structures sociales ? … Renversement de la pyramides des besoins, le bonheur désormais condition préalable au succès (voir les cinq niveaux de la pyramide d’Abraham Maslow, classant les besoins, en partant du plus fondamental , les besoins physiologiques, puis… rubrique Désirs , Besoins, 200,1) … Le bonheur est devenu le critère d’une vie réussie sur le plan moral comme sur le plan psychologique et l’apogée d’une existence, on ne l’atteint que par l’effort personnel, la lutte, l’aide à soi-même, la transformation des obstacles en chances à saisir … pour arriver à ‘l’auto-management’ … Cet idéal néolibéral de l’amélioration sans fin de soi vient parfaitement s’articuler avec le principe de la consommation perpétuelle … L’adaptation continuelle soutient la flexibilité nécessaire à l’environnement économique … Le bonheur, devenu norme, critère ultime de la vie saine normale et fonctionnelle, l’absence de bonheur, synonyme de dysfonctionnement ; une personne qui se sentirait bien et heureuse serait forcément un personne bonne … ‘La positivité est bonne en soi et bonne pour vous, la négativité est mauvaise en soi et mauvaise pour vous’ … La positivité, attitude tyrannique permettant d’imputer aux personnes la responsabilité de leurs infortunes et de leur impuissance … La répression de la négativité, justification des hiérarchies sociales implicites, consolidation de l’hégémonie de certaines idéologies et délégitimation de la souffrance … Valorisation des émotions positives (pourtant si la colère peut-être destructrice, elle peut aussi permettre d’affronter des injustices ou des menaces…) … Valorisation de la résilience (faculté d’affronter et de surmonter l’adversité). »

« Le bonheur est désormais envisagé comme un ensemble d’états psychologiques susceptibles d’être instaurés et commandés par la volonté … Gérer ses émotions, se montrer optimiste quant à soi et à ses capacités, se fixer des objectifs à long terme, s’envisager positivement, détecter et éloigner les pensées inappropriées, surmonter les convictions négatives, faire face aux situations et émotions difficiles … Notion de ‘capital psychologique positif’ … Le bonheur apparait désormais comme la caractéristique de l’idée que nous nous faisons du bon citoyen … Les personnes heureuses ne font pas seulement de meilleurs salariés mais aussi de meilleurs citoyens … Une personne individualiste, fidèle à elle-même, résiliente, faisant preuve d’initiative, optimiste et douée d’une grande intelligence émotionnelle … Il n’y aurait pas de problème structurel mais seulement des déficiences psychologiques individuelles, minoration des circonstances, pas de lien significatif avec le bonheur … ‘Lorsque nous accepterons enfin de reconnaître que les circonstances de la vie ne sont pas les clés du bonheur, nous serons bien plus en mesure de connaître personnellement ce bonheur’ (patrimoine génétique et conditions externes ne peuvent être changés et d’ailleurs n’en valent pas la peine de l’être, notre ‘moi’  compterait pour 40%, c’est sur lui qu’il faut opérer, changer la manière dont on pense, dont on ressent, dont on se comporte)  … L’argent n’influerait pas significativement sur le bonheur … Perdre son emploi : occasion inespérée de se transformer, de vivre une renaissance … Une nouvelle science du bonheur offrant les clefs psychologiques donnant accès au bien-être, au sens de l’épanouissement personnel, la psychologie positive (avec ses secteurs lucratifs, le coaching…) se tournant vers le marché gigantesque et inexploité des personnes ‘saines’ et ‘normales’, maximisant les potentiels de l’individualité  (même quand les choses vont bien on a besoin d’être plus heureux) … Stratégie visant à détourner l’attention d’indicateurs socio-économiques bien plus objectifs (diversion utilisée après la crise de 2008), évoquant des enjeux politiques et économiques sur un mode apparemment non idéologique, purement technique, les valeurs méritocratiques et individualistes occultant les différences de classe … La réussite du riche perçue comme une incitation … Intériorisation de la responsabilité … Obsession de l’amélioration de soi, impératif moral, besoin personnel et atout économique… Vernis humanisant à la vision déshumanisante de la technocratie … Faisant de l’individualisme la condition culturelle et éthique préalable du bonheur, et du bonheur la justification scientifique de l ’individualisme … Avec pour effet, un certain quiétisme, l’affaiblissement du tissu social, l’effet dévastateur de la solitude, le désenchantement du monde, l’obsession égocentrique  de l’amélioration de soi (façon de se discipliner à outrance et de se censurer), la pression exercée par  la surveillance permanente de soi, par l’auto-évaluation permanente des actes, des pensées, des sentiments par rapport à un objectif qui s’éloigne toujours, la vulnérabilité par l’’angoisse  (il y a toujours un défaut qui peut être corrigé, une qualité qui peut être améliorée)… La tyrannie de la positivité exige de réprimer les pensées négatives, d’où, justification des hiérarchies sociales implicites, consolidation de l’hégémonie de certaines idéologies, et aussi délégitimation et banalisation de la souffrance (si chacun est tenu pour responsable de sa souffrance, il reste peu de place pour la pitié et la compassion), des émotions comme la colère, l’angoisse, la tristesse, le chagrin deviennent indésirables  …  ‘Ne pas être heureux, ou l’être insuffisamment est aujourd’hui vécu comme une raison de culpabiliser, l’indice d’une ‘vie ratée’ (Gilles Lipovetsky), l’absence de bonheur est devenue synonyme de dysfonctionnement, le bonheur est désormais la norme, et l’individu heureux l’archétype de la normalité … Le bonheur, critère d’une vie réussie sur le plan moral comme sur le plan psychologique … Renversement de la pyramide des besoins d’Abraham Maslow (voir à la rubrique Désirs, Besoins 200, 1) :  le bonheur est désormais la condition préalable au succès. Ce n’est plus le succès professionnel qui explique le bonheur, mais le contraire ‘Le bonheur est bien la condition de la réussite professionnelle’ … Lien entre positivité et fonctionnalité, gommage de la négativité … Le bonheur, selon la  psychologie positive entraînerait une sorte d’effet Matthieu : ‘Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance’ … »

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