115,5 – Citoyen

– Terme oublié depuis la révolution de 89 et récemment redécouvert à défaut de retrouver l’attitude qu’il recouvrait.

– « Est citoyen, tout ce qui est républicain (donc conforme à l’idéologie d’Etat). » (Corinne Maier)

– Le bon citoyen doit écouter religieusement la langue de bois, regarder pieusement le journal télévisé, lire le journal des Bien-pensants ou celui des laquais (à moins qu’il ne s’agisse du même ?), faire confiance aux journalistes, tout avaler, n’avoir aucun avis personnel donc ne discriminer ni personne ni rien du tout, applaudir ou huer au coup de sifflet, s’enthousiasmer aux mots d’égalité, diversité, parité, solidarité… s’indigner en troupe, en ligue, en procession quand on le lui demande, n’être …phobe de personne ni de rien, être …phile de tous et de tout sauf de certains …istes et …ismes dont il convient d’être anti et plus généralement de toutes les cibles que lui désignent les média impartiaux, et enfin, beaucoup prier ses sages et bienveillants élus que le ciel ne lui tombe pas sur la tête, tout en ne se mêlant pas de leurs affaires qui dépasse sa petite tête.

-Qui se souvient du rigolo qui s’intitulait citoyen du monde juste après la dernière guerre (enfin la dernière jusqu’en 2020 !), Garry Davis, le premier à s’identifier ainsi avant les tribus de jeunes blanc-bec.

– Manquer d’esprit citoyen permet d’éviter de dire qu’il s’agit de la conduite d’un vulgaire salaud ou d’un minable imbécile (expressions inadmissibles et d’ailleurs non tolérées par la guimauve dans laquelle se vautre la bien-pensance).

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« Dans le charabia médiatico-politique environnant, le mot ‘citoyen’, en principe substantif, est devenu un adjectif. On disait autrefois un citoyen. On dit aujourd’hui un débat citoyen, un comité citoyen, une démarche citoyenne, il y a même des voitures citoyennes. Le mot ‘civique’ a disparu. Trop ringard. Être citoyen, c’est moderne, c’est républicain, c’est même révolutionnaire. » (Charles-Henri d’Andigné)

« C’est un homme étrange que ce citoyen … C’est un homme hors-sol, il n’a ni croyance religieuse, ni profession, ni métier. Cet ‘être nouveau’ correspond à ‘l’ordre nouveau’ né de la Révolution … Être imaginaire, seul, sans famille, abstrait, qui n’existe pas. » (Charles-Henri d’Andigné – sur l’invention du terme, et du personnage)

« Les individus ne peuvent devenir des citoyens du même Etat, à moins qu’ils n’aient le sentiment de partager une destinée commune. » (Raymond Aron) – Ce pauvre Raymond Aron est bien dépassé.

« Ils sont si souvent sondés qu’ils en ont perdu toute opinion. » (Jean Baudrillard)

« Ce n’est pas l’Etat qui fait les citoyens ; ce sont les citoyens qui instituent l’Etat. » (Nicolas Baverez) – Hélas, en pratique, c’est non ; depuis que l’Etat a tout écrasé pour laisser le champ libre, c’est-à-dire une terre brûlée, à sa Nomenklatura.

« Les citoyens deviennent pareils les uns aux autres, parce qu’ils sont tous pris dans le même réseau électrique que dépeint M. Mac Luhan, parce qu’ils ont entendu les mêmes discours, subi les mêmes propagandes, ou si on préfère les mêmes informations. » (Emmanuel Berl)

« La notion du ‘spectateur impartial’ d’Adam Smith (que l’on retrouve dans des déclinaisons et sous des habillages variés : chez Hume, Rousseau, Kant, John Rawls, Jürgen Habermas…) … Le citoyen quelconque dont on peut supposer que, sur telle ou telle question, il échappe à ses passions et à ses intérêts … L’homme du bon sens. » (Raymond Boudon) – Propre de toute propagande et intoxication médiatique, à l’abri de toute idéologie et même menace ! Le citoyen électeur parfait, à l’état pur. Ni manipulé ni manipulable. De nos jours on est en pleine fiction pour gogos.

 « Max Weber déclare qu’il faut voir dans le passage de la prédication de saint Paul un épisode capital de l’histoire de l’Occident. ‘L’heure de la naissance de la citoyenneté en Occident’. » (Raymond Boudon) – Celui, Galates : 2,11… où Paul réprimande Pierre pour s’être écarté de la table des Gentils en voyant s’approcher des Juifs, naissance de l’égalité, correspond au célèbre du même : Il n’y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car, dans le Christ Jésus, vous ne faites tous qu’un… (Gal 3,28) – Incidemment : Max Weber, le sociologue, ne s’est jamais soucié d’apologétique chrétienne ou autre !

« Le citoyen est aujourd’hui dans une curieuse position. On lui lie les mains, on le jette à l’eau, on lui reproche de ne pas savoir nager et, en prime, on ironise sur le fait qu’il en perd le désir. » (Philippe Breton – sur le trouble que génère l’incompétence dans le domaine du parlé démocratique) – On le manipule, on le trompe, on lui ment, on l’empêche de s’exprimer, on le moque, on lui complique la vie de mille manières… Le citoyen le voit et le sait … Et on exige de lui qu’il subisse en approuvant et en riant.

« Par quelle opération le mot ‘citoyen’ est-il devenu un adjectif mis à toutes les sauces ? La perte du civisme et de la civilité va de pair avec l’inflation de l’épithète ‘citoyen’ chargé de promouvoir le bien-fondé d’un débat, d’une initiative, d’un concert, d’une marche. » (Pascal Bruckner)

« Les hommes ne sont pas liés les uns aux autres par des papiers et des tampons. Ils sont conduits à s’associer par des ressemblances, des conformités, des sympathies. » (Edmund Burke)

« Quand, influencé par des théories grossières et sans valeur ou assistant à la vieillesse d’une nation, il n’aperçoit pas dans les événements de la politique et de l’histoire les mêmes entraînements et les mêmes destins, il s’y juge peu profondément compromis, incline à séparer péremptoirement les affaires du monde et celles de son âme, et tire le meilleur de lui-même à l’écart de cette société où il voit régner des lois si étrangères à sa nature. Il s’isole, et son isolement, son hostilité même à l’égard de la société le conduisent à exprimer et à revendiquer pour son compte, à individualiser les valeurs essentielles de la vie affective… » (Roger Caillois) – Voilà où nous ont mené nos politicards.

« Si tout le monde a les mêmes droits que les citoyens, la citoyenneté n’a plus aucun sens ; c’est à peu près ce à quoi nous assistons. » (Renaud Camus)

« Que pourrait  bien être une citoyenneté …  qui ne conférerait pas à ceux qui la partagent, en même temps que des devoirs particuliers, des droits spécifiques ? Une telle citoyenneté n’en est pas une … Il est d’ailleurs significatif que l’adjectif citoyen, un des plus lourdement insistants du vocabulaire doxal contemporain, ne garde plus qu’une acception morale et civique, et serve à qualifier toute activité de bonne volonté dans la cité, sans qu’y reste attaché, la plupart du temps, de lien perceptible avec la citoyenneté. » (Renaud Camus)

« La société d’aujourd’hui n’est plus capable de les reproduire (des citoyens). Elle produit essentiellement des avides, des frustrés et des conformistes … Il n’y a plus de citoyens, il y a des consommateurs qui se contentent d’un vote d’approbation ou de désapprobation tous les cinq ans. » (Cornelius Castoriadis) – Ce qui arrange bien les oligarchies qui se repassent le pouvoir, hasard ?

« L’univers de l’homme ‘moyen’, de tous ces petits poseurs blasés, affamés d’optimisations, effarouchés par tout ce qui pèse et tout ce qui décide, scandalisés par la violence de tout ce qui tranche et fait face, bref, de tout ce qui a l’audace de se déterminer hors du stationnaire. » (Gilles Châtelet – Vivre et penser comme des porcs) – Le parfait citoyen moderne.

« Cet individu qui se hisse au-delà de ses intérêts particuliers et devient capable de prendre en compte et même de privilégier l’intérêt commun d’une société déterminée. » (Chantal Delsol) – C’était le sens ancien. Aujourd’hui, citoyen ne signifie plus que laquais soumis à la doxa dispensée par l’oligarchie.

« De Lénine à nos jours… l’on se trouve encore devant la trahison d’un peuple décevant : inapte à la citoyenneté  est le peuple qui ne  reconnaît pas la vision spécifique de l’avenir définie par les élites. » (Chantal Delsol)

« La citoyenneté démocratique suppose que le citoyen est directement membre de son pays, sans qu’on puisse insérer la médiation d’une communauté. » (Vincent Descombes) – Rigolade générale.

« Le mot ‘citoyen’ est devenu un mot valise qu’il faut accoler à tout : l’art doit être citoyen, la littérature doit être citoyenne etc. Chacun s’efforce de contribuer aux combats vertueux d’aujourd’hui, » (Benoît Duteutre)

 « Le citoyen, plein de droits, qui ne s’intéresse plus qu’à lui-même. » (Raphaël Enthoven)

« Un citoyen responsable n’est-il pas un homme qui a été instruit dans une idéologie spéciale … et qui porte maintenant son idéologie comme une tumeur mentale. » (Paul Feyerabend) – Surtout si l’idéologie en question n’énonce que le vide du relativisme et son corollaire totalitaire : la pensée unique et inexistante.

« La démocratie moderne place les droits du citoyen sous la surveillance des droits de l’homme. L’assemblée des citoyens ne peut voter une loi  contraire aux droits de l’homme. Or aujourd’hui plusieurs interprétations des droits de l’homme entrent en conflit. » (Alain Finkielkraut) – Que reste-t-il de la citoyenneté, de la démocratie, et même de la simple liberté ?

« Être citoyen, c’est faire l’effort rationnel de s’élever au-dessus de soi-même pour se mettre en état de juger de l’intérêt général, c’est se porter au-delà de l’individu naturel. » (Marcel Gauchet) – C’est quoi ça, l’intérêt général ?

« Nous sommes la première société qui n’est plus tendue vers l’aspiration à l’unité spirituelle de ses membres, à l’accord des convictions et des croyances … Selon Durkheim : Sans communion des esprits de la conscience collective, la société est ébranlée dans sa condition d’existence la plus fondamentale … Le principe d’appartenance n’est plus guère qu’une ombre anémique … Emerge la figure d’un individu pur, ne devant rien à la société, mais exigeant tout d’elle … Nous ne risquons plus l’Etat total, mais la déroute de l’Etat devant l’individu total. » (Marcel Gauchet)

« L’Etat-Providence a engendré la citoyenneté du créancier social … qui n’a plus grand-chose à voir avec le devoir civique. » (Marcel Gauchet)

« Le passage au premier plan des droits des individus, car c’est en ces termes qu’il faut traduire l’expression ‘droits de l’homme’ … Les individus entendent faire un usage public de leurs droits privés … Irrésistible entrée des principes de la démocratie dans les mœurs et réduction des ambitions de la démocratie … Chacun ayant à faire valoir sa particularité auprès d’une instance du général dont il ne lui est  demandé à aucun moment d’épouser le point de vue … Les intérêts n’ont plus à se légitimer par rapport à un intérêt d’ensemble … ils sont désormais tenus pour légitimes en eux-mêmes dans leur nudité solitaire. » (Marcel Gauchet)

« Citoyenneté lycéenne (oui, elle existe entre autres mille citoyennetés), pourquoi en rester là dans la logomachie de la citoyenneté et ne pas évoquer la ‘citoyenneté enseignante’, la ‘citoyenneté parentale’, la ‘citoyenneté personnel technique’, sans oublier la ‘citoyenneté des jeunes embauchés par les emplois jeunes’… » (Jean-Pierre Le Goff)

« Le citoyen est une variété de l’homme ; variété dégénérée ou primitive, il est à l’homme ce que le chat de gouttière est au chat sauvage. » (Rémy de Gourmont)

« La citoyenneté romaine, facteur d’universalité, la patrie ‘de nature’ et la patrie ‘de citoyenneté’ de Cicéron, patrie géographique et patrie de droit, celle où nous sommes ‘nés’ et celle qui nous a ‘accueillis’. » (François Jullien) – Début d’universalisation « Substitution d’une autre universalité par saint Paul faisant appel non plus à la loi, mais à la foi, capable d’atteindre jusque dans son destin le plus singulier la vie intime des sujets. Sans plus donc se superposer aux appartenances de groupe, comme la citoyenneté cicéronienne, mais en les abolissant. »

« Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où donc est la cité ? » (Saint-Just)

« Qu’est-ce qu’une nation qui ne préfère pas ses citoyens ? » (Hervé Juvin)

« L’homme en tant que citoyen et en tant que personne privée sont deux êtres différents et séparés, mais seul le second, le membre de la société civile, est l’être concret, ‘réel’ ; en tant que citoyen, il participe à la communauté abstraite qui doit sa réalité à une mystification idéologique. Cette mystification était inconnue de la société médiévale où la division de classe trouvait son expression directe dans l’ordre politique, où, autrement dit, la segmentation de la société civile se reflétait dans l’organisme politique. En abolissant la validité politique directe de la stratification de classe, les sociétés modernes ont divisé la vie sociale en deux domaines et cette division s’est transposée dans chaque existence individuelle. Elle est devenue la contradiction qui déchire chaque être humain entre son statut de personne privée et son rôle de citoyen. » (Leszek Kolakowski) – Pénible, et même dangereuse, dichotomie.

« L’ère de la citoyenneté utilitaire, Dans le meilleur des cas, la citoyenneté exprime moins la volonté de s’inscrire dans un projet collectif auquel on s’identifierait que le désir rationnel de recevoir quelque chose … ‘Qu’est-ce que cela me rapportera ?’. » (Zaki Laïdi)

« L’idéal du citoyen universellement compétent et souverain me semble faire partie des idéaux fallacieux. Il est hors d’atteinte … Au lieu de viser à faire de bons citoyens, la démocratie a produit une masse de dirigeants amateurs. » (Walter Lippman) – « On demande aux citoyens de s’occuper d’affaires qu’ils n’ont pas l’équipement mental pour réaliser … Chacun doit pouvoir donne  son avis sur tout … Qu’on cesse de culpabiliser le citoyen … L’image absurde d’un peuple en armes, constamment mobilisé, tiraillé par des engagements innombrables impossibles à tenir, houspillé pour son manque d’implication, pour son ignorance, pour son esprit volage, et qui devrait, toute affaire cessante, s’indigner de tout, s’intéresser à tout et s‘impliquer dans tout » (Bruno Latour – préface à  Walter Lippman – Le public fantôme)

« Par une vaste opération récupératrice, on est passé du  citoyen à ‘l’usager’, substituant la figure de l’usager à la figure politique du citoyen … Celui-là ne se percevant plus politiquement, simple réceptacle de la ‘culture’, c’est-à-dire d’un mélange d’idéologies, de représentations et de savoir, se bornant à revendiquer le bon fonctionnement des services publics … En effet, les représentations admises et les mots constamment employés véhiculent insidieusement une morale, une éthique et une esthétique non déclarées comme telles. » (Henri Lefebvre)

« Quand le monde entier fut citoyen romain, Rome n’eut plus de citoyens ; et quand citoyen romain fut synonyme de cosmopolite, on n’aima plus Rome ni le monde. » (Giacomo Leopardi) 

« Les citoyens qui ont été revêtus des plus grands emplois ne doivent pas  dédaigner les moindres. » (Machiavel) – Allez dire ça à nos princes richement pourvus !

« Le citoyenneté compris comme ‘arrachement aux appartenances’ ne tend-elle pas à détruire la citoyenneté ? … le vrai citoyen, désormais, c’est celui qui est détaché de toute communauté même civique ou qui porte la pluralité de ses attaches comme autant de liens qui ne le lient pas … Choisir à nouveau ses appartenances, et la liberté permanente de se délier … Quand on nous demande d’adhérer aux valeurs de la République, on ne nous demande rien, on ne nous demande que des abstentions. » (Pierre Manent) – Le zombie.

« T. H. Marshall affirme que le concept de citoyenneté peut être divisé en trois strates : la citoyenneté légale, la citoyenneté politique et la citoyenneté sociale. Chacune d’elles est caractérisée par un ensemble de droits et de privilèges. La citoyenneté légale consiste en la totalité des droits dont on dispose quant à l’ensemble des questions qui relèvent de la loi. La citoyenneté politique comporte au surplus des droits politiques (droit de vote, éligibilité). La citoyenneté sociale insère le citoyen dans les droits aux avantages sociaux (santé, éducation, allocs en tout genre) … Elles apparaissent dans l’ordre avec chaque siècle, XVIII°, XIX°, XX°. » (Avishaï Margalit – simplifié) – Il est bien évident que c’est la citoyenneté sociale qui offre le plus d’attraits.

« Si nous voulons que le mot citoyen garde son sens … il nous faut en finir avec la bienveillance, la compassion et le moralisme, et revenir aux conditions strictes de l’appartenance à une communauté républicaine. » (Yves Michaud)

« Dans notre bienveillance démocratique sans rivage, dont le droit d’asile et le principe du regroupement familial étaient l’expression aujourd’hui à bout de souffle, nous avons voulu croire …  qu’être citoyen est parfaitement désirable, au point de neutraliser tous les désaccords. » (Yves Michaud)

« Le citoyen est citoyen ; et tout ce qui est de l’ordre du beau et du bien se révèle citoyen. Il y a désormais des tas de choses citoyennes ; des corps citoyens, des pique-niques citoyens, des agriculteurs citoyens, une scolarité citoyenne, des piercings citoyens, des policiers citoyens, des entreprises citoyennes, des boutiques citoyennes, des écoles citoyennes, des spectacles citoyens, , une poésie citoyenne, des pères citoyens,  un théâtre citoyen, des artistes citoyens, un métro citoyen, des réveillons citoyens, une alimentation citoyenne, des journées citoyennes … et pourquoi pas aussi des morts citoyens, des téléphones portables citoyens, des maladies citoyennes, des arbres citoyens … Il y a bien, selon le nouveau ministre des finances, une mondialisation citoyenne … Le terme confère la sacralisation … Le touriste lui-même, ce véritable tueur en série du monde nouveau, cet authentique ‘criminel de paix’ toujours impuni, se retrouve nimbé de l’auréole citoyenne, ce qui le met au-dessus de toute critique et le charge d’une pseudo-mission civilisatrice capable de voiler ses fatales exactions. » (Philippe Muray) – Depuis ce regretté auteur, même des voitures ont reçu leur brevet de citoyenneté. 

« Il n’y a de citoyenneté politique véritable que si la distinction entre autochtone et étranger subsiste car en voulant nier les distinctions on accroît les malaises identitaires. » (Paul-François Paoli) – Serait-ce l’objectif, perturber tout le monde ?

Définition du citoyen moderne idéal : « Il doit naître enfant trouvé et mourir célibataire. » (Ernest Renan – qui entendait par là l’absence d’attaches, tout au moins autres que la soumission à la cité)

« La sempiternelle troupe de pétitionnaires, staliniens décomposés en tête, renforcée de quelques autres comiques, seconds rôles de cinéma, fantaisistes, députés verts, chanteurs de variétés et évêques ’in partibus’ … L’engeance citoyenniste. » (René Riesel)

« Je suis le concitoyen des hommes de l’avenir. » (Schiller) – Cela nous change des stupidités dites ‘citoyennes’ de notre époque.

« Je vois mal comment le civique peut continuer à exister en dehors du cadre national où il est né en Europe, je vois mal comment des institutions politiques européennes pourront avoir la force de  contrôler les passions nées des appartenances ou des fidélités ethnico-religieuses … Je vois mal comment elles pourraient mobiliser ‘le peuple européen’. » (Dominique Schnapper) – Mais elles n’ont pas l’intention de le mobiliser, elles ne sont là que pour le soumettre à la doxa mondialiste.

« Tension entre l’idée de transcendance des particularismes qui fondait la citoyenneté et cette intervention constante, toujours accrue, de l’Etat pour assurer l’égalité concrète de tous les individus. La démocratie providentielle risque toujours de remettre en question le principe de transcendance qui fondait le projet de citoyenneté. » (Dominique Schnapper – De la limite) – Que reste-t-il de la citoyenneté ? sinon le mot, galvaudé.

 « Dans la dialectique entre les deux pôles, celui de l’identité (fait, mémoire, émotion partagée, fusion avec le semblable)  et celui de la citoyenneté (histoire, choix, appel à la raison, détachement par rapport à soi-même), le premier tend à devenir prépondérant … ‘Au rebours de l’ancienne règle qui voulait qu’on se dépouille de ses particularités privées pour entrer dans l’espace public, c’est au titre de son identité privée qu’on entend compter dans l’espace public’ (Marcel Gauchet) … Jusqu’à quel point le privilège donné à la particularité contre l’aspiration à la transcendance, aux émotions et aux passions aux dépens du contrôle de la raison et de la loi remettent-ils en cause les moyens de vivre avec l’autre ? … Affaiblissement du civisme et épuisement de la transcendance républicaine sous l’effet de l’extension de l’idée et des valeurs démocratiques … Remise en question de l’utopie de la représentation et de la distinction entre les individus concrets, d’un côté, et la Cité ou le peuple au sens politique, de l’autre … La démocratie d’opinion est le règne de l’expert en communication … Le vote comme l’opinion publique elle-même, devient plus réactif et émotionnel. L’électorat réagit comme le public à une offre. » (Dominique Schnapper) – Derrière est la question : contre ces excès et même ces abus, des multiples formes de parité partout exigée à l’incapacité  d’adopter la moindre réforme structurelle, combien de temps va tenir la démocratie ou un semblant de cette forme ?

« Le citoyen est la figure politique dont le ‘propre intérêt’ est d’avoir des intérêts politiques et non des passions. » (Peter Sloterdijk) – A ceci près que l’intérêt politique, au moins chez les dirigeants, n’est que leur propre intérêt bien concret et que sa défense entraîne au moins une passion : la haine.

« On parle tellement des ‘droits de l’homme’ qu’on oublie que la Constituante parlait des droits de l’homme… et du citoyen. Qu’on est citoyen parce qu’on est un homme, et qu’on le reste parce qu’on est citoyen. » (Alain Soral) – Oui, mais les droits de l’homme, arme politique, n’ont rien à voir avec l’engagement du citoyen. Ils s’appliquent pour certains et pas pour d’autres.

Tous citoyens ou citoyennes : « Entreprises, villes, cinémas, espaces, média, mouvements, débats, forums, actions, déplacements même (Lionel Jospin jadis), science ; termes devenus labels de qualité pour l’ensemble des mouvances de gauche en France (à l’exception du MRC), alors même que le substantif ‘citoyen’ perdait son sens dans un contexte de dislocation du lien social. » (Pierre-André Taguieff – simplifié)

« Les plus grands changements surviennent dans son pays sans son concours, il ne sait même pas précisément ce qui s’est passé, il s’en doute. Toutes ces choses ne le regardent d’aucune façon, elles appartiennent à un étranger qui se nomme le gouvernement. On le voit osciller sans cesse entre la servitude et la licence. » (Alexis de Tocqueville)

« La ville antique aussi bien que la ville médiévale typique étaient un groupement de ‘citoyens’ reposant sur une sociétisation de type institutionnel et pourvu d’organes spécifiques et caractéristiques … Les citoyens relevaient d’un droit qui leur était commun et auquel ils étaient seuls à pouvoir accéder, ils formaient un ordre au sein duquel ils étaient des pairs … Sur quoi reposait donc le fait que le développement des villes se soit mis en branle dans le bassin méditerranéen puis en Europe et non en Asie ? … L’apparition d’une fraternisation urbaine, c’est-à-dire d’une commune urbaine, était entravée en Chine par la fermeture magique des parentèles, vecteurs d’affaires religieuses d’une importance cruciale : le culte des ancêtres et, en Inde, par des castes vecteurs de conduites spécifiques dont le respect conditionnait le salut lors de la réincarnation et, de ce fait, exclusives entre elles au niveau rituel …. Plus, dans le cas de la Chine, où le système des parentèles était quand même moins prégnant que le système des castes, la puissance monarchique et l’entretien d’armées de mercenaires gérées bureaucratiquement empêchant la naissance de communes de citoyens autonomes face à la puissance royale, puissance elle-même due à d’autres facteurs (régulation nécessaire des cours des fleuves et politique d’irrigation, créatrice de bureaucraties) » (Max Weber – La ville)

« Faire de nos rues, de nos villages et de nos quartiers le lieu d’une citoyenneté partagée. » (L’emphase habituelle d’une apparatchik, ministre de la culture – à propos d’une fête officielle, celle de la musique peut-être ?)

« Il est censé se préoccuper davantage du monde que de lui-même. » (?)

« Nous n’avons plus une république de citoyens, mais une société d’ayant-droits. » (?)

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