« Si l’amour de soi est tout à fait naturel … l’amour-propre, au contraire, est avant tout stimulé par une incessante comparaison de soi avec les autres. Relevant … de l’orgueil et de la vanité, il est source de destruction du lien social, source de cette guerre permanente de tous contre tous. » (Alain de Benoist)
« Il est plus facile que ce que l’on croit de se haïr ; la grâce est de s’oublier. » (Georges Bernanos)
« L’amour-propre est la plus ombrageuse des passions, à telle enseigne que nous en voulons plus à la personne qui nous apprend que nous avons été trompé qu’à celle-là même qui nous a floué. » (Albert Brie)
« L’ennemi de l’amour, c’est l’amour-propre. » (Jacques de Bourbon-Busset)
« Mon amour-propre a péri dans le naufrage de l’intérêt que je prenais aux hommes. » (Chamfort – d’un homme traqué négligeant ses talents et insensible à la gloire)
« Plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud plutôt que tiède. » (Dostoïevski – Les possédés)
« L’homme est un mécanisme que l’amour-propre remonte chaque jour. » (Louis Dumur)
« Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège … ‘L’amour de soi qui ne regarde qu’à nous est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible.’ L’amour-propre, c’est précisément la perte de toute propriété, l’hémorragie du moi, la soumission intégrale de l’être au regard et au jugement des autres. » (Alain Finkielkraut – citant J. J. Rousseau et commentant les Carnets du sous-sol de Dostoïevski)
« L’amour-propre humilié et offensé se tait et se glace. » (Baltasar Gracian)
« Le seul amour fidèle c’est l’amour-propre. » (Sacha Guitry)
« Dans le mythe ancien, la faute de Narcisse était de mépriser l’amour d’autrui et de s’isoler dans l’amour exclusif de soi-même … Narcissisme selon Freud : tendance à se regarder soi-même, à se soucier avant tout de sa propre image … ‘Le fond de notre mal est de nous aimer d’un amour aveugle, qui va jusqu’à l’idolâtrie’. » (Louis Lavelle – citant Fénelon)
« C’est par amour-propre que l’on aime tant les gens modestes. » (duc de Lévis)
« Les passions diminuent et s’éteignent lorsque les moyens physique de les satisfaire s’affaiblissent. Mais, l’amour-propre, toujours aux aguets, cherche à faire attribuer à la sagesse ce qui n’est que l’effet de l’âge et de l’impuissance. » (duc de Lévis)
« La jalousie dure plus longtemps que l’amour. C’est que l’amour-propre est le dernier qui s’en va. » (prince de Ligne)
« Il y a autant de vices qui proviennent de ce qu’on ne s’estime pas assez que de ce qu’on s’estime trop. » (Montesquieu)
« On blesse l’amour-propre, on ne le tue pas. » (Henry de Montherlant)
« Autrefois, le touriste était le spectateur admiratif du monde. Désormais, le monde est le décor laudatif de l’amour de soi. » (Denis Olivennes)
« L’amour-propre est ce qui reste d’animal en l’homme malgré des siècles de domestication éthique … Reliquat naturel … Impossible à éradiquer … Puissance dotée d’une formidable propension à l’expansion aveugle … Son fonctionnement est simple : tout ce qui lui résiste doit périr, volatilisé, anéanti ou, plus subtilement, intégré, digéré, assimilé … Son objectif : l’empire sur le monde, le triomphe du moi sur le réel … Avec lui disparaissent les facultés de clairvoyance au profit d’un aveuglement sur son propre compte, et sur celui d’autrui … Illusion sur soi qu’on imagine angélique, épargné par le négatif ; illusion sur autrui qu’on pense emblématique du pire. » (Michel Onfray)
« La dupe du flatteur voit le réel sous le prisme grossissant de l’amour-propre … c’est notre bonne opinion de nous-même qui, nous flattant la première, nous rend plus vulnérables à la flatterie extérieure et nous y prépare » (Plutarque)
« Pourquoi l’amour est-il toujours aussi mécontent de lui, et pourquoi l’amour-propre en est-il toujours si content ? C’est que tout est recette pour l’un, et que tout est dépense pour l’autre. » (Rivarol)
« L’amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs. » (La Rochefoucauld)
« Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions. » (La Rochefoucauld)
« L’amour de soi, cessant d’être un sentiment absolu, devient orgueil dans les grandes âmes, vanité dans les petites. » (J. J. Rousseau)
« Il ne faut pas confondre l’amour-propre et l’amour de soi-même … L’amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation … L’amour-propre n’est qu’un sentiment relatif, factice et né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement. » (J. J. Rousseau)
« Les passions primitives portant sur des objets tendant à notre bonheur… sont toutes aimantes et douces par leur essence ; mais quand, détournées de leur objet par des obstacles, elles s’occupent plus de l’obstacle pour l’écarter que de l’objet pour l’atteindre, alors … elles deviennent irascibles et haineuses. Et voilà comment l’amour de soi qui est un sentiment bon et absolu devient amour-propre ; c’est-à-dire un sentiment relatif par lequel on se compare, qui demande des préférences, dont la jouissance est purement négative et qui ne cherche plus à se satisfaire pour notre propre bien, mais seulement par le mal d’autrui. » (J. J. Rousseau – cité par Jean-Pierre Dupuy))
« L’amour-propre, toujours maître des hommes corrompt les forts par l’orgueil, les faibles par la vanité. » (Louis-Philippe de Ségur)
« Peu de choses rabaissent plus l’amour-propre que d’entendre un disque d’une conférence qu’on a déjà faite. » (Père Fulton Sheen)
« L’amour-propre irrité chez le peuple ne ressemble point à nos nuances fugitives ; c’est le besoin de donner la mort » (madame de Staël) – Il suffit d’avoir vu une fois dans sa vie une foule lyncheuse à l’occasion d’une soi-disant libération, révolution…
« Il n’est pas mauvais que notre amour-propre tombe à plat de temps en temps, pourvu qu’il ait la force de se relever. » (Edmond Thiaudière)
« Il est beaucoup plus difficile qu’on ne croit de s’aimer soi-même. » (Miguel de Unamuno)
« Nous n’avons pas assez d’amour-propre pour dédaigner le mépris d’autrui. » (Vauvenargues)
« Le potentiel destructeur de l’envie se trouve au fondement de la distinction de Rousseau entre l’égoïsme ou ‘l’amour de soi’ (lequel est naturel) et ‘l’amour-propre’, la préférence perverse de soi-même aux autres, en vertu de laquelle l’individu consacre ses efforts non pas sur la réalisation d’un objectif mais sur la destruction de l’obstacle qui l’en sépare … On s’occupe plus de l’obstacle pour l’écarter que de l’objet pour l’atteindre … Jouissance purement négative qui ne cherche plus à se satisfaire pour son propre bien, mais seulement par le mal d’autrui. » (Slavoj Zizek)
« L’amour est aveugle, l’amour-propre l’est davantage. » (proverbe)
« J’ai renoncé à la solitude ; je me suis décidé à bâtir au milieu du siècle, parce qu’il y a un certain nombre d’appétits qui ne peuvent se satisfaire que dans la vie active. Dans la solitude, ils m’embarrassent comme de soudards sans emploi … parmi les hommes j’ai trouvé des joujoux à la partie basse de mon être ; afin qu’elle me laisse en paix …J’ai trouvé un joint qui me permet de supporter sans amertume que des parties de moi-même inclinent vers des choses vulgaires. Je me suis morcelé en un grand nombre d’âmes … Les unes vont à l’église, les autres au mauvais lieu. Je ne déteste pas que des parties de moi s’abaissent quelque fois … Qu’une d’elles compromette la sécurité du groupe et par ses excès … toutes se ruent sur la réfractaire. Après une courte lutte, elles l’ont vite maîtrisée … Le monde extérieur est repoussant mais presque inoffensif … avec un peu d‘alcool, des viandes saignantes et de l’argent dans ses poches … on peut supporter tous les contacts … Un danger bien plus grave, c’est, dans le monde intérieur, la stérilité et l’emballement … Je tiens en main mon âme pour qu’elle ne butte pas comme un vieux cheval qui sommeille en trottant, et je m’ingénie à lui procurer chaque jour de nouveaux frissons … Continuons à embellir et à agrandir notre être intime, tandis que nous roulerons parmi les tracas extérieurs. Soyons convaincus que les actes n’ont aucune importance, car ils ne signifient nullement l’âme qui les a ordonnés et ne valent que par l’interprétation qu’on leur donne. » (Maurice Barrès – Un homme libre, La règle de ma vie – Dans la trilogie sur le Culte du Moi, avec Sous l’œil des barbares et le Jardin de Bérénice)