-Personnage dénommé ‘Sage’ par les média : vieux cheval de retour de la politique mis au chaud par ses jeunes collègues reconnaissants, comme médiateur de l’inutile ou membre dormant d’un des multiples comités ou autorités prévus pour abriter confortablement ces retraités et destinés à leur fournir une très confortable pitance supplémentaire à toutes celles dont il bénéficie déjà. Les généreux contribuables devront en plus se trouver heureux si l’individu se contente dans cette nouvelle affectation de ne rien faire en jouissant paisiblement des privilèges dont il est gratifié et ne se révèle pas aussi nuisible qu’il ne le fût précédemment.
« Pourvu que ça dure. » (propos prêté à la mère de Napoléon – pensant au destin de son fils) – profonde sagesse.
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« La sagesse trouve sa force en reconnaissant ses limitations. »(Marcel Achard)
« La prudence ne commande pas à la sagesse, mais la sagesse à la prudence. La prudence introduit et prépare la route de la sagesse. » (saint Thomas d’Aquin)
« Il est clair que la sagesse sera la forme la plus élevée des formes du savoir … La sagesse sera ainsi raison intuitive et science. » (Aristote)
« Le sage poursuit l’absence de douleur et non le plaisir. » (Aristote – Ethique à Nicomaque)
« Trop de sagesse empêche parfois de faire de grandes choses. » (Lucien Arréat)
« La sagesse marche devant comme la maîtresse, l’éloquence s’avance après comme la suivante. Elle doit suivre sans être appelée. » (saint Augustin)
« La force pour changer ce que je peux changer, la sérénité pour accepter ce que je ne peux changer, la sagesse pour distinguer l’un de l’autre. » (Marc-Aurèle)
« Il faut aimer ce qui t’arrive. » (Marc-Aurèle)
« N’use point ta part de vie à te faire des idées sur ce que font les autres. Que les choses à venir ne te tourmentent point. Tu les affronteras, s’il le faut, muni de la même raison dont maintenant tu te sers dans les choses présentes. Ne te laisse point prendre au tourbillon ; mais, dans tout élan, propose-toi le juste et, dans toute représentation, sauvegarde ta faculté de comprendre. Efface l’imagination. Arrête cette agitation de pantin. Circonscris le moment actuel. Comprends ce qui t’arrive. Distingue et analyse, en l’objet qui t’occupe, sa cause et sa matière. » (Marc-Aurèle) – « Pour les Anciens la philosophie était une manière de vivre, de professer un mode de vie différent de celui des autres hommes. » (Pierre Hadot)
« ‘L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis … ‘Vouloir’ nous brûle et ‘Pouvoir’ nous détruit ; mais ’Savoir’ laisse notre faible organisation dans un état perpétuel de calme … Le mot de ‘Sagesse’ ne vient-il pas de savoir ? Et qu’est-ce que la folie, sinon l’excès d’un vouloir ou d’un pouvoir ? » (Balzac – La Peau de chagrin)
« ‘Amor fati’, maxime de Nietzsche, de Montherlant… Ce n’est pas le goût du pire, ni la simple acceptation du sort. C’est le vouloir possessif et conscient de ce qui doit être. » (Alain de Benoist)
« Elle (la sagesse) n’a guère de fidèles aujourd’hui … Quand on use de ce mot si désuet qu’il en devient provocateur, quand on parle de ‘sages’ c’est pour évoquer des experts qu’on interroge sur une conjoncture monétaire ou un conflit social … Pour l’héroïsme on se bouscule au portillon, mais la sagesse ? … Mais la sagesse n’est pas la mesure. Elles n’ont rien à faire ensemble. La sagesse discerne le bon chemin du mauvais, elle ne veut nullement qu’on s’arrête à mi-chemin. Elle ne coupe pas les poires en deux, elle mange tout ou jette tout … Ce n’est pas elle qui pose la question de savoir ‘jusqu’où on peut aller trop loin’ … Elle doit juger juste, elle n’est pas obligée de découvrir les remèdes aux maladies qu’elle diagnostique … Elle réconcilie le double besoin de conserver ce qui existe et d’accueillir ce qui survient. » (Emmanuel Berl – Suite de considérations éparses sur la sagesse)
« Les questions auxquelles je m’achoppe, elle ne les a sans doute pas résolues, mais elle a cessé de se les poser. » (Emmanuel Berl) – Sagesse. Un jour il faut cesser de chercher à savoir.
« L’humanité qui devrait avoir 6.000 ans de sagesse retombe en enfance à chaque génération. » (Tristan Bernard)
« L’impression que notre population est en général mieux ‘éduquée’ est fondée sur une ambiguïté du sens du mot ‘éducation’ ou sur l’escamotage de la distinction entre éducation littéraire et éducation technique. Un informaticien doté d’une haute formation n’a pas besoin d’avoir appris davantage de choses sur la morale, la politique ou la religion que le plus ignorant des hommes … Tout au contraire, l’enseignement étroit reçu, les préjugés et l’orgueil qui y sont associés peuvent avoir pour effet de le couper complètement de la culture générale que des gens plus simples étaient accoutumés à absorber par le truchement d’une quantité de sources traditionnelles diverses. » (Allan Bloom) – Voir la stupidité prétentieuse générale de nos élites.
« Mettre de l’eau dans son vin, dit-on. – C’est une antiphrase. L’homme sage met de l’eau dans le vin des autres, le plus d’eau possible et boit lui-même du vin pur. Mais ceci n’est que le commencement de la sagesse. Le fin de la sagesse, ce serait le déluge, et on refuse d’aller jusque-là… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, L)
« Platon a raison de penser que seuls les sages ont le pouvoir de réaliser leurs désirs tandis que les malhonnêtes gens effectuent ce qui leur fait plaisir mais n’ont pas le pouvoir de satisfaire leurs désirs. » (Boèce)
« La sagesse apprend beaucoup si elle apprend à se taire. » (Bossuet)
« Pour Sénèque, si nous pouvons parvenir à la sagesse, c’est en apprenant à ne pas aggraver l’obstination du monde par nos propres réactions : accès de colère, apitoiement sur soi-même, anxiété, amertume, présomption, etc. … La tâche de la philosophie est de préparer pour nos désirs l’impact le plus doux possible sur le mur inébranlable de la réalité. » (Alain de Botton)
« La sagesse suppose équilibre entre l’individu et le monde et cet équilibre est rompu depuis longtemps, au moins depuis les débuts de la révolution industrielle. » (Pascal Bruckner)
« De l’expérience et du souvenir du bonheur, puissé-je avoir retiré l’art de savoir m’en passer. » (Léon Brunschvig – cité par Emmanuel Levinas)
« Il y a dans quelques hommes une certaine médiocrité d’esprit qui contribue à les rendre sages. » (La Bruyère)
«Être sage, c’est maintenir l’équilibre entre le savoir et le non-savoir. Il ne faut pas que le savoir appauvrisse son contraire. » (Elias Canetti)
« Même lorsque nous pensons, pour les raisons les plus rationnelles, que nous avons pris la bonne décision, cette décision peut s’avérer mauvaise et même catastrophique. Rien ne peut a priori garantir la justesse d’un acte ; pas même la raison. Et, par-dessus tout : c’est de la folie que de prétendre à tout prix ‘être sage tout seul’. » (Cornelius Castoriadis)
« Pas de sagesse sans défiance. L’Ecriture a dit que le commencement de la sagesse était la crainte de Dieu ; moi, je crois que c’est la crainte des hommes. » (Chamfort)
« L’homme, dans l’état actuel de la société, me paraît plus corrompu par sa raison que par ses passions. Ses passions (celles qui appartiennent à l’homme primitif) ont conservé, dans l’ordre social, le peu de nature qu’on y retrouve encore. Les passions font ‘vivre’ l’homme, la sagesse le fait seulement ‘durer’. » (Chamfort)
« Penser à quoi ? A rien. Cela se nomme la sagesse. » (Jacques Chardonne)
« Certains font consister la sagesse à n’avoir point d’idées par eux-mêmes ; et la prudence à être toujours de l’avis de ceux qu’ils fréquentent. » (Hyacinthe de Charencey)
« Confiance en soi et sérénité, tels sont les suprêmes conseils de la sagesse. » (Alphonse de Châteaubriant)
« Il me semblait qu’un homme sage, s’il doit s’employer avec une vigilance lucide à conduire sa destinée, doit aussi savoir s’enfermer dans un fatalisme impassible, non dépourvu de curiosité, dans les moments où cette conduite échappe à ses moyens, où il devient le jeu des événements. C’est assez que de tendre toute son attention, tout son effort à conserver la maîtrise de soi, sans prétendre à tout coup maîtriser le destin : le sentiment de votre impuissance n’entraîne alors que la rage ou l’angoisse. » (Louis Martin-Chauffier)
« Il est plus sage de s’allonger dans l’herbe et de contempler les nuages que de s’enfermer dans une bibliothèque. » (Chesterton)
« Le vulgaire réduit la sagesse au conformisme. » (Emil Cioran)
« Le sage est celui qui consent à tout parce qu’il ne s’identifie avec rien. Un opportuniste sans désirs. » (Emil Cioran)
« Elle n’est nullement confortable la condition de celui qui, après avoir demandé à la sagesse de le délivrer de lui-même et du monde, en vient à l’exécrer, à ne voir en elle qu’une entrave de plus. » (Emil Cioran)
« Elle est le plus grand malheur qui puisse s’attacher à nos ambitions et à nos talents, elle les assagit, autant dire qu’elle les tue … Avons-nous attenté à nos désirs, brimé et étouffé nos attaches et nos passions ? Nous maudirons ceux qui nous y ont encouragé, en premier lieu le sage en nous, notre plus redoutable ennemi, coupable de nous avoir guéri de tout sans nous avoir ôté le regret de rien. » (Emil Cioran)
« Que la sagesse est si néfaste à celui qui veut se manifester et exercer ses dons. Elle est ce continuel dépouillement dont on n’approche qu’en sabotant ce qu’on possède d’irremplaçable en bien et en mal ; elle ne débouche sur rien, elle est l’impasse érigée en discipline. A l’extase, qui excuse et rachète les religions dans leur ensemble, qu’a-t-elle à opposer ? Un système de capitulations : la retenue, l’abstention, le recul… une sérénité minérale. » (Emil Cioran)
« Il n’y a pas de médicament contre (les moments de détresse, de désespoir), mais une promenade au cimetière est une leçon de sagesse, presque automatique. » (Emil Cioran)
« La résignation du sage surgit du vide et non du feu intérieur. » (Emil Cioran) – « La sagesse n’est que le fait d’une déperdition d’énergie. » (?)
« Ce qu’on appelle ‘sagesse’ n’est au fond qu’une perpétuelle ‘réflexion faite’, c’est-à-dire la non action comme premier mouvement. » (Emil Cioran)
« Le sage en nous ruine tous nos élans, il est le saboteur qui nous diminue et nous paralyse, qui guette le fou en nous pour le calmer et le compromettre, pour le déshonorer. » (Emil Cioran)
« La sagesse se définit par opposition au désir, parce qu’elle s’emploie à nous rendre supérieurs aux déceptions courantes, ainsi qu’aux déceptions dramatiques … du fait de désirer, d’attendre, d’espérer. » (Emil Cioran)
« Je hais les sages pour leur complaisance, leur lâcheté et leur réserve. J’aime infiniment plus les passions dévorantes que l’humeur égale qui rend insensible au plaisir comme à la douleur. Le sage ignore le tragique de la passion … de même qu’il méconnaît l’élan et le risque, l’héroïsme barbare, grotesque ou sublime. Il s’exprime en maximes et donne des conseils. Le sage ne vit rien, ne ressent rien, il ne désire ni n’attend … L’existence du sage est vide et stérile, car dépourvue d’antinomies et de désespoir … La résignation du sage surgit du vide, et non du feu intérieur. » (Emil Cioran)
« Le commencement de la victoire sur la colère est le silence des lèvres au milieu des tumultes du cœur. Le progrès vers la victoire consiste dans le silence des pensées au milieu des tumultes de l’âme. Et la perfection dans une constante sérénité parmi le souffle des vents impurs. » (saint Jean Climaque – cité par Richard Millet)
« Ma formule pour ce qu’il y a de grand dans l’homme est ‘amor fati’ : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles des siècles … Ce qui a le caractère de la nécessité ne me blesse pas. » (Nietzsche – Ecce homo) – « ‘L’amor fati’ définit un fatalisme libéré du ressentiment, un consentement à la vie, ‘l’adhésion allègre à la nécessité’ (Julien Gracq), ‘un optimisme sans progressisme’ (Roland Barthes), l’énergie du désespoir de Chateaubriand, le nihilisme actif de Nietzsche, la ‘vitalité désespérée’ de Pasolini. » (Antoine Compagnon)
« La clef de la sagesse est de penser toute chose sur le fond de l’infini. » (Marcel Conche) – Seulement, en athéisme affirmé (dont l’auteur était un militant), l’infini n’est ni trop loin, ni trop vaste.
« Conservons par la sagesse ce que nous avons acquis par l’enthousiasme. » (Condorcet – sur la Révolution)
« Le sommet de la sagesse est d’éviter son siècle. » (Confucius)
« Avantage de l’Aventin sur l’actif au turbin : la clairvoyance. » (Régis Debray) – Sur le recul, la distance à prendre…
« Le sage est celui qui se suffit. Qui ne cherche ni ne veut point au-delà … Celui qui ne doit connaître ni l’enthousiasme ni l’indignation … La question de la sagesse est : ‘comment bien vivre ?’ … Le sage contemporain doit être, comme tous les sages du monde, un renonçant … aux croyances illusoires, aux passions sauvages et aux besoins superflus … Il ne cherche pas midi à quatorze heures… Le sage doit se libérer des nostalgies du passé et des craintes de l’avenir … Il se voue tout entier à l’acte présent. » (Chantal Delsol)
« Le vide d’espoir qui creuse le moment contemporain est un double vide. L’espoir s’est effiloché des deux côtés par où il passait. Après avoir évincé l’attente messianique, la croyance dans le progrès indéfini … s’est effacée … Seules les sagesses permettent de faire face à un monde désarrimé de l’espoir. Le renouveau présent de pensées proches du stoïcisme marque l’emprise d’une inquiétude visible à d’autres époques de l’histoire. » (Chantal Delsol)
« Il est plus aisé de faire le fou avec les fous que le sage tout seul. » (Diderot)
« Le sage meurt tout aussi bien que le fou. » (Ecclésiaste)
« Cette vertu qu’il appelait ‘prudence’ dont la tâche est de ‘conserver la mémoire des expériences acquises, d’avoir le sens exact des fins, la prompte attention face à la conjoncture, la recherche rationnelle et progressive, la prévision des contingences futures, la circonspection face aux occasions, la précaution devant les complexités et le discernement devant les conditions exceptionnelles’. » (Umberto Eco – citant saint Thomas d’Aquin)
« Où est la sagesse que nous avons perdue dans la connaissance ?
« Où est la connaissance que nous avons perdue dans l’information ? (T. S. Eliot)
« Ne demande point que les choses arrivent comme tu les désires, mais désire qu’elles arrivent comme elles arrivent, et tu prospèreras toujours … car il est impossible que ce qui arrive soit autre que ce que c’est. » (Epictète)
« Il eût mieux fait d’enseigner que, pour vivre en homme, il faut s’abstenir de sagesse. Ce qui lui a valu de boire la ciguë, n’est-ce pas précisément l’inculpation de sagesse. » (Erasme – Sur Socrate)
« Comme il est d’une suprême sottise d’exprimer une vérité à contretemps, il est de la dernière maladresse d’être sage à contretemps. Il agit à contretemps celui qui ne sait s’accommoder des choses telles qu’elles sont, qui n’obéit pas aux usages, qui oublie cette loi des banquets : ‘Bois, ou va-t-en !’ et qui demande que la comédie ne soit pas une comédie. » (Erasme)
« C’est auprès d’un sage qu’il faut apprendre la sagesse. » (Euripide)
« Si la sagesse pratique l’emporte, ce n’est pas à la force des choses qu’on le devra, c’est à des hommes assez fatigués pour s’affranchir de la pensée binaire, et assez intrépides pour l’affronter. » (Alain Finkielkraut) – Sur un conflit, mais pertinent pour tous les conflits, personnels comme collectifs.
« Au rebours de l’orgueilleuse raison des Lumières, la sagesse conservatrice fait crédit aux morts, c’est-à dire à la raison cachée dans les coutumes, dans les institutions et dans les idées reçues. » (Alain Finkielkraut)
« Le sage dit, selon les gens – Vive le Roi ! Vive la Ligue ! » (La Fontaine – La chauve- souris et les deux belettes)
« Tel est le sort de l’homme : il s’instruit avec l’âge,
« Mais que sert d’être sage,
« Quand le terme est si près ? » (Fontanes)
« Je méprise cette sorte de sagesse à laquelle on ne parvient que par refroidissement ou par lassitude. » (André Gide)
« Le sage est celui qui s’étonne de tout. » (André Gide)
« Mieux vaut être fou avec tous que sage tout seul. » (Baltasar Gracian)
« Un début de sagesse consisterait à ne pas attendre comme une fête l’avènement de ce que nous avons imaginé, mais à nous réjouir comme d’une surprise de ce que nous n’attendions pas et que nous n’aurions même jamais pu imaginer … Presque tout serait surprise à qui, attendant toujours, ne s’attendrait à rien. Alors accueillerions-nous et célébrerions-nous comme une munificence la gloire de chaque instant. » (Nicolas Grimaldi)
« Il ne cesse jamais d’avoir le tout constamment à l’esprit, n’oublie jamais le monde, pense et agit par rapport au cosmos. » (Bernard Groethuysen) – définissant le sage.
« Le vrai sage ne lie à aucune croyance, parce qu’il est au-delà de toutes les croyances particulières ayant obtenu la connaissance de ce qu est leur principe commun ; et c’est précisément pour cela qu’il peut, suivant les circonstances, parler le langage propre à chaque croyance. » (René Guénon)
« Toute sagesse est l’acceptation de quelque incohérence, elle se place donc du côté de l’imperfection. » (Jean Guitton)
« Ni trop, ni trop tôt, ni trop à la fois. Attendre l’heure convenable, agir selon ses possibilités, savoir aussi pratiquer le non-agir, tout ce qu’on nomme patience. La conspiration avec la durée, l’art de neutraliser le hasard défavorable, de multiplier le hasard favorable … Une certaine nonchalance, de la placidité afin que tout mûrisse, laisser l’insoluble… L’art d’agir n’est pas simple… » (Jean Guitton) – Patience, et aussi sagesse.
« L’Occident enseigne la sagesse, mais il ne la pratique guère. C’est qu’il a trop à faire. » (Jean Guitton)
« Ou l’on est ‘sage’ ou l’on est ‘non sage’. Il n’y a pas de milieu, il n’y a pas de degré dans la non-sagesse. » (Pierre Hadot – évoquant la sagesse stoïcienne)
« Toujours, à nouveau, il s’agit de remettre en ordre un discours intérieur qui se disperse et se dilue dans la futilité et la routine. » (Pierre Hadot)
« La chouette de Minerve (l’oiseau de la sagesse, qui voit dans l’obscurité) ne prend son envol qu’au crépuscule. » (phrase célèbre et énigmatique de Hegel) « Le soupçon de Hegel : la perception de la réalité, apparaît seulement lorsqu’elle a accompli et terminé son processus de formation. » (Enrique Valiente Noailles) – Le retard pris par la conscience sur l’action. On ne comprend qu’après l’Idée qui inconsciemment agissait dans l’homme d’action. C’est au soir de la vie qu’on commence à penser en se détachant, ou bien la réflexion, la méditation est nocturne, ou bien la philosophie est discrète, à l’écart de l’action, ou bien encore la conscience, l’esprit, n’émerge qu’au moment où tout va finir (catastrophisme actuel), la connaissance doit attendre pour la comprendre que la réalité soit réalisée ou en passe d’être, etc. etc.
« Une déesse qui, au milieu de ces doux loisirs, conserve néanmoins toujours une cuirasse, le casque en tête et la lance à la main. » (Heinrich Heine) – Athéna, déesse de la sagesse… Le monde est dangereux, ne pas relâcher sa vigilance.
« C’est une erreur que de parler de la sagesse des vieillards. Ce n’est pas plus sage qu’ils deviennent, c’est plus prudents. » (Hemingway)
« Un savoir multiplié n’enseigne pas la sagesse. » (Héraclite)
« Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse. On peut la trouver, on peut en vivre, on peut s’en faire un sentier, on peut, grâce à elle, opérer des miracles, mais quant à la dire et à l’enseigner, non, cela ne se peut pas. » (Hermann Hesse – Siddartha)
« S’habiller à sa taille et se chausser à son pied, voilà la sagesse. » (Horace)
« Il faut savoir oublier la sagesse à propos. » (Horace)
« L’homme trouve la raison en lui et la sagesse hors de lui. » (Victor Hugo)
« La raison peut aboutir à une catastrophe ; la sagesse a ses naufrages, qui sont plus laids que ceux de la folie. » (Edmond Jaloux – sur la vie d’Henri-Frédéric Amiel)
« La sagesse commence au point précis où le cynisme de l’analyse ne nous gâte plus le plaisir ingénu de la synthèse ; car on peut à la fois vénérer et comprendre. » (Vladimir Jankélévitch)
« La sagesse prudentielle est, comme l’idéalisme, la philosophie du lendemain et de la généralité : toujours plus tard, toujours ailleurs, toujours un autre ! » (Vladimir Jankélévitch)
« Cherchez la sagesse plus que la vérité ; elle est plus à notre portée. » (Joseph Joubert)
« La sagesse est le repos dans la lumière. » (Joseph Joubert)
« Cette zone de recueillement où ‘tout passe, se calme, se ralentit, se tranquillise et dépose ses propre excès’ … ’Une ‘clôture’ qui protège, une quiétude qui ‘ouate les remparts’, une ‘alcôve’, une défense pour ‘amortir les chocs’ et mettre le ‘cœur en repos’.’» (Joseph Joubert – évoquant sa séparation, son éloignement, sa discrétion…) – Sagesse que cette prise de distance.
« La seule sagesse est de faire que notre bonheur et notre humeur ne dépendent que de nous-mêmes. » (Marcel Jouhandeau)
« ‘Nous ne regardons d’ordinaire aucune de nos sensations comme étant sagesse’. La ‘sophia’, autrement dit, est de quitter le singulier de la sensation, le savoir se trouvant définitivement écarté de la saveur des choses. » (François Jullien – citant Aristote)
« Il n’y a pas, pour elle ; d’une part, le plan de la connaissance, de l’autre, celui de l’action : sage est celui qui, accédant à l’intuition du dynamisme impliqué dans le cours des choses (et mis en valeur an tant que ‘Tao’) se garde d’aller à son encontre et tend au contraire à le laisser œuvrer … le plus complètement possible. » (François Jullien – sur la pensée chinoise)
« Après la précipitation du désir, passé le temps d’imposer son projet aux choses, il est un temps où l’on commence à laisser venir, dit Montaigne, à laisser passer, à laisser les choses se passer, la sagesse vient, toute seule … On n’éprouve plus le désir qu’elles soient autrement, on les prend simplement comme elles viennent, sans plus les juger. » (François Jullien)
Emmanuel Kant évoque « la sagesse négative. » – Celle qui s’exprime par le refus.
« Plus un homme est sot, plus tout lui paraît naturel ; l’étonnement est le privilège du sage. » (Hermann von Keyserling)
« Si le sage ne combat pas, ce n’est pas parce qu’il refuse dès l’abord le combat, comme chose inutile, mais parce qu’il a fini de combattre, parce qu’il est déjà arrivé à l’accord parfait avec soi-même et avec le monde … Dans la profondeur du mythe hindou, l’état du Brahmane doit être précédé par le type du Kschattrya, du chevalier : il n’y a pas de connaissance sans combat ; seul celui qui a bravement combattu est mûr pour la paix divine du sage. » (Hermann von Keyserling)
« La sagesse antique cherchait avant tout et surtout à nous apprendre à renoncer, à nous apprendre à nous passer des choses que nous désirons ou pourrions désirer : des bonnes choses de ce monde ; la non-sagesse moderne s’applique, au contraire, à satisfaire nos désirs, et même à les provoquer. » (Alexandre Koyré)
« La sagesse est l’un des grands réconforts du grand âge, mais en la considérant comme une simple consolation on lui retire tout sens ou toute valeur plus haute. La réelle valeur de la sagesse accumulée au cours d’une vie réside dans le fait de pouvoir en faire bénéficier les générations futures. Or notre société a perdu cette conception de la sagesse et de la connaissance. Elle s’attache à une vue instrumentale ; l’évolution technologique rend la connaissance perpétuellement caduque et par conséquent non transmissible. » (Christopher Lasch)
« La sagesse est une aptitude non point à se dominer, mais à se posséder. » (Louis Lavelle)
« Les sages ne disent pas tout ce qu’ils pensent, mais ils pensent tout ce qu’ils disent. » (G. Lessing)
« La sagesse : diminuer ses rapports avec les hommes, les augmenter avec les choses. » (duc de Lévis)
« ‘Toujours’, ‘jamais’ ; ces deux mots manquent dans le dictionnaire des sages. » (duc de Lévis)
« Tout ce qui vraiment peut rendre sage réside en ceci : poursuivre en tout la meilleure des fins et prendre les hommes comme ils sont. » (Georg Christoph Lichtenberg)
« Où la science a-t-elle pris que l’homme n’agissait jamais que par intérêt ? … Comme si l’homme était toujours sage ! … Il agira contre son intérêt plutôt que d’abdiquer sa liberté. Son propre vouloir, son caprice, sa fantaisie la plus folle, (ses obsessions, ses haines…), voilà le plus intéressant des intérêts. » (cardinal Henri de Lubac – interprétant Dostoïevski, L’homme du souterrain)
« Ce n’est pas un extrémiste, ni un homme partial. C’est un sage. Il est équitable. Il se garde de toute passion. Au reste, il a de l’expérience, il sait qu’en toute affaire les torts sont partagés. Aussi recourt-on volontiers à son arbitrage. De deux adversaires qui le prennent à témoin, si l’un dit que deux et deux font cinq, et l’autre qu’ils font quatre, il penche prudemment vers la solution moyenne : deux et deux, suggère-t-il, font à peu près quatre et demi. » (cardinal Henri de Lubac)
« Si jamais j’acquiers la sagesse je serai assez sage, j’espère, pour en tirer parti. » (Somerset Maugham)
« Jusqu’à très récemment, l’impuissance humaine … facilitait la tâche de la réflexion et de la sagesse en garantissant le respect pour ainsi dire ‘naturel’ des limites. Les normes de sagesse et de mesure étaient d’autant plus solides, évidentes et rassurantes qu’elles s’adossaient à d’autres, invisibles mais bien réelles, celles d’un principe de réalité d’acier. … Le régime démocratique de notre existence complique encore une situation déjà compliquée par l’élargissement de nos pouvoirs. » (Yves Michaud – reprenant Sloterdijk)
« Que subsiste-t-il quand les dieux se sont retirés ? Le sage ou le savant, fut-il longtemps répondu, en particulier au XIX° siècle quand il était question d’un gouvernement de savants. Que se passe-t-il quand les sages eux-mêmes se retirent ? Il nous reste ‘notre absence de savoir et notre demi-connaissance’. » (Yves Michaud – citant Peter Sloterdijk)
« A force de sagesse on peut être blâmable ;
« La parfaite raison fuit toute extrémité
« Et veut que l’on soit sage avec sobriété. » (Molière- Le Misanthrope)
« Quand bien nous pourrions être savants du savoir d’autrui, au moins sages ne pouvons nous être que de notre propre sagesse. » (Montaigne)
« La sagesse a ses excès et n’a pas moins besoin de modération que la folie … Ne soyez pas plus sages qu’il ne faut, mais soyez sobrement sages. » (Montaigne)
« La chasteté que je dois au bénéfice de ma cholique … nous appelons sagesse la difficulté de nos humeurs. » (Montaigne)
« Pour réussir dans le monde il faut avoir l’air fou et être sage. » (Montaigne)
« Notre grand et glorieux chef-d’œuvre, c’est vivre à propos. » (Montaigne)
« Le sage vit tant qu’il doit, non pas tant qu’il peut. » (Montaigne)
« Le sage s’efforce de ne pas voir les premiers plans immédiats, qui s’enfuient, mais de fixer les yeux sur les lointains, qui sont immobiles. » (Paul Morand) – Et alors l’information en temps réel, la stupidité de l’immédiateté ?
« Dans les temps anciens on parlait des sages. Aujourd’hui nous savons que folie et sagesse sont deux pôles de notre vie. Nous ne savons jamais si nous avons été sages. » (Edgar Morin)
« Être sage en se servant de la tête de quelqu’un d’autre… c’est sans doute moindre que le savoir personnel, mais cela vaut infiniment plus que l’orgueil stérile de celui qui n’obtient pas l’indépendance du savant et méprise en même temps la dépendance du croyant. » (cardinal Newman)
« Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. » (Nietzsche)
« La charité du sage le pousse parfois à paraître ému, fâché, réjoui pour ne pas blesser son entourage par sa froideur et la lucidité de sa vraie nature. » (Nietzsche)
« La sagesse est toujours un corbeau sur des cadavres. » (Nietzsche) – Nietzsche, le grand pourfendeur de la raison.
« Convaincus que les questions affaiblissent, de génération en génération nous nous étions méfié des questions. De tout temps, de tout cœur, aux questions sans réponse, nous avions préféré les réponses sans question. » (Jean d’Ormesson)
« Deux façons d’aller à la sagesse : se priver de tout, c’est dangereux, la satiété, c’est plus sûr. » (Louis Pauwels)
« Si les sagesses païennes et orientales résident dans la neutralité courageuse et somme triste, dans cette égalité d’âme qui reflète l’insignifiance ou l’ordonnance étrangère de l’univers, la sagesse chrétienne est son contraire absolu : elle naît de notre corps à corps avec le monde, les êtres, et dans les violentes contradictions de notre nature. La sagesse chrétienne est un combat de l’homme dans tous les sens, heurts de passions, vie et mort exaltées. Ce n’est jamais le non-désir, cet idéal des spiritualités païennes, mais à l’opposé, désirs avivés, créatures en effervescence et en qui s’incarnent pour partie Dieu, pour partie le démon … Alors que le non-désir est le paradis stoïcien ou indien, il est enfer et ténèbres pour la sagesse chrétienne. » (Louis Pauwels)
« Le contraire de la sagesse est assurément le déni du réel. » (Charles Pépin)
« Plutôt que de refaire le monde, regarder plutôt passer les femmes. » (Picasso ou Aragon – en terrasse de café) – Grande sagesse.
« L’homme qui doit toute son instruction à l’écriture, n’aura jamais que l’apparence de la sagesse. » (Platon)
« C’est le fait d’un homme sage que de tirer profit de ses ennemis. » (Plutarque)
« On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même. » (Marcel Proust)
« Il n’y a pas d’homme, si sage qu’il soit, qui n’ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles, ou mené une vie, dont le souvenir lui soit désagréable et qu’il souhaiterait être aboli. Mais il ne doit pas absolument le regretter, parce qu’il ne peut être assuré d’être devenu un sage, dans la mesure où cela est possible, que s’il a passé par toutes les incarnations ridicules ou odieuses qui doivent précéder cette dernière incarnation-là. » (Marcel Proust – cité par Olivier Rey) – Et pourtant on le regrette d’autant plus que l’on approche de la sagesse.
« On reconnaît le sage à la sobriété de son langage. » (un pythagoricien)
« Le sage est celui dont le libre arbitre agit comme un ressort oscillant autour d’un état moyen raisonnable, celui de l’homme ‘moyen’ … Le sage ne s’écarte que peu de l’état moyen dans lequel il croit devoir se resserrer … L’homme ‘moyen’ est à la nation ce que le centre de gravité est à un corps. » (Quételet) – Pas très ambitieux.
« Le lecteur apprendra d’abord avec l’exemple de Socrate à ne plus souffrir de son ‘manque de popularité’. Après quoi il lui sera loisible de trouver chez Epicure les moyens de résister aux soucis d’argent, chez Montaigne ceux de surmonter ses problèmes sexuels et chez Schopenhauer l’arme pour affronter ses déceptions amoureuses. La philosophie sera ainsi rendue à sa fonction : changer la vie de ceux qui s’y dévouent. » (Jacques Rancière – ironisant sur un manuel de philosophie à l’usage de tous)
« La sagesse n’est pas de cheminer dans le juste milieu sur un sentier produit par l’effondrement de deux montagnes mais de marcher sur un chemin de crête flanqué d’abimes de chaque côté. » (Paul Ricœur)
« Quelques sages s’avancent solitaire sur le chemin qui conduit à un renoncement complet de la plainte elle-même … L’horizon vers lequel se dirige cette sagesse me paraît être un renoncement aux désirs mêmes dont la blessure engendre la plainte : renoncement au désir d’être récompensé pour ses vertus, renoncement au désir d’être épargné par la souffrance, renoncement à la composante infantile du désir d’immortalité. » (Paul Ricœur)
« L’amour du repos a formé plus d’un sage. » (Rivarol)
« Il est plus aisé d’être sage pour les autres que de l’être pour soi-même. » (La Rochefoucauld)
« La constance des sages n’est que l’art de renfermer leur agitation dans le cœur. » (La Rochefoucauld)
« C’est une grande folie que de vouloir être sage tout seul. »(La Rochefoucauld)
« On trouve des moyens pour guérir de la folie, mais on n’en trouve point pour redresser un esprit de travers. » (La Rochefoucauld) – De toutes manières, de nos jours, la tâche serait insurmontable, car trop vaste.
« Quand on ne trouve point son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs. » (La Rochefoucauld)
« La plus grande sagesse d’un homme consiste à connaître ses folies. » (marquise de Sablé)
« Un cœur qui écoute » (Salomon, demandant au Seigneur) – Demande de sagesse.
« Celui qui cherche la sagesse est un sage, celui qui croit l’avoir trouvée est un fou. » (Sénèque)
« Toujours vouloir la même chose, toujours refuser la même chose. » (Sénèque)
« Le sage se suffit à lui-même en ce qu’il peut se passer d’amis, mais il ne le désire pas. » (Sénèque)
« Le sage vit aussi longtemps qu’il le doit et non aussi longtemps qu’il le peut. » (Sénèque – cité par Roland Jaccard – à propos du suicide)
« Tu ne devras pas te vanter de cette philosophie que tu pratiques … Qu’elle te libère de tes vices sans te pousser à en remontrer à autrui. Qu’elle ne t’éloigne pas du mode de vie commun et qu’elle n’ait pas l’air de condamner ce qu’elle ne fait pas. On peut être sage sans ostentation ni provocation. » (Sénèque – du temps de Sénèque, l’étude de la philosophie était conçue comme l’apprentissage de la sagesse)
« On reconnaît le sage à la sobriété de son langage. » (Sextus, Pythagoricien)
« La sérénité conduit hors de fausses attitudes d’effort, mais plus encore elle éloigne des faux soulagements que procurent les processus de mobilisation … la sérénité colore la connaissance de soi du sujet qui sait combien on s’épuise à vouloir l’impossible. » (Peter Sloterdijk) – Mobilisation : activisme débridé actuel.
« La sagesse est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit. » (Spinoza)
« La sagesse se reconnait au bonheur, bonheur qui n’est pas obtenu à coups de drogues, de mensonges, d’illusions, de ‘divertissement’ au sens pascalien du terme, C’est un bonheur qui s’obtiendrait dans un certain rapport à la vérité. La sagesse, c’est le bonheur dans la vérité … C’est le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité. » (André Comte-Sponville)
« Qu’est-ce qui nous manque pour être heureux, quand on a tout pour l’être et qu’on ne l’est pas. Il nous manque la sagesse. » (André Comte-Sponville)
« Ce qu’on est convenu d’appeler sagesse n’est souvent qu’impuissance de l’imagination. » (baron de Stassart)
« L’homme sage est occupé dans la dernière partie de sa vie à de guérir des folies, préjugés et fausses opinions qu’il avait contractés dans la première. » (Jonathan Swift)
« Qui hante les sages devient sage, qui va avec les insensés se perd. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)
« Dame sagesse bâtit sa maison, dame folie renverse la sienne de ses propres mains. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)
« C’est une couronne d’honneur que les cheveux blancs, sur le chemin de la sagesse on la trouve. » (Ancien Testament – Livre des Proverbes)
« Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable ; et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. Je l’ai aimée plus que la santé et la beauté ; je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. Tous les biens me sont venus avec elle, et, par ses mains une richesse incalculable. » (Ancien Testament – Livre de la Sagesse)
« La sagesse est une victoire sur soi et non sur les choses. » (Gustave Thibon)
« Le sage sait au fond de lui-même prendre des distances avec la sagesse. Il n’est pas dupe de ses connaissances quand l’ignare l’est de son ignorance. » (Gustave Thibon)
– Le propre de la sagesse est de connaître la limite dans tous les cas concrets. » (Gustave Thibon)
« Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. » (Gustave Thibon)
« Un aspect de la sagesse : l’indifférence à l’égard de ce qui passionne le commun des mortels. » (Gustave Thibon)
« La sagesse inférieure se mesure au nombre de questions qu’elle résout, la sagesse supérieure au nombre de questions qu’elle supprime. » (Gustave Thibon)
« Dernière étape de la sagesse : savoir qu’on ne sait pas ce qu’on sait. » (Gustave Thibon)
« La sagesse n’est ni héréditaire ni contagieuse : on y parvient, plus ou moins, mais toujours et seulement seul, non du fait d’appartenir à un groupe ou à un Etat. » (Tzvetan Todorov)
« Le sage est sans opinion. » (Lao-Tseu)
« Le sage, sans agir, œuvre. » (Lao Tseu)
« Le sage se désintéresse des choses pour s’abandonner à leur cours, et ainsi il fait bon ménage avec elles. » (Houai-Nan-Tseu)
« Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur, instinct et raison… » (Dominique Venner – sur les Grecs et la sagesse) – Toujours exact pour la sagesse sinon pour les Grecs.
« Le sage doit garder un vice pour ses vieux jours. » (Alexandre Vialatte)
« Qui ne sait point être pieux, ne peut être non plus vraiment sage. » (Giambattista Vico) – Fin de son livre La science nouvelle.
« La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit. » (Oscar Wilde)
« La sagesse est grise. » (Ludwig Wittgenstein)
« Les choses ont une base et une structure et les événements ont un commencement et une fin. C’est pourquoi connaître la suite logique ou l’ordre relatif des phénomènes, c’est le commencement de la sagesse … Ceux qui désiraient ordonner leur vie nationale commençaient par régler leur vie de famille. Ceux qui désiraient régler leur vie de famille cultivaient leur vie intérieure, etc. … Tous doivent envisager la culture de la vie intérieure comme la racine ou la base de l’univers. Là où la racine est mauvaise ou la base branlante, il ne peut y avoir de pousse robuste, ni de construction solide. Jamais un arbre au tronc maigre et chétif ne porte à son sommet des branches fortes et vigoureuses. » (Lin Yutang – à propos de Confucius)
« A un fidèle qui se croyait maudit parce que sa tartine tombait toujours du mauvais côté, son rabbin, aussi pieux qu’instruit, lui demanda : ‘Mon fils, es-tu sûr de mettre le beurre du bon côté ?’ » (histoire juive – contée par Lucien Jerphagnon)
« L’âge fait le sage. » (adage)
« La gravité n’est que l’écorce de la sagesse, mais elle la conserve. » (proverbe)
« Cinq degrés pour être sage : se taire, écouter, se rappeler, agir, étudier. » (proverbe)
« Si la barbe blanche faisait les sages, les chèvres devraient l’être. » (proverbe)
« La sagesse consiste à connaître la valeur de ce que nous possédons. » (proverbe)
« Celui qui se lève matin pour trouver la sagesse la trouve assise à sa porte. » (proverbe)
« Celui qui fréquente les sages devient sage. » (proverbe)
« Le sage ne dit pas ce qu’il sait, le sot ne sait pas ce qu’il dit. » (proverbe)
« Le sage s’interroge lui-même, le sot interroge les autres. » (proverbe)
« Le sage voit l’ensemble, non le détail, il attend tout de lui-même. » (?)
« La sagesse : être traversé par ce qui vient de plus loin que moi et qui me permet d’exister. » (?)
« Un homme mérite de passer pour sage tant qu’il est à la recherche de la sagesse, dés qu’il croit l’avoir acquise il est un sot. » (?)
« C’est de la folie que de vouloir être sage tout seul. » (?)
« Comme il est à la fois grand et périlleux de s’efforcer à la sagesse quand le monde est troublé. » (?) – Dans ces périodes, comme actuellement, c’est s’exposer à rien moins qu’au lynchage.
« Il faut être en dehors pour voir le dedans. » (?) – Nécessité de la distance à prendre pour discerner, voir clair.
« La sagesse étant le savoir que confèrent l’expérience et la maturité. » (?)
« Méditation sur les gaffes commises. » (?)
« Enseignez la sagesse plutôt que le savoir. » (?)
Ci-dessous extraits d’un petit livre de Martin Buber, Le chemin de l’homme, reprenant les principaux thèmes de la doctrine hassidique.
« ‘Commencer par soi, mais non finir par soi ; se prendre pour point de départ, mais non pour but ; se connaître, mais non se préoccuper de soi’ … La doctrine hassidique enseigne que l’on atteint la sagesse non en se détachant du monde, mais en s’en imprégnant profondément pour mieux le comprendre … Ce n’est pas de toi mais du monde qu’il faut te préoccuper … Dieu dit à Adam : ‘Où es-tu ?’, comprendre : ‘Où en es-tu dans ton monde ?’ … Adam se cache pour n’avoir pas à se justifier, pour échapper à la responsabilité de sa vie, ainsi se cache chaque homme … Le retour décisif sur soi-même est le commencement du chemin, mais il n’est décisif que s’il mène au chemin. Car il existe aussi un retour sur soi-même infécond qui ne mène qu’au tourment, au désespoir et à l’enlisement … La valeur de notre œuvre réside en ce que nous réalisons de notre propre manière et de notre propre force … Chaque homme, quelque chose de nouveau, d’unique, qui n’a pas encore existé … Les homme sont inégaux par nature … ‘Pourquoi n’as-tu pas été toi-même ?’… ‘Dans chaque être, il est un trésor qui ne se trouve en aucun autre’ … C’est le va-et-vient, le fait d’agir en zigzag qui est suspect, L’opposé du ‘ravaudage’ est l’ouvrage fait d’une seule pièce, comment : pas autrement qu’avec une âme unifiée … Chaque œuvre que j’exécute d’une âme unifiée agit en retour sur mon âme, agit dans le sens d’une unification nouvelle et plus haute … L’âme, l’homme entier, corps et esprit … ‘Tout ce qu’il t’est donné de faire, fais-le avec toute ta force !’… ‘Règle du jeu de dames : On ne peut faire deux pas à la fois – N’aller qu’en avant et ne jamais reculer – Lorsqu’on est parvenu jusqu’en haut, on a le droit d’aller partout où on le veut’… Commencer par soi-même … N’importe l’autre (adversaire ou non) auquel je fais face, le point d’Archimède à partir duquel je peux, en mon lieu, mouvoir le monde est la transformation de moi-même, me ‘rajuster’ … Dire ce que je pense et faire ce que je dis … L’homme qui s’est égaré dans le chaos de l’égoïsme, où il était toujours lui-même le but qu’il se fixait … Se garder de se prendre soi-même pour but … Le trésor de l’accomplissement de l’existence, le lieu où se trouve ce trésor est le lieu où l’on se trouve … C’est dans le milieu que je ressens comme mon milieu naturel, dans la situation qui m’est échue en partage, dans ce qui jour après jour m’arrive, dans ce qui jour après jour me réclame, c’est là que réside ma tâche essentielle, là est l’accomplissement de l’existence qui s’offre à ma portée. »
Ci-dessous, extraits du livre de François Jullien, Un sage est sans idée, sur la sagesse chinoise, dont on peut voir l’écart avec la philosophie occidentale.
« L’idée, c’est comme le papier d’argent qu’on ne peut plus rendre lisse une fois qu’il a été froissé (Wittgenstein) … Un sage est sans idée … il n’est en possession d’aucune, prisonnier d’aucune … il n’en met en avant aucune … Il ne laisse se former aucun pli dans son esprit … Pour que le monde puisse continuer à s’offrir à vous, et que, pour cela, il puisse demeurer indéfiniment égal, étale, il faut renoncer à l’arbitraire d’une première idée, d’une idée mise en premier … car toute première idée est déjà sectaire … Ne rien se mettre en tête pour garder au réel sa virtualité … Le sage ne cesserait de tenir toujours ‘tout ouvert’ parce qu’il ne cesse de tenir toujours ‘tout ensemble’ … Ne mettant rien en avant, se défiant d’un début, car nos débuts sont arbitraires ou particuliers … Incurable banalité de la sagesse, part anhistorique de la pensée … rien à débattre, ni contestation possible, ni avenir, rien à espérer … de tous les âges, de toutes les traditions … ‘tout tenir sur le même plan’, elle est irrémédiablement plate… ‘Les quatre choses dont le maître était exempt : il était sans idée (il n’en privilégie ni n’en exclut aucune, sans vision préconçue), sans nécessité (aucune ne prédétermine sa conduite, ne le codifie par avance, pas de ‘il faut’, sans principes), sans position (sa conduite évolue avec le réel qui ne cesse de se transformer) et sans moi (rien qui puisse particulariser sa personnalité, sur lui rien à dire, rien à louer, il est sans caractère et sans qualité)’ (tiré de Confucius) … La sagesse telle qu’elle peut se réaliser à chaque instant : le ‘possible’ et le ‘moment’ … de la complaisance à l’intransigeance, de l’engagement au retrait, en couvrant la gamme entière … Pensée des extrêmes variant d’un pôle à l’autre, déployant le réel dans toutes ses possibilités … Le milieu n’est pas de s’arrêter à mi-chemin, lequel n’est qu’une possibilité qui en manque cent autres, mais de pouvoir passer également de l’un à l’autre (de la passion à l’impassibilité, de la fête à la solitude, du travail au plaisir), positivement pouvoir également l’un et l’autre, et non, négativement, comme de n’oser ni l’un ni l’autre, vivre alternativement les deux à fond … De moi, on pourra dire que je suis sans caractère … Ce juste milieu là s’oppose à la demi-mesure d’une sagesse timorée … Ce n’est pas ‘soit l’un, soit l’autre’ … Est sage qui a dépassé les contradictions, qui n’exclut plus … IL ne prend pas plaisir à chercher (la vérité, le bonheur…), comme le philosophe ; cette tension est brimante … Il ne s’agit pas de résoudre la contradiction en dialectisant les deux termes de l’opposition pour leur découvrir une catégorie supérieure (procédé de la dialectique) où retrouver leur unité, mais de ne se laisser accaparer par aucune des deux thèses en présence, de façon à pouvoir évoluer librement entre elles, sans être inféodé d’aucun côté … Il n’y a pas de promotion d’unité supérieure, mais affranchissement intérieur par absence de parti pris … Aussi la sagesse ne peut avoir d’histoire, elle n’attend pas sa validation d’autrui, elle ne communique pas … Le contraire de la sagesse est, non le faux, mais le partial (le partiel) … La suspension du jugement est systématiquement organisée, l’on renvoie dos à dos les jugements contradictoires des écoles … ‘Mais il n’est pas dédaigneux à l’égard du commun des existants’ (Yi King ou Yi Jing), le sage est dans le monde … Ni il ne ‘colle’, ni il ne ‘quitte’, ni il ne renonce ni il s’englue. Il y évolue. Il vit au gré. »