– Unique ciment unissant les membres de la meute hurlante.
– Si les agonisants sont parfois agités, les sociétés agonisantes, elles, deviennent féroces : lois d’exception, répression, censure, exclusion, chasse aux sorcières, chantage, parfois pire encore… Les diverses cliques au pouvoir qui perdent pied et sentent qu’elles vont perdre leurs privilèges ne reculent devant rien. La sauvagerie des bêtes blessées est bien connue.
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« L’intolérance est une maladie contagieuse, elle contamine toujours ceux qui la combattent. » (Raymond Aron)
« Ce qui rend un homme intolérant ce n’est pas la qualité de sa doctrine mais l’assurance qu’il a de posséder la vérité. » (Lucien Arréat)
« Il faut être intolérant pour être libre. » (Maurice Barrès)
« L’hygiénisme physique (coronavirus…) se double d’un hygiénisme mental. Le politiquement correct devenu intolérance de masse. » (Frédéric Beigbeder)
« ‘Le combat est, de tous les être, le père’ (Héraclite). C’est penser en termes de processus, c’est penser que ce qui émerge ne le fait pas dans une harmonie possible … Dans les sociétés occidentales hyperformatées, l’idée même du conflit n’a plus de place. Il faut le brider, le maîtriser. Il n’est plus acceptable que sous sa forme unidimensionnelle ; celle de l’affrontement, de la lutte du bien contre le mal, de la santé contre la maladie, de la sécurité contre l’insécurité … Les conceptions de la vie commune tendent vers l’intolérance à toute opposition. Le minoritaire doit se soumettre à la majorité et, de plus en plus, contestataires et dissidents semblent relever de ‘l’anormal’ … La version dure du refoulement du conflit implique l’éradication de l’altérité … Une société de la transparence radicale ne connaît pas d’ennemi, seulement des ‘terroristes’, des ‘déviants’ à éliminer … Reconnaitre des conflits reviendrait à accepter ce qui s’oppose à la transparence … Accepter des conflits impliquerait que ‘d’autres’ puissent s’opposer à un certain ordre social ou religieux sans être pour autant des anomalies, des barbares à éliminer … Ce refoulement s’inscrit sous le signe de la croyance en un devenir d’harmonie et de justice universelles où tous les conflits seraient résolus … Loin d’être pacifiées, les sociétés contemporaines qui nient ou refoulent le conflit sont lourdes d’une violence extrême et sans limites … Faute de nouvelles procédures de régulation des conflits et contradictions entre les individus et la société, qui auraient dû succéder à l’occultation de ces conflits par l’autorité traditionnelle, les aspirations actuelles de l’individu devront être toujours davantage niées, écrasées ou manipulées de manière perverse. » (Miguel Benasayag, Angélique del Rey – Eloge du conflit – considérations éparses sur le conflit)
« Le principe de tolérance fonctionne comme une censure : celui qui distingue les styles de vie selon leur moralité ou les œuvres selon leur qualité … Celui qui simplement parle de talent, de sagesse ou de vertu, fait preuve d’intolérance. » (Philippe Bénéton) – La fameuse tolérance officielle ne s’exerce que dans le cadre étroit du respect de la doxa. Ce principe ne sert qu’à exclure violemment tout ce qui peut la contredire.
« L’intolérance est la compagne nécessaire des convictions fortes. Entre sectateurs de croyances voisines elle est beaucoup plus accentuée qu’entre défenseurs de dogmes sans parenté. » (Gustave Le Bon)
« L’intolérance représente souvent dans la vie des peuples une vertu nécessaire à l’action. » (Gustave Le Bon)
« C’est parce que la perfection est l’état naturel à l’homme, l’état qui lui est commandé, que l’homme est, et même doit être intolérant, de tout ce qui s’écarte, dans tous les genres, du vrai, du beau et du bon, qu’il conçoit ou qu’il imagine. Il est intolérant en tout, parce qu’en tout il y a vrai et faux, bien et mal, ordre et désordre ; bien et mal moral, bien et mal philosophique, bien et mal politique, bien et mal littéraire, oratoire… » (Louis de Bonald)
« L’intolérance qui prend sa source dans l’intérêt personnel est beaucoup plus âpre que celle qui découle de la conviction. » (Hyacinthe de Charencey) – Les inquisiteurs du politiquement correct, les propagandistes du conformisme obligatoire, bénéficiant du premier et obnubilés par la seconde, sont d’autant plus sectaires et féroces.
« Le caractère idéologique est bien visible dans la récusation contemporaine de la ‘tolérance’… L’intolérance postmoderne signifie la raideur et la prétention des certitudes idéologiques sous couvert de relativisme général. » (Chantal Delsol)
« Ceux qui n’acceptent pas l’égalité de toutes les formes de vie sont appelés ‘fondamentalistes’, et ils n’ont pas droit de cité … Il faut dans nos sociétés payer tribut à l’égalité, à la non-discrimination, aux droits de l’homme … faute d’être aussitôt marginalisé.» (Chantal Delsol)
« Cette concession que vous me faites ne peut être que provisoire. Vous m’accordez le droit de penser faux ; et c’est tout ce que je demande. Mais par le seul fait que vous êtes convaincu que vous pensez juste, par le seul fait que vous êtes dans l’orthodoxie et moi pas, vous ne pouvez pas me laisser indéfiniment libre. ‘Chaque orthodoxie a pour opinion qu’elle est la seule bonne et vraie’. On n’a presque pas vu d’églises pour lesquelles l’intolérance … n’ait été un principe fondamental et une condition d’existence. » (Jean Grenier – citant Emile Burnouf)
« Cette fin de siècle est celle de la dénégation à outrance. Un discours moral, pesant, bigot, hypocrite, sévit. Le contredire, c’est se vouer à l’opprobre. L’intolérance règne sous le masque de l’intolérance proclamée. La fonction de ce discours est la dénégation du réel. » (Claude Jannoud)
« Tout fervent adepte d’un ‘isme’ quelconque exècre ‘l’isme’ du voisin, sans avoir pour cela de motif plus profond que le primitif, qui voit un ennemi dans tout étranger. » (Hermann von Keyserling)
« L’intolérance du duc d’Albe et de Cromwell a plus contribué à la victoire de la liberté de conscience que l’intelligence universelle d’un Erasme ; la tolérance ne peut changer le monde, tandis que toute action de parti-pris, grâce aux réactions qu’elle provoque, tend à transformer le vieil équilibre en un nouveau … Le paradoxe qui veut que la valeur d’une idée, en tant qu’idée, en garantisse si peu la portée pratique que des idées bornées et même monstrueuses ont souvent été plus fécondes que d’autres plus profondes. » (Hermann von Keyserling) – Bel exemple d’optimisme.
« Nulle qualité humaine n’est plus intolérable, ni de fait, moins tolérée, que l’intolérance. » (Giacomo Leopardi)
« En devenant progressivement hégémonique, le moralisme intellectuel tend à devenir intolérant. Et à la place de la force brute du sensible, il impose la force brute du concept. Dès lors, la pensée exerce sa violence contre le sensible … L’injonction ‘sois raisonnable’ signifie ‘ne te fie pas à tes impulsions, n’écoute pas ton corps, apprends à te contrôler, et d’abord à contrôler ta propre sensibilité’ … Rupture entre l’intellect et le sensible. » (Michel Maffesoli)
« A quelle intolérance la tolérance donne-t-elle naissance ?» (Richard Millet)
« Violant à tout moment les frontières du ‘tien’ et du ‘mien’, empiétant sur les vies, se mêlant des occupations, s’intéressant aux revenus, aux patrimoines, à l’endroit d’habitation, au comportement, à ce qu’on pense, les sociétés socialisantes sont intolérantes par construction. » (Philippe Nemo) – Toutes les démocraties sont des sociétés socialisantes. C’est bien pourquoi elles parlent tant de tolérance puisqu’on n’affiche que ce qu’on ne pratique pas.
« Admettre qu’un adversaire peut être à la fois honnête et intelligent est ressenti comme intolérable. » (George Orwell)
« Pour moi, la véritable intolérance est celle de la société de consommation, de la permissivité concédée d’en haut, qui est la vraie, la pire, la plus sournoise, la plus froide et impitoyable forme d’intolérance. Parce que c’est une intolérance marquée de tolérance. Parce qu’elle n’est pa vraie. Parce qu’elle est révocable chaque fois que le pouvoir en sent le besoin. Parce que c’est le vrai fascisme d’où découle l’antifascisme de manière : inutile, hypocrite et, au fond apprécié par le régime. » (Pier Paolo Pasolini) – L’antifascisme comme masque.
« Les hommes les mieux disposés, professant en principe le respect de la pensée libre, l’esprit critique, l’analyse objective ne savent pas en réalité tolérer la pensée différente de la leur. Celui qui ‘pense autrement’ (‘‘la liberté, c’est la liberté de penser autrement’, Rosa Luxembourg) apparaît tout de suite comme un ennemi. Au moins comme un hérétique dont l’hérésie contient une grosse goutte de trahison. » (Victor Serge)
« Même quand la poursuite de l’unité (le rêve unitaire) n’a d’autre but que l’apaisement des conflits, la limitation des choix qui lui est implicite, entraîne inéluctablement la montée de l’intolérance … La castration est le stade suprême de l’apaisement des conflits … La majorité consensuelle dicte la norme et quiconque semble suspect de s’en écarter est soit identifié aux extrêmes, soit considéré comme inaudible … diabolisation ou néantisation … Plus le centre se radicalise, plus les extrêmes prospèrent ; plus les extrêmes prospèrent, plus le centre se trouve fondé à présenter ses choix comme non négociables. » (Alain-Gérard Slama)
« Rien n’inspire plus la tolérance chez l’intolérant qu’une abondance de croyances, de pratiques, de rituels, d’institutions et de processus communs et fédérateurs. » (Karen Stenner – citée par David Goodhart) – Oui, mais alors que deviennent la sainte diversité, le multiculturalisme béni !
« L’intolérance étant attribuée en propre à l’ennemi désigné, l’intolérance absolue peut être prescrite à son égard, et ce, au nom de la raison et des Lumières … L’accusateur a toujours tous les droits, et d’abord celui de qualifier et de catégoriser. » (Pierre-André Taguieff)
« Dans les démocraties tièdes et faibles, l’intolérance insidieuse règne, sous la direction d’acteurs médiatiques fonctionnant comme des commissaires à la guerre idéologique. » (Pierre-André Taguieff) – Elle n’est même plus insidieuse mais officielle et sanctifiée.
« Doit-on tout accepter d’autrui ? » (?) – Triomphe de la lâcheté.