290,6 – Humanité

– Sa recherche commune est celle de l’unité exprimant comme une « nostalgie de la totalité » (Emmanuel Levinas).  Mais l’homme ne créera pas une humanité nouvelle. Il n’a toujours pas compris que cela lui était interdit, soit de par sa nature, soit depuis la chute, au choix.

– Le Grand-Être d’Auguste Comte, bouffonnerie, comme le Grand Architecte de l’Univers maçonnique.

– Si on ne veut pas trop la mépriser, ne pas regarder certains (rares) spectateurs du Tour de France, crétins exhibitionnistes (perruques, déguisements grotesques, attitudes provocatrices, fumigènes, hurlements…) doublés de dangereux salauds parfois, ou certaines parades exhibitionnistes urbaines. « L’envie d’être un crétin » (?) – Et de le faire savoir au monde entier via son image télévisée.

– On mesure le progrès de l’humanité quand on considère que nous sommes passés des ordres de chevalerie et des constructeurs de cathédrales aux fêtes du club Med, à Nuit debout et aux pétitions sur internet.

– L’humanité se distingue, et même se sépare, en plusieurs espèces distinctes : les hommes et les femmes, bien sûr, contrairement à la lamentable théorie d’une forcenée, Judith Butler, mais surtout entre ceux qui aiment les chiens et ceux qui aiment les chats. Là le clivage est irréductible.

– « Quiconque prononce le mot d’humanité le fait dans une intention trompeuse. » (Carl Schmitt)

 ——————————————————————————————————————————-

« La menace que représente pour les hommes, l’humanité organisée par l’apogée de la discontinuité. » (Theodor Adorno) – Changements et mouvements sans but ni objet ni projet.

« L’idée d’humanité, ‘instrument idéologique’ particulièrement utile ‘aux expansions impérialistes, et sous sa forme éthique et humanitaire, un véhicule spécifique de l’impérialisme économique’ … Il est toujours possible de refuser à l’ennemi sa qualité d’être humain, de le faire déclarer ‘hors la loi’ et ‘hors l’humanité’ et  de pousser la guerre jusqu’aux limites de l’inhumain. Le concept ‘humanitaire’ d’humanité se retourne ainsi contre lui-même dans la mesure où il aboutit non seulement à la criminalisation mais à l’inhumanisation du camp adverse ‘jusqu’à l’extermination de tout sujet sans valeur et indigne de vivre’ » ( Myriam Revault d’Allonnes – citant Carl Schmitt) – Nous avons vu que cela marchait très bien.

« L’inscription de l’humanité dans un horizon moral autorise, du seul fait de l’apolitisme du concept, non seulement toutes les dérives et toutes les instrumentalisations idéologiques mais toutes les exterminations. » (Myriam Revault d’Allonnes – interprétant Carl Schmitt)

 « L’idée d’humanité, une fois débarrassée de tout sentimentalisme, comporte une conséquence : d’une manière ou d’une autre, nous devons prendre sur nous la responsabilité de tous les crimes commis par les hommes, et les peuples doivent assumer la responsabilité des forfaits commis par d’autres peuples … Ne pas se contenter de soupirer hypocritement ‘Dieu merci, je ne suis pas comme cela’. » (Hannah Arendt – Penser l’événement –sur la culpabilité allemande) – Y-a-t-il une culpabilité anglaise pour le massacre organisé des populations civiles (Hambourg, Berlin, Dresde, etc…) ? Une culpabilité américaine (Tokyo, Hiroshima, Nagasaki et plus récemment au Vietnam et au Moyen-Orient) ? Ne rêvons pas, la culpabilité est réservée aux vaincus.

« Comment une espèce animale ainsi dotée (libre, rationnelle, faillible) a-t-elle pu émerger de mutations et de sélections successives ? Comment a-t-elle pu se débrouiller pour survivre ? Ce que les primitifs ont choisi, à leur manière propre, résulte de l’exploration par essais, échecs et tris des champs des possibles … Ce qu’ils ont trié et retenu était, sinon toujours la meilleure solution possible, du moins une solution assez juste, pour assurer la perpétuation d’individus réunis en société, les choix des Esquimaux sont excellents dans le cadre arctique , comme le sont ceux des pygmées dans la forêt équatoriale … Les humains en choisissant, en délibérant, en sélectionnant ce qui convient, en éduquant et en instruisant les générations successives. » (Jean Baechler) – Comment ferons-nous nous qui avons renoncé à éduquer et à instruire nos jeunes barbares ?

« Une ligne évolutive qui a fait passer l’humanité de la bande, à la tribu, à la chefferie indienne ou au marché-centre chinois (les deux regroupant quelques dizaines de villages) ou à la ville-capitale d’Asie Antérieure, plus tard en Europe et au Japon à la seigneurie féodale, et de celles-ci au royaume et parfois à l’empire. » (Jean Baechler – très simplifié) – Où allons-nous après être passés par la Nation ?

« L’espèce humaine n’est pas une espèce animale comme les autres du fait de sa non-programmation. D’où : la contrainte d’avoir à inventer les solutions de ses problèmes et l’extrême diversification des individus qui fait que pas deux être humains ne sont interchangeables. La conséquence est la faillibilité humaine, à la fois de l’espèce et de ses représentants. » (Jean Baechler)

« Si l’on vole à l’humanité son aventure, sous quelques prétextes scientifiques ou théologiques que ce soit, on lui vole ce qu’elle a de meilleur et très précisément le sens de sa vie … Mais d’une part elle se fait gloire de s’être libérée des lois du cosmos et d’avoir, en atteignant la réflexion et la liberté, pris en charge la direction du monde, et d’autre part elle ne sait et ne peut savoir vers quel but orienter sa marche. » (Père Hans Urs Von  Balthazar) 

« Il est effarant de se dire que l’humanité n’a aucun projet, ne sait pas vers quoi elle tend, n’a aucune idée de son devenir. De ce point de vue, l’humanisme est une fiction. » (Olivier Bardolle)

« Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter. » (Frédéric Bastiat) – Beaucoup trop de gens disent lui vouloir du bien, bien-pensants, progressistes et humanitaires de tout poil.

 « Si l’on revient sur le sentiment des grands réformateurs, on peut même dire qu’en donnant ses conséquences extrêmes à une exigence de pureté religieuse, il détruisit le monde sacré, le monde de la consumation improductive, et livra la terre aux hommes de la production, aux bourgeois. » (Georges Bataille) – Cette démarche « mit fin à la stabilité relative et à l’équilibre d’un monde où l’homme était moins éloigné de lui-même que nous ne le sommes à présent. » (Georges Bataille – ou ?) – « Nous ne pouvons nier que l’humanité présente a égaré le secret … de se donner à soi-même un visage où elle pût reconnaître la splendeur qui lui appartient … Comment l’homme  pourrait-il se trouver, ou se retrouver, puisque l’action … est justement ce qui l’éloigne de lui-même ? » (Georges Bataille)

« L’espèce entière semble vouloir se ridiculiser dans l’aboutissement de tous ses désirs, dans la libération inconditionnelle de toutes ses possibilités, alors qu’elle ne sait même pas ce qu’elle est. Elle n’a même plus l’imagination d’elle-même, et elle se vautre dans une obscénité, un échange généralisé – résultat de cette orgie de libération qui ne laisse plus place qu’à un syndrome de reniement, d’avilissement, et d’une jubilation d’autant plus obscène qu’elle se délecte de la ruine de ses propres valeurs. De tout cela jaillit une honte collective, générant à son tour une colère, une passion coléreuse qui va bien au-delà de la virtuosité polémique qu’on lui connaît. » (Jean Baudrillard)

« Que va faire le genre humain dégagé de toute croyance ? Soit il s’accomplit égoïstement selon un individualisme exclusif et souverain (Stirner), soit il s’accomplit collectivement, par une longue voie historique, comme chez Marx, soit il se déplace vers le Surhumain, par une transmutation des valeurs de l’espèce, c’est la voie tracée par Nietzsche, la grande métamorphose, celle du devenir. » (Jean Baudrillard)

L’acceptation du précepte ‘tu aimeras ton prochain’ constitue l’acte de naissance de l’humanité. » (Zygmunt Bauman)

« Et dés lors, unifiée en une immense armée, en une immense usine, ne connaissant plus que des héroïsmes, des disciplines, des inventions, flétrissant toute activité libre et désintéressée, revenue de placer le bien au-delà du monde réel et n’ayant plus pour Dieu qu’elle-même et ses vouloirs, l’humanité atteindra à de grandes choses, je veux dire à une mainmise vraiment grandiose sur la matière qui l’environne, à une conscience vraiment joyeuse de sa puissance et de sa grandeur. Et l’histoire sourira de penser que Socrate et Jésus-Christ sont morts pour cette espèce. » (Julien Benda – La trahison des clercs, fin)

 « La technique moderne n’est évidemment pas capable de faire, comme elle s’en vante, une humanité nouvelle, mais elle peut mutiler la nôtre assez profondément pour paraître l’avoir créée de toutes pièces. » (Georges Bernanos)

« L’humanité qui devrait avoir 6.000 ans de sagesse retombe en enfance à chaque génération. » (Tristan Bernard)

« Raymond Aron remarquait que, si l’on ne croit plus en Dieu, quel autre objet transcendant proposer à l’adoration de l’humanité, sinon l’humanité elle-même ? » (Alain Besançon) – C’est se contenter de bien peu.

« Si l’homme à l’origine avait habité un monde aussi uniformément dénudé qu’un ‘grand ensemble’ d’habitation, aussi terne qu’un parking, aussi dépourvu de vie qu’une usine automatisée, on peut douter qu’il ait eu une expérience sensorielle assez variée pour retenir des images, modeler un langage ou retenir des idées. » (Baudouin de Bodinat – se référant à ?)

« Seule, l’espèce humaine lève bien haut une tête fière

« Et légère, se tient droite et regarde la terre de haut.

« Cette apparence, à moins que ta nature de mortel ne t’ai rendu stupide,

« T’invite, toi qui cherches le ciel, la tête haute et le front dégagé,

« A élever aussi ton âme vers les hauteurs, de peur que sous les pesanteurs,

« Elle ne s’enfonce et ne tombe plus bas que son corps. » (Boèce) – Espérons pour lui que l’auteur ne voit pas l’humanité d’aujourd’hui, du moins sa bruyante partie officielle.

« Quand l’humanité devient un objet d’adoration, on voit se mettre en place une logique qui mène à la négation de cette idée. Pour avoir une religion de l’humanité, il faut avoir une définition de l’homme : jusqu’à cette limite c’est de l’humain, après, ça n’en est plus (fœtus…). » (Rémi Brague)

« L’existence de l’humanité a avec les langues anciennes un point commun : elle ne sert à rien. » (Rémi Brague) – Il n’y a donc aucune raison qu’elle subsiste, penserait une ministre de la déséducation nationale.

« L’humanité est suspendue tout entière à la génération précédente, elle repose sur ce qui est, par rapport à l’immensité des siècles, une très fine pointe … Il suffirait que les hommes cessent de procréer pour que l’humanité disparaisse. » (Rémi Brague)

« ‘On peut excuser chez l’homme une certaine fierté d’avoir grimpé, bien que ce ne soit pas par ses propres efforts, jusqu’à la cime même de l’échelle des organismes ; et le fait qu’il se soit ainsi élevé, au lieu d’y avoir été placé dés l’origine, pourrait lui donner l’espoir d’une destinée encore plus haute dans un avenir éloigné’ … Faire descendre l’homme d’autres espèces, ou plutôt le faire monter à partir de celles-ci, est tout le contraire de l’humiliation qu’on a voulu y voir ; c’est une source d’orgueil. Loin de représenter une blessure au narcissisme humain, le darwinisme compense l’ascendance peu flatteuse de l’homme par la perspective d’une postérité glorieuse. » (Rémi Brague – citant Charles Darwin) – Telle que développée par l’auteur, là est l’origine, bien involontaire, ou un renforcement des vieilles idées de malléabilité de l’espèce, de sélection (raciale, vieillards inutiles…), de liquidation des êtres inférieurs, de l’homme nouveau (référence à saint Paul), de renaissance (born again), de l’homme dit soviétique, de races supérieures, de surhumain et de surhomme…

« La modernité est un projet, pensé depuis longtemps (Descartes nommant d’abord son ‘Discours de la méthode’ : ‘Projet d’une science universelle…’) … L’idéal des temps modernes étant de fonder l’homme sur l’homme et sur rien d’autre, de sorte que tout rapport à quoi que ce soit d’extérieur, d’autre, de supérieur serait exclu … absurdité inutile (notamment le Dieu créateur et législateur, émettant des commandements) … mais reste alors la question ; ‘Est-il bon qu’il y ait des hommes ? … Or l’homme  doute de sa légitimité (meurtres de masse des régimes athées du XX° siècle, à une bien plus grande  échelle encore que les guerres de religion. L’athéisme peut s’avérer plus meurtrier encore), car Il n’est plus convaincu d’avoir le droit de conquérir et d’exploiter la Terre – Il n’est plus certain de sa supériorité par rapport aux autres êtres vivants. Il se pourrait qu’il soit le pire des prédateurs – Il n’est même plus sûr de se distinguer des autres êtres vivants par la possession de quelque caractère distinctif essentiel … Or toute action doit pouvoir être fondée en raison. Si nous renoncions à chercher et à fournir une raison à l’existence de l’humanité,… nous confirions à la déraison l’existence du seul être qui peut être le porteur de raison … Si le projet des ‘Lumières’ doit réussir, l’homme a besoin d’une raison pour continuer à exister, et à exister comme ‘homme’ (être raisonnable et libre et non bipède sans plumes) … L’existence d’une instance suprahumaine capable d’affirmer l’existence de l’humanité est le premier contenu de la religion … Pour être clair et prosaïque :nous avons besoin d’un type d’humanité qui soit capable de faire résonner harmonieusement foi et raison … pour rendre possible la poursuite de l’aventure humaine … Si un ‘horloger aveugle’ (R. Dawkins) m’a jeté dans la vie sans me demander mon avis, pourquoi devrais-je jouer le même sale tour aux autres, en leur inoculant la vie ? » (Rémi Brague – cherchant une raison à l’humanité pour continuer, sans pour cela faire l’apologie d’une religion)

« Voilà que s’accumulent les préjugés au nom de l’antiracisme. Fin du concept d’humanité comme unité du multiple, triomphe des espèces humaines incompatibles les unes avec les autres. » (Pascal Bruckner)

« On aime l’humanité en général pour ne pas avoir à aimer les êtres en particulier. » (Albert Camus – L’homme révolté)

« L’humanité n’a jamais rien gagné par l’effort de la foule. Elle est poussée en avant par la passion de quelques individus, par la flamme de leur intelligence, par leur idéal de science, de charité ou de beauté. » (Alexis Carrel)

« L’humanité émerge du Chaos, de l’Abîme, du Sans-Fond. Elle en émerge comme psyché : rupture de l’organisation régulée du vivant, flux représentatif-affectif-intentionnel indéterminé et immaîtrisable, qui tend à  tout rapporter à soi et vit tout comme sens constamment recherché …    Psyché en elle-même radicalement inapte à la vie .., L’espèce humaine survit en créant la société et l’institution. L’institution permet à la psyché de survivre en lui imposant la forme sociale de l’individu, en lui proposant et imposant une autre source et une autre modalité du sens ; la signification imaginaire sociale … Le social-historique, création une fois pour toutes de la signification et de l’institution, et source d’une création continuée … L’institution de la société est institution des significations imaginaires sociales qui doit conférer sens à tout ce qui peut se présenter ‘dans’ la société comme ‘hors ‘ de celle-ci … La signification émerge pour recouvrir le Chaos, faisant être un mode d’être qui se pose comme négation du Chaos … La monade psychique ne saurait survivre un instant si elle ne subissait pas sa socialisation violente et forcée … L’humanité se constitue en faisant surgir la question de la signification et en lui fournissant d’emblée des réponses … Mais aucun système de déterminations instrumentales, fonctionnelles, s’épuisant dans la référence à la ‘réalité’ et à la ‘rationalité’, ne peut se suffire à lui-même … la société ne peut jamais s’enfermer dans ‘l’en-deçà’ de son existence réelle … C’est que celte existence réelle est  impossible et inconcevable, comme existence d’une société, sans la positions de ’fins’ de la vie individuelle et sociale, de ‘normes’ et de ‘valeurs’ qui règlent et orientent cette vie, de ‘l’identité’’ de la société considérée, du ‘pourquoi’ et ‘pour quoi’ de son existence, de sa place dans le monde, de la nature de ce monde … A l’individu, l’institution sociale assigne chaque fois imaginairement une origine, une cause et un ‘pour quoi’ qui est fin ou destination (généalogie, famille, milieu social°, fonction, fin, destination sociale et cosmique…) pour lui faire oublier que son existence est sans ‘pour quoi’ et sans fin. C’est cette assignation  d’une origine et d’une fin hors lui, l’arrachant au monde de la monade psychique qui fait de l’individu quelque chose de socialement déterminé, qui lui permet de fonctionner comme individu social. » (Cornelius Castoriadis) –  Où sont nos origines depuis que nous ignorons, méprisons, salissons le passé ? Où sont nos fins, nos ’pour quoi’, depuis que dominent  (merci les média) le  fric, le cul, l’envie et la haine de l’autre se traduisant par la  dénonciation haineuse et le lynchage en meute assoiffée de sang de tout ce qui dépasse le ruisseau dans lequel nous nous vautrons. 

« Quand je pense, disait Giono perdu dans une foule, que Dieu a laissé crucifier son fils pour sauver ‘ça’. » (Jean Cau)

« Si la démocratie et l’égalitarisme sont ton horizon, il ne te reste plus, évidemment, qu’à croire en l’humanité, c’est-à-dire en une abstraction. Je te souhaite bonne chance. » (Jean Cau)

« Qui ne voit le drame possible d’une Humanité perdant soudain le goût de sa destinée ? Certains symptômes morbides comme l’existentialisme sartrien prouvent que cette éventualité‚ n’est pas un mythe. » (Père Teilhard de Chardin)

« Les hommes peuvent bien offrir une apparence plus ou moins rationnelle … Mais l’humanité en masse est mystique et frivole, elle se plaît aux changements … On écoute avec beaucoup de soin et de respect tout ce que les gens entendus ont à dire sur ce qui se passera à la génération suivante. Puis, ils attendent que les gens entendus soient morts, ils les enterrent très gentiment. Et puis, ils font le contraire de ce que les gens entendus avaient prévu. » (Chesterton – Le Napoléon de Notting Hill)

« Une humanité gavée produit des sceptiques, jamais des saints. » (Emil Cioran)

« Celui qui, ayant fréquenté les hommes, se fait la moindre illusion sur eux, devrait être condamné à se réincarner, pour apprendre à observer, à voir, pour se mettre un peu à la page. » (Emil Cioran)

« L’humanité n’a adoré que ceux qui la firent périr … Chaque génération élève des monuments aux bourreaux de celle qui la précède. » (Emil Cioran) – Autre application du meurtre du père.

« N’ayez pas peur de la fin des temps. L’humanité est increvable. Seules les belles choses disparaissent. » (Emil Cioran)

« Cette espèce qui s’est crue le joyau de la création, qui s’est estimée en droit de tout saccager puisque tout lui revenait. » (C. N. I.)

« Elle se compose de plus de morts que de vivants. » (Auguste Comte)

« Les grandes barbaries de ce siècle sont à la recherche des moyens de réaliser l’unité de l’humanité. L’une choisit la race, l’autre la classe opprimée, celle-ci ayant vocation à devenir l’humanité elle-même. Dans les deux cas, on est devant un immense effort de la volonté marqué par un écrasement des hommes au nom de l’idée d’humanité. » (Guy Coq)

« Le monde a beau vieillir, il ne change pas ; il se peut que l’individu se perfectionne, mais la masse de l’espèce ne devient ni meilleure ni pire. » (cité par Marc Crapez) – Horreur pour un progressiste béat.

« Plus j’aime l’humanité en général, moins j’aime les gens en particulier comme individus. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov)

« Aimez-vous l’humanité : lisez l’Histoire, vous la haïrez ; haïssez-vous l’humanité : lisez l’Histoire, vous l’aimerez. » (Louis Dumur) 

« L’histoire de l’humanité, c’est l’histoire de l’évolution endogène des systèmes sacrificiels, la civilisation faisant des bonds en avant lorsqu’on substitue à la victime humaine un tenant-lieu, un symbole, d’abord un animal (le sacrifice d’Abraham), puis des végétaux, ensuite des entités symboliques abstraites. C’est donc l’histoire de la symbolisation. » (Jean-Pierre Dupuy)

« Au vingtième siècle l’humanité, après tant de travaux, s’active à effacer ses traces. » (Jean Dutourd)

« Un simple regard sur les faits divers montre combien le désir de naufrage est irrésistible, jusques et y compris dans les sociétés les plus développées. » (H. M. Enzensberger) – Effectivement, tout se passe comme si l’humanité acceptait sa fin (voir la  rubrique Ecologie).

« L’offre en ressources humaines augmente énormément, tandis que la demande est en nette diminution … Chacun peut demain être superflu (l’est déjà). Que faire de lui ? » (Hans Magnus  Enzensberger).

« Ce qui a longtemps distingué les hommes des autres espèces animales, c’est précisément qu’ils ne se reconnaissaient pas entre eux. Un chat, pour un chat, a toujours été un autre chat. Un homme devait, à l’inverse, remplir certaines conditions draconiennes pour ne pas être radié, sans recours, du monde humain … L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village … La notion d’humanité, englobant … toutes les formes de l’espèce humaine est d’apparition fort tardive et d’expansion limitée … C’est la manière de vivre, en effet, qui compte … Il n’est nullement certain, l’histoire récente le prouve, qu’elle soit à l’abri des équivoques et des régressions. » (Alain Finkielkraut)

« Avec l’homme des droits de l’homme, l’humanité pense qu’elle a dit son dernier mot. Elle n’a plus rien à apprendre. Elle n’est éblouie que par elle-même. Elle se vit comme la meilleure humanité. » (Alain Finkielkraut) – Avant de déchanter.

« ‘L’hybris’ potentielle d’une politique de l’humanité. L’humanité n’ayant par définition pas d’ennemi humain, l’engagement ainsi conçu (pour l’humanité) induit nécessairement la déshumanisation de l’adversaire. » (Alan Finkielkraut)

« L’humanité est ainsi, il ne s’agit pas de la changer mais de la connaître. » (Gustave Flaubert)

« Tout ce que nous pouvons faire pour le progrès de l’humanité, ou rien, c’est exactement la même chose. » (Gustave Flaubert) – Toute initiative dans ce domaine à toujours conduit au pire.

« A mesure que l’humanité se perfectionne, l’homme se dégrade ; quand tout ne sera plus qu’une combinaison économique d’intérêts, à quoi servira la vertu ? Quand la nature sera tellement esclave qu’elle aura perdu ses formes originales, où sera la plastique ? » (Flaubert)

« Paganisme, christianisme, muflisme, telles sont les trois grandes évolutions de l’humanit‚é Il est désagréable de se trouver dans la dernière. » (Gustave Flaubert)

« La torpeur moderne vient du respect illimité que l’homme a pour lui-même. Quand je dis respect, non, culte, fétichisme … C’est une chose curieuse comme l’humanité, à mesure qu’elle se fait autolâtre devient stupide … L’adoration de l’humanité pour elle-même et par elle-même … Ce culte du ventre engendre du vent. » (Gustave Flaubert)

Selon Freud, « Le narcissisme universel, l’amour-propre de l’humanité (son orgueil ?) a subi jusqu’à présent trois grandes vexations de la part de la recherche scientifique : « la blessure cosmologique » (la théorie de Copernic l’exilant du centre du monde, le chassant du centre de l’univers), « la blessure biologique » (l’évolutionnisme de Darwin le plaçant dans la continuité des animaux, le détrônant du sommet des vivants), « la blessure psychologique » (la psychanalyse lui révélant l’inconscient, chassant sa conscience, le dépouillant de sa souveraineté sur sa propre pensée) – On pourrait ajouter « la blessure sociologique » (la prise de conscience récente de la persistance de la méchanceté humaine dans des sociétés dites civilisées). (tiré d’Olivier Rey, de Rémi Brague et d’autres) – « Ce qui paraissait séparer l’homme de la nature, de l’animal et de la machine, s’est trouvé progressivement réfuté, au profit de la révélation proprement vexatoire pour lui d’une continuité avec ce qui n’est pas lui. » (selon Peter Sloterdijk)

« La conception libérale d’une humanité égale et universelle … sera attaquée par en haut et par en bas : par ceux qui affirment que certaines identités de groupe sont plus importantes que la qualité d’être humain, et par ceux qui pensent que l’être humain n’a aucune distinction particulière par rapport au non humain. L’impasse intellectuelle dans laquelle le relativisme nous a laissé ne nous permet pas de répondre… » (Francis Fukuyama) – Que les premiers l’emportent !

« L’humanité est une entreprise surhumaine. » (Jean Giraudoux)

« L’humanité ne serait-elle qu’une illusion ? Quelle assurance avons-nous que cet homme si semblable à nous est bien notre semblable ? Spinoza pensait qu’il n’y a que des essences singulières, et qu’à moins d’être unis par la raison, Paul est aussi différent de Pierre qu’un triangle d’un cercle. Aussi lui semblait-il qu’il n’y eût rien de plus creux, de plus vague, ni de plus confus que l’idée générale d’humanité. » (Nicolas Grimaldi)

« Comme un agrandissement photographique  fait apparaître ce qu’un ordinaire tirage ne laisserait pas soupçonner, les camps (de concentration, quels qu’ils soient) auraient rendu visible ce qu’on passe généralement sa vie à ne pas voir : que la vie de chacun est à peu près indifférente à tous, et qu’il n’y a rien d’aussi banalement humain que l’inhumain. » (Nicolas Grimaldi)

« L’étranger ne peut avoir d’humain que ce qu’il a de compatible avec notre propre humanité. Nous ne lui reconnaissons donc d’humanité que relative, par extension en quelque sorte, ou par analogie … L’humanité n’est pas inhérente à la personne. Elle ne lui est reconnue qu’autant qu’elle s’apparente à l’image que nous en avons formée. Nous reconnaissons  l’humanité de ceux que nous considérons semblables à nous … Pour justifier une telle dissonance, il n’y avait aucune raison objective, et pas plus de rivalité personnelle que d’antagonisme politique. Simplement, subjectivement, esthétiquement, l’image que donnait l’un de l’humanité était insupportable à l’autre (sur une détestation). » (Nicolas Grimaldi) – Suite de considérations éparses sur la notion d’humanité.

« Le concept d’humanité est relativement récent dans notre histoire … c’est en son nom que furent peu à peu combattues puis abolies les inégalités et les dominations les plus extrêmes, comme, par exemple, l’esclavage. Si ce dernier ne scandalisait nullement un contemporain d’Aristote ou un citoyen de l’empire romain, c’est parce que le monde gréco-romain ignorait la nature universelle de l’homme … La pensée de l’antiquité ne percevait les êtres humains qu’au travers de catégories juridiques particulières (citoyen, père, esclave, affranchi…) qui établissaient entre eux des différences de nature, excluant toute définition de l’homme en général. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Dans sa nouvelle version, la démocratie est devenue fondamentalement le culte de l’universel et l’obsession de l’ouverture à l’autre, avec dévalorisation corrélative de la souveraineté du peuple … On a décidé que les valeurs de la religion des droits de l’homme étaient les seules valeurs démocratiques. Celles-ci étant exclusivement universalistes et placées au-dessus de la souveraineté des citoyens … aucun peuple européen ne peut plus se sentir légitime puisque seule l’humanité est légitime. » (Jean-Luc Harouel)

« Seul un Dieu peut encore nous sauver ! » (Martin Heidegger – dénonciation du vide de l’être ?) – Dés 1966.

« Le progrès de l’humanité représente une sorte d’injustice chronologique, puisque les derniers venus bénéficient de l’avantage de pouvoir profiter du travail accompli par leurs prédécesseurs, sans être contraints d’en acquitter le prix. » (Alexandre Herzen)

« L’humanité n’avait gagné le monde entier que pour perdre son âme. » (Hermann Hesse) – On peut laisser l’expression au présent.

« Les hommes ne se reproduisent plus, comme le font les êtres de nature, sous le signe du hasard, de la chance ou du destin. Les femmes produisent d’autres hommes et elles décident des  hommes qu’elles produisent, d’abord en nombre, ensuite en qualité et en personnalité, au terme de procédures, de choix et de services, dont l’un des caractères apparents est qu’ils répondent et répondront davantage à des règles d’investissement, ou de caprice. ..  Un nouveau modèle économique apparaît : celui du marché des hommes. » (Hervé Juvin) – Dès aujourd’hui.

« Je plaide coupable d’avoir mis l’idée de l’homme au-dessus de l’idée de l’humanité. » ( Arthur Koestler faisant parler Roubachov, le bolchevik accusé du Zéro et de l’infini)

« L’unité de l’humanité signifie : personne ne peut s’échapper, nulle part. » (Milan Kundera)

« Cela voudrait dire que l’humanité serait vraiment arrivée à quelque chose ; sa propre destruction. Ce serait vraiment là le signe de la supériorité d’un être sur tous les autres. Non seulement sa propre destruction, mais la destruction de tout le monde vivant. Cela serait vraiment le signe que l’homme  est capable de quelque chose. » (Jacques Lacan – toujours distancié – à propos de cultures de bactéries immaîtrisables)

« S’il n’y a pas d’homme sans humanité, bien moins encore y a-t-il d’Humanité sans hommes. » (cardinal Henri de Lubac)

« Il y a au fond de l’évangile la vue obsédante de l’unité de la communauté humaine. » (cardinal Henri de Lubac)

« Chercher à rendre à l’homme son sens, c’est lui interdire d’user jamais de l’homme d’aujourd’hui comme d’un simple moyen en vue de l’homme de  demain. Supposons l’homme pleinement émancipé, par impossible affranchi de toute contrainte, de toute exploitation, de toute tyrannie : il n’est pas pour autant libéré. La société ne pèse plus sur lui, en ce sens qu’il n’est plus dominé, exploité … Elle pèse  cependant sur lui d’un poids plus lourd que jamais, puisqu’elle l’absorbe tout entier … Il n’est plus qu’une fonction sociale, qu’un ensemble de rapports sociaux  dans un monde infiniment plat. La plus incompréhensible régression de l’homme, s’il s’en accomodait; son plus affreux supplice au cas contraire. L’humanité ne se rassemblera qu’en renon‡ant à se prendre elle-même pour  fin ». (cardinal Henri de Lubac – évoquant le marxisme)

« L’humanité d’aujourd’hui paraît n’être plus qu’une énorme bouche qui emphatiquement et indéfiniment prononce le Nom de l’Homme. » (Pierre Manent)

 La religion de l’humanité, c’est le christianisme et plus spécialement le catholicisme,  avec tous les vices que Nietzsche y voit, mais sans la grandeur que comporte la croyance en Dieu, c’est-à-dire un être ‘plus grand’ que l’humanité. » (Pierre Manent)

« L’heure n’est plus à vouloir transhumaniser l’humanité mais bien à la sauver. »  (Isabelle Marchandier – sur l’IA) – Il va falloir réduire nos prétentions au progrès, s’extraire de l’absurde.

« L’humanité n’a de sens que dans la mesure où elle accepte de dépendre de ce qui, précisément, ne dépend pas d’elle. » (Jean-François Mattéi)

« L’humanité  ne se propose jamais que les tâches qu’elle peut remplir. » (Karl Marx) – Est-ce encore vrai aujourd’hui ?

« Le fâcheux est de dire au pourceau humain ou à l’âne couvert d’une figure humaine (car c’est une arche de Noé que notre humanité) : Tu as des droits absolus à montrer aux gens ta bassesse ou ta stupidité. » (Charles Maurras)

« Il est une hypothèse que l’homme occidental se refuse en général à prendre en considération, c’est l’hypothèse de l’insignifiance humaine. Les valeurs attachées à la personne et à l’acte procèdent du refus de cette insignifiance … propre aux occidentaux … L’hypothèse ‘d’intelligences’ qui peuvent, ou pourraient, nous observer sans pouvoir, elles, être observées de nous, et qui n’entrent pas en communication avec nous parce que cela n’en vaut pas la peine, est une hypothèse gratuite, mais non absurde … En fait on n’en sait rien … La pseudo-idée que l’univers serait ‘arrivé’ en produisant l’homme, et l’homme de notre époque est une idée bourgeoise dans le sens le plus éphémère et le plus caricatural du terme, une pseudo-idée située et datée … La composition de l’homme, le cumul d’un intellect et d’une sensibilité, n’apparaît pas nécessaire mais contingent. » (Jules Monnerot)

« Nous sommes définitivement éphémères … L’humanité ne peut accéder à un ordre supérieur. » (Nietzsche)

« Ne prenons-nous pas le plus court chemin pour transformer l’humanité en sable ? Un sable fin, doux, rond, infini ! » (Nietzsche – Aurore) – Brillante perspective d’uniformité.

« La même chose arrive dans la succession des hommes que dans les âges différents d’un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, dans le cours de tous les siècles, doit être considérée comme un même comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. » (Blaise Pascal) – Bien optimiste pour une fois.

« La production ne produit pas seulement de la marchandise ; elle produit en même temps des rapports sociaux, de l’humanité. Le ‘nouveau mode de production’ a donc produit une nouvelle humanité, c’est-à-dire une nouvelle ‘culture’, en modifiant anthropologiquement l’homme. Cette  ‘nouvelle culture’ a cyniquement détruit les cultures précédentes … En produisant de la marchandise on produit en fait de l’humanité (des rapports sociaux) … Les besoins induits par le vieux capitalisme étaient au fond très semblables aux besoins primaires. Au contraire, les besoins que le nouveau capitalisme peut induire sont totalement et parfaitement inutiles et artificiels. Voilà pourquoi, à travers eux, le nouveau capitalisme ne se limiterait pas historiquement à changer historiquement un type d’homme, mais il changerait l’humanité elle-même. » (Pier Paolo Pasolini – Lettres luthériennes) – Pas besoin d’être marxiste pour connaître le lien de cause à effet entre mode de production et les conditions d’existence au sens large.

« Chacun s’adore en adorant tous les autres et il est devenu impossible de douter aussi bien de la valeur insigne de chaque individu que de la réalité d’une société planétaire. » (Perrot, Rist et Sabelli)

« L’espèce humaine peut-elle se maintenir, ou avancer, dans la hiérarchie de l’Evolution ? Contre la présomption de la progression sans fin, je voudrais faire remarquer qu’il faudra, tôt ou tard, que l’homme atteigne son niveau d’incompétence à vivre. Si nous continuons à planifier, inventer, construire et reconstruire fébrilement pour progresser davantage encore, nous atteindrons notre niveau d’incompétence totale à vivre. » (principe de Peter) – Pourquoi l’humanité, en tant que totalité, serait-elle exemptée de la règle quasi universelle qui atteint toutes les organisations hiérarchiques, alors qu’elle n’est qu’un élément de la hiérarchie de la nature (combien d’espèces ont disparu par l’excès d’une qualité qui leur fut d’abord utile, laquelle pour les hommes pourrait être l’intelligence inventive) ?

« Dans l’espèce humaine, l’importance, la qualité, l’intérêt varient du simple au centuple. Estimation encore beaucoup trop faible, si l’on compare Léonard de Vinci à Madame Pipelet … Au fond, ce qu’on appelle l’humanité ne se distingue pas d’un tas de déchets, dont un tout petit nombre d’hommes se détachent péniblement. » (Robert Poulet) – C’est vrai, mais à ne pas trop crier sur les toits.

« On ne connaît ni la nature ni l’humanité tant qu’on n’a pas regardé longuement ce qui se passe dans un poulailler ou dans une cour d’école. » (Robert Poulet) – « Qui ne croit pas au péché originel n’a qu’à regarder ce qui se passe dans un parc où on installe deux ou trois bébés. » (Philippe Muray ?)

« La contradiction des sentiments individuels et des idées générales est le principe même de toute humanité. On est humain dans la mesure où l’on fait entorse à ses dogmes. » (Drieu La Rochelle) – Imagine-t-on nos hystériques, haineux et haineuses, cons et connes, se poser une telle question

« Le beau mot ‘d’humanité’, rebattu maintenant jusqu’à la fadeur, jusqu’au ridicule, par les gens du monde les moins humains. » (J. J. Rousseau)  – « Encore ne pouvait-il prévoir les déclarations des révolutionnaires, Barére : ‘l’humanité consiste à exterminer ses ennemis’, et Carrier : ‘C’est par principe d’humanité que je purge la terre de ces monstres.’ » (Rémi Brague)

« Le concept d’humanité est un instrument idéologique particulièrement utile aux expansions impérialistes, et sous sa forme éthique et humanitaire, il est un véhicule spécifique de l’impérialisme économique … ‘Qui dit humanité veut tromper’ (Joseph Proudhon) … Le fait de s’attribuer ce nom aussi sublime manifeste une prétention effrayante à faire refuser à l’ennemi sa qualité d’être humain et à le faire déclarer ‘hors la loi’ et ‘hors humanité’. » (Carl Schmitt)

« Révolutions sanglantes, secousses tantôt rétrogrades tantôt progressives, tels sont les effets inévitables des vices de l’humanité. » (Louis-Philippe de Ségur)

« La légende du juif errant est le symbole des plus hautes aspirations de l’humanité, condamnée à marcher toujours sans connaître le repos. » (Georges Sorel)

« L’humanité, c’est la capacité à partager imaginairement les affects de ceux que nous reconnaissons de ce fait comme semblables à nous. » (Spinoza – suivant Myriam Revault d‘Allonnes)

« Que d’amour il a fallu, et pendant combien de millénaires, pour que l’humanité devienne simplement ce qu’elle est ! Que d’amour il faudra pour qu’elle demeure. »  (André Comte-Sponville) 

« Marque de la démarcation entre l’humain et le reste de la création : – ‘Seul l’homme possède le langage’ (axiome grec) – ‘Seul l’homme possède la raison’ (axiome cartésien) – ‘Seul l’homme, pour déchu qu’il soit, est conscient de cette chute et d’une éventuelle rédemption’ (saint Augustin) – ‘Seul l’homme peut anticiper et penser sa mort’ (Montaigne, Pascal…). » (George Steiner) – « L’homme est le seul animal qui fasse du feu, ce qui lui a donné l’empire du monde. » (Rivarol)

« La notion d’humanité, englobant, sans distinction de race ou de civilisation, toutes les formes de l’espèce humaine, est d’apparition fort tardive et d‘expansion limitée … Pour de vastes fractions de l’espèce humaine et pendant des dizaines de millénaires, cette notion paraît être totalement absente. L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village … Un grand nombre de populations dites primitives se désignent elles-mêmes d’un nom qui signifie ‘les hommes’… » (Claude Lévi-Strauss)

« L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. » (Claude Lévi-Strauss – Tristes Tropiques

« Je sens que l’aventure humaine débouche sur autre chose qu’un creux désespoir, une creuse interrogation ou une creuse insouciance.. » (Gustave Thibon)

« On pourrait objecter, pour contester l’idée d’un crime contre l’humanité, que le droit y est devenu le masque dont s’affuble la force, car pour pouvoir juger quelqu’un, il faut d’abord le vaincre … Les complices de Hitler poursuivis … Staline et Pol Pot … ont joui de l’impunité. » (Tzvetan Todorov)

« Le massacre de quinze mille officiers polonais à Katyn était un crime contre l’humanité tant qu’on le croyait de la responsabilité de Hitler ; il a cessé de l’être dés qu’on a appris qu’il relevait de celle de Staline. » (Tzvetan Todorov)

« L’universel c’est le local, moins les murs. » (Miguel Torga)

« L’humanité, toujours invoquée n’est pas conçue comme une entité abstraite, la référence d’un droit universel et unique, mais comme un conglomérat de cultures et  d‘identités incommunicantes … que la seule tolérance pourrait réunir et non la compréhension mutuelle (conformément à la doctrine du multiculturalisme). » (Shmuel Trigano – à propos du post-modernisme)

« L’humanité n’est pas une valeur sûre. » (?) – Son histoire le démontre amplement. Alors la transhumanité qui sera notre œuvre !

« Née de multiples projets, mais sans projet,

« Animée par de multiples finalités, mais sans finalité. » (? – cité par Norbert Elias)

« L’humanité augmentée. » – Ce qu’on décore du beau nom de transhumanisme. Accroître la longévité par les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et cognitique). Voilà ce sur quoi on travaille dans les centres de recherche Google ; centres qui voudraient se faire passer pour philanthropiques.

On trouvera en finale de la rubrique Mondialisation, 500, 2, les extraits d’un livre d’Armand Mattelart, Histoire de l’utopie planétaire, sur le rêve de l’unification du genre humain.

Ce contenu a été publié dans 290, 6 - Humanité , avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.