225,2 – Cadeaux

– Rite promu par la société marchande. Evite d’apporter son être. Un cadeau se charge d’autant plus de sens qu’il est rare, ou en tout cas, non systématique. Le seul cadeau dont on se souviendra est notre seule présence quand ça va mal.

– L’horreur du rite imbécile des cadeaux d’anniversaire lors des invitations de mouflets ou lors de certaines réunions d’adultes.

– Ne pas placer les destinataires en position de dépendance par excès, c’est une position dont tout le monde a horreur et qui entraîne à l’ingratitude bien plus qu’à la gratitude. S’interroger sur l’opportunité… Par exemple, une grossière erreur, en entreprise généralement, placer un supérieur à soi-même en position de débiteur par quelque cadeau de valeur, même relativement modeste  (il sera au moins gêné et, au pire, pourra croire à une demande d’appui). Si besoin, limitons nous à un gadget plaisant, adapté, sans valeur.

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« Le dépérissement du don se traduit dans la sinistre invention des ‘articles cadeaux’, qui veulent dire simplement qu’on ne sait pas quoi offrir parce qu’en réalité on n’a pas vraiment envie d’offrir. Ce sont là des marchandises privées de contexte humain, comme ceux qui les achètent. » (Theodor Adorno)

« De nos jours les cadeaux se sont multipliés et ont beaucoup grossi. Le jouet le moindrement sérieux exige au moins six megs de mémoire vive, soit l’équivalent de la bibliothèque d’Alexandrie. » (Bernard Arcand)

« La vigne ne se souvient pas des grappes qu’elle a données. » (Marc-Aurèle)

« Faire des cadeaux est une habitude épouvantable, naturellement contractée par mauvaise conscience, et, très souvent aussi, par la peur de la solitude. » (Thomas Bernhard)

« Tout ou Rien, dit-on. – Tout, s’il s’agit de refuser. Rien, s’il s’agit de donner. Telle est la grande loi primordiale. Dans l’application, cela se mitige suivant les circonstances, qui sont infinies… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, CLXXIX)

« Il n’y a que les imparfaits qui regardent plus au don qu’au donateur. » (sainte Catherine de Sienne)

« Je préférerais qu’un homme riche et puissant, un roi, m’aimât et me laissât néanmoins un certain temps sans me faire un présent, plutôt que de me faire immédiatement un présent sans m’aimer sincèrement. » (Maître Eckhart)

« Le seul présent, le seul don est un fragment de soi-même. Si l’on fait un cadeau, c’est pour n’avoir pas à offrir son être même. » (Ralph Emerson – cité par Jacques Godbout) – L’élégance, arriver les mains vides, mais disponible, écoutant…

« Cadeaux. – Ce n’est rien, c’est l’intention. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Plus un rite est efficace dans la réussite, plus il est redoutable dans l’échec … La prudence exige une équivalence des cadeaux aussi rigoureuse que s’il s’agissait d’un troc. Il faut s’imiter très exactement, mais en donnant l’impression d’une grande spontanéité … Il faut concilier l’impératif de la réciprocité et de l’égalité avec l’impératif de la différence qui n’est pas moins essentiel … Il ne faut pas s’étonner si les crises de dépression se multiplient lorsque revient la saison des cadeaux … Si toutes les règles, même les plus byzantines ne sont pas respectées, cette source de paix et d‘harmonie que doit être le cadeau se métamorphose diaboliquement en une cause d’irritation infinie. » (René Girard )

« Il faut attendre de dépiauter les cadeaux de Noël pour mesurer à quel point nos proches nous ont perdu de vue. A l’heure du choix dans les magasins nous ne leur rappelons personne ; pas la moindre idée de nos goûts ni le plus petit souci de nos besoins réels. Ce n’est même pas comme si nous étions quelqu’un d’autre, c’est comme si nous étions n’importe quel autre. » (Daniel Pennac)

« Les cadeaux sont plus souvent des embûches à notre liberté que des secours à nos besoins. » (Alexander Pope)

« Alors le monde occidental se mit à protéger l’ethnologie. Les enquêtes sur le terrain devinrent des prétextes nobles pour investir les bouts du monde qui se refusaient encore à l’usage de la monnaie bancaire et pour infecter de désir les yeux des hommes les plus pauvres afin de les perdre dans un mirage. Les dons médicaux et alimentaires détruisirent les traditions. L’assistance sédentarisa la liberté. Soumettant les groupes aux produits de l’industrie et à l’alcool, elle les ouvrit à la consommation inutile et à l’hébétude. Les ayant agrippés par la monnaie, elle les arrima au crédit et à l’humiliation sociale. » (Pascal Quignard – Les ombres errantes)

« Recevoir un remerciement avec simplicité, sans suspecter une autre demande … Savoir simplement donner et recevoir ; ce qui n’est pas si simple dans notre culture mercantile, d’échanges, de gains ou de pertes. » (Marshall Rosenberg – La communication non violente)

« Rien n’est plus onéreux qu’un cadeau de pauvre. ». (Jean Rostand)

« J’étais dans mon rôle en insistant, mais jamais il n’aurait dû accepter. » (Jean Rostand)

« Il n’est poule si chère que celle reçue en cadeau. » (proverbe)

« Si on te donne un bâton, rends un fagot. » (Proverbe)

 « Les dons font les esclaves comme les fouets font les chiens. » (proverbe Inuit)

 « Il n’y a a guère que les gens riches qui peuvent se permettre d’accepter des cadeaux. » (?)

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