740,2 – Vertus / Vices

– Les quatre vertus traditionnelles de, et depuis, Platon : la prudence, la justice, la force, la tempérance

-Virtus veut dire capable de victoria.

« Vertu vient de l’italien ‘virtu’ qui signifie ‘énergie et volonté propre’, autonomie morale et intellectuelle. » (Roland Gori – reprenant Marc Fumaroli)

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« La raison, la plus haute des facultés, concourt à la plénitude de toutes les vertus. Ainsi la perfection de la vertu ne lui vient pas de la nature, mais de la raison. » (saint Thomas d’Aquin)

« Il y a dans l’homme une aptitude naturelle à la vertu, mais la perfection même de la vertu requiert nécessairement une certaine discipline pour qui veut l’acquérir. » (saint Thomas d’Aquin)

« Vice : un plaisir que l’on n’a pas goûté. » (Louis Aragon)

« La vertu est un milieu entre deux défauts. » (Aristote)

« Nous distinguons les vertus intellectuelles et les vertus morales : la sagesse, l’intelligence, la prudence sont des vertus intellectuelles, la libéralité et la modération sont des vertus morales … Nous louons le sage en raison de la disposition où il se trouve et, parmi les dispositions, celles qui méritent la louange, nous les appelons des vertus. » (Aristote) – De nos jours, nous appelons plutôt qualités les vertus intellectuelles tellement le mot  vertu écorche la bouche des bien-pensants.

« Ce n’est pas dans ce qu’il éprouve mais dans ce qu’il accomplit que se trouvent le bien et le mal d’un être raisonnable et social, tout comme la vertu et le vice ne sont pas pour lui dans ce qu’il subit mais dans ce qu’il accomplit. » (Marc-Aurèle)

« Il savait d’expérience que les hommes sont assez portés sur la vertu pour la transporter à l’intérieur même de leurs mauvaises actions et asseoir leurs turpitudes sur des bases honnêtes. » (Marcel Aymé)

« La constance est la base des vertus. » (Francis Bacon)

« Vertu : ‘une disposition permanente acquise qui rend les actions bonnes’. La vertu n’est pas innée. On ne naît pas vertueux ni vicieux, on le devient … Mais on naît avec une matière psychique plus ou moins disposée à recevoir les informations éthiques dispensées par l’éducation et l’ascèse … La disposition concerne la personne toute entière que la vertu dispose à agir d’une certaine manière. Elle porte avant tout sur la volonté… Une distinction doit être introduite entre la vertu et l’absence de vice … Utile et consolante parce que sans le secours du ‘non vice’, le dispositif humain serait gravement compromis par la probabilité faible que la vertu soit assez répandue, pour retenir la liberté de trop sombrer dans la faillibilité. Ne pas voler par vertu, c’est refuser de s’approprier le bien d’autrui … parce que ce serait une infraction à la justice … Ne pas voler par absence de vice, c’est s’en abstenir, parce que l’on risque d’être pris, que l’on dispose de ressources suffisantes … ou que l’occasion manque. Accepter l’expression de toutes les opinions est vertueux quand cet esprit de tolérance repose sur la conviction que les libertés d’opinion et d’expression sont des attributs du citoyen … Le non vice se substitue à la vertu si la tolérance se confond avec l’indifférence aux opinions, ou avec la persuasion que toutes les opinions se valent ou, plus simplement, avec un usage reçu. L’une (la vertu) est une disposition permanente acquise, qui incline au bien en connaissance de cause. L’autre (le non vice) est une disposition naturelle ou acquise, à se détourner du mal, sans aspiration au bien pour lui-même ni par conviction. » (Jean Baechler)

« Le non vice est beaucoup plus probable et plus répandu que la vertu. Si celle-ci est rare, le vice l’est aussi, car il repose, comme elle, sur de l’énergie, de la volonté et de l’intelligence, mais inversées et perverties. Le plus courant est un état gris et fade dont on ne sait s’il faut le qualifier de non vicieux ou de non vertueux, car il tient des deux à la fois. S’il est difficile et coûteux d’être vertueusement tolérant, il l’est presque autant d’être vicieusement intolérant, c’est-à-dire avec véhémence et en militant efficacement… On croise plutôt des attitudes qui inclinent à la vertu et s’accommodent de son absence … relativisme en l’occurrence et par exemple. » (Jean Baechler) – L’auteur semble opérer une subtile distinction entre le non vice inspiré par la peur des conséquences fâcheuses et la non vertu inspirée par le calcul intéressé ; positions de repli peu glorieuses mais suffisantes pour assurer aux sociétés humaines le minimum de moralité indispensable à leur perpétuation.

« Les vertueux imbéciles qui ont perdu Louis XVI. » (Balzac) – L’enfer est pavé de bonnes… La connerie s’y alimente souvent aussi.

« Ce n’est qu’au retour de Capoue qu’on peut se dire vertueux. » (Anne Barratin)

« Peut-être le vice est-il moins dangereux pour nous qu’une certaine froideur. » (Georges Bernanos – Journal d’un curé de campagne)

« Vertus : Nom donné à certaines abstentions. » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable)   

« Pauvreté n’est pas vice, dit-on. – Voudriez-vous m’apprendre, Ô mon aimable propriétaire, ce qui peut être vice ou crime, si la pauvreté ne l’est pas ?… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, V)

« Ami de la vertu plutôt que vertueux. » (Boileau)

« Les gens vertueux se vengent souvent des contraintes qu’ils s’imposent par l’ennui qu’ils inspirent. » (Gustave Le Bon) 

« Le même sentiment peut être appelé vice ou vertu suivant son utilité sociale. Etendu à la tribu, à la famille, à la patrie l’égoïsme individuel devient une vertu. L’orgueil, défaut individuel, devient une vertu collective. » (Gustave Le Bon)

« Par quelles voies les âmes ambitieuses prétendent de se distinguer, celle du vice est honteuse, celle de la vertu est bien longue. » (Bossuet)

« La vertu ordinairement n’est pas assez souple pour ménager la faveur des hommes ; et le vice, qui met tout en œuvre, est plus actif, plus pressant, plus prompt que la vertu qui ne sort point de ses règles, qui ne marche qu’à pas comptés, qui ne s’avance que par mesure … La vertu véritable est ordinairement méprisée ; car, comme elle se tient toujours dans ses règles, elle n’est ni assez souple, ni assez flexible pour s’accommoder aux humeurs, ni aux passions, ni aux intérêts des hommes : c’est pourquoi elle semble inutile au monde ; et le vice paraît bien plutôt, parce qu’il est plus entreprenant. » (Bossuet)

« Ils (les vices) sont cachés et enveloppés en cent replis tortueux, et ils ne demandent qu’à montrer la tête. Le meilleur moyen de les réprimer, c’est de leur ôter le pouvoir. Saint Augustin l’avait bien compris, que, pour guérir la volonté, il faut réprimer la puissance … car on se lasse de vouloir toujours l’impossible … une malice frustrée commence à déplaire … On se remet, on revient à soi à la faveur de son impuissance ; on prend aisément le parti de modérer ses désirs. On le fait premièrement par nécessité… » (Bossuet) – Le praticien.

« En écoutant la prédication, ils semblaient aiguiser leurs armes contre leurs vices ; au jour de la tentation, ils les ont rendues honteusement. » (Bossuet – sur certains libertins)

« Toutes ces vertus dont l’enfer est rempli. » (Bossuet)  

« Il faut se défier de toute vertu qui tend à nous fermer la bouche ou à nous retenir la main. » (Henri Boucher)

« Je veux rendre à la vertu par mes paroles ce que je lui ôte par mes actions. » (madame de Boufflers)

« Si l’oisiveté est la mère de tous les vices, qui en est le père ? » (Albert Brie)

«‘Le sophisme de la vertu supérieure des opprimés. ‘» (Gérald Bronnner-  citant Bertrand Russel) – A propos, notamment, de vidéos truquées relatant de prétendues violences policières ou de prétendues découvertes farfelues d’adolescents .

« La communication tend plutôt à  redoubler les vices qu’à augmenter les vertus. » (Giordano Bruno)

« S’il est ordinaire d’être vivement touché des choses rares, pourquoi le sommes-nous si peu de la vertu ? » (La Bruyère)

« On dit que ‘la vertu est la vertu est à elle-même sa propre récompense’. Elle mérite sûrement d’être bien rétribuée pour les ennuis qu’elle procure. » (Byron)

« On se moque de la victime autant qu’on la plaint . Il n’est vertu qui ne fasse passer pour un sot celui qui la pratique. Il est tentant de simuler seulement qu’on est honnête et, pour le reste, d’agir à sa guise. La société, la plupart du temps, ne demande pas davantage. » (Roger Caillois)

« La vertu ne peut se séparer du réel sans devenir principe du mal. Elle ne peut pas non plus s’identifier absolument au réel sans se nier elle-même. » (Albert Camus)

« Il y a peu de vices qui empêchent un homme d’avoir beaucoup d’amis autant que peuvent le faire de trop grandes qualités. » (Chamfort)

« La sagesse fait durer, les passions font vivre. » (Chamfort)

« La France, pays où il est souvent utile de montrer ses vices, et toujours dangereux de montrer ses vertus. » (Chamfort)

« Tolérer les vices de son prochain est ordinairement plus aisé que de tolérer ses travers. » (Hyacinthe de Charencey)

« On se corrige difficilement d’un vice, jamais d’un défaut. » (Hyacinthe de Charencey)

« Platon et Socrate criaient aux peuples : ‘Soyez vertueux, vous serez libres’; nous leur avons dit : ‘Soyez libres, vous serez vertueux’. » (Chateaubriand)

« Tourmentez-vous pour rétablir la vertu chez un peuple qui l’a perdue, vous n’y réussirez pas. Il y a un principe de destruction en tout. » (Chateaubriand)

« Si l’on vous dit que : ‘Tout le monde le dit’, en parlant des vices d’un homme, ne le croyez pas ; si c’est en parlant des vertus d’un homme, croyez-le. » (Chateaubriand)

« Si l’Eglise a donné‚ la première place à l’orgueil dans l’échelle des dégradations humaines, elle n’a pas classé moins habilement les six autres vices capitaux … La religion passe excellemment, de ces crimes qui attaquent la société en général, à ces délits qui ne retombent que sur le coupable. Ainsi, l’envie, la luxure, l’avarice et la colère suivent immédiatement l’orgueil ; parce que ce sont des vices qui s’exercent sur un sujet étranger, et qui ne vivent que parmi les hommes ; tandis que la gourmandise et la paresse, qui viennent les dernières, sont des inclinations solitaires et honteuses, réduites à chercher en elles-mêmes leurs principales voluptés. » (Chateaubriand)

« Certes les vices sont libérés et ils errent à l’aventure et ils font des ravages. Mais les vertus sont libérées aussi et elles errent, plus farouches encore, et elles font des ravages plus terribles encore. Le monde moderne est envahi des vieilles vertus chrétiennes devenues folles. Les vertus sont devenues folles pour avoir été isolées les unes des autres, contraintes à errer chacune en sa solitude. Nous voyons des savants épris de vérité, mais leur vérité est impitoyable ; des humanitaires uniquement soucieux de pitié, mais leur pitié est souvent mensongère… Pour être trop humain on peut devenir réellement l’ennemi de l’espèce humaine. L’homme qui ne veut pas que son cœur s’amollisse verra un jour se ramollir son cerveau. » (Chesterton)

« La vertu n’est pas l’absence de vice ni la fuite devant le danger moral. La vertu existe et vit par elle-même. La pitié ne consiste pas à n’être pas cruel … elle est une chose positive à part entière. » (G. K. Chesterton)

« La malveillance des méchants est renforcée par la faiblesse des vertueux. » (Winston Churchill)

« Il est plus aisé d’avancer avec des vices qu’avec des vertus. Les vices, accommodants de nature, s’entraident, sont pleins d’indulgence les uns à l’égard des autres, alors que les vertus, jalouses, se combattent et s’annulent, montrant en tout leur incompatibilité et leur intolérance. » (Emil Cioran)

« La pratique d’une vertu fait grandir toutes les autres ; et de même un seul vice suffit pour faire grandir tous les autres et leurs effets. » (saint Jean de la Croix)

« Qu’un oiseau soit retenu par un lien de fer ou le fil le plus léger et le plus délicat, il ne pourra prendre son vol. » (saint Jean de la Croix – sur la libération des vices)

« Lorsque nous sentons le premier mouvement ou le premier assaut de quelque vice comme la colère, nous ne résisterons pas par un acte de vertu contraire, mais par un acte ou mouvement d’amour anagogique contre le vice, élevant notre cœur à l’union de Dieu. » (saint Jean de la Croix) – Exemple de résolution dialectique.

« En vertu comme en vice ils font tout à moitié. » (Casimir Delavigne)

« ‘L’invasion des vertus douces’ (Jacqueline de Romilly), soit le remplacement des vertus protectrices du bien commun par celles protectrices de l’individu … le courage remplacé par la mansuétude, l’honneur par le pardon, l’héroïsme par l’indulgence. » (Chantal Delsol

« La vertu consiste d’abord à prendre son temps. » (André Dhôtel)

« Les vertus sont sœurs, les vices sont camarades. » (comtesse Diane)

« Chassez un clou par l’autre. » (saint Dominique ? – Pour vaincre les vices)

« La vertu est un gâteau un peu lourd pour les estomacs modernes dont on fait bien de ne prendre qu’une tranche. » (Louis Dumur)

« Je me méfie des austères : un homme qui n’a pas de vices ordinaires en a forcément de pires. » (Tony Duvert)

« On ne peut devenir riche de toutes les vertus avant que l’on ne soit devenu pauvre en toutes choses. C’est un marché honnête, un échange équitable. » (Maître Eckhart)

« La perfection de la vertu ne naît que dans la lutte … Car la vertu comme le péché résident dans la volonté. » (Maître Eckhart)

« Donnez-moi n’importe quelle série de vertus et je vous en trouverai une autre qui sera parfois en conflit avec elle. La charité peut entrer en conflit avec la justice et l’authenticité, l’amour avec la justice et à nouveau l’authenticité, l’honnêteté avec le désir de préserver la vie de quelqu’un, et ainsi de suite. En plus, nous ne connaissons jamais toutes les vertus qui pourraient donner sens à notre vie… » (Paul Feyerabend)

« Les vertus devraient être sœurs – Ainsi que les vices sont frères – Dés que l’un de ceux-ci s’empare de nos cœurs – Tous viennent à la file, il ne s’en manque guère – … – A l’égard des vertus, rarement on les voit – Toutes en un sujet éminemment placées – Se tenir par la main sans être dispersées. » (La Fontaine – Les deux chiens et l’âne mort)

« La régression de l’esprit public dans un moralisme ‘new look’ encore plus inepte et mensonger que ses versions antérieures ; la vertu aujourd’hui n’est plus seulement un masque, elle est de surcroît une marchandise. » (Marcel Gauchet)

« La vertu revient à l’ordre du jour, grâce aux efforts conjugués de chaisières d’un genre inédit et de commissaires politique improvisés, s’érigeant en gardiens de la moralité publique. » (Marcel Gauchet) – « La glaciation wokiste, venant après la glaciation stalinienne et la glaciation maoïste. » (Jacques Julliard – évoquant une troisième ‘glaciation’)

« Le héros de Cervantès ne voit jamais rien ‘tel qu’il est’, mais tel ‘qu’il devrait être’ et il fait de ce vice de l’âme sa plus haute vertu. » (René Girard)

« Vertus de mon enfance qui depuis avez changé de sexe : ‘espoir’ que je retrouve ‘attente’, ‘enthousiasme’ que je retrouve ‘indulgence’… » (Jean Giraudoux)

« Pour Benjamin Franklin, la morale est utilitaire ou n’est pas … les vertus ne sont vertus que dans la mesure où elles sont pratiquement utiles à l’individu, en particulier dans le commerce, honnêteté, ponctualité, ardeur à la besogne, tempérance… ; et c’est pour cela qu’elles sont des vertus … On pourrait conclure que lorsque l’apparence de l’honnêteté rend les mêmes services, celle-ci est suffisante… » (Roland Gori – s’appuyant sur une remarque de Max Weber sur Benjamin Franklin et la gigantesque hypocrisie américaine)

« Le Moyen âge ne connut pas nos hypocrisies. Il n’ignora rien des éternelles turpitudes, mais dit Ozanam, il sut les haïr. Il n’usa ni de nos ménagements ni de nos délicatesses ; il publia les vices, il les sculpta sur les porches des cathédrales et dans les strophes des poètes … Mais il ne roule pas la brute dans son vice ; il l’agenouille et lui fait relever la tête. » (Rémy de Gourmont) – Comparer avec l’hypocrisie, la vulgarité et la méchanceté perverse de nos lyncheurs et lyncheuses médiatiques et facebookiens.

« Les projets généreux non accrochés à un appel particulier et humble : le professeur de vertu et le bourreau des périodes révolutionnaires. » (Jean Guitton)

« Pourvu que la raison conserve son empire, tout est permis … L’action est juste et louable, puisque le vice n’est que dans le dérèglement … On reconnaît à les honnêtes gens à ceux qui, par une attention exacte, règlent toutes les actions de leur vie, et savent toujours ce qu’ils font. Au contraire, les autres errant à l’aventure et sans nul autre guide que l’impression de leur tempérament, se laissent toujours tyranniser par quelque passion brutale. » (Antoine Hamilton – cité par Marc Fumaroli)

« En fait de vertu, la laideur, c’est déjà la moitié du chemin. » (Heinrich Heine)

« De nos jours, l’appel aux vertus citoyennes et républicaines s’apparente un peu à ces cultes rendus jadis et en d’autres lieux à des dieux épuisés ou à des talismans aux pouvoirs disparus… » (Guy Hermet) – Vertus d’ailleurs toujours énigmatiques, jamais nommées…

« Quel est votre vice ? – Versa. » (réponse d’un homo notoire et spirituel)

« La vertu porte un voile, le vice un masque. » (Victor Hugo)

 « Le concept de vertu doit être défini et expliqué en fonction de l’exposé de certains traits de la vie sociale et morale, acceptés au préalable … Trois conceptions différentes des vertus … Une vertu est une qualité qui permet à un individu de tenir son rôle social (selon Homère) ; une vertu est une qualité qui permet à un individu de progresser vers l’accomplissement de son ‘telos’ spécifiquement humain, naturel ou surnaturel (selon Aristote, le Nouveau Testament, saint Thomas d’Aquin) ; une vertu est une qualité dont l’utilité est de mener au succès terrestre et céleste (selon Benjamin Franklin). » (Alasdair Mac Intyre)

« Pour produire les biens internes qui sont  leur récompense, les vertus doivent être exercées sans souci des conséquences. »  (Alasdair Mac Intyre)

« La constance est une vertu que les femmes pratiquent davantage que les hommes. Sans elle, toutes les autres vertus perdent en partie de leur sens. La constance renforce et est renforcée par la vertu chrétienne de patience, mais elle ne se confond pas avec elle … La constance nécessite une reconnaissance de la menace particulière qui pèse sur l’intégrité de la personnalité dans le monde moderne. » ( Alasdair Mac Intyre)

« Puisqu’une vertu est généralement comprise comme une disposition ou un sentiment qui nous fait obéir à certaines règles, le consensus sur les règles est toujours la condition nécessaire du consensus sur la nature et le contenu d’une vertu particulière … Ce consensus sur les règles est une chose que notre culture individualiste est incapable de trouver. »  (Alasdair Mac Intyre)

« Il ne faut pas trop songer à sa vertu si on veut rester vertueux … tant que la vertu s’abstient de chicaner sur son propre mérite, elle va droit aux bonnes œuvres, d’un pas facile et assuré. » (Vladimir Jankélévitch)

« La Rochefoucauld dépense une énergie extrême à retrouver les vices de nos vertus ; mais ne pourrai-on pas, par une dialectique inverse, dépister la vertu de nos vices … l’hypocrisie n’est-elle pas un hommage du vice à la vertu … Dans toute bonne intention il y en a une mauvaise, dans toute mauvaise une bonne. » (Vladimir Jankélévitch)

« Avoir de la vertu, c’est savoir bien faire sans que l’inclination n’y porte et s’abstenir de faire mal quoique la passion y pousse. » (Joseph Joubert)

« La vertu, c’est la santé de l’âme. » (Joseph Joubert)

« La vertu et le vice sont parents comme le charbon et le diamant. » (Karl Kraus)

« Comme les Romains de la fin de la République, ’nous ne pouvons plus supporter ni nos vices ni leurs remèdes’. » (Serge Latouche – sur la modernité – citant Jacques Ellul, lui-même citant Tite-Live)

« La vertu connaît le vice et la vertu, tandis que le vice ne connaît que le vice. » (Louis Lavelle)

« Aucune justification de la vertu ne permettra à un homme d’être vertueux. Sans l’aide d’émotions bien entraînées, l’intellect est impuissant avec ce que nos réactions ont d’animal. Je préfère jouer aux cartes avec un homme qui est très sceptique vis-à-vis de la morale, mais élevé dans la conviction qu’un ‘gentleman’ ne triche pas, qu’avec un philosophe aux théories morales irréprochables qui a grandi au milieu de tricheurs. » (C. S. Lewis)

« L’intelligence humaine n’a pas davantage le pouvoir d’inventer une nouvelle valeur qu’elle n’en a d’imaginer une nouvelle couleur primaire ou de créer un nouveau soleil… » (C. S. Lewis) – Que vont devenir nos politiques si on les prive de leur magie (verbale) ?

« Là où la vertu pousse à l’état sauvage. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« La charité, la dernière vertu théologale … la foi donne force et confiance, l’espérance toujours bienveillante, jamais désespérée donne la sérénité … La charité, elle, nous rebute, nous inquiète et nous lasse ; aucune excuse, aucune échappatoire, aucun discours d’excuse ne vaut : j’aime ou je n’aime pas, je donne  ou je ne donne pas  … Ce n’est pas un hasard si toutes les paraboles du Jugement dernier jouent non sur la foi ni sur l’espérance, mais sur la charité, seul critère, seule épreuve. » (Jean-Luc Marion)

« Il y a souvent un vice jugulé, dominé, à la source de vies admirables. » (François Mauriac) – Confession ?

« C’est une vertu que de plaire. » (André Maurois)

« Cet ensemble précis de vertus traditionnelles ; telles, par exemple, que l’honnêteté, la générosité, la loyauté, la bienveillance ou l’esprit d’entraide ; vertus auxquelles les ‘gens ordinaires’, ajoutait Orwell, attachent beaucoup plus d’importance que les intellectuels des classes possédantes. » (Jean-Claude Michéa – sur le concept Orwellien de common decency)

« Tous les vices à la mode passent pour des vertus. » (Molière – Don Juan)

« Même la vertu doit comporter ses limites. » (Montesquieu)

« Chaque vertu cardinale de l’homme est pour lui une cause de solitude. L’intelligence isole. L’indépendance isole. La franchise isole. Le courage isole. La sagesse isole. » (Henry de Montherlant)

« Avec leurs grands airs et leur obstination, la fidélité, la rigueur, la tradition ne menaient plus au succès, elles ne menaient qu’à l’échec. Nous avions été jusqu’à aimer l’échec parce que nous aimions ces vertus qui avaient fait notre grandeur. » (Jean d’Ormesson) –   Depuis le règne des fripouilles, que chacun datera à sa convenance.

« La liberté des mœurs avait pris des allures de ravages et de destruction. La débauche, jadis, était pleine d’allégresse ; elle était une image et une expression de la force et de la vie. Voilà qu’elle passait lentement du côté de la mort et du désespoir … Sous la gaieté et les trépidations un goût de la fuite et des vertiges, une fascination des tourbillons, une soif ardente d’étourdissement. On eût dit que nous cherchions sans cesse à oublier quelque chose … Nous étions les énervés d’une civilisation fatiguée. Fatiguée d’elle-même, fatiguée de nous. » (Jean d’Ormesson) – Dès les années 1930… Le vice a perdu son amabilité.

« Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contrepoids de deux vices opposés, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires : ôtez un de ces vices, nous tombons dans l’autre. » (Blaise Pascal)

« Il y a des vices qui ne tiennent à nous que par d’autres et qui, en ôtant le tronc, s’emportent comme des branches. » (Blaise Pascal)

« Quand on veut poursuivre les vertus jusqu’aux extrêmes de part et d’autre, il se présente des vices qui s’y insinuent insensiblement … De sorte qu’on se perd dans les vices, et on ne voit plus les vertus. On se prend à la perfection même. » (Blaise Pascal)

« Ceux qui s’appuient sur l’âme pour nier le corps n’ont ni âme ni corps, ce sont nos vertueux. » (Charles Péguy)

« La pratique d’un même vice crée de solides liens entre deux hommes. » (Charles Régismanset)

« L’homme naît avec ses vices ; il acquiert ses vertus. » (Jules Renard)

« La métamorphose de la consommation de vice en vertu est l’un des plus importants événements sociaux (et l’un des moins étudiés) du XX° siècle. » (Jeremy Rifkin – cité par Jacques Godbout) – L’escroquerie de la fameuse croissance, le mythe aussi despotique que nocif du développement (au moins pour les déjà développés, soit les Occidentaux)

« Ce monde exhibe sa vertu pour cacher ses vices. Il ne produit que des interdits, des intimidations, de la désinformation, des désordres en pagaille. On lui doit les nouvelles guerres  des races, des sexes, des religions, des territoires, préludes à la guerre civile qui vient.» (Ivan Rioufol) 

« Une des propriétés de la vertu, c’est de ne pas exciter l’envie. » (Rivarol)

« Les vices sont plus souvent des habitudes que des passions. » (Rivarol)

« On a distingué les vertus en deux classes : celles qui ne sont utiles qu’à nous, comme la tempérance, la prudence, la vigilance, et celles qui sont utiles aux autres, comme la justice, la bienfaisance, le dévouement. Ce qui n’est utile qu’à nous n’est pas une vertu. » (Rivarol)

« Ce grand homme (le comte de Mirabeau) a senti de bonne heure que la moindre vertu pouvait l’arrêter sur le chemin de la gloire, et jusqu’à ce jour, il ne s’en est permis aucune. » (Rivarol)

« Quand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c’est nous qui les quittons. »(La Rochefoucauld)

« Ce qui nous empêche souvent de nous abandonner à un vice c’est que nous en avons plusieurs. » (La Rochefoucauld)

« La vertu n’irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie. » (La Rochefoucauld)

« Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer. » (La Rochefoucauld) – Citation archi-connue, mais ne pouvait être négligée.

« Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise. » (La Rochefoucauld)

« Ce sont les petites précautions qui conservent les grandes vertus. » (J. J. Rousseau)

« Il n’est pas si facile de renoncer à la vertu ; elle tourmente longtemps ceux qui l’abandonnent. » (J. J. Rousseau)

« Il ne faut rien accorder aux sens quand on veut leur refuser quelque chose. » (J. J. Rousseau)

« Je n’accuse point les hommes de ce siècle d’avoir tous les vices ; ils n’ont que ceux des âmes lâches ; ils sont seulement fourbes et fripons. Quant aux vices qui supposent du courage et de la fermeté, je les en crois incapables. » (J. J. Rousseau)

« ‘Le vice entretient l’esprit d’invention’ , il est, comme moyen, préférable à une vertu immobilisante. » (Frédéric Rouvillois – citant Bernard Mandeville et sa Fable des abeilles) – Thème très progressiste. N’est-ce point une des multiples raisons pour lesquelles nos sociétés modernes font la promotion du vice ?

« La vertu telle belle qu’elle soit, quand elle devient malheureusement trop faible pour lutter contre le vice, devient le plus mauvais parti qu’on puisse prendre. » (marquis de Sade)

« L’inceste resserre les liens de famille. » (marquis de Sade) – Odieux, mais je n’ai pu résister.

« Entre toutes les vertus, nous devons préférer celles qui correspondent à notre devoir plutôt qu’à notre goût. » (saint François de Sales)

« Chaque vertu est un milieu entre deux vices : la piété entre la superstition et l’incrédulité, la prudence comme le courage entre la peur et la témérité, la liberté entre la servitude et la licence, la justice entre la rigueur et la faiblesse. Le bonheur est au bout du chemin. Les abîmes du malheur en bordent les deux côtés. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Le vice a mille formes, un seul résultat : l’homme se déplaît à lui-même. » (Sénèque)

« Le plaisir n’est pas la récompense de la vertu, ni son motif, mais quelque chose qui s’ajoute à elle. La vertu n’est pas choisie parce qu’elle fait plaisir, mais si on l’a choisie elle fait plaisir. » (Sénèque)

« Il n’y a pas de vice si simple qui ne s’affiche des dehors de vertu. » (Shakespeare)

« La vertu est plus à craindre que le vice, car ses excès ne sont pas soumis au règlement de la conscience. » (Adam Smith)

« Cet effort vers le mieux qui se manifeste, en dépit de l’absence de toute récompense personnelle, immédiate et proportionnelle, constitue la vertu secrète qui assure le progrès continu dans le monde. Que deviendrait l’industrie moderne s’il ne se trouvait d’inventeurs que pour des choses qui doivent leur procurer une rémunération à peu près certaine ? » (Georges Sorel – prenant l’exemple des humbles soldats des guerres de la Révolution et même de l’Empire, des constructeurs de cathédrales dont on ignore les noms…)

« La béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu même ; et ce n’est pas parce que nous contrarions les appétits lubriques que nous jouissons d’elle, c’est au contraire parce que nous jouissons d’elle, que nous pouvons réprimer les appétits lubriques. » (Spinoza – L’Ethique)

« Toute vertu est un sommet, entre deux vices, une ligne de crête entre deux abîmes : ainsi le courage, entre lâcheté et témérité, la dignité, entre complaisance et égoïsme, ou la douceur, entre colère et apathie. » (André Comte-Sponville)

« Le courage et la modestie sont les deux vertus les moins équivoques, parce que l’hypocrisie ne saurait les imiter. » (Laurence Sterne)

« Dire d’un homme qu’il n’a point de vices, ce n’est pas dire qu’il a des vertus. » (baron de Stassart)

« Le mal s’apprend sans maître ; la vertu, en revanche, s’acquiert péniblement. » (Synésius de Cyrène – cité par Lucien Jerphagnon)

« Je m’appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n’ayant pas la facilité d’en pratiquer de grandes, ainsi j’aimais à plier les manteaux oubliés par les sœurs. » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)

« Au Moyen Âge on obéissait à Dieu à travers le péché ; aujourd’hui on obéit au diable à travers même les vertus. Exemple : les idées ‘généreuses’ des réformateurs sociaux qui mènent au chaos, puis à la tyrannie. » (Gustave Thibon)

« Il y a deux sortes de vice : les péchés commis sans plaisir et les vertus pratiquées sans amour. » (Gustave Thibon)

« La verut porte un voile, le vice un masque’. Quel masque, celui de la vertu, bien sûr. » (Gustave Thibon – citant Victor Hugo)

« Bien souvent, les vertus les plus vivantes, les plus rayonnantes, sont aussi les plus fragiles et les plus menacées. Pourquoi ? C’est que la vertu vivante est une ascension ; elle a donc l’élan et le magnétisme de la vie, mais elle en a aussi l’instabilité, car toute ascension comporte un danger de glissement et de chute. Celui qui s’incruste au flanc du mont et y bâtit sa demeure ne risque pas de tomber : sa vertu immobile a la sécurité des tombeaux. Aussi peut-on dire sans paradoxe qu’une vertu qu’on n’est plus exposé à perdre mérite à peine d’être possédée. » (Gustave Thibon)

« Bassesse et profondeur. – Rien n’est plus banal que le mal : c’est surtout à force de sottise et d’étroitesse que le vice est répugnant. L’enfer est un plat pays. En dépit de tous les romantismes, la bassesse ne s’identifie jamais avec la profondeur. » (Gustave Thibon)

« Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. » (Henry David Thoreau)

« Si nous avons perdu les vertus de Gehtsémani, il vaut certainement mieux pratiquer celles de Sparte ou du Walhalla que de n’en pratiquer aucune … Une foi barbare vaut mieux que pas de foi du tout. » (Arnold Toynbee) – Plutôt que le vide abêtissant actuel.

« On nous lisait aujourd’hui au réfectoire que les vertus méditées et non pratiquées nous sont plus nuisibles que profitables. Pour devenir vertueux il est expédient de faire de bonnes résolutions de pratique sur les actes particuliers, et d’être fidèle à les accomplir. Sans cela, on ne l’est souvent que par imagination. » (saint Vincent de Paul)

« La vertu s’avilit à se justifier. » (Voltaire – Œdipe)

« La gentillesse est la plus agréable de toutes les vertus, parce qu’on n’y sent pas un attribut moral mais un don. » (?)

« Le luxe, comme le besoin, est un obstacle à la vertu. Seule la classe moyenne peut observer la vertu (la bourgeoisie par opposition à l’aristocratie). » (?) – Jadis peut-être. Aujourd’hui la classe moyenne est vraiment devenue trop moyenne.

« On corrige bien plutôt les vices que les faiblesses. » (?)

« Les vices d’autrefois sont les mœurs d’aujourd’hui. » (?)

« C’est dans la vertu qu’on rencontre les pires excès. » (?)

« Nous voudrions devenir vertueux sans la moindre peine. » (?)

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