650,1 – Religions

– Faire semblant de se montrer compréhensif avec les innocents qui en ont une, à condition qu’ils rasent les murs et la bouclent.

– C’est aux œuvres produites que l’on juge d’une spiritualité, pas au fait qu’elle soit ‘castratrice’ ou non. » (Paul-François Paoli) – Surtout quand les prétendus juges sont d’une inculture égale à leur partialité.

« L’islamophobie aujourd’hui est un délit, la christianophobie, elle, une opinion. »  (François-Xavier Bellamy) – Saluons ce rare cas de phobie acceptée, tolérée, encouragée et même récompens-ée

-On pourra également regarder les considérations de Lucien Jerphagnon à la rubrique Rites, myhes 665,

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« Il faut avoir vécu près des Anciens, par leurs poètes, par leurs orateurs, pour comprendre le prix d’une religion sans sacrifices humains et sans oracles (Iphigénie) … Si l’on veut être juste à l’égard du passé immédiat, il faut avoir formé quelque idée du passé lointain … Être homme, c’est continuer ; c’est aussi conserver ; c’est se souvenir. » (Alain) – Mais aujourd’hui, il ne s’agit point d’être juste, mais de mentir, de déformer, d’intoxiquer pour asservir.

« Il ne voit dans l’invocation de l’Être suprême que la rechute dans l’ombre de ce qui vient d’être répudié … ce ne pouvait être qu’un sacré de remplacement, un substitut à la désignation d’une transcendance. » (Myriam Revault d’Allonnes – faisant parler le révolutionnaire Billaud-Varenne)

« C’est la première fois dans l’histoire du monde qu’une partie notable de l a population ne se rattache à aucune croyance, à aucune tradition spirituelle. » (Charles-Henri d’Andigné-  sur l’Occident et la France en particulier.)

« Rien ne sépare essentiellement les règnes et les espèces, ni les parties du tout, dans le monde païen … La nature n’obéit à aucune loi logique : tout s’y produit, et son contraire aussi … la roue des métamorphoses … Proximité (mélange) des sujets païens et de leurs dieux …  On se recycle en permanence, tout se crée et se transforme … La venue du Christ mit un terme à ce grouillement … Il devint logiquement impossible de changer quoi que ce soit à l’œuvre divine … Toute vie appartient au Créateur et lui revient, tour se perpétue à l’identique … Le libre arbitre ne peut s’exercer que dans la sphère morale … Aujourd’hui, on est sorti dans le désordre, et sans l’avouer clairement,  de l’ère chrétienne … Comme un retour aux valeurs de l’Antiquité, valorisation de la vie en soi et non du principe qui la fonde … Mais le paganisme que nous réinventons à notre insu ne connaît d’autres dieux que nous-mêmes … Après des siècles de valorisation de l’intangibilité, on assiste à la relance d’une personnalité sans principes, capable de se contredire ou de se réinventer … Le ‘surmoi’, cette introjection du dieu unique dans nos consciences, est entré en déclin. » (Claude Arnaud – Qui dit je en nous ?)

« Ceux qui ont condamné l’Eglise catholique au nom de la Raison, acceptent un dogme séculier. » (Raymond Aron)  – Jadis communistes, aujourd’hui : laquais de la mondialisation, de la croissance, de la tolérance (pour eux seulement), du relativisme, enthousiastes sur commande de tous les débordements…

« L’irréligion a son dogmatisme. Comment n’aurait-elle pas son fanatisme ? » (Lucien Arréat)

« Le thème de la chute originelle est présent dans toutes les religions. » (Marc Augé)

« Encore peut-on tenter de réduire le polythéisme en  découvrant au sommet de la hiérarchie des dieux un dieu plus puissant qu’eux et qui, en quelque sorte, les englobe. » (Marc Augé)

« Les paganismes ne sont porteurs d’aucun pressentiment chrétien, aucun polythéisme ne prône l’amour de dieu ou celui du prochain. L’idole païenne est bien une idole : elle représente et elle est. Elle est faite de toutes les matières que sait rassembler celui qui connaît le secret de sa composition … Le paganisme admet que l’homme puisse commettre des erreurs mais n’a aucune idée du péché ; la maladie, au pire, ne renvoie l’homme qu’à ses aveuglements. » (Marc Augé – Génie du christianisme)

 « Un peu de philosophie écarte de la religion, et que telle religion ne peut se prouver,  beaucoup y ramène, et prouve qu’on ne peut s’en passer. » (Francis Bacon)

« La modernité soumet  le sacré à l’épreuve des grands changements et  la religion n’apparaît plus clairement à travers celles de ces fonctions que la tradition et le passé avaient définies  : proposer à la conscience une image cohérente de l’univers ; conférer une légitimité aux institutions, aux contraintes, aux rôles sociaux ; donner les moyens de répondre collectivement et individuellement aux aléas, à l’inattendu, à l’événement, aux épreuves. » (Georges Balandier) 

« Une société d’athées inventerait aussitôt une religion. » (Balzac) – L’Être suprême de la Révolution, le Parti et ses fondateurs embaumés, le progrès, la croissance, la tolérance à tout…

« Il est plus facile de croire au ‘Bon Dieu’ qu’en Dieu. Les chromos ont une force de persuasion considérable, bien plus efficace que les pensées … La  ‘Bonne Mére’ et son ‘doux Jésus’, voilà ce qui vous forge une foi de charbonnier … à la condition, toutefois de ne pas se perdre en réflexions fumeuses sur les ‘espaces infinis’. Toute philosophie, et même tout raisonnement, affaiblit la piété. » (Olivier Bardolle)   

 « La piété sans le renoncement, c’est le temple sans sacrifice. » (Anne Barratin)

« Il n’y a rien d’intéressant sur la terre que les religions. » (Baudelaire)

« L’homme est un animal religieux qui se trompe de dieu. » (Baudelaire)

« L’essence de la vie spirituelle est dans le renoncement à tous les instruments de pouvoir, la dissuasion, la rétribution et la manipulation. »  (Jean Bédard)

« L’idée d’un Dieu unique (monothéisme) implique celle d’une vérité unique, absolue. Ceux qui ne s’y soumettent pas sont dans l’erreur et il convient de les en arracher … De par son caractère potentiellement totalitaire, le monothéisme génère tendanciellement le ‘réductionnisme’ (toute connaissance est finalement ramenée à l’unité), ‘l’égalitarisme’ (égalité devant Dieu et raison partagée permettant de discerner la vérité unique), ‘l’universalisme’ (résultant des deux précédents). » (Alain de Benoist) – conception, et ses conséquences, tout à l’opposé du Nominalisme (reconnaissance de diversité) – Voir querelle dite des Universaux (rubrique Individualisme/ Collectif, 290,5, début)

« La religion : assurance contre la désorganisation. » (Henri Bergson)

« j’ai fini par me rappeler que la prière peut rassembler vraimentce que la vie morcelle. L’unité que l’imposture affecte, la prière, l’art, peut-être l’effectuent. » (Emmanuel Berl)

« Nous ne le voyons que trop : à l’omission de la Transcendance répond, non pas un surcroît de vigueur, mais une anémie croissante des fraternités. Elle rend la vie difficilement supportable aux déshérités de la pénurie et aux nantis de la consommation … Le renouveau religieux paraît une nécessité, pour les esprits et pour les cœurs, pour sortir les uns du nihilisme et les autres du désespoir … Une personne compétente et impartiale  m’assure qu’on trouverait en Russie (alors URSS) plus d’orthodoxes que de bolcheviks sincères … Ce monde en délire qui propage la souffrance, et que surmène la préparation de son propre suicide, l’exige assez impérieusement. » (Emmanuel Berl) – Notons que l’auteur n’était pas croyant et ne passait pas pour un esprit religieux.

« Je n’écris pas pour réjouir les dévots ni les dévotes, je les connais : ils s’aiment assez. » (Georges Bernanos)

« Un clergé socialisant démontre simplement qu’il ne sait plus parler qu’aux ventres. » (Georges Bernanos)

« On ne perd pas la foi ; elle cesse d’informer la vie, voilà tout. » (Georges Bernanos)

« L’orthodoxie païenne se règle sur l’ordre du monde … Elle n’est pas dogmatique. Chacun est libre de choisir le système qui lui convient le mieux, celui qui correspond à son expérience des choses, où il peut mettre sa plus grande espérance de bonheur. » (Alain Besançon)

« Chassez le surnaturel, il revient à pas de loup. » (Serge Beucler)

« Voyez comme souvent déjà et avec quelle évidence, face à l’Orient, et face au chaos originel de toutes les grandes religions, l’Europe est devenue une presqu’île minuscule, destinée à rechercher des contacts sous peine de mourir de son exiguïté, de son attitude purement intellectuelle et de son anémie religieuse. » (Ernst Bloch) – Malheureusement, elle les recherche du mauvais côté, du côté de l’imbécillité américaine.

« La religion est si consolante, dit-on. – Cette affirmation est ordinairement proférée ou susurrée par des personnes qui n’ont aucun besoin de consolations …‘Malheur à vous, riches, parce que vous avez votre consolation !’ Essayez donc, aujourd’hui, d’effrayer quelqu’un de cette Parole de Jésus-Christ !… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, XLIV)

« Les sentiments de religion sont la dernière chose qui s’efface en l’homme, et la dernière que l’homme consulte ; rien n’excite de plus grands tumultes parmi les hommes, rien ne les remue davantage, et rien en même temps rien ne les remue moins. » (Bossuet)

« L’existence d’une instance suprahumaine capable d’affirmer l’existence de l’humanité est le premier contenu de la religion. » (Rémi Brague)

« Rien ne peut excéder le zèle d’un converti. On dirait qu’il ne peut pas accepter que vous résistiez là où il a succombé. » (Albert Brie)

« Au lieu d’un communauté qui émerge comme un dérivé d’une croyance rigide, les gens effectuent un retour vers une croyance religieuse du fait de leur désir de communauté … Les gens se dirigent vers une tradition religieuse pas nécessairement parce qu’ils acceptent la vérité d’une révélation, mais précisément à cause de l’absence de communauté et de l’aspect transitoire des liens du monde séculier qui les rend avides de tradition rituelle et culturelle. » (David Brooks)

« Voler aux religions leurs prérogatives pour faire mieux qu’elles, tel fut et tel reste le projet de la modernité. » (Pascal Bruckner) 

« Revanche grinçante des religions : elles sont peut-être mal en point, mais ce qui leur succède ne va pas bien non plus. » (Pascal Bruckner)

« Au lieu du rythme essentiel et toujours renouvelé qui va du repliement sur soi à l’expansion, une stabilité s’établit dans un ‘Cela’ auquel on croit, une sécurité … Mais la structure vitale de la relation pure, la solitude du ‘Je’ en présence du ‘Tu’ ne suffit pas non plus à la soif de continuité qui est dans l’homme. Il lui faut le déploiement dans l’espace, la représentation par le moyen de laquelle la communauté des fidèles s’unit à son Dieu. Dieu devient ainsi un objet de culte. Le culte lui aussi, à l’origine, complète l’acte de relation en insérant la prière vivante … Dans la vraie prière, le culte et la croyance s’unissent et se purifient dans une relation vivante. Si la vraie prière reste vivante dans les religions, c’est le signe de leur vraie vie. Tant que la prière vit en elles, elles vivent … Sinon la force de relation est de plus en plus recouverte par l’objectivité de la croyance, il lui devient de plus en plus difficile de prononcer le ‘Tu’ qui exprime l’être entier. » (Martin Buber) – Pour la signification du ‘Je’, du ‘Tu’ et du ‘Cela’, voir Martin Buber à la rubrique Autres, 290, 4.  

« Dans ces extrêmes inconcevables de destruction et de production de la première moitié de ce siècle (le XX°), dans cet aveuglement deux fois inexorable qui agit tantôt dans une direction, tantôt dans la direction contraire, les religions funèbres … offrent un tableau d’impuissance complète. Hésitantes ou empressées, quoique sans doute avec des exceptions, elles donnent leur bénédiction à tout ce qui passe. » (Elias Canetti)

« On n’allume pas une bougie pour regarder le soleil. » (Pierre Damien – sur la foi en Dieu) – « Seule la simplicité de la foi pouvait sauver des pièges et des leurres de la raison. » (Ernst Cassirer – commentant)

« La simple honnêteté oblige de dire que l’Ancien Testament est le premier document raciste écrit que l’on possède dans l’histoire. Le racisme hébreu est le premier dont nous ayons des traces écrites ;  ce qui ne signifie certes pas qu’il soit le premier. » (Cornelius Castoriadis) 

« L’Orient islamique n’a pas – encore – l’arme nucléaire mais il possède l’or (le pétrole) et célèbre un dieu. A partir de là sa force est immense. » (Jean Cau) – Prémonitoire.

« Un sens et un pressentiment de l’Unité totale et finale du Monde par-delà sa multiplicité présente et sentie. » (Père Teilhard de Chardin) – Sur le sentiment mystique. 

« Une société même complexe, surtout une société complexe, ne peut survivre sans une minorité religieuse, équilibratrice, une minorité qui donne un sens auquel la majorité se réfère implicitement. » (Pierre Chaunu) – Mais nous sommes assez malins pour nous passer de tout (sauf d’excitants et de tranquillisants) 

« Le test d’une bonne religion est de savoir si on peut faire des plaisanteries à son sujet. » (Chesterton) – Chesterton dit plaisanteries. Il ne pouvait songer il y a presque un siècle aux ordures qu’on déverse de nos jours sur les religions (excepté sur la religion musulmane car trop risqué).

« Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. » (Emil Cioran)

« La critique est de tous les temps ; l’inspiration religieuse, un privilège de certaines époques éminemment rares. S’il faut beaucoup d’irréflexion et d’ébriété pour engendrer un dieu, il suffit, pour le tuer, d’un peu d’attention. Ce petit effort, l’Europe le fournit depuis la Renaissance.  Quoi d’étonnant si nous en sommes à envier ces moments grandioses où l’on pouvait assister à l’enfantement de l’absolu ? » (Emil Cioran)

  « Le mortel qui a prié sincèrement, ne fût-ce qu’une seule fois dans sa vie, a touché à la forme suprême de la gloire. » (Emil Cioran)

« Est religieux tout ce qui nous empêche de nous effondrer … Nous durons tant que durent nos fictions. » (Emil Cioran)

« Une foi qui en admet une autre est vouée à la ruine, abandonne l’absolu qui la légitime, pour se résigner à n’être qu’un phénomène de civilisation, un épisode, un accident… Une religion libérale est une moquerie ou un miracle. » (Emil Cioran – interprétant Joseph de Maistre)

« Après avoir bu au torrent, l’homme revient tremper ses lèvres à la source. » (Paul Claudel)

« ‘Religion’, terme sans équivalent dans les autres langues, provient du latin ‘religio’ qui, dans la Rome antique, désigne le culte civil que la cité rend collégialement au corps collectif. Il est impérial, général familial … Il ne relève pas de la sphère privée, mais publique. Il est facteur de piété, mais lié au serment original et à l’ordre social. La règle et le règne ne font qu’un et le culte rend visible leur suréminente unité. Ciment qui maintient l’indivision et empêche l’interruption. » (Jean-François Colosimo) –En ce sens, aucune  société ne peut se passer de religion civile (mystique républicaine, primauté unificatrice monarchique…), comme l’avait même compris Robespierre.

« En conséquence de la substitution opérée entre la religion et la politique, affranchis de la crédulité primitive, Hume et Locke en Angleterre, Voltaire et Rousseau en France, Hegel et Schleiermacher en Allemagne ont fait la lumière sur cet obscur objet d’aliénation. Désormais la religion existera comme un contenu (la superstition…) et comme une attitude (le fanatisme …) … César vient de regagner la partie … L’absolutisation est actée … A part que tout adviendra au contraire de ce qui était attendu. Un siècle plus tard, la réconciliation universelle aboutit à la déflagration mondiale. Deux siècles plus tard, le plan de rationalisation aboutit à une explosion planétaire de l’irrationalité. Non par réaction, mais par corrélation …  Le siècle qui vient de se terminer reste le plus meurtrier de l’histoire en procédés et en chiffres … Le progrès a été certes au rendez-vous, sautant du fusil au missile, de même que les masses, passant de la mobilisation générale des hommes à l’implication totale des populations civiles, femmes et enfants. » (Jean-François Colosimo) – Bravo, bravo à la civilité. 

« De septembre 1793 à septembre 1794, la persécution antireligieuse va se doubler d’une fabrication religieuse. Inflexible ici, hyperbolique là, l’Etat contrefait l’Eglise (même le temps, le calendrier est laïcisé) … La Terreur est un antichristianisme, mais n’est pas un athéisme. Parce que sans la reconnaissance d’une divinité, il ne peut pas exister de corps collectif … Sans la reconnaissance d’un au-delà, aucun membre ne peut consentir à mourir pour que vive le corps (or, la levée en masse l’exigeait…) … La régénération sociale est un décalque sécularisé de la régénération baptismale (sauf que le citoyen a pour mission d’éliminer le ‘dégénéré’). »–  Le communisme fût aussi une religion. « L’adhésion au Parti comme consécration, la délation comme exorcisme, l’autocritique comme pénitence … L’embaumement du corps de Lénine comme un rite de canonisation … On ne sait plus de la religion et du politique où sont l’original et la copie … soit la religion annonce le politique qui l’abolit en se faisant religieux, soit le politique accomplit la religion qui l’imite en se faisant politique. » (Jean-François Colosimo)

« Le  pentecôtisme reste à ce jour la plus grand entreprise jamais connue de démocratisation de l’extase (traditionnellement pourtant rare dans ces  centres d’entraînement spécialisé que sont les cloîtres) … La subjectivisation des religions exacerbe, sur des modes plus hédonistes que mortifères, mais aussi psychodramatiques, la négation des normes … Sous la célébration du merveilleux, triomphe un psychologisme dont les ‘nouvelles spiritualités’ attestent dans une profusion anarchique … La ‘californication’ de la croyance (Wendy Doniger) … L’allégeance déclarative n’est plus déterminée par l’invariabilité dans la foi ou la constance dans le rite mais par l’intention et l’intensité de l’intention. » (Jean-François Colosimo)

« La décadence inévitable des doctrines religieuses a laissé sans appui la partie généreuse du cœur humain, et tout s’est réduit à la plus abjecte individualité. » (Auguste Comte)

« Si le sentiment religieux est une folie parce que la preuve n’est pas à côté, l’amour est une folie, l’enthousiasme est un délire, la sympathie est une faiblesse, le dévouement est un acte insensé. » (Benjamin Constant)

« Son au-delà lui gâche son ici-bas. » (Léon Daudet)

« Un des avantages comparatif du monothéisme, c’est qu’il garantit aux annonceurs du meilleur par le pire, en terre juive, chrétienne ou musulmane. » (Régis Debray – sur le prophétisme de catastrophe)

« Le judaïsme est protégé par Auschwitz, le protestantisme par sa discrétion, l’orthodoxie par notre ignorance et l’islam par l’antiracisme. On prend sa revanche sur le catho. C’est le bouc émissaire le meilleur marché. Là, pas de danger de représailles. » (Régis Debray) – L’islam est également protégé par sa capacité de réaction !

« Le terme se retrouve dans un emploi inflationniste ou cannibale : la religion du drapeau, des grands hommes, du sport, du vin, de la vitesse, etc. … L’immense avantage qu’il nous procure, à nous modernes : pouvoir se débarrasser sur une supposée superstructure, plus ou moins tocarde et délabrée, de tout ce qu’on n’aime pas en nous ou dans la société – le passé, l’institution, l’hétéronomie, la tradition, la dette, le dogme…  La religion, c’est la croyance de l’autre … Nous pratiquons ainsi le déni de réalité en faisant jouer au concept de religion le rôle du bouc émissaire, ou du méchant dans le western. Celui qui doit s’effacer de la scène pour l’advenue du happy end, soit l’avènement d’une humanité enfin rendue à sa maîtrise d’elle-même, avec une organisation sociale ‘purement humaine’ qui cessera d’être assujettie à un principe fondateur extérieur et supérieur à elle-même … Dès qu’un réservoir de ferveur s’épuise, un substitut entre en fonction, fût-il bricolé ou latéral, ou même régressant du religieux au superstitieux … Il peut y avoir spiritualité sans religion, comme il y a des religions sans spiritualité (religions civiles imposées d’en haut). » (Régis Debray) – Les communions humaines)

« La religion tente de répondre à la contradiction entre la finitude et le désir d’infinitude. » (Chantal Delsol) – « Si le désir d’infini n’aboutit pas à Dieu, il est à craindre qu’il ne brûle sur soi et devienne ce dévorant enfer qu’est le ‘mauvais infini’ des théologiens russes. » (Stanislas Fumet)

« Ce n’est pas le nihilisme qui a remplacé l’ancienne religion traditionnelle, mais une pluralité de syncrétismes élaborés sur mesure … Délestés de nos croyances religieuses et profondément déçus par les délices promis de la raison sèche, nous agglutinons tous les mythes anciens et extérieurs pour en tisser un monde démantibulé … Les sorcières à balais d’Harry Potter … La folklorisation de la religion. » (Chantal Delsol)

« Depuis la Renaissance s’établit peu à peu la souveraineté de l’utile. La religion se justifie de plus en plus par son profit moral. » (Chantal Delsol)

« Dans nos sociétés, tous les arguments susceptibles de s’opposer à ces mesures sont d’ordre religieux. Et nos concitoyens n’ont plus de religion. Alors, on ne voit pas à quel titre on les empêcherait de faire n’importe quoi. » (Chantal Delsol – à propos de certaines innovations dites sociétales justifiées par la mélasse de l’amour) – Un jeune Australien s’est marié avec son chien, des Hollandais ont contracté un mariage à trois, s’ils s’aiment pourquoi empêcher des enfants de se marier, un père avec sa fille de 10 ans ? Nous nous précipitons vers l’au-delà de toute limite.

 « Ce n’est finalement pas la révolution communiste, mais le monde occidental qui a réussi le pari lancé par l’idéologie du progrès : éteindre les religions … Tout se passe comme si la conscience nihiliste de la modernité tardive poursuivait l’œuvre inaccomplie des idéologies. » (Chantal Delsol)

« Dans la longue histoire de l’humanité, la possibilité de la transcendance c’est l’exception au sein de l’immense peuple des dieux immanents, c’est la bizarrerie, c’est l’intrus dans le dessin. » (Chantal Delsol)

« Le gouvernant qui se débarrasse entièrement de la religion sous prétexte de libération, devient aussitôt grand prêtre. Un système politique qui détruit par dérision, jour après jour, les questions muettes et profondes concernant le sens de la vie, finit par régner sur une population de zombis, rejetés d’abord par dérivation vers le soin exclusif de leur corps et de leur confort. » (Chantal Delsol) – Tel est l’Occident, et en tête la France. Pour la première phrase, il suffit de voir l’arrogance de nos politicards et l’idolâtrie dont ils, et elles, sont l’objet de la part des imbéciles médiatisés.

« L’essentiel des Eglises monothéistes est la réalité d’une transcendance, et l’essentiel du bouddhisme et du Taoïsme est la réalité de l’immanence. »  (Chantal Delsol) 

« A peu près partout, l’avenir se profile comme une ‘reviviscence à une échelle supérieure’ de tous ces paradis perdus … L’avenir est cautionné par le passé … L’agrandissement de l’imagination suppose un agrandissement de la mémoire … Le temps de la terre sans mal, de la vie libre avant les esclavages, de la commune pentecôstale avant la constantinisation, de la conscience commune villageoise avant les féodalités, de la sédentarité pacifique avant l’irruption ravageuse du nomadisme, d’avant la colonisation, de l’Eden avant la chute,  de la société sans classes, de l’innocence et de l’enfance évanouie… » (Henri Desroche) – Le lot commun de toute espérance, pas uniquement religieuse.

« L’homme est le terme unique d’où il faut partir et auquel il faut tout ramener. » (Diderot)- Bravo. Magnifiques résultats !

« L’essence du sentiment religieux échappe à tous les raisonnements ; aucune faute, aucun crime, aucune forme d’athéisme n’a de prise sur elle. Il y a et il y aura éternellement dans ce sentiment quelque chose d’insaisissable et d’inaccessible à l’argumentation des athées. » (Dostoïevski – L’idiot)

« La religion ne structurant plus la Cité, du coup celle-ci ne dépend plus d’un grand Tout transcendant … La modernité correspond donc à la fin de l’unité des esprits assemblés autour d’un seul grand Sujet. » (Dany-Robert Dufour)

« Nous dirions qu’une religion est une explication générale et cohérente de l’univers soutenant et animant la vie de la société et des individus. » (Georges Dumézil)

« On sort de la foi par la raison ; on y rentre par la raison. » (Louis Dumur)

« Peut-il y avoir une science de l’homme si elle renonce à poser la question de l’origine du religieux, si elle déclare mal posé le problème de savoir ce qui fait que dans toutes les sociétés non modernes, le lien social est référé à une entité radicalement extérieure aux hommes : le sacré ? Peut-il y avoir une science de l’économie si elle ne s’interroge pas d’abord sur la coïncidence historique majeure qui caractérise le monde moderne, celle qui unit le retrait du religieux et le règne de la valeur marchande ? » (Jean-Pierre Dupuy – sur l’occultation des théses de René Girard)

« Au problème politique en général – comment faire d’une diversité d’opinions et d’intérêts toujours potentiellement conflictuelle quelque chose qui ressemble à une unité pacifiée – la religion apportait une solution dont le propre était de faire appel à une extériorité fondatrice. » (Jean-Pierre Dupuy) – Que reste-t-il aujourd’hui comme facteur unifiant, le front républicain peut-être ?

« Il est contraire à toute vraisemblance que les causes qui ont suscité les religions dans le passé cessent tout à coup d’être agissantes. » (Emile Durkheim) – On le voit bien avec l’idolâtrie imposée par les pouvoirs laïcs pour des valeurs bidons, l’intolérance en plus.

« La religion n’est pas seulement un système d’idées, c’est avant tout un système de forces … Ce sont ces forces qui ‘soulèvent des montagnes’. J’entends par là que, quand l’homme vit de la vie religieuse, il croit participer à une force qui le domine, mais qui, en même temps, le soutient et l’élève au-dessus de lui-même. » (Emile Durkheim)

« Toute fête religieuse, tout temps liturgique, consiste dans la réactualisation d’un événement sacré qui a eu lieu dans un passé mythique, ‘au commencement’ … Participer religieusement à une fête implique que l’on sort de la durée temporelle ‘ordinaire’ pour réintégrer le Temps mythique (Temps circulaire, réversible et récupérable que l’on réintègre périodiquement par l’intermédiaire des rites) réactualisé par la fête même … La fête n’est pas la commémoration d’un événement mythique mais sa réactualisation … les participants sortent de leur temps historique et rejoignent le Temps primordial, qui est toujours le même et qui appartient à l’Eternité … Nostalgie de la perfection des commencements. Retrouver le monde  fort, frais et pur, tel qu’il était in ‘illo tempore’. » (Mircea Eliade) – Excepté pour les religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islamisme) qui s’inscrivent dans un temps historique (manifestation de Jahvé, incarnation de Jésus, dictée à Mahomet), encore qu’il reste une nostalgie du Paradis terrestre.  

« La révélation d’un espace sacré permet d’obtenir un ‘point fixe’, de s’orienter dans l’homogénéité chaotique, de ‘fonder le monde’, de situer un ‘centre du monde’ d’où s’étend l’univers … Le seuil qui sépare les deux espaces indique en même temps la distance entre les deux modes d’être, profane et religieux. » (Mircea Eliade)

« La communication entre les trois niveaux cosmiques : Terre, Ciel, régions inférieures, est parfois exprimée par l’image d’une colonne universelle, d’une échelle, de poteaux, d’une montagne sacrée… » (Mircea Eliade)

« Le terme de ‘religion’ n’implique pas nécessairement une croyance en Dieu, en des dieux ou en des esprits, mais se réfère à l’expérience du sacré et, par conséquent, est lié aux idées ‘d’être’, de ‘signification’ et de ‘vérité’. » (Mircea Eliade)

« Quand on ne croit plus au paradis on commence à croire au spiritisme. » (Mircea Eliade – reprenant le curé d’Ars qui disait que « quand on ne croit plus aux anges on croit aux tables tournantes. ») – « Baisse du religieux, hausse des croyances » (Régis Debray) – « Aucune culture n’est apparue ni ne s’est développée qui n’ait été liée à une religion. » (T. S. Eliot)

« Il ne faut pas oublier une autre fonction de la religion … Les religions ont toujours peuplé le monde. L’homme s’est trouvé seul sur la terre, aucun animal n’était … son répondant, son semblable, et la femme s’est si vite assimilée à lui dans une condition commune qu’elle n’était plus l’Autre avec qui le dialogue incessant, mystérieux et compréhensible, aurait suffi pour rompre la solitude, l’errance et l’inconnu. L’homme s’est découvert seul au monde et il ne pouvait supporter cette condition. Il lui fallait un vis-à-vis, un face-à-face, un autre, semblable et différent, un autre qui peuple cette nature étrangère et hostile, qui l’englobe … Si la nature a horreur du vide, l’homme bien plus encore a horreur du vide de la nature … Alors la religion a peuplé le monde de dieux et de puissances, d’esprits et de démons, d’anges et de génies, mystères mais mystères accessibles qui permettaient à l’homme de n’être plus obscur à lui-même. » (Jacques Ellul)

« Dissocier la religion et Dieu. Le Dieu n’est pas indispensable à la religion, c’est la religion qui fait le Dieu, même quand elle, refuse de lui donner ce nom … Comment se fait-il qu’un mouvement fondamentalement irréligieux comme le marxisme ait donné naissance à l’une des principales religion du monde moderne ? » (Jacques Ellul) – Les religions séculières (terme de Raymond Aron) pour désigner les religions sans transcendance externe (religions politiques comme le marxisme, de la science vécue sur le mode du mythe, de la technique qui devient le sacré, du progrès, de la prétendue égalité…)

« Il existe aussi des religions organisées, clairement instituées en tant que religion, impliquant le dogme, les mythes, les rites, les constitutions en forme d’Eglise, les rassemblements communiels et sacrements, l’irrationalité totale, la dialectique de l’angoisse et de la consolation, l’expression mystique et la prière, l’interprétation globale de l’homme, du monde et de l’histoire, la désignation des hérétiques… Il s’agit des religions politiques. Après avoir été dominé par le phénomène religieux en tant que sphère subordonnée, puis, après avoir gagné son autonomie par rapport aux religions instituées, le politique a fait depuis un demi-siècle une entrée triomphale dans le religieux. C’est lui qui est la religion suprême de ce temps. » (Jacques Ellul) – Ecrit aussi il y a un demi-siècle.

« Selon Spengler la ‘deuxième religiosité’ est un des phénomènes qui accompagne toujours les phases terminales d’une civilisation … Des irruptions du suprasensible qui ne sont pas  les signes d’une remontée mais les symptômes d’une désagrégation … correspondant à un phénomène d’évasion, d’aliénation, de compensation confuse …auto-transcendance descendante selon Aldous Huxley … Alors que les anciennes sciences sacrées étaient la prérogative d’une humanité supérieure … aujourd’hui ce sont en majorité des médiums, des ‘mages’ de quartier, des radiesthésistes, des spirites, des anthroposophes, des astrologues et voyants, des théosophes, des ‘guérisseurs’, des vulgarisateurs d’un yoga américanisé, qui proclament le nouveau verbe antimatérialiste, s’accompagnant de quelque mystique exalté et visionnaire et de quelque prophète improvisé … René Guénon a constaté qu’après que le matérialisme et le ‘positivisme’ du XIX° siècle furent parvenus à isoler l’homme de ce qui est réellement au-dessus de lui, du vrai surnaturel, de la transcendance, de nombreux courants du XX° siècle … semblants de spiritualisme  ou se présentant comme une  ‘nouvelle psychologie’, tendent à l’ouvrir à ce qui est au-dessous de lui, au-dessous du niveau existentiel correspondant généralement à la personne humaine accomplie. » (Julius Evola) – Malraux disait que le XXI° siècle serait religieux, mais de quelle religion ? s’adressant à quel niveau de l’homme ?

« La religion est le soleil illusoire qui tourne autour de l’homme aussi longtemps que ce dernier ne se meut pas autour de lui-même. » (Ludwig Feuerbach ou Marx ?) – Quand l’homme se meut autour de lui-même, on a vu et on voit ce que ça donne !

« ‘L’Absolu n’a fait que se déplacer ; la Religion le loge au ciel, le scientisme libéral le met dans la raison humaine’ … La lutte contre l’obscurantisme dont on attendait une maturation de l’homme, n’a débouché, en fait, que sur un changement de tutelle. » (Alain Finkielkraut – citant Jean-Paul Sartre)

« Religion. – Fait partie des bases de la société. Est nécessaire pour les peuples, cependant point trop n’en faut. ‘La religion de nos pères’ doit se dire avec onction. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Impie. – Tonner contre. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« L’impression terrifiante de l’impuissance dans l’enfance avait éveillé le besoin d’être protégé, protégé en étant aimé, besoin auquel le père a satisfait ; la reconnaissance du fait que cette impuissance dure toute la vie a fait que l’homme s’est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant. L’angoisse humaine en face des dangers de la vie s’apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine, l’institution d’un ordre moral de l’univers assure la réalisation des exigences de la justice, si souvent demeurées irréalisées dans les réalisations humaines, et la prolongation de l’existence terrestre par une vie future fournit les cadres de temps et de lieu où ces désirs se réaliseront. » (Sigmund Freud – L’avenir d’une illusion)

« La religion du progrès est polythéiste, quand elle croit apporter en plus du bonheur, la paix et la justice, mais aussi le socialisme quand il prétend mettre fin à toute guerre, à la prostitution au crime, à la paresse, ou encore la science quand elle croit promouvoir la démocratie, la justice sociale, la solidarité des peuples … Une divinité ne peut pas résoudre les problèmes de l’autre. » (Julien Freund – reprenant Vilfredo Pareto)

« Si les hommes sont si mauvais avec le secours de la religion, que seraient-ils sans elle ? » (Benjamin Franklin) – On le constate tous les jours avec l’abandon des religions, la déchristianisation pour ce qui nous concerne.

« La vie sans religion est une vie sans principe, et une vie sans principe est comme un bateau sans gouvernail. » (mahatma Gandhi)

Les considérations suivantes de Marcel Gauchet tendent à expliquer l’impact de l’esprit religieux et de ses différentes formes sur les sociétés et sur l’homme, le présent des religions, et en analysant également la rupture apportée par le monothéisme en général et le christianisme en particulier.

« Ce qui fait désormais l’âme du comportement religieux, c’est la quête et non la réception, c’est le mouvement de l’appropriation au lieu de la dévotion inconditionnelle. L’authenticité de l’inquiétude prend le pas sur la fermeté de la conviction comme forme exemplaire du croire, jusque dans les confessions établies. » (Marcel Gauchet)

« L’unité mystique entre ce qui a été, ce qui est et ce qui sera, entre les vivants, les morts et les ‘point encore nés’, constitue-t- elle, ou a-t-elle constitué, l’enjeu le plus profond du religieux. » (Marcel Gauchet)

 « Dieu ne meurt pas, il cesse simplement de se mêler des affaires politiques des hommes. Il s’éloigne. Il se retire dans un ailleurs où chaque croyant peut l’atteindre individuellement, mais un ailleurs qui ne communique pas avec l’ordre et les règles qui lient les hommes collectivement. Il n’y a pas disparition de la religion, mais sortie de l’organisation religieuse de la société, sortie de la compréhension religieuse de l’univers à l’intérieur duquel nous évoluons. » (Marcel Gauchet – sur la prétendue fin des religions)

 « L’accélération de la sortie de la religion au cours de la dernière période n’a pas affecté que les Eglises établies. Elle a été fatale aux idéologies séculières qui s’étaient définies contre elles. Elle a littéralement dissous la foi marxiste dans l’accomplissement révolutionnaire de l’histoire … Elle a défait la croyance dans les promesses du devenir, dont les attentes investies dans le progrès représentaient la version la plus répandue. Elle a également porté un coup mortel à … la religiosité républicaine de la liberté et son spirituel laïc. » (Marcel Gauchet)

« Des dizaines de millénaires, sans doute, de religion  contre la politique ; cinquante siècles de politique contre la religion pour en arriver à l’exténuation en règle de celle-ci et à la résorption du legs le plus lourd et le plus obsédant de notre lointain passé. Voilà la mesure de l’arrachement… Un système cohérent de sociétés d’avant l‘Etat, où la religion joue le rôle central … système de l’antériorité radicale du principe de tout ordre, et partant, un système de dépossession, de l’héritage et de l’immuable … L’émergence de l’Etat, le pouvoir des hommes sur les hommes prenant en partie la place du gouvernement exclusif de la religion, événement majeur de l’histoire humaine » (Marcel Gauchet)

« Le religieux figurerait l’énigmatique capacité à se situer par rapport à un dehors de soi. » (Marcel Gauchet)

« Le dehors comme source et l’immuable comme règle : voilà véritablement le noyau dur des attitudes et de la pensée religieuses, prises comme phénomène historique … Unité du groupe, intangibilité des sa règle, extériorité de son fondement. » (Marcel Gauchet)

« La religion, ce fut d’abord une économie générale du fait humain, structurant indissolublement la vie matérielle, la vie sociale et la vie mentale. C’est aujourd’hui qu’il n’en reste plus que des expériences singulières et des systèmes de convictions, tandis que l’action sur les choses, le lien entre les êtres, et les catégories organisationnelles de l’intellect fonctionnent de fait … aux antipodes de la logique de la dépendance qui fut leur règle constitutive depuis le commencement. » (Marcel Gauchet)

« Pour qu’il y ait religion, il fallait que, psychiquement et intellectuellement, le fonctionnement spontané des individus se prête de manière élective à l’investissement sur l’invisible. » (Marcel Gauchet)

« Trajectoire parallèle de la croyance religieuse et de la croyance politique depuis le moment où cette dernière apparaît sous les traits de l’idéologie … Ce qui succède à la religion, c’est l’idéologie … L’idéologie est le cadre intellectuel et l’univers mental des sociétés d’après la religion … La question motrice des idéologies : comment produire l’Un collectif que produisait la religion par d’autres voies que la religion ? » (Marcel Gauchet)

« A l’origine, la religion est dépossession radicale, altérité intégrale du fondement … Toute l’armature, obligations et menus gestes, procède d’un passé fondateur que le rite vient en permanence réactiver comme inépuisable source et réaffirmer dans son altérité sacrée … La religion à l’état pur place le présent dans une absolue dépendance envers le passé mythique … Co-présence à l’origine et disjonction d’avec ce moment … Ce qui donne sens à l’existence, ce qui dirige nos gestes, ce qui soutient nos usages n’est pas de nous, mais ‘d’avant’, et pas d’hommes comme nous, mais d’êtres d’une autre nature … des créateurs, alors qu’il n’y a plus eu depuis lors que des suiveurs … Le dehors comme source et l’immuable comme règle … Désamorçage de tous les facteurs d’instabilité … au profit de l’essentielle unité du groupe, de l’intangibilité de sa règle et de l’extériorité de son fondement … l’unique recours pour fonder un ordre intégralement reçu, entièrement soustrait à la prise des hommes … La religion, a constitué, sur presque toute la durée des sociétés humaines, la clef de voûte de leur dispositif politique, et comme la matière du lien entre leurs membres … Etant une instance extérieure, l’essence de la religion c’est d’être contre la division collective … Elle place tous les acteurs à égalité … Elle interdit l’accès privilégié de l’un (au pouvoir) … Si ce qui tient les hommes ensemble leur vient entièrement d’ailleurs, rien de ce qui est susceptible de les diviser dans la vie sociale, ne peut déboucher sur sa remise en cause. Conflits et guerres ne sont aucunement empêchés : leurs enjeux sont simplement d’avance désamorcés. Ils ne sauraient engager la légitimité de l’ordre collectif … Avec l’Etat on entre dans l’âge de l’interaction entre religion et société, à la place de l’ancienne conjonction qui les unissait … C’est la ressaisie par les hommes de la puissance instituante initialement déléguée aux dieux … Le partage des deux ordres, l’immanent et le transcendant,  finit par exclure toute matérialisation du divin dans l’humain (et ce, d’autant plus que les dieux grandissent, qu’on arrive au Dieu hors du monde, infiniment Autre) … D’où d’ailleurs cet Ailleurs entraîne le besoin d’interprètes ou d’intercesseurs entre les hommes  et la (ou les) divinité. » (Marcel Gauchet) – Suite de considérations éparses sur la religion.

« La religion la plus systématique et la plus complète, c’est au départ qu’elle se trouve …Du point de vue maintenant de l’acteur religieux, la transformation peut être décrite comme un double processus de réduction de l’altérité et de promotion de l’intériorité … Les transformations ultérieures qu’on croirait correspondre à un approfondissement ou une avancée constituent en fait autant d’étapes sur le chemin d’une remise en question du religieux … Le renforcement de la puissance du tout-autre, et donc, serait-on tenté de penser, de la dépendance humaine envers l’au-delà, correspond  … à une réduction de l’altérité de l’ultime principe d’ordre pour les agents d’ici-bas. Des religions primitives au christianisme moderne, le trajet est celui d’une réappropriation … de la source du sens et du foyer de la loi. » (Marcel Gauchet)

 « Avec le retrait de Dieu … le monde, d’intangiblement donné qu’il était, devient à ‘constituer’. Dieu devenu Autre au monde, c’est le monde devenant Autre pour l’homme … par son objectivité au plan de sa représentation, par sa transformabilité au plan de l’action … Renversement de l’organisation antérieure … Là réside la racine spécifique de la rupture monothéiste … Plus Dieu prend proportion extra-cosmique, à part de tout le créé, et plus de la sorte il s’éloigne … L’émergence de la pensée rationnelle et de la foi monothéiste sont à comprendre comme deux expressions ou deux moments … d’un même procès, néanmoins, de transformation de l’univers magique-mythique … La sphère des hommes est complète par elle-même … C’est en œuvrant à sa perfection, à son entier accomplissement interne, soit en prenant acte de l’extériorité radicale du suprême principe, que l’on répondra aux exigences de la condition de créature au regard de l’absolu séparé … Ré institution de l’univers humain en termes d’égalité, dans la ligne de l’ontologie des deux natures du Christ … La grande translation d’une organisation religieuse à base d’imbrication hiérarchisée du visible et de l’invisible dans une organisation à base de séparation, le fait chrétien par excellence, le christianisme même comme histoire, est pour l’essentiel accomplie … Qu’il s’agisse des principes du fait collectif, de la compréhension du monde ou du rapport à la nature, on est désormais en présence de domaines autonomes … . La naissance de l’Etat : l’événement qui coupe l’histoire en deux … qui fait entrer les sociétés dans l’histoire … La remise en cause du lien (social) défini du dehors. »» (Marcel Gauchet)

« A la différence des anciens dieux concrètement présents … le dieu séparé est un dieu qui exige un acte de foi, une conversion, un dieu dont la vérité ne s’appréhende que moyennant une rupture avec l’évidence sensible. » (Marcel Gauchet)

 « Scission entre l’ici-bas et l’au-delà signifiée par leur conjonction en Christ … médiateur entre ciel et terre qui au lieu d’emboîter les deux ordres en une soudure matérielle et spirituelle inquestionnable, révèle à l’opposé, en l’énigme de son corps, l’infinie distance qui sépare l’humaine réalité du fondement divin … Le principe dé-hiérarchisant inscrit dans la division christique du divin et de l’humain » (Marcel Gauchet) – Votre maison vous est laissée et plus prosaïquement : Rendez à César.

 « Expression de la transcendance et dépli complet de l’extériorité divine … Autonomie objective du monde et suspension de son sens à la toute-subjectivité de Dieu : ce n’est pas seulement le partage de la raison et de la foi que l’on voit se profiler … c’est également … la division du sujet et de l’objet … L’objectivité du monde est la résultante extrême de la séparation de Dieu, du surgissement du dieu personnel qui emporte transformation du statut des êtres en les singularisant …. La différence de Dieu laisse la communauté des hommes rigoureusement à elle-même. En vient ainsi à se matérialiser … l’indépendance ontologique du corps politique … Le pouvoir qui impose d’en haut … y travaille contre lui-même … à la constitution en pouvoir légitime du pouvoir émané d’en bas, expression de la liberté métaphysique des individus … Restitution du lien de société à la puissance des hommes.» (Marcel Gauchet)

« Effet crucial de la distance du créateur à sa création : elle désolidarise les créatures intelligentes du reste de la réalité créée, elle brise l’alliance inclusive qui tenait les hommes en co-appartenance avec la totalité de la nature … La différence de l’au-delà appelle et suscite l’investissement radical de l’ici-bas … S’accommoder de la différence entre l’ici-bas (qui a tout de même mérité l’humanité du Christ) et l’au-delà (point de sens à prétendre échapper à la condition mortelle ; dans la venue terrestre du Sauveur, il y a l’indication de la clôture terrestre). » (Marcel Gauchet)

 « L’âge de la religion comme structure est terminé. Il serait naïf de croire que nous en avons fini avec la religion comme culture … Rien n’interdit d’envisager la survivance indéfinie de libres sociétés de croyance et de pensée à l’intérieur d’une société entièrement dégagée de l’emprise structurante de la croyance … Le déclin de la religion se paie en difficulté d’être-soi. La société d’après la religion est aussi la société où la question de la folie et du trouble intime de chacun prend un développement sans précédent. Parce que c’est une société psychiquement épuisante pour les individus, où rien ne les secourt ni ne les appuie plus face à la question qui leur est retournée de toutes parts en permanence : pourquoi moi ? Pourquoi naître maintenant quand personne ne m’attendait ? Que me veut-on ? Que faire de ma vie quand je suis seul à la décider ? Pourquoi est-ce que cela, la maladie, l’accident, l’abandon, tombe sur moi ? A quoi bon avoir vécu si l’on doit disparaître sans laisser de traces ? Nous sommes voués à vivre désormais à nu et dans l’angoisse de ce qui nous fut plus ou moins épargné depuis le début de l’aventure humaine par la grâce des dieux. A chacun d’élaborer ses réponses pour son propre compte. Nul opium sacral ne nous permettra plus d’oublier … Fuite dans la psychose … réponses collectives, modes, amour de soi et abolition de soi… » (Marcel Gauchet) – Réponses collectives dont certaines sont effrayantes et dont l’obscure prescience dicte tout à fait inconsciemment la frénésie du monde de s’abrutir dans la consommation, la jouissance, le spectacle idiot, les projets hors sens, l’oubli et le mensonge… Tout pour ne pas y penser et ainsi accroître le mal.

« Dans un monde détraditionalisé, elles sont les seules institutions à entretenir un rapport direct et constitutif avec le passé, à côté des musées et des institutions patrimoniales en général. Sauf que musées et institutions ne font que conserver, alors que les institutions religieuses font vivre. Elles perpétuent, entretiennent, actualisent, enrichissent un immuable message venu du fond des âges … le seul bastion de tradition qui surnage … le seul site où la notion de tradition conserve son sens plein et actuel. » (Marcel Gauchet)

 « ‘Intégrisme’ et ‘fondamentalisme’ sont deux notions qui datent du début de ce siècle. La différence entre elles est très simple : l’une provient de l’aire catholique, l’autre de l’aire protestante. ‘Intégrisme’ est une désignation polémique formée à partir d’un mot-fétiche du catholicisme traditionnel du XIX° siècle, le mot ‘intégral’ mis à toutes les sauces (humanisme…). Les intégralistes sont devenus des intégristes sous la plume de leurs adversaires. ‘Fondamentalisme’ vient, quant à lui, de la lutte menée par les protestants américains, dans les années 1920, pour la défense des ‘fondamentaux de la foi’ (Bible…). (Marcel Gauchet) – L’Intégrisme se rapprocherait du traditionalisme, continuité et accrochage avec le passé (y inclus sur le plan politique), il s’agit au moins de maintenir ce qui reste. Le fondamentalisme prend acte du bouleversement destructeur et entreprend de reconstruire, de refaire… Il commence quand la tragédie est consommée et veut remonter en deçà de cette  rupture, il s’agit de remettre la religion au poste de commandement … Vulgairement, le premier s’accroche et est passéiste, le second réagit par la reconstruction … Mais les deux sont des phénomènes réactifs suscités par l’appropriation forcée de la modernité (et les provocations calculées des modernistes !).

« Pour nous, la religion c’est avant tout des croyances individuelles. Pour un musulman, c’est avant tout une façon de faire société, et l’Islam a poussé encore plus loin que le judaïsme et le christianisme cette connexion entre  foi et mœurs, ce qui fait que le passage à la modernité y représente un défi particulièrement rude. » (Marcel Gauchet)

 « Nous avons affaire à des gens qui ne  savent simplement plus ce que veut dire ‘religion’. L’Europe est totalement démunie face au phénomène religieux … Il y a la bourrée auvergnate, et il y a le ramadan, voilà la conviction la plus généralement répandue ! … Preuve de plus de l’ethnocentrisme occidental ; un Occidental moyen ne peut plus comprendre ce qu’est une religiosité traditionnelle … Quand on parle de laïcité, il est bon de savoir un peu ce qu’est la religion. » (Marcel Gauchet) – Voir les stupidités dites sur l’Islam.

« Ce qui fait désormais l’âme du comportement religieux, c’est  la quête et non la réception, c’est le mouvement de l’appropriation au lieu  de la dévotion inconditionnelle. » (Marcel Gauchet)

« Pour nous, la religion c’est avant tout des croyances individuelles. Pour un musulman, c’est avant tout une façon de faire société, et l’Islam a poussé encore plus loin que le judaïsme et le christianisme cette connexion entre foi et mœurs, ce qui fait que le passage à la modernité y représente un défi particulièrement rude. » (Marcel Gauchet)

« Le geste fondateur du religieux consiste dans le partage des ordres de réalité : monde visible , l’ici-bas et  monde invisible, l’au-delà. » (Marcel Gauchet)

« Si vous rejetez en bloc la religion, comment pouvez-vous expliquer que les seuls points communs à toutes les cultures soient le langage, le rituel et Dieu ? » (René Girard) – Il n’est pas là question de leur vérité ou non, mais de leur importance fondamentale dans l’élaboration du social.

« Bien qu’il pense que la religion est une pure fantaisie, il déclare qu’elle ne peut être totalement inutile, puisqu’elle possède une valeur intrinsèque d’adaptation sans laquelle elle aurait été rejetée comme une construction inadéquate. » (René Girard résumant Edward Osborne Wilson) – « C’est exactement ce que je dis quand j’affirme que la religion protège les sociétés de la violence mimétique. » (René Girard) – Ce que l’athée de base bien endoctriné est incapable même d’imaginer.

« La désaffection massive des cultes et des rituels (et pas  seulement religieux) participe du bilan d’un siècle guerrier et révolutionnaire… » (André Glucksmann)

« Prêchi-prêcha mystico-écologique … bouillie sentimentale … Ces nouvelles spiritualités réconcilient relativisme, éclectisme et œcuménisme religieux autour d’un divin naturel et universel … Nul besoin d’études pour entrer en contact avec ce divin-là. Chacun peut être amené à se brancher sur lui … sans médiation ni exégèse … A lire nombre d’ouvrages  et au vu des ‘outings’ médiatiques, le nombre de ceux qui disent avoir rencontré Dieu à travers ce type d’expérience semble en constante augmentation … Ce type de religiosité surgit dans les moments de crise comme celle que nous vivons aujourd’hui. Mais elle comporte des aspects nouveaux : son côté bric-à-brac et son individualisme forcené sur fond de déculturation culturelle et religieuse … Elle est comme l’image inverse du fondamentalisme religieux … sentimentalisme, pacifisme et humanitarisme désincarnés … Intégrant une version angélique des droits de l’homme … elle s’intègre à la démocratie. » (Jean-Pierre Le Goff) – Sur les prétendues nouvelles spiritualités : Ere du Verseau, New Âge, religions orientales sans contraintes pour le développement personnel du Bobo moyen, culte de ce hâbleur de Dalaï lama…

« Grattez le civilisé, vous trouverez le paléolithique … L’adolescent qu’est l’homme actuel … aura toujours besoin d’être surveillé par ces tutrices affectueuses et vigilantes que sont les grandes spiritualités. » (René Grousset) – Le XX° siècle l’a déjà bien montré, et ce n’était qu’un début vers toujours plus de pourriture.

« Après la catastrophe produite par l’irruption des Tartares (Huns, Turcs, Tongouz ou Mongols) dans l’empire chinois au V° siècle, par l’irruption des Germains dans l’empire romain au V° siècle, en Extrême-Orient la spiritualité bouddhique, en Occident la spiritualité chrétienne, sauvent la civilisation … Les conquérants sont convertis, apaisés, humanisés, ici, par les apôtres du Bouddha, là, par les apôtres du Christ. » (René Grousset) – Seulement ici et là pour redresser la situation il n’a pas fallu moins de quatre à cinq siècles. A l’intention des prétentieux imbéciles d’aujourd’hui qui nous mènent à d’autres catastrophes.

 « Chaque religion se pervertissant suivant ses modalités propres … Le social prenant peu à peu le pas sur le religieux … Dieu devenant le notaire suprême qui règle les affaites d’une communauté terrestre sacralisée en elle-même et pour elle-même. » (d’après René Guénon)

« La religion comporte essentiellement la réunion de trois éléments d’ordre divers : un dogme, une morale, un culte ; partout où l’un quelconque de ces éléments viendra à manquer on n’aura plus affaire à une religion au sens propre de ce mot … Le premier élément forme la partie intellectuelle de la religion, le second la partie sociale,  le troisième, l’élément rituel, participe à la fois de l’une et de l’autre  … Dans une religion où l’élément  social et sentimental l’emporte sur l’élément intellectuel, la part du dogme et celle du culte se réduisent simultanément de plus en plus, de sorte qu’une telle religion tend à dégénérer en un ‘moralisme’ pur et simple, comme on en voit un exemple très net dans le cas du Protestantisme. » (René Guénon)

« La religion n’est point chose moderne,  et c’est contre elle que l’esprit moderne concentre toute son animosité, parce qu’elle est, en Occident, le seul élément qui ait gardé un caractère traditionnel. » (René Guénon)

« Le Pentecôtisme dit catholique (dont on a oublié qu’il vit le jour au XIX° siècle au sein des milieux les plus ‘illuminés’ et les plus évidemment suspects du Protestantisme américain) se présente comme une nouvelle infusion de l’Esprit alors qu’il offre toutes les apparences d’une sinistre parodie de l’initiation chrétienne … ‘Guérisons miraculeuses’ pratiquées en série et programmées en toute simplicité, confusion du psychique et du spirituel, ‘glossolalie (parler en langues) pris comme témoignage irréfragable du baptême de l’Esprit. » (d’après René Guénon – qui considérait le Pentecôtisme comme une tentative de contre-initiation, de subversion de la Tradition)

« La tendance moderne, telle que nous la voyons s’affirmer dans le Protestantisme, est tout d’abord la tendance à l’individualisme, qui se manifeste clairement par le ‘libre examen’, négation de toute autorité … Cet individualisme a pour conséquence ce qu’on pourrait appeler une ‘humanisation’ de la religion, simple affaire de sentiment, ensemble d’aspirations vagues sans objet défini … aboutissant à un ‘moralisme’ humanitaire purement laïque et areligieux (pour ne pas dire antireligieux). » (René Guénon –traitant explicitement du protestantisme anglo-saxon)

 « Le mot même de religion s’appliquant à des choses purement humaines, à un culte laïque et civique, pseudo-religion où toute idée du divin est absente, divinisation de l’humanité, par substitution de l’humanité à Dieu. » (René Guénon)

« La crise du religieux dont on parle sans cesse permet de faire silence sur la crise symétrique, de la pensée laïque, de moins en moins capable de répondre aux questions concernant le sens. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Au même titre que la foi, l’incroyance a perdu de sa superbe et renoncé à tout dogmatisme : toutes deux habitent un commun espace d’incertitude et d’interrogations. » (Jean-Claude Guillebaud)

« S’il est urgent de résister aux fondamentalismes religieux, la pire méthode serait de leur opposer un fondamentalisme athée dont le siècle nous a montré tout le ‘savoir-faire’ … Mieux vaudrait prendre la mesure du vide devant lequel nous sommes nous-mêmes pris de vertige. » (Jean-Claude Guillebaud)

« Tout homme est religieux dans la mesure où il est capable d’attention et de silence. » (Jean Guitton)

« Seules, à travers l’histoire d’étroites élites furent capables de se construire une règle de vie harmonieuse et juste sans le secours du divin, grâce à la pensée, à la philosophie, à la culture de l’esprit, à l’élévation de l’âme. » (Jean-Louis Harouel)

« La lente transition qui a conduit du monde de la transcendance à celui de l’immanence. » (Paul Hazard)

« Toutes les religions précédentes …  n’étaient en fin de compte qu’étroitement nationales, pleines d’images et de travestissements, de cérémonies et d’usages nationaux, auxquels les devoirs essentiels n’étaient raccrochés que par surcroît, bref les religions d’un peuple, d’une contrée, d’un législateur, d’une époque ! » (J. G. Herder) – Précédentes au christianisme.

« Ce serait Robespierre qui aurait insisté pour ajouter le mot ‘fraternité’ à la devise de la République. Comme s’il avait senti que la liberté et l’égalité étaient deux termes antinomiques ; qu’un troisième terme était absolument indispensable. Même intuition lorsqu’il tente d’engager le combat contre l’athéisme, de promouvoir le culte de l’Être suprême … je crois peu vraisemblable qu’une civilisation puisse subsister longtemps sans religion quelconque (en précisant qu’une religion peut être athée, comme l’est par exemple le bouddhisme). La conciliation raisonnée des égoïsmes, erreur du siècle des Lumières à laquelle les libéraux continuent à se référer dans leur incurable niaiserie (à moins que ce ne soit du cynisme) me paraît une base d’une dérisoire fragilité … comme  le matérialisme dialectique, basé sur les mêmes prémisses philosophiques erronées que le libéralisme est par construction incapable d’aboutir à une morale altruiste. » (Michel Houellebecq)

« Les religions de type mystique qui se préoccupent peu de ce monde et les religions de type ascétique qui, elles, tentent une forme de maîtrise sur la vie ici-bas … On pourrait penser que les premières disposent à la fuite et les secondes à l’engagement. Mais, cette première distinction en croise une deuxième. Parmi les mystiques, certains ont extra-mondains (moines contemplatifs), mais d’autres sont intra-mondains (Mère Térésa, sainte Thérèse d’Avila …) … Parmi les ascètes, certains sont extra-mondains (ermites, yogis, se préoccupant d’abord d’eux-mêmes) ; d’autres, au contraire, sont intra-mondains (engagement par ascétisme militant, militantisme) … Deux types de fuite, deux types d’engagement, de types mystique et de type ascétique … Bouddhisme, exemple même de religion de type mystique extra-mondain, protestantisme forme la plus achevée de la religion de type ascétique intra-mondain … L’amour de Dieu peut conduire à une forme de fuite, l’amour du prochain à une forme d’engagement. » (Alain Houziaux – reprenant les distinctions célèbres de Max Weber)

La religion, opium du peuple, assertion célèbre de Karl Marx (opium, terme non négatif alors, soulagement plus que drogue). « déviant les aspirations de l’homme vers un universel illusoire, le détournant du réel et de ses conditions d’existence … Pour Marx, l’homme peut et doit vivre sans idéologie … A ceci près que judaïsme et christianisme ne se réfèrent pas à une utopie mais à des promesses … et on ’fait son salut’ dans le présent, par un engagement dans le réel, le salut dans l’au-delà, mobile pour l’engagement dans l’ici-bas  commandement éthique, voire politique, suscitant plus un engagement qu’une fuite. » (Alain Houziaux) – Quand on voit quelle idéologie est devenu le marxisme sans Marx !

« Le parapluie de la foi. » (Julian Huxley) – Joliment dit.

« L’ordinateur transcendantal, la micropuce et le surhomme. On a la religion qu’on peut. » (François-Bernard Huyghe – sur les délires de Jean-Jacques Servan Schreiber… et de bien d’autres dans les années 70, 80)

« Durkheim voyait dans la religion une force intégrative et il a établi, pour les suicides, que ceux-ci variaient en raison inverse du caractère intégrateur de la religion, plus de suicides chez les protestants que chez les catholiques, plus chez ceux-ci que chez les juifs … Des faits analogues se vérifient pour ce qui est de la santé mentale … Si la cohésion sociale n’empêche pas l’éclosion de troubles mentaux, elle joue un rôle efficace pour les réduire … Des sociétés mieux intégrées, des styles de vie plus communautaires constituent une protection contre l’angoisse, le suicide, la maladie mentale. Freud relevait déjà que l’acceptation d’une névrose universelle dispense le sujet de la tâche de se créer une névrose personnelle. » (Roland Jaccard)

« On peut voir dans nombre d’entre elles (les doctrines sociales) des religions laïcisées qui transfèrent l’au-delà dans la fin de l’histoire, donc dans l’en-deçà. » (Vladimir Jankélévitch)

« Grâce à ces puissances invisibles qui chacune avaient leurs compétences, voilà que s’opérait une première mise en ordre de l’incohérence ambiante, du fatras cosmique … Le tout premier service qu’on avait attendu du ciel, c’était de comprendre un peu moins mal la terre, d’y être un peu moins désemparé. Les choses n’étaient-elles pas moins opaques depuis qu’il y avait un au-delà et un en-deçà, et que le second émanait du premier et en dépendait ? » (Lucien Jerphagnon)

« La religion : remède. Et s’il guérit, qu’importe d’où il vient et ce qui le compose ? »(Joseph Joubert)

« Il est nécessaire d’y croire, il ne l’est pas qu’elle soit vraie. Toute religion l’est toujours d’une vérité suffisante. Suffisante pour faire mieux que si on ne l’avait pas. » (Joseph Joubert)

« Je la crois encore plus nécessaire à cette vie qu’à l’autre. » (Joseph Joubert)

« Le grand bienfait de la religion est d’empêcher l’homme d’être superstitieux. » (Joseph Joubert)

« Une idée aussi puissante que celle d’un médiateur divin correspond à un profond besoin de l’âme, et ce besoin ne disparaît pas lorsque son expression devient caduque. Qu’advient-il alors de l’énergie qui, jusque là, irriguait cette idée, la maintenait vivante et sous-tendait son action sur les âmes ? Un antagonisme politique, social et religieux que le monde n’avait jamais connu à pareille échelle scinde la conscience de notre époque. » (Carl Jung)

« Le point d’origine d’une croyance véritable n’est pas le conscient, mais une expérience religieuse spontanée … La croyance est un phénomène secondaire qui repose sur une donnée primaire : avoir vécu quelque chose qui nous a bouleversé… » (Carl Jung) – Claudel derrière son pilier, André Frossard subitement saisi, et mille autres. Il n’y a pas de conversion par l’intellect.

« Est pieux celui  à qui quelque chose est sacré. » (Hermann von Keyserling – définissant la religion personnelle)

« Ceux qui s’égosillent le plus à demander de nouvelles formes de foi sont … essentiellement areligieux … Ce qui leur importe n’est pas une nouvelle foi, mais une nouvelle forme de l’être. » (Hermann von Keyserling)

« Le lien qui existe entre la religion et la nature d’un peuple … Le christianisme s’est occidentalisé à grande vitesse et toujours davantage … Le bouddhisme n’a pas duré en Inde. Il ne s’est maintenu dans sa forme primitive que dans la zone tropicale, Ceylan, la Birmanie, au Siam, dans une humanité plus indolente … La seule dont le contenu doctrinal semble avoir été plus puissant que tous les autres facteurs est l’Islam, pourquoi ? » (Hermann von Keyserling)

« La vérité est une. L’erreur est multiple. L’esprit est un et la vraie religion, celle de l’esprit et de la vérité est une. Les religions par contre sont nombreuses : toutes fausses dans la mesure où elles se particularisent, où à l’esprit elles substituent ‘la lettre’ … Tout ce qui n’est pas esprit appartient au temps … Les religions appartiennent au ‘monde’, elles sont le fait des enfants d’Adam … Les mondes s’opposent et se nient : du point de vue de l’un, l’autre est néant. Le monde charnel, le monde  extérieur, le monde ‘adamique’ n’est rien du point de vue de l’homme spirituel ; sa ‘vérité’ est fausse et sa ‘sagesse’ folie. Mais il en est de même inversement ; du point de vue du monde extérieur, la vraie sagesse est une folie … La lutte ‘entre Adam et le  Christ’, l’esprit et la chair, voilà les grands protagonistes … La conception du ‘Christ en nous’ (‘faire le vide dans l’âme pour que Dieu la remplisse,’, disait Jean Tauler) et celle du ‘Christ pour nous’ (comme expiation et justification). » (Alexandre Koyré – évoquant  les innombrables tenants d’une religion du pur esprit Mystiques spirituels, alchimistes du XVI° siècle allemand) – Voir les remarques de début de cette rubrique – de la rubrique Esprit, 280, 1

« Le fanatisme est à la religion ce que la jalousie est à l’amour. » (Jean-Benjamin de Laborde)

« La soumission envers Dieu rend les gens moins dociles dans la vie quotidienne. Elle les rend moins peureux, mais aussi moins amers et désagréables, moins enclins à s’excuser. » (Christopher Lasch) – Toutes attitudes catastrophiques pour le groupe dominant.

« Paradoxalement, la déculturation engendrée par l’Occident … offre les conditions inespérées d’un renouveau religieux … La religion devient la base d’un projet de reconstruction de la société. Elle se voit attribuer le rôle d’assumer la totalité du lien social. » (Serge Latouche) – Toujours le cas  en Islam (si on excepte la pression interne et le terrorisme externe)

« Voici venir sur la scène du monde des peuples et des civilisations qui ne se réfèrent plus à notre Histoire Sainte ; pour qui Abraham, Isaac et Jacob ne signifient plus rien … Nous autres, juifs et chrétiens, nous sommes repoussés en marge de l’histoire, et bientôt personne ne se donnera plus la peine de distinguer un catholique d’un protestant et un juif d’un chrétien. » (Emmanuel Levinas) – Inutile même d’attendre le surgissement de ces masses. En méprisant les religions (allant jusqu’à la grossière insulte systématique pour le catholicisme), l’Occident s’est suicidé et se raccroche lamentablement à ses grotesques valeurs.

« Les gens qui vont prier pour la pluie se munissent rarement d’imperméables. » (Simon Leys)

« C’est quand le germe spirituel perd de sa vigueur, quand le principe religieux se dérobe, que la théorie Marxiste de la religion devient vraie. La vie spirituelle est une création continue : dans la mesure où elle fléchit, les explications matérialistes ont raison contre elle. » (cardinal Henri de Lubac)

« Si, par delà toutes les sociétés visibles et mortelles, vous ne posez pas une communauté mystique … vous laissez les êtres à leur solitude ou vous les anéantissez en les broyant ; de toutes façons vous les tuez. Car on meurt aussi par asphyxie. » (cardinal Henri de Lubac) – Et c’est ce qui arrive à l’Occident. Primat d’une laïcité intransigeante et fermée.

« J’accueille toute leur science ; ils repoussent toute ma foi. Combien mon sort est meilleur que le leur ! » (cardinal Henri de Lubac)

« Les professeurs de religion sont toujours exposés à transformer le christianisme en religion de professeurs. » (cardinal Henri de Lubac)  – On peut étendre à toutes les religions.

« L’eschatologie raconte l’expérience d’un sujet affecté par un manque, et prophétise que cette expérience s’achèvera à la fin des temps par la rémission du mal, par la destruction de la mort, et par le retour à la maison du Père, c’est-à-dire au signifiant plein. Faute d’eschatologie, la mécanicité et la contingence … laissent la pensée en souffrance de finalité. Cette souffrance est l’état postmoderne de la pensée, ce qu’il est convenu d’appeler ces temps-ci sa crise, son malaise ou sa mélancolie. » (Jean-François Lyotard) – Nous l’avons bien cherché.

« Les idéologies passent et les religions demeurent … Ce qui rend les religions virtuellement indestructibles, c’est qu’elles offrent aux adeptes un ancrage identitaire durable. » (Amin Maalouf)

 « Aucune doctrine n’est, par elle-même, nécessairement   libératrice, toutes peuvent être perverties (communisme, libéralisme, nationalisme, chacune des grandes religions et même la laïcité. (Amin Maalouf)

« L’on accorde trop de poids à l’influence des religions sur les peuples et pas assez à l’influence des peuples sur les religions … A partir du moment où l’Empire romain s’est christianisé, le christianisme s’est romanisé, abondamment … On pourrait faire des observations similaires concernant l’Islam, et aussi à propos de doctrines non religieuses. Si le communisme a influencé l’histoire de la Russie  ou de la Chine, ces deux pays ont également déterminé l’histoire du communisme, dont le destin aurait été fort différent s’il avait triomphé plutôt en Allemagne ou en Angleterre … malléabilité des doctrines. » (Amin Maalouf)

« La méfiance qui prévaut dans la tradition musulmane, comme dans la tradition protestante, à l’égard d’une autorité religieuse centralisatrice est légitime et démocratique ; mais elle a un effet secondaire calamiteux ; sans cette insupportable autorité centralisatrice, aucun progrès n’est enregistré de façon irréversible ; les mêmes controverses reviennent encore et encore concernant le licite et l’illicite, le pie et l’impie ; en l’absence d’une autorité suprême, aucune ‘avancée’ n’est validée une fois pour toutes, aucune opinion émise au cours des siècles n’est marquée comme obsolète. Chaque pas en avant est suivi d’un pas en arrière. La porte est constamment ouverte à toutes les surenchères, à toutes les virulences, comme à toutes les régressions (thèses créationnistes extrêmes de milieux américains évangélistes…) … L’autorité papale a admis que la Terre était ronde et tournait autour du soleil, elle ne condamne plus Darwin, elle sévirait si l’un de ses évêques s’amusait à interpréter les textes sacrés de manière étroitement littérale comme le font certains ulémas d’Arabie ou certains prédicateurs évangélistes d’Amérique. » (Amin Maalouf)

« La religion est un élément fondamental d’une civilisation. Elle constitue,  en quelque sorte, son assurance-vie … La civilisation ne repose pas uniquement sur la religion ou la spiritualité … mais l’aspect religieux et surtout spirituel reste à mes yeux, un pilier de base, un fondement essentiel à restaurer. » (Sonia Mabrouk) – Et à mes yeux aussi.  

« Même s’ils se sont trompés, les illuministes ont au moins pour eux de maintenir dans le matérialisme la croyance en l’immortalité de l’âme. » (Joseph de Maistre)

« Sans le mystère, le monde serait irrespirable. » (Gabriel Marcel)

« Ce qui compte n’est pas le nom que l’on donne à son dieu, mais les valeurs que l’on défend en son nom. » (Aurélien Marcq)

« La religion n’est que le soleil illusoire, qui se meut autour de l’homme tant que celui-ci ne se meut pas autour de lui-même » (Karl Marx) – « Dès que j’installe l’autonomie au faîte d’un système philosophique, dès que je promeus à un tel degré cette dimension prométhéenne de l’autonomie, alors l’autonomie devient elle-même divine. » (Paul Ricœur)

« On ne m’ôtera pas de la tête qu’il y a eu interversion dans l’ordre des livres saints et que tout ce qui est dit de la création d’un être raisonnable formé à l’image de Dieu doit être rangé parmi les prophéties. » (Paul Masson)

« La religion se fera de plus en plus commode. On finira par monter au Ciel en ascenseur. » (Paul Masson)

« Cette terreur (de tant d’excellents prêtres et de personnes consacrées à Dieu), qu’ils surmontent sans doute, mais qui souvent les étreint, d’avoir renoncé en vain à l’usage délicieux et criminel du monde dont parle Pascal.» (François Mauriac)

« C’est le spirituel qui baisse dans le monde, lui qui régna sur les argentiers et les rois ; c’est la force brutale qui repart à la conquête de l’univers. » (Charles Maurras)  

« La secte est une organisation … qui n’est pas fondée sur la croyance. On serait enclin à ajouter qu’elle n’est pas fondée non plus sur la foi. Elle fait appel à une tout autre dimension psychique, celle de la conviction … La croyance suppose un engagement dans un acte de foi, alors que là, il s’agit de certitude. » (Charles Melman)

« Le mystère a contre lui le fantasme de la transparence démocratique. » (Richard Millet)  – D’où notre monde infiniment horizontal, infiniment plat, infiniment morne, infiniment désespérant.   

« La déchéance occidentale qui consiste à  chercher dans d’autres religions et des sectes ce que nous offre le christianisme. » (Richard Millet) 

« Deux religions sociales (Islam et Protestantisme), sans mystères, radicales, et qui reçoivent l’appui des catholiques de gauche, c’est-à-dire de ce que le catholicisme a produit de pire : la mauvaise conscience courant au-devant du ressentiment, et le ressentiment comme ferment de l’hédonisme, la question sexuelle rôdant autour de toute l’affaire. » (Richard Millet – Fatigue du sens)

« …La transcendance me paraît la meilleure manière de refuser la société actuelle et de se désolidariser radicalement de ses pitoyables valeurs comme de ses pitreries optimistes les plus blafardes… » (Philippe Muray)

« De même que les terres anciennement cultivées puis abandonnées ne retournent jamais à la friche originelle mais se couvrent de ronces … de même cet univers débarrassé de ses vieilles religions réinvente à toute allure des ‘spiritualités’ de seconde main, des dévotions ubuesques de secours. » (Philippe Muray)

« Tout ce qui est en train de ‘syncrétiser’, tout ce qui est en train de ‘syncrétiniser’ le siècle … et de préparer par la même occasion notre crétinisme à tous … notre politique de ‘toutes les religions sont une’ , c’est-à-dire notre égalitarisme métaphysique roulant dans les débris du progressisme aussi bien que dans les morceaux du réincarnationnisme, le tout formant notre petite liturgie de middle-class planétarisée d’aujourd’hui. » (Philippe Muray)

« L’unicité du dieu, au contraire (du polythéisme), signifie le retrait de ce dieu hors de la présence et donc aussi hors de la puissance. Il rend donc absolument problématique le nom de ‘dieu’, il le rend non signifiant, et surtout, il lui retire tout pouvoir d’assurance … Le monothéisme est en vérité l’athéisme … le monothéisme, dans son essence, défait le ‘théisme’, c’est-à-dire la présence de la puissance qui assemble le monde et assure son sens. » (Jean-Luc Nancy – La décomposition)

« Nous devons cesser d’être des hommes qui prient pour devenir des hommes qui bénissent. » (Nietzsche) – Bénissent la Création.

« L’idée que la religion est nécessaire à la société (non seulement moralement mais en tant que facteur d’intégration et d’unité). De même que les liens communautaires sont nécessaires à l’ordre social, les valeurs sacrées sont nécessaires au consensus social … Non seulement une foi, une doctrine … mais une communauté et une autorité qui implique des rites, des cérémonies, une hiérarchie et une organisation (empêchant la désintégration) … A l’origine de toutes les idées et croyances fondamentales de l’homme … ‘Quand la religion est détruite chez un peuple, le doute s’empare des portions les plus hautes de l’intelligence et il paralyse à moitié les autres … chacun s’habitue à n’avoir que des notions confuses et changeantes … Enervement des âmes … Détente des ressorts de la volonté … Agitation … Préparation à la servitude. Comme tout remue dans le monde des intelligences, les hommes veulent, du moins, que tout soit ferme et stable dans l’ordre matériel, et, ne pouvant plus reprendre leurs anciennes croyances, ils se donnent un maître … Pour qu’il y ait société, et que cette société soit prospère, il faut que les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales’ (Alexis de Tocqueville). » (repris de Robert Nisbet) – Et thèse de tous les auteurs, Burke, Chateaubriand, de Bonald, Lamennais… et même Hegel et Auguste Comte en défense de la religion en général et du christianisme en particulier. 

« On dirait qu’une des activités principales de l’humanité est d’inventer des religions. » (Jean d’Ormesson)

« Le but premier de toute religion et de toute métaphysique est de donner un sens à la catastrophe des origines et d’en donner un autre, ou le même, à la catastrophe de la fin. De notre fin à chacun. Et de la fin du tout. » (Jean d’Ormesson)

« Une Eglise ou une société qui ne fournirait pas les moyens pour s’affranchir de ses propres institutions, qui empêcherait ses  membres de se libérer d’elle, réduit à néant sa suprême raison d’être. » (Pier Paolo Pasolini) – sur « les religions indiennes, hindouisme ou bouddhisme, dans lesquels ‘l’Eveil’, quatrième et dernier degré de la connaissance, permet d’échapper au déterminisme social de la caste et l’abandon, non seulement des biens de la vie, mais aussi du rituel religieux et de la théologie elle-même. »

« La vie spirituelle n’est pas une ornementation, c’est un décapage … Lucidité, discipline, expérience nue … Méfiez-vous du sentiment du sacré. La vie spirituelle n’est pas une affaire de sentiment, c‘est une affaire de volonté, d’intelligence, de savoir … d’intelligence pour suspendre le discours de l’intelligence, de savoir pour désapprendre … Le pittoresque ne vivifie pas l’esprit, il le stupéfie. » (Louis Pauwels)

« Parce qu’ils n’ont pas la force d’être de la nature ils croient qu’ils sont de la grâce. Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde ils croient qu’ils sont de Dieu. » (Charles Péguy – sur certains fidèles)

« La religion est bien autre chose qu’une mosaïque de fidélités particulières. C’est  un ‘ensemble de croyances communes à une collectivité donnée’. Non pas des vérités admises, à titre individuel, par les membres du groupe, mais une ‘représentation collective’ qui s’impose à tous, ‘comme si elle provenait de l’extérieur’, parce qu’elle scelle l’unité du groupe. » (Perrot, Rist et Sabelli – citant Durkheim) – D’où les religions obligatoires, et leurs rites, imposées par les pouvoirs laïques (solidarité, tolérance, progrès, droits de l’homme … la liste serait infinie et mouvante avec les intérêts du clan dominant)

« Notre temps est si peu religieux qu’il n’a pas même pu enfanter une hérésie. » (Ernest Renan)

« Un immense abaissement moral, et peut-être intellectuel, suivrait le jour où la religion disparaîtrait du monde. » (Ernest Renan) – C’est presque fait et on voit où nous sommes sur les deux plans, et surtout où nous allons.

« Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes … Dure nuit ! le sang séché fumait sur ma face. » (Arthur Rimbaud – Une saison en enfer)

« Une religion démontrée ne diffèrerait pas de la physique ou de la géométrie ; ou plutôt ce ne serait pas une religion. » (Rivarol)

« Le martyr d’une vieille religion a l’air d’un entêté ; le martyr d’une religion nouvelle a l’air d’un inspiré. » (Rivarol)

« La philosophie ne répond que des individus, la religion répond des masses. » (Rivarol)

« Que les philosophes comprennent que ce n’est pas pour attaquer les religions qu’il faut du génie et du courage, mais pour les fonder et les maintenir. » (Rivarol)

« Quand on a rendu ce monde insupportable aux hommes, il faut bien leur en promettre un autre. » (Rivarol) – Qui pourtant était bien loin d’être un bouffeur de curés.

« Lorsqu’on dit que la religion est culpabilisante, c’est faux. Ce sont les gens qui se servent de la religion qui sont culpabilisants. » (Stan Rougier)

« Il n’y a plus de connexion automatique entre culture et religion. Le marqueur religieux est libre et flottant … avec le développement des conversions (phénomène au cœur de la déconnexion entre le religieux et le culturel) et des changements de religion dans le monde d’aujourd’hui … Le converti cherche une religion et non pas une culture. » (Olivier Roy)

« Le marqueur religieux n’est plus l’apanage d’un peuple donné … L’universalisation passe par la déconnexion culturelle, mais pas par la rupture religieuse … La mondialisation est un facteur majeur dans le découplage entre les deux marqueurs. »  (Olivier Roy)

« La Réforme, d’emblée affirme, la disjonction absolue entre le religieux et le culturel … La réforme de Luther a consisté à affirmer une rupture non pas avec une religion, mais avec une culture religieuse (déviations, erreurs, rites… du catholicisme, proches du paganisme). » (Olivier Roy)

« La question de la culture est au cœur du catholicisme contemporain sous des formes très diverses (inculturation (reconnaissance de la culture environnante) , défense d’une culture européenne, référence au latin, théologie de la libération…), alors que le protestantisme va au contraire aller très loin dans la voie de la déculturation entre marqueurs religieux et marqueurs culturels. » (Olivier Roy)

« Pour affirmer son universalité, la religion doit se détacher de la culture (en tout cas de  la culture occidentale). » (Olivier Roy)

Quand « Marqueur religieux et marqueur culturel coïncident, et même si les sociétés se sécularisent, elles portent toujours l’empreinte culturelle de la religion fondatrice … Vision à la base du fameux ‘clash des civilisations’. » (Olivier Roy)

« La religion peut servir de marqueur identitaire dans des contextes de déculturation particulièrement violents, telle la déportation esclavagiste. Les Noirs américains se sont successivement ralliés au christianisme puis à l’Islam. Par le premier, ils revendiquent l’égalité, voire l’assimilation, et retournent en se l’appropriant la religion dominante contre les dominateurs. L’appropriation se fait en développant une religiosité particulière, bien représentée par le ‘gospel’.» (Olivier Roy)

« La rupture  entre religion et culture a lieu un peu partout, y compris dans les sociétés où une religion donnée est donnée comme majoritaire … Quand la norme religieuse se détache de la culture, quand celle-ci apparait tout d’un coup comme paganisme … Le divorce peut donc intervenir en dehors du processus classique de sécularisation … D’une part, fortes restrictions sur l’avortement, le libéralisme-libertaire sociétal, les fêtes païennes (déchristianisation de Noël, Halloween…), d’autre part, des positions religieuses plus progressistes en matière d’immigration, d’écologie, de relations  sociales … en surplomb,  la chasteté des prêtres  paraissant incongrue et la mise en cause de leur célibat dans un monde où la sexualité est devenue une valeur. » (Olivier Roy)

« En dévaluant les biens du monde, on dévalue aussi les maux. » (Raymond Ruyer)

« Il est évident que la dogmatique chrétienne traditionnelle, fixée en gros au XIII° siècle,, n’est pas à l’échelle du monde tel qu’il apparaît aujourd’hui dans le temps et dans l’espace … C’est à l’attitude religieuse à essayer de se définir de telle sorte qu’elle trouve un point de stabilité propre tout en se conjuguant avec les progrès de la connaissance théorique, de telle sorte qu’elle puisse suivre le mouvement de cette connaissance, tout en échappant à ses modes passagères … De même pour les religions idéologiques (Hegel, Marx…) qui prétendaient remplacer le christianisme … A l’échelle de l’espace et du temps, l’organisation sociale de l’humanité apparaît comme une variation superficielle, comme un phénomène fluctuant … Dilution inévitable des dogmatiques dans le cosmos astronomique. » (Raymond Ruyer – Dieu de la science, Dieu des religions)

« La prolifération des croyances magiques et des récits légendaires dans les religions est souvent consécutive à un affaiblissement de l’élan primitif. Le Christianisme primitif était plus simple que le Catholicisme actuel, et pourtant, il avait plus de dynamisme … Ce sont les générations où la foi primitive s’est affaiblie qui s’accrochent aux miracles et aux dogmes, et même les multiplient … en croyant sauver ce qui reste de foi. La croyance magique n’est qu’un résidu … Visions et apparitions peuvent enthousiasmer quelques dévotes, mais elles éloignent silencieusement des millions de gens … Le traditionalisme religieux a péché par manque de foi, en croyant qu’il fallait avant tout garder et compliquer les formes et que l’esprit les remplirait toujours … Dans les millions d’années de l’histoire humaine, la ‘pièce bien composée’ ne paraît plus qu’un épisode parmi des milliers d’autres, discordants … Le Christianisme comme le marxisme dialectique paraissent dérisoires dès que l’on élargit l’échelle de vision. » (Raymond Ruyer)

« Ceux pour lesquels la religion est ‘primaire’ et ceux pour lesquels elle est ‘secondaire’. Les religieux primaires ne sont pas exclusivement les créateurs religieux, extrêmement rares, ce sont ceux qui trouvent dans les formes religieuses traditionnelles l’expression de leur sentiment spontané. Les religieux secondaires se contentent d’accepter du dehors ces formes, comme les mauvais auditeurs de musique assistent à la musique et ne l’écoutent pas. » (Raymond Ruyer)

« L’homme est un ‘animal religieux’, parce qu’il est un animal sans ‘umwelt’, soit un animal qui a prolongé son domaine vital jusqu’à un monde total (soit plus large que sa niche écologique de survie) … L’humanité et la religion consistent à dépasser ‘l’umwelt’ … L’homme seul s’intéresse aux étoiles, les nomme, parce qu’il les voit sur le fond de l’unité et de la totalité du monde … Qu’importe ce qu’il y voie, la différence n’est pas essentielle … Comprendre le mot ‘monde’, c’est être homme, et être religieux …On passe du monde naturel, spatial et trans-spatial, au monde religieux, par totalisation … Les archétypes du comportement humain saisis sur fond d’un Archétype total … et culminant en un point indéfinissable, l’Un, l’Unique nécessaire, la Puissance suprême, le Logos, la Voie …  L’homme y trouve non seulement le génie de sa propre espèce, mais une Puissance, ou un Sens universel … L’essence universaliste des religions … les représentations religieuses reconnaissent le fait que nous sommes plus que ce que le déroulement causal de proche en proche permettrait de croire … Platon se refusait à croire que ce qui fait grandir un homme, c’est ‘manger et boire’ … Le fond de toute religion, c’est l’idée de l’Être ou du principe suprême, à la fois lié au monde et distinct du monde … La religion satisfait , canalise et purifie des besoins beaucoup plus complexes et plus troubles que les besoins intellectuels ; Une église n’est pas une université … Le traitement des psychismes malades, par les religions, a ceci de supérieur à celui de la psychanalyse, que la religion opère une véritable transfiguration, une sublimation authentique. » (Raymond Ruyer – considérations éparses et simplifiées sur la religion) – D’un auteur non religieux.

« La psychologie ne peut que délivrer un individu de ses complexes, elle ne délivre pas l’individu lui-même. Elle ne lui offre pas de vraie nourriture après l’avoir débarrassé de ses poisons. Le traitement des psychismes malades par les religions a ceci de supérieur à celui de la psychanalyse, que la religion opère une véritable transfiguration, une sublimation authentique … L’individu ‘ouvert’ et converti à un idéal qui le dépasse, peut être guéri de ses angoisses névrotiques ; ses forces, au lieu de l’empoisonner, peuvent être rendues disponibles et par suite saines pour lui-même. Mais cela ne prouve pas que l’idéal choisi soit bon et sain pour la société humaine … fanatismes…» (Raymond Ruyer)

Terminologie. «  Premier sens : celui de scrupule. La ‘religion’ romaine désignait d’abord une attitude, faite de respect scrupuleux envers l’institué … ‘Une hésitation qui retient, un scrupule qui empêche et non un sentiment qui dirige vers une action ou qui incite à pratiquer un culte’ ,indique une disposition intérieure et non une propriété objective de certaines choses ou un ensemble de croyances et de  pratiques’ (Emile Benvéniste) … ‘Non pas un élan, ni aucune forme d’action, mais un arrêt, l’hésitation inquiète devant une manifestation qu’il faut avant tout comprendre pour s’y adapter’ (Georges Dumézil) … ‘Recommencer un choix déjà fait, réviser la décision qui en résulte’ (Cicéron) » (Maurice Sachot)

« Les trois ordres fondamentaux que combine la religion romaine chrétienne, désignant de manière structurée et structurante, un ensemble à la fois institutionnel (que cette institution soit limitée à l’Eglise ou qu’elle englobe la société toute entière), intellectuel (réflexion herméneutique et philosophique) et confessionnel (démarche de foi personnelle) … Ces trois ordres ne sont ni juxtaposés ni indépendants les uns des autres, mais subordonnés les uns aux autres selon un ordre hiérarchique descendant et englobant qui va de l’institution à l’individu (en commandement), et éventuellement à l’inverse ascendant (en contestation possible) … L’institution (qui se donne dans la figure de Dieu qui se révèle et donne le salut) englobe et détermine l’ordre intellectuel (qui lui est soumis comme une servante), lequel, à son tour, englobe et détermine l’ordre personnel. » (Maurice Sachot – sur la religion romaine chrétienne) – Schéma non adaptable à tout système de croyances et de rituels que l’on désigne par le terme de religion.

« Dans ce bel élan des meilleures parts de soi-même, le cœur embaumé de béatitudes célestes, on perdit de vue pourquoi on était fait. On ferma les yeux sur mille habitudes passées ; parce qu’on était nouveau venu, on se crut prédestiné à Dieu. La vie se vengea aussi vite qu’elle put. Après quelques mois de confusion inouïe, tout rentra en ordre. Mais il fallut rebrousser chemin. Et l’impatience du bien avait donné le jour à beaucoup de mal. » (Maurice Sachs – sur des expériences avortées de conversion religieuse) – Bien observé.

« On ne doit rien faire par religion, mais tout avec religion. » (Friedrich Schleiermacher)

« On connaît maints exemples de croyants fervents qui se sont mis à douter de Dieu parce qu’un grand malheur les a frappés … Mais on n’a encore vu personne perdre la foi pour un bonheur qu’il ne méritait pas. » (Arthur Schnitzler)

« Les classes privilégiées rechercheront toujours une légitimation,  jadis elles la demandaient à la religion. Cherche-t-on aujourd’hui à satisfaire ce besoin de confort moral en s’occupant des pays en voie de développement ? C’est l’élite intellectuelle qui adopte le plus facilement les modes de conduite naïfs ayant pour fin d’écarter l’envie … Tendance à se rapprocher du communisme. » (Helmut Schoeck) – Et plus récemment des migrants et de  toutes les minorités imaginables. Incorrigible bourgeois devenu bobo.

La religion, privilège masculin, une hypothèse : « Les hommes se seraient attribués le privilège culturel de la religion pour dissimuler tant bien que mal le privilège de la procréation naturellement détenu par les femmes. » (Lucien Scubla)

« L’humanité, si elle se coupe de toute transcendance, est renvoyée à elle-même, et donc à ses différences, devenues radicales. » (Jean Sévillia)

« Il n’y a qu’une religion bien qu’il y en ait une centaine de versions. »(G. B. Shaw)

« La religion, même sous ses formes les plus rudimentaires, constitua la sanction des règles morales longtemps avant l’ère du raisonnement artificiel et de la philosophie. » Adam Smith)

« J’ai compris la vérité de toutes les religions du monde : elles luttent avec le mal en l’homme (en chaque homme). Il est tout à fait impossible de chasser tout à fait le mal hors du monde, mais en chaque homme on peut le réduire. Dès lors j’ai compris le mensonge de toutes les révolutions de l’histoire : elles se bornent à supprimer les agents du mal qui leur sont contemporains (et de plus, dans leur hâte, sans discernement, les agents du bien) mais le mal lui-même leur revient en héritage, encore amplifié. » (Alexandre Soljenitsyne)

« Le propre du texte religieux, allégorique, multiple, confus… c’est d’être ouvert à toutes les interprétations les plus contradictoires, et c’est de cette ambivalence même que provient sa pérennité. » (Alain Soral)    

« Un souverain voulant corriger la religion, en l’orientant vers des buts politiques pratiques, est un fou. Un moraliste prêchant la vérité, la justice, la paix, la réconciliation dans le monde réel, est également un fou. » (Oswald Spengler)    

« Beaucoup d’esprits forts ne nient être croyants que pour devenir crédules. » (baron de Stassart)

« Le discours antisecte étant seul légitime dans l’espace public, une inquisition idéocratique peut s’y déployer sans contradicteurs crédibles … Amalgame de groupes minoritaires et marginaux sous le vocable devenu inique de secte … chasse aux sorcières … les universitaires qualifiés et les experts sont étrangement chassés des débats au profit des associations de lutte contre les sectes … ainsi que des anciens adeptes (les motivations des deux devant être interrogées). » (Pierre-André Taguieff, résumé) – Il est bien normal que l’on pourchasse tous ceux qui n’acceptent pas la normalisation sociale au niveau du néant, objectif de nos sociétés occidentales, pas plus qu’on n’accepte les régions qui veulent se tenir à l’écart de la mondialisation bénie (Russie…). Dans cette question de secte, une fois de plus les cathos se sont tiré une balle dans le pied, par servilité mondaine.

« Une religion largement répandue est la condition préalable de toute grande civilisation, et une religion solidement assise est la condition non moins nécessaire de toute civilisation forte et originale. Tel culte, telle culture. La religion la plus spiritualiste et la plus philanthropique a le plus de chances de se répandre au dehors et, réciproquement, une religion qui se répand hors de sa source a une tendance à se spiritualiser et s’humaniser. » (Gabriel Tarde)

« La pratique d’un culte quelconque, mais surtout celle du culte catholique, est, il ne faut pas s’y tromper, un puissant sédatif pour les nerfs, sans cesse irrités par les troubles et les déconvenues dont est tissée la vie humaine. » (Edmond Thiaudière) – Un peu restrictif. L’auteur, athée affiché préconisant cependant de maintenir la liturgie romaine en les mêmes lieux ; sous d’autres étiquettes sans doute.

 « L’homme a tout volé à Dieu. Il est le seul roi de la création ; et Dieu dépossédé c’est réfugié dans l’Incréé … Un Dieu dépossédé, expulsé de l’univers comme un parasite » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« L’idolâtrie … c’était encore une religion.L’homme n’adore plus les bêtes ni les dieux : il s’adore lui-même. » (Gustave Thibon – Vous serez comme des dieux)

« Est admise l’idée d’association du vide religieux à l’état d’atomisation de nos sociétés, à l’amoralité fondamentale de nos élites, à leur corruption, à leur amour de l’argent. Partir de ce constat pour aboutir à la conclusion que le remède social est seulement d’ordre technique, politique, économique est pur paralogisme. » (Emmanuel Todd)

« La technologie a remplacé la religion comme intérêt majeur de l’homme. » (Arnold Toynbee – historien)

« L’esprit humain a horreur du vide spirituel … Si un individu ou une société a le malheur de perdre la sublime inspiration dont elle avait été précédemment possédée, elle s’emparera tôt ou tard de la première nourriture spirituelle qu’elle rencontrera, si grossière et décevante que soit celle-ci, plutôt que de rester privée de toute subsistance spirituelle. » (Arnold Toynbee) – New-Âge, ère du Verseau, Orientalismes-bidons, excitations politiques, etc.

« Si nous avons perdu les vertus de Gehtsémani, il vaut certainement mieux pratiquer celles de Sparte ou du Walhalla que de n’en pratiquer aucune … Une foi barbare vaut mieux que pas de foi du tout. » (Arnold Toynbee) – Plutôt que le vide abêtissant actuel.

« Le débat religieux n’est plus entre religions mais entre ceux qui croient que croire a une valeur quelconque et les autres. » (Paul Valéry)

« Nous avons oublié la logique du polythéisme. Nier l’existence des dieux multiples et nombreux présents dans la nature au profit d’un seul, étranger de surcroît au cosmos, cela revenait pourtant à détruire la présence foisonnante du divin dans le monde, dans les sources et les bois, l’amour et l’action. Cela conduisait à ne plus voir dans la nature et la vie que leur matérialité. » (Dominique Venner)

« Le religieux ‘monothéiste’ introduisait des commandements concernant la morale qu’ignoraient les religions polythéistes de l’Antiquité. » (Dominique Venner) – Et en grande partie, les religions asiatiques (hindouisme, confucianisme, bouddhisme, Zen…)

« En remplacement de la richesse multiple des dieux du polythéisme européen, limités dans leurs pouvoirs, l’adoration d’un Dieu unique, que l’on disait démiurge et tout-puissant, introduisait dans les esprits l’idée de l’illimité. Puisque les hommes avaient été créés à l’image d’un Dieu omnipotent et omniscient, ils participaient eux-mêmes du renoncement aux limites… » (Dominique Venner – s’inspirant de loin d’Eugen Drewermann)

« Deux conceptions du monde (de l’ordre du monde) … ‘Qu’a donc à faire Jérusalem avec Athènes, l’Eglise avec l’Académie ? (Tertullien) … Ce n’est pas un conflit entre la raison et la foi, mais un conflit entre deux fois différentes, l’une dans les règles du cosmos ordonné (tradition d’Athènes) où la volonté divine est subordonnée aux règles éternelles de l’ordre naturel, l’autre (tradition de Jérusalem) dans la seule volonté de Dieu dont la volonté est source indépendante … Cette notion d’une autonomie supranaturelle de Dieu est à l’origine de l’idée d’autonomie et de liberté des hommes qui émergera beaucoup plus tard … Liberté spontanée de Dieu, liberté spontanée de l’homme. » (Dominique Venner)

« Nous croyons d’emblée, nous croyons sur parole et nous ignorons presque tout. A quoi vient s’ajouter un drame caractériel : nous sommes tous, plus ou moins, en état de désordre interne, de multiplicité caractérielle, et nous en souffrons plus ou moins. Vous aurez deux espèce de croyants : une majorité de fidèles par neutralité, dociles à la vérité établie, et une minorité de fervents qui adoptent avec flamme cette vérité, pour organiser leur vie et mettre fin à leur douloureuse anarchie interne. Sociologiquement parlant, une religion est une vérité imposée par des convaincus à des indifférents ; elle n’est pas un besoin de la nature humaine en général.  La fameuse angoisse sur l’au-delà ou sur l’énigme du monde naît de la doctrine qui s’est imposée, et non l’inverse. » (Paul Veyne)  – Discutable sur les religions. Mais le mécanisme d’adhésion et son pourquoi est incontestable, mécanisme assez proche de la tranquillité procurée par la soumission (Voir Michel Onfray commentant Soumission de Michel Houellebecq à la rubrique 475,3)

« Privez une paroisse de prêtres pendant 50 ans, on y adorera les bêtes. » (Jean-Marie Vianney, curé d’Ars) – Par bêtes, on entend ce qu’on veut ; les sujets d’adoration proposés à nos contemporains sont nombreux –  « Baisse du religieux, hausse des croyances. » (Régis Debray) « Le danger de la perte de la foi en Dieu n’est pas qu’on ne croie plus alors à rien mais plutôt qu’on croie à n’importe quoi. » (Chesterton) – Voir la stupidité et la crédulité de beaucoup de nos contemporains qui avalent tout ce que leur racontent les média serviles ou se fabriquent d’invraisemblables complots. Ceci étant on peut ne pas croire en Dieu et être parfaitement lucide, Chesterton prêche pour sa paroisse.

« Partout la société a commencé par la religion. C’est le premier des trois principes de la science nouvelle … L’homme n’espérant plus aucun secours de la nature, appelle de ses désirs quelque chose de surnaturel qui puisse le sauver. » (Giambattista Vico) – Se référant au titre de son grand livre et après étude et hypothèses sur les débuts de l’humanité, ou plutôt des sociétés.

« Jamais n’a existé de par le monde une nation d’athées : toutes ont commencé à partir d’une religion …  Des idées universelles nées chez des peuples qui s’ignorent, doivent avoir un principe commun de vérité. » (Giambattista Vico)

« Lorsque les peuples sont effarouchés par la violence et par les armes, au point que les lois humaines n’auraient plus d’action, il n’existe qu’un moyen puissant pour les dompter, c’est la religion. » (Giambattista  Vico)

« Le premier signe que l’on devient religieux est qu’on devient joyeux. » (Vivekananda)

« La subordination à la divinité n’est pas du même type lorsqu’elle suppose un lien préalable entre les individus (A) ou qu’au contraire cette liaison des uns aux autres découle du rapport individuel que chacun entretient avec la divinité (B). Alors la représentation collective ne sacralise pas l’unité du groupe (A), elle concerne en premier  la relation de chacun à la divinité elle-même (B). La conception individuelle et commune est la cause de l’unité (B), alors que dans l’autre cas (A) la subordination est le résultat d’une préalable existence organique du groupe en tant que tel. Il faut donc distinguer entre (A) organisations religieuses qui se surimposent à des liens communautaires (organisations primitives), et organisations religieuses (B) qui deviennent des communautés croyantes par le biais de la relation individuelle, par le pacte qui lie chacun des membres à la divinité (Juifs et chrétiens). » (Patrick Watier – interprétant Georg Simmel) – Cette distinction peut s’appliquer à des groupes rassemblés autour d’une idée, d’une vision, d’un objectif communs dans le domaine profane.

« Une pensée religieuse est authentique quand elle est universelle par son orientation (ce n’est pas le cas du judaïsme, qui est lié à une notion de race). » (Simone Weil)

« La religion engendre nécessairement l’esprit de travail et l’esprit d’économie, qui ne peuvent produire que la richesse. Mais quand la richesse croît, alors croissent l’orgueil, la passion et l’amour du monde … alors la forme de la religion teste. Mais l’esprit disparaît peu à peu. » John Wesley)

« Les religions sont plus que jamais un lieu de consolation face aux possibilités sans limites de la science, et pas seulement de la science mais aussi aux possibilités sans limite du capitalisme libéral. La religion est ce qui vient y mettre un frein. » (Jean-Pierre Winter)

« Tel a le chapelet en mains qui a le diable au corps. » (proverbe)

« Le peuple est pieux lorsque le clergé est saint, bon lorsque le clergé est pieux et infâme lorsque le clergé est bon. » (Dicton) – Loi de dégradation.

« L’homme est le seul animal qui distingue l’eau plate de l’eau bénite. » (?)

« Une époque ayant bradé le sacré est condamnée à brève échéance. » (?)

« Notre religion nous fournissait trop de points d’appui et pas assez de points d’envol. » (? – sur le cléricalisme)

« Un Hollandais, une Eglise ; deux Hollandais ; une secte ; Trois Hollandais, un schisme. » (?)

« La puissance salvifique ne peut être que dans une personne vivante et pas dans un livre. » (? – sur la Réforme et l’Islam) 

« La force d’une religion réside dans son inhumanité. Hormis l’Islam, la plupart des religions encore pratiquées de nos jours semblent l’avoir oublié. » (?) 

Ci-dessous extraits remaniés et simplifiés de l’excellent  livre d’Alain de Botton, Petit guide des religions à l’usage des mécréants

« Il doit être possible d’être et de rester un athée convaincu et néanmoins de trouver les religions sporadiquement utiles, intéressantes et consolantes … et d’importer certaines de leurs idées dans le monde profane … Le christianisme fut lui-même jadis très habile à s’approprier les bonnes idées des autres, assimilant d’innombrables pratiques païennes …. Envisagées comme des sagesses à l’usage de tous, elles engendrent des sentiments de communauté humaine, encouragent la vertu, prônent des relations longues et durables, aident à contenir l’envie et le ressentiment, et luttent contre le matérialisme de la société de consommation. Leurs rituels et leurs lieux de culte enseignent l’importance de la beauté, du savoir et de la culture. Mais surtout, elles révèlent ce besoin d’être aimés et consolés qui ne peut jamais être entièrement satisfait par le cours ordinaire de la vie … En nous débarrassant d’absurdes croyances, nous avons inutilement renoncé à certains des aspects les plus profitables et les plus attrayants des religions … Sentiment communautaire par la création d’un cadre, parcelle de terre entourée de murs où règneront  des valeurs différentes du monde d’alentour, où on pourra saluer des inconnus sans être traité de fou,  où les assemblées sont très diverses, sans aucune référence de personne à un statut terrestre, suivant un agenda d’activités strictement agencées (Ex, entre autres, : le jour du Grand Pardon, l’initiative semble venir d’ailleurs, ni  du coupable ni de la victime)  … Les religions savent que, pour soutenir la vertu en soi, il est bon d’avoir un public, nous gratifiant du sentiment que notre conduite n’est pas seulement notre propre affaire, rendant ainsi plus léger l’effort de bien agir … Les codes religieux  ont commencé sous la forme de préceptes de bonne conduite,  qui furent  projetés dans les cieux et réfléchis vers la Terre en dogmes désincarné et majestueux … comme si la morale venait du ciel, afin de l’isoler de nos égarements et faiblesses (comme  on le voit actuellement,  détachée d’une transcendance, la morale fond et disparaît dans les exigences désordonnées de l’individualisme stupide  et forcené)  … Utilité de la notion de péché originel, nos défauts sont des traits inévitables de notre espèce, on peut donc les admettre et tenter de les corriger au  grand jour, la tare est universelle (facteur d’égalité) … la question n’est pas de savoir si nous éprouvons des tentations choquantes, mais si nous pouvons de temps à autre nous élever au-dessus d’elles … Nous devons exercer notre esprit comme nous exerçons notre corps, et nous devons le faire, en partie, au travers de celui-ci (notamment dans les lieux de retraite bouddhistes), d’où la création par toutes les grandes religions de lieux de retraite où l’on peut fuir son existence ordinaire et être régénéré par des exercices spirituels, où on s’accommode et dompte une certaine solitude, dans un face à face à soi-même …  le monde profane n’offre rien de comparable (d’ailleurs le monde profane actuel n’offre que consommation dérision, concert de lamentations et de réclamations), il est tout à fait à l’opposé du soin- souci de la mise de côté de l’Ego … Il ne s’agit pas de savoir si la Vierge Marie existe, mais de ce que révèle le culte marial depuis deux millénaires, ce qu’il nous dit sur la nature humaine, sur ce qu’il révèle de nos besoins émotionnels, les besoins de l’enfance qui persistent en nous … Marie dans le christianisme, Isis en Egypte, Déméter en Grèce, Vénus à Rome et Guan-yin en Chine, toutes figures  destinées à rappeler la tendresse maternelle , la protection … Celles qui comprennent les difficultés qu’il y a  à essayer de vivre une vie adulte à peu près satisfaisante … Celles qui disent, ‘oui bien sûr, je comprends’ (selon le père Henri de Lubac  : disparition du culte marial, disparition du christianisme) … Alors que l’athéisme semble froidement impatient devant nos besoins émotionnels, les religions nous apprennent à être indulgents envers nous-mêmes dans nos moments de crise … Notre monde profane est dépourvu du genre de rituels qui pourraient nous remettre doucement à notre place, car être mis à sa place par quelque chose de plus grand, de plus ancien ou de plus remarquable que nous n’est pas une humiliation, c’est un allègement du poids d’ambitions disproportionnées …. Être amené à se  sentir tout petit par quelque chose de puissant, de noble, d’accompli et d’intelligent est se voir offrir une certaine sagesse avec un certain plaisir … Il y  a des Eglises qui peuvent nous inciter à renoncer à notre égocentrisme sans aucunement nous humilier …  Quand il nous est présenté comme une mine d’informations concrètes, (notices et catalogues des musées)  l’art ne tarde pas à perdre  de son intérêt pour tous hormis les plus déterminés … L’art chrétien mettait sous nos yeux des illustrations des idées les plus importantes dans les moments difficiles, pour nous aider à vivre et à mourir …  ‘L’art, présentation sensible des idées’ (Hegel) … Il y a eu peu de doctrines plus nocives pour l’art que la croyance romantique  que la grandeur exige une originalité constante au niveau thématique … Les artistes chrétiens se limitaient à une liste limitée de sujets (mais couvrant quasiment toute la palette des grandes idées et des grands sentiments) …Ce qui est beau est loin d’être futilement, immoralement ou complaisamment ‘attrayant’. La beauté évoque et peut nous rappeler des vertus comme l’amour , la confiance, l’intelligence, la bonté , la justice …  l’art devrait servir les besoins psychiques aussi efficacement que, pendant des siècles il a servi ceux de la théologie. »

Ci-dessous, extraits (grandement simplifiés) de l’ouvrage de Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde.

 “Qui dit religion dit en dernier ressort un type bien déterminé de société, à base d’antériorité et de supériorité du principe d’ordre collectif sur la volonté des individus qu’il réunit … le modèle de société que Louis Dumont appelle ‘holiste’ en fonction du primat du tout sur la partie, par opposition à notre propre modèle individualiste, où la dispersion des atomes indépendants est réputée première … la prévalence absolue d’un passé fondateur, d’une tradition souveraine, qui préexistent aux préférences personnelles et s’imposent irrésistiblement à elles comme loi générale ou règle commune … le sens qui soutient nos usages n’est pas de nous, mais ‘d’avant’ … venant d’êtres d’une autre nature … Le ‘dehors comme source’ et ‘l’immuable comme règle’ … L’entrée dans l’âge individualiste est au plus profond la sortie de l’âge du religieux … la ‘dépendance envers l‘ensemble’ et la ‘dette envers l’autre’ se défaisant de concert … les dieux s’éloignent, ce bas-mode se scinde de l’autre monde … Avec l’apparition de l’Etat (et la perspective impériale de maîtrise conquérante du monde), l’Autre religieux rentre dans la sphère humaine … on passe de ‘l’ordre reçu’ à ‘l’ordre voulu’, prise collective sur l’ordre déclaré … Commencement d’un pouvoir de tous sur les décrets des dieux … Ce n’est plus avec les dieux que nous avons à faire, c’est avec nous-mêmes …Rupture de l’unité cosmique, subjectivation du divin, scission d’un ici-bas et d’un au-delà … opposition de ce monde et d’un outre-monde … la relation de pouvoir interdit pratiquement l’équilibre statique … De façon latente, perspective d’une domination universelle, de l’unification du monde connu … irruption de l’universel … décentrement par rapport au domaine de l’existence coutumière … duplication des registres d’expérience se substituant à l’unité de règle de vie … C’est avec Lao-Tseu, Zarathoustra, les prophètes d’Israël, le Bouddha que le principe d’individualité fait irruption dans l’histoire … Le degré d’obligation des hommes envers la loi qui leur vient du dehors est en raison inverse … de la concentration et de la séparation du divin … C’est la grandeur de Dieu s’élevant à son suprême degré qui achève de placer l’homme à égalité dans le secret des choses et qui valide son indépendance en tant que sujet de connaissance  …  Le souverain temporel ne soude plus ce monde à l’autre, il témoigne de leur séparation, il ne rend plus charnellement présent l’invisible, il en figure l’absence … Plus Dieu s’éloigne en son infini, plus le rapport avec lui tend à devenir purement personnel, jusqu’à exclure pour finir toute médiation institutionnelle … La foi purement personnelle et la puissance souveraine qui cesse d’être médiatrice, d’être clef de voûte d’un ordre hiérarchique, mais qui devient garante de la suffisance et de l’autonomie de la sphère humaine … La religion, ce fut d’abord une économie générale du fait humain structurant indissolublement la vie matérielle, la vie sociale et la vie mentale … Basculement du passé vers le présent et concentration corrélative d’un divin éclaté dans le monde en un sujet unique à part du monde (monothéisme ?) … Heurts de l’Eglise et de l’administration de l’Empire (articulation de base de la foi nouvelle, celle dite par l’humanité du Rédempteur) … Ce sera de cette tension entre deux pôles auto-suffisants que naîtra le ‘miracle’ occidental, pleinement satisfaire aux nécessités de l’ici-bas, tout en se dévouant totalement aux impératifs de l’au-delà … ‘Fin de la religion’ : fin du rôle de structuration de l’espace social que le principe de dépendance a rempli dans l’ensemble des sociétés connues jusqu’à la nôtre … ne veut pas dire société sans religion … Ce qui est vrai, c’est que durant une première période au terme de laquelle nous touchons tout juste, le rapport à l’avenir a emprunté ou s’est coulé dans les formes de la religiosité au point de pouvoir donner le sentiment d’une foi de substitution. Croyances eschatologiques, quête du salut par l’histoire, sacrifices aux temps meilleurs, jusqu’à l’immolation de masse … Ce qui se délite avec les idéologies, c’est la forme dernière, vestigiale, qu’aura revêtue le religieux en notre monde … Avec l’entrée de l’avenir dans ‘l’infigurable’ s’achève la laïcisation de l’histoire … Plus il est imprévisible, moins il est fatal, plus il nous responsabilise, plus il nous renvoie à l’incontournable et froide assurance que c’est nous qui le faisons … Ce qui nous sépare de l’universel des religions : c’est que nous vivons nous, et mal, comme ‘problématique’ ce qui nous est donné pour ‘résolu’ dans le cadre des systèmes spirituels …  ‘Pourquoi moi ?’, ‘Qu’est-ce que je fais là ?’, ‘Que me veut-on ?’, ’Pourquoi naître maintenant quand personne ne m’attendait ?’,  ‘A quoi bon avoir vécu si l’on doit disparaître sans laisser de traces ?’ … Nous sommes voués à vivre désormais à nu et dans l’angoisse ce qui nous fut plus ou moins épargné depuis le début de l’aventure humaine par la grâce des dieux. A chacun d’élaborer ses réponses pour son propre compte. »

Ci-dessous, extraits du petit ouvrage de Sigmund Freud, L’avenir d’une illusion

« Les hommes n’ayant pas spontanément plaisir à travailler et les arguments ne pouvant rien contre leurs passions … les dispositifs culturels ne peuvent être maintenus que par une certaine dose de contrainte (c’est la tâche principale de la culture que de nous défendre contre la nature) … Un certain pourcentage de l’humanité restera toujours asocial, par suite d’une prédisposition morbide ou d’une force pulsionnelle excessive … Mais une contrainte externe peut être peu à peu intériorisée, du fait qu’une instance animique particulière, le sur-moi de l’homme, l’adopte au nombre de ses commandements … On s’était déjà trouvé petit enfant, face à un couple parental qu’on avait toutes les raisons de redouter, le père surtout, mais de la protection de qui on était assuré contre les dangers qu’on connaissait alors … Les dieux conservent leur triple tâche, exorciser les effrois de la nature, réconcilier avec la cruauté du destin (la mort…) et dédommager des souffrances et privations qui sont imposées à l’homme par la culture … Les lois morales que nos cultures ont établies sont celles-là même qui dominent tout l’advenir du monde, à ceci près qu’une instance suprême en assure la garde avec incomparablement plus de puissance et de conséquence … L’Être divin unique … dégagement du noyau paternel qui était de tout temps dissimulé derrière chaque figure de dieu … On recouvrait l’intimité et l’intensité du rapport de l’enfant au père … Nécessité de se défendre contre l’écrasante surpuissance de la nature … Les représentations religieuses estimées comme le fond le plus précieux de la culture … estimée bien plus haut que toutes les techniques pour arracher à la terre ses trésors, approvisionner en nourriture l’humanité ou prévenir ses maladies … Dès que l’homme remarque qu’il est voué à rester toujours un enfant, qu’il ne peut se passer de protection contre des surpuissances étrangères, il confère à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée des dieux dont il a peur, qu’il cherche à se gagner et auxquels il transfère néanmoins le soin de sa protection… « Une illusion n’est pas la même chose qu’une erreur, elle n’est pas non plus nécessairement une erreur … Elle dérive de souhaits humains (Christophe Colomb croyait avoir découvert une nouvelle voie vers les Indes. La part que prend son souhait à cette erreur est très nette) … Nous appelons une croyance une illusion lorsque, dans sa motivation, l’accomplissement de souhait vient au premier plan, et nous faisons abstraction de son rapport à la réalité effective … Il serait très beau qu’il y eût un Dieu, Créateur de mondes et providence bienveillante, qu’il y eût un ordre moral du monde et une vie dans l’au-delà, mais il est frappant de constater que tout cela soit exactement ce que nous ne pouvons manquer de nous souhaiter … Mais Freud entend une objection, issue de la philosophie du ‘comme si’ … Au nom de quoi, dégager les hommes de tout devoir d’obéissance. Non inhibé chacun suivra ses pulsions asociales et égoïstes … le chaos, que nous avons banni par un travail culturel plusieurs fois millénaire, recommencera … Pourquoi aussi ravir leur réconfort à d’innombrables hommes, quand on n’a rien de mieux à leur donner en échange ?… Même si on savait et pouvait démontrer que la religion n’est pas en possession de la vérité, on devrait le taire … Si vous voulez éliminer notre religion de la culture européenne, cela ne peut se faire que par un autre système de doctrines et celui-ci reprendrait d’emblée en vue de sa défense, tous les caractères psychologiques de la religion  le même caractère sacré, rigide, intolérant, le même interdit de pensée. » – En bien pire, voir la dictature des droits de l’homme, la censure forcenée du politiquement correct, dans une société où les puissants règnent en maître écrasant le peuple de leur mépris, de leur morgue et de leur corruption.

Ci-dessous extraits (simplifiés, remaniés) de l’ouvrage de Georg Simmel, La religion.

 L’essentiel de la thèse de Simmel, l’étude de ce qu’il appelle la religiosité, se trouve résumée ainsi par Patrick Watier (sociologue français) : « Simmel précise que les sentiments et les motifs religieux ne se trouvent pas seulement dans la religion établie, mais qu’ils parcourent de nombreux liens ou liaisons, et que l’on peut les trouver à l’intérieur des relations réciproques entre les individus, pour ainsi dire qu’on peut trouver la religion alors qu’elle n’est pas encore la religion. Un tel phénomène ou événement, Simmel le nomme religiosité, immanente à de nombreux liens sociaux, ‘qui est en soi un état sans objet ou un rythme de l’intériorité’, religiosité qui irrigue de nombreuses relations interhumaines sans pouvoir encore être dite religion au sens plein du terme … Sans désir, il n’existerait pas d’objet du désir, la fonction désirante ou la fonction religieuse sont présupposées, elles sont des conditions incontournables de l’existence humaine … Simmel dira que la confiance, la foi, la croyance se portent sur quelqu’un, sur une relation, mais qu’elles peuvent également se porter sur Dieu … La religiosité est un mélange de dévouement et de vie propre, d’humilité et de hauteur, de proximité chaleureuse et sensuelle et de timidité distante, de confiance et de trahison, qui fait partie du concept de l’essence du religieux. »

 « Ces besoins de compléter l’existence fragmentaire, de résoudre les contradictions dans l’homme et entre les hommes, de trouver un point fixe dans tout le vacillement alentour, une justice dans et derrière les cruautés de la vie, l’unité dans et au-dessus de sa multiplicité confuse, un objet absolu de notre humilité comme de notre soif de bonheur, tout cela nourrit les idées de transcendance … Qui croit au sens religieux dans toute sa pureté ne regarde pas à sa possibilité ou à son impossibilité en théorie, mais sent exclusivement que ses aspirations ont trouvé dans sa foi leur aboutissement et leur accomplissement … Si l’homme religieux déclare : ‘je crois en Dieu’, autre chose est visée là qu’une certaine façon de tenir son existence pour vraie … L’énoncé signifie aussi une relation intérieure déterminée vis-à-vis de Dieu, un abandon du sentiment à lui, une orientation vers lui … il existe également une relation de même nom entre humains : nous ‘croyons’ en quelqu’un (l’ami en l’ami, l’enfant en ses parents, l’amant en l’aimée, le subordonné en son chef…) … croyance qui survit d’innombrables fois aux soupçons les plus fondées … Croyance au-delà de toute preuve et souvent contre toute preuve … C’est bien la croyance religieuse qui se manifeste ici dans la relation de personne à personne … Etat orienté hors de lui-même, quittant son objet empirique et sa mesure, produisant un objet … croyance, état de l’âme, certes relatif à un extérieur mais possédant cette référence comme une caractéristique intérieure à soi … La forme ramassée étant la croyance de l’homme en soi-même … l’inquiétude et l’insécurité (notre destin) ont fait place à une fermeté … croyance en Dieu et croyance en soi-même, identité du comportement psychique de base, entraînant sérénité imperturbable, confiance en l’avenir, aisance à remplacer par un nouvel espoir une valeur qui vient de se révéler une tromperie … La religion est bien plutôt seulement l’attitude subjective de l’homme … une façon humaine de sentir, de croire, d’agir et peu importe le terme par lequel on désignera la fonction (uniquement chez l’homme) qui constitue ou exprime sa part à la relation à Dieu … Si l’homme avait de la religion, ce n’était pas parce qu’il croyait en Dieu ; mais c’est parce qu’il a de la religion, une disposition de son âme, qu’il croit en Dieu. » (Georg Simmel)

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Je n’ai pas consacré beaucoup de textes au judaïsme ni à l’Islamisme, intentionnellement, néanmoins ci-dessous quelques remarques d’Eugène Enriquez, de George Steiner,  d’Emmanuel Levinas et de Peter Sloterdijk sur le judaïsme, suivie de quelques autres, dont celles de Pierre Manent, sur la laïcité en général et l’islamisme en particulier. – En ce qui concerne l’Islam, l’auteur de ce blog lui reconnait un seul mérite, non négligeable il est vrai : L’islam est totalement hostile à la pourriture qui a envahi les mœurs occidentales.

 – « Quoi de plus dangereux que de se parer du titre de peuple élu ? » (Eugène Enriquez, résumé à partir de Clinique du pouvoir) – De quoi en effet attirer toute les vindictes.

  « Le monothéisme au mont Sinaï, la chrétienté primitive, le socialisme messianique … trois étapes étroitement solidaires … A trois reprises, c’est du même centre historique qu’est partie la voix de l’idéal  (des spécialistes estiment à 80% la proportion de juifs parmi les théoriciens du socialisme et du communisme rédempteur)… L’exigence de perfection mettant hors de portée les idéaux et les normes de conduite … La perfection s’acharne sur la frivolité de nos actes instinctifs … Exaspérant parce que ‘à part’, acceptant la souffrance comme clause d’un pacte avec l’absolu, le juif se fit, pour ainsi dire, la ‘mauvaise conscience’ de l’histoire occidentale … Le génocide nivelait le futur, ramenait l’histoire au niveau des appétits de l’homme réduit à lui-même. » (George Steiner)

  « C’est une bien antique ambition d’Israël que sa prétention au rang du peuple éternel, existant en dehors des événements, c’est-à-dire ne leur demandant pas le sens de son existence. La liberté à l’égard de l’apparente logique des événements, la possibilité de les juger ; voilà l’éternité … C’est parce qu’il a su refuser la juridiction des événements, que le judaïsme s’est maintenu comme une conscience, une à travers l’histoire … Position d’une conscience qui se pose inconditionnellement … Election qui est un surplus de devoir … de la personne qui vit pour tous et qui, par là-même, résiste au verdict des forces aveugles … L’éternité d’Israël c’est son indépendance à l’égard de l’histoire … L’Israël charnel englobe toutes les personnes qui se refusent au verdict purement autoritaire de l’Histoire … Israël conserve le pouvoir de survivre à toutes les désintégrations et à toutes les expulsions ; et c’est peut-être aussi cela son éternité. » (Emmanuel Levinas)

« Le judaïsme a toujours été libre à l’égard des lieux … Il a démystifié l’univers. Il a désensorcelé la Nature. Il heurte par son universalité abstraite imaginations et passions … Pour le judaïsme, le monde devient intelligible devant un visage humain, et non pas par les maisons, les temples et les ponts … Cette liberté à l’égard des forces sédentaires de l’existence … met au deuxième plan les valeurs d’enracinement et institue d’autres formes de liberté et  de responsabilité. L’homme, après tout, n’est pas un arbre et l’humanité une forêt … Formes plus humaines car elles supposent un engagement conscient ; plus libres, car elles permettent d’entrevoir des horizons plus vastes que ceux du village natal … Ces liens consentis, consciemment voulus, sont-ils moins solides que l’enracinement ?)» (Emmanuel Levinas) – Cela va-t-il rester vrai avec la possession du territoire d’Israël ?

«Les ensembles humains qui se jettent vers l’extérieur ne restent cohérents que s’ils parviennent à calfater leurs voies d’eau et à affirmer la primauté de l’intérieur dans l’élément invivable. » (Peter Slotedijk)- 

 «Les ensembles humains qui se jettent vers l’extérieur ne restent cohérents que s’ils parviennent à calfater leurs voies d’eau et à affirmer la primauté de l’intérieur dans l’élément invivable … peuple sans pays … soi sans lieu… ‘Les juifs n’étaient pas chez eux dans un pays, mais dans un livre, qui leur avait été adjoint comme une patrie portative’ (Heinrich Heine) .» (Peter Slotedijk)

 « L’islamiste a deviné le gouffre spirituel dans lequel est plongé l’Occident. » (Karim Akouche) – Pas difficile à deviner tellement le dit Occident en est fier.

« Face à ce qui est perçu comme une dévirilisation à marche forcée, un islam conquérant, rigoriste et conservateur peut apparaître à une jeunesse frustrée et annihilée par la société de consommation, aux repères brouillés … comme un cadre propice à obtenir le trophée féminin. » (Eugénie Bastié) – Le néo féminisme et ses excès, agent de recrutement inconscient ?

« L’Islam est à la fois une religion, une communauté, une loi et une civilisation. » (Dalil Boubakeur) – Tout, c’est peut-être un peu trop. 

« En Islam, le ‘nous’ est là pour étouffer le ‘moi’, et en Europe, le ‘moi-je’ pour étouffer la possibilité d’un ‘nous. » (Régis Debray)

 « L’Islam n’est pas une religion au sens habituel du terme ; c’est avant tout un code de règles de droit et de comportements qui prétend régir la totalité de la vie sociale. » (Jean-Luc Harouel)

 « La violence est un des visages authentiques de l’islam, car inscrite dans ses textes fondateurs (Mahomet fut un chef de guerre) … Il est vain de se rassurer en distinguant le ‘véritable Islam’ et l’islamisme … L’Islam est par nature discriminatoire (statut des femmes, des non-musulmans…). » (Jean-Luc Harouel)

 « Ce qui n’est pas acceptable, c’est la prétention de l’Islam à devenir la religion dominante, voire la religion unique, dans tous pays où il est présent. » (Jacques Julliard)

« Quand nous travaillons avec obstination à désidentifier les individus, l’islamisme leur livre un kit n’autorisant aucun jeu, aucun écart ; quand nous nous faisons un devoir de lever tous les interdits, l’islam radical parle d’autorité, imposant prescriptions, proscriptions à ses recrues, leur confie des missions meurtrières assurément mais qui donnent un sens, une signification et une direction à leur vie. La propagande islamiste vient moins satisfaire un ‘irrésistible besoin de spiritualité ou de religion’ … que combler un vide existentiel … Gardons-nous de confondre le prêt-à-penser délivré par le discours islamiste avec quelque vie de l’esprit que ce soit. » (Bérénice Levet – Le crépuscule des idoles progressistes P 63) – Et nous, quel sens donnons-nous aux individus, à notre jeunesse ?

  « La laïcité est un dispositif de gouvernement qui n’épuise pas le sens de la vie commune, et qui d’ailleurs en donne un représentation abstraite et fort pauvre. On n’habite pas une séparation … La laïcité de l’Etat ne saurait impliquer celle de la société, notion vide de sens … La nouvelle laïcité qui prétend nous obliger à faire semblant d’être seulement des individus–citoyens … Que la religion puisse motiver les hommes ‘aujourd’hui’, leur donner énergie et direction ‘aujourd’hui’, c’est ce qui est probablement inconcevable pour l’Européen éclairé.  – C’est-à-dire l’individu parfaitement soumis et abruti. – Libéraux comme socialistes étaient également assurés (et également stupides) que la religion n’était plus susceptible d’intervenir comme un facteur politique actif dans la vie du monde … Tandis que, ‘pour nous’, la société est d’abord l’organisation et la garantie des droits individuels, elle est ‘pour eux’, d’abord l’ensemble des mœurs qui fournissent la règle concrète de la vie bonne… Fossé béant entre le groupe installé dans ses mœurs et la société sans visage des individus titulaires de droits … L’opinion régnante se trompe gravement quand elle accorde à la laïcité le pouvoir de transformer l’islam des mœurs en islam des droits individuels à la seule condition d’un peu de bonne volonté et d’enseignement des ‘valeurs’ (lesquelles, mon Dieu ! Le menu unique dans les cantines, l’obligation de mixité dans les piscines… quel bon propos peut être servi par de telles mesquineries !) … On ne leur a laissé le choix qu’entre le communautarisme et la neutralisation religieuse de la société …, l’islam comme association humaine et comme mode de vie est aussi extérieur à l’histoire de France que le catholicisme lui était intérieur … A la fin du XIX° siècle, on, n’avait pas à intégrer les catholiques ! … L’Etat (qui n’exige plus grand chose des citoyens, privé des outils qu’était la conscription et une éducation vraiment commune, qui n’a plus ni autorité ni volonté pour orienter la vie intérieure de la société) chargé d’accomplir l’opération laïque a … bien moins de force qu’il ne lui en faudrait pour que sa réussite, même étriquée, soit envisageable, bien plus faible que ne l’était l’Etat de la Troisième République, dont la tâche était bien plus circonscrite… Il nous est plus aisé de faire semblant de croire que la vénérable République combat l’antisémitisme toujours renaissant, que d’envisager que l’ensemble humain tout entier auquel nous appartenons soit l’objet d’une inimitié religieuse motivant une guerre dans laquelle les juifs sont une cible permanente quoique non exclusive … Comment faire disparaître les musulmans de France par la magie d’une opération langagière ? – Ne pas nommer ceux qui ne sont pas musulmans – Eviter de nommer toutes les choses communes dont les musulmans ne font pas partie (mais alors ceux qu’on voulait faire disparaître du paysage, sont les seuls qui ont un nom légitime) … – la notion d’islamophobie une fois installée et validée on ne peut plus parler des musulmans que pour les plaindre, et ils ne peuvent plus parler que pour se plaindre … On installe les musulmans dans une minorité générale et perpétuelle … Dans le grand jeu de la plainte, qui est depuis quelque temps le registre de parole préféré de tous les groupes constituants de notre société … Il importe de profiter du délai qui nous est laissé pour essayer de passer de la coexistence passive entre la société des droits et l’islam des mœurs à la participation active des uns et des autres à une forme politique commune. » (Pierre Manent – considérations éparses sur la laïcité – et le défi musulman)

« Dans sa prétention à l’universalité, l’islamisme a fédéré une haine de l’Occident qu’on peut comprendre en partie quand on mesure les ravages de l’américanisation (ce qu’entreprend l’Amérique hors de son territoire est, le plus souvent, une œuvre de mort : destruction des valeurs locales, des traditions, des langues … au profit d’un universalisme servile et aliénant) … et la servitude de leurs collaborateurs européens. … La très européenne haine de soi qui débouche sur le matérialisme et le reniement des origines chrétiennes explique en partie le mépris ou la haine qu’éprouvent bien des musulmans pour l’Occident. » (Richard Millet)

 « Comment l’Islam, quand bien même il n’en serait pas l’allié objectif, ne trouverait-il pas à se renforcer au contact du nihilisme à l’œuvre en Occident ? » (Richard Millet) – Mais, il sera sûrement défait quand il va rencontrer l’admirable laïcité.

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