655,1 – Révolution, Révolte, Rebelle ; Emeute

– Révolution : étymologiquement Revolvere, mettre sens-dessus-dessous., et aussi, terme d’astronomie désignant le retour au point de départ, ce qui est le cas la plupart du temps après chaos et sang.

– Rêverie de citoyen plus avancé que d’autres lui permettant d’oublier ses propres échecs dans quelque apothéose collective en forme de feu d’artifice sur fond de tremblement de terre.

– Depuis le romantisme et pendant deux siècles catastrophiques, on a vu régner chez les intellectuels l’attirance (morbide et narcissique) pour la figure du rebelle, du subversif prétendu Être d’exception et de dévouement sacrificiel, « l’insoumis, assuré d’exister, d’avoir une identité, d’échapper à la monotonie générale. » (Pascal Bruckner)

– « Aujourd’hui le parti du changement serait celui de la préservation, seule l’interruption des processus en cours mériterait le nom de révolution. » (Alain Finkielkraut)

– Une contrainte connue de tout agitateur : un mouvement (même une grève pacifique) ne peut se prolonger et, à plus forte raison réussir, que si la partie féminine de la population l’endosse, au moins tacitement. C’est quand les femmes du peuple (en fait, les poissardes, la lie) sont allés chercher le boulanger, la boulangère et le petit mitron à Versailles, quand les  tricoteuses sont apparues et ont fait la loi que la révolution de 89 a acquis son caractère radical, « Qui tient la femme tient la société. » (Lénine ?)

– Des conquêtes révolutionnaires puis napoléoniennes jusqu’au dernier quart du XIX° siècle, la France fut considérée en Europe (et particulièrement en Allemagne), comme le pays des émancipations, des révolutions et de la judéité, c’est-à-dire à la fois admirée et redoutée.

– C’est au XIX° siècle que s’effectue la transition (1830, journées de juillet…) de la notion de révolution bourgeoise-politique-nationale à la perspective d’une révolution prolétarienne-sociale-universelle allant bien au-delà ; ce sous l’influence d’une homologie de développement entre la réalité politique française nationalement agissante et la pensée philosophique allemande universellement pensante (Considérations tirées du Soleil de la liberté de Lucien Calvié sur Heinrich Heine)

– Les bases philosophiques de la révolution (de toutes les utopies) : l’homme est naturellement bon ; le progrès est sans limites ; le paradis est sur la terre.

– Toute révolution est bonne, tout soulèvement est légitime, quelles que soient les conséquences. Celles-ci n’ont d’importance que pour les locaux dont les manipulateurs occidentaux et essentiellement américains se moquent parfaitement, puisque l’essentiel est de semer le désordre pour faire avancer la mondialisation (pays arabes hier, Ukraine aujourd’hui). 

– Jadis les révolutions étaient fomentées par des idéalistes (souvent égarés, mais idéalistes quand même) agissant pour le peuple (ou du moins se l’imaginant).

– De nos jours, elles sont fabriquées, sous prétexte d’introduction de la sainte démocratie, par des mercenaires agissant pour le compte du nouvel impérialisme anglo-saxon (‘open society’ de George Soros et activistes des gouvernements américain et occidentaux à la botte), pour le maintien du gang mondialiste et l’élimination de toute résistance identitaire populaire avérée ou simplement potentielle. Les agitations anti-serbe aux Balkans, la Libye avec l’élimination de Khadafi, l’échec de la subversion en Egypte plus récemment, mais le grand triomphe de la révolution ukrainienne dirigée contre la Russie (rien à voir avec le souci du peuple uktainien !), etc.

– Aujourd’hui, pour susciter économiquement une révolution de l’extérieur, il suffit de quelques moyens financiers, d’une bonne télévision sachant manipuler les images et créer des témoignages bidons ainsi que de quelques agitateurs bien placés et aguerris et d’internautes professionnels pratiquant l’intox à haute dose et opérant d’on ne sait où, voir Les Printemps arabes et les révolutions dites de couleur. Des prétextes humanitaires peuvent aider, mais ne sont même plus indispensables. Les moyens précédents suffisent à conditionner et exciter les foules.

– Le mot révolution s’applique aussi aux bouleversements apportés par la technologie, la révolution informatique hier, la révolution biologique aujourd’hui et celle des nanotechnologies demain. Même si, pour combler le vide moderne, tout est devenu révolution : révolution des mœurs, révolution féministe…

« Le vieux mot de révolution a été remplacé par les mots d’ordre de ‘l’anti’ ou de ‘l’alter’. » (Inspiré de Philippe Raynaud) – Ils font sans doute  moins poussiéreux !

« Cette césarienne sanglante. » (Peter Sloterdijk)

– « On ne devrait pas tenir pour équivalentes révolution et révolte … La révolution avait pour but de nouvelles institutions, la révolte, elle, nous amène à ne plus nous laisser organiser, mais à nous organiser nous-mêmes … Acte politique et social, soulèvement d’individus. » (Max Stirner)

– « C’est le capitalisme qui illustre le mieux le concept de ‘révolution permanente’. » (Pierre-André Taguieff) 

A la rubrique Soixanre-huitard, 655, 3, on trouvera des réflexions sur la contestation extraites de l’ouvrage d’André Stéphane et de Béla Grunberger et Janine Chasseguet-Smirgel (les mêmes), L’univers contestationnaire, traitant plus précisément de la contestation.

Pour une description du milieu des militants révolutionnaires, on peut regarder ce qu’en fait dire Arthur Koestler, à la fin de la rubrique : Militantisme, 005, 4.

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« La révolution bénéficie du prestige de la révolte … Mais, le révolutionnaire, non le  révolté, possède la transcendance et la signification : l’avenir historique … Le mythe de la révolution sert de refuge à la pensée utopique, il devient l’intercesseur mystérieux, imprévisible, entre le réel et l’idéal. » (Raymond Aron)

« Le révolutionnaire, lorsqu’il va jusqu’au bout de l’espérance, est convaincu qu’il va mettre fin à l’histoire telle qu’on l’a connue et ouvrir un chapitre encore inédit du devenir de l’humanité. » (Raymond Aron) 

« La victoire met toujours à l’épreuve la conscience des révolutionnaires que l’idéalisme avait dressés contre l’ordre établi et qui deviennent, à leur tour, des privilégiés. La société, après l’intermède du lyrisme et de la violence, revient à la vie quotidienne. » (Raymond Aron)

« Les historiens ont maintes fois constaté le penchant des révolutionnaires à la vertu, commun aux Puritains et aux jacobins. Ce penchant caractérise l’espèce des révolutionnaires optimistes, qui exigent des autres leur propre pureté … Le débauché est suspect à leurs yeux (des Bolcheviks), non parce qu’il ignore les règles admises, mais parce qu’il s’abandonne au vice, parce qu’il consacre trop de temps et trop de forces à une activité sans importance. » (Raymond Aron) – Qui a eu des parents communistes purs et durs (pas moi) comprendra.

« Moraliste contre le présent, le révolutionnaire est cynique dans l’action … Il pardonnera au nom de la Révolution tout ce qu’il dénonçait infatigablement. Le mythe révolutionnaire jette un pont entre l’intransigeance morale et le terrorisme. » (Raymond Aron)

« La révolution n’est pas le sursaut collectif d’un peuple (quand l’unanimité existe, elle ne dure pas), elle est un épisode violent de la lutte entre les classes, les partis et les idéologies. » (Raymond Aron)

« Les révolutions exaltent un moment les passions ; elles abaissent bientôt les caractères. » (Lucien Arréat)

« Les faiseurs de révolution détestent moins les abus eux-mêmes que ceux qui en profitent. C’est pourquoi, après les avoir dépossédés, ils font tourner à leur avantage les vieilles pratiques  mises sous de nouveaux noms. Les abus sont comme les tonneaux : on les perce quand on est en bas, on les remplit quand on est en haut. » (Lucien Arréat)

« Une certaine sentimentalité peut, au même titre qu’un certain romantisme, être considérée comme un excellent matériau révolutionnaire. » (Marcel Aymé)

« Le gâtisme révolutionnaire de nos élites dorées. » (Marcel Aymé)

« Une situation révolutionnaire naît toujours d’une division de l’élite. Les révolutions ne triomphent que si l’élite dirigeante est divisée (hormis le cas où  la classe dirigeante se trouve  éliminée ou affaiblie par un ennemi extérieur) … Elles se produisent soit à cause du ralentissement de la circulation de l’élite, soit parce que pour toute autre cause des éléments de qualité inférieure s’accumulent dans les couches supérieures. Cette élite ne possède plus les éléments capables de la maintenir au pouvoir et évite de faire usage de la force ; tandis que dans les couches inférieures se développent les éléments de qualité supérieure qui possèdent les qualités nécessaires pour gouverner, et qui sont disposés à faire usage de la force  … – Influence de guerre antérieure, victorieuse ou surtout en cas de défaite ; de la croissance de l’Etat et de la réaction des centres de pouvoir autonomes contre cette extension ;  de la fragilité d’un régime monopoliste  et de la lutte entre eux des instruments de pouvoir (armée, police, parti, bureaucratie…) , car aussi, dans un régime pluraliste les contre-sociétés se plaçant en contrepoids abonderont …  Ce n’est pas le degré absolu de la misère qui entraîne des mouvements révolutionnaires mais la dépression brusque dans la continuité , et notamment de manière surprenante quand l’évolution s’est faite vers le haut, avec ces variables économiques le bouleversement des valeurs sociales  et éthiques joue également dans le déclenchement de mouvements révolutionnaires. » (Jean Baechler – traitant des révolutions politiques et exceptant certaines révoltes paysannes d’antan et  les millénarismes, – lesquels finissent d’ailleurs toujours par s’en prendre à l’exaltation révolutionnaire, comme le christianisme après l’origine, le marxisme et même le P. C. F. français, parti de l’ordre en 1968)

« Cinq thèmes qui constituent le fondement de  toute idéologie révolutionnaire : le dualisme, combat à deux entre le Bien et le Mal, entre le Sujet de l’Histoire et l’Autre – La liberté et l’égalité : deux exigences constantes, l’une expression de l’arbitraire des valeurs et des institutions, l’autre issue de la rareté du pouvoir, des richesses et du prestige – Le retour aux origines : le Salut suppose une Chute, un Bien préexistant à un Mal second – La rupture catastrophique : la victoire définitive du Bien sur le Mal suppose une victoire préalable du Mal … seule celle-ci peut laisser espérer un retournement essentiel – L’inversion : changement général de signes, les pauvres deviendront riches, les faibles puissants, les obscurs considérés … Ces inversions signalent les exigences profondes d’un groupe ou d’une communauté (le droit à la parole de mai 68). » (Jean Baechler)

« La révolution est portée par l’intelligentsia, c’est-à-dire par un groupe social qui, par nature, produit des systèmes idéologiques totaux, que j’ai appelés utopiques. Si, d’aventure, ils accèdent au pouvoir ils instaureront inévitablement des régimes terroristes pour réaliser leur utopie. » (Jean Baechler)

« Fondées sur l’agressivité à l’intérieur d’un groupe … Les révolutions ne sont pas simples chocs de volontés et de forces mais conflits irréductibles entre deux modes de sociabilité exclusifs l’un de l’autre. » (Jean Baechler)

« Rapidement, les conflits politiques entre fractions qui visent le pouvoir brisent l’illusion de l’unanimité ; les nécessités de la quotidienneté viennent froisser l’exaltation. » (Jean Baechler)

« Contrairement aux apparences et aux croyances, les révolutions conservatrices sont moins soutenues par l’élite que par le peuple … Car, c’est dans le peuple que les changements qui font dévier le système social sont généralement le plus durement ressentis … Le peuple ne fait jamais de révolution, mais participe à une révolution ; le peuple ne prend jamais le pouvoir mais aide une élite à le faire par son soutien ou sa neutralité … tant que l’élite reste unie, il n’y a pas de révolution … La révolution est toujours le fait de l’élite ; c’est en son sein que se fait la décision et c’est d’elle que sort le nouvel ordre. Selon le déroulement, elle est seule à intervenir ou bien le peuple, puis la canaille apparaissent sur la scène. » (Jean Baechler)

« De l’excès du Mal, par un renversement lié à une psychologie élémentaire, ne peut naître que le Bien, car jamais les choses humaines ne se maintiennent dans un état-limite. » (Jean Baechler) – Ce pourquoi les laquais d’un pouvoir (gens des média), comme les révolutionnaires, pour se parer des vertus du Bien, noircissent à l’extrême leurs adversaires.

« De vaines attitudes de révolte, qui relèvent en fait d’une forme d’exhibitionnisme mental. » (Philippe Baillet) – Mai 68, pire, Nuit debout.

« Ayant dit un nombre prodigieux de sottises, la Révolution en a fait dire encore plus. » (Jacques Bainville)

« Prenez le révolutionnaire le plus radical et placez-le sur le trône de toutes les Russies ou conférez-lui un pouvoir dictatorial, avant un an il sera devenu pire que le tsar. » (Bakounine) – N’est ce pas camarade Lénine ?

« Dans les révolutions comme dans les tempêtes maritimes, les valeurs solides vont à fond, le flot met les choses légères à fleur d’eau. » (Balzac)

« Toute révolution a pour corollaire le massacre des innocents. » (Baudelaire)

« Tel est le résultat paradoxal de toute révolution : avec elle commencent l’indétermination, l’angoisse et la confusion. » (Jean Baudrillard)

« Dans le nouvel ordre mondial il n’y a plus de révolutions, il n’y a plus que des convulsions. » (Jean Baudrillard)

« La Révolution n’appartient plus à l’ordre de l’imaginaire politique, mais à l’ordre économique et financier, à l’ordre technique et technologique …  Fukuyama affirme que les individus contemporains auraient renoncé à l’estime de soi, à la volonté d’être le meilleur,  à tout risque et tout courage en échange de la paix, de l’absence d’antagonisme sociaux et du confort social procuré par les biens matériels. La fin de l’histoire dans les sociétés démocratiques serait donc le résultat de l’accomplissement démocratique. » (tiré de Jean Baudrillard par Ludovic Leonelli)

« L’ambition des militants corrige l’excès de leur doctrine ; un révolutionnaire qui réussit n’est pas dangereux très longtemps. » (André Beaunier)

« La prise du pouvoir a généralement été interprétée par la population comme un aboutissement : ça y est, le travail est fait, tout le monde peut rentrer chez soi. » (Miguel Benassayag, Florence Aubenas) – Place aux apparatchiks !

« Nous sortons d’une longue période de l’histoire de l’humanité marquée par la conviction que ‘l’homme faisait ou devait faire l’histoire’. La postmodernité a tenté avec un relatif succès de nous persuader qu’au contraire l’homme ne peut rien faire ni dans ni avec l’histoire ; il doit simplement la suivre,  la supporter, l’accepter. » (Miguel Benasayag – sur l’inutilité des révolutions classiques, par prise du pouvoir)

« Lutter sans modèle permet de rompre avec ce  funeste destin du militant politique qui souhaite ‘faire le bien du peuple malgré  le peuple’ : cela implique de se battre pour la vie sans rien chercher à faire ‘à la place’ des autres » (Miguel Benasayag)

« Le rebelle est un antiautoritariste de bon ton. L’antiautoritarisme s’est très bien agencé avec le néolibéralisme qui fait table rase de tout, ne respecte aucune priorité, aucune hiérarchie, aucun principe. Cette idéologie du rebelle tient en trois propositions : ‘je ne respecte rien’, ‘je crois que tout est possible’, ‘je peux tout modifier’. Elle est, contrairement à ce qu’elle prétend, archidisciplinaire ; La discipline comble le déficit de l’autorité … L’ultraconformiste, sorte de sauvage qui ne respecte rien et qui colle à l’esthétique socialisée : il existe des voitures, des vêtements de rebelle … Il s’accorde tout à fait avec les idéaux néolibéraux, qui ne lui posent aucune limite tant qu’il a les moyens. » (Miguel Benasayag)

« Ceux qui lancent les révolutions sont toujours les cocus de l’histoire. » (Julien Benda)

« Rejeter le legs du passé dans les ténèbres, c’est ne rien comprendre à ce qu’est, ce qui fait, une société … Croire comme les révolutionnaires français (de 1789) que la raison abstraite peut être fondatrice, c’est outrepasser les possibilités de la raison et faire fi de la complexité des choses humaines … Ignorance et présomption … Derrière la générosité affichée, des intérêts veillent … La Révolution française balaie tous les sentiments nobles, elle congédie les manières. » (Philippe Beneton – reprenant Edmund Burke et la pensée conservatrice)

 « Les deux révolutions qui ont affligé le XIX° siècle, la révolution individualiste et la révolution industrielle, ont en commun de saper les communautés naturelles, de substituer aux relations concrètes, proches, chargées de sentiments et d’obligations morales, des relations abstraites, froides et utilitaires … Dans la société moderne nul n’est notre prochain. » (Philippe Beneton – reprenant la pensée conservatrice) – On a commencé à voir les beautés de cette œuvre de destruction au XX° siècle, la suite au XXI°.

« Les révolutions sont trompeuses. On croit qu’elles renversent le cours des choses. Elles ne font que précipiter les processus : elles ‘liquident les faibles et accouchent les forts’. Loin d’avoir garanti contre les excès du pouvoir, elle en a même favorisé les débordements. » (Alain de Benoist) – Qu’aurait-on dit si un roi s’était livré à un centième des atrocités et des destructions opérées par les révolutionnaires de 89 ?

« Aucune révolution n’a réussi à l’intérieur de l’histoire car, si elles ont été des événements importants provoqués par les nécessités internes en tant qu’aboutissement des faits antérieurs et point de départ des destinées ultérieures, elles n’ont jamais résolu les tâches qui leur étaient proposées … On a toujours abouti à tout autre chose que ce qu’on désirait et à quoi on aspirait. » (Nicolas Berdiaeff) – Exemples cités par l’auteur : la Renaissance, la Réforme, la Révolution française…

« La Mutation ne peut susciter autant de ferveur que la Révolution. Mais elle joue en profondeur et celle-ci en surface. Il importe sans doute plus que les hommes passent de l’état nomade à l’état sédentaire, de la chasse au labour, que d’une institution monarchique à une institution démocratique … La diffusion de l’automobile … Il y a plus de différences entre une couleuvre et une colombe qu’entre des grenouilles qui demandent un roi et des grenouilles qui demandent une république. » (Emmanuel Berl)

« Alors que la révolution de 1944-1945 avait sans doute été une des plus sanglantes, et des plus radicales, que la France ait connues… » (Emmanuel Berl) – Etrange opinion d’un juif peu suspect de collaboration ou d’extrémisme en n’importe quel sens, connaissance en tout cas peu répandue et surtout peu médiatisée.

« On a toujours vu les œufs cassés, on n’a jamais vu les omelettes. » (Isaiah Berlin) – En référence au dicton : « On ne peut pas faire d’omelettes… »

« Dés que la révolution cesse de détruire, elle reconnaît un état de fait. Qu’est-ce qu’un état de fait, sinon l’ensemble des résultats acquis ? Les résultats acquis font les puissants. » (Georges Bernanos)

« J’aime mieux le voir révolté que déçu car la révolte n’est qu’un passage, au lieu que la déception n’appartient plus déjà à ce monde. » (Georges Bernanos –   Journal d’un curé de campagne)

« On devrait se souvenir que toutes les révolutions ont été faites par des eunuques : Jean-Jacques, Robespierre, Cromwell étaient des pisse-froid. » (Georges Bernanos)

« Les révolutions se préparent dans les consciences. C’est l’idée révolutionnaire qui fait les révolutions. La révolution commence dès le moment qu’on la désire. » (Georges Bernanos)

« Vittorio Mathieu a opposé pertinemment le révolté et le révolutionnaire. Le révolté s’indigne contre l’injustice, et, par des moyens violents, s’efforce de rétablir la justice … Pour le révolutionnaire, l’injustice n’est pas une affaire entre des hommes libres responsables de ce qu’ils font. Elle est un défaut de structure du monde, une disposition vicieuse de la société. En changeant la société, on supprime l’injustice et on rend inutile la justice qui est assurée impersonnellement par les automatismes de la société parfaite. » (Alain Besançon) – Et, bonjour les dégâts.

« Dans l’esprit révolutionnaire la catastrophe vient seulement pour déblayer l’obstacle qui arrête le cours de l’histoire, il s’agit de rendre l’histoire à son temps prescrit. On en appelle à l’histoire … La lutte est rationalisée et déchargée de la faute par l’idée du déroulement absolu … La révolution russe (comme les deux ans de la révolution jacobine) est un choix de l’utopie contre la réalité et, une fois l’utopie choisie, la dérive de la réalité est si rapide qu’il n’est plus possible de la rejoindre … En bas les choses suivent leur cours, les hommes s’efforcent d’éviter le pire et de préserver le quotidien. En haut s’accomplit une autre histoire qui, en pleine terreur, s’appelle triomphe de la liberté ou du socialisme … Maniement magique du réel, formation de deux langages imperméables (Orwell) servant non pas à communiquer mais à rendre la communication impossible … La souffrance spécifique de ce type de régime est l’angoisse psychotique de la perversion du sens et de la perte du réel … Le temps sacré de l’utopie révolutionnaire est une uchronie … Le temps de la cathédrale (le temps chrétien) donnait un sens à la souffrance, le temps de l’uchronie dénie cette souffrance même … On avait violé le temps dans l’intention de le hâter … or, à l’intérieur de la zone révolutionnaire, l’évolution se fige … La remontée de l’archaïque y a pris des formes d’autant plus effrayantes, comme si, le vernis petersbourgeois décapé, le pouvoir bolchevique avait été envahi par les méthodes, colonisé par les hommes des despotismes moscovites et tartares … La seule accélération de l’histoire dont la Révolution soit effectivement responsable porte justement sur le procès qu’elle s’était efforcée d’arrêter (le développement forcené du capital). » (Alain Besançon – suite de considérations éparses sur le phénomène révolutionnaire) – Les délires optimistes de nos dirigeants, la censure du réel et l’usage impérialiste de la langue de bois qu’opère la clique politico-médiatique nous rapprochent – avec beaucoup moins de brutalité certes – de certains aspects des régimes totalitaires.

« Ce qui est attendu de l’histoire, c’est la fin de l’histoire, la fin des temps, imaginée comme un repos bienheureux. Le ‘repos translucide et simple’ dont parle Hegel. » (Alain Besançon) – Retour au mythique Âge d’or ?

« Pathologie du temps linéaire, à laquelle le temps juif et chrétien échappent, et à laquelle semblent fatalement succomber les idéologies révolutionnaires du progrès, notamment la plus perfectionnée, le marxisme. Elles ont voulu trouver dans l’histoire elle-même le principe de son mouvement. Elles attendaient de l’histoire qu’elle mette fin à elle-même. L’image du temps linéaire judéo-chrétien subit une profonde  altération … en renversant le ‘Seigneur’ de l’histoire pour laisser celle-ci autonome. » (Alain Besançon)

« Rivarol a trouvé une des causes profondes de la Révolution, et si bien dans le caractère français : la vanité. » (Sainte Beuve)

« Révolution: En politique, brusque modification de la forme d’un mauvais gouvernement … En règle générale, les révolutions s’accompagnent d’une abondante effusion de sang, mais on estime qu’elles en valent la peine (cette opinion étant formulée par les bénéficiaires dont le sang n’a pas eu la malchance d’être répandu). » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable)

« Rebelle : Celui qui propose un désordre nouveau et n’a pas réussi à l’établir. » (Ambrose Bierce – Le dictionnaire du diable)

« Celui qui sert une révolution laboure la mer. » (Simon Bolivar)

« Les révolutions n’ont généralement pour résultat qu’un déplacement de servitude. » (Gustave Le Bon)

« Les révolutions qui commencent résultent le plus souvent de croyances qui finissent. » (Gustave Le Bon)

« L’être vraiment malheureux est celui qu’on persuade que son état était vraiment misérable. Ainsi procèdent les meneurs pour faire les révolutions. » (Gustave Le Bon)

« Les seules révolutions durables sont celles de la pensée. » (Gustave Le Bon)

« Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens… voilà les révolutions. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Depuis l’Evangile jusqu‘au Contrat social, ce sont les livres qui ont fait les révolutions. » (Louis-Ambroise de Bonald) – Encore l’auteur n’a-t-il pas connu Marx et le Manifeste du parti communiste.

« Au moins dans ceux qui l’ont secrètement dirigée, et à l’insu même de ceux qu’ils faisaient mouvoir, il y a eu encore plus de fanatisme d’opinions religieuses que d’ambition de pouvoir politique. » (Louis-Ambroise de Bonald – sur la révolution française)

« Il n’y a pas de révolution subie … parce que nous ne changeons point en un jour notre manière de voir, de penser et de sentir. Si un peuple paraît changer brusquement de mœurs, de génie et de lois, soyez sûr que cette révolution a été précédée par une longue suite d’événements et par une longue fermentation de passions. » (Louis Ambroise de Bonald)

« Sur la terre  tout est confus ; les révolutions sont comme l’homme ; un mélange de bien et de mal, de grandeur  et  de petitesse, de faiblesse et de force, de lumière et de ténèbres. » (Louis Ambroise de Bonald)

« Les révolutions ont des causes prochaines et matérielles qui frappent les yeux les moins attentifs, ces causes ne sont proprement que des occasions : les véritables causes, les causes profondes et efficaces sont des causes morales, que les petits esprits et les hommes corrompus méconnaissent. » (Louis Ambroise de Bonald)

« La célébration bruyante et parodique de la révolte, des révoltés, est une manœuvre conjuratoire, face à l’avenir, autant qu’une entreprise de déminage sur les routes du passé. » (David Bosc)

« Les révolutions sont animées par des idées abstraites de changement, de bonheur, ou d’harmonie, qui aboutissent à la création d’un appareil, d’une organisation ou d’un système dans lesquels la communauté se trouve broyée par la nécessité de déterminer un tout, une totalité. Cette volonté d’englober l’ensemble de la société dans une seule et même enveloppe … se fonde sur la conviction que la réalité politique peut se conformer à un modèle préconçu, issu d’une philosophie de l’histoire. » (Pierre Boutang)

« Le terme ’révolution de couleur’ (ou de ‘velours’) désigne un soulèvement populaire et pacifique aboutissant à la chute d’un gouvernement … Mais à partir du début du XXI° siècle ces révolutions semblent de moins en moins spontanées et moins encore réellement maîtrisées par les peuples qui sont censés les faire, et de plus en plus téléguidées par d’autre Etats ou par d’autres institutions (L’open sociéty de Georges Soros) qui, sous couvert d’aider les peuples en question … auraient leurs propre agendas … Confiscation du phénomène de révolution populaire par d’autres intérêts … Ces mouvements ont très rarement tenté de mettre à bas des régimes favorables aux Etats-Unis … Construction d’une image d’un mouvement du Bien, du Vrai et du Beau, façonnée pour le légitimer comme pour délégitimer le titulaire du pouvoir à renverser (images, symboles, slogans…) … Minorités agissantes jouant à être le peuple grâce à une saturation médiatique parfaitement programmée, bien éloignée de la spontanéité prêtée à ces mouvements populaires … Armes d’un pouvoir oligarchique contre les populismes. » (Christophe Boutin)

« La tentative pour rompre avec le passé se paye souvent par un ‘retour du refoulé’ qui refait surface sous forme archaïque. Chez les protagonistes de la Révolution française, la référence obsessionnelle à l’Antiquité, romaine en particulier… » (Rémi Brague)

« L’esprit révolutionnaire a tendance à considérer que l’homme est à même de refaire le monde, et voit en cette capacité de détruire l’ordre existant de quoi compenser l’impression de n’être que quantité négligeable dans l’univers … La pratique révolutionnaire ressent comme une limitation insupportable l’existence de réalités naturelles, et donc irréformables … ‘En dehors de l’homme, il n’y a rien … nous pourrions les supprimer (les étoiles !)’.» (Rémi Brague – citant George Orwell, 1984)  – Même les destructeurs en peau de lapin au pouvoir en France, se font le même genre d’illusion et croient qu’ils sont maîtres de tout, ce pourquoi ils n’hésitent pas à saborder la société.

« Ce qui fait le danger profond des hommes de lettres, c’est qu’ils se résignent rarement à être les simples joueurs de quilles à qui les comparaît Malherbe. Ils voudraient agir sur l’univers, ils croient, et surtout depuis deux cent ans, qu’ils ont une autorité et qu’ils ont des droits. A l’origine de toutes les révolutions, on trouve quelques intellectuels aigris qui s’approchent en tremblant de l’action et les fleuves de sang commencent à être des fleuves d’encre ; toutes les émeutes sont organisées par des pions. » (Robert Brasillach)

« En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d’ancêtre. » (André Breton)

« Un mouvement de protestation sociale a d’autant plus de chances de survenir lorsqu’il est précédé d’une crise économique, elle-même consécutive à une longue période de croissance et de prospérité. » (Gérald Bronner – citant James Davies)

« Cette attirance pour la figure du rebelle qui hante plus spécialement artistes, journalistes, intellectuels, écrivains, politiques. Il faut y voir bien sûr une des valeurs refuges du narcissisme contemporain à une époque où le consensus nivelle les individus et les camps et les rend tous semblables. » (Pascal Bruckner)

« Le rebelle réconcilie deux images valorisantes : celle de l’homme d’exception qui s’élève au-dessus de la masse, celle de l’homme de bien qui met ses talents au service d’autrui, se sacrifie pour son bonheur. Il conjoint élitisme et sainteté et convertit la persévérance d’une forte personnalité en oblation faite à l’humanité entière. » (Pascal Bruckner)

« Jadis le rebelle était un homme du peuple qui voulait épater le bourgeois ; maintenant, c’est un bourgeois qui veut épater le peuple. » (Pascal Bruckner)

« Toute révolte réussie donne naissance à un lobby qui pèse ensuite de tout son poids pour défendre ses intérêts. » (Pascal Bruckner) – Par exemple, le féminisme.

« La moindre découverte scientifique a plus transformé la face du monde que ne le firent jamais les plus célèbres révolutionnaires. » (Paul Brulat)

« Les esprits éclairés qui ont cru bon de rompre le cours des choses n’ont aucun respect pour la sagesse des autres, mais en compensation ils font à la leur une confiance sans bornes. Il leur suffit d’un seul motif pour détruire un ordre des choses ancien, son ancienneté même. » (Edmund Burke) – Alain Finkielkraut commente que la violence révolutionnaire n’est pas imposée par les circonstances, qu’elle est un pur produit de la présomption. Même indépendamment de toute révolution il suffit de considérer l’arrogance de nos gauchistes et leur volonté, capacité, de tout détruire gratuitement.

« La révolution commence à partir de l’idée. Elle est l’insertion de l’idée dans l’expérience historique quand la révolte est seulement le mouvement qui mène de l’expérience individuelle à l’idée … La révolte, engagement sans issue dans les faits, protestation obscure qui n’engage ni systèmes ni raisons, alors qu’une révolution est une tentative pour modeler l’acte sur une idée, pour façonner le monde dans un cadre théorique. La révolte tue des hommes, la révolution tue à la fois des hommes et des principes. » (Albert Camus)

« La révolution sans autres limites que l’efficacité historique signifie la servitude sans limites. » (Albert Camus)

« La révolution consiste à aimer un homme qui n’existe pas encore. » (Albert Camus)

« Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige. » (Albert Camus) 

« Reculant mystérieusement à dire qu’il se révolte contre ce qu’il est, il met en avant l’éternel alibi de l’insurgé : l’amour des hommes. » (Albert Camus – sur le Maldoror de Lautréamont) – Mais sur tant d’insurgés bien réels !

« Le mot fameux : ‘Non, Sire, ce n’est pas une révolte, c’est une révolution’ met l’accent sur une différence essentielle … Le mouvement de révolte tourne court. Il n’est qu’un témoignage sans cohérence. La révolution commence au contraire à partir de l’idée. Elle est l’insertion de l’idée dans l’expérience historique quand la révolte est seulement le mouvement qui mène de l’expérience individuelle à l’idée … La révolte … engagement sans issue dans les faits, protestation obscure qui n’engage ni systèmes ni raisons. Une révolution est une tentative pour modeler l’acte sur une idée, pour façonner le monde dans un cadre théorique. C’est pourquoi la révolte tue des hommes alors que la révolution détruit à la fois des hommes et des principes. » (Albert Camus)

« A la révolution jacobine qui essayait d’instituer la religion de la vertu, afin d’y fonder l’unité,  qu’elles soient de droite ou de gauche, succéderont les révolutions cyniques qui vont tenter de conquérir l’unité du monde pour fonder enfin la religion de l’homme. Tout ce qui était à Dieu sera désormais rendu à César. » (Albert Camus)

« Question : quand est-ce qu’une période révolutionnaire commence ? Réponse : lorsque la population forme ses propres organes autonomes, lorsqu’elle entre en activité pour se donner à elle-même ses formes d’organisation et ses normes – Question : quand est-ce qu’une révolution se termine, dégénère, cesse d’être une révolution ? Réponse : lorsque les organes autonomes de la population cessent d’exister et d’agir, soit qu’ils soient éliminés, soit qu’ils soient domestiqués, asservis, utilisés par un nouveau pouvoir séparé comme instruments ou éléments décoratifs. »  (Cornelius Castoriadis)

« L’avantage du drapeau rouge c’est que les assassins peuvent s’y essuyer les mains sans le souiller. » (Jean Cau)

« ‘Révolution des mœurs’, ‘Révolution féministe’… C’est une pitié que cette déroute, sous n’importe quelle défroque, de l’utopie. » (Jean Cau)

« ‘Revolutio’ signifie ‘retour’ et renvoie à la circonvolution des astres … un retour au point de départ … Restauration d’un ordre originel … (maints exemples historiques) … ‘On eût pu croire que le but de la révolution qui se préparait était non la destruction du régime ancien mais sa restauration.’ (Alexis de Tocqueville – sur les cahiers de doléances de 1789) … Mais il y a un sens adjacent : ‘trouble, désordre et changement’ … Déjà s’insinue l’idée d’une cassure … Avec les révolutions américaine et française, surgit une espèce encore inouïe de révolution. Une mutation radicale s’opère, qui change les mentalités … Le présent devient résolument autre … La révolution devient un nouveau commencement ‘L’idée que le cours de l’Histoire, brusquement, recommence à nouveau … une histoire jamais connue ou jamais racontée auparavant, va se dérouler … Idée inconnue avant la fin du XVIII° siècle et ses deux grandes révolutions’ (Hannah Arendt). ‘Recommencer à nouveau le monde’ (Thomas Jefferson). » (Père Michel de Certeau)

« Trop de clercs, en se faisant les défenseurs de la guérilla montagnarde … exprimeraient ‘leur’ malaise plutôt qu’ils n’accorderaient (leur soutien) en raison de l’analyse économique, sociale et politique … Leur discours serait une thérapeutique (à leur propre usage). » (Père Michel de Certeau – sur le clergé adepte de la théologie de la libération) – C’est bien évident et cela s’applique partout et toujours à la grande majorité des gauchistes. Le père de Certeau n’était pourtant pas un affreux réactionnaire quand il admirait le castrisme et la révolution culturelle maoïste !

« La vraie révolution, c’est quand les rôles changent, et pas seulement les titulaires. » (Gilbert Cesbron)

« On ne peut pas nettoyer les écuries d’Augias avec un plumeau. » (Chamfort) – Dans sa période d’enthousiasme révolutionnaire avant que, traqué et écœuré, il ne se suicide.

« Les révolutions ont échoué autant qu’elles ont réussi ; en même temps que le progrès social, elles ont apporté la Guerre bien plus que la Paix, et la Dictature autant que la liberté. » (Bernard Charbonneau)

« ‘Les premiers seront les derniers’, tel est le principe de toute révolution … La révolte mène à l’organisation. Et l’organisation exaspère la révolte parce qu’elle ne libère qu’en asservissant … Voulant plus de liberté et de justice, elle obtient plus de lois, donc de police. Et comme l’individu devient de plus en plus lui-même, il faut bien que la contrainte sociale organise de l’extérieur le lien autrefois né spontanément de l’intérieur … La liberté, la justice n’étant pas dans la société, il faut les y introduire. Mais, comme pour ce faire, il faut se battre et s’organiser en armée, et que dans un ordre désormais conforme à l’idéal, l’insurrection n’a plus de sens, la révolution s’établit en mettant fin à la révolte qui l’a inspirée ; après avoir tué le tsar, elle doit tuer Trotski. Ainsi, la révolte engendrant l’organisation et l’organisation la révolte, leur montée parallèle se précipite vers un terme qui ne saurait être qu’un désordre ou un ordre total, soit que le refus humain fasse éclater l’organisation, soit que l’organisation traque la révolte jusque dans le cœur humain … Dans les révolutions … se succèdent en général une phase philanthropique et une phase terroriste. Détentrice des vérités, la révolution a le devoir de protéger la vertu et d’anéantir le vice qui l’assaille de toutes parts. Et, comme elle n’a pas de temps à perdre … La révolution est-elle l’occasion d’établir le règne du vrai et du bien ou de satisfaire la volonté de puissance ? … ‘Prendre le pouvoir’ mais pourquoi faire ? De faire l’Etat, la guerre, pas la liberté, pas la paix … On dirait plutôt que le pouvoir les prend … La révolution dégénère en despotisme … Dans l’anarchiste dort l’autoritaire qui se révèle le jour où il accède au pouvoir. Le véritable échec des révolutions se manifeste le jour de leur victoire. » (Bernard Charbonneau – considérations éparses sur la révolution)

« Les révolutions n’ont jamais eu d’autres effets durables que la promotion d’une caste dirigeante adaptée à l’époque et qui ne change rien à la plainte perpétuelle des hommes. » (Jacques Chardonne) – Elles sont même faites pour accroître cette dernière.

« J’ai constaté que souvent, derrière une révolte exacerbée contre les hommes, se profilait un conflit violent avec la mère. » (Janine Chasseguet-Smirgel)

« De tristes échos se réveillent dans les cœurs qui ont retenu le bruit des révolutions. » (Chateaubriand)

« Toute révolution qui n’est pas accomplie dans les mœurs et dans les idées échoue. » (Chateaubriand)

« Ces temples étaient dédiés à la Vérité, qu’aucun homme ne connaît, et à la Raison, qui n’a jamais séché une larme. » (Chateaubriand)

« Il faut se garder de prendre les idées révolutionnaires ‘du temps’ pour les idées révolutionnaires ‘des hommes’,  l’essentiel est de distinguer la lente conspiration des âges de la conspiration hâtive des intérêts. » (Chateaubriand)

« Les sociétés secrètes ont seules une longue portée, parce qu’elles procèdent par révolutions et non par conspirations ; elles visent à changer les doctrines, les idées et les mœurs avant de changer les hommes et les choses ; leurs progrès sont lents, mais les résultats certains. » (Chateaubriand – énonçant les thèses de Gramsci un siècle auparavant)

« Syllogisme de logique révolutionnaire : si quelque chose dans l’épaisseur des choses s’oppose à la réalisation du modèle conçu a priori, cela ne peut venir que de la main de l’ennemi. » (Pierre Chaunu)

Sur  « Le gâchis de la dispendieuse commémoration de l’archétypale, très sainte, sanglante et belliqueuse Révolution. Le processus improprement dit révolutionnaire entrave, retarde, compromet l’évolution en cours d’une société vivante, moderne, en heureuse et rapide mutation dont les indices par tête venaient de rattraper les performances de la créative Angleterre que la France surclassait alors, de toute manière, par le nombre et par le poids. Une structure d’Etat qui s’est figée, le piège d’une série de mauvais choix, l’abandon en 1774 de l’excellente réforme Maupeou, un règlement électoral absurde mettent en place une masse critique de mouvements erratiques, qui fait émerger la boue, et entraîne, au moment où commence la vraie révolution, la révolution industrielle, un des plus grands ratages de l’histoire. L’inflation, le retour à l’économie de subsistance, l’appauvrissement du patrimoine, la désalphabétisation, la plus atroce des persécutions religieuses, la plus grande flambée d’intolérance, l’amenuisement irréversible de la fécondité, le ‘populicide’ de Vendée et la guerre d’agression qui entraînent un volume de pertes supérieur à celui de 1914-18 méritent-ils tant d’honneur ? Etait-il convenable à trois ans de ‘l’Acte unique’ qui scelle l’amitié européenne de commémorer ça ? … de se délecter de ces horreurs et célébrer comme une victoire ce qui est une faute … mensonge officiel, falsification manichéenne de notre histoire … Rien ne justifie l’apologie du crime. » (Pierre Chaunu – Le grand déclassement)

« La tare belliciste est, sans doute, la tare la plus indéracinable de la mémoire révolutionnaire … Après avoir déclaré curieusement la paix au monde, avec de puériles précautions oratoires, la Révolution a fait la guerre à tout le monde … Se prétendant l’amie des peuples, elle a cru que l’on pouvait faire la guerre aux rois autrement qu’en la faisant aux peuples, elle a soumis les territoires voisins au pillage (voir le souvenir qu’ont gardé ces peuples !) … Fête du sang …  Choix délibéré d’une faction majoritaire au sein du microcosme politique de fuir dans la guerre, afin de pouvoir exterminer l’ennemi intérieur en l’assimilant à l’ennemi extérieur (les horribles massacres de septembre dans les prisons n’ont rien d’une improvisation) autant que pour masquer l’échec politique, religieux, économique, social et monétaire (deux procédés de détournement classiques) … ‘L’invasion ‘libératrice’ de l’Europe, car du coté des gouvernants étrangers on n’est pas mécontent des difficultés du voisin, on ne répond qu’à nos provocations, et mollement (sinon nous aurions été promptement balayés quel que fût l’héroïsme incontestable des sans-culottes et la qualité des officiers, anciens petits sous-officiers de l’Ancien régime) … Quand autant de provocations sont accumulées … on ne peut invoquer l’imprévisibilité, un enchaînement malheureux, de hasards et de malentendus. Le tyran collectif a voulu la guerre, il a voulu le soulèvement de la Vendée … L’Empire n’a pas su se dépêtrer de la paranoïa annexionniste de la Révolution et n’a pas pu terminer la guerre (longue d’un quart de siècle) … En 1787, la France était une société civile prospère, au sommet de laquelle l’Etat était devenu évanescent … Aucune ville au monde n’était alors aussi sûre que Paris, et nos campagnes, grâce à la maréchaussée … Grande sobriété juridique, le roi n’intervenait pas dans le secteur couvert par le droit privé (alors qu’aujourd’hui !) … La dîme était acceptée (voir les cahiers de doléances du Tiers Etat, à peine un dixième la dénonce), car elle alimentait le budget social de la nation (forme de Sécurité sociale, Education nationale…) et les Français le savaient … La déclaration du 4 août a systématisé, anticipé et théorisé ce que la société civile accomplissait intelligemment et ce qu’elle eût accompli plus vite sans ces chiens de garde qu’étaient les Parlements, si souvent dressés contre la Royauté pour maintenir leurs privilèges … Le saccage artistique, même haine d’une minorité, même mépris du passé, même rage d’anéantir, que sans doute lors de certaines invasions barbares et, plus près de nous, que lors de la révolution culturelle chinoise, que, si on prend les déclarations de Churchill au sérieux, lors de certains bombardements alliés destinés à saper le moral du peuple … Des assemblées, manipulées par des minorités (5.000 à 20.000 sectionnaires, braillards, permanents, ‘apparatchiks’, primates obtus), bien plus radicales que l’ensemble de la France… » (Pierre Chaunu – considérations éparses très simplifiées sur la Révolution française et à propos de sa honteuse commémoration – Le grand déclassement)

« La révolte en elle-même est révoltante. Ce n’est qu’un vomissement. » (G. K. Chesterton)

« Dans son ouvrage sur la politique, le révolutionnaire s’en prend à ceux qui piétinent la moralité ; dans son livre sur l’éthique, il accuse la moralité de fouler aux pieds les hommes… Se rebellant contre tout le révolté moderne a perdu le droit de se révolter contre quoi que ce soit. » (Chesterton)

« Le nouveau révolté est un sceptique, il ne se fiera totalement à rien. Il ignore la loyauté, c’est pourquoi il ne pourra jamais être réellement un révolutionnaire. Le fait qu’il doute de tout lui barre la route quand il veut dénoncer quelque chose. Car toute dénonciation suppose une quelconque doctrine morale ; or le révolutionnaire d’aujourd’hui doute non seulement de l’institution qu’il dénonce, mais encore de la doctrine au nom de laquelle il la dénonce. » (Chesterton)

« Une révolution est une fatale lumière qui découvre la hideuse nudité de la majeure partie des  hommes. » (duchesse de Choiseul)

« Défi lancé à l’idée du péché originel, tel apparaît le sens dernier des révolutions. » (Emil Cioran)

« Avoir dépassé l’âge de la révolte et se déchaîner encore, c’est se faire à soi-même l’impression d’un Lucifer gâteux. » (Emil Cioran) – Un vieil indigné récent aurait pu retenir !

« On peut discourir indéfiniment sur le destin des révolutions, politiques ou autres : un seul trait leur est commun, une seule certitude se dégage de l’examen qu’on en fait : la déception qu’elles suscitent chez tous ceux qui y ont cru avec ferveur. » (Emil Cioran)

« Même auprès de Dieu, le mécontentement grondait, comme en témoigne la rébellion des anges, la première en date. C’est à croire qu’à tous les niveaux de la création, on ne pardonne à personne sa supériorité. » (Emil Cioran)

« Toute rébellion est athée. L’inadhérence à une fraction infinitésimale de la Création équivaut à une désintégration de l’infini divin. L’anarchie n’est pas prévue dans le plan de la Création. » (Emil Cioran)

« Renverser le régime revenait à priver de pouvoir quelques centaines de nobles. Renverser le capitalisme nécessite de transformer les habitudes de consommation de 66 millions d’individus, pour le moins. Le pari est pour ainsi dire impossible à tenir. » (Frédéric Saint Clair) – L’auteur semble ne raisonner qu’à l’échelle de la France. 

« Quelle invite à la délation, à la calomnie, à l’assouvissement de vieilles rancunes qu’un régime de terreur, que cette terreur soit révolutionnaire ou royaliste, bleue ou blanche ! » (Richard Cobb) – Ou qu’elle se baptise libération.

Deux approches de l’histoire : « – La thèse des circonstances. Ce n’est pas la Révolution qui a commencé ; elle n’a jamais agi (les massacres révolutionnaires, le génocide vendéen, la Terreur…) que sous le coup de circonstances extérieures qu’elle ne pouvait même pas prévoir  ; telle est la thèse de tous ses défenseurs, argument de salut public, tyrannie de fait au service de la liberté de principe … Mais les circonstances rendent compte d’un acte, d’un accident, non d’un dogme, d’une foi, d’une morale nouvelle – La thèse du complot. Les sociétés populaires, puissances à part ayant des tendances, des intérêts, un être à elles, ne sont pas le peuple, telle est la vérité qui éclate en Thermidor.  La raison des sociétés de pensée n’est pas de ce monde, née dans le monde à part de ces sociétés (ou au sein d’un parti bien fermé), elle ne peut régner que par la fraude et la force. » (Augustin Cochin – traitant des crimes commis par la révolution de 89, mais la distinction peut être transportée au bolchevisme et même généralisée à beaucoup de révolutions)    

« En renouant avec un principe très archaïque, la société reconnaissait le droit des subordonnés à se révolter contre un maître qui n’aurait pas été à la hauteur des responsabilités qui lui étaient dévolues … Voilà un principe de laïcité qui s’immisce en plein Moyen Âge : le pouvoir du souverain n’est ni sacré ni surnaturel ; il n’existe que par le peuple qui peut y mettre fin en certaines circonstances … Droit à la révolte reconnu sous le régime féodal ou monarchique … Le renoncement des élites à protéger, que ce soit par  aveu d’impuissance ou par conversion à l’idéologie néo-libérale, souligne, par contraste, que le droit de gouverner se gagne, d’abord, par la capacité à protéger. Ultime rappel au moment où les gouvernants semblent se délier de ce devoir d’où découle leur pouvoir. » (Philippe Cohen)

« Le vocabulaire de la terreur politique naît avec la Terreur révolutionnaire, en France, entre 1792 et 1795. Il n’existe pas avant. Il devient universel ensuite. C’est l’un des visages de la sécularisation. C’est l’autre don du pays des droits de l’homme au reste du monde … La première des novlangues modernes : ‘Brigands’, ‘Traîtres’, ‘Réactionnaires’, ‘Exterminer’, ‘Rafle’, ‘Mitraillage’ …» (Jean-François Colosimo) – « La Terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible : elle est donc une émanation de la vertu » (Robespierre)

« N’importe quelle phase révolutionnaire marque l’accès au pouvoir d’une classe nouvelle qui fonde sa domination sur la critique radicale de la classe anciennement dominatrice qu’elle a détrônée. » (Jean-François Colosimo) – Chez les communistes, la critique radicale devient balle dans la nuque. C’est effectivement radical.

« La terreur est une nécessité ; et tant pis si son glaive s’abat sur des têtes innocentes. » (Dzerjinski) – « N’exécutons pas que des coupables ; la mort des innocents impressionnera encore plus les masses. » (Krylenko). Cités par Jean-François  Colosimo, ces deux dirigeants de la Tchéka en 1918, la police politique communiste léniniste, qu’admiraient tant nos intellectuels, l’ignoble Jean-Paul Sartre en tête. Pendant que « Trotski prescrit la saisie et l’exécution non seulement des ennemis, mais aussi de leurs femmes et enfants … ce dont il se justifiera en 1939 dans un libelle sans ambiguïté, ‘Leur morale et la nôtre’. » (Jean-François Colosimo)

« De septembre 1793 à septembre 1794, la persécution antireligieuse va se doubler d’une fabrication religieuse. Inflexible ici, hyperbolique là, l’Etat contrefait l’Eglise (même le temps, le calendrier est laïcisé) … La Terreur est un antichristianisme, mais n’est pas un athéisme. Parce que sans la reconnaissance d’une divinité, il ne peut pas exister de corps collectif … Sans la reconnaissance d’un au-delà, aucun membre ne peut consentir à mourir pour que vive le corps (or, la levée en masse l’exigeait…) … La régénération sociale est un décalque sécularisé de la régénération baptismale (sauf que le citoyen a pour mission d’éliminer le ‘dégénéré’). »–  Le communisme fût aussi une religion. « L’adhésion au Parti comme consécration, la délation comme exorcisme, l’autocritique comme pénitence … L’embaumement du corps de Lénine comme un rite de canonisation … On ne sait plus de la religion et du politique où sont l’original et la copie … soit la religion annonce le politique qui l’abolit en se faisant religieux, soit le politique accomplit la religion qui l’imite en se faisant politique. » (Jean-François Colosimo)

« Pour une force révolutionnaire, il n’y a pas de sens à savoir bloquer l’infrastructure de l’adversaire si elle ne sait pas la faire fonctionner, le cas échéant, à son profit. » (C. N. I.)

« Une perspective révolutionnaire ne porte plus sur la réorganisation institutionnelle de la société, mais sur la configuration technique des mondes. » (C. N. I.)

« Le fétichisme de l’Assemblée … Le lieu où l’on est contraint d’écouter des conneries sans pouvoir répliquer, exactement comme devant la télé ; en plus d’être le lieu d’une théâtralité exténuante et d’autant plus mensongère qu’elle mime la sincérité, l’affliction ou l’enthousiasme. » (C. N. I.)

« Quiconque se met à fréquenter les milieux radicaux s’étonne d’abord du hiatus qui règne entre leurs discours et leurs pratiques, entre leurs ambitions et leur isolement. Ils semblent comme voués à une sorte d’auto-sabordage permanent … à entretenir une course à la radicalité qui se suffit à elle-même … La petite terreur qui y règne … n’est pas celle du parti bolchevique. C’est plutôt celle de la mode, cette terreur que nul n’exerce en personne, mais qui s’applique à tous. On craint dans ces milieux de ne plus être radical … On évite d’aller à la racine des choses au profit d’une consommation superficielle de de théories, de manifs et de relations. » (C. N. I.)

« La majorité des révolutionnaires sont surtout ennemis de la discipline et des corvées. Il existe aussi des natures auxquelles le sentiment de la justice fait apparaître le prix exigé comme monstrueusement énorme, odieux, tyrannique, assommant, humiliant, exorbitant, intolérable. Ceux-là sont des fanatiques. La partie restante des rebelles sociaux s’explique par la vanité, mère de toutes les illusions nobles ou viles, compagne des poètes, des réformateurs, des charlatans, des prophètes et des incendiaires. » (Joseph Conrad – L’agent secret) – La vanité les accompagne toujours tous.

« L’on immole à l’être abstrait les êtres réels ; l’on offre au peuple en masse l’holocauste du peuple en détail. » (Benjamin Constant)

« ‘Vous serez comme les riches’, telle est la formule des révolutions socialistes contre les classes moyennes. ‘Vous serez comme les nobles’, telle est la formule des révolutions des classes moyennes contre les classes nobiliaires. ‘Vous serez comme des rois’, telle est la formule des révolutions des classes aristocratiques contre les rois … Depuis Adam, le premier rebelle (‘vous serez comme des dieux’), telle est la formule de toutes les révolutions. » (Donoso Cortès – Discours sur la dictature)

« La gauche post-marxiste ne reportera plus la révolution à un prochain moment dans l’histoire de la collectivité, mais la pensera comme une posture permanente d’hostilité à l’ordre établi. » (Mathieu Bock-Côté) – Notamment en pratiquant systématiquement la déconstruction de toutes les institutions, croyances, traditions… soit la destruction nihiliste du monde.

« Prenez un révolutionnaire, trempez-le, pendant plusieurs années, dans l’eau tiède des honneurs et de la fortune, et vous obtenez un libéral. » (Léon Daudet)

« Les fanatiques de la liberté finissent comme techniciens de la police. » (Nicolas Gomez Dàvila) – Dessein caché du révolutionnaire.

« Il est d’usage dans nos manuels d’histoire de distinguer … la révolte, fille écervelée de la famine, et la révolution, fille un peu cérébrale des bibliothèques. Le premier débordement serait rétrograde, frappé de stérilité, englué dans une gangue mystique, rustique … jacqueries, guerres des paysans, sauvageries de va-nu-pieds et de crève-la-faim. Le second serait urbain, rationaliste, moderne et anticipateur … C’est le projet d’avenir qui manquerait à la révolte, tandis qu’il donnerait des ailes à la révolution. » (Régis Debray)

« Le lien ancestral et compulsif entre philosophie et révolution, cette dernière se voulant chaque fois, contrairement à la jacquerie, émeute ou révolte, l’avènement de la philosophie dans l’histoire. Voire la revanche, plus ou moins furieuse d’un ordre enfin rationnel sur les désordres de l’histoire toute bête, abandonnée à elle-même … Les Lumières en 1789, le matérialisme dialectique en 1917, l’existentialisme en 1960 sous les tropiques (Jean-Paul Sartre a vu dans le triomphe d’une guérilla dont les détails pratiques ne l’intéressaient pas l’avènement de sa philosophie à lui) … Les esprits philosophiques préfèrent disserter sur la révolution plutôt que sur la guerre civile. L’historien sait que l’une ne va jamais sans l’autre. » (Régis Debray) – Qu’il est délicieux d’inciter les autres à s’entretuer pour valider, bien au chaud, ses élucubrations perverses, Sartre modèle de cette abjection germano-pratine.

« Ce qui était une fiction devient, jour après jour, la triste réalité. Le politiquement correct ronge les œuvres contemporaines comme celles du passé. Il faut nettoyer, raccourcir, remplacer. L’acte ’révolutionnaire ‘et progressiste par excellence consiste aujourd’hui à déboulonner des statues, à débaptiser des rues, à simplifier l’histoire et à aseptiser la littérature, en commençant par la ‘littérature jeunesse ‘. ». (Didier Desrimais) – Révolutionnaires ou Bobos serviles ?

« À l’image du juge Clamence dans La Chute, le révolté d’aujourd’hui gagne sa supériorité par une autoflagellation permanente qui permet au pénitent de devenir l’accusateur de tous ses pairs. Coupables de tous les maux, nos sermonnaires n’endossent en réalité plus aucune responsabilité, ni ne tirent aucune réelle leçon pour l’avenir. » (Adèle Deuez) – Mais le révolté d’aujourd’hui n’est qu’un fils de famille aussi excité que frustré. 

« La dimension populaire, patriotique et sociale de la Révolution, est évacuée au profit de la seule célébration des droits de l’homme et des minorités. » (Alexandre Devecchio – sur la mascarade de la célébration du bicentenaire)

« Ils réclamaient des têtes ! Ils n’avaient pas les moyens de se payer la tête de quelqu’un, les pauvres ! » (Raymond Devos)

« Quand on est d’avant-garde, on ne doit surtout pas apparaître détenteur du pouvoir, et, comme on le détient aujourd’hui, on doit s’afficher rebelle, solitaire même.  Surtout quand on est partout et dans tous les médias, voyez Sollers, il ne craint pas de se dire marginal. Un marginal et solitaire pilier de milieu. C’est ainsi qu’on tient le pouvoir dans la culture actuelle ; par la rhétorique antipouvoir. » (Jean-Philippe Domecq)

« Si vous avez mis la guillotine au premier plan et avec tant d’enthousiasme c’est uniquement parce qu’il est plus facile de trancher des têtes que d’avoir une idée. » (Dostoïevski – Les démons)

« Il se vante (le grand inquisiteur), lui et les siens, d’avoir supprimé la liberté pour rendre les hommes heureux. Les hommes sont naturellement révoltés ; est-ce que des révoltés peuvent être heureux ? » (Dostoïevski – Les frères Karamazov ; La légende du Grand Inquisiteur)

« Ils sont naturellement révoltés, est-ce que des hommes révoltés peuvent être heureux ? …   La liberté leur fait peur, car  il  n’y a jamais eu rien de plus intolérable pour l’homme et la société …  En consentant au miracle des pains, tu aurais calmé l’inquiétude universelle de l’humanité … à savoir ‘devant qui s’incliner’ … Il n’y a rien pour l’homme de plus séduisant que le libre arbitre, mais aussi rien de plus douloureux … Il y a trois forces, les seules qui puissent subjuguer à jamais la conscience de ces faibles révoltés, ce sont le miracle, le mystère, l’autorité … Les hommes sont des esclaves, bien qu’ils aient été créés rebelles … L’allégresse des gamins prendra fin et leur coûtera cher. Ils renverseront les temples et inonderont la terre de sang, mais ils s’apercevront enfin, ces enfants stupides, qu’ils ne sont que de faibles mutins, incapables de se révolter longtemps … En acceptant la pourpre de César, tu aurais fondé l’empire universel et donné la paix au monde … L’indépendance, la libre pensée, la science les auront égarés dans un tel labyrinthe, mis en présence de tels prodiges, de  telles énigmes, que les uns, rebelles furieux, se détruiront eux-mêmes, les autres, rebelles, mais faibles, foule lâche et misérable, se traîneront à nos pieds en criant ‘sauvez-nous de nous-mêmes’ … Ils comprendront la valeur de la soumission définitive. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov – morceaux du discours du Grand inquisiteur au Christ revenu sur terre)

« En fait de Dieu la révolution n’a jamais engendré que le veau d’or. » (Edouard Drumont)

«  … Combien la Révolution fut dure au Peuple. Quand la bourgeoisie eut les poches pleines et que le peuple voulut avoir son tour, ce fut le canon qui répondit … Des révolutions politiques avantageuses à la bourgeoisie on en fera désormais tant qu’on voudra, mais, dés qu’il s’y mêlera l’ombre d’une revendication sociale, les mouvements seront impitoyablement réprimés … La Révolution n’a eu pour résultat ‘que de substituer des servitudes collectives toujours croissantes à des servitudes individuelles toujours décroissantes’ (Charles Fourier). » (Edouard Drumont) – Le canon est devenu inutile. Les média suffisent à asservir.

« Il est toujours plus facile d’être un révolté que d’être un chef. » (Maurice Druon)

« Les rebelles sont bons parce qu’ils sont rebelles. » (Benoît Duteurtre)

« La Rebelle est le portrait d’une journaliste ; une donneuse de leçons … qui s’enrichit en faisant la morale aux autres ! » (un personnage de Benoît Duteurtre – La rebelle) – Les mordus de télévision pourront certainement reconnaître quelques-unes et quelques-uns.

« La signification quasiment étymologique d’une révolution : le fond d’une nation qui monte brusquement à la surface. » (? – cité par Jean Dutourd)

« Chacun sait, nous l’avons tous lu à l’école, que la révolution est l’acte libre de tout un peuple soulevé, brisant ses chaînes. » (Jacques Ellul)

« L’unique espoir de la révolte, est de rester à elle-même sa propre fin, sous peine soit de prendre le pouvoir, soit, pire encore, de donner bonne conscience : rien n’est plus juste que de haïr l’inégalité, mais rien n’est plus dangereux que de viser l’abolition de toutes les injustices. La révolte est un avertissement qui dégénère en dogme, s’il se prend au sérieux… La révolte est indispensable mais elle est incompétente. Son accession au pouvoir, fût-elle démocratique, débouche soit sur la tyrannie, soit sur la déception. Elle s’abîme quand elle accède aux affaires. » (Raphaël Enthoven)

« Tous les établissements en France couronnent le malheur du peuple. Pour le rendre heureux, il faut le renouveler, changer ses idée, changer ses lois, changer ses mœurs, changer les hommes, changer les choses, changer les mots … tout détruire ; oui, tout détruire puisque tout est à recréer. » (Rabaut Saint-Etienne, député à la Convention) – Au moins quelqu’un qui sait ce qu’il faut faire.

« Les avant-gardes révolutionnaires font la chasse non à l’homme (elles ne pèsent pas l’homme dans sa substance), mais aux symptômes. La vérité adverse leur apparaît comme une maladie épidémique. Pour un symptôme douteux on expédie le contagieux au lazaret d’isolement, le cimetière. » (Saint-Exupéry)

« La révolution constructive qui tend à élargir la représentation, à consacrer certaines libertés, et la révolution destructive, causée par l’effondrement d’un principe de légitimité et l’absence d’une légitimité de remplacement. » (Guglielmo Ferrero – cité par Raymond Aron)

« Ce qui fait l’attrait de l’idée de révolution, ce n’est pas seulement la moralité qu’elle revendique, ni la solution du problème humain qu’elle prétend être, c’est le caractère séduisant, exaltant et gratifiant de l’intrigue qu’elle propose. » (Alain Finkielkraut)

« Qu’est-ce que la passion révolutionnaire, sinon la passion exaltée de parvenir à une société parfaite en extirpant le principe malin qui lui fait obstacle ? » (Alain Finkielkraut)

« Le mal est (peut être) dans l’élan lui-même, dans le fait de localiser le mal, de lui découvrir une adresse et de se vouer avec une ardeur rédemptrice à son anéantissement … Là où se lève l’aube du Bien, écrit Ikonnikov, les enfants et les vieillards périssent, le sang coule … j’ai pu voir en action la force implacable de l’idée de bien social qui est née dans notre pays. » (Alain Finkielkraut – sur certaines attitudes ‘révolutionnaires’ – commentant Tout passe de Vassili Grossman)      

« Notre époque a fait de la révolte de tous ceux qui savent se cogner aux interdits et aux stéréotypes un des principaux articles de sa morale. » (Alain Finkielkraut – à propos d’un concours de Paroles de révolte organisé par deux grands média français, grands par le chiffre d’affaires, pas par la noblesse)

« Conjuré. – Les conjurés ont toujours la manie de s’inscrire sur une liste. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Faubourgs. – Terribles dans les révolutions. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Il vous devait suffire – Que votre premier roi fut débonnaire et doux – De celui-ci contentez-vous – De peur d’en rencontrer un pire. » (La Fontaine – Les grenouilles qui demandent un roi)

« La Révolution française n‘a pas eu pour fonction de remplacer la noblesse par la bourgeoisie (une des nombreuses escroqueries de nos prétendus historiens), c’était déjà fait depuis longtemps, mais elle a permis à l’Etat de tirer des citoyens beaucoup plus d’impôts, y compris l’impôt du sang dont les roturiers étaient jusque-là dispensés. » (Claude Fouquet)

« La Révolution française a déclaré la paix au monde. Depuis ce jour la guerre n’a pas cessé. » (Anatole France)

« Dans la fresque élaborée par Anatole France, il est clair que les révolutionnaires ont beau avoir répudié Dieu, fait la chasse aux prêtres réfractaires et dissous les ordres religieux, ils n’en demeurent pas moins prisonniers d’une forme insidieuse de religiosité … un étrange aveuglement religieux dont les révolutionnaires n’ont jamais su se déprendre (Lucien Leuwers)  … ‘Enfant ! … Je suis atroce pour que tu sois heureux. Je suis cruel pour que tu sois bon. Je suis impitoyable pour que demain tous les Français s’embrassent en versant des larmes de joie … Quand tu seras un homme, tu me devras ton bonheur, ton innocence’… » (Anatole France – les dieux ont soif) – Ceux qui ont connu de vrais révolutionnaires, pas les intellectuels en peau de lapin, savent combien ce fanatisme d’ordre quasi religieux est vrai.

« La révolution n’est pour les faibles ou pour le socialisme, parti des faibles, qu’une caricature du Jugement dernier, qui n’a pour eux d’autre signification que celle de ‘la plus douce consolation de la vengeance’. » (Julien Freund – évoquant et citant Nietzsche)

 « Pour Pareto … la révolution n’est jamais qu’un des moyens de substituer à une oligarchie une autre oligarchie … Mode de sélection des élites qui substitue à l’ancienne rivalité militaire ou religieuse la rivalité économique et sociale … Seules les formes changent. » (Julien Freund) – En plus avide, plus cupide et plus féroce.

« Presque toutes les révolutions ont eu pour chefs des membres dissidents d’une élite. » (Julien Freund) – Et même précisément des dissidents de l’élite en place et à remplacer.

« Le Mal absolu qui avait surgi du sein même  de la passion du Bien. » (Marc Fumaroli – à propos de la Terreur révolutionnaire des années 1791…)

« La Révolution n’a pas de limitations objectives, mais seulement des adversaires … cette idée simple et puissante explique l’extraordinaire fascination qu’elle exerce. » (François Furet) 

« La révolution est une rupture dans l’ordre ordinaire des jours. » (François Furet)

« Dans les révolutions, l’abstraction essaie de se soulever contre le concret. Aussi la faillite est-elle consubstantielle à toute révolution. » (José Ortega y Gasset – La révolte des masses)

« L’esthétique de l’intransigeance et le culte de la rupture dissimulent une attitude profondément démissionnaire. » (Marcel Gauchet)

« C’est le dernier épisode (mai 68) par lequel la France se signale au monde comme le pays des révolutions. Une révolution atypique, en forme d’adieu à l’âge des révolutions … qui se borne à mettre en musique ‘révolutionnaire’ une rupture culturelle qui traverse tout le monde occidental … La France des années soixante a produit le dernier théoricien révolutionnaire de grande lignée, en la personne de Guy Debord … n’est-il pas à la révolution rêvée ce que de Gaulle est à la politique pratiquée ? … L’un et l’autre les actualisateurs de l’histoire dont ils héritent. D’ailleurs ils ont en commun le même goût stylistique pour le français classique. » (Marcel Gauchet) – N’en demandons pas autant à nos minables barbares d’aujourd’hui, Cohn-Bendit inclus.

« La première vertu révolutionnaire, c’est l’art de faire foutre les autres au garde-à-vous. » (Jean Giono)

« La routine, cette préface des révolutions. » (Emile de Girardin)

« Ces déluges de larmes, de paroles, de gestes, de vertus, qui amènent à courte échéance un déluge de sang. » (Jean Giraudoux)

« Le rayonnement des esprits est mortel, pas pour le seul ‘ancien régime’ en ruine, mais également pour les esprits. Qu’ils se retournent les uns sur les autres ; c’est le règne de la loi des suspects. Chacun transportant dans sa tête des pensées-dynamites, il est compréhensible que la Révolution fasse tomber les têtes, ‘comme des poireaux’ précise Hegel, en tombeau aux guillotinés de 93 … Le maître n’est pas celui qui triomphe ‘dans’ cette lutte mais celui qui triomphe ‘de’ cette lutte, instaurant son nouvel ordre. » (André Glucksmann)

« Les trois étapes canoniques des maîtres penseurs : la révolution des esprits préparée par la science des intellectuels, le terrorisme des masses sur les masses et le rétablissement final d’un nouvel ordre par les nouveaux dirigeants. » (André Glucksmann)

« Au commencement est le ‘télescopage’. Ce n’est donc pas à ce moment que nous devons chercher l’unité de la révolution. Même si nous supposions, par illusion rétrospective, que la culture de l’élite (les lumières) préparait la révolution de l’élite, la paysanne, elle, a d’autres sources, l’urbaine souvent aussi. » (André Glucksmann)

« Dans ce roulé-boulé des convictions, les démolisseurs sont des bâtisseurs … cependant ils ne portent l’avenir qu’en jouant les fossoyeurs du passé. » (André Glucksmann)

« Une révolution n’est jamais ‘pure’ émotion populaire ou simple fronde de privilégiés, elle éclate à la rencontre de ces deux séries relativement indépendantes : ‘C’est seulement lorsque ceux d’en bas ne veulent plus et que ceux d’en haut ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher’. » (André Glucksmann – citant Lénine)

« Connaître comme le dit Trotsky ‘à quel chapitre de l’histoire’ révolutionnaire on fusille ou on est fusillé. » (André Glucksmann) – Allusion de Trotsky (un expert) à toutes les révolutions qui dévorent leurs enfants, à la révolution française (exécution des nobles d’abord, puis des Girondins par les Jacobins, puis des Jacobins entre eux…)

« Avant la révolution, tout était tendance ; depuis tout est devenu exigence. » (Goethe)

« Prenant le relais des insurrections républicaines, les révolutions socialistes ont connu un dénouement analogue ; à la place du dépérissement annoncé de l’Etat, elles se traduisent, partout ou presque, par le dépérissement tragique de l’individu et le renforcement indéfini de l’appareil centralisé … Le malheur des révolutions léninistes, c’est qu’elles sont faites, du premier au dernier jour, par des léninistes ; et que ceux-ci ont des idées. » (Paul Goodman – interprété par Bernard Vincent)

« Le sort du peuple est indifférent aux sectaires fous, ils le considèrent comme du matériel pour leurs expériences sociales. » (Maxime Gorki)

« C’est beau une révolution ; cette grande faux qui passe, un matin de soleil. » (Rémy de Gourmont)

« Une révolution ne peut se réaliser que lorsqu’elle porte, suivant un même mouvement, sur la structure et la superstructure. » (suivant Antonio Gramsci) – La base économique, système et rapports de production et l’appareillage idéologique (thèmes, institutions-outils, formes culturelles et intellectuels les servant) – « La révolution occidentale ne peut pas consister uniquement en une prise en main du pouvoir étatique (politique-coercitif) car la domination de la bourgeoisie repose aussi et surtout sur le ‘consentement’ qu’elle obtient des classes subalternes en faisant jouer les organes de sa puissante et omniprésente société civile (imprégnée de son idéologie) … Concrètement cela signifie que la révolution passe d’abord par une lutte de longue haleine menée sur le terrain de la société civile, contre donc, l’hégémonie de la classe dirigeante … Avant de s’attaquer au pouvoir d’Etat, lutter contre le pouvoir hégémonique, désagréger la société civile, soustraire les classes subalternes à l’emprise idéologique de la classe dirigeante … imposer sa propre direction intellectuelle et morale. La lutte pour l’hégémonie précède la lutte pour le pouvoir politique. » (suivant Antonio Gramsci) – Si le bourgeois de Gaulle et ses complices avaient entendu parler de Gramsci, ils n’auraient pas laissé, offert, tous les moyens d’information aux communistes ; ce que nous payons encore, autrement, soixante-dix ans après, non plus avec l’objectif communisant mais dans l’établissement du désordre accompagné des pleurnicheries émotionnelles bien utiles pour masquer la corruption matérielle et morale.

« Entre les structures et les superstructures se trouvent un ensemble de médiations formant un ‘bloc historique’ (‘tranchées’ et ‘fortifications’ de la société civile et de l’Etat) qui empêchent les crises d’entraîner des effets politiques immédiats, qui empêchent un effondrement de l’économie d’entraîner un effondrement correspondant du système politique … D’où la ‘guerre de mouvement’ (révolution russe de 1917, applicable dans une société orientale fluide…) est progressivement remplacée, au moins au préalable, par la ‘guerre de position’ adaptée à des sociétés occidentales où la société civile et l’Etat s’interpénètrent solidement et dont l’objectif est de saper les ‘tranchées’ et ‘fortifications’ qui protègent l’ordre social. » (résumé d’Antonio Gramsci par un autre auteur)

« Les hommes nouveaux ne croyaient pas à la Révolution. Ils n’étaient pas les enfants de la Révolution, ils étaient les enfants de l’Etat qu’elle avait fondé. Le nouvel Etat n’avait que faire de saints apôtres, de bâtisseurs frénétiques et possédés, de disciples ayant la foi. Le nouvel Etat n’avait même plus besoin de serviteurs, il n’avait besoin que d’employés … La terreur et la dictature ont dévoré ceux qui les ont instaurées et l’Etat qui paraissait n’être qu’un moyen  s’est révélé être le but. Les hommes qui ont créé cet Etat pensait qu’il serait le moyen de réaliser leurs idéaux. Mais ce sont leurs rêves et leurs idéaux qui ont servi de moyen à l’Etat puissant et redoutable. De serviteur du peuple, l’Etat s’est transformé en autocrate morne. » (Vassili Grossman  – sur la révolution soviétique – Tout passe) – Et c’est ainsi de toute les révolutions, la première génération, celle des révolutionnaires, est dévorée par la suivante, celle des profiteurs.

« Le mouvement contestataire ne porte pas de but à réaliser, c’est un ‘geste’ dont la fin précise reste dans l’ombre … Mouvement affectif avec un contenu secondaire alors que la révolution poursuit avant tout un but, les éléments affectifs mobilisés par ce but lui étant au contraire subordonnés … Le révolutionnaire marxiste détruit une classe au profit d’une autre, c’est-à-dire de la sienne, alors que le contestataire s’attaque avant tout à sa propre classe. »   (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel)

« De la même manière que la nouvelle bourgeoisie vante les vertus de la société ouverte en pratiquant le grégarisme social, qu’elle fait l’éloge du ‘vivre-ensemble’ en érigeant des frontières invisibles avec l’autre, elle critique le capitalisme en appuyant toutes les réformes économiques et sociétales qui visent à le renforcer. Une posture doublement gagnante : elle permet à ces catégories sociales de capter richesse, patrimoine  et emploi en portant l’étendard du rebelle, voire de l’exploité. » (Christophe Guilluy)

« J’ai appris par expérience qu’il fallait se méfier, comme le remarquait Pascal mourant, des projets généreux quand on ne s’accrochait pas à un appel particulier et humble. Les périodes révolutionnaires offrent un monstrueux grossissement de cette loi de compensation … Deux hommes y apparaissent, tous deux nécessaires, quoique à des étages distincts : le bourreau et le professeur de vertu, le sang ici et l’élégie là ; les massacres et les fêtes les plus raisonnables. » (Jean Guitton) – Dédoublement toujours.

« Les révolutions sont aussi nécessaires à notre espèce que les vagues au fleuve pour l’empêcher de devenir un marais stagnant. » (Herder) – Merci beaucoup.

« Les grandes révolutions se font par le déchaînement des mauvaises passions. » (Alexandre Herzen)

« Le peuple est conduit aux révolutions par la misère et il est ramené à la misère par les révolutions. » (Victor Hugo)

« En temps de révolutions, prenez garde à la première tête qui tombe, elle met le peuple en appétit. » (Victor Hugo)

« Ce serait une erreur de croire que ces choses

« finiront par des chants et des apothéoses. » (Victor Hugo ?)

« Elle mitraillait sans pitié son éternelle et nécessaire dupe, la populace, qu’elle avait elle-même démuselée et apostée pour sauter à la gorge des vielles castes … Une fois sa besogne terminée, la plèbe avait été, par mesure d’hygiène, saignée à blanc ; le bourgeois rassuré… » (Joris-Karl Huysmans) –Vieille habitude depuis 1789 au moins.

« Le jeu des révolutions. Dès qu’une révolution s’installe, elle installe à ses côtés la punition, le châtiment, la vengeance … A peine une révolution réussit-elle à transformer une société délabrée en société infernale, qu’une autre révolution est envisagée pour renverser cette société, au moment où elle est devenue beaucoup moins infernale et pour en constituer une autre véritablement infernale, et ainsi de suite. Cette manie est monotone, accaparante en plus. Les homme ne peuvent plus avoir l’esprit ailleurs, embourbés qu’ils sont dans la politique.» (Eugène Ionesco)

« Les révolutions culturelles sont des destructions de la culture, les révolutions culturelles brûlent les livres, détruisent les monuments … Toutes les révolutions détruisent les bibliothèques d’Alexandrie. » Eugène Ionesco) – La cancel culture actuelle des fanatiques borné(e) ne fait que reprendre ces monstruosités.

« Vous portez secours aux faibles, puisque ce sont eux qui ont besoin de notre aide, mais ce n’est pas une raison pour combattre le fort sous le seul prétexte qu’il est fort ! C’est-à-dire pour le seul amusement gratuit de nuire au vainqueur et de lui faire prendre la place du vaincu. » (Vladimir Jankélévitch) – Oh si, c’est une excellente raison, dictée par l’envie des médiocres, qui d’ailleurs se moquent pas mal des faibles qu’ils méprisent.  

« On ne parlait que de liberté dans le temps où l’on avait mis la moitié de la nation en prison, et l’autre moitié en sentinelle à la porte. » (Joseph Joubert) –Allusion à la Révolution

« L’escroquerie du discours ordinaire consiste à présenter comme subversifs des gens qui sont parfaitement intégrés dans le système … Total acquiescement aux valeurs dominantes. » – Emploi du terme valeur ? – « Les écrivains  sont toujours prêts à proclamer qu’ils bouleversent l’ordre social (dérangeants). Mais dès que cette remise en cause risque de contredire leur propre statut, ils deviennent inaudibles. » « Pas d’attaque contre certains artistes ou intellectuels, sinon vous êtes fasciste. » « Il y a En France une bonne vieille tradition de la terreur intellectuelle. » – « Les artistes ne supportent plus la moindre critique. Eux et le public ont pris l’habitude de la promotion et de la flatterie. Et plus ils se veulent rebelles, plis ils apprécient la flagornerie. » – « La loi du marché est de vendre, donc de dire du bien de tout le monde. » ( Pierre Jourde) – On peut étendre à presque tous les artistes, les vedettes médiatiques, tous ceux dont la fortune repose sur le fait qu’ils se font remarquer.

« Nous sentons bien que ce n’est pas tant de révolution qu’il s’agit que de destruction pure, de recherche d’un coupable objet de haine, de régression. » (Pierre-Jean Jouve) – C’est bien là la réalité cachée de tout révolutionnaire.

« Si une nation peut trouver dans une révolution une vigueur nouvelle (comme la faible France de Louis XVI y trouva la force de conquérir ses frontières naturelles, comme la Russie, vaincue en 1917, vainquit en 1942), elle n’en doit jamais attendre la liberté. Ce n’est pas pour l’homme, c’est pour le Pouvoir que sont faites les révolutions. » (Bertrand de Jouvenel)

« Il y a moins de différences entre deux députés dont l’un est révolutionnaire et l’autre ne l’est pas, qu’entre deux révolutionnaires dont l’un est député et l’autre ne l’est pas. » (Robert de Jouvenel) – Ce qui ne s’applique pas qu’aux révolutionnaires.

« Ceux qui font des révolutions à moitié ne font que se créer des tombeaux. » (Saint-Just)

« Osez ! ce mot renferme toute la politique de notre révolution. » (Saint-Just)

« Situation révolutionnaire : quand une nation (ou une collectivité)  est prête à abandonner un présent déterminé par un passé immédiat et à collaborer à la réalisation active (c’est-à-dire créatrice) d’un présent devant servir de base à un avenir autre que celui qui en naîtrait sans l’intervention de l’action négatrice, il y a intérêt à exploiter cette situation … Si l’on ne dispose pas encore d’une idée révolutionnaire (ou si on ne veut ou ne peut l’énoncer de suite), il faut simuler l’existence de cette idée … Une situation révolutionnaire ne peut se maintenir qu’à condition de devenir une action révolutionnaire. » (Alexandre Kojève) – Ce n’est pas l’imagination de simulation, de simulacre, qui manque aux révolutionnaires potentiels, avides de s’emparer des places car, comme le dit le même auteur, « Une révolution n’est rien d’autre que le remplacement d’un type d’autorité donné par un autre. » – Et, le remplacement des profiteurs.

« Périodes brèves d’euphorie, immédiatement suivies par des déceptions amères lors du rétablissement des institutions : la révolution conçue comme une découverte d’esprits affamés d’un lieu durable d’identification idéologique ne fut et ne sera jamais qu’une chimère d’adolescents. » (Leszek Kolakowski)

« Je hais les révolutionnaires professionnels … Ils représentent la forme d’égoïsme la plus extrême, la plus coûteuse (pour les autres) et la plus impitoyable. Ils ont trouvé le moyen le plus simple et le meilleur marché de satisfaire leurs ambitions, de cacher leur vide intellectuel et d’obtenir quelque chose qui ressemble au royaume des Cieux, sans que cela leur coûte quoi que ce soit  (puisque ce sont les autres qui doivent payer de leur vie ou de leur destin). » (Naum Korshavin, émigrant russe – cité par Paul Watzlavwck) – On pourrait en dire presque autant, en atténuant les conséquences cependant, de beaucoup de politiciens professionnels.

« Ce à quoi vous aspirez comme révolutionnaires, c’est à un maître. Vous l’aurez. » (Jacques Lacan – aux révolutionnaires en peau de lapin de 1968) – La névrose de tous les révolutionnaires, que l’histoire accomplit d’ailleurs toujours.

« La présence d’un élément anti-institutionnel, un certain défi à la normalisation politique, à ‘l’ordre ordinaire des choses’, utilisant une réserve de sentiments bruts (existants dans toute société) contre le statu quo … Appel aux petites gens … Puisque tout système institutionnel est inévitablement … restrictif et frustrant, il y a quelque chose d’attirant dans toute figure qui lui lance un défi, quelles que soient les raisons et les formes du défi en question. » (Ernesto Laclau – sur les traits communs entre certains populismes et certaines marginalités se plaçant en dehors de la société)

« Vous voulez seulement prendre notre place. » (prince de Lampedusa – Le guépard)

« Tout projet messianico-révolutionnaire vise un absolu qui se construit selon la loi du tout ou rien (la Révolution, le Royaume) . » (François Laplantine)

« Toute révolution est commencée par des idéalistes, poursuivie par des démolisseurs, achevée par un tyran. » (Louis Latzarus)

« C’est seulement lorsque ceux d’en bas ne veulent plus et que ceux d’en haut ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. » (Lénine)

« Est moral ce qui sert la révolution. » (Lénine)

« Ce dont une révolution a besoin pour réussir, c’est moins d’une certaine qualité d’intelligence du côté des révolutionnaires que d’une certaine quantité de bêtise du côté gouvernemental. » (Simon Leys – sur les dirigeants communistes)

« Ce dont une révolution a besoin pour réussir, c’est moins d’une certaine qualité d’intelligence du côté des révolutionnaires que d’une certaine quantité de bêtise du côté gouvernemental. » (Simon Leys – sur les dirigeants communistes)

« C’est une révolte ? – Non, sire, c’est une révolution. » (duc de Liancourt à Louis XVI)

« Dans la France libre, où l’on peut désormais pendre qui l’on veut. » (Georg Christoph Lichtenberg) – Pas de fausse interprétation qui contredirait notre noble histoire. L’auteur n’a pas connu notre histoire récente, il ne s’agit que de la révolution de 1789.

« Plus le plan auquel une révolution appartient est grand et visionnaire, plus celle-ci apportera de souffrances à ceux qu’elle implique. Car ce n’est pas l’affaire de chacun d’utiliser son entendement afin de fortifier sa patience, alors que d’un regard il embrasse la terre promise, tant qu’il est encore incertain qu’il en goûtera jamais les fruits. » (Georg Christoph Lichtenberg) – Parfaitement démontré par la révolution bolchevique plus d’un siècle après.

« Je ne me révolte jamais en hiver. » (prince de Ligne – refusant son concours avec humour)

« Il n’y aurait eu ni Révolution américaine, ni Révolution française, ni Révolution russe sans l’idée du progrès et il n’y aurait pas eu l’idée d’une progression mondaine vers un accomplissement sans la foi originelle en un royaume de Dieu. » (Karl Löwith) – Que la doctrine de Jésus soit absente et ses fidèles combattus importe peu quant au fond philosophique.

« Une révolte qui n’ose rien de grand ne produit que des lâches. » (Lucain)

« Se débarrasser aussi bien du crétinisme de la légalité que du romantisme de l’illégalité. » (Georg Lukàcs – conseil au prolétariat) 

« Ce sont les plus lucides, les moins décadents d’une élite en décrépitude qui vont s’insérer dans le mouvement révolutionnaire, éventuellement en prendre la tête, pour ensuite restaurer le principe même de l’élitisme : la perdurance du pouvoir. Toutes les révolutions sont des exemples concrets de cette ‘circulation des élites’ … En fait il n’y a pas pire conservateurs que les révolutionnaires : ils veulent avant tout conserver le pouvoir, l’essence du pouvoir. » (Michel Maffesoli)

« Le principe d’unité qui sous-tend l’idéologie de l’ordre et le monothéisme social est ce qui permet de comprendre le projet ‘totalitaire’ de la révolution. Ramener la vie sociale à l’Un, et pour cela inciter à l’identification au parti, au chef, au but final … La révolution est bien alors ce référentiel suprême qui donne sens à une existence jusqu’alors éclatée. C’est ce souci de pureté … qui est … éminemment utopique, C’est ce souci que l’on retrouve chez tous les inquisiteurs sociaux, les ‘parfaits’ d’un catharisme moderne, et qui peut faire dire que ce totalitarisme est effectivement commun à tous les projets de sociétés parfaites qui ponctuent l’histoire … La Terreur de 1793 ou les purges des années trente en Union Soviétique sont dans la logique de l’idéologie égalitaire, elles traduisent d’une manière paroxystique le fantasme de l’unité qui se fonde sur la crainte de la différence. » (Michel Maffesoli – La violence totalitaire)

« Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes. On dit fort bien quand on dit ‘qu’elle va toute seule’. » (Joseph de Maistre)

« Les têtes ne tombent plus ; elles tournent. » (Joseph de Maistre) – A la fin de la révolution.

« Il est rare que le peuple gagne quelques chose aux révolutions qui changent la forme des gouvernements, par la raison, que le nouvel établissement, nécessairement jaloux et défiant, a besoin, pour se soutenir, de plus de défiance et de sévérité que l’ancien … Pour prix de la victoire qu’il obtint sur la monarchie, il se trouva chargé d’une foule d’impôts inconnus à cette époque. » (Joseph de Maistre) – A méditer par les intéressés (Arabes aujourd’hui).

« Dans tous les cas de rébellion, les excès même de la puissance qui se défend sont à la charge du rebelle … Ce n’est point par leur sévérité mais par leur nécessité qu’il faut juger la moralité des exécutions par lesquelles une souveraineté attaquée se défend. » (Joseph de Maistre) – Sur, notamment, la rébellion protestante que de Maistre détestait.

« Tout est miraculeusement mauvais dans la révolution française. » (Joseph de Maistre) – Du temps où les pamphlétaires n’avaient pas peur des outrances.

« Condorcet, ce philosophe si cher à la révolution,, qui employa sa vie à préparer le malheur de  la génération présente, léguant bénignement la perfection à nos neveux. » (Joseph de Maistre) – Décalage qui est le propre de toute révolution.

 « Toute insurrection du peuple contre les nobles, n’aboutissant jamais qu’à la création de nouveaux nobles. » (Joseph de Maistre)

« Une illustre nation, parvenue au dernier degré de la civilisation et de l’humanité, osa naguère, dans un accès de délire dont l’histoire ne présente pas un exemple, suspendre formellement la loi d’amour : que vîmes-nous ? En un clin d’œil les mœurs … ; les saintes lois de l’humanité foulées aux pieds ; le sang innocent couvrant les échafauds qui couvraient la France ; des hommes frisant et poudrant des têtes sanglantes et la bouche même des femmes souillées de sang humain. » (Joseph de Maistre –sur la révolution française) – Il est vrai que depuis 1791, on n’a peut-être pas fait mieux, mais aussi bien. Lors du grotesque défilé du bicentenaire en 1989, on aurait dû nous montrer une reconstitution des massacres de septembre dans les prisons.

« La révolution prônée par les gens instruits est une révolution bourgeoise, une révolution de maîtres. Une telle révolution ne libère que les maîtres humiliés et limités dans leurs initiatives, pour en faire des maîtres de plein droit. » (J. W. Makhaïski)

« Où fuir dans la révolte inutile et perverse ? » (Stéphane Mallarmé)

« Si c’est pour supprimer sa tragédie qu’un homme compte sur la révolution, il pense de travers. » (André Malraux)

« Il vaut mieux être révolutionnaire que se dire révolutionnaire, surtout en un temps où la révolution est devenue le plus ‘conformiste’ des lieux communs, et un titre réclamé par tout le monde. Se rendre libre de cette phraséologie serait peut-être un utile acte de ‘courage révolutionnaire’. » (Jacques Maritain)

« Les révolutions, locomotives de l’histoire. » (Karl Marx)

« Napoléon accomplit la Terreur en remplaçant la révolution par la guerre permanente. » (Karl Marx) – Destin de tant de révolutions !

« Toutes les révolutions n’ont faites que rendre plus parfaite la machine gouvernementale au lieu de la briser, les partis voyaient dans la conquête de l’énorme édifice d’Etat la proie offerte au vainqueur.» (Karl Marx)

« Alors que l’indignation nous porte vers autrui, le ressentiment ne nous livre qu’à nous-même … L’indignation devant la réussite des coupables, indignations qui ne sont plus de nature morale mais idéologique témoigne plus du ressentiment que de l’indignation chrétienne devant les souffrances des victimes (la ‘miséricorde’) … C’est le bonheur des méchants plus que le malheur des bons qui met en branle la révolte … L’indignation devant la réussite des coupables … La fausse indignation qui se soucie moins de justice que de vengeance pour alimenter sa colère, selon Nietzsche, sous le masque généreux de la justice se cache le visage haineux de l’esprit de vengeance. » (Jean-François Mattéi)

« Si l’état révolutionnaire consiste chez les praticiens en ce que tout le monde prétend commander, tandis que personne ne veut obéir, il prend chez les théoriciens une autre forme non moins désastreuse et plus universelle où chacun prétend enseigner et personne ne veut apprendre. » (Charles Maurras)

« La révolution s’était accomplie dans les profondeurs de leur mentalité : depuis que le philosophisme les avait pétris, ce n’étaient plus eux qui régnaient ; ce qui régnait sur eux, c’était la littérature du siècle. Les vrais rois, les lettrés, n’avaient donc qu’a paraître pour obtenir la pourpre et se la partager. » (Charles Maurras – L’avenir de l’intelligence – sur Louis XVI et ses successeurs) – C’est du Gramsci  sur la prise du pouvoir politique par le culturel.

« L’insurrection finit là où la révolution commence. » (Mazzini)

« La révolution est progrès quand on la compare au passé, mais déception et avortement quand on la compare à l’avenir qu’elle a laissé entrevoir et étouffé … L’installation au pouvoir d’une classe qui entendait arrêter la révolution à partir du moment où ses propres privilèges étaient garantis. » (Merleau-Ponty – à propos de la révolution française, mais on peut étendre)  

« Cruel destin d’une époque qui aura vu, sans rire, le drapeau de la révolte tomber progressivement des mains de Rosa Luxembourg dans celles d’une Ségolène Royal. » (Jean-Claude Michéa)

« Il suffit de considérer ce qu’a pu devenir, après un demi-siècle de modernisation capitaliste, n’importe quelle agglomération villageoise ou urbaine (aussi bien dans la matérialité de son site que dans la forme de ses échanges sociaux), pour mesurer à quel point la société marchande est révolutionnaire par nature. » (Jean-Claude Michéa) – Bien plus que les prétendus révolutionnaires bourgeois en peau de lapin. 

« Le fait est qu’il y a des révoltes aliénées, c’est-à-dire des révoltes qui cadrent parfaitement avec la logique des systèmes qu’elles prétendent combattre, et dont elles contribuent généralement à renforcer les effets. C’est le cas, selon Orwell, lorsqu’une rébellion ne procède pas de cette ‘colère généreuse’ qui animait par exemple un Dickens, mais qu’elle trouve ses ressorts psychologiques ultimes dans l’envie, la haine et le ressentiment … Ceux qui sont possédés par leur haine peuvent bien s’imaginer être la négation la plus radicale du despotisme établi. Ils n’en constitueront toujours … que le simple négatif. » (Jean-Claude Michéa – partant de George Orwell) – C’est le cas, hélas, de presque toutes les mini-révoltes d’aujourd’hui dans le domaine du matériel.

« Quand un individu revendique, haut et fort, sa liberté et son droit à s’accomplir comme il l’entend, nous ne savons toujours pas ce que signifie sa révolte et à quel type d’homme nous avons vraiment affaire. Peut-être, pour reprendre la distinction de Thoreau, n’est-il un si mauvais sujet que parce qu’il est un ‘bon voisin’ et un ami du peuple et qu’il entend exprimer sa solidarité avec les petites gens. Alors, peut s’appliquer à lui la fière définition de Camus : ‘C’est un homme libre, personne ne le sert’. Mais peut-être que ce qu’il refuse si ostensiblement, sous son invocation perpétuelle de la liberté, c’est l’existence de tout pouvoir qu’il n’exercerait pas lui-même et en personne. Auquel cas, sa rébellion constitue évidemment une imposture et n’est que le masque philosophique de la volonté de puissance. » (Jean-Claude Michéa)

« Un révolutionnaire droit et honnête, comme ceux qu’Orwell se plaît à décrire et pour peu qu’il ait un minimum de bon sens (et ces dispositions vont généralement de pair), ne parviendra peut-être pas à édifier le monde plus juste et plus décent dont ses rêves étaient porteurs. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’on ne réussira jamais à faire de lui le gardien d’un camp de concentration  ou le délateur de ses frères. » (Jean-Claude Michéa) – Voir bolcheviques et tant de communistes.

« Si la Révolution n’adopta aucune Eglise, c’est parce qu’elle était une Eglise elle-même. » (Jules Michelet) – Cas fréquent.

« Plus un écrivain, un artiste, un individu soucieux de son quart d’heure de gloire médiatique est proclamé rebelle, plus il se révèle un partisan actif de l’ordre établi, en l’occurrence du capitalisme mondialisé… » (Richard Millet) – Plus la servilité du laquais est assurée.

« Le mot ‘révolution’ apparaissait, corrigé de colifichets de modiste : le velours, les œillets, l’arc-en-ciel… On eût dit un défilé de mode … Ce que les peuples ont risqué, gagné ou perdu, nul n’en a la moindre idée claire et distincte aujourd’hui parce que tout a été enveloppé de brumes interprétatives. » (Jean-Claude Milner) – Et d’ailleurs tout le monde s’en fout. Au pays des Bisounours, l’important est de trouver et manier le bon adjectif, bien sucré, bien doucereux.

« Dans la  séduction que le marxisme exerce (a exercé) sur les porteurs du nom juif, on reconnaît une forme particulière de la séduction du savoir absolu … Le Juif révolutionnaire est un des avatars du Juif de savoir … Le savoir a pris la place de l’étude juive … Le Juif de savoir a substitué le savoir à l’étude, mais cette substitution est une rupture : il a tourné le dos à l’étude … La cause de la Révolution et la cause du savoir sont unies si étroitement … La relation ne doit rien à la naissance de l’Union soviétique ; elle la précède largement … La seule doctrine capable d’assurer le passage réciproque entre Révolution et savoir, c’était le marxisme … Tous les marxistes ne sont pas Juifs, tous les Juifs ne sont pas marxistes, mais presque tous les Juifs révolutionnaires sont marxistes … Ai-je besoin de décliner tous les noms ? Ceux de Rosa Luxemburg et de Trotski suffiront … L’universel à portée grâce à la Révolution et au savoir dont elle s’autorise. » (Jean-Claude Miilner) – L’importance, au moins numérique, de la judéité dans les élites révolutionnaires occidentales (bolcheviques, trotskistes, et.) est reconnue –   Mais « Aux yeux d’une certaine gauche, les voila déchus de leur mission essentielle : subvertir l’Occident chrétien. Les Juifs étaient sympathiques quand ils étaient, à l’instar de Spinoza, agents des Lumières, puis d’une modernité révolutionnaire et de transnationalité. »  (Paul-François Paoli) – Devenus forcément quelque peu nationalistes avec Israël, ils ne présentent plus d’intérêt, bien au contraire, pour un gauchiste conséquent.

« Le meilleur moyen de faire avorter la révolution c’est de trop demander. » (Mirabeau)

« La considération dans laquelle on tient la révolution à notre époque vient principalement de la pénétration des idées progressive des idées d’extrême gauche dans les classes moyennes. L’intellectuel, membre de la république des lettres (professeur, écrivain, journaliste, politicien…) n’a même pas besoin de faire du prosélytisme … sa profession conserve ces idées en vitrine … Les contre-révolutionnaires croyaient encore à la supériorité de la terre sur les autres forces productives. Aussi n’est-il pas étonnant qu’ils aient rapidement perdu leur représentation dans les institutions … La stratégie principale de la révolution est l’utilisation consciente des moyens de communication par les intellectuels des classes moyennes, lui permettant de conquérir les bastions de la considération sociale et de la légitimité … L’échec général de la contre-révolution (à conquérir le pouvoir ou à le garder) est dû à sa trop grande préoccupation du concret qu’il s’agisse des faits ou de la nature humaine, et par voie de conséquence à l’absence d’une dynamique sociale, d’un élan, à son mépris des mythes … Nous sommes plutôt attirés par ce qui nous paraît sortir de la routine habituelle, ce qui semble original, authentique, spontané, par plus d’idéalisme que de réalisme … Les auteurs contre-révolutionnaires se voient en général rejetés parce qu’ils décrivent la réalité, trop sérieux … C’est l’insolite, le spéculatif qui confère sa popularité au style révolutionnaire … La conviction que l’homme est son propre maître permet à la doctrine révolutionnaire de prévaloir en promouvant le statut de l’homme … Ce, dans une atmosphère d’attente et d’anticipation qui rend les difficultés actuelles de plus en plus insupportables … En avant … Une conception immobiliste est considérée comme retardataire, anti-historique … à l’opposé du savoir irréfutable, de la connaissance de l’avenir … Contrairement à une attitude d’initiative, une attitude de réaction n’en appelle guère à l’enthousiasme populaire, … L’universalisme des hommes de gauche leur vaut réputation d’hommes idéalistes, généreux, aux larges vues … ‘Les sénateurs conservateurs ne cherchent pas à expliquer leurs vues en termes de philosophie, si bien qu’ils donnent l’impression d’être mus par des motifs sordides’ (Willmore Kendall) … Difficile de trouver un penseur révolutionnaire dont les idées, appliquées dans une région quelconque, n’ont pas entraîné la ruine, l’échec et la tragédie … Le héros contre-révolutionnaire est appelé pour sauver l’essentiel, ce qui en plus donne la mesure du déclin contre-révolutionnaire (de Gaulle en 1958, pas celui de 1944 ! Nixon en 1969, le pape post-concile Paul VI), tous retournèrent les attentes de leurs partisans et leur propre image, par crainte de ne pas exaspérer la gauche et par l’ambition de plaire aux intellectuels (ainsi Sarkozy appela Kouchner, Frédéric Mitterrand et d‘autres). » (Thomas Molnar simplifié – considérations éparses sur la révolution, les attitudes révolutionnaires et celles dites contre-révolutionnaires)

« Les révolutions font perdre beaucoup de temps. » (Henry de Montherlant)

« Nombreux sont les hommes qui sont effarés, une révolution finie, de ce qu’ils ont fait pendant cette révolution. » (Henry de Montherlant)

« Toute révolution qui ne s’accompagnera pas d’une transfiguration mourra de sa propre mort … Toute révolution peut échouer par une erreur sur l’homme aussi bien que par une erreur sur la tactique. » (Emmanuel Mounier)

« La rébellion est une idée veuve en Europe … Elle a perdu l’autre, tous les autres, tous les ailleurs, tous les au-delà, tout ce qui pouvait subsister d’antagonisme, d’opposition, de contradiction, de divergence, de discordance … Elle n’a plus en face d’elle aucune autorité à laquelle il lui serait véritablement agréable de désobéir. L’ordre moral, le père, le maître, le tyran ont cédé devant elle … Pour faire encore semblant d’exister elle est contrainte d’aller fouiller dans les placards du passé, ou dans les réserves d’Indiens … afin d’y dénicher quelques spécimens d’ennemis mortels utiles (l’homophobe, le xénophobe, le machiste, le harceleur, l‘intégriste, le néo-fasciste…) … Il lui suffit de parader contre pour se sentir vivre … La rébellion occupe les hautes terres de l’idéologie, institutionnalisée, elle a ses troupes de choc, ses subversifs officiels, ses marginaux galonnés qui peuvent dire ou écrire n’importe quoi à condition qu’ils placent à intervalles réguliers des éloges circonstanciés de la transgression, de l’anticonformisme, de la marginalité, de la subversion ou de la déviance … L’individu dominant de notre époque est l’anarchiste couronné, et il entend être admiré en même temps pour son anarchisme et pour sa couronne. » (Philippe Muray) – Après la grande opération de lissage.

« Il faut que le révolutionnaire, dur pour lui-même, le soit aussi pour les autres. Toutes les sympathies, tous les sentiments qui pourraient l’attendrir et qui naissent de la famille, de l’amitié, de l’amour ou de la reconnaissance doivent être étouffés en lui par l’unique et froide passion de l’œuvre révolutionnaire. Il n’existe plus pour lui qu’une jouissance, qu’une consolation, qu’une récompense, qu’une satisfaction : le succès de la Révolution. Il ne doit avoir jour et nuit qu’une pensée et qu’un but : la destruction inexorable … Se tenir prêt à mourir mais aussi à tuer de ses propres mains … N’est pas révolutionnaire qui a pitié de quelque chose dans le monde. » (Serge Netchaïev) – Lénine, Trotski, Staline et leurs sbires se sont souvenus de cette charmante leçon, d’autres aussi après eux.

« L’importance de la révolution démocratique française de la fin du XVIII° siècle est identique  à celle que revêtit l’industrialisation de l’Angleterre au XIX° … Burke voyait dans la Révolution française la résultante de trois forces : pouvoir politique, rationalisme laïque, moralisme idéologique qui en faisaient à ses yeux un monument unique … Ce qui dans le domaine politique était considéré comme bien ou mal se vit paré de couleurs autrefois réservées à la religion ou à la démonologie … L’égalitarisme devint vite  le génie de la Révolution en matière de morale (Alexis de Tocqueville) … L’image que s’en firent des générations d’intellectuels associant les notions de libération, d’égalité et de rationalisme … Au fur et à mesure qu’avance la Révolution, les thèmes de la libération, de l’égalité,  de la raison et du pouvoir sont de plus en plus teintés de moralisme» ( Robert Nisbet)

« Taine montre combien les passions tristes jouent un rôle majeur dans la Révolution française (comme dans toute révolution) , la haine et l’envie, la jalousie et le ressentiment, la convoitise et la rancœur, la malveillance et l’inimitié, la rancune et l’antiphatie, en un mot, la méchanceté. Dans les livres d’histoire, la noirceur du cœur des hommes se trouve souvent recouverte avec la peinture des grands mots, le bleu de la liberté, le blanc de l’égalité, le rouge de la fraternité … Aucun philosophe ne fait le bilan de la Révolution française ‘pour le peuple’ au nom duquel elle a été faite : s’en porte-t-il mieux ? Est-t-il plus heureux ? ses conditions de vie ont-elles changé ? Le régime du capitalisme bourgeois instauré par la révolution lui est-il plus doux que le régime féodal aboli la nuit du 4 août ? » (Michel Onfray) – Pas plus que de la révolution bolchevique plus tard. 

« Rousseau, le grand homme des protagonistes (Hébert, Marat, Desmoulins, ,Robespierre avec son Comité de salut public, , Saint-Just avec la guillotine, , Fouquier-Tinville avec son Tribunal révolutionnaire, Fouché avec ses canonnades, Carrier avec ses noyades, le génocide vendéen, matrice des totalitarismes du XX° siécle, etc.) qui transforment la révolution en grand œuvre au noir …  typiquement l’homme du ressentiment. Rousseau s’aime et n’aime pas le monde, il s’estime et déteste les autres, il se place au-dessus de tout et de tous, puis il met en-dessous de lui tout ce qui n’est pas lui… » (Michel Onfray)

« La révolution n’est pas un mouvement des masses auquel ils souhaiteraient s’associer, mais un ensemble de réformes que nous, les gens intelligents, allons imposer aux classes populaires. » (George Orwell – sur les intellectuels et dirigeants de gauche, déjà il y a quatre-vingt ans !)

« Toutes les révolutions servent seulement au remplacement d’une classe dominante par une autre. Tous les discours sur la démocratie, l’égalité, la fraternité… sont des mystifications masquant les ambitions de quelque nouvelle classe en train de se frayer un chemin vers le pouvoir. » (George Orwell)

« Neuf fois sur dix, un révolutionnaire n’est qu’un arriviste avec une bombe dans sa poche. » (George Orwell)

« Jacques André (psychanalyste contemporain) le dit … l’époque révolutionnaire, avènement et triomphe des fratries, n’est pas tendre aux femmes, parce que rien n’exclut plus les femmes que l’assemblée des frères. » (Mona Ozouf)

« Ce ne sont pas les disparités sociales qui causent les révolutions, ce sont les humiliations et le mépris. » (Paul-François Paoli)

« Les révolutions durent des semaines, des années, puis, pendant des dizaines et des centaines d’années, on adore comme sacré l’esprit de médiocrité qui les a suscitées. » (Boris Pasternak)

« Il y a plus de gloire pour ceux qui finissent les révolutions que pour ceux qui les commencent. » (Casimir Perier)

« La grande révolution rétrograde, la seule que puisse rêver aujourd’hui un esprit vraiment révolutionnaire. » (Jacques Perret)

« Les révolutions commencent avec du sang et se terminent par un déluge de papier. » (Léo Perutz)

« Quand le pouvoir change de mains, le plus souvent rien ne change pour les pauvres que le nom du maître. » (Phèdre)

« ‘Les hommes forgeront en toute conscience leur propre histoire’ et ‘franchiront le pas qui sépare le royaume de la nécessité de celui de la liberté’ trahit la mégalomanie d’un esprit … Quand de tels hommes se voient en fin de compte confier le pouvoir de contrôler les destinées ultimes de leurs semblables, ils les réduisent à de simples armées servant à exécuter leurs folles entreprises. » (Karl Polanyi – citant Engels et l’Anti-Dürhing)

« La plupart des révolutionnaires ne songent à l’instar des conservateurs qu’ils combattent, qu’à se bâtir des prisons. » (Joseph Proudhon)

« Une classe se met à la place d’une autre comme cette autre s’était mise à la place d’une troisième. Un clou chasse l’autre : le nobles se débarrassent des prêtres, les bourgeois des nobles, les prolétaires des bourgeois. On s’aperçoit qu’à chaque fois une seule partie de la classe conquérante ‘s’établit’, s’accorde avec la classe vaincue, et le reste de cette propre classe reste en panne. Qu’ils restent en panne ne serait rien si les autres ne deviennent pas esclavagistes : les bureaucrates russes. » (Raymond Queneau) – Les purs toujours cocus.  

« La prise de la Bastille n’eût été qu’une émotion populaire de plus … Si elle a été différente, c’est parce qu’il y avait l’Assemblée de Versailles et son défi à la puissance royale ; parce que la préparation des Etats généraux … avait créé la scène où la nation comme réalité collective et le peuple comme sujet politique se mettaient à exister. Pour qu’il y ait insurrection populaire il faut qu’il y ait peuple, c’est-à-dire un sujet politique. » (Jacques Rancière)

« Jamais on n’entend autant de rappels à l’ordre et à la discipline que quand les révolutionnaires prennent le pouvoir. » (Charles Régismanset)

« Révolutionnaires de droite et de gauche : orgueilleux et vaniteux infectés par la croyance en leur infaillibilité. » (Charles Régismanset)

« Tous les courants révolutionnaires présentent cette caractéristique qu’une fraction de l’ordre régnant se détache de l’ensemble de sa classe et la trahit de l’intérieur. » (Jean-François Revel)

« La peur de l’inexplicable n’a pas seulement appauvri l’existence de l’individu, mais encore les rapports d’homme à homme, elle les a soustraits au fleuve des possibilités infinies, pour les abriter en quelque lieu sûr de la rive. » (Rainer Maria Rilke) – « Sans le mystère, le monde serait irrespirable. » (Gabriel Marcel) – Il l’est devenu.

« Il faut plutôt, pour opérer une révolution, une certaine masse de bêtise d’une part qu’une certaine dose de lumière de l’autre. » (Rivarol)

« Le peuple ne voulait pas vraiment la Révolution, il n’en désirait que le spectacle. » (Rivarol) – Ce pourquoi il s’en est bien vite détourné. A méditer chez les excités-frustrés.

« Malheur à ceux qui remuent le fond d’une nation ! Il n’est point de siècle de lumière pour la populace. Souvenez-vous que lorsqu’on soulève un peuple on lui donne toujours plus d’énergie qu’il n’en faut pour arriver au but qu’on se propose, et que cet excédent de force l’emporte bientôt au-delà de toutes les bornes. » (Rivarol)

« De ce qu’une révolution s’opère par les fautes de la cour, il ne faut pas conclure qu’elle se fait par les vertus du peuple … Les vices de la cour ont commencé la révolution, les vices du peuple l’achèveront. » (Rivarol) – Ou par les fautes de quelque dictateur contemporain.

« Dans les temps calmes les réputations dépendent des hautes classes ; dans les révolutions elles dépendent des basses, et c’est le temps des fausses réputations. » (Rivarol)

« Dans cette révolution si vantée, prince du sang, militaire, philosophe, peuple, tout a été mauvais, jusqu’aux assassins … Dans une révolution, malheur à qui ne pouvant dresser des échafauds, ne dresse pas des autels ! » (Rivarol) – Sur la révolution de 89.

« Il a affiché dernièrement une ordonnance qui défend expressément le vol, l’assassinat, le meurtre même et tous ces inconvénients qu’entraîne la liberté. » (Rivarol – se référant à un chef révolutionnaire) – On ne saurait se montrer plus humain.

« Quand Neptune veut calmer les tempêtes, ce n’est pas aux flots, mais aux vents qu’il s’adresse. » (Rivarol – à propos des agitateurs)

« Les révolutions finissent toujours par le sabre : Sylla, César, Cromwell. » (Rivarol) – Bonaparte, Staline.

« Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution. » (Robespierre – justifiant la Terreur)

« Le gouvernement de la révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. » (Robespierre)

« Beaucoup d’enfants des classes protégées et éduquées ont reçu l’amour conditionnel d’une mère qui les a gâtés et qui les a manipulés en leur faisant comprendre qu’ils n’en faisaient jamais assez pour elle. Leur violence qui fait écho à cette violence douce de culpabilisation les amène à se créer des images d’ennemis tout-puissants contre lesquels ils se rebellent. Ils ne veulent surtout pas être des esclaves parce qu’en quelque sorte ils l’ont été, dans leur enfance choyée. Ils se rebellent contre toutes les puissances qui peuvent les rendre esclaves : la nation, l’armée, les colonisateurs, les églises installées. Ils prennent systématiquement et aveuglément le parti des opprimés ou de ceux qu’ils imaginent parfois être des opprimés. Ils s’enthousiasment pour toutes les rébellions et haïssent les oppresseurs qui empêchent la réalisation de leur idéal. Leur recherche d’une bonne mère leur donne une nostalgie de l’amour universel et ils rêvent d’une utopie de réconciliation générale, qui effacerait les différences et les conflits, gommerait les appartenances. » (Charles Rojzman – traitant des rebelles en peau de lapin fils de la bourgeoisie et des si nombreuses mères manipulatrices)

« Il n’est pire révoltés que, si on les y force, ceux qui ont été soumis toute leur vie. » (Romain Rolland)

« La Révolution, c’est quelques hommes, qui veulent, pour toute l’humanité. » (Romain Rolland)

« Le mot révolution, du moins en France, sonne toujours prestigieux. L’école publique y est pour beaucoup, même ceux qui craignent la chose … gardent de l’école l’habitude de saluer avec vénération l’auguste Révolution française, cette belle et glorieuse manifestation du génie français. » (Raymond Ruyer) – L’insupportable orgueil du Français aussi.

« Révoltes contre l’unidimensionnel. La nature humaine trop comprimée et comprimée en un seul sens explose. Le côté absurde de ces révoltes réside seulement dans l’illusion qu’en changeant de type, on ne passera pas d’une discipline à une autre … Les révoltes contre le moralisme succèdent aux révoltes contre l’immoralité … Elles paraissent obéir à une mode et grossir par imitation et autosuggestion. Elles ressemblent à des épidémies psychiques. » (Raymond Ruyer)

« Etait-ce la peine de tuer Louis XVI, ou le Tsar, Pères mythiques, pour se remettre pieusement aux mains du premier venu, Robespierre ou Staline, bientôt transformé en Père non moins mythique ? » (Raymond Ruyer) – Staline, petit père des peuples.

« Un régime révolutionnaire doit se débarrasser d’un certain nombre d’individus … Je ne vois pas d’autres moyens que la mort. On peut toujours sortir de prison. Les révolutionnaires de 1793 n’ont probablement pas assez tué. » (Jean-Paul Sartre) – Si ce grand humaniste était né plus tôt.

« Les révolutions ont systématiquement détruit les réserves de capital social, méprisant les intentions et les sentiments des bâtisseurs, par le mépris pour les morts, se justifiant toujours par un raisonnement utilitariste sans bavure … ignorant qu’une société ne peut se construire que par le bas. » (Roger Scruton)

« L’individu est l’obstacle que tout système révolutionnaire doit surmonter, et que toute idéologie doit détruire. Son attachement aux particularités et aux nécessités ; sa tendance gênante à rejeter ce qui a été imaginé pour son bien-être ; sa liberté de choix, ainsi que les droits et devoirs par lesquels elle s’exerce ; autant d’obstacles aux révolutionnaires consciencieux qui s’efforcent de mettre en place leurs plans quinquennaux. D’où la nécessité d’exclure l’individu du choix politique. La novlangue préfère parler de ‘forces’, de ‘classes’ et de marche de l’Histoire… » (Roger Scruton)

« Les révolutions commencent par l’enrobage de la réalité dans la novlangue, et sont ensuite hantées par la peur que la réalité ne sorte de la boîte et ne devienne visible dans sa vérité. » (Roger Scruton) – Seule la Terreur peut l’empêcher d‘apparaître, d’où son utilisation systématique.

« Un grand mouvement populaire, s’il est anticommuniste, n’est jamais un mouvement des ‘masses’, tandis qu’un coup d’Etat mené par des intellectuels communistes est toujours soutenu par les ‘masses’, même si elles sont des plus réduites sur le terrain. » (Roger Scruton) – Les ‘masses’ sont censées obéir à la vision de leurs dirigeants, c’est-à-dire à leurs intérêts, sinon ce ne sont pas des masses conscientes mais des masses asservies. 

« Ceux qui commencent les révolutions ne les finissent jamais. On a perdu le droit de réprimer les factions lorsqu’on a été factieux. » (Louis-Philippe de Ségur)

« La révolution est l’art de transférer le fardeau de la tyrannie sur d’autres épaules. » (G. B. Shaw)

« Dans le cas le plus favorable, le renversement élargit le spectre des fonctions d’élite, si bien qu’un assez grand nombre d’aspirants peuvent s’assurer d’obtenir leurs prébendes … Mais même après des renversements réussis, les bonnes places restent rares et chères. » (Peter Sloterdijk) – Ce qui signifie qu’il restera toujours des perdants, donc de futurs révolutionnaires.

« Les jeux sont faits. La révolution a déjà eu lieu, bande de tas, tout s’est déroulé, mais sur d’autres lieux, vous étiez tellement occupés à célébrer l’Avent que vous n’en avez rien su. En plus, vous vous êtes trompés sur le sujet de la Révolution, ce n’est pas le prolétariat, c’est la technique ; et par-dessus le marché, la grande finance se montre plus révolutionnaire que tous ceux qui croyaient détenir la clef de sa critique … La mystique se déballonne. » (Peter Sloterdijk – évoquant les intellectuels diaboliques) – A l’adresse des vieillards toujours communistes et des lycéens hurlants.

« Le mot qui lui importait (à Lénine) était ‘nécessité’ … L’autoconservation de la dynamique révolutionnaire réclame la poursuite à marche forcée de l’avancée sur la mauvaise pente. Des mots comme ‘inévitable’ et ‘inflexible’ ne peuvent qu’y être exposés à un surmenage chronique … ‘Les ponts sont coupés derrière nous, nous devons aller de l’avant, que nous le voulions ou non’ (le conventionnel Français Le Bas) … Parce que la révolution ne constitue pas un roman de formation qui traverserait les générations, mais naît toujours, ici et maintenant, de la décision du chef, la vieille garde ne peut qu’être, à chaque fois, victime de l’élimination … Par sa logique, la révolution est incompatible avec les notions de génération et de succession … La révolution russe démontre le contraire de l’affirmation du Français Vergniaud suivant lequel ‘la révolution, comme Saturne, dévore ses propres enfants’, avec elle ce sont les enfants de la révolution qui éliminent leurs prédécesseurs. » (Peter Sloterdijk) – Les procès de Moscou (Boukharine…) visaient à l’élimination par Staline de la vieille garde fidèle.

« Toute révolution déchaîne chez les hommes les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l’envie, de la rapacité et de la haine. » (Alexandre Soljénitsyne)

« J’ai compris la vérité de toutes les religions du monde : elles luttent avec le mal en l’homme (en chaque homme). Il est tout à fait impossible de chasser tout à fait le mal hors du monde, mais en chaque homme on peut le réduire. Dès lors j’ai compris le mensonge de toutes les révolutions de l’histoire : elles se bornent à supprimer les agents du mal qui leur sont contemporains (et de plus, dans leur hâte, sans discernement, les agents du bien) mais le mal lui-même leur revient en héritage, encore amplifié. » (Alexandre Soljenitsyne)

« Cette ‘hubris’, ce sacrifice de tant de gens pour la révolution, rend  quasiment certain que, finalement, la même violence impitoyable se retournera vers ceux qui font la révolution. » (Susan Sontag – à propos d’un ouvrage de Victor Serge)

« Ceux qui ont renoncé à la révolution, voient des révolutions partout : dans le sexe, la nouvelle condition des femmes, la jeunesse, le bouquet satellite… l’informatique. » (Alain Soral)

« Ce fut l’élément bourgeois, dit Drumont, qui fut surtout féroce dans la Commune, la bourgeoisie vicieuse et bohême du quartier latin ; l’élément peuple, au milieu de cette crise effroyable, resta humain … Aucune révolution ne fut aussi sanglante que la première (1789) parce qu’elle fut conduite par la bourgeoisie ; ‘à mesure que le peuple s’est plus intimement mêlé aux révolutions, elles sont devenues moins féroces’ » (Georges Sorel – citant Edouard Drumont) – Pour qui a vu certains événements plus récents, il doit y avoir là du vrai et du faux – Sorel, auteur de Réflexions sur la violence, grand pourfendeur de la bourgeoisie, introducteur du marxisme en France, admirateur de Lénine, admiré par Mussolini, rejeté par l’appareil communiste.

« Les révolutionnaires de ces trois derniers siècles ont été de grands matérialistes et de grands réductionnistes. Mais on voit aussi ce qu’ont donné leurs révolutions. » (Martin Steffens)

« Révolution et Contestation : La contestation est un mouvement affectif avec un contenu secondaire, alors que la révolution poursuit avant tout un but, les éléments affectifs lui étant au contraire subordonnés. La révolution suit son chemin, a son histoire, alors que la contestation, une fois qu’elle s’est exprimée en tant que geste, ne peut que s’évaporer dans son élan initial – Tandis que le révolutionnaire s’attaque à la classe ennemie, pour la remplacer, le contestataire s’attaque à sa propre classe – Si le révolutionnaire met sa dynamique œdipienne au service d’une cause ‘sociale’, le contestataire utilisera le prétexte ‘social’ pour abréagir son propre conflit familial – Le révolutionnaire veut créer une réalité plus parfaite que l’actuelle, il incorpore le passé et le dépasse, il s’efforcera donc d’introduire dans la réalité existante un nouvel élément. Le contestataire revient en arrière, il se coupe de toute ses racines, il veut tout annuler, ‘On efface tout et on recommence’. » (André Stéphane – L’Univers contestationnaire)

« C’est la Révolution française qui apparaît comme la grande machine à produire,  à diffuser et à consommer des complots (réels ou fictifs) … plus généralement, les vagues conspirationnistes surgissent dans des contextes de crise globale ou de bouleversements de l’ordre social ébranlant le fondement des valeurs et des normes. » (Pierre-André Taguieff)

« L’hallucinante profanation des tombes royales Saint-Denis en 1793, 94. On sortit de là tout le monde, un à un, on gifla des cadavres, on ouvrit le ventre de Louis XIV… » (François Taillandier) – Magnifiques révolutionnaires ! Là on ne ‘tua’ que des cadavres, la même année les mêmes crapules massacraient dans les prisons. Qui en parle ?

« Des hommes nés à vingt ans, sans parents, sans passé, sans tradition, sans obligation, sans patrie, et qui, assemblés pour la première fois, vont pour la première fois traiter entre eux. » (Hippolyte Taine) – Sur les révolutionnaires.

« Les révolutions les plus profondes aspirent à se traditionnaliser ; et, réciproquement, à la source des traditions les plus routinières, nous trouvons un état révolutionnaire d’où elle procèdent. » (Gabriel Tarde)

« La parabole de l’ivraie et du bon grain n’est jamais rentrée dans des oreilles révolutionnaires. » (Gustave Thibon) – Ni souvent le moindre atome de culture.

« Révolutionnaire à l’extérieur pour se dispenser de l’être en lui-même. » (Gustave Thibon – sur ces personnages)

« Les révolutions sont des balbutiements suivis de très près par le radotage. » (Gustave Thibon)

« La révolte érigée en système pétrifie autant que le conformisme, à cette différence près qu’elle fabrique des pierres impropres à la construction. » (Gustave Thibon)

« ‘Tout sera parfait là-haut’ cède la place à ‘Tout sera parfait demain’ … L’utopie consiste à chercher un lieu, soit dans l’espace, soit dans le temps (le Grand Soir, la Cité future…), où fleurisse le bonheur parfait … Par définition, ne se réalise nulle part et jamais … L’aurore ‘aux doigts de rose’ qui se lèvera demain, c’est-à-dire jamais, absout le couchant sanglant d’aujourd’hui. » (Gustave Thibon)

« Ce sentiment (la révolte) traduit pour moi l’essence de la vulgarité et de l’infantilisme. » (Gustave  Thibon)  

  « Ne crois pas aux briseurs de règles qui parlent de l’amour. Là où la règle est brisée, l’amour avorte. On n’échappe pas à ce qu’on détruit : on n’échappe qu’à ce qu’on prolonge. » (Gustave Thibon)

« L’idolâtrie révolutionnaire consiste à vouloir éterniser, comme conforme au bien suprême de l’homme, un régime de purgation et de désintégration, un état de crise … Une poussée révolutionnaire peut avoir une vertu purgative (d’un ordre politique plus ou moins caduc et corrompu), mais non nutritive …La qualité des mobiles révolutionnaires se reconnaît d’ailleurs aux résultats des révolutions … Ce n’est pas la vertu qui se venge, c’est le vice qui essaime … la multiplication des convives au festin de la corruption … Au nom d’un scandale à supprimer, d’une injustice à réparer, ils n’hésitent pas à trancher les racines millénaires de la vie sociale ; ils provoquent un cancer pour guérir une égratignure ! … Raison secrète de la témérité effrayante avec laquelle les esprits révolutionnaires bouleversent des traditions et des mœurs qui ont fait leur preuve : cette illusion angélique que la moralité doit suffire à suppléer les mœurs détruites. » (Gustave Thibon) – Surtout quand domine la moralité imposée par les moralistes du groupuscule médiatico-politique dominant.

« Vous avez déchaîné le tigre. Soyez plus heureux que nous, sachez le museler. » (Merlin de Thionville – ex-conventionnel – 40 ans après)

« On s’exagère communément les effets produits par la révolution française. Il n’y eut sans doute jamais de révolution plus puissante, plus rapide, plus destructive et plus créatrice. Toutefois ce serait se tromper étrangement que de croire qu’il en soit sorti un peuple français entièrement nouveau, et qu’elle ait élevé un édifice dont les bases n’existaient point avant elle … Si des choses sont nouvelles, elles le sont par la forme, par le développement, non par le principe ni par le fond. Tout ce que la Révolution a fait se fût fait sans elle ; elle n’a été qu’un procédé violent et rapide à l’aide duquel on a adopté l’état politique à l’état social, les faits aux idées et les lois aux mœurs. » (Alexis de Tocqueville)

« La Révolution dont l’objet propre était d’abolir les restes des institutions du Moyen Âge n’a pas éclatée dans les contrées où ces institutions étaient les mieux conservées, mais au contraire dans celles où elles gênaient le moins, leur joug a paru le plus insupportable là où en réalité il était le moins lourd … Les paysans avaient été soustraits, plus que nulle part ailleurs en Europe, au gouvernement de leurs seigneurs … Le seigneur n’est qu’un habitant que des immunités et des privilèges séparent et isolent ; sa condition est différente, non son pouvoir … L’abandon des campagnes par la noblesse … La féodalité restait une institution civile en ayant cessé d’être une institution politique, excitant ainsi bien plus de haine. Le système féodal avait perdu tout ce qui pouvait protéger ou servir et avait gardé ce qui, en lui, pouvait nuire ou irriter …. Cessant d’être utile (de protéger…, tel un gouvernement), les privilèges, les droits féodaux deviennent insupportables … L’aristocratie de jadis le tyrannisait parfois, mais ne le délaissait jamais … Le paysan entièrement séparé des classes supérieures (dés qu’on est quelque peu arrivé, on le fuit, le bourgeois finit par vivre aussi à part du peuple que le gentilhomme) … Les paysans souvent arrêtés par le prévôt (corvée, même si la corvée personnelle avait disparue,  appel en milice, mendicité, vagabondage…), mais si  les formes étaient effrayantes, la peine était presque toujours tempérée ; on aimait mieux faire peur que faire mal ; arbitraire et violent par habitude et par indifférence, et doux par tempérament … La centralisation administrative, déjà institution de l’ancien régime … L’omnipotence de Paris déjà aussi … La tutelle administrative, institution de l’ancien régime également (stricte dépendance des villes) … Le corps des ponts et chaussées, la maréchaussée … Enchevêtrement de pouvoirs … Mais ‘Ce royaume de France est gouverné par trente intendants’ (John Law au marquis d’Argenson) …  des roturiers d’ailleurs … La passion française pour les ‘places’ (l’épargne du bourgeois va à l’achat d’office, non à l’économie au sens large) … L’administration, se sentant de date récente et de petite naissance, était toujours timide dans ses démarches, pour peu qu’elle rencontrât quelque obstacle … Principe toujours affirmé, la nation a le droit imprescriptible et inaliénable de s’assembler pour faire des lois et voter librement l’impôt … La bourgeoisie bien mieux préparée que celle d’aujourd’hui (1850) à montrer un esprit d’indépendance … L’intrépidité politique des parlements (même si fort préoccupés d’eux-mêmes) … On aurait bien tort de croire que l’ancien régime fut un temps de servilité et de dépendance. Il y régnait beaucoup plus de liberté que de nos jours ; mais c’était une espèce de liberté irrégulière et intermittente … D’où sortaient donc les âmes vigoureuses et fières qui émergèrent à la Révolution et qui firent l’admiration et la terreur ? … Les hommes de lettres, principaux hommes politiques du pays, théoriciens purs (les philosophes), abstractions et tournures littéraires, inexpérience générale … L’incrédulité parut attrayante à la foule en laissant l’âme vide, fanatisme … L’Eglise, le maillon faible … On veut des réformes avant de vouloir des libertés … La prospérité hâta même la Révolution. Les Français ont trouvé leur position d’autant plus insupportable qu’elle devenait meilleure (et c’est dans les régions les plus déshéritées que la contre-révolution trouva ses meilleurs appuis) … L’histoire est toute remplie de pareils spectacles … la sympathie affichée officiellement et partout pour les misères du peuple souleva le peuple en voulant le soulager … Le contraste entre la bénignité des théories et la violence des actes qui a été l’un des caractères les plus étranges de la Révolution française, ne surprendra personne si l’on fait attention que cette révolution a été préparée par les classes les plus civilisées de la nation et exécutées par les plus incultes et les plus rudes. Les hommes des premières n’ayant aucun lien préexistant entre eux, nul usage de s’entendre, aucune prise sur le peuple, celui-ci devint presque aussitôt le pouvoir dirigeant, dès que les anciens pouvoirs furent détruits. » (Alexis de Tocqueville – L’ancien régime et la Révolution – considérations éparses pour démythifier cet événement et surtout pour contester la stupide propagande sur un ancien régime tout de noirceur décrit)

« Les révolutions positives ne se produisent pas dans les phases de déclin économique de longue durée. Elles surviennent au moment d’une baisse conjoncturelle du niveau de vie à l’intérieur d’un cycle ascendant de longue durée … Et on n’a jamais vu réussir un mouvement politique sans participation de la petite bourgeoisie éduquée. » (Emmanuel Todd)

« Des ressentiments sociaux dignes du XIX° siècle refont surface, la peur des gens d’en haut se nécrose en haine des gens d’en bas, alors que la révolte des gilets jaunes parlait de niveau de vie, puis de la représentation politique des humbles, n’exprimait qu’un pur phénomène de lutte des classes, les macronistes ont œuvré à en faire un mouvement antisémite. » (Emmanuel Todd)

« La Vendée doit être un cimetière national. » (général Turreau) et il a tenu parole appliquant avec zèle les consignes de la Convention : « Purger entièrement le sol de la Liberté de cette race maudite. » – Le fameux humanisme des révolutionnaires de 89.

« Une révolution fait en deux jours l’ouvrage de cent ans et perd en deux ans l’œuvre de cinq siècles. » (Paul Valéry)

« Les hommes du refus, je les connais, ayant été l’un d’eux par bien des aspects. Sous leur soutane de surenchère critique remue le bras séculier des pires inquisitions. » (Raoul Vaneigem)

« Aucune révolution ne sera jamais digne de ce nom si elle n’implique au moins l’élimination de toute hiérarchie. » (Raoul Vaneigem) – Rêvons.

« Dès que le peuple en armes renonce à sa propre volonté pour suivre celle de ses conseillers, il perd l’emploi de sa liberté et couronne, sous le titre ambigu de dirigeants révolutionnaires, ses oppresseurs de demain. » (Raoul Vaneigem) 

« Plus le rebelle est rebelle, plus il est individualiste, et plus il alimente la logique ultralibérale de l’Homme-Dieu. » (Bertrand Vergely) – D’où l’accueil enthousiaste fait par la haute société et les média aux rébellions-bidons des célébrités, artistes… et autres arrivistes.

« On peut réformer le monde en montrant ce qui va et que l’on  a perdu, au lieu de montrer ce qui ne va pas … On devient ainsi un révolutionnaire d’un autre type. » (Bertrand Vergely) – Un révolutionnaire sans haine, sans ressentiment, sans envie, sans cupidité…. Autrement dit un saint.

« Quand les fils rebelles prennent le pouvoir ils deviennent des pères autoritaires inflexibles … La fraternité des révolutionnaires de 1789 a débouché sur la Terreur … pareil du communisme au vingtième siècle … Qui sont les jeunes terroristes français qui vont faire la guerre sainte ? Des fils rebelles fascinés par le père autoritaire … Aujourd’hui, l’écologie qui est en passe de prendre le relais des utopies révolutionnaires d’hier, s’affirme de plus en plus sur un mode autoritaire en ayant comme projet une dictature verte résolument punitive au nom de la sauvegarde de la planète … A quoi     assistons-nous sur les ondes et les écrans ? Au lynchage du père par les fils rebelles sous la forme de luttes anti-discrimination, anti-loi, anti-autorité, anti-domination, anti-riches, anti-système, anti-tradition, anti-religion, antimorale, anti-Occident, etc. » (Bertrand Vergely) – Sans oublier la démolition féroce de tout passé, le mouvement nihiliste woke…

« Il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, dévorât successivement tous ses enfants. » (Pierre Vergniaud) –  Après lui, d’autres charrettes ‘d’enfants’  de la Révolution suivront : les Enragés (hébertistes) trop enragés, les Indulgents (dantonistes) trop indulgents, les robespierristes enfin, trop terroristes. »

« Un régime dure parce qu’il existe … il est toujours présumé légitime et la nécessité de la preuve repose sur l’éventuel contestataire … Celui qui prend l’initiative de la révolte assume, tant qu’il n’est pas largement suivi, des risques individuels qui dépassent de loin ses gains éventuels en cas d’imprévisible succès … De plus, il existe une large zone indécidable où les gains possibles de la révolte ne l’emportent pas nettement sur les avantages certains de la soumission. Nazisme et socialisme ont ainsi pu durer  … En situation d’incertitude … régression intellectuelle … on préfère aux innovations le ‘statu quo’ qui a fait ses preuves. » (Paul Veyne)

« Le révolutionnaire n’est pas seulement en guerre contre la nature, l’humanité et l’histoire. Il s’oppose radicalement à la Création, au monde lui-même : il déteste la réalité. » (Jean-Philippe Vincent)

« La révolution n’est pas un fiacre dont on peut descendre à volonté. » (Max Weber)

« La vraie révolution consiste dans le retour à un ordre éternel momentanément perturbé. » (Simone Weil)

« On ne pense plus à la révolution comme à une solution à des problèmes, mais on l’invoque comme un miracle qui dispensera de les résoudre. » (Simone Weil)

« Les opprimés en révolte n’ont jamais réussi à fonder une société non oppressive. » (Simone Weil)

« Le nom d’opium du peuple que Marx appliquait à la religion … convient essentiellement à la révolution. L’espoir de la révolution est toujours un stupéfiant. » (Simone Weil)

« L’illusion constante de la Révolution consiste à croire que les victimes de la force étant innocentes des violences qui se produisent, si on leur met en main la force, elle la manieront justement. Mais les victimes sont souillées par la force comme les bourreaux. Le mal qui est à la poignée du glaive est transmis à la pointe. Et les victimes ainsi mises au faîte et enivrées par le changement, font autant de mal ou plus, puis bientôt retombent. » (Simone Weil)

« On a fait 68 pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus. » (Wolinski) – C’est l’aboutissement de toutes les révolutions, ou des bouffonneries comme 1968.

« Au-delà des grands principes et des grands mots, ‘liberté’, ‘égalité’, ‘fraternité’, la Révolution française est avant tout et par essence un transfert de propriété. Vente des biens nationaux de l’Eglise aux gros paysans et aux bourgeois et installation des ministres dans les hôtels particuliers des aristocrates en sont les symboles les plus éclatants. Ce transfert de propriété est le moteur, la force, la passion de la Révolution. » (Eric Zemmour) – C’est le cas de toutes les révolutions. Changer de dominants. Voilà un point de vue marxiste. Mais un vrai marxiste a besoin de cacher les évidences derrière de grands mots à l’usage des Gogos.

« Notre passé n’est pas notre code. » (formule révolutionnaire)

« La barricade ferme la rue, mais ouvre la voie. » (proverbe)   

« Les chevaliers d’un heure. » (? – cité par Trotski – sur les pseudo-révolutionnaires)

« Deux siècles d’histoire du projet révolutionnaire nous montrent celui-ci grevé par deux illusions majeures : l’illusion de la maîtrise rationnelle et l’illusion de la fin de l’histoire. » (?)

  « Un révolutionnaire qui réussit n’est pas dangereux très longtemps. » (?)

« La révolution n’est jamais si belle que lorsqu’elle est à l’état de projet. » (?) – Donc il faut la laisser dans cet état.

« La révolution : tentative de faire aboutir les rêves, mise en œuvre de la poésie. » (?)

« Je ne fais pas de la légalité ici, je fais de la révolution. » (?)    

« Insurrection : Révolution qui a échoué. Tentative infructueuse de substituer le désordre à un mauvais gouvernement. » (?)

« Les révolutions sont toujours faites au nom de principes admirables formulés par deux ou trois grands hommes mécontents de leur sort et qu’on n’a pas couverts d’honneurs comme ils le méritaient. » (?)

« Grandeur des ruines et petitesse des démolisseurs. » (?)

« Les anges révoltés volent en rangs. » (?)

« Robespierre s’achève en Bonaparte. » ( ?)

« La grande lessive des révolutions. » (?)

« La révolution veut contrôler le cours de l’histoire, la révolte s’en détourner. » (?)

Ci-dessous extraits du livre de François Furet, Penser la Révolution française. Ses considérations dépassent le phénomène étudié (modèle des bolcheviks, rôle des prétendues circonstances, Etat centralisé, etc.). Certaines restent actuelles.

« En 1917, la révolution française cesse d’être un moule ou un avenir possible, espéré, souhaitable,  mais encore sans contenu réel. Elle est devenue la mère d’un événement réel, daté, enregistré, qui est octobre 1917. Les bolcheviks n’ont cessé d’avoir à l’esprit cette filiation … Le phénomène stalinien s’est enregistré dans une tradition jacobine simplement déplacée (la double idée d’un commencement de l’histoire et d’une nation-pilote a été réinvestie sur le phénomène soviétique) … En détruisant non pas l’aristocratie, mais le principe aristocratique dans la société, l’événement révolution française a supprimé la légitimité de la résistance sociale à l’Etat central. Mais c’est Richelieu qui avait montré l’exemple, et Louis XIV … La monarchie, en brisant les anciennes ‘libertés’, en détruisant la fonction politique de la noblesse, sans permettre pour autant la formation sur d’autres bases d’une classe dirigeante a, sans le vouloir, constitué les écrivains en substituts imaginaires de cette classe dirigeante … Elle s’accroche à une image de la société qu’elle n’a cessé de détruire, et rien, de cette société théorique, ne lui permet plus de communiquer avec la société réelle : tout, à commencer par la Cour, y est devenu écran … La société réelle a reconstruit autrement, ailleurs, en dehors de la monarchie, un monde de la sociabilité politique. Monde nouveau, structuré à partir de l’individu, et non de ses groupes institutionnels, monde fondé sur cette chose confuse qui s’appelle ‘l’opinion’ et qui se produit dans les cafés, dans les salons, dans les loges et dans les ‘sociétés’ … La Révolution ne frappe pas un pays décadent, mais un pays prospère, en pleine croissance depuis 1750, elle frappe même en priorité les régions les plus sensibles au développement économique et social … Le pouvoir n’est plus dans les conseils et dans les bureaux du roi de France, il a perdu tout point d’ancrage, il n’est plus dans aucune institution … Il n’y a pas de circonstances révolutionnaires, il y a une révolution qui se nourrit de circonstances, la Terreur gouvernementale et robespierriste du printemps 94 coupe ses têtes alors que la situation militaire est redressée … Les circonstances qui poussent en avant la dynamique révolutionnaire sont celles qui s’inscrivent comme naturellement dans l’attente de la conscience révolutionnaire (un banquet d’officiers et soldats, simple manifestation de solidarité, devient preuve d’un complot et déclenche les journées des 4 et 5 mai,  la fuite à Varennes est la preuve que Marat avait raison et que le roi n’a cessé de comploter en secret) … Les apôtres les plus convaincants de la guerre sont convaincus qu’elle est la condition de leur pouvoir … radicaliser la révolution en la jetant dans l’aventure extérieure, à travers l’exaltation du patriotisme jacobin (de son côté, l’Europe des rois, n’est pas enthousiaste à l’idée de venir au secours de l’émigration) … Reprise des tendances séculaires de la société française, de l’esprit de croisade, du renforcement de l’autorité centrale et des bureaux … Le sentiment national cesse de définir la France nouvelle, pour devenir un modèle idéologique, un drapeau de croisade … synthèse entre messianisme idéologique et passion nationale … les Français ont les premiers intégré les masses à l’Etat et formé une nation moderne … Ayant cessé d’être un avènement, la Révolution est devenue un bilan … Les paysans sont devenus des acquéreurs de Biens nationaux, la bourgeoisie est aux affaires et fait des affaires, le soldat s’enrichit et fait carrière à la guerre … Une révolution paysanne largement autonome par rapport au projet bourgeois, les ‘cahiers de doléances’ ont ceci en commun qu’ils mettent en valeur la grande autonomie politique du monde paysan, essentiellement faite de méfiance à l’égard des gens des villes, que ceux-ci soient seigneurs, anciens seigneurs, anciens bourgeois, ou nouveaux bourgeois. »

« Alors que tant d’historiens, depuis bientôt deux cent ans, nous racontent la Révolution drapée dans les costumes de l’époque, par un commentaire de l’expression qu’elle a donnée d’elle–même. Tocqueville suggère au contraire, que  les périodes révolutionnaires sont par excellence les périodes obscures de l’histoire, où le voile de l’idéologie cache au maximum le sens profond des événements aux yeux des acteurs du drame. » (François Furet) – Encore l’auteur écrivait-il avant le spectacle aussi lamentable que grotesque du bicentenaire orchestré par François Mitterrand et les thuriféraires habituels de la mise en scène spectaculaire de la dégénérescence, applaudi par la horde aussi festive que stupide.

Ci-dessous, deux extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage d’Hannah Arendt, Essai sur la Révolution

« La conception de l’idée de liberté et celle d’un ‘nouveau commencement’ ou avènement est capitale pour toute compréhension de la révolution moderne … Enorme insistance mise sur cette notion d‘ère nouvelle exprimée par les protagonistes de la  Révolution américaine et par ceux de la Révolution française…  Capitulation de la Liberté devant la Nécessité, comme Robespierre, comme Lénine … en effet, la  libération de la tyrannie n’entrainait la liberté que pour le petit nombre et se faisait à peine sentir pour le grand nombre qui restait accablé par sa misère … L’incapacité de la pensée révolutionnaire à conserver l’esprit révolutionnaire … fut précédée par l’incapacité de la révolution à  procurer une institution durable à cette dernière  … ‘Rien, si ce n’est un corps permanent, ne peut faire équilibre à l’imprudence de la démocratie’ (Hamilton). L’institution créée à l’origine pour combattre ce règne de l’opinion publique ou démocratie, c’était le Sénat (l’auteur s’exprime dans le cadre de la révolution américaine). »

« Conflit entre le système moderne du Parti et des nouveaux organes révolutionnaires issus du gouvernement ‘autonome’ … Club des Jacobins et sociétés populaires comme Parti bolchevique et Soviets … Deux systèmes contradictoires … Succès spectaculaire du système des partis et échec du système des ‘conseils’ … Conflit qui a toujours en réalité été celui du  Parlement, source et siège du  pouvoir du système des partis, face au Peuple … Représentation (partis) contre action (‘conseils’) … Les historiens ont toujours considéré les conseils populaires comme des organes essentiellement temporaires dans le combat révolutionnaire, sans comprendre la mesure dans laquelle le système des ’conseils’  les met en présence d’une forme entièrement nouvelle du gouvernement, dépassant toute ligne de parti, un nouvel  ‘espace de liberté’ ouvert et organisé dans le cours même de la Révolution … Il est vrai que partout où la Révolution ne s’est pas trouvée défaite et suivie par une quelconque restauration, la dictature du parti unique, soit le modèle des professionnels de la Révolution, devait finir par s’imposer (écrasement du soulèvement de Cronstadt) … Le rôle des révolutionnaires professionnels consiste non pas à faire la révolution mais à monter au pouvoir une fois qu’elle s’est déclarée … participation insignifiante dans l’éclatement de la révolution, influence importante sur son cours (leur avantage étant notamment dans le fait que leurs noms sont les seuls que connaisse le public) … Les réalistes s’orientent d’après le système du Parti  … Les conseils considérés comme une sorte de rêve romantique, d’utopie fantastique … reflets d’une nostalgie populaire non au courant des réalités  … Les partis, en raison du monopole de la désignation des candidats qui est le  leur, ne peuvent être considérés comme des organes du peuple, mais, au contraire, constituent un instrument très efficace à travers lequel on rogne et on domine le pouvoir populaire.  »

Ci-dessous extraits de l’ouvrage d’Eric Hobsbawm, Les primitifs de la révolte dans l’Europe moderne. Très, très simplifié.

 « Révoltés aux réflexes primaires agissant au cœur, ou aux flancs, du monde industriel de l’Europe occidentale du XIX° et du XX° siècles … jusqu’à ce que le primitivisme inadapté et inefficace de ces révoltes archaïques soit emporté dans le jeu de la lutte des classes … Face à un monde qui leur est venu de l’extérieur par le jeu de forces économiques pour eux incompréhensibles et sur lesquelles ils n’ont aucun pouvoir … – Le bandit social : Robin des Bois, archétype, protégé par la population, ruralité (Italie du sud, Calabre, Sicile, Andalousie, Carpathes…) actes non criminels au regard des usages locaux, ce jusqu’à la trahison qui fait tomber le bandit-héros, sa réussite est compensation pour la masse misérable, revanche – Les mafias : carrefour de tendances s’érigeant contre des menaces au mode de vie traditionnel,  protestation sociale ou ambition de classes moyennes ou crime pur et simple (en Amérique), protection par le magnat local, des personnes (et des grandes propriétés), paternalisme, code d’honneur, virilité du mafioso … Défense contre l’exploiteur étranger (gouvernement), se transformant en accointance avec le système politique … Camorra napolitaine, ‘honorable société’ calabraise, Carbonari – Mouvements millénaristes : L’essence du millénarisme, l’attente d’un changement complet et radical du monde pour un monde débarrassé de tous ses défauts … présente, presque par définition, dans tous les mouvements révolutionnaires … Les hérésies rurales (le territoire lazarettiste au sud-est de la Toscane), l’effet cataclysmique de l’introduction du capitalisme moderne dans des société paysannes … L’anarchisme agraire espagnol (essentiellement andalou) est peut-être l’exemple le plus clair du mouvement de masse millénariste ou quasi-millénariste … ‘Dans certaines régions se répandait comme une contagion épidémique ; les foules étaient balayées par la croyance en la venue imminente d’une nouvelle ére de justice’ (Adolfo Rossi) – La foule urbaine et ses émeutes : les Lazzari ou Lazzaroni napolitains, menu peuple manifestant sa cohésion, parfois dans la défense de la royauté locale, au sens ‘orgueil de la cité’  – Sectes ouvrières : Angleterre, donnant cohésion et échelle de valeurs à la communauté ouvrière, stricte austérité, rigueur, sectes protestantes dissidentes, Méthodistes, Baptistes – Les fraternités révolutionnaires secrètes : françaises notamment, durant la période des trois révolutions, groupes hiérarchisés d’élites avec répertoire d’initiation et autres rites, symbolisme, signes, mots de passe et serments (clandestinité) … Blanquistes français (‘société des Saisons’, ‘Hors-la loi’, ‘Ligue des Justes’ engendrant peut-être la ‘Ligue des Communistes’), Narodniks russes, Carbonari italiens … Peu à peu le conspirateur issu des classes moyennes cède la place à son homologue ouvrier. » – Liens au moins indirects, avec la franc-maçonnerie dans certaines interpénétrations, notamment pour les sectes et les fraternités.

« Les hébertistes en sont persuadés, la Révolution française a finalement été torpillée par le déisme. » (Marc Crapez – sur le déisme de Robespierre) – Il serait bien trop dense de rappeler la considérable tradition hébertiste typiquement française, Jacques Hébert (guillotiné par Robespierre), les innombrables journaux pendant près d’un siècle appelés Père Duchesne et leur ton fougueux en général, anti Robespierriste (son souvenir), l’extrémisme, l’anticléricalisme, la Libre Pensée, le nationalisme à consonance raciste, le social-chauvinisme, un communisme d’ultra-droite, l’anti bourgeoisisme, l’antisémitisme, la lutte contre le cosmopolitisme et contre l’anarchie des droits sans devoirs et des jouissances sans peine, ce qu’on a appelé le sans-culottisme, les Jules Michelet, Auguste Blanqui, et même Auguste Comte et des dizaines de politiques (au moins débutants), de pamphlétaires, tribuns, journalistes, les accointances (et même alliances) entre révolutionnaires gauchistes et monarchistes, la tendance anarchiste de droite et le Boulangisme (général Boulanger). Phénomène considérable qui s’étale des années 1795 au début du XX° siècle, dont on retrouve des traces avec la Collaboration (Louis Ferdinand Céline, partiellement Déat, Doriot) totalement occulté par la légende officielle, car non-conforme à la doxa. Phénomène abondamment et précisément traité dans les 300 pages du livre de Marc Crapez, La gauche réactionnaire, mythes de la race et de la plèbe dans le sillage des Lumières.

Ci-dessous, extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage d’Augustin Cochin,  La machine révolutionnaire, les sociétés de pensée  

 « L’objet de ce travail passif est une destruction. Il consiste à éliminer, à réduire. La pensée qui s’y soumet perd le souci d’abord, puis peu à peu la notion du réel ; et c’est justement à cette perte qu’elle doit être libre … Orientation de la pensée vers le vide … Pour affranchir la pensée, on l’isole du monde et de la vie,  renversant l’effort intellectuel, subordonnant la pensée à l’expression, faisant du mot la condition de l’idée … On forme des philosophes au lieu de produire des philosophies … L’intérêt n’est pas la recherche de la vérité, mais la formation de l’adepte, qui ne peut plus vivre hors de la société, car alors, sa logique, si bien affranchie du réel se briserait au premier contact avec l’expérience, car elle ne doit sa liberté qu’à l’isolement où elle vit, au vide où se tient le travail … Les esprits sincères et vrais, qui vont au solide, à l’effet plus qu’à l’opinion, se trouvent là dépaysés, et s’éloignent d’un monde où ils n’ont que faire. Ainsi s’éliminent d’eux-mêmes les réfractaires, c’est-à-dire les hommes d’œuvre, au profit des plus aptes, les gens de parole, les gêneurs, c’est-à-dire les gens occupés des devoirs et des intérêts de tout genre, n’y viendront pas et laisseront la place aux professionnels de la politique, à ceux qui en vivent … C’est  par l’entraînement et l’ensemble de la claque que le philosophisme conquiert l’opinion profane, met en mouvement une fausse opinion, plus bruyante, plus unanime, plus universelle que la vraie ; dès lors plus vraie, conclut le public …  … Imitation de l’ampleur et de l’unité d’un grand mouvement d’opinion, sans perdre la cohésion et la conduite d’une cabale … Chacun se soumet à ce qu’il croit approuvé de tous … la petite cité fait parler à son gré l’opinion de la grande, y décide des réputations, bonnes et mauvaises … Contre le commun des hommes qui ne sont pas des privilégiés de la conscience et de la raison, nécessité d’employer la ruse et la force (la terreur jacobine, les ‘excommunications’ actuelles…), devoir pour les initiés.  ‘Il faut les forcer d’être libres’ (J. J. Rousseau) … Système des ‘ordres ou cercles intérieurs : cent membres, mais quinze assidus, les maîtres, le cercle intérieur, théoriquement ils ne sont rien de plus, mais pratiquement ils sont tout, font les motions ; tout vote officiel est précédé et déterminé par une délibération officieuse, tout ‘peuple’ est profane par rapport à  un groupe ‘initié’, la volonté générale est libre comme une locomotive sur ses rails … Il faut également que les mêmes motions soient faites au même moment et votées de même partout, c’est le rôle du machinisme et des machinistes … La société n’est pas en état de faire nommer directement ses hommes, il ne lui reste donc qu’à faire exclure tous les autres, tous les ‘ennemis’ du genre humain (aujourd’hui : extrême droite, ‘phobes’ en tout genre, etc.) … L’opération se déroule en deux temps : faire exclure à force de vociférations répétées et au nom des principes clamés, les profanes, chassés à grands fracas, il reste à faire rentrer discrètement les frères (les camarades, les copains, ceux qu’on sait tenir en mains…) … Il faut à la société une bonne réputation, de la  ‘respectabilité’, une façade sociale honorable, le pontife officiel, le ‘vénérable’,, dont la fonction est toute droiture, ‘affabilité’, ‘libéralisme’, vivant sur la scène et ignorant les coulisses, ne cherchant pas à comprendre, se satisfaisant des bonnes raisons qu’on lui donne,  honneur de la société comme le politicien est le moteur de la machine, le machiniste, deux types d’homme conviennent à ce rôle : le savant naïf, étranger au monde et  le gentilhomme dégénéré, noble de race et d’instinct, mais d’âme bourgeoise, vain d’un nom dont il ne comprend plus les charges. »

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