640,1 – Reconnaissance / Ingratitude

– Si la première vient, elle est bienvenue. Mais mieux vaut ne pas l’attendre. Quand elle est, elle émane le plus souvent de gens humbles.

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« Abandonnons-nous à la gratitude pour les quelques choses élémentaires qui nous sont invariablement données, comme la vie elle-même, l’existence de l’homme et le monde. » (Hannah  Arendt)

« La reconnaissance vieillit vite. » (Aristote)

« Doit-on mesurer un service par l’utilité qu’en retire celui qui le reçoit et calculer sur cette base la rémunération en retour, ou bien faut-il considérer le prix qu’il coûte au bienfaiteur ? » (Aristote – Ethique à Nicomaque)

« Telle est donc aussi la façon dont des amis de condition inégale doivent régler leurs relations : celui qui retire un avantage en argent ou en vertu doit s’acquitter envers l’autre en honneur, payant avec ce qu’il peut. » (Aristote)

« Les bienfaiteurs aiment ceux auxquels ils ont fait du bien, semble-t-il, plus que ceux auxquels on a fait du bien n’aiment ceux qui leur en ont fait … Il y a pour le bienfaiteur quelque chose de noble dans son action, de sorte qu’il se réjouit de ce en quoi son action réside … Pour l’agent qui a concédé le bienfait son œuvre demeure, alors que pour celui qui l’a reçu l’utilité passe vite … En outre aimer est semblable à un processus de production et être aimé à une passivité. » (Aristote)

 « Lorsque tu as fait du bien et qu’un autre y a trouvé son bien, quelle troisième chose recherches-tu en outre, comme les insensés ? Passer pour avoir fait du bien, ou être payé de retour ? … Que veux-tu de plus quand tu fais du bien à quelqu’un ? Ne te suffit-il pas d’avoir agi conformément à ta nature, et attends-tu encore un salaire ? C’est comme si l’œil voulait être récompensé d’y voir et les pieds de marcher. Ces organes, créés pour une certaine fonction reçoivent ce qui leur est dû … quand il rend un service, l’homme remplit le rôle en vue duquel il a été constitué et il a son dû. » (Marc-Aurèle)

« La reconnaissance est une dette que les enfants n’acceptent pas toujours à l’inventaire. » (Balzac)

« Il ne faut pas avoir la reconnaissance trop sentimentale, mais bien portante … Il ne faut pas qu’elle semble dire aux gens ‘Recommencez’. » (Anne Barratin)

« La vraie reconnaissance se passe du don, l’intention lui suffit. » (Anne Barratin)

« On accorde sans plaisir un bienfait qu’on sait ne devoir être accepté que sans reconnaissance. » (saint Bernard)

« Nous sommes tout disposés à croire que les bienfaits que nous avons reçus obligent nos bienfaiteurs à nous en faire de nouveaux, et que le moindre ennui qu’ils nous causent nous déchargent de l’obligation de reconnaissance. » (François-Simon Defay-Boutheroue)

« Comme les grandes douleurs, les grandes reconnaissances sont muettes. » (Albert Brie)

« Il n’y a guère de plus bel excès que la reconnaissance. » (La Bruyère)

« Il y a une sorte de reconnaissance basse. » (Chamfort)

« Nous n’oserons peut-être pas soutenir que notre bienfaiteur nous doit de la reconnaissance pour les services que nous avons daigné recevoir de lui, mais d’ordinaire l’ensemble de notre conduite tend à le faire supposer. » (Hyacinthe de Charencey)

« La charité de l’obligé est de ne pas trop scruter les intentions du bienfaiteur. » (Hyacinthe de Charencey)

« Les défauts de notre bienfaiteur nous servent plus souvent de prétexte pour lui refuser notre reconnaissance que de motifs pour repousser ses bienfaits. » (Hyacinthe de Charencey)

« En rendant un service vous contractez l’obligation d’en rendre un autre, et le fond de la reconnaissance n’est pas le souvenir du premier, c’est l’espérance du second. » (Victor Cherbuliez)

« La clef du bonheur serait de ressentir une secrète volupté toutes les fois qu’on ne fait aucun cas de nous … La quête de la reconnaissance, sous quelque forme que ce soit,  n’est jamais que l’aveu d’une infirmité. » (Emil Cioran)

« Il faut remercier les hommes le moins possible parce que la reconnaissance qu’on leur témoigne les persuade aisément qu’ils en font trop. » (Benjamin Constant)

« On n’aime point à voir ceux à qui on doit tout. » (Corneille)

« Un bienfait perd sa grâce à le trop publier,

« Qui veut qu’on s’en souvienne il le doit oublier. » (Corneille)

« La reconnaissance est un fardeau et tout fardeau est fait pour être secoué. » (Diderot)

« Si quelqu’un doit beaucoup à Jean-Sébastien Bach, c’est bien Dieu. » (Gabriel Fauré) 

« Reconnaissance. – N’a pas besoin d’être exprimée. » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« Penses-tu que j’oublie – Ton naturel ? – Aucun traité peut-il forcer un chat à la reconnaissance ? – S’assure-t-on sur l’alliance – Qu’a faite la nécessité. » (La Fontaine – Le chat et le rat)

«  ‘Il faut maintenir jusqu’au bout le concept de reconnaissance’ … Confondant ce qui circule et le sens de ce qui circule, on croit toujours, et faussement, que la preuve de l’intention morale réside dans l’absence de retour … Définir le vrai don par le non-retour est une manière d’approcher le don qui est la cause de tous les malentendus … Les effets pervers du don qui se veut sans retour (tel que voulu par le donateur) … Négation du receveur … Tout don doit comporter, d’une façon ou d’une autre, un élément de réplique … le don le plus ‘altruiste’ est celui qui rend à l’autre la capacité de donner à son tour … Le don pur unilatéral est un don narcissique, et non pas un don hautement moral. » (Jacques Godbout – citant Marcel Hénaff)  – Recommandation incompréhensible de nos jours où tout est droit à recevoir.

« Lorsque nous rencontrons un homme qui nous doit de la reconnaissance, nous nous le rappelons sur le champ. Combien de fois rencontrons-nous des personnes à qui nous devons de la reconnaissance sans y penser ? » (Goethe)

 « Le don n’est véritablement un don que si aucun retour n’est escompté. L’ingratitude du donataire n’est pas un obstacle à la bienfaisance … c’est au contraire ce qui révèle dans son essence la plus pure ce qu’est la bienfaisance. ‘On mérite d’être dupe si en faisant le bien on songeait à être payé’ … Rien ne met mieux en relief l’essence de la générosité que le bienfait pour le pauvre, pour le mourant, pour le voyageur, pour l’étranger, pour l’inconnu (dans l’incapacité de rendre quoi que ce soit). » (Jean-Joseph Goux – reprenant Sénèque)

« Quiconque donne beaucoup ne donne pas, mais il vend. Il ne faut pas trop charger la reconnaissance, car celui qui se verra dans l’impossibilité de satisfaire, rompra la correspondance. » (Baltasar Gracian)

« Voir avec d’autres yeux (le matin poindre et le jour se lever…) … ceux de la gratitude … Dans ‘reconnaissance’ il y a ‘connaître’ (ce que nous avons reçu et recevons) … Nous ne passons plus à travers le monde dans l’inconscience. » (Père Anselm Grün)

« Plus une personne a l’habitude d’exprimer sa gratitude, plus elle est appréciée … La reconnaissance rend plus attentif à l’autre et plus bienveillant à son égard. » (Père Pascal Ide)

« Chacun savait ce qu’il devait à ceux qui l’avaient précédé, chacun sait désormais que le monde est à lui, et que tout lui est permis. » (Hervé Juvin)

« Avant d’obliger un homme, assurez-vous bien d’abord que cet homme n’est pas un imbécile. » (Eugène Labiche)

« Les hommes sont plus portés à se venger d’une injure qu’à reconnaître un bienfait ; la reconnaissance leur paraît onéreuse tandis que la vengeance leur semble utile et douce. » (Machiavel)

« Que ses bienfaits conduisent inexorablement le bienfaiteur à l’abîme. Je voudrais montrer l’enfer de la reconnaissance, et comment, pour en sortir, un jour l’obligé est prêt à tout. » (Henry de Montherlant – Malatesta)

« Obligez cent fois, refusez une, on ne se souviendra que du refus. » (Pline le jeune)

« Manifester sa reconnaissance : citer des actes concrets et le besoin satisfait chez nous et le plaisir obtenu. » (Marshall Rosenberg – La communication non violente)

« Je suis aussi reconnaissant que reconnaissable. » (Erik Satie)

« L’erreur des âmes généreuses est de croire à la reconnaissance. » (Louis-Philippe de Ségur)

« La reconnaissance est susceptible, parce qu’elle est délicate ; elle ne répond qu’à l’estime. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Au fond d’une âme vraiment grande la vertu qu’on est le plus certain de trouver est la reconnaissance. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Peut-on montrer de la reconnaissance à qui laisse tomber ses faveurs du haut de son orgueil, à qui les jette avec humeur, à qui donne par lassitude, pour n’être plus importuné ? Quelle erreur d’espérer du retour quand on m’a excédé de remises, torturé par l’attente ! Les sentiments de l’obligé se règlent sur ceux du bienfaiteur. » (Sénèque)

« Nous sommes toujours reconnaissants des services qu’on va nous rendre. » (Petit-Senn)

« Hommes et femmes à qui je dois la vie, je vous sens derrière moi pendant que j’écris … Je vais sous peu rejoindre votre troupe immense et m’y fondre. Et je vous dis merci de m’avoir un instant dans la traversée de l’éternité permis d’être votre figure de proue … Car un court instant, interminable, en votre nom à tous, j’ai éperdument aimé vivre. » (Christiane Singer – hommage à la chaîne de ses ascendants) – A ce propos, comptons le nombre de nos ascendants depuis trois siècles seulement (depuis Louis XIV, soit hier), à quatre générations par siècle (nombre qui n’est devenu un peu large que très récemment) suite de douze puissances de deux : 4.096 plus 4.094 ! Depuis deux mille ans, début de notre ère (durée infime cependant)… Heureusement que les bases nous manquent pour calculer depuis les ascendants de nos parents Néandhertal. Pas étonnant qu’avec un tel bagage génétique nous soyons un peu compliqués. 

« On se montre en général beaucoup plus reconnaissant des services attendus que des services rendus. » (baron de Stassart)

« J’avais un protecteur qui publia les bonnes intentions qu’il avait pour moi, et qui se paya ainsi d’avance de ma reconnaissance. » (Laurence Sterne)

« La reconnaissance du bienfait se juge à l’intention du bienfaiteur. » (Publius Syrus)

« Clivage entre ceux qui disent ‘merci’ et ceux qui disent ‘encore’. » (Gustave Thibon)

« La reconnaissance est prescrite parce que c’est là l’usage à faire du bienfait reçu. Mais ce doit être la dépendance à l’égard du sort et non d’un être humain déterminé. C’est pourquoi le bienfaiteur a l’obligation d’être entièrement absent du bienfait.  » (Simone Weil)

« Reconnaissance, la seule dette qu’un débiteur aime à voir s’accroître. » (proverbe) 

« Reconnaissance fait durer le bienfait. » (proverbe)

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