650,4 – Croisades

– Avant de cracher sur nos pères (exercice imposé aux Français), il conviendrait de se rappeler que le Moyen-Orient fut possession occidentale, gréco-romaine, pendant mille à mille cinq cent ans auparavant, de ce que fut Byzance ; que les croisades ne furent pas une attaque mais une contre-attaque (le terme de guerres de libération est peut-être exagéré, mais pas excessivement), qu’elles furent d’abord une réponse au djihad en secours des pays d’Orient récemment envahis, que ceux qu’on appelait les Turcs menaçaient alors d’envahir l’Europe proprement dite – ce qu’ils firent d’ailleurs dés le XIV° siècle, occupant la Grèce, les Balkans pendant quatre cent ans, soumettant la Hongrie, poussant jusqu’à Vienne qu’ils assiégèrent… Pendant près d’un millénaire, de l’arrivée des Maures en Espagne au second siège de Vienne, au milieu du XVII° siècle, l’Europe a vécu sous la menace de l’Islam conquérant. C’est la lutte contre les envahisseurs qui poussa les Européens au-delà de leurs frontières.

– Quel est l’Occidental honteux, effondré de culpabilité, pétri de détestation de lui-même et tout humide de lâcheté pleurnicharde qui évoque ces invasions, ces occupations, ces croisades antérieures aux nôtres ? A commencer, bien auparavant, par la conquête de toute l’Afrique du nord et de l’Espagne par les Maures, et même du sud/ouest du territoire des Francs.

– La première croisade chrétienne ne fut même pas entreprise dans un esprit guerrier, ce fut un acte de pénitence collective,  même si son objectif était d’assurer la liberté d’accès au Saint-Sépulcre.

– D’ailleurs, s’il y avait des croisés, comme des mudjahidin, le terme même de croisade est bien plus récent que les événements (il s’imposera dans les manuels scolaires du XIX° siècle); encore une invention d’historien. Les croisés qualifiaient leur expédition de pèlerinage, de passage…

– Les périodes de conflit furent entrecoupées de beaucoup plus longues périodes de coexistence pacifique et même d’estime réciproque (Saladin et les grands barons Francs…). On a vu des tribus musulmanes s’allier aux croisés, et certains chrétiens d’Orient préférer le service de princes musulmans.

– La comparaison entre les termes employés sur ses adversaires par Urbain II et par saint Louis avec ceux utilisés par Georges Bush, les raisons politiques, et même l’attitude des combattants ne sont pas à l’avantage de notre temps et devraient nous rendre moins partialement stupides sur le passé. Comparer aussi avec les expressions ignobles employées par les dirigeants (notamment français) et la propagande haineuse et immonde avant, pendant et après la conflagration de 1914.

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« C’est comme si les Américains occupaient La Mecque et interdisaient aux musulmans de s’y rendre : vous feriez quoi ? » (Jean-François Chemain) – En 1009 le calife ordonne la destruction de la basilique du Saint-Sépulcre et en 1078 les Turcs qui se sont emparés de la cité interdisent l’accès aux lieux saints.

« Pendant près d’un millénaire, du premier débarquement des Maures en Espagne au second siège de Vienne par les Turcs en 1683, l’Europe a vécu sous la menace de l’Islam. » (Alain Finkielkraut)

« Croisades. – Ont été bienfaisantes (utiles seulement) pour le commerce de Venise. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« L’histoire de la question d’Orient est rythmée par des oscillations d’inégale amplitude. Avec Alexandre, les frontières de l’Europe avaient été portées jusqu’au bassin de l’Indus. Avec les Romains, elles reviennent au bassin de l’Euphrate. L’invasion arabe les fait reculer plus loin encore, jusqu’au Taurus, l’invasion seldjouquide jusqu’à la mer Egée. A ces attaques, l’Occident répond par la contre-attaque des Croisades. » (René Grousset) – On voit comme on est loin des stupidités proférées par les minables et honteux petits barbares imbéciles d’aujourd’hui.

« La  Croisade ne fut pas autre chose que l’instinct de conservation de la société occidentale en présence du plus redoutable péril qu’elle ait jamais couru. On le vit bien quand l’Occident renonça à cet effort … Moins d’un demi-siècle après le départ du dernier croisé de Terre Sainte, c’était l’Asie musulmane qui envahissait la Chrétienté en attaquant celle-ci au point le plus vulnérable, par l’Empire byzantin … la vague d’invasion partie au onzième siècle du fond du Turkestan ne s’arrêta, à l’automne de 1529, qu’aux portes de Vienne. » (Renè Grousset)

« Il est de bon ton de décrier les Croisades, au sein du révisionnisme historique général, tout comme de porter aux nues la civilisation arabo-andalouse, qui est pourtant le fruit d’une croisade et de l’occupation par l’Islam d’un territoire chrétien. » (Richard Millet) – Oui, mais l’auteur ne tient pas compte de la nouvelle lâcheté qui consiste à tenir pour mauvaises nos croisades et comme bonnes celles des autres, comme de tout ce que nous avons fait, et  de tout ce qu’ils ont pu faire. On ne va quand même pas renoncer aux postures masochistes si perverses donc si agréables.

« Les croisades sont restées pendant très longtemps aux yeux même des Orientaux des guerres comme les autres menées par les Francs. » (Cécile Morrisson)

« Les croisades sont en fait la contre attaque européenne contre la poussée asiatique. » (revue Terre et peuple, n° 17)

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