175,7 – Idéalisme, Idéal

– Les idées comme les valeurs sont des variables indépendantes.

– Doctrine qui fait de l’esprit et non de la matière le principe des choses. Prééminence des représentations mentales sur la réalité concrète (réalisme ou matérialisme). « ‘a priorisme’, déductif, définissant la connaissance par la saisie du réel au moyen de l’idée. » (Gilbert Simondon)

– « Fuir d’ici-bas vers là-haut, et vite. » (Platon – Théétète)

– L’idéal, but particulier poursuivi, forme d’existence individuelle ou collective recherchée, ambitionnée, est à la fois moins général et moins utopique, soit un peu plus réaliste, ou moins irréaliste, que la position idéaliste en général.

– Vision du monde qui a permis à l’homme de s’élever au dessus de sa condition animale en accédant à la verticalité, d’affronter le monde des idées et d’édifier un système de valeurs, donc ce qu’on a pu appeler des civilisations.

– Ne reste guère d’idéal collectif aujourd’hui où tout a été consciencieusement détruit que celui de L’île aux enfants (vieille et gentillette émission de TV) – Exemple cité par Michel Schneider.

– Poussé à ses extrêmes, réduction des phénomènes à la pensée pure et à l’état de conscience. Vision dégagée du réel, des contingences. Peut mener aux pires enthousiasmes sanglants : 1789, 1914…

« L’idéalisme, la tentation de soumettre la réalité à un modèle préalable. » (Alain Finkielkraut)

– « Insatisfaction par rapport à ce que nous sommes. » (Georg Simmel)

– « Le sens du réel ne saurait se trouver ici, mais bien ailleurs … A ne saurait se réduire à A ; ici doit s’éclairer d’un ailleurs. » (Clément Rosset)

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« Le pouvoir spirituel (pas uniquement religieux) doit rappeler, par toutes les raisons tirées de la nature humaine, l’incertitude des jugements, la puissance des illusions, surtout collectives, l’aveuglement propre aux passions, le violent contraste entre l’idéal qui est inscrit sur les drapeaux et l’horrible action. Ce qui est convier chacun à un sévère examen de conscience. » (Alain)

« L’idéalisme, en politique, sert souvent de couverture à des réalités déplaisantes ; il peut également servir à échapper totalement aux réalités. » (Hannah Arendt) – A quoi et à qui serviraient toutes les positions anti imaginables sinon à faire diversion ?

« On part de chez soi plein d’un courroux généreux pour affranchir des esclaves et délivrer des princesses enchantées ; et le résultat ce sont des villes enflammées, le règne des carpetsbaggers qui rançonnent les survivants et l’installation dans les pays qu’on voulait libérer de tyrannies bien plus durables et bien plus inhumaines que les injustices qu’on avait voulu détruire. » (Maurice Bardèche)

« La conscience convertie préfère les idées aux sensations et, par conséquent, s’efforce de soumettre celles-ci à celles-là, tant au point de vue de la vérité de la connaissance, qu’à celui de la conduite de la vie. C’est cela qui mérite le nom d’idéalisme … Les idées ne sont pas seulement des représentations d’objets de conscience, mais surtout des idéaux qui commandent normativement aussi bien à la connaissance qu’à l’action. » (Georges Bastide)

« Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais. » (Baudelaire) – On peut élargir le terme poésie à tout le domaine non matériel.

« Jadis, c’étaient les circonstances qui devaient regarder vers l’idéal. Maintenant, c’est l’idéal qui doit ‘s’inspirer des circonstances’. » (Julien Benda)

« ‘Tout commence en mystique et finit en politique … l’essentiel est que dans chaque ordre, dans chaque système, la mystique ne soit pas dévorée par la politique à laquelle il a donné naissance’ … la mystique c’est savoir ’penser contre son pain’, c’est-à-dire faire passer le bien commun avant l’intérêt personnel. » (Alain de Benoist – citant la phrase célèbre de Charles Péguy) – Je rattache à l’idéalisme, mais Péguy comme Alain de Benoist, restaient, l’un comme l’autre, plus concrets, plus pratiques et moins frelatés d’idéalisme pur, du moins ce dernier.

« L’idéalisme n’accomplit sa mission que s’il dit : le monde est apparence, le ‘Je’ est réalité … Rien de plus rassurant que l’idéalisme … Comment tomber dans la matière, s’il n’y a pas de matière ?… Faites plutôt l’expérience. L’idée de Dieu ? Cela va très bien. L’idée de Patrie ? A merveille. L’idée de foutre ? Impossible. L’idéaliste ne peut être qu’un monsieur bien dans un monde bien. » (Emmanuel Berl)

« Honneur au philosophe idéaliste : nul ne discrédite mieux les choses ; il les nomme des apparences … ‘Révolution’ fait dresser l’oreille, mais ‘l’idée de révolution’ cela calme … le bourgeois aime tant l’idéalisme que, dans sa bouche, ce mot est toujours un compliment … Un matérialiste ne saurait avoir d’idéal … Rien de plus rassurant que l’idéalisme. Rien, aussi, de plus distingué … Une idée échappe à la vulgarité ! » (Emmanuel Berl – Mort de la morale bourgeoise)

« La déconcertante facilité avec laquelle la poursuite d’un idéal peut aussi déboucher sur son contraire. » (Isaiah Berlin)

« L’option philosophique qui est la base du système (système totalitaire) porte un nom … l’idéalisme. Il postule qu’il n’y a pas de réalité en dehors de la conscience ; ‘Je vous dis, Winston, que la réalité n’est pas extérieure. La réalité existe dans l’esprit humain et nulle part ailleurs’. » (Alain Besançon – citant Georges Orwell et 1984) – Refrain trop entendu.

« Rien n’est absolu, dit-on. – La plupart des hommes de ma génération ont entendu cela toute leur enfance. Chaque fois qu’ivres de dégoût nous cherchâmes un tremplin pour nous évader en bondissant et en vomissant, le Bourgeois nous apparut, armé de ce foudre… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 1, II)

« Cette grande idée que tout idéalisme est creux, s’il ne se paie pas par le risque de la vie. » (Albert Camus – sur des positions de terroriste)

« L’Absolu leur fournit un prétexte et des plus honorables, on passe pour fort glorieux de se donner à lui, cela s’appellera l’Idéalisme et permet à des avortons de faire parmi nous figure … L’homme est un animal, un animal métaphysique … Le vide laissé par l’instinct perdu s’appelle l’Absolu. » (Albert Caraco)

« Toutes les écoles idéalistes … ont donné le conseil de fuir le monde réel pour tenter de rejoindre un ordre supérieur plus sublime. Toutes ont construit un ordre moral strictement opposé à notre réalité empirique … Il a manifestement pensé là à la Révolution française, qui ayant commencé avec les idéaux moraux les plus élevés – liberté, égalité, fraternité – s’est achevée par le règne de la Terreur. La ‘loi du cœur’ avait en effet été considérée par la Révolution française comme étant le principe moral suprême. » (Ernst Cassirer – terminant sur un chapitre de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel intitulé La loi du cœur et le délire de présomption)

« Il importe relativement peu que l’humanité ne réussisse pas souvent à imiter son idéal ; car alors tous ses échecs passés sont féconds. Il importe grandement de voir l’humanité changer si souvent d’idéal ; car alors tous ses échecs passés sont inféconds … Le jeune homme moderne ne changera jamais son milieu; parce qu’il changera toujours d’idée. » (Chesterton)

« Nous n’altérons pas le réel pour le rendre conforme à l’idéal. Nous altérons l’idéal : c’est plus facile. » (Chesterton)

« Les Américains sont les plus grands idéalistes du monde … Mais l’idéaliste peut aisément de venir idolâtre …  Les Américains sont devenus si pleins d’idéalisme qu’ils idéalisent l’argent. » (G. K. Chesterton)

« Ce qui nous rassemble est ce qui nous dépasse, mais ce qui nous dépasse n’a souvent ni queue ni tête. Les valeurs de communion valent bien quelques bévues intellectuelles … Si tu veux pouvoir aller jusqu’au bout de toi-même, préserve en toi la part du feu, d’une foi, d’une ferveur, d’un élan… Qui croit en quelque chose se croit lui-même beaucoup plus qu’il n’est, condition du succès. Pour se donner une chance, rien de tel que de se monter le bourrichon. » (Régis Debray)

« C’est dans les moments d’effervescence que ce sont, de tout temps, constitués les grands idéaux sur lesquels reposent les civilisations … Ces ‘délires’ ont leur logique spécifique, celle des sociétés chaudes, distinctes de celle des sociétés raisonnantes qui fonctionnent dans les sociétés froides ou dans les sociétés refroidies. » (Henri Desroche)

« Il y a une région de la nature où la formule de l’idéalisme s’applique presque à la lettre : c’est le règne social. L’idée y fait, beaucoup plus qu’ailleurs, la réalité. » (Emile Durkheim)

« ‘C’est une folie à nulle autre seconde, de vouloir se mêler de corriger le monde’ (Molière). L’homme n’est pas à la hauteur des fous qui lui veulent, malgré lui, tant de bien … L’utopie est un néant si parfait qu’il a tout à perdre à se réaliser … L’immodestie de l’idéal ne supporte pas les petits arrangements qui font les progrès véritables, et l’ailleurs utopique est l’alibi de l’inefficacité pratique ; ses effets ne sont jamais son affaire. Le réel ? L’utopie s’en lave les mains … Pour être radieux, l’avenir doit rester à venir. Pour sa survie, l’utopie ne doit pas exister. » (Raphaël Enthoven)

« Idéal. – Tout à fait inutile. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Il y a une chose dont l’humanité a certainement plus besoin que de confort (sachant qu’il existe un minimum indispensable, dépendant des époques et des lieux), c’est d’un élan vers quelque chose qui la dépasse. » (Jean Grenier) – Quoi ? aujourd’hui.

« L’idéalisme philosophique consiste à ne pas reconnaître le ‘fini’ comme être véritable. Toute philosophie est essentiellement idéalisme, ou du moins elle a l’idéalisme pour principe, et il ne reste plus qu’à savoir jusqu’où elle va dans l’application de ce principe. » (Hegel)

« L’idéalisme glorifiait tout bonnement l’existant, en le représentant néanmoins comme spirituel par essence. Il voilait les conflits de base de la société derrière l’harmonie de ses constructions conceptuelles. » (Max Horkheimer)

« Pour aller à l’idéal il faut commencer par comprendre le réel. » (Jean Jaurès)

« L’idéal est celui du privilège pour tous. » (Jacques Julliard – évoquant la France actuelle)

« Une perfection ne peut prospérer qu’aux dépens d’une ou de plusieurs autres … La perfection esthétique est située dans une autre dimension que la perfection morale, et il n’est pas rare que cette dimension soit située à l’angle droit de la dimension de la  morale … Le moine doit tuer en lui l’instinct familial dont la valeur esthétique est si profonde, il doit renoncer à l’amitié, devenir indifférent à l’égard de la perfection terrestre … Les idéals vivent aux dépens les uns des autres, tout comme le font les organismes vivants. » (Hermann von Keyserling)

« De tous les soi-disant idéals objectifs, celui du plus grand confort pour le plus grand nombre possible est certes le plus absurde … L’idéal nord-américain en particulier, s’il était universellement appliqué, ne réaliserait pont du tout le ciel sur la terre, mais transformerait la planète en un vaste temple de l’ennui. » (Hermann von Keyserling – L’angoisse du monde)

« Quelle est l’éternelle condition des tragédies ? L’existence d’idéaux, dont la valeur est réputée plus haute que celle de la condition humaine. Et quelle est la condition des guerres ? La même chose. » (Milan Kundera) – Pour celles-ci, il y a aussi des conditions économiques et de pouvoir, le rôle des idéaux étant justement de les masquer.

« Rejeter toute limite, transgresser semble être devenu le seul idéal moral d’une surmodernité en crise. » (Serge Latouche)

« Il (Machiavel) a pu induire que les idées auxquelles les hommes, à chaque époque, attribuaient une portée universelle, avaient elles-mêmes la fonction pratique de légitimer  l’état de fait existant … Marx et Machiavel … ont détruit les artifices de l’idéalisme pour affronter une société sans hiérarchie naturelle, un pouvoir sans légitimité, une histoire sans finalité. » (Claude Lefort)

« C’est sous couvert de ces idéalismes (moral et philosophique, bons sentiments, bonnes intentions, impartialité, politique au service du bien commun…) que s’élaborent les techniques du mensonge les plus éprouvées. La plus subtile étant le mensonge envers soi-même atteignant un tel degré de perfection que le terme de ‘bonne foi’ n’a plus aucun sens. » (Michel Maffesoli)

« L’idéalisme s’est introduit dans la pensée moderne avec la réforme cartésienne et par elle, en coupant la pensée de l’être connu et en l’enfermant en elle-même ; en ne la faisant pas dépendre des choses mais de soi seule … Nos idées, telles les idées angéliques, ne dépendent pas des choses et ne sont plus mesurées par elles. La pensée n’atteint directement qu’elle-même ; elle ne se règle pas sur les choses, mais sur ses propres exigences internes ; elle ne dépend pas des choses, mais de soi seul. Monde clos, absolu … Le dualisme cartésien brise l’homme en deux substances complètes jointes on ne peut savoir comment. La distinction de l’âme et du corps et l’indépendance de l’âme rend incompréhensible leur union. Un ange habitant une machine et la dirigeantL’idéalisme pur, méconnaissant la réalité propre des liens sociaux surajoutés aux individus par exigence de nature, aboutit fatalement au pur étatisme, la loi n’émanera plus de la raison, mais du nombre … L’idéalisme emporte avec lui une sorte d’optimisme anthropocentrique de la pensée … Mais cet optimisme est, si je puis dire, suicidaire ; car il suppose une rupture avec l’être … une éviction de l’ontologique … L’intellection humaine n’est vivante et fraîche que centrée sur la vigilance de la perception du sens … L’homme a perdu son corps. » (Jacques Maritain – Le songe de Descartes)

« L’idée n’est plus signe formel mais signe instrumental, elle n’est plus une relation vivante faisant atteindre … elle devient l’objet, la seule chose immédiatement atteinte par l’acte de connaissance. » (Jacques Maritain – sur l’idéalisme)

« On a réussi à rendre intolérable l’intervalle entre l’idéal et le réel. » (Karl Marx) – Encore un bienfait de la modernité et du droit à tout.

« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine l’existence, c’est l’existence, l‘être social qui détermine la conscience. » (Karl Marx et tout le matérialisme) – Contrairement à l’idéalisme qui descend du ciel sur la terre.- Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants.  – Il s’agit de la conscience intellectuelle, spéculative, non de la conscience morale.

« L’humanisme réaliste n’a pas d’ennemis plus dangereux que le spiritualisme ou l’idéalisme spéculatifs qui, à la place de l’homme individuel réel, met la conscience ou l’esprit. » (Karl Marx)

« Le terme ‘expérience paroxystique’ est une généralisation des meilleurs moments de l’existence de l’être humain : moments de joie profonde, d’extase, de ravissement, de béatitude … De tels instants découlent d’expériences  esthétiques profondes (extase créative, instants d’amour adulte, rapport sexuel parfait, amour parental…) ‘Ce qui est’ devient identique à ‘ce qui devrait être’. Les faits deviennent identiques aux valeurs … Le monde qui est devient le monde qui devrait être … les faits ont fusionné avec les valeurs … Découvrir sa vraie nature est à la fois une quête de l’idéal et une quête de ce qui est … La fusion entre faits et valeurs découle aussi de l’acceptation. La fusion est alors moins issue de l’amélioration de ce qui est , de l’amélioration de la réalité pour se rapprocher de l’idéal, que de la réduction de ce qui devrait être, d’une redéfinition des attentes afin qu’elles viennent au plus près de la réalité, donc de l’accessibilité, du rabaissement du niveau de l’idéal afin que celui-ci se rapproche de ce qui existe effectivement … ‘L’ontification’, toute activité visant une valeur de moyens (accepter un emploi pour gagner sa vie…) peut se transmuer en activité ayant une valeur de fins (aimer son travail pour lui-même…) … Les individus accomplis semblent agir au nom de valeurs ultimes, au nom de principes qui semblent intrinsèquement valables. » (Abraham Maslow – Être humain)

«  La politique idéaliste semble réussir dans l’immédiat de l’action ‘urgente’, mais les effets à plus long terme sont en général catastrophiques … Il n’y a pas que la Libye chaos qui exporte le chaos, la Somalie depuis plus de vingt ans dans la misère et la guerre civile, la Bosnie ‘libérée’ en passe de devenir la tête de pont en Europe de l’Etat  islamique, la démocratie toujours attendue en Afghanistan ou en Irak, Les camps de réfugiés pérennisés, devenus  des villes. » (Yves Michaud) 

« L’idéalisme humanitaire cosmopolitique … Martin Wight regroupait sous la bannière de Kant ‘les subversifs, les libérateurs et les missionnaires’ en prenant comme illustration la Réforme protestante, les révolutionnaires français et les communistes internationalistes. C’est dire jusqu’où peut mener l’idéalisme radical … L’idéalisme politique contemporain (figures mondaines, ONG, militants et théoriciens des droits de l’homme …) relève en son fond de l’idéalisme kantien en le teintant non pas de rationalité mais de bienveillance … Une crise est vue comme un combat entre bons et méchants, avec un souci exclusif des victimes (les bons Tutsis contre les méchants Hutus) … Description sur le mode ‘western’ (avec ‘Hitler’ au bout de deux phrases) … La politique idéaliste semble réussir dans l’immédiat de l’action urgente, mais les effets à plus long terme sont en général catastrophiques (conflits figés, présence de l’ONU à durée indéfinie, camps de réfugiés devenant des villes, économies parallèles artificielles, chaos politiques durables) … Faire ‘l’autruche humanitaire’ … Bhlisme (l’idéalisme de la bling bling politique), kouchnérisme (l’idéalisme du baba humanitaire) et l’hulotisme (l’idéalisme de l’ULM-écologie), variétés de l’affairisme compassionnel et communicationnel … dignes de la rubrique mondaine. » (Yves Michaud)

« Les idéaux ont de curieuses qualités, entre autres celle de se transformer brusquement en absurdité, dés qu’on essaie de s’y conformer strictement. » (Robert Musil)

« Un idéaliste ne peut s’améliorer : si on le précipite de son ciel, il se fait de l’enfer un idéal. » (Nietzsche)

« … Enorme falsification des idéaux, ces eaux-de-vie les plus ardentes de l’esprit. » (Nietzsche)

« Cette passion furieuse pour les idées au détriment de la réalité, cette religion de l’idéal sans souci du réel, ce goût des livres dont on pense qu’ils sont plus vrais que le monde qu’ils sont censés dire. Don Quichotte s’avère être un platonicien emblématique pour lequel l’idée qui dit le monde est plus vraie que le monde dit par cette idée. » (Michel Onfray)

« La conversion est un changement subit du centre de gravité dans une âme qui jusqu’alors gravitait vers un idéal et soudain se polarise entièrement vers un autre, peut-être opposé … Ce phénomène ne se produit pas seulement sous la forme d’une aventure religieuse, mais dans les directions les plus diverses, et nous savons aussi qu’il ne se produit pas dans n’importe quel tempérament, mais seulement dans certaines âmes choisies, de constitution vigoureuse et au rythme vital exceptionnel. » (Ortega y Gasset) « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. » (proverbe) – Et les lâches.

« L’idéal se salit au contact du réel. » (Georges Palante)

« Ce ne sont pas les idéaux qui nous façonnent mais nous qui créons les idéaux dont nous avons besoin pour supporter la vie … L’homme crée ses valeurs pour justifier ses instincts et ses aspirations, il crée les valeurs dont il a besoin. » (Paul-François Paoli – reprenant Nietzsche)

« Rien n’est batailleur comme les missions. Il n’y a sous ce rapport que les ‘intérêts vitaux’ qui puissent leur être comparés. » (Vilfredo Pareto)

« Nous défendons rageusement le droit des peuples à disposer d’un écran plat. » (Natacha Polony) – Les idéaux de l’Occident.

« Toutes nos passions collectives sont raisonnées, tous nos crimes sont accomplis au nom d’un idéal. » (Jean-Bertrand Pontalis)

« Dés que la raison s’assoupit, la tare idéaliste refait surface. L’idéalisme voilà l’ennemi. » (Albert Regnard – militant révolutionnaire, athée, anticlérical)

« Il est possible que la ruine des croyances idéalistes soit destinée à suivre la ruine des croyances naturelles et qu’un abaissement réel du moral de l’humanité date du jour où elle a vu la réalité des choses. A force de chimères on avait réussi à obtenir du bon gorille un effort moral surprenant ; ôtées les chimères, une partie de l’énergie factice qu’elles éveillaient disparaîtra … Supprimez l’alcool au travailleur dont il fait la force, mais ne lui demandez plus la même somme de travail. » (Ernest Renan) – Clairvoyante anticipation.

« L’idéal s’altère dans le domaine des faits. » (Charles Renouvier)

 « Il y aurait moins de danger pour l’homme à être une franche brute qu’à habiller sa brutalité d’un idéalisme menteur et maladif. Il n’élimine pas ses instincts animaux ; mais il les déifie. Il les idéalise et tache de les expliquer. » (Romain Rolland – Clérambault)

« La religion de l’homme exige que tout soit fait pour que son corps, sa vie matérielle ou physique soient préservés, ‘quoi qu’il en coûte’, comme dirait qui vous savez …  Cela peut évoluer vers un hygiénisme fanatique…  Quand on ne croit plus qu’en l’homme, il faut absolument sauver ça, sinon tout est fichu. Or, comme le montre Olivier Rey dans ‘L’Idolâtrie de la vie’, plus l’État donne, plus cela crée de frustrations qui engendrent à leur tour une nouvelle demande, qui entraîne plus d’intervention de l’État et ainsi de suite » (Frédéric Rouvillois)

« L’individu ‘ouvert’, et converti à un idéal qui le dépasse, peut être guéri de ses angoisses névrotiques ; ses forces, au lieu de l’empoisonner, peuvent être rendues disponibles et par  suite saines pour lui-même. Mais cela ne prouve pas que l’idéal choisi soit bon et sain pour la société humaine. » (Raymond Ruyer) – Voir certains terroristes. La foi guérit mieux que le meilleur psychanalyste.

« Les gens à convictions furent toujours ceux qui ont allumé les bûchers. » (Arthur Schnitzler)

« Si la caractéristique de l’idéalisme était l’absence complète du sens des réalités, celle du matérialisme était une terrible superficialité, son idéal était l’utilité et rien que l’utilité. » (Oswald Spengler)  

 « A maintes reprises … on a affirmé qu’une société instrumentale (accordant la priorité aux résultats) traduisant un mode d’existence commercial, capitaliste, et finalement bureaucratique,  occultant les significations les plus profondes, tend à vider l’existence de sa richesse, de sa profondeur ou de son sens. Il ne reste plus de place pour l’héroïsme, pour les vertus … Mais des normes élevées nécessitent des sources morales fortes … Disposons-nous toujours des moyens de voir que ‘cela est bon’ ? … L’obligation de bienveillance peut mener au sentiment d’être indigne qui peut conduire à projeter le mal hors de soi, sur une personne ou un groupe (bouc émissaire) … L’absence de sens qui accompagne fréquemment un  sentiment de culpabilité peut conduire à l’adhésion à une idéologie fortement polarisée pour donner un sens à sa vie et retrouver un sentiment de pureté fondé sur l’opposition aux puissances des ténèbres (‘Les Démons’ de Dostoïevski) … Les aspirations et les idéaux spirituels les plus élevés menacent d’imposer à l’humanité les fardeaux les plus écrasants. Les grandes visions spirituelles de l’histoire humaine ont aussi été des coupes empoisonnées (jusqu’au marxisme récemment) … Si les idéaux les plus élevées sont aussi les plus destructeurs, alors la voie la plus prudente est peut-être la plus sûre. (Charles Taylor) – On pourrait aussi évoquer l’imposition brutale de la démocratie à certains pays si ce noble idéal ne dissimulait pas parfois quelques intérêts plus concrets. – Le Grand Inquisiteur de Dostoïevski était moins dangereux que certains personnages des Démons.

« Idéalisme des mal-venus : on cherche en haut des prétextes pour camoufler des mobiles issus d’en bas : malfaçon voilée par une contrefaçon. » (Gustave Thibon – Le voile et le masque)

« Il faut partir de l’absolu dans la pensée pour réaliser le relatif dans l’action. Celui qui, au départ, ne croirait qu’au relatif n’aboutirait qu’à fort peu. L’écart entre l’idéal et l’action étant un fait inéluctable, il faut que l’idéal soit très haut. L’idéal joue le rôle de hausse ; tous ceux qui ont manié des armes à feu savent que, pour tirer loin sur la terre, il faut viser haut dans le ciel. » (Gustave Thibon)

« Ce sont des intérêts (matériels et idéels) et non des idées qui déterminent immédiatement l’action des hommes : mais les visions du monde ont très souvent servi d’aiguillage pour tracer les voies où la dynamique des intérêts les poussait ensuite. » (Max Weber) – Georg Lukàcs, qui cite, range cette affirmation comme interprétation idéaliste de l’histoire. Je le suis donc et la classe ainsi.

« L’Amérique est l’unique nation idéaliste dans le monde. » (Woodrow Wilson) – Et puis quoi encore !

« Dans la mesure où la société occidentale considère comme un idéal l’organisation sociale existante avec son système de valeurs, elle n’a pas d’idéal au sens strict du mot (ce qui n’existe pas, mais à quoi l’on aspire) … Elle n’est pas dominée par la volonté de construire un avenir meilleur, mais de préserver l’acquis. » (Alexandre Zinoniev)

« Il faut être matérialiste de l’entendement et idéaliste de l’esprit. » (?)

« L’idéalisme des Lumières a engendré les utopies les plus dévastatrices. » (?)

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