010,2 – Vivre avec son temps

– Les laquais y réussissent très bien. C’est même généralement à cette extraordinaire capacité de se courber, de ramper et d’inexister qu’on les reconnaît, de loin par nuit sans lune. Philippe Muray les désignait comme les approuveurs du monde.

-Comme notre temps est celui‘ des communautarismes plongés dans le multiculturalisme béni, pour conjurer les luttes et émeutes à venir, il suffit d’invoquer des mantras tels que : penser ensemble,  vivre ensemble,  réussir ensemble.

– « La dégradante obligation d’être de son temps. » (Chesterton)

– « Être de son temps c’est choisir le camp des vainqueurs. » (Bérénice Levet)

– « En prise avec son temps, d’autant plus aliéné par l’époque donc. » (?)

– « Celui qui épouse l’esprit d’une époque ne tardera pas à se retrouver veuf. » (?)

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« Toutes les basses époques sont caractérisées par une peur invincible devant la pensée et une fuite rassurante dans les idéologies ou les anti-idéologies. Même ce dont se repaît cette basse époque … la ‘culture’ ne va plus. Car tout ‘doit’ être nivelé par le bas, la quantité ‘doit l’emporter sur la qualité. » (Kostas Axelos)

« Les traits dépressifs et schizoïdes, hystériques, paranoïaques et obsessionnels de notre civilisation et de notre culture se développent de plus en plus. En tant que signe de quoi ? Plus que d’un malaise, plus que d’une crise, il s’agit de quelque chose semblable à un ébranlement du traditionnel et du coutumier, sans que l’horizon d’un autre enjeu ne s’ouvre aux êtres fatigués et usés que nous sommes. » (Kostas Axelos –  Problèmes de l’enjeu) – Nous avons voulu tout détruire, tout bouleverser.

« Toujours penser contre son temps, mais encore plus contre soi-même. » (Eugénie Bastié)

« S’il remplit son office, il est immédiatement honni par le laïc, dont il gêne l’intérêt (Socrate, Jésus..), s’il est loué par des séculiers, on peut dire qu’il est traître à sa fonction. » (Julien Benda – sur les clercs) – Un intellectuel loué par la meute est un intellectuel qui vit avec son temps, donc qui, très vraisemblablement, trahit les valeurs d’universalité dont il devrait être porteur.

« Ceux qui tiennent tête à l’esprit dominant mais que l’esprit dominant condamne à des positions de retrait. En priorité les gens simples (le peuple) et les penseurs authentiques. Les premiers protégés par leur absence de prétention et leur enracinement dans la vie concrète, les seconds par leur réflexion critique en esprit de vérité … les nouvelles élites sont occupées ailleurs. Elles travaillent au moyen des médias et de l’école à absorber le peuple, à le faire disparaître … à transformer les gens simples en opinants dociles. » (Philippe Bénéton) – Certains sont aussi protégés par leur sens de l’honnêteté et de la droiture contre l’avidité forcenée de l’esprit du temps actuel.

« Ce n’est pas ma nature de dire que je n’accepte pas les choses que je considère comme acquises. Comment dire : je n’accepte pas que l’Angleterre soit une île, que l’industrie américaine  soit plus importante que l’industrie brésilienne. J’accepte ce que je crois que je ne peux pas nier. Mais le fait de l’accepter ne veut pas du tout dire que je m’en réjouisse. » (Emmanuel Berl – A propos de son acceptation de l’armistice en 1940 et de sa fameuse écriture de deux des messages du maréchal Pétain) 

« Il faudrait toujours marcher avec son temps, même si le temps ne va nulle part. » (Georges Bernanos) – Pour ceux qui aiment marcher au pas, Gogos et Bobos.  

« ‘Je suis de mon temps’, répète-t-il et de l’air d’un homme qui rend témoignage de lui-même. Mais il n’a jamais pris garde qu’il reniait ainsi chaque fois le signe éternel dont il est marqué. » (Georges Bernanos – sur un prêtre mondain et progressiste)

« Gagner du temps n’est pas toujours un avantage. Lorsqu’on va vers l’échafaud, par exemple, il est préférable d’y aller à pied. »  (Georges Bernanos)

« Si ‘l’ouverture’ signifie qu’il faut ‘aller dans le sens du courant’, elle implique obligatoirement l’adaptation au présent … L’ouverture qui n’invite pas à la recherche de la connaissance mais à l’indifférence nous laisse être ce qu’il nous plaît d’être. » (Allan Bloom)

« ‘Il faut marcher avec son siècle’, disent les hommes qui prennent pour un siècle les courts moments où ils ont vécu … Ce n’est pas avec un siècle, c’est avec tous les  siècles qu’il faut marcher. » ( Louis de Bonald)

« Dévoiements de la renommée que rien ne vient plus corriger, mépris pour l’excellence, irresponsabilité professionnelle et  ‘novlangue en état d’ébriété’, marketing de soi au détriment d’une ‘tenue de vie’ personnelle, anesthésie de la sensibilité au profit d’émois grégaires, dégradation de l’imaginaire collectif et défiguration de la langue… » (Françoise Bonardel – s’inspirant de Pierre Mari)

« Modernité, ce mot n’exprime rien d’autre, dans la vulgarité de son emploi, que l’exigence d’être à la page. Car l’âge moderne se caractérise par une dynamique qui incite très fortement les citoyens à s’adapter bon gré mal gré au dernier état de la nouveauté. » (Jean Borie)

« Il faut être bien léger pour être dans le vent. » (Bertolt Brecht)

« ‘Aujourd’hui,  je suis de mon temps, le monde a changé et, moi, je l’ai bien remarqué’, les imbéciles, n’ayant d’ailleurs pas du tout idée de ce qu’était hier, ont l’impression que le monde commence avec eux. » (Belinda Cannone)

 « Quand on évoque la nécessité de s’adapter au goût du temps, on oublie que le goût du temps ne tient qu’à des gens qui ne veulent s’adapter à rien du tout … plusieurs millions de créatures effrayées qui s’adaptent toutes à une tendance qui n’existe pas …  Chacun renonce à sa fantaisie pour un ton général qui est en lui-même un renoncement. » (G. K. Chesterton)

« Il est toujours facile de laisser une époque en faire à sa tête. Ce qui est difficile c’est de garder la sienne. » (Chesterton)

« Se tenir à la page est la marque d’un esprit fluctuant qui ne poursuit rien de personnel. » (Emil Cioran)

« C’est un privilège que de vivre en conflit avec son temps. A chaque moment on est conscient qu’on ne pense pas comme les autres. » (Emil Cioran) – Comme on les oblige l à penser.

« Le comble du mauvais goût est, aujourd’hui, d’avoir l’air propret, c’est-à-dire benêt, guindé, naïf, engoncé … S’habiller est démodé. Votre ouverture d’esprit est proportionnel à celle de votre col … Un refus de se soumettre au devoir de son état (on disait autrefois à son devoir d’état) devenu terriblement banal y compris au plus haut sommet de l’Etat … La cravate en quinconce, la veste en accordéon et le pantalon tire-bouchon … Les petites blagues de gamin déplacées, la manière d’abaisser la fonction (face à Leonarda), les manières de Goujat (avec Valérie Trierweiler) … Puis sont arrivés Benalla, les gandins louches de Saint-Martin avec leur doigt d’honneur, les bains de foule s’approchant de la pratique de la vulgarité  et tout l’aréopage bigarré moins pressé de servir que de se servir … les tee-shirt à message porté dans la tribune présidentielle un 14 juillet par une membre du gouvernement… » (Gabrielle Cluzel) –On aura reconnu ce bouffon de François Hollande, ce jeune freluquet inculte d’Emmanuel Macron, l’arrogante sotte de Sibeth Ndiaye. La dictature du sans cravate, du port de la barbe

« D’une façon générale, tous ceux qui prétendaient, en France, à la frugalité, c’est-à-dire grossièrement le Peuple, furent convaincus de résistance au progrès, à la bonne marche des affaires et à l’investissement. Il fallut créer des zones d’activité, des navettes, etc. … réhabiliter, développer… » (Christian Combaz – Gens de Campagnol)

« Le sommet de la sagesse est d’éviter son siècle. » (Confucius)

« ‘Le Monde’, le journal le plus franchement maoïste paraissant hors de Chine ». (Guy Debord) – Depuis, cette publication, a changé de dada, mais toujours au service et dans le sens du vent.

« Qui embrasse trop étroitement son temps n’en sortira pas vivant. » (Régis Debray)

« Vouloir comprendre l’esprit du temps et par-dessus le marché être compris de lui, il y a là un cumul de mandats que la déontologie intellectuelle réprouve et que l’histoire des idées déconseille. » (Régis Debray) – Effectivement, ceux qui comprennent leur temps sont mis à l’index. Mieux vaut le flatter que l’analyser, pratique de toutes nos grandes gueules intello-médiatiques.

« Déceler, sous la quotidienne sommation d’épouser son temps sans rechigner, le renoncement  à le transformer. » (Régis Debray) – En clair : Jeunes gens, Fichez-nous la paix !

« ‘Il faut épouser son temps’ lança un jour Daumier à son ami Ingres, qu’il jugeait par trop ???. ‘Et si le temps a tort ?’ lui rétorqua ce dernier. » (cité par Régis Debray)

« L’air du temps fixe le cahier des charges – à notre insu. En 1960, le fond de toile était rouge ; il est passé ensuite au rose, puis au vert, et maintenant la bannière US étoile nos T-shirts. Chaque décennie sa dominante mais, en tout cas, la page n’est jamais blanche, et le moule jamais vide. … Les opiums du peuple successifs … le passé d’une illusion à peine  dénoncé et rejeté derrière nous qu’une autre arrive pour relancer l’affaire. » (Régis Debray) – Nous baignons dans l’air du temps, les modes de l’époque.   

« Comment Beyle (Stendhal) a-t-il pu doubler tous les tireurs de couverture à soi, dont beaucoup le valaient bien ? En s’abstenant de composer avec les enthousiasmes de son époque. .. Ne pas être un fils de son temps permet assez souvent d’être du suivant. Stendhal fut dans le sien un M. jadis. » (Régis Debray) – la meilleure façon de sombrer post-mortem, c’est effectivement d’épouser l’usuelle stupidité de son temps. 

« Il est toujours plus facile d’épouser une lubie que d’en divorcer. » (Régis Debray)

« S’adapter ! Coller aux circonstances ! Epouser son temps ! S’adapter, sous l’Occupation, c’était collaborer. » (un interlocuteur de Régis Debray)

« La question du non-contemporain (ceux qui refusent une société, sa forme, ses exigences…) prend aujourd’hui une importance particulière. En raison du temps, l’évolution des mentalités court à grande vitesse, rapidité inédite. En raison de l’espace, l’intrusion d’un monde nouveau dans des sociétés qui se sentent en rupture de ban avec la modernité … L’on est sommé de devenir moderne, occidental et postmoderne, de rallier l’humanitarisme qui signifie essentiellement le déploiement sans limite de la liberté individuelle.  » (Chantal Delsol – Le crépuscule de l’universel)   – Soit du chaos et de la guerre civile à venir.

« L’illusion du ‘Désormais’, ce que j’appelle la ‘Pensée-Désormais’, ce narcissisme historique propre à notre époque qui se croit tellement nouvelle, tellement exceptionnelle … la religion du contemporain …  … tellement incommensurable aux précédentes que ‘désormais’ rien ne serait plus comme avant… » (Jean-Philippe Domecq)

« A être dans le vent on risque de s’enrhumer. » (Jean Dutourd)

« Il est très rassurant de ne devoir s’occuper que de ses affaires privées… Il est très fatigant, très mauvais pour l’esprit et le caractère de devoir s’adapter chaque année ou chaque mois à des façons d’être ou de penser inconnues précédemment, de honnir tout à coup ce qu’on était tenu d’acclamer la veille, de se contraindre sans relâche à marcher avec son temps. » (Jean Dutourd)

« Rivarol offre un spectacle plus beau … celui d’un individu résistant tout seul aux courants de son époque. » (Jean Dutourd) – De nos jours, le gang politico-médiatique le jetterait aux lions.

« Il est ‘de son temps’, il est ‘au courant’, le nouveau est le plus important … Etonnante confusion, ne pas voir à quel point l’obéissance à l’instant, la réaction à l’actualité sont les plus radicales négations possibles de la liberté … la passion de l’actualité qui nous fixe au niveau des vaguelettes. » (Jacques Ellul – L’illusion politique)

« C’est quand le changement permanent mène au désastre écologique, éducatif et civilisationnel que nous sommes mis en demeure d’épouser notre temps et de ne voir dans le passé que préjugés et stéréotypes en tous genres. » (Alain Finkielkraut)

« Être à l’heure de la technique, c’est être productible, machinable, malléable, disponible. » (Alain Finkielkraut)

« Voulez-vous ne pas vous tromper ? Tenez pour fausses toutes les idées chères à votre temps. » (Gustave Flaubert – cité par Régis Debray)

« Il leur paraît tristement évident que le pape n’est pas en parfait accord avec son temps. Grave erreur qui fût déjà celle de Socrate, des prophètes, du Fondateur du christianisme… » (André Frossard – défense du pape) – Et de tant d’autres, résistants….

« Soyons sincères avec nous-mêmes, le virus n’est qu’un prétexte pour prolonger la décadence de notre civilisation.  Après la phase festive et ludique, nous sommes entrés dans la phase triste et punitive de notre déchéance. Nous sommes passés de l’orgie à l’incendie (de Rome). La jouissance sans entraves s’est métamorphosée en punition collective. Hier, il était interdit d’interdire. Aujourd’hui, il est interdit de respirer librement. Hier, on refusait d’emprisonner les fichés S. Aujourd’hui, on met en garde à vue les restaurateurs qui veulent travailler.  Le spectacle est le même, c’est la chute de l’Occident. Après l’Acte I, flamboyant, nous sommes en plein Acte II, terne et déprimant, un chef d’œuvre de désespoir. Le virus a, tel un coup de sifflet providentiel, invité le chef d’orchestre étourdi à changer de partition. Depuis, les notes stridentes de la tragédie ont couvert les mélodies légères de la comédie … » (Driss Ghali) 

« Les autres le font : alors, pourquoi pas nous ? L’évolution irrésistible de la société. Le sens de l’histoire… » (Clotilde Hamon) – Faire comme les plus cons. Et autres fariboles en réponse à ceux qui contestent une mesure, ou une réforme, généralement qualifiée de sociétale, et parfaitement stupide sinon extrêmement nocive.

« Il est plus difficile d’être de quelque part que d’être de son temps. » (Pierre Jakez Hélias – cité par Hervé Juvin)

« Ceux qui troublaient le sommeil du monde. » (expression de Johann Peter Hebel – que Freud s’appliquait à lui-même)

« On n’est pas responsable de son temps, mais on est fautif de ne pas s’en dissocier. » (Guy Hocquenghem)

« ‘Faites comme tout le monde’ susurrent tous les souffles de l’air du temps … Comme le plus grand nombre a probablement raison, il n’y a qu’à faire comme tout le monde, ‘ça ne coûte rien’. On ne vous demande pas de croire à grand-chose, il suffit de croire à la même chose que les autres. »  (Richard Hoggart) – La fabrique des laquais par les média.

« Vouloir être de son temps c’est déjà être dépassé. » (Eugène Ionesco)

« Il faut survoler son temps, être au-dessus, passer à travers pour ne pas disparaître avec lui. » (Eugène Ionesco) 

« Être en retard sur son temps, cela signifie en réalité ‘ne pas se laisser faire’, ‘ne pas se laisser prendre’. » (Eugène Ionesco)

« L’air du temps s’engouffre évidemment dans les esprits proportionnellement au vide qu’il y trouve, la culture constituant le seul filtre efficace. » (Lucien Jerphagnon) – D’où l’importance qu’il y a à éradiquer la vraie culture, la culture générale, pour laisser le champ libre à l’intoxication officielle.

« Le non-conformisme ne s’identifie pas à l’occupation d’une position particulière, en surplomb ou à l’écart ; il ne se résout pas dans la non-conformité, comme la publicité voudrait nous le faire croire ; il réside dans le désintérêt foncier pour tout étalonnage social ou mondain. En toutes circonstances, ignorer et rejeter les suggestions de l’esprit du temps, qui est le plus souvent l’esprit malin, dit saint Paul. » (Jacques Julliard – évoquant Simone Weil)

« Qui épouse l’esprit du temps sera vite veuf. » (Kierkegaard)

« Leur changement n’est ni leur création, ni leur invention, ni caprice, ni surprise, ni réflexion, ni folie … Il n’est qu’un ajustement très prosaïque à l’esprit changeant de l’Histoire …  dévoilement de non-individualité … C’est pourquoi ils ne s’en aperçoivent même pas ; en fin de compte, ils restent toujours les mêmes : toujours dans le vrai, pensant toujours ce que, dans leur milieu, il faut penser … Ils ne changent que pour se confondre avec les autres ; le changement leur permet de rester inchangés …  Gardent-ils dans leur mémoire l’histoire de leurs changements ?» (Milan Kundera – Les Testaments trahis – sur les changements d’opinion sur Lénine, sur l’Europe… sur tout) – On reconnaît le Bobo-laquais.

« Les femmes reflètent beaucoup plus profondément leur époque qu’un homme. La femme est plus docile à la mode, plus soumise à son temps, plus curieuse des mouvements, des nouveautés de son âge. » (Jacques Laurent) – A la fois force et faiblesse.

« La dégradation obligatoire d’être de son temps. » (Bérénice Levet)

« Une transcendance vide, une transcendance morte ; notre époque, l’empire du Rien. » (Benny Lévy) – « Absence de pasteur et règne du troupeau, ignorance de la Loi et prolifération des droits, oubli des hauteurs et bassesse de l’individu-roi. » (Jean Birnbaum – reprenant Benny Lévy) – Sur notre époque.  Et c’est avec ce temps qu’il faudrait vivre !

« Le vivre-ensemble, c’est chacun fait ce qui lui plaît. A condition de ne jamais déplaire. » (Elisabeth Lévy)

« Pourtant, s’il y a bien une chose que notre époque ne tolère pas, c’est qu’on ne l’aime pas. Pour la pensée dominante, que l’on disait hier de gauche et qui s’appelle aujourd’hui ‘progressiste’, toute innovation doit être un bienfait. Toute chose qui change se doit d’être quelque chose de bien, l’avenir est rose et souriant, à l’exception notable du changement climatique bien sûr. En conséquence, la nostalgie est un crime et l’approbation de ce qui se passe un devoir citoyen …  De quoi se plaignent-ils? Nous avons Greta Thunberg et le tri sélectif, les tablettes à l’école et bientôt la PMA pour toutes. Nous avons Twitter et le principe de précaution. Nous pouvons dénoncer quiconque fait une blague qui nous offusque, et obtenir le renvoi de n’importe quel dragueur lourd. Vous n’allez pas regretter ces temps obscurs d’avant la parité, la trottinette,  si ? » (Elisabeth Lévy)

« Même pour les choses sans importance, il est toujours bon de remplacer ses goûts et ses dégoûts par les normes du monde, ses conventions ou la mode … Extirper tout penchant particulier, à moins, bien entendu, qu’il ne s’avère être un péché. » (C. S. Lewis – Tactique du diable) – La fabrique des laquais.

« Efforce-toi de ne pas être de ton temps. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« Ceux qui n’ont pas eu d’autres soucis que de ‘marcher avec leur temps’, épousant ses goûts, ses idées, ses passions, ses préjugés, ses engouements, ses manies, ceux-là seront vite vieillis, dépassés. Ils sont, comme on dit, ‘à la page’ ; mais une page est vite tournée. » (cardinal Henri de Lubac)

« Point d’étude sérieuse sans un recul, un refus passager qui peut faire l’effet d’une désertion, d’une évasion… Ce n’est pourtant pas en se tenant toujours au courant de l’actualité quotidienne ou en discutant les slogans de l’homme de la rue et les dernières formes de l’objection courante qu’on vit avec son temps et qu’on se prépare à agir. » (cardinal Henri de Lubac)

« Il n’est rien en tant que tel et par conséquent, ce qui lui facilite la vie, n’a qu’à penser et à juger, cet esprit qui toujours court, est toujours au courant de ce qu’on doit faire maintenant pour être ‘dans le vent’. » (Thomas Mann) – « Le flot des spots publicitaires qui lui tiennent lieu de pensée. » (Max Picard) – Sur l’homme d’aujourd’hui.

« L’esprit du temps (le ‘zeitgeist’ allemand) n’est pas celui de toute l’époque, mais que ce que l’on considère et estime comme tel, trouve le plus souvent son assise dans une couche sociale qui, à un moment défini, a acquis une importance particulière et qui, par la suite, imprime sa marque intellectuelle aux autres courants. » (Karl Mannheim) – L’emprise de la couche supérieure Mondialo-Bobo.

 « La croyance dominante est inhabitable, l’incroyance personnelle est sans feu ni lieu. La plupart des hommes de ce temps sont ainsi rejetés d’une impossibilité à une autre : ils ne peuvent pas plus se fixer dans le credo général qu’ils ne parviennent à fixer l’expression de leur mécréance. » (Pierre Mari – sur l’impossibilité de croire à la doxa ambiante imposée et l’impossibilité de rester sans croire en rien) – Le moderne zombie.

« Je n’aime pas beaucoup l’air du temps et je ne sais pas bien ce que c’est que  la force des choses. » (Charles Maurras)

« La métaphore du branchement (‘branché’) en dit long sur l’état d servitude morale et physique de notre contemporain et sur une forme d’existence en-dessous de la vie. »  (Richard Millet)

« La vertu d’une pensée est d’adhérer au type même d’existence historique qui est le sien. » (Edgar Morin – cité par Bernard Charbonneau) lequel ajoute « Je ne doute pas que la pensée d’Edgar Morin, à force de rigueur, n’atteigne un jour à la profondeur de la superficialité du yéyé, en attendant celle du caillou. »

« Ils sont d’avant-hier et d’après-demain. Ils n’ont pas encore d’aujourd’hui. » (Nietzsche) – sur ses compatriotes, les Allemands. Mais on peut étendre.

« L’argent, la réussite, l’intégration dans un milieu reconnu aux bases solides, tous ces facteurs participent à une économie de soi. Il n’y a plus besoin de penser à ses désirs, à sa morale, à ses actes, à ses amis, à sa vie, plus besoin de comprendre, de chercher : votre milieu vous fournit tout ça clés en mains. » (Martin Page) – C’est bien reposant.

« Suivre son temps ? Allons donc, suivre est une activité de mouton, pas d‘être humain. » (Georges Palante)

« La classe dominante, dont le nouveau mode de production a créé une nouvelle forme de pouvoir et en conséquence une nouvelle forme de culture, a procédé ces dernières années en Italie (mais pas que là) au génocide des cultures particularistes (populaires) … Les jeunes sous-prolétaires romains (mais pas qu’eux) ont perdu leur ‘culture’, c’est-à-dire leur manière de se comporter, de parler, de juger la réalité. On leur a fourni un modèle de vie bourgeois (consumériste) … ils ont été classiquement détruits et embourgeoisés. Leur connotation de classe est maintenant purement économique et non plus ‘également’ culturelle. » (Pier Paolo Pasolini)

« Je vais bientôt avoir l’air moins con de ne pas avoir éprouvé l’urgent besoin de lire Marx, Freud, de ne pas avoir été stalinien, maoïste, Giscardien … vive la plèbe ! » (Georges Perros) – Suivant les époques … de ne pas lire Bourdieu, Badiou, Bernard Henri-Lévy, Alain Minc … ne pas avoir été socialiste, humanitaire, mondialiste, Bobo.

« Les snobismes de la mode sont marqués d’une extrême volatilité. » (Frédéric Rouvillois) – Au contraire du snobisme mondain (particules, noms, titres, décorations, cercles et clubs, anglomanie et cosmopolitisme…)

« Vivre ensemble sans savoir-vivre. » (Géraldine Smith – sur la société américaine) – Et pas seulement sur celle-ci.

« Jamais l’ami de l’opinion ne s’élève jusqu’à la connaissance réservée à l’ami de la vérité. » (Socrate ?)

« Être au courant’, c’est la façon d’être borné aujourd’hui. » (Botho Strauss)

« S’ils se détachent de leur monde, s’ils franchissent le seuil et referment derrière eux la porte, c’est que le monde qu’ils quittent est un monde fini. » (François Taillandier) – Au moins le considèrent-ils comme tel. Sur certains déserteurs (de qualité) de la société.

« Il imaginait ou prévoyait une situation qui pourrait advenir, où il serait trop tard pour expliquer quoi que ce soit, où celui qui tenterait encore de prendre le temps de l’intelligence passerait pour retardataire, irresponsable, aveugle à l’urgence : celui qui lève la main et réclame ‘un instant, je vous prie, un instant…’ dans la foule qui déjà s’est mise à courir. » (François Taillandier)

« Refuser les lieux communs du temps, ne pas se plier aux génuflexions d’usage. » (François Taillandier) – C’est encourir la haine de la meute médiatique chargée d’imposer la pourriture.

« Homme d’un autre temps, je me sens devenir étranger à celui-ci. » (Talleyrand ou François Taillandier)

« Être dans le vent : ambition de feuille morte. » (Gustave Thibon)

« Le fait tient lieu de valeur ; le vrai, c’est ce qui se dit, le beau ce qui se porte et le bien ce qui se fait. Pas d’autres critères que ces engouements collectifs qui se succèdent et s’annulent les uns les autres … la valeur se mesure au nombre et la moyenne remplace la règle. La minorité a tort et la majorité a raison … Ce qui importe, ce n’est pas la direction du fleuve ni la qualité de ses eaux, c’est d’être dans le courant. » (Gustave Thibon)

« L’Eglise est la seule chose qui puisse libérer un homme de la dégradante obligation d’être de son temps. » (Simone Weil) – Et aussi certains idéaux mis en pratique.

« Qu’y-a-t-il même de mal à être en avance sur son époque ? La trahison se confond, peu ou prou, de nos jours, avec l’air du temps … Elle est maintenant pour celui qui se cramponne au passé, tourne le dos aux impératifs de ‘l’aggiornamento. … la place du traître se trouve aujourd’hui occupée par le nostalgique de l’Etat-national à l’ancienne … Avec quel mépris (mêlé de quelles injures) les médias parlent de lui. » (Eric Werner – Le système de trahison)

« La moralité moderne veut que l’on adopte les normes de son époque. Qu’un homme cultivé puisse accepter les normes de son époque me semble la pire des immoralités. » (Oscar Wilde)

« Il faut être de son siècle. » (adage) – Horreur.

« On est plus le fils de son temps que le fils de son père. » (proverbe)

Ci-dessous, extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage de Jean-Pierre Garnier, Une violence éminemment contemporaine – Vivre ensemble certes, mais bien séparés.

« ‘La vérité, c’est que depuis toujours ceux qui régentent la ville rêvent de la vider de ses pauvres.’ (Eric Hazan) … Les couches populaires se voyaient de plus en plus privées au fur et à mesure de leur refoulement vers des périphéries éloignées où l’habitat,  désormais dissocié de la vie sociale qu’offrait jadis la ville, était réduit à la seule fonction instrumentale ignorant ‘l’habiter’, c’est-à-dire les différentes manières d’occuper un lieu … La ville duale (quartiers chics et …) … Colonisation des anciens quartiers ouvriers par les professionnels de la ‘société de services’ (battants, performants, publicitaires, journalistes et autres propagandistes médiatiques,  designers, architectes d’intérieur, créatifs, innovateurs et découvreurs en tous genres de l’ère ‘info-culturelle’), ‘gentrification’,  petite bourgeoisie moderniste qui a cessé d’être progressiste pour lequel le social importe peu, seul compte le ‘sociétal’  (une fraction de la bourgeoisie restant retranchées dans les beaux quartiers traditionnels ou dans les banlieues que l’on appelle ‘résidentielles’ pour les distinguer) … La restructuration urbaine par ‘destruction créatrice’ (réaménagement des quartiers populaires bien situés et expédition des anciens habitants en périphérie pour laisser place à un habitat de standing, des sièges sociaux, des équipements culturels prestigieux) … réhabilitation, réhabilitation, rénovation, réappropriation, renaissance, génération, revitalisation, requalification, renouvellement, reconquête, réaffectation (locaux  artisanaux ou industriels  reconvertis tantôt en ‘lofts’, tantôt en lieux destinés à des activités à forte connotation culturelle)…. Le quartier va mieux mais pas pour les mêmes personnes … ‘le Paris de l’Est n’aura rien à envier au Paris de l’Ouest’. »

Ci-dessous, extraits simplifiés et remanié de l’ouvrage de  Mark Hunyadi, l’homme en contexte (ouvrage fort difficile)

« – Contexte primaire : contexte directement à notre portée en tant qu’il est vécu- Contexte pratique : ensemble des connexions pratiques (actions et habitude acquises)  assurant concrètement notre relation au monde, imposant des manières de faire et d’être – Contexte causal :  facteurs déterminant nos conditions d’existence, déterminant notre contexte pratique – Contexte objectif :  étendue structurée en horizon qui englobe et dépasse tous les contextes à ma portée – Contexte d’arrière-plan : fonds culturel, réserve culturelle, nébuleuse alimentant notre réserve de sens, sans efficacité (sauf symbolique) sur le vécu des acteurs  … L’immense continent obscur de l’arrière-plan contextuellement déterminé des pratiques non réfléchies que présupposent les moindres de nos activités courantes ; marcher sur un trottoir, faire du vélo, tourner une clef dans une serrure (savoir que cela fonctionnera, confiance primaire…) … Stock de savoir … La nécessaire immersion de tout être humain dans un contexte (quelqu’un qui aujourd’hui défendrait l’esclavage passerait pour fou) … Une règle morale qui ne serait pas applicable à son contexte serait simplement dépourvue de signification morale …  Le contexte (notre monde historiquement constitué) est le grand oublié de la philosophie morale … Nous sommes enchâssés dans un contexte pratique qui est le sol de toute expérience possible, de l’agir, du sentir, du pâtir, du parler, du connaître … Contexte objectif au-delà de mon horizon effectif (mon contexte primaire , celui à ma portée) façonnant mon agir, etc. autant que j’agis, etc. … Nos actions de tous les jours où se vit notre connexion pratique au monde et se déploie notre confiance primaire sont déterminées par le vaste contexte causal qui les sous-tend (retirer de l’argent à un distributeur manifeste adhésion à un système indépendant mais imposant une autorité pratique) beaucoup plus étendu que mon contexte primaire (à ma portée) … Brisure du rapport au contexte, réflexion déclenchée par une dissonance, par un dérangement dans le train-train de l’habitude, par un événement déclencheur perturbateur (surprise, déception, désir insatisfait, intention inaboutie, situation inédite) … Changement de régime de conscience, prise de distance réflexive, changement de régime (au sens du régime d’un moteur), de la somnolence à la vigilance, de l’inattention à l’attention, de la dissipation à la concentration, de l’abstention à l’intervention … Changement du mode de relation à la parcelle de contexte considéré … L’événement ne prend son sens d’événement que sur le fonds d’un horizon de référence au nom duquel la réflexion est déclenchée. » 

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