– La sacro-sainte laïcité que plus personne n’est capable de définir.
– Invention chrétienne attribuée à un dénommé Jésus. Voir Evangiles : Matthieu 22 : 21, Marc 12 : 17, Luc 20 : 25 : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui lui appartient » et « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Principe de séparation inconnu en terre d’Islam, puisque, justement, la Charia implique l’extension à la société civile de règles religieuses.
– Elle distingue et sépare les deux faces traditionnelles du pouvoir, présentes partout et toujours, dans toutes les civilisations et de tout temps : le roi et le prêtre. En Occident jadis : la longue lutte pour la suprématie (fut-elle largement théorique) du Pape et de l’Empereur.
– Dans les temps modernes, arme de combat instituée contre le catholicisme.
– Contrairement à ce que proclament toujours les imbéciles, la France ne commence pas à la révolution de 89. La laïcité (soit la notion d’un Etat indépendant des religions, donc impliquant philosophiquement le libéralisme) est entrée dans les esprits, sinon encore dans les règles, dés la fin des guerres de religion qui avaient démontré aux esprits éclairés les inconvénients ravageurs de cette interdépendance.
– Elle remonte même à saint Augustin et au thème des deux cités, la cité de Dieu et la cité du monde. – D’ailleurs, le Christ, non seulement n’a jamais revendiqué, mais a toujours fermement (jusqu’à la mort) rejeté jusqu’à l’idée de royauté temporelle.
– En France, on a converti l’indépendance de la laïcité, en militantisme du laïcisme.
– Une association, la Libre pensée, dont l’idole est le pharmacien Homais (réjouissant et surdoué personnage de Flaubert dans Madame Bovary), veille entre autres salubres tâches à nettoyer tous nos lieux publics des indécentes et provocantes, peut-être même dangereuses, crèches qui les salissent une fois l’an et risquent fort de pervertir nos enfants. En effet, en France, la laïcité s’est transformée en religion de l’athéisme de combat et en idolâtrie du vide.
– La France est le seul pays occidental où les amuseurs publics sont chargés, avec la complicité discrète des politiciens et l’encouragement des milliardaires gauchistes, de vomir sur tout ce qui est religieux ou peut s’y rapporter vaguement (déferlement d’injures adressées aux opposants au mariage pour tous…) ; à condition cependant depuis peu que leurs cibles soient choisies afin de ne pas faire courir trop de risques aux insulteurs.
-Faut-il comprendre de la fameuse laïcité à la française qu’elle autorise aussi à déployer la haine de tout ce qui est spirituel et à s’enorgueillir de diffuser la pourriture ?
On pourra consulter les longs extraits du très remarquable ouvrage de René Guénon, Autorité spirituelle et pouvoir temporel en fin de la rubrique Pouvoir, Commandement, 375, 4
On pourra voir à la rubrique Valeurs, 730, 1 les considérations d’Olivier Roy sur les valeurs, l’Eglise et l’Etat libéral.
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« Une politique sans la grâce n’est possible que si elle se réapproprie une dimension spirituelle afin de légitimer les fins terrestres qui sont les siennes. L’autonomisation de l’ordre temporel obéit à une logique paradoxale : elle doit être reconquise conte les prétentions du pouvoir spirituel, mais il lui faut réinvestir et réincorporer une valeur sacrale. L’Etat se laïcise et la puissance publique se sacralise. » (Myriam Revault d’Allonnes) – Cherchez aujourd’hui la dimension spirituelle, les valeurs sacrales ?
« La sécularisation, et donc la laïcité, sont en substance des produits du christianisme … Le christianisme est la religion de la sortie de la religion ; il n’est pas une religion au sens propre du terme, mais le principe de déstructuration de tous les cultes archaïques. » (Pierpaolo Antonello – reprenant Max Weber) – Oui, mais des cultes archaïques renaissent sans cesse sous des formes variées dans les milieux athées.
« Le propre de l’Occident, du fait de la séparation originelle de l’Eglise et de l’Etat, est d’avoir compté au nombre de ses évolutions possibles l’incroyance religieuse, sans remettre en question ses propres fondements. » (Jean Baechler) – Merci le christianisme ! Il n’en serait pas de même des sociétés bouddhistes ou musulmanes.
« Procès de sécularisation … La grégarité idéologisée doit conduire à la valorisation d’un ensemble excluant tout le reste : la nation, la race, la classe, la religion, la culture… La compassion idéologisée doit être sensible à toutes les misères du monde et s’émouvoir pour les soulager … L’amour idéologisé doit se disposer à assurer le bonheur d’autrui, au besoin malgré lui et contre lui … La justice idéologisée part en guerre contre toutes les injustices sans tenir compte ni des contextes ni des conséquences … Les résultats produits par la sécularisation d’une aire culturelle marquée par telle ou telle religion … Sachant que les aires bouddhistes et musulmanes entament à peine un processus de modernisation (donc difficile de savoir), l’aire chrétienne et son segment judaïque vérifient les prédictions : autrui a été le prétexte de toutes les corruptions et perversions altruistes, induites par le traitement idéologique de la grégarité, de la justice, de l’empathie et de l’amitié. » (Jean Baechler) – « Les idées chrétiennes devenues folles. » (Chesterton)
« Il est plus facile aujourd’hui de trouver des individus qui ont renoncé aux superstitions religieuses dans des monastères et des synagogues, dans des soupes populaires tenues par des associations religieuses ou à la messe du dimanche, qu’au club de gymnastique, qu’à la Bourse ou dans la salle des professeurs d’un campus universitaire. Ceux qui prétendent que le mépris de la chose religieuse est un antidote à la superstition religieuse n’ont pas suffisamment réfléchi à la révolution française, à la révolution culturelle de madame Mao, ni à la tentative sanglante de Pol Pot de manipuler les structures sociales. » (Gil Bailie) – Ne demandons quand même pas à un forcené de la libre pensée de réfléchir.
« Aujourd’hui, à l’ère du commerce mondial et de l’homogénéité culturelle de McWorld, ce sont de plus en plus les croyants qui se sentent en péril. Voguant à la dérive sur l’océan d’une laïcité qui qualifie leurs ferventes convictions religieuses d’aberrantes ou de réactionnaires, ils décèlent fortement dans la modernité et l’occidentalisation, et donc parfois dans la démocratisation, les signes avant-coureurs de la laïcisation et de la destruction de leur culture … Essayez donc de trouver sur le réseau de télévision commercial américain ou dans la laïcité cynique de la plupart des films de Hollywood une description de la religion qui ne soit pas condescendante ou ne la tourne pas en dérision … qui ne tombe pas dans la caricature. » (Benjamin Barber) – Bien gentille formulation, quand chacun sait que ce que veut, ce dont a besoin, la mondialisation américaine c’est la mort de toute religion et de toute culture. Les continuelles invocations américaines à la religion ne sont que poudre aux yeux pour gogos … Plus on en parle !
« Notre laïcité qui est seulement un je-m’en-foutisme. » (Frédéric Beigbeder) – Trop vrai.
« A une époque qui attache tant d’importance à la liberté de choix, une jeune musulmane aurait le droit de choisir d’avorter, mais pas celui de porter le voile ? » (Alain de Benoist) – Exemple du grotesque de l’Occident.
« Tout ‘l’humanisme’ occidental passe par une ‘laïcisation du judéo-christianisme’. » (Alain de Benoist – reprenant Emmanuel Levinas)
« La sécularisation, c’est avant tout le moment où les grands thèmes théologiques sont, non pas abandonnés, mais retranscrits sous une forme profane. On le voit déjà très bien avec l’idéologie du progrès, qui conserve la vision biblique d’une histoire linéaire, mais qui en même temps substitue l’avenir à l’au-delà … Lire les historicismes modernes comme autant de théodicées laïcisées … ‘Tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’Etat sont des concepts théologiques sécularisés’. » (Alain de Benoist – citant Carl Schmitt) – « D’accord avec Michel Onfray quand il affirme que notre époque, en apparence déchristianisée, n’a en réalité jamais été aussi profondément acquise à des valeurs ‘judéo-chrétiennes’ sécularisées. Presque toutes les grandes idées dominantes actuelles sont des idées chrétiennes qui ont été ramenées sur terre. »
« Cette distinction radicale entre deux ordres explique pourquoi Pascal n’est gêné ni par sa foi, comme physicien, ni par sa physique, comme chrétien. » (Emmanuel Berl)
« L’essentiel de l’histoire médiévale (en Europe) c’est le conflit du sacerdoce et de l’Empire. La laïcité ne s’applique qu’à l’Occident. Dans l’islam (même actuel) comme jadis à Byzance, les deux pouvoirs restent confondus fût-ce dans la discorde, fût-ce dans l’anarchie. » (Emmanuel Berl)
« La version moderne de la laïcité, c’est-à-dire toutes les valeurs de la gauche libertaire : mariage homosexuel, matriarcat, dépréciation de l’autorité, de la masculinité, théorie du genre… Tout ce qui conduit l’Islam … à nous considérer comme une société décadente. Si on n’a à opposer à l’Islam que la conception républicaine de la laïcité, autant dire l’empire du néant, on sera balayé. La République n’a pas su créer un appareil symbolique … ‘Vacuité substantielle, tolérance radicale’ (Ulrich Beck). » (François Bousquet ou Patrick Buisson) – Elle en a même rejeté jusqu’à l’idée pour rester au ras des pâquerettes.
« Cette laïcité qui voudrait réunir les hommes de toutes religions en supprimant leur attachement auxdites religions. Pardon, en les en ‘émancipant’. » (Adrien Boyer)
« La séparation du spirituel et du temporel … l’Evangile pris au mot, par les circonstances historiques de la propagation du christianisme dans l’Empire romain : sa diffusion s’est opérée contre le pouvoir politique. » (Rémi Brague)
« En conséquence, les règlements inter-humains ne seront pas chargés du poids de l’Absolu, mais laissés aux soins des hommes … Dans le cours de l’histoire, l’Eglise n’a eu à assumer des tâches civiles que dans des cas de défaillance des autorités temporelles. » (Rémi Brague) – Lors de l’effondrement de l’Empire romain par exemple, ce qui a évidemment laissé ultérieurement des traces tendant à l’intrusion de l’Eglise dans les affaires proprement temporelles, ce que l’auteur reconnaît parfaitement.
« Le christianisme a conquis l’Etat à partir de la société civile, à l’inverse de l’Islam qui a conquis la société civile à partir de l’Etat. De la sorte, le christianisme s’est situé d’emblée en dehors du domaine politique, et ses textes fondateurs témoignent d’une méfiance envers celui-ci, alors qu’une dimension politique est en revanche coextensive à la révélation coranique, dans laquelle la séparation du politique et du religieux n’a pas le droit d’exister. Elle est même choquante, car elle passe pour un abandon de l’humain au pouvoir du mal, ou une relégation de Dieu hors de ce qui lui appartient … Avec le christianisme, c‘est l’Eglise qui força l’Etat à se constituer en parallèle, comme une institution autonome. Elle lui assigna sa tâche, le bon fonctionnement de la cité temporelle … ‘pour paradoxal que cela soit, on peut dire que … c’est l’action des papes qui a tendu, dés le XI° siècle, à ‘laïciser’ le pouvoir politique, en lui retirant toute initiative en matière spirituelle’. En d’autres termes, ‘le concept institutionnel de société sécularisée est un effet du christianisme dans sa rivalité avec l’Empire’. » (Rémi Brague – citant Janine Quillet)
« Que va-t-on donner à croire à cette humanité de demain qui avance vers ses avenirs, les bras tendus comme un aveugle qui sonde les espaces noirs ? » (Jean Cau) – Réponses, enthousiasmantes, La Croissance ! Et toujours plus de démocratie ! Ces deux divinités modernes répondent à tout et comblent le cœur de l’homme.
« L’enjuponnement de l’Occident qui nous vaudra l’esclavage lorsque des’ hommes’ affirmant un dieu (n’importe lequel), décideront que nos échines sont assez ployées pour recevoir le licol. » (Jean Cau) – Dés demain.
« Ils faudrait qu’ils comprennent que s’ils n’étaient pas dans un pays chrétien, ils ne seraient pas laïques … Les ‘laïcistes’ ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Tout ce qui est fait pour affaiblir le christianisme contribue en fait à saper la laïcité : cela revient à en arracher la racine. » (Père Centène – sur les libres-penseurs militants)
« Il n’y a point de véritable religion sans liberté, ni de véritable liberté sans religion. » (Chateaubriand)
« Le Pape semble désormais clairement faire partie des croix et des épreuves que les Chrétiens doivent porter pour gagner leur chemin au Paradis. François a cette fois-ci décidé de s’essayer à la philosophie politique, fustigeant tout à trac le méchant souverainisme … Forcément, que les peuples soient souverains, c’est dangereux. Celui que le destin vengeur nous a imposé comme Pape concède tout de même qu’il est normal que les peuples détiennent leur souveraineté (Comment, du coup? Par l’opération du Saint-Esprit? Nul ne saura, c’est un épais mystère jésuitique…), mais à la condition au fond de ne pas l’exercer et d’être privé des moyens pour cela … Notons enfin que ce biais de la question migratoire semble être le dernier moyen qu’ait trouvé le Pape pour se mêler des affaires séculières … Ce qui constitue une très sérieuse entorse à la laïcité, ce dont personne ne semble se soucier pour une fois ! … Ce n’est pourtant pas, semble-t-il, aux prélats de s’occuper des affaires politiques, ou alors, tant qu’à faire, on aimerait l’entendre un peu plus au secours de ceux qui, en Europe, souhaitent justement protéger la civilisation issue du judéo-christianisme … grâce à laquelle il a son travail. » (Anne-Sophie Chazaud ou Marie-Hélène Verdier)
« Si on regarde l’histoire des relations Eglise-Etats sur le long terme, on s’aperçoit que le combat dont la laïcité a été l’aboutissement, c’est le combat de l’Eglise pour se libérer de la tutelle des Etats. La pente naturelle de l’Etat c’est l’autosacralisation et l’instrumentalisation de la religion au service de ses intérêts. A travers les siècles, c’est l’Eglise qui s’est battue pour conserver une certaine autonomie par rapport à l’Etat. » (Jean-François Chemain)
« La république n’est qu’un régime politique parmi d’autres possibles, dont la légitimité est plus conditionnée par sa capacité à défendre les intérêts de la nation qu’à la conduire à une impossible perfection morale. » (Jean-François Chemain – sur les invraisemblables diktats moraux de nos politiciens) – D’ailleurs assez mal placés pour.
« Que les Grecs aient pris leurs mythes ou leurs systèmes à la légère, il ne s’établit jamais ni domination des uns sur les autres, ni réconciliation des uns avec les autres. Ils ne travaillaient certainement pas ensemble … Disons que le philosophe fut un rival du prêtre. Mais l’un comme l’autre semblent avoir accepté une séparation de fonctions qui les laissait chacun à sa place dans le même système social. » (Chesterton)
« La misère de la liturgie laïque que ne vient plus nourrir aucun chant, aucune couleur, aucune forme. » (Jean Clair)
« La camisole de force ‘laïcité’ cousue aux mensurations du christianisme craque partout aux coutures lorsqu‘elle est enfilée sur certaine autre religion, dont les référentiels, notamment en matière de sexisme, sont tout autres. » (Gabrielle Cluzel)
« La laïcité (française) représente une singularité si extrême qu’elle est inconnue dans le reste du monde et lui demeure incompréhensible comme elle est en passe de le devenir aux yeux des Français eux-mêmes … C’est au temps du positivisme que la laïcité tourne au laïcisme, à savoir la lutte ‘du progrès contre l’obscurantisme’, qui n’en est qu’un sens tardif, dérivé, militant. Au lieu qu’elle cimente, la voilà qui entretient une guerre civile larvée. » » (Jean-François Colosimo – se situant à la jonction des XIX° et XX° siècles) – Avec l’Islam, d’autres questions plus proprement politiques se posent ?
« Le mot de laïcité, si français qu’il en ressort intraduisible dans les autres langues … Elle procède par négations et non par affirmations. Elle creuse le vide dans lequel survient son opération qui consiste en une pure distanciation. » (Jean-François Colosimo)
« Athées, agnostiques ou spiritualistes, ils ne pourront complètement ignorer que leur combat anticlérical n’échappe pas à une certaine religiosité, que l’effacement de la religion commune, catholique, nécessite une ‘religio’ de remplacement républicaine. Même au prétexte de l’irréligion, la guerre des Deux France sera une guerre confessionnelle recommencée … dont la laïcité sera le cessez-le-feu. » (Jean-François Colosimo) – « La question cléricale s’avère bien utile pour masquer la question sociale. » (même auteur) – On reconnaît bien là la constante trahison de la gauche qui élabore toujours des diversions pour éluder des promesses qu’elle n’avait nulle intention de tenir..
« La charia musulmane est justement la fusion des ordres spirituel et temporel … conséquence de l’absolue unicité divine… » (Jean-François Colosimo)
« ‘Non respublica in ecclesia, sed ecclesia in respublica’ disaient déjà Guillaume de Nogaret et les légistes médiévaux, puis monarchistes. » (Jean-François Colosimo)
« Ce principe fut fécond en grands résultats. D’une part la politique fut affranchie des règles strictes que l’ancienne religion lui avait tracées. On put gouverner les hommes sans avoir à se plier à des usages sacrés, sans prendre l’avis des auspices ou des oracles. D’autre part si l’Etat fut plus maître en certaines choses, son action fut aussi plus limitée. Toute une moitié de l’homme lui échappa. » (Fustel de Coulanges) – Dernier aspect qui de nos jours rend les excités(e)s furieux, les hystériques qui veulent pervertir la société à leur image et qui, hélas, se sont emparés de l’Etat et des média. La saine laïcité de jadis s’est transformée en haine de toute transcendance ; tous au niveau du caniveau.
« C’est au nom de la laïcité qu’on a transformé la France en un vaste désert spirituel … formidable appel d’air pour des formes dévoyées d’absolu. La multiplication, au sein de la jeunesse française, des candidats au djihad, en est un effroyable signal. » (Laurent Dandrieu)
« Ce n’est pas parce qu’un Etat est sécularisé, c’est-à-dire soustrait à la juridiction et au contrôle d’une institution ecclésiastique, que la société dont cet Etat est l’expression pourra se soustraire aux contraintes symbolisantes qui permettent de synthétiser une foule … Une société que nul surmonde ne viendrait hanter frôlerait vite l’hébétude, tel un chat empêché de rêver … Dès qu’un réservoir de ferveur s’épuise, un substitut entre en fonction, fût-il bricolé ou latéral, ou même régressant du religieux au superstitieux … Là où il y a du commun, il y a du qui-dépasse, et là où il n’y en a plus, il n’y a plus solidarité, unité et identité, mais grouillement de souvenirs, d’avidités, de jalousies, d’intérêts, ou au mieux juxtaposition passive de réflexes catégoriels … Une humanité sans irréel serait une humanité sans communication, soit une espèce assez proche des chimpanzés ou des Bonobos. » (Régis Debray) – Ainsi et heureusement, il nous reste comme surmonde : l’Elysée et son dieu Jupiter, les centres commerciaux, la téléréalité et la délation haineuse sur les réseaux sociaux.
« La fameuse laïcité française n’est rien d’autre que l’obligation de taire sa religion, de ne pas en faire état, de faire comme si elle n’existait pas ; manière de récuser les croyances, parce que celui qui est interdit de dire ouvertement ce qu’il pense, finit par cesser de penser … Si la laïcité est mise en danger par le burkini c’est qu’elle est dictatoriale ; tout la dérange, absolument tout. » (Chantal Delsol)
« On peut croire à quelque chose, comme les Anciens à leurs mythes, non pas parce qu’on est un imbécile superstitieux, mais parce qu’on ne peut pas se passer d’y croire » (Eric Robertson Dodds – approx.) – Ne serait-ce que pour leurs vertus opérationnelles.
« Le conflit entre le point de vue ‘gibelin’ et le point de vue ‘guelfe’ (concrétisé par la longue lutte en Italie des partisans du saint empire romain germanique et ceux de l’autorité papale), contraste entre deux conceptions. La première, dualiste, se résume par la formule ‘Rendez à César ce qui est … et à Dieu …’ repose sur une séparation des institutions humaines et de l’ordre surnaturel, reconnaît l’indépendance du temporel. L’autre, la conception romaine … est une conception hiérarchique qui voit dans les chefs les représentants du pouvoir d’en haut …donc une certaine forme de soumission du temporel au spirituel … ‘Tout pouvoir vient de Dieu’ (saint Paul). » (Julius Evola, approximativement, comme partie des commentaires qui suivent) – Conflit dés le début du christianisme, long conflit entre les empereurs et les papes (le gibelinisme impérial ne cherchant pas alors l’asservissement de l’autorité spirituelle, mais seulement qu’on respectât son indépendance). Ce n’est que récemment que la situation s’inversa en agressivité du temporel contre le spirituel (cas essentiellement français, et maçonnique). Le conflit est toujours actuel entre l’Occident (gibelin) et l’islam (guelfe).
« Dans la vie courante et au sein d’une société bien ordonnée, il n’y a absolument pas besoin de la religion pour donner forme à la vie, à cela suffit parfaitement la vraie moralité … la religion ne relève donc aucunement de la sphère pratique, elle ne peut ni doit s’inscrire dans ce registre … Elle rend seulement l’homme parfaitement clair et intelligible à lui-même, donne une réponse aux questions les plus hautes qu’il puisse se poser, lui fournit la solution des ultimes contradictions qui peuvent surgir, le libère de tout lien étranger, lui procure ainsi de la cohérence … La religion ne possède un domaine où elle peut agir comme un mobile que soit dans une société extrêmement immorale et corrompue, soit quand la sphère d’action de l’homme ne se situe pas à l’intérieur de l’ordre social, mais dépasse celui-ci. » (Fichte) – Selon Fichte, la stricte laïcité souhaitable ne serait donc pas valable dans une société immorale et corrompue. Quid de la nôtre ?
« Quand on parle de laïcité, il est bon de savoir un peu ce qu’est la religion. » (Marcel Gauchet) – Voir les stupidités dites sur l’Islam.
« A rapprocher de l’idée républicaine et du refus de l’autorité monarchique, en tant qu’elle représente la subordination à une légitimité supérieure, à la fois dynastique et religieuse … Son propos est de bâtir une autorité politique expressément séparée de toute référence religieuse… » (Marcel Gauchet)
« Ce qui succède à la religion, c’est l’idéologie … L’idéologie est le cadre intellectuel et l’univers mental des sociétés d’après la religion … La question motrice des idéologies : comment produire l’Un collectif que produisait la religion par d’autres voies que la religion ? » (Marcel Gauchet)
« Les religiosités séculières (idéologies dures, tel le communisme…) ont rempli un rôle de transition, comme s’il n’avait été possible de se soustraire à la définition religieuse qu’en lui opposant une sorte de répondant laïc. » (Marcel Gauchet)
« Nous avons achevé de recouvrer le pouvoir sur nous-mêmes. Sauf que cette ultime conquête métaphysique a pris un visage social inattendu. Elle a achevé d’émanciper les individus. Elle les a affranchis de ces encadrements qui perpétuaient l’empreinte de l’ordre religieux … Elles les a délivrés de ce qui pouvait subsister de contraintes envers des traditions. Elle les a déliés de ce qui pouvait leur faire obligation envers des collectifs de référence, de la famille à la Nation. Elle les a dégagés de la référence hiérarchique et des liens d’obédience … Elle leur a donné … les pleins pouvoirs sur eux-mêmes. Mais se faisant elle a vidé de substance la perspective d’un pouvoir collectif. Nous jouissons d’une liberté inégalée de nous gouverner nous-mêmes chacun dans notre coin et pour notre compte … Déshumanisation du monde. » (Marcel Gauchet) – Plus rien de commun. Seul. Avec notre stress.
Dans un autre sens que celui postulé par la définition doctrinale : « L’union parfaite des deux natures en Christ signale … la disjonction complète de l’humain et du divin. » (Marcel Gauchet) – La distinction de l’autonomie des deux domaines, le transcendant et l’immanent.
« Ce qui est vrai, c’est que durant une première période au terme de laquelle nous touchons tout juste, le rapport à l’avenir a emprunté ou s’est coulé dans les formes de la religiosité au point de pouvoir donner le sentiment d’une foi de substitution. Croyances eschatologiques, quête du salut par l’histoire, sacrifices aux temps meilleurs, jusqu’à l’immolation de masse … Ce qui se délite avec les idéologies, c’est la forme dernière, vestigiale, qu’aura revêtue le religieux en notre monde … avec l’entrée de l’avenir dans ‘l’infigurable’ s’achève la laïcisation de l’histoire. » (Marcel Gauchet)
« La séparation de l’Eglise et de l’Etat a déterminé une entente transcendante du régime grâce auquel les hommes se donnent leur propre lois … A travers l’histoire l’humanité s’auto-constitue et prend conscience d’elle-même … Tout se passe comme si l’anti-religion explicite … se payait d’un surcroît de foi sacrificielle dans l’altérité du futur … pour la première fois, notre compréhension temporelle de nous-mêmes est … soustraite à l’immémoriale structuration religieuse du temps … Le repoussoir à l’homme législateur de lui-même a disparu. Nul ne peut plus croire … que l’ordre qui nous lie vient de Dieu et nous unit à lui … L’absorption des religions dans la démocratie … Nous ne pouvons plus désormais jouer sur les deux tableaux … en voulant à la fois l’héroïsme de l’émancipation et les extases ou les oracles du monde enchanté … Rien de notre expérience n’a quelque parenté ou communication que ce soit avec l’au-delà de l’homme … L’autonomie règne sans avoir à s’affirmer en face d’un repoussoir fort de l’épaisseur des siècles … Mais, aujourd’hui, c’est la fin de l’enjeu qui conférait à la scène politique une transcendance non pas secrète, mais éclatante, impérieuse, indiscutable … L’épuisement des ressources intellectuelles et spirituelles de la laïcité militante n’est pas moindre (que l’affaiblissement des Eglises). Ses points d’appui : la Science, et au travers d’elle, la Raison et le progrès, la Nation, la République, c’est-à-dire le patriotisme et le civisme, la Morale, ces entités à majuscules sont découronnées … Notre culture politique est désertée par l’esprit qui a présidé à sa fondation … L’évanouissement du vis-à-vis les prive de raison d’être, rien ne pourra leur restituer leur ancienne énergie spirituelle … Plus n’est besoin de dresser la cité de l’homme à la face du Ciel … Cet évidement qui affecte la figure de notre République réduite à un décor, certes glorieux, mais inhabité … L’affaissement des espérances investies dans l’action politique, de la confiance placée dans la puissance publique … l’affirmation de l’individuel aux dépens des encadrements collectifs … Nous allons devoir apprendre à vivre dans une sphère publique sans transcendance et dans une sphère privée sans discrétion … Ce que la politique est désormais dans l’impossibilité d’offrir (systèmes généraux de sens ou doctrines globales des fins…) va-t-elle tendre à aller le chercher à l’extérieur d’elle-même, en allant chercher l’alliance des autorités morales et spirituelles, tout en gardant une stricte neutralité et en marquant sa différence … L’Etat ne saurait définir des fins par lui-même, il n’est qu’un instrument au service de la société civile et c’est à celle-ci qu’il appartient de formuler les buts ultimes au nom desquels l’action publique doit se déployer. » (Marcel Gauchet – La religion dans la démocratie – considérations éparses sur la laïcité)
« Tandis qu’Antigone met en cause le centralisme de l’Etat, Créon intervient dans le culte des morts et heurte ainsi la liberté d’opinion : dans l’espace étatique moderne, les deux camps doivent périr. » (André Glucksmann) – Chacun de leur côté, ils ont rompu la sacro-sainte laïcité.
« La laïcité à la français est très excessive et les Orientaux n’en veulent pas ! Une laïcité adaptée veut dire que le pouvoir politique est totalement libre vis-à-vis des responsables religieux, mais qu’il prend en compte, bien plus qu’en France, l’existence des religions dans la vie sociale. » (Père Pascal Gollnisch) – La laïcité française a toujours été conçue comme un instrument de combat contre la religion chrétienne. Elle est maintenant conçue comme un instrument de combat contre la religion musulmane. Ce n’est pas mieux.
« La nouvelle laïcité n’est plus la promesse d’une émancipation sociale et individuelle. Elle se déduit de la logique d’un système technicien qui neutralise toutes les valeurs à l’exception de la valeur marchande. Ce ‘techno-consumérisme’. » (Roland Gori – La dignité de penser)
« Sans la distinction des plans, sans la séparation scrupuleuse du religieux, du politique et du scientifique, c’est prendre le risque d’un totalitarisme sans commune mesure avec celui de la cité antique … Distinction de l’esprit et de la matière, du sujet et de l’objet, du spirituel et du temporel, du public et du privé… » (Henri Guaino – sur la mentalité moderne) – Mais notre mentalité n’est même plus moderne, ni archaïque d’ailleurs. Elle mélange tout.
« La vitalité d’une tradition religieuse qui, même ainsi résorbée dans une sorte de virtualité, persiste en dépit de tous les efforts qui ont été tentés depuis plusieurs siècles pour l’étouffer et l’anéantir. Mais cette tradition n‘appartient pas au monde moderne, elle n’est pas un de ses éléments constitutifs, elle est le contraire même de ses tendances et de ses aspirations. Cela il faut le dire franchement, et ne pas chercher de vaines conciliations : entre l’esprit religieux, au vrai sens de ce mot, et l’esprit moderne, il ne peut y avoir qu’antagonisme … Car le second ne peut vouloir que la destruction complète de tout ce qui dans l’humanité, reflète une réalité supérieure à l’humanité. » (René Guénon – à propos du catholicisme, mais pertinent pour toute religion) – Du temps où on parlait pour dire l’évidence et où on ne s’exprimait pas en mode guimauve. Autrement dit, la laïcité moderne est une escroquerie intellectuelle et pratique.
« ‘Clerc’ (clergé) ne signifie pas autre chose que ‘savant’, et il s’oppose à ‘laîque’ qui désigne l’homme du peuple, le ‘vulgaire’ assimilé à l’ignorant ou au profane, à qui on ne peut demander que de croire ce qu’il n’est pas capable de comprendre, parce que c’est là le seul moyen de le faire participer à la tradition dans la mesure de ses possibilités. » (René Guénon)
« La fonction de l’autorité spirituelle est la seule qui se rapporte à un domaine supra-individuel ; dès lors que cette autorité est méconnue, il est logique que l’individualisme apparaisse aussitôt. » (René Guénon)
« Les ‘légistes’ de Philippe le Bel (début du XIV° siècle) sont déjà, bien avant les’ humanistes ‘ de la Renaissance, les véritables précurseurs du ‘‘laïcisme’ … La centralisation temporelle est d’ailleurs généralement la marque d’une opposition vis-à-vis de l’autorité spirituelle … La substitution du système national au système féodal, l’apparition des ‘nationalités, les rois préparant, à terme, leur propre ruine (la bourgeoisie s’emparant du pouvoir auquel la royauté l’avait tout d’abord fait participer indûment). » (René Guénon)
« La disjonction du spirituel et de temporel, qui a procuré à l’individu une liberté sans équivalent dans les autres civilisations, en excluant la sacralisation d’un quelconque ordre terrestre. » (Jean-Louis Harouel)
« Du fait de la disjonction du politique et du religieux caractérisant le christianisme, on pouvait professer un idéal l’égalité fraternelle et accepter une réalité sociale inégalitaire, quitte à le corriger par son action charitable. De même, le conseil évangélique d’aimer son ennemi ne légitimait pas le fait de trahir son peuple en faveur de l’ennemi, qui se rapproche plus d’un marcionisme qui déteste le monde tel qu’il va et valorise les réprouvés, les ennemis. » (Jean-Louis Harouel) – C’est-à-dire qu’on pouvait respecter le monde, et donc le faire durer, tout en l’améliorant, en évitant les bouleversements brutaux et sanglants qui ont toujours écrasé les faibles.
« Le paradoxe de la foi (religieuse) consiste en ceci que l’individu est supérieur au général (l’universel), qu’il détermine son rapport au général par le biais de son rapport à l’absolu, et non point son rapport à l’absolu par le moyen de son rapport au général. » (Kierkegaard – Crainte et tremblement) – On est aux antipodes de la laïcité.
« Pour de nombreux musulmans, la laïcité à l’occidentale équivaut au refus des peuples chrétiens de se soumettre à la loi de Dieu. » (Annie Laurent)
« Spinoza nous dit : moi ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir penser en paix … L’Etat rationnel laïque … Un espace n’appartient pas de plein droit à la communauté publique … celui de la liberté de penser … Répétition du geste initial socratique, opposant l’âme à la politique … dissociation. » (Benny Lévy)
« Elle était progressiste quand elle servait à remettre les catholiques à leur place, elle est réactionnaire maintenant qu’elle menace ‘la réappropriation par les musulmans de leur propre culture’. » (Elisabeth Lévy – sur des thèses à la mode)
« C’est l’Evangile qui a distingué ce que nous appelons aujourd’hui le temporel et le spirituel. C’est lui qui a fait de l’Eglise et de la Cité‚ deux choses, dont ni les limites ni les intérêts ne se recouvrent. » (cardinal Henri de Lubac)
« Vingt siècles d’histoire ne l’attestent-ils pas ? L’équilibre est presque impossible à trouver. Tantôt l’Etat se fait persécuteur et tantôt, sur un secteur ou sur l’autre, les hommes d’Eglise usurpent les droits de l’Etat. Aucune forme de séparation ni d’union n’est sans danger. Depuis que le christianisme est venu distinguer les pouvoirs spirituels et temporels, jadis confondus, les rapports entre eux sont restés difficiles à établir, mauvais souvent, acceptables parfois et jamais parfaits. » (cardinal Henri de Lubac)
« Sans Dieu, la vérité même est une idole, la justice même est une idole. Idoles trop pures et trop pâles, en face des idoles de chair et de sang qui se redressent ; idéaux trop abstraits, en face des grands mythes collectifs qui réveillent les plus puissants instincts … Aussi le laïcisme de cette société moderne a-t-il fait, quoique souvent bien malgré lui, le lit des grands systèmes révolutionnaires. » (cardinal Henri de Lubac) – Avons-nous de quoi être fiers du XX° siècle ? Comment s’annonce la douceur du XXI° ?
« L’Eglise nous fait échapper au piège de la pure intériorité. Le salut universel aussi bien qu’individuel s’accomplit et ne peut s’accomplir que dans le temps concret et par l’histoire. » (cardinal Henri de Lubac)
« Si, par delà toutes les sociétés visibles et mortelles, vous ne posez pas une communauté mystique … vous laissez les êtres à leur solitude ou vous les anéantissez en les broyant ; de toutes façons vous les tuez. Car on meurt aussi par asphyxie. » (cardinal Henri de Lubac) – Et c’est ce qui arrive à l’Occident. Primat d’une laïcité intransigeante et fermée.
« Le monde considère comme une injure et une provocation toute existence qui n’est pas selon lui. Il se sent menacé par la moindre des conquêtes spirituelles de l’Eglise; et jamais il ne manque de réagir. » (cardinal Henri de Lubac)
« A l’origine, le laïc, le frère ‘laï’, n’était justement pas un clerc. En se dogmatisant, le laïque est devenu laïcisme, voire ‘laïcard’, forme de cléricature intolérante ; fanatisme qui … en vaut un autre et est, potentiellement, aussi dangereux. » (Michel Maffesoli) – Plus dangereux, car il n’a aucun frein interne.
« On nous dit qu’elle est neutre par rapport aux croyances, et en même temps qu’elle est une valeur sacrée (comme toutes les valeurs républicaines). C’est une religion d’Etat, alors ?. » (Corinne Maier)
« La laïcité est devenue incantatoire et contradictoire … jusqu’à enjoindre aux Français musulmans, traversés par des courants variés, de construire un Islam des Lumières. La République ne peut pourtant prétendre conduire une réforme religieuse. » (Pierre Manent)
« Le christianisme est la seule religion qui libère l’espace profane. » (Pierre Manent)
« La laïcité est un dispositif de gouvernement qui n’épuise pas le sens de la vie commune, et qui d’ailleurs en donne un représentation abstraite et fort pauvre. On n’habite pas une séparation … La laïcité de l’Etat ne saurait impliquer celle de la société, notion vide de sens … La nouvelle laïcité qui prétend nous obliger à faire semblant d’être seulement des individus–citoyens … Que la religion puisse motiver les hommes ‘aujourd’hui’, leur donner énergie et direction ‘aujourd’hui’, c’est ce qui est probablement inconcevable pour l’Européen éclairé. – C’est-à-dire l’individu parfaitement soumis et abruti. – Libéraux comme socialistes étaient également assurés (et également stupides) que la religion n’était plus susceptible d’intervenir comme un facteur politique actif dans la vie du monde … Tandis que, ‘pour nous’, la société est d’abord l’organisation et la garantie des droits individuels, elle est ‘pour eux’, d’abord l’ensemble des mœurs qui fournissent la règle concrète de la vie bonne… Fossé béant entre le groupe installé dans ses mœurs et la société sans visage des individus titulaires de droits … L’opinion régnante se trompe gravement quand elle accorde à la laïcité le pouvoir de transformer l’islam des mœurs en islam des droits individuels à la seule condition d’un peu de bonne volonté et d’enseignement des ‘valeurs’ (lesquelles, mon Dieu !, le menu unique dans les cantines, l’obligation de mixité dans les piscines… quel bon propos peut être servi par de telles mesquineries !) … On ne leur a laissé le choix qu’entre le communautarisme et la neutralisation religieuse de la société …, l’islam comme association humaine et comme mode de vie est aussi extérieur à l’histoire de France que le catholicisme lui était intérieur … A la fin du XIX° siècle, on, n’avait pas à intégrer les catholiques ! … L’Etat (qui n’exige plus grand chose des citoyens, privé des outils qu’était la conscription et une éducation vraiment commune, qui n’a plus ni autorité ni volonté pour orienter la vie intérieure de la société) chargé d’accomplir l’opération laïque a … bien moins de force qu’il ne lui en faudrait pour que sa réussite, même étriquée, soit envisageable, bien plus faible que ne l’était l’Etat de la Troisième République, dont la tâche était bien plus circonscrite… Il nous est plus aisé de faire semblant de croire que la vénérable République combat l’antisémitisme toujours renaissant, que d’envisager que l’ensemble humain tout entier auquel nous appartenons soit l’objet d’une inimitié religieuse motivant une guerre dans laquelle les juifs sont une cible permanente quoique non exclusive … Comment faire disparaître les musulmans de France par la magie d’une opération langagière ? – Ne pas nommer ceux qui ne sont pas musulmans – Eviter de nommer toutes les choses communes dont les musulmans ne font pas partie (mais alors ceux qu’on voulait faire disparaître du paysage, sont les seuls qui ont un nom légitime) … – la notion d’islamophobie une fois installée et validée on ne peut plus parler des musulmans que pour les plaindre, et ils ne peuvent plus parler que pour se plaindre … On installe les musulmans dans une minorité générale et perpétuelle … Dans le grand jeu de la plainte, qui est depuis quelque temps le registre de parole préféré de tous les groupes constituants de notre société … Il importe de profiter du délai qui nous est laissé pour essayer de passer de la coexistence passive entre la société des droits et l’islam des mœurs à la participation active des uns et des autres à une forme politique commune. » (Pierre Manent – considérations éparses sur la laïcité – et le défi musulman)
« A force de ne rencontrer que de molles résistances et continuelles concessions dans le monde clérical, le vieux parti républicain considérait l’anticléricalisme comme l’os à ronger qu’on pouvait impunément jeter à la démocratie, sans craindre le moindre choc en retour. » (Charles Maurras) – La laïcité n’est pas anticléricale de nature, mais elle peut le devenir aisément.
« Personne n’est prêt à jouer sa vie sur le principe de laïcité qui ne fait vibrer personne. En quoi cet idéal suffit-il à souder une communauté de destins ? Dogme conceptualisé au forceps, réduit à la formulation d’une peur, d’une condescendance envers le fait religieux, il ne saurait être un idéal qui fait vivre. » (Père Vincent de Mello)
« L’autorité, c’est ce qui fait limite au pouvoir … Et quand les régimes théologiques veulent assurer la collusion entre le pouvoir et l’autorité, c’est une catastrophe. Parce qu’on aboutit à légitimer des pouvoirs qui n’ont plus aucune limite … C’est ce qu’on appelle l’intégrisme. » (Charles Melman) – Et nous y sommes dans la mesure où le pouvoir politique ne reconnaît aucune autre autorité que lui-même (laïcité)
« Neutralité axiologique … ou le cantonnement dans la sphère privée des valeurs morales, religieuses ou philosophiques, dont on est convaincu après l’expérience tragique des guerres de religion, qu’elles sont essentiellement arbitraires et subjectives et qu’elles ne peuvent donc conduire les hommes qu’à s’entretuer sans fin. » (Jean-Claude Michéa)
« La religion ‘catho-laïque’ fondée sur la Trinité providentielle Raison-Science-Progrès. » (Edgar Morin)
« Le laïcisme français n’a rien à voir avec la laïcité-neutralité qui est la norme dans les autres démocraties européennes et aux Etats-Unis … Puisqu’ils voulaient (les mouvements millénaristes athées, marxisme, franc-maçonnerie française) la Révolution qui allait changer le monde, ils avaient absolument besoin que tout le monde crût que le monde, tel qu’il est aujourd’hui, est insupportable. Ils ne pouvaient donc souffrir que subsistassent … des sagesses qui disent que le monde est acceptable malgré ses défauts, qu’il doit être amélioré mais non détruit. » (Philippe Nemo)
« Les idéologies laïques ont, au nom de l’humanité, surchristianisé le Christianisme et renchéri sur son message. » (Nietzsche – cité par Pascal Bruckner)
« Il n’y a pas à débattre de la laïcité, parce qu’on ne débat pas d’un principe fondateur … la laïcité ne se débat pas, elle s’applique. » (Natacha Polony) – Les lâches adorent débattre, (seulement de sujets bateaux) pour n’aboutir à rien, bidonnage et gonflette.
« La laïcité repose sur une séparation fondamentale, la frontière entre espace public et espace privé, parce que c’est la garantie la plus solide des libertés. » (Natacha Polony)
« La laïcité repose sur la constitution d’en espace neutre (neutre : ‘ni l’un ni l’autre’). Elle n’est pas multiconfessionnelle, elle est a-confessionnelle ; elle est une mise à distance des croyances et des convictions. » (Natacha Polony)
« Pour paradoxal que cela soit, on peut dire … que c’est l’action des papes qui a tendu, dés le XI° siècle, à ‘laïciser’ le pouvoir politique, en lui retirant toute initiative en matière spirituelle. » (Jeanine Quillet – citée par Rémi Brague)
« On n’a que mépris outre-Rhin, pour les valeurs laïques à la française, considérées comme liberticides, voire racistes … Chemin qui semble d’ailleurs la préserver (l’Allemagne) des bombes dans les lieux publics. » (Luc Rosenzweig) – Outre-Rhin et partout.
« Qu’opposons-nous à l’islam, le christianisme ou les Lumières ? … La vraie question est celle de la place du religieux dans l’espace public en Europe. » (Oliver Roy)
« Sécularisation politique et juridique (séparation …) et sécularisation sociologique (chute des pratiques…), décalées dans le temps, mais finissant par se rejoindre.. » (Olivier Roy)
« L’intensité de la pratique religieuse est considérée comme un signe de radicalisation … a contrario, la transgression de normes religieuses est vue comme un signe positif de modération (rares cas où reconnaître consommer de l’alcool facilite l’embauche !). » (Olivier Roy)
« Le rejet, propre à une société sécularisée, des prêtres et de leurs rites fait que les gens sont désormais plus facilement dominés et hypnotisés par un grand orateur politique. Il n’y a plus de critères de référence, plus de réalité en dehors de l’action de ce dernier. Un prêtre est toujours le représentant d’un pouvoir supérieur. Il peut incarner la grâce… mais jamais la posséder … La personnalité, telle que la conçoit la culture moderne, est l’ennemie d’une communauté politique véritable. » (Richard Sennett)
« Au-delà de la querelle de la laïcité, la convergence entre la morale chrétienne et la morale républicaine formera, un siècle durant, la charpente morale des Français. Depuis les années 1970, ce consensus s’est volatilisé. » (Jean Sévillia)
« Terrible contradiction pour la gauche. Comment préserver la laïcité sans heurter les immigrés ? Comment repousser les prétentions des fondamentalistes sans paraître céder au racisme ? » (Jean Sévillia) – Ne dramatisons pas. A gauche, on n’en est pas à une contradiction prés, le double langage, on connaît (à droite aussi d’ailleurs).
« Grâce à Dieu, je suis athée. » (Stendhal – évoquant la laïcité apportée par le christianisme)
« Si une école publique fêtait Pâques ou l’Ascension, ou le Nouvel An juif, on entendrait, à juste titre, des protestations (des hurlements plutôt). Mais personne ne proteste quand l’école laïque officialise, une fête imposée par le système marchand d’une part … et reposant sur le paganisme d’autre part. Qui n’est évidemment pas l’athéisme, qui n’est évidemment pas la laïcité. Tout le monde s’est soumis à Halloween comme au reste. » (François Taillandier – sur les vitres d’école barbouillées de citrouilles et de sorcières, sur la souillure vulgaire que constitue Halloween)
« La sécularisation totale, en principe, abolit les interdits, mais c’est au prix d’étendre un interdit majeur, celui de croire, sinon de manière privée et quasi muette, l’interdit de se prononcer, de poser aucun principe, fût-ce qu’un enfant devrait avoir un père et une mère reconnus comme tels. » (Paul Thibaud)
« Sans Dieu, sans le Dieu des chrétiens qui néantise toute hiérarchie sociale, les ‘maîtres’ ont beau jeu d’imposer leur fric, leurs armes ou simplement la supériorité de leur intelligence. » (Denis Tillinac)
« La religion, élément gênant de l’héritage culturel … Pourquoi ne pas se mettre tacitement d’accord pour en finir avec les guerres de religion en en finissant avec la religion elle-même, et pour se consacrer à l’application des sciences physiques aux affaires pratiques, entreprise qui ne soulèverait pas de querelle et promettait d’être lucrative. » (Arnold Toynbee – La civilisation à l’épreuve– 1947)
« L’espace laïque de la politique qui semblait s’être établi de façon assez solide au sein des sociétés libérales de l’Occident ne parvient pas avec la même assurance à absorber pacifiquement les cultures (ou du moins certaines) ‘différentes’ qui sont aujourd’hui présentes dans notre société ; ces dernières tendant à considérer la laïcité même de l’espace politique comme une menace contre leur authenticité et donc à la prendre non comme une condition positive de liberté, mais comme une limitation négative à refuser. (Gianni Vattimo) – Comme ces choses sont élégamment dites !
« Le christianisme, au lieu de ‘s’identifier’ comme une religion parmi les autres … devrait développer sa vocation laïque, qui s’est déjà manifestée par le fait qu’elle a rendu possible et qu’elle a favorisé l’idée de laïcité dans la modernité européenne … Reconnaissance d’un aspect essentiel du christianisme comme tel, et non une de ses caractéristiques accidentelles (‘Mon royaume n’est pas de ce monde’) … Découverte de l’idée de tolérance et invention d’un espace laïque de libre rencontre des diverses positions religieuses ou areligieuses, garantissant un espace de légitimité à des expériences religieuses différentes … Renouer avec sa vocation universaliste. » (Gianni Vattimo) – Certes oui, Mais reconnaissons qu’à certains moments, il a fallu lui forcer un peu la main ; que le bouddhisme, le shintoisme, en Asie, manifestent généralement la même ouverture tolérante ce qui n’est pas le cas de l’hindouisme, quant à l’islamisme !)
« Le religieux ‘monothéiste’ introduisait des commandements concernant la morale qu’ignoraient les religions polythéistes de l’Antiquité. » (Dominique Venner) – Et en grande partie, les religions asiatiques (hindouisme, confucianisme, bouddhisme, Zen…) – D’ou, l’exigence de laïcité concerne beaucoup plus fortement les religions monothéistes.
« Les laïcards qui font le vide spirituel et les islamistes qui remplissent le vide … Ils nous frappent parce qu’ils nous méprisent. » (Philippe de Villiers)
« Le courant idolâtre du totalitarisme ne peut trouver obstacle que dans une vie spirituelle authentique. Si l’on habitue les enfants à ne pas penser à Dieu, ils deviendront fascistes ou communistes par besoin de se donner à quelque chose. » (Simone Weil) – C’est évident. Aujourd’hui Djihadistes. A moins qu’ils ne trouvent à se donner aux valeurs de la république !
« Peu importe que la crèche et ses animaux adorateurs d’un Enfant Dieu relèvent davantage de traditions populaires ancestrales et païennes que du strict dogme catholique … On ne dira plus Noël ou Pâques mais fêtes de… On nettoie les calendriers et les rues pour faire place nette. Place nette à la consommation de masse. Le dieu marchand doit être le seul adoré en cette période de Noël, pardon, de fêtes de décembre… » (Eric Zemmour)
« On appelle laïcité le scepticisme, le neutralisme modernes, une molle indifférence parée des airs de la tolérance. » (?) – Alors qu’il s’agit soit de haine, soit plus souvent de je m’en foutisme.
« La sécularisation ne produit pas l’incroyance, mais la crédulité à toutes les gnoses. » (?)