– Particulièrement en Histoire, comme dans les matches de football, ce qui est succès pour les uns est échec pour les autres. Le triomphe des Grecs sur les Perses, les conquêtes d’Alexandre, la domination romaine, à un moindre degré les conquêtes de la Révolution française et de Napoléon… se sont certainement payées de destructions de civilisations ou de disparitions de communautés.
– Savoir digérer les premiers sans cependant s’endormir sur ses lauriers.
– La réussite dépend beaucoup de la motivation, comme de l’harmonie du couple goût et don dont nous disposons sur la question.
– Si succès et échecs fondent l’estime de soi, ils dépendent aussi du niveau de celle-ci à un moment donné. Interaction constante entre les uns et l’autre, entre l’autre et les uns.
– La réussite se construit pas à pas, la chute peut survenir lors de chacun. Un faux mouvement et la pyramide de cube en cours de patiente édification est par terre. Si Pierrette avait fait attention à sa marche, elle aurait eu veau, vache, cochon, couvée (La Fontaine – La laitière et le pot au lait)
– Lorsque c’est l’échec qui est probable, nous n’en avons pas peur et paradoxalement nous devenons capables de tout, de beaucoup d’audace. Inversement, dans une situation où c’est le succès qui est probable, normal, nous avons peur d’échouer et nous risquons de faire d’énormes bêtises.
– Tirer les leçons de ses échecs inévitables. Il y a en effet une fécondité de l’échec – même s’il vaut mieux ne pas cultiver cette sorte de fertilité. Il remet en cause nos méthodes pas notre être. La réussite plaît ; elle ne grise pas, ne monte pas à la tête ; on reste tel qu’en soi-même, ou presque. L’échec atteint, ennuie, gêne ; il ne nous effondre pas, ne nous diminue pas ; on reste tel qu’en soi-même…
-L’effet Pygmalion, le simple fait de croire en la réussite de quelqu’un améliore ainsi ses probabilités de succès, ce en améliorant ses performances, que la croyance émane d’une autorité externe ou de l’environnement du sujet … Type même de prophétie autoréalisatrice. – Il existerait un effet inverse, l’effet Golem, un potentiel jugé limité par une autorité ou l’environnement dégraderait les performances et réduirait les objectifs du sujet..
– « L’effet dit ‘Effet Matthieu’ (du nom de la parabole des Talents dans l’Evangile de Matthieu, Mt. 25 : 14-29 – ‘A celui qui a , on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a’: ce phénomène répandu qui consiste à attribuer à quelques grandes figures non seulement les découvertes et travaux qu’elles ont effectivement réalisés, mais encore d’autres qui ont été accomplis par des personnes moins connues, dont le nom et le rôle tombe dans l’oubli. » (Olivier Rey – rendant hommage à Léopold Kohr, brillant analyste resté inconnu de la dynamique néfaste du progrès et de la croissance, initiateur d’Ivan Illich). Phénomène d’accumulation des succès, comme des échecs.
– Méfions-nous du succès (matériel, de notabilité,…) non pas en lui-même mais parce qu’il risque fort de nous amener à négliger ceux restés plus humbles dans notre entourage (familiail, parentèle…), Ceux-ci, très généralement, comprendront et ne nous en voudront pas, mais, plus tard et trop tard, nous regretterons amèrement nos négligences. Souvenons-nous et imitons plutôt la reconnaissance qu’avait l’empereur Marc-Aurèle : ce que je dois ; de mon grand-père…. de mon précepteur… de Diognète…. de Rusticus… (Pensées pour moi-même –début du livre I)
– On peut aussi se demander longtemps après comment les choses auraient tourné si on avait réussi, ou échoué, dans telle entreprise qui fût alors un échec ou un succès, peut-être pas comme on le prévoyait, l’espérait, le craignait, alors ? Peut-être aussi pas comme le monde l’a perçu (je me permets de penser humblement à la crucifixion du Christ, échec pour le monde). « Les circonstances ont tellement changé depuis, que j’eusse commis une faute bien plus grave si je ne m’étais pas trompé alors. Il en arrive ainsi assez fréquemment dans la vie… » (Goethe – à propos d’une de ses erreurs)
« Les conditions de réussites, soit d’avoir acquis un statut social élevé, n’ont rien de permanent ni d’universel. » (Alain de Botton) – Aujourd’hui elles sont étroitement liées à la capacité d’imbécillité et de vulgarité : voir vedettes des émissions de télé-réalité, footballeurs, dont la seule excuse à leur petitesse est leur jeunesse ajoutée à la cupidité de leur entourage. Jadis : la sagesse, la bravoure le souci du bien commun et du service public…
– Distinguer : réussir sa vie et réussir dans la vie.
-« Le pire ennemi du succès, c’est le succès lui-même. » (?)
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« L’important n’est pas ce qu’on réussit, c’est ce qu’on essaie. » (Marcel Achard)
« Je ne suis pas content parce que j’ai réussi, c’est parce que j’étais content que j’ai réussi. » (Alain)
« Hygiène du succès. L’indépendance face au succès ne peut qu’aller de pair avec une liberté travaillée face à l’échec … On peut se vacciner contre la déception, devenir à la fois, non pas indifférent, mais calme et lucide face à l’échec, et de même face au succès. » (Christophe André)
« Pour notre doctrine, notre parti, recherchons le succès, jamais le triomphe ! » (Lucien Arréat)
« Mieux vaut avoir du caractère que du succès, et les temps ne favorisent guère la double appartenance. » (Olivier Bardolle)
« Le succès est bavard par tempérament. » (Anne Barratin)
« Réussir nous dispense d’avoir à nous expliquer. »(Anne Barratin)
« Il est des jours où tout réussit ; semblables aux flatteurs, comme ils sont dangereux ces jours ! » (Anne Barratin)
« Avoir modestement raison, c’est le plus grand succès. » (Anne Barratin)
« Un acte, une habitude, une institution, une loi n’engendrent pas seulement un effet, mais une série d’effets. De ces effets, le premier seul est immédiat, il se manifeste simultanément avec sa cause, on le voit. Les autres ne se déroulent que successivement, on ne les voit pas ; heureux si on les prévoit … Il arrive presque toujours que, lorsque la conséquence immédiate est favorable, les conséquences ultérieures sont funestes, et vice-versa. Le mauvais économiste poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d’un grand mal à venir, le vrai économiste poursuit un grand bien à venir au risque d’un petit mal actuel. Du reste il en est ainsi en hygiène, en morale, plus le premier fruit d’une première habitude est doux, plus les autres sont amers. » (Frédéric Bastiat – Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas – 1850) – Ainsi nos politiciens agissent-ils. Quand les conséquences nocives se révèleront, ils auront passé la main à leurs successeurs, eux-mêmes ayant empoché les bénéfices de leur mauvaise action initiale. Bravo la démocratie et les pièges à Gogos que sont l’alternance et le renouvellement.
« La difficulté de réussir ne fait qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre. » (Beaumarchais – Le barbier de Séville)
« On assiste aujourd’hui à l’émergence d’un romantisme de la dureté, d’une religion du succès. La volonté qui se réalise comportant, de ce seul fait, une valeur morale, cependant que celle qui échoue est, de ce fait, digne de mépris. » (Julien Benda)
« La notion de réussite, réussite exclusivement matérielle et sociale, remplace celle de supériorité. Elle conforme l’optimisme ambiant. On n’aime pas les meilleurs, on n’aime que les gagnants : ceux qui réussissent sans jamais cesser ‘d’être ‘comme tout le monde’. » (Alain de Benoist)
« Le succès n’est pas un nom de Dieu. » (Benoît XVI)
« Le succès est encore plus difficile à porter qu’à atteindre ; il devient vite, non un tonique, mais un toxique. » (Emmanuel Berl)
« Pour s’attacher les gens, il faut leur donner en permanence l’image concrète du succès. Ils plébiscitent les ‘condottieri’ et ils en redemandent partout : dans la finance, dans les jeux du cirque, à la tête de l’Etat… » (Silvio Berlusconi)
« C’est bien d’avoir du succès. D’être un homme qui réussit. Mais je ne crois pas que tout homme qui obtient du succès soit un homme qui a véritablement réussi. C’est là une curieuse nuance, que l’opinion publique ne saisit pas. » (Heinrich Böll) – Effectivement, on peut très bien susciter et recueillir les applaudissements des foules et avoir échoué lamentablement dans le service du bien commun, dans le respect d’un minimum de décence et d’honnêteté, dans sa vie personnelle. On applaudit très fort Daladier au retour de Munich en 1938.
« Reculer devant l’effort qu’on croit inutile, c’est renoncer d’avance à tout succès. » (Gustave Le Bon)
« En politique comme dans la vie le succès appartient généralement aux convaincus, rarement aux sceptiques. » (Gustave Le Bon)
« Quoi de mieux, pour obtenir la ‘réussite pour tous’, que de changer la définition de la réussite. » (Laetitia Strauch-Bonart – sur l’école mais on peut étendre) – C’est le bac pour 80% d’une classe d’âge. Quelle humiliation pour les 20% restants !
« Les réussites ne sont pas attribuées, comme par le passé, à la ‘chance’, à la ‘providence’ ou à ‘Dieu’ ; ce qui reflète la tendance des sociétés laïques modernes à croire plutôt au ^pouvoir de la volonté individuelle. » (Alain de Botton) – La culpabilisation dans les sociétés méritocratiques
« Le biais d’auto-complaisance. Nous avons tendance généralement à nous attribuer nos succès, tandis que nos échecs nous semblent attribuables à des facteurs externes (éléments internes à l’entreprise contre situation économique générale ou concurrence déloyale ; victoires et échecs d’équipes sportives ; etc.). » (Gérald Bronner, Etienne Géhin)
« Pas plus qu’il ne faut accabler ses proches avec le récit de ses infortunes, il ne faut les écraser des pompes de sa réussite. » (Pascal Bruckner)
« La tentation est grande de convertir le hasard en verdict et la chance qui nous atteint en signe d’élection. » (Pascal Bruckner) – Capitalisme. L’argent tribunal de la valeur personnelle. La réussite, signe d’élection chez les protestants
« Renversement de la pyramides des besoins, le bonheur désormais condition préalable au succès. (Cabanas, Illiouz – Happycratie, l’idéologie du bonheur) – Voir les cinq niveaux de la pyramide d’Abraham Maslow, classant les besoins, en partant du plus fondamental, les besoins physiologiques, puis… rubrique Désirs , Besoins, 200,1
« Celui qui réussit n’entend plus que les applaudissements. Il est sourd à tout le reste. » (Elias Canetti)
« Les succès produisent les succès, comme l’argent produit l’argent. » (Chamfort)
« On croit communément que l’art de plaire est un grand moyen de faire fortune : savoir s’ennuyer est un art qui réussit bien davantage ; le talent de faire fortune comme celui de réussir auprès des femmes. »(Chamfort)
« Le succès n’est pas fait pour l’homme. On ne le supporte qu’en l’ignorant, à force d’exigence. » (Jacques Chardonne)
« Quand vous entendez le bruit des applaudissements, vous savez qu’il est temps de s’en aller. » (Jacques Chardonne) – Grande sagesse.
« La médiocrité des sentiments et l’absence d’idées personnelles constituent sans doute d’excellents moyens de réussir, mais il faudrait avoir l’esprit de n’en pas abuser … Pour réussir dans le monde la médiocrité de l’esprit constitue une qualité bien précieuse mais non indispensable : celle du caractère suffit … On réussit assez souvent par ses défauts, quelquefois par ses qualités, jamais ou presque par ses vertus. » (Hyacinthe de Charencey)
« L’homme est aussi trompé par la réussite de ses vœux que par leur désappointement. » (Chateaubriand)
« Rien n’échoue comme le succès. » (G. K. Chesterton)
« Le culte du succès est le seul de tous les cultes possibles dont il soit vrai que les partisans sont condamnés à devenir des esclaves et des lâches. » (G. K. Chesterton) – Un peu rigide.
« Les Anciens se méfiaient de la réussite non seulement parce qu’ils craignaient la jalousie des dieux mais encore le danger de déséquilibre intérieur lié à tout succès comme tel. Avoir compris ce péril, quelle supériorité sur nous ! »(Emil Cioran)
« Au plus vif du succès ou de l’échec, se rappeler la manière dont on a été conçu. Rien de tel pour triompher de l’euphorie ou de la grogne. » (Emil Cioran)
« J’ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès. » (Emil Cioran)
« Le succès fut toujours un enfant de l’audace. » (Jolyot de Crébillon)
« Tous les Français qui accèdent à des responsabilités sont suroccupés, et ceux qui veulent y accéder ou veulent avoir l’air d’y être parvenus le sont plus encore … Dans un tel cercle vicieux, l’encombrement devient une drogue et un signe même de la supériorité de ceux qui sont ‘in’. » (Michel Crozier) – L’encombrement devient une valeur en soi.
« Croire au développement d’une société plus créatrice et moins conformiste ne signifie pas du tout croire à la venue de l’harmonie, tout au contraire. Créativité et non-conformisme ne sont pas des valeurs rassurantes … Les hommes en effet ont beaucoup de mal à accepter de faire face sans échappatoire possible à la mesure des performances qui les engagent le plus. Être complètement responsable de son propre succès qui témoigne de votre ‘créativité’ et non de votre astuce et de vos relations peut soulever plus de problèmes que le conformisme dont nous nous plaignons et ce mélange si répandu d’agressivité et de récrimination qui caractérise le rôle de sous-fifre malchanceux dans lequel tant de nos contemporains se complaisent. Pour toutes ces raisons, on peut penser que des tensions de plus en plus fortes risquent de se développer au sein des sociétés postindustrielles. La crise morale que nous vivons n’en est que le prodrome… » (Michel Crozier – La société bloquée)
« Ce qui nous rassemble est ce qui nous dépasse, mais ce qui nous dépasse n’a souvent ni queue ni tête. Les valeurs de communion valent bien quelques bévues intellectuelles … Si tu veux pouvoir aller jusqu’au bout de toi-même, préserve en toi la part du feu, d’une foi, d’une ferveur, d’un élan… Qui croit en quelque chose se croit lui-même beaucoup plus qu’il n’est, condition du succès. Pour se donner une chance, rien de tel que de se monter le bourrichon. » (Régis Debray)
« Pactiser avec la sottise est le meilleur moyen de s’assurer le succès. » (Louis Dumur)
« Succès des autres : injustice à notre égard. » (Louis Dumur)
« Le succès précipite l’opinion de ceux qui n’en ont pas. » (Louis Dumur)
« Les succès d’amour ont ce désavantage sur les autres qu’il est défendu de s’en faire gloire. » (Louis Dumur)
« Les méritocrates pensent que l’homme du ressentiment est enclin à priser très haut ses propres mérites, très bas ceux de ses pareils : c’est prendre le discours de l’envieux pour la vérité de l’envie. Dans les sociétés paysannes traditionnelles, et selon Foster, on impute les succès de l’autre au hasard, à la bonne fortune ou bien à la protection de telle personnalité … Ce sont de bonnes raisons parce que, ne mettant pas en jeu les mérites individuels, elles préservent la cohésion sociale … Mais ceux qui les invoquent ne croient pas eux-mêmes que ce sont les vraies raisons. Ils sont les premiers à juger que celles-ci tiennent à leur insuffisance personnelle. » (Jean-Pierre Dupuy) – Mais sans jamais l’avouer, ce serait insupportable. Il convient donc de faire semblant de croire à ces alibis.
« Qu’il soit Premier ministre aux prises avec l’inflation ou mondain aux prises avec ses semblables, il y a une recette unique pour celui qui veut réussir : convaincre que c’est déjà fait. » (Jean-Pierre Dupuy)
« Réussir aujourd’hui, c’est pouvoir inventer son propre modèle, dessiner son unicité, même si elle est identique à celle de tous les autres … Devenir soi-même en devenant quelqu’un … Avoir pour ambition de devenir soi-même, identifier soi-même et être le meilleur, c’est assimiler un code de l’authenticité ou de l’identité à un code de visibilité … Réussir était une liberté illusoire, accordée formellement à tous et démentie constamment dans la réalité quotidienne. En devenant crédible, cette illusion s’est transformée en norme. » (Alain Ehrenberg) – Sur les mythes actuels.
« Le succès, voilà ce que les mortels regardent comme un dieu, plus qu’un dieu. » (Eschyle)
Rien n’est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l’on échoue. » (Gustave Flaubert)
« Pour tous ceux qui n’ont pas réussi, gâcher le bonheur des autres c’est réussir un peu. » (Robert de Flers)
« Il en coûte trop cher pour briller dans le monde,
« Combien je vais aimer ma retraite profonde !
« Pour vivre heureux vivons cachés. » (Florian – Le grillon))
« Selon Pascal, il y a de la folie à croire que ceux que la société distingue méritent de l’être en raison de leurs vertus propres … Une société intimiste, qui fait partout l’apologie de l’authenticité, est propice à ce type de psychose : La réussite et l’échec y sont déclarés ‘personnels’, et donc toujours justifiés. » (Michaël Foessel) – « Chacun devient responsable de son bonheur, et c’est la construction collective même d’un changement sociopolitique qui se trouve sérieusement limitée. » (Eva Illouz)
« Il y a bien des manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne jamais prendre de risques. » (Benjamin Franklin)
« Dans la vie, toutes les réussites sont des échecs qui ont raté. » (Romain Gary)
« La vie s’inscrivant dans un projet entrepreneurial d’excellence et de dépassement perpétuel, l‘individu devient responsable de sa réussite ou de son échec. Il ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même … L’idéologie de la ‘réalisation de soi-même’ est particulièrement anxiogène. » (Vincent de Gaulejac – sur l’individu hypermoderne)
« Quand quelqu’un vous dit que la classe politique a lamentablement échoué dans la gestion du pays, cela veut dire que cette personne n’a pas compris que les gens qui composent cette classe trouvent, eux, qu’ils ont réussi de façon prodigieuse et au-delà de leurs rêves les plus fous … Pour un membre, même mineur, de cette classe monopolistique, jamais dans l’histoire de France le pouvoir de cette classe n’a été aussi élevé, et jamais les prébendes qu’elle touche n’ont été aussi fortes. A eux les palais nationaux, les voitures avec gyrophares, les voyages officiels dans les pays de soleil en hiver, les triple, quadruple, quintuples retraites (de fonctionnaire gardé dans son corps d’origine, de maire, de membre du conseil général, de l’assemblée régionale, de conseiller de ceci et de cela, de député, de ministre… Tout cela se cumule joyeusement), les possibilités de passe-droit pour loger vos enfants ou les envoyer dans les meilleurs lycées. » (Charles Gave) – Et il en passe !
« Sois heureux d’un succès, mais n’en sois pas flatté. » (Paul Géraldy)
« La comparaison avec les brillantes carrières a dépouillé de tout prestige les emplois plus basiques … Valorisation excessive de l’ambition et de la réussite … Les capacités intellectuelles en sont venues à éclipser les autres caractères de réussite, tels que la force de caractère, la compétence ou l’expérience … Travailler ne se résume pas à gagner de quoi vivre (être apprécié, respecté, contribuer pour sa famille, la communauté…) … Il n’y a pas de honte à ne pas aller à l’Université quand seulement 15 ou 20% d’une classe d’âge y vont, mais c’est une autre affaire quand c’est 45 ou 50% … Une société individualiste et compétitive juge les accomplissements plutôt que la valeur d’une personne, du moins dans la sphère publique … Les partisans de la mobilité sociale prennent trop rarement la peine de réfléchir à l’effet de leur discours sur ceux qui ne gravissent pas les échelons …A écouter les Partout (les anywhere) parler de mobilité sociale, on croit souvent entendre ceux qui ont pris l’ascenseur social réclamer que tout le monde devienne comme eux … ‘Avec la méritocratie, ceux qui ne sont pas au sommet, ceux qui se débattent au milieu, ou les pauvres et les impuissants tout en bas, comprennent que ce n’est pas par malchance, mais que c’est ce qu’ils méritent’ (Andrew Marr) … Le principe omniprésent, sinon la réalité, de la méritocratie et de la mobilité sociale peut amener les gens à des comparaisons défavorables entre leur vie et celle des plus brillants et des plus riches, plutôt qu’avec celle de ceux qui sont juste au-dessus ou en dessous d’eux. » (David Goodhart)
« L’abrutissement des esprits dans la course effrénée à la performance n’est qu’une impossibilité à se supporter soi-même. L’absorption de soi dans un labeur fastidieux et harassant est la réponse la plus grégaire au vertige que suscite le sens du tragique de l’existence. » (Roland Gori , Pierre Le Coz)
« S’il convient pour réussir socialement de vendre l’apparence des actes plutôt que d’en évaluer les effets et les vertus comment ne pas voir dans l’imposteur un témoin essentiel de notre temps ? … Le discours du pragmatisme et de l’utilitarisme incite les sujets à se vendre dans tous les domaines de l’existence comme on présente un CV, dans leur vie amoureuse comme dans les pratiques politiques, à la maison comme au travail… » (Roland Gori) – Les politiques, qui ne savent que pratiquer la Com., les premiers imposteurs.
« Le délai mûrit les desseins et produit les succès : au lieu que l’empressement fait tour avorter. Une vivacité qui n’est pas le fruit de la lenteur n’est point sûre. » (Baltasar Gracian)
« Alors que l’inflation ludique se réalise sur au moins 700 ans et s’accélère sur 400 ans, la régression est beaucoup plus rapide, 50 ans environ. Que la grandeur et la décadence ne se réalisent pas dans le même temps est une constatation banale, à laquelle il n’est pas assez souvent prêté attention. Il n’y a pas de symétrie temporelle entre événements sociologiques inverses … L’Empire Maya a duré a duré aussi longtemps que l’Empire Romain et sa disparition se réalise en un demi-siècle environ, tout comme ce même Empire Romain. » (Alain Gras – prenant d’abord exemple sur la progression en fréquence et intensité des jeux à Rome et la chute de l’empire) – Ce qui est vrai au plan des sociétés est parfaitement transposable au plan individuel. Le succès est long à obtenir, la chute est rapide. Même en biologie… (cancer) – On devine ce qui nous attend, nous autres Français.
« Si vous êtes un jour traité de ‘parvenu’ ; soyez certain, vous serez arrivé. » (Sacha Guitry)
« Comment réussit-on en France ? C’est simple En se reniant. ‘J’étais stalinien’, ‘nous étions gauchistes’ … La légitimité ne se conquiert qu’à l’aide d’un passé récusé. On se méfie des héros, on aime les traîtres … Le droit à la parole, on le refuse aux prophètes, ou aux diseurs de vérité, mais on l’accorde généreusement aux irresponsables … Sartre a dû à ses idées fausses, les unes se substituant aux autres, de garder l’antenne idéologique si longtemps … Voltaire, exilé à Fernay, en Suisse, ou Rousseau, hâtèrent les événements de la fin du XVIII° siècle … Sartre se contenta de suivre le courant du boulevard Saint-Germain. Il fut aussi sinueux et contradictoire que le fleuve du temps lui-même (y compris pendant l’Occupation) … ‘Si Jeanson me l’avait demandé, j’aurais porté les valises du F L. N.’ Pourquoi avait-il besoin qu’on l’en prie ? Ou bien était-ce que, déjà, il n’avait pas de main ? » (Jean-Edern Hallier) – On peut désapprouver fortement ces porteurs de valise, et néanmoins reconnaître qu’ils avaient au moins des mains, contrairement au sinistre bouffon. – « Oui, disent-ils, j’ai applaudi Staline ou Mao, mais l’intention de mon enthousiasme n’était pas dirigée vers Staline en chair et en os ou vers Mao tel que les Chinois l’ont connu. Mon soutien allait en réalité à la noble idée de révolution, à la belle image du dirigeant prolétarien, au personnage exaltant qu’ils auraient dû être pour tenir convenablement le rôle qui leur était attribué dans notre représentation. » (Vincent Descombes) – Tartuffes.
« Tout ce qui est vrai et authentique n’arrive à maturité que si l’homme est disponible à l’appel du ciel le plus haut, mais demeure en même temps sous la protection de la terre qui porte et produit. » (Martin Heidegger – Questions)
« Les tours les plus hautes, les plus hautes chutes. » (Horace)
« Le pin le plus haut est celui que le vent agite le plus. » (Horace)
« C’est ainsi que se modifie la structure interne de la religion du succès à laquelle, par ailleurs, on tient si fermement. La voie ‘per aspera ad astra’, qui implique des difficultés et des efforts, est progressivement remplacée par l’idée d’une loterie à laquelle il suffit de gagner … Les films soulignent ce hasard (les séries télévisées actuelles) … On leur assure (aux spectateurs) qu’ils n’ont pas besoin d’être différents de ce qu’ils sont … On leur fait comprendre que l’effort ne sert d’ailleurs à rien du fait que même la fortune bourgeoise n’a plus aucun rapport avec l’effet mesurable de leur propre travail … Une telle liberté est symbolisée dans les différents secteurs de l’industie culturelle par la sélection arbitraire de cas banals. » (Max Horkheimer et Theodor Adorno) – A la loterie, chacun a sa chance, n’est-ce pas ?
« Le succès, sa fausse ressemblance avec le mérite nous trompe. » (Victor Hugo)
« Gagner, c’est manifester sa supériorité à l’issue d’un jeu … Le succès est une qualité très importante du jeu … L’honneur, le prestige, la considération en découlent comme conséquences durables … Depuis la vie enfantine jusqu’aux activités suprêmes de la culture le désir d’être loué ou honoré pour sa supériorité agit comme l’un des ressorts les plus puissants du perfectionnement individuel et collectif. » (Johan Huizinga – Homo ludens)
« Le succès exige d’étranges sacrifices de ceux qui l’idolâtrent. » (Aldous Huxley – cité par Vance Packard, à propos des cadres, américains notamment)
« Le bonheur est devenu partie intégrante de la nouvelle doxa qui permet aujourd’hui, par un discours scientifique, de raviver, de légitimer, d’institutionnaliser l’idéologie néolibérale de l’individualisme … La psychologie positive … Etablissant une ‘structure de sentiments’ particulière, c’est-à-dire une manière spécifique d’être, d’agir et de comprendre le monde, qui est hautement individualiste et extrêmement émotionalisée … permettant l’établissement du lien de causalité entre bonheur et succès, la ‘spirale ascendante’ du bonheur … Transformant les citoyens en psytoyens en leur faisant porter la responsabilité des contradictions et des paradoxes structurels qui affligent nos sociétés. » (Eva Illouz – Les marchandises émotionnelles)
« Nos objectifs déterminent ce que nous considérons comme un triomphe et ce qui devra être tenu pour un échec … Nous ne sommes humiliés par l’échec que si nous plaçons notre fierté et le sentiment de notre valeur dans l’accomplissement d’une tâche ou d’un projet. » (William James)
« Du moment que la victoire nous sourit, il est temps de trembler. Malheur au bonheur ! Car la chance va à la chance … jusqu’à la culbute finale … le moment où l’on aura tout à perdre et plus rien à gagner, ce moment donne un peu le vertige … Au sommet les choses ne peuvent qu’empirer … Heureux les malades, car ils seront bien portants ! … L’échec est un moment provisoire qui ne ménage que des succès … D’après la loi selon laquelle il vaut mieux avoir tout à gagner que tout à perdre, il est évident que l’échec est une situation plus enviable que le succès. » (Vladimir Jankélévitch – cité par Bertrand Vergely)
« En matière d’affaires de gravité comportant un potentiel apocalyptique, davantage prêter l’oreille à la prophétie de malheur qu’à la prophétie de bonheur (l’issue heureuse ou malheureuse peut se comparer à la probabilité d’atteindre ou de rater un but – cible – beaucoup d’échecs), accorder un plus grand poids au pronostic de malheur qu’au pronostic de salut … De façon classique, la responsabilité continue de porter certes sur ce qui a été fait, sur l’acte causal ; mais aussi sur ce qui est à faire … Là elle invoque non la cohérence de l’acte en accord avec lui-même, mais celle de ses effets sur la survie de l’activité humaine dans l’avenir … Le contrôle sur ‘cela’ implique l’obligation pour ‘cela’. » (Hans Jonas – Le principe responsabilité) – En matière écologique au sens large.
« Succès : sert aux hommes de piédestal, les fait paraître plus grands ; si la réflexion ne les mesure. » (Josep Joubert)
« Le succès est prédéterminé par la situation. » (François Jullien – sur la pensée chinoise) – Plus que par l’effort. D’où observer cette situation, s’y adapter.
« Si tu peux rencontrer triomphe après défaite,
« Et recevoir ces deux menteurs d’un même front. » (Rudyard Kipling)
« Tant que nous prendrons le succès comme but nous ne serons pas affranchis de la peur, car le désir de réussite engendre inévitablement la crainte d’échouer. »(Krishnamurti)
« La brutalité va de pair avec le culte du succès. » (Krishnamurti)
« Le fantasme du succès narcissique … Le désir d’être immensément admiré, non pour ce qu’on a accompli, mais simplement pour soi-même, sans réserve et sans esprit critique. » (Christopher Lasch)
« Puis, la réussite apparut comme une fin en soi, la victoire sur les concurrents permettant seule d’assouvir la personnalité … Le peu d’intérêt du contenu même du succès … Les apparences, les ‘images séductrices’ sont plus importantes que la qualité du travail exécuté, la réputation … Dans une société où le succès est sa propre définition, les hommes ne peuvent mesurer leurs accomplissements qu’en les comparant à ceux d’autrui … Aujourd’hui, les hommes recherchent l’approbation non de leurs actions, mais de leurs attributs personnels. Ils ne souhaitent pas tant être estimés qu’admirés … enviés plutôt que respectés … La réussite professionnelle dépend à présent moins des aptitudes ou de la loyauté envers l’entreprise qu’à la ‘visibilité’ à ‘l’élan’, au charme personnel et à la gestion de sa propre image. » (Christopher Lasch – sur l’évolution de la notion de réussite depuis le XIX° siècle).
« Le nouvel idéal de la réussite est sans contenu. Il ne fait référence à rien en dehors du moi. Accomplir signifie arriver. Réussir égal réussir … Convergence entre la réussite en affaires et la célébrité en politique et dans le monde du spectacle, qui, elle aussi, tient à la ‘visibilité’ et au charisme, et ne peut être définie que par rapport à elle-même. Le seul attribut important de la célébrité est le fait qu’elle est célébrée, personne ne peut dire pourquoi. » (Christopher Lasch)
« Après un succès toutes les idées sont bonnes, après un échec, toutes sont reçues avec le plus grand scepticisme. » (Claude Lelouch)
« Les succès couvrent toutes les fautes, les échecs les rappellent. » (duc de Lévis)
« Les gens qui réussissent sont ceux qui savent s’adapter à la réalité … Ceux qui persistent à vouloir élargir la réalité aux dimensions de leurs rêves échouent. Et c’est pourquoi tout progrès humain est dû en définitive aux gens qui échouent. » (Simon Leys – paraphrasant Bernard Shaw)
« Désormais, la réussite ou l’échec sont renvoyés à la responsabilité de l’individu .. Face à cela, les individus éprouvent un sentiment d’humiliation et d’échec personnel là où autrefois ces situations étaient vécues comme un destin de classe … Du coup, c’est la vie dans son ensemble qui apparaît comme un grand gâchis, avec la souffrance morale de ne pas être à la hauteur de la tâche de se construire soi-même. » (Gilles Lipovetsky)
« Le succès consiste-t-il à ’arriver’ ? Ou consiste-t-il à réaliser le beau programme pour lequel on avait formé le légitime dessein d’arriver ? » (cardinal Henri de Lubac)
« La recherche de l’adaptation entraîne comme son ombre la recherche du succès. Mais quelle sera la norme de ce succès ? L’aura-t-on obtenu lorsqu’on aura satisfait tout le monde lorsqu’on se sera fait comprendre de tous et qu’on n’aura provoqué ni étonnement ni scandale ? Ce succès là risque fort de n’être que le signe de l’inefficacité. Rien de fort, rien de neuf, rien d’urgent ne pénètre en l’homme qu’à travers des résistances. » (cardinal Henri de Lubac)
« Un échec peut se révéler à terme, providentiel, et un succès peut se révéler calamiteux. » (Amin Maalouf – citant l’exemple de l’effondrement de l’URSS et de la fin de la guerre froide)
« Il faut toujours éviter de débuter par un mauvais succès, car alors vous inspirez de la défiance pour toutes vos autres dispositions, et vous remplissez de crainte ceux qui ont embrassé votre parti. » (Machiavel)
« Le succès est éphémère, l’échec n’est jamais définitif. » (Martial)
« La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d’argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire. » (Charles Maurras)
« Le succès est évidemment le résultat d’une collaboration putassière entre l’esprit de l’époque et le goût du public. » (Richard Millet – s’exprimant principalement, semble-t-il, dans le domaine littéraire)
« Pour réussir dans le monde, il faut avoir l’air fou et être sage. » (Montesquieu)
« Le succès modifie les gens, tandis que l’échec révèle qui ils sont vraiment. » (Brian Moore)
« La réussite peut masquer la renonciation. La réussite est la forme dégradée, et parfois la fausse monnaie carriériste, de l’épanouissement de soi. Celui qui dit ‘j’ai réussi’ est un pauvre diable qui a besoin de se rassurer. » (Edgar Morin)
« L’extravagante passion des sociétés contemporaines pour les ‘performances’ des ‘battants’. » (Philippe Muray) – Témoignage de l’envie malsaine.
« Le succès se prend pour la gloire et n’en est que la contrefaçon. » (Charles-Nicolas de Nugent)
« Les échecs sont contagieux et cumulatifs comme les succès. » (Jean d’Ormesson)
« C’est l’immense privilège d’avoir eu du succès relativement tôt. Il n’y a plus de revanche à prendre. » (Erik Orsenna)
« Il n’est pas de réussites faciles ni d’échecs définitifs. » (Marcel Proust)
« Dans l’ambition démocratique, la course au succès a remplacé le désir de gloire. » (Raczymow – cité par Pierre Boncenne)
« Quand un homme a réussi et qu’il est bête, c’est une insulte aux étoiles. » (Jules Renard)
« Les rois de France en vendant la noblesse ont omis de vendre aussi le temps qui manque toujours aux parvenus. »(Rivarol)
« Le succès en impose à ceux même qui le fuient. » (Jean Rostand)
« Réussir fait valoir nos qualités ; ne pas réussir fait valoir nos défauts. » (Père Joseph Roux)
« Il y a dans les affaires humaines un flux et un reflux ; si l’on prend la marée à l’heure favorable, elle vous emporte au succès ; laissez-la passer, et toute traversée de votre vie va s’échouer sur le sable et dans les déboires. » (Shakespeare – Jules César)
« Tant de larmes devront être versées sur des prières exaucées. » (sainte Thérèse d’Avila – sur les succès se révélant ou se transformant en échecs)
« Les gens qui arrivent doutent toujours des autres ; jamais d’eux-mêmes. » (Edmond Thiaudière)
« Celui qui réussit se croit plus habile que les autres, celui qui échoue plus malheureux. » (Edmond Thiaudière)
« Il est presque impossible d’avancer dans ce monde si on a l’esprit large et le cœur droit, pour la bonne raison que toutes les avenues du succès sont étroites et tortueuses. » (Edmond Thiaudière)
« Ce qui entraîne le cœur humain, c’est bien moins la certitude d’un petit succès que la possibilité d’une haute fortune. Augmentez la grandeur de l’objet à atteindre, et vous pourrez sans crainte diminuer les chances de l’obtenir. » (Alexis de Tocqueville) – Les organismes de jeux connaissent bien cette règle.
« Qu’un individu, un gouvernement ou une communauté disposant d’une puissance militaire se méprenne sur les limites du domaine où cette puissance peut être utilisée efficacement, ou méconnaisse la nature des objectifs qu’elle permet d’atteindre, cette aberration funeste ne peut guère manquer de se manifester par la gravité de ses conséquences pratiques. Ce qui n’est pas moins vrai dans d’autres activités humaines où la trainée de poudre qui conduit de ‘l’excès’ à ‘l’outrage’ et de là au ‘désastre’ est moins explosive. Quelle que puisse être la faculté humaine ou la sphère dans laquelle elle s’exerce, s’imaginer que parce qu’elle a permis l’accomplissement d’une tâche limitée dans sa sphère naturelle on peut en attendre quelque effet exceptionnel dans un ensemble de circonstances différents est une pure aberration intellectuelle et ne conduit jamais qu’à la catastrophe … L’une des formes les plus générales qu’affecte le drame des excès est celle de l’enivrement de la victoire, que la lutte où fut remporté le funeste succès ait été la guerre par les armes ou un conflit de forces spirituelles. » (Arnold Toynbee – à propos des tentatives excessives, démesurées, des grands conquérants) – On a assisté récemment à un semblable enivrement après l’effondrement de l’ex-URSS en 1989 et le triomphe du capitalisme devenant ultracapitalisme (la prétendue Fin de l’histoire)
« Qu’espérer d’une société dont les intellectuels détournent les individus du désir d’élucider les causes personnelles de leur situation ? … La sociologie ne peut rien pour expliquer l’essentiel, à savoir l’échec ou la réussite d’une personne. » (Philippe Val – à propos du sociologisme)
« On méprise les grands desseins lorsqu’on ne se sent pas capable des grands succès. » (Vauvenargues)
« Si l’excellence ne donne pas des privilèges, la nullité ne donne pas des droits. » (Bertrand Vergely)
« Posons la réussite pour tous comme principe. On prend la place de la vie et de l’action. On supprime l’incertitude qui fait le sel de l’existence … L’éducation ainsi conçue devient le paradis sur terre. Tout le monde est sauvé. ‘On ira tous au paradis’ (Michel Polnareff). » (Bertrand Vergely)
« Une vie n’échoue pas parce qu’elle meurt, mais parce qu’elle n’a pas su vivre quand elle était vivante. Elle se mesure à son intensité, et non à sa quantité … Pouvoir se retourner sur une vie, regarder ce qu’on en a fait et conclure que celui ou celle qui a vécu une telle vie n’a pas perdu son temps sur terre … Il suffit de pouvoir se dire : ‘j’ai aimé’. » (Bertrand Vergely)
« On croit que la réussite est une position de force. On se trompe … Qui gagne a tout à perdre, le champion n’a pas le droit de décevoir, alors que qui perd a tout à gagner … Qui gagne devient l’homme à abattre. Il a tout le monde contre lui. Qui perd devient l’homme que l’on plaint. Il a le monde avec lui. » (Bertrand Vergely)
« Réussir sa vie, plutôt que de réussir dans la vie. » (Pierre d e Villiers)
« Après deux millénaires d’expériences et d’échecs, d’accidents en tous genres, le troisième millénaire inaugure, avec la globalisation, le ‘paradoxe de l’échec du succès’ puisque c’est la réussite du Progrès qui provoque les désastres. » (Paul Virilio)
« La modération est une chose fatale. Rien ne réussit comme l’excès. » (Oscar Wilde)
« Dans une situation normale, le nom porté par un homme n’a guère d’importance pour lui … En cas de succès, ce nom commence à enfler. Il se détache de celui qui le porte et devient lui-même un pouvoir, une force, une chose en soi, un article commercial et, en retour une force intérieure qui se met à influencer son porteur, à le dominer, à le transformer … Certaines natures heureuses, sûres d’elles-mêmes finissent par s’identifier inconsciemment avec l’effet qu’elles produisent. Si bien qu’ils se gonflent involontairement pour que leur personne atteigne le volume occupé par leur importance extérieure. » (Stefan Zweig)
« Rien ne réussit aussi bien que le succès. » (proverbe américain)
« La réussite, un peu de savoir, un peu de savoir-faire et beaucoup de faire-savoir. » (?)
« Si son succès lui est monté à la tête, c’est que c’était là qu’il y avait le plus de place libre. » (?)
« Prends garde au lendemain du succès. » (?)
Ci-dessous, extraits du livre des 36 stratagèmes, traité de stratégie chinoise (datant de nombreux siècles avant notre ère, du temps des Royaumes combattants) rédigé par François Kircher. Ces conseils issus de l’art militaire sont aussi pour beaucoup valables dans le domaine des négociations commerciales, politiques, etc.
« Qui a tout prévu devient négligent – Un fait habituel n’éveille pas les soupçons – Le grand jour est une cachette plus sûre que la pénombre (1) – Diviser l’ennemi au lieu de renforcer sa cohésion. Attaquer ce qui cède et non ce qui résiste. Eviter le plein, attaquer les vides – Un nœud enchevêtré ne se défait pas en tirant dessus (2) – Tuer avec une épée d’emprunt. Au sujet de l’ennemi, nul doute ne subsiste, mais quant à l’allié, il est moins sûr. Manœuvrer celui-ci pour qu’il nous débarrasse de celui-là et que soi-même l’on ne s’en mêle pas. (3 ) – Epuiser l’adversaire sans engagement ouvert. Répondre à un mouvement sans faire soi-même de mouvement. Le fort perd sa force, le faible la gagne. Manœuvres d’usure. Attendre tranquillement que l’adversaire s’épuise. (4) – Si l’ennemi vient de subir un grand dommage, sauter sur l’occasion et en tirer profit. Mais une agression extérieure ne doit pas venir ressouder l’unité du pays. Accentuer le travail de déstabilisation au lieu d’intervenir directement. (5) – Mener grand bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest. Semer la confusion dans l’esprit de l’ennemi. Fausser la vision de l’autre camp. En négociations, insister et céder brusquement sur un point secondaire pour satisfaire le partenaire et en retirer des bénéfices sur le point qui, pour nous, est le principal. Faire traîner l’affaire en longueur.(6) – Tromper vraiment consiste d’abord à tromper puis, ensuite, à cesser de tromper. Un coup faux, un coup faux, un coup vrai. Cacher le vrai au sein du faux. Faire usage d’un leurre pour lui substituer une force réelle. (7) – Un mouvement en douce. Lancer d’abord un premier assaut et lorsque l’adversaire aura organisé en réponse un dispositif stable, frapper ailleurs . (8) – Laisser place aux dissensions. La discorde gagne l’autre camp où la fureur va en grandissant, se tenir en retrait et attendre qu’elle atteigne son paroxysme. Une seule pression de ma part suffirait à ressouder son unité. (9) – Cacher une épée sous un sourire. Créer la confiance et rassurer le naïf. La force se dissimule sous un air de faiblesse. (10) – Si la situation ne permet pas de toutes les conserver, se débarrasser de ses cartes les plus faibles pour renforcer ses atouts (Ex : Mitterrand répondant à Giscard d’Estaing qui lui avait posé une question économique qu’ils ‘n’étaient pas l’un vis-à-vis de l’autre dans la position d’un professeur qui fait passer un examen à un élève’). (11) – L’occasion qui fait le larron. La moindre faille, il faut s’y introduire. Le profit le plus mince, on ne doit pas le laisser perdre. Une petite faiblesse chez mon rival, un petit avantage pour moi. Le coup final qui assure le succès doit être précédé d’une accumulation de petits gains qui permettent insensiblement d’établir sa prédominance sur l’ensemble du jeu. (12) – Battre l’herbe pour réveiller le serpent. Un coup frappé à l’improviste, inattendu, permettra de jauger l’intention, les forces, de l’adversaire. (13) – Redonner vie à un cadavre. Celui qui ne peut plus rien faire suppliera qu’on l’utilise. Se servir de celui qui ne sert plus à rien pour lui faire servir nos fins. .Céder la place à un prête-nom, de noble origine mais dépourvu de pouvoir réel. Ce n’est pas moi qui réclame le concours du naïf, c’est lui qui se livre à moi. (Voir certains présidents-potiches d’associations). (14) – Amener le tigre à quitter sa montagne. Avancer présage une difficulté, reculer un succès. Si l’adversaire jouit de l’avantage du terrain, ne pas lui disputer ce terrain. Jouer d’un appât (le gain…) pour lui faire quitter sa tanière. (15) – Laisser courir pour mieux saisir. Un ennemi aux abois se battra encore. Un ennemi qui peut fuir ne voudra plus lutter. Qu’on le poursuivre donc sans le lâcher d’un pouce mais sans toutefois le forcer. Différence entre laisser fuir et laisser courir quelque temps. Un peu de patience assure le succès. Et aussi laisser monter bien haut pour écraser bien fort. (16) – Pour prendre les bandits, il faut prendre leur roi. Casser le noyau dur. S’emparer du chef et défaire tout l’ensemble. (18) – Retirer les bûches sous la marmite. Ne pas s’opposer directement à la force, mais lui retirer son point d’appui (Ex :’Monsieur, vous n’avez pas le monopole du cœur’. Giscard d’Estaing ajustant une réplique qui avait pour but de retirer en un coup le point d’appui principal de son adversaire, Mitterrand, lequel prétendait incarner la sensibilité de gauche). (19) – Troubler l’eau pour attirer le poisson. Tirer parti des querelles intestines, de la faiblesse et de l’absence de projet stratégique dans l’autre camp (20) – Conserver un aspect extérieur impassible. Tenir fermement sa position. Epargner à l’allié un accès de panique et ne pas donner à l’ennemi une occasion d’attaquer. Flexibilité et calme face au chaos. Ne rien laisser paraître, conserver la forme inchangée. (21) – Refermer la porte de la maison sur les voleurs. Si l’on a seulement affaire à une poignée d’opposants, les cerner et les réduire sur le champ. Ne pas laisser d’issue. (22) – Des puissances aux intérêts opposés peuvent contracter une alliance passagère, surtout si elles sont éloignées. (23) – L’approche du danger rend docile les subordonnés. (26) –Le tonnerre se dissimule sous une nuée opaque. Faire l’idiot et ne pas laisser libre cours à sa fureur. Mieux vaut feindre de ne rien savoir et de n’avoir pas la moindre intention d’agir plutôt qu’affecter de savoir et s’obstiner à faire n’importe quoi (27) – Les faire monter sur le toit, puis tirer l’échelle. Un cadeau empoisonné les a entraînés trop loin en avant. (28) – Greffer quelques bataillons sur l’armée d’un allié. Un petit nombre d’hommes fera ainsi un grand effet. (29) –Echanger les places de l’hôte et de l’invité. Chercher la faille et s’introduire progressivement jusqu’au centre de décision. Entrée à petits pas. Devenir l’hôte peu à peu. (30) –Le stratagème de la Belle. Le général avisé a encore un point faible ; les passions qui l’habitent (31) – Rien dans les mains, rien dans les poches, ruse des mauvais jours. Rendre le vide encore plus vide. (32) – Un allié dans la place assure ma sécurité. (33) – Le stratagème de la blessure. Nul n’est fou au point de se meurtrir lui-même. Une blessure est donc gage de sincérité. Feindre un conflit dans son camp pour introduire un agent dans celui de l’ennemi. (34) – La fuite est la suprême politique. Retraite, nulle faute. Conserver ses forces en évitant un affrontement. Capituler : défaite complète. Négocier : demi-défaite. Fuite : n’est pas défaite. (36)