595,2 – Questions / Réponses

– Questionner : exercice dangereux. L’individu peut répondre comme il ne fallait pas. Donc pas de référendums, contrôler les pseudo débats, fermer brutalement la gueule de celui qui, par hasard, n’aurait pas compris qu’il ne s’agissait que de bidonnage… Pour éviter ce gâchis, entretenir une Cour bien éduquée, seule admise à interroger comme il faut, et affirmer n’importe quoi d’un air assuré et sans réplique, sans se laisser aller à de vaines discussions.

– C’est une grande muflerie que de ne pas répondre à une question  et c’est au moins une petite muflerie que de répondre à côté. Avant de commenter, on répond d’abord à la question telle qu’elle est posée, même si elle est stupide, et sauf si elle est déplacée ou indiscrète. Quitte à différer sa réponse en l’indiquant.

– Répondre à une question simple et précise par une autre question, déplorable pratique de certains écoutants, manifeste sinon le mépris de l’autre et de ce qu’il veut dire, au moins une défaillance certaine : Tu voudrais … ceci ou cela ? – Et toi ?

 – Poser une question et tourner le dos sans attendre la réponse, pratique du babillage mondain, est encore plus méprisant que le point précédent.

– Ne pas poser de question dont il est manifeste que vous n’avez rien à faire de la réponse, et d’ailleurs que vous n’en attendez pas ; même mélangée à un torrent de paroles décousues et sans intérêt, cette pratique, assez féminine, est tout à fait déplaisante. Elle manifeste une fois de plus le peu de considération que l’on a, non pas pour un interlocuteur qu’on empêche d’exister en tant que tel, mais pour le malheureux pris sous l’avalanche (auquel on ne manquera pas de reprocher son inertie à la moindre occasion).

 – Répondre à la place d’autrui, pratique fréquente de certains parents ou conjoints, exprime clairement la volonté d’écraser l’interrogé.

– Poser des questions auxquelles l’autre ne peut répondre très souvent qu’en mentant ou en déclenchant une tempête. Ex. Je t’ennuie en  te questionnant  sur ceci ou cela (tes goûts pour…, ta santé…) ?

– La grande et l’unique question selon Leibniz : « Pourquoi y-a-t-il quelque chose au lieu de rien ? » A quoi Angelus Silesius aurait déjà répondu : « La rose est sans pourquoi.

-Une bonne question à se poser, peut-être la seule qui vaille : Qui ai-je rendu heureux ?  Du moins passé un certain âge, mais il vaut mieux s’en préoccuper tant qu’il est temps. En espérant ne pas répondre comme un personnage de Scott Fitzgerald dans Tendre est la nuit « Je ne dois plus être capable d’apporter le bonheur à quelqu’un. », ou bien pire de s’apercevoir qu’on rend ou qu’on a rendu malheureux.

– Le Gogo, assuré de sa servilité, est un personnage sans cesse questionnant. Dés qu’une opinion vraisemblable ou la version possible d’un événement sort des leçons qu’il a ingurgité, il bondit hors de ses gonds. Mais d’où tenez-vous cela ? Je ne l’ai entendu ni à la télévision ni lu dans mon journal, vous délirez mon ami. Si c’était ainsi, on le dirait ! Et vous que feriez-vous, que proposez-vous ? Mais, s’il traite ainsi tout dissident de la doxa officielle, il ne questionne jamais ce que lui enseigne les média : pourquoi ? Qui a initié l’information ou l’événement ? A qui ça profite ? Qui veut-on démolir ? Où veut-on nous amener ? Pour lui le monde est toute pureté, toute simplicité.

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« Une crise nous force à revenir aux questions elles-mêmes et requiert de nous des réponses, nouvelles ou anciennes, mais en tout cas des jugements directs. Une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites, c’est-à-dire par des préjugés. » (Hannah Arendt) – Vu notre absence de réponses, nous sommes mal partis.

« Pourquoi sommes-nous ? Pour être et parce que nous sommes. La pauvreté de cette  réponse montre l’inutilité de la question. » (Lucien Arréat)

« Ecoute ce que répond ton cœur afin de connaître la mesure de ta croissance. » (saint Augustin)

« La question que j’aimerais que l’on me pose se formulerait à peu près ainsi ; qu’est-ce qui éclaire, en ces temps, l’absence universelle et étonnante, (mais est-elle si étonnante ?) de pensée. » (Kostas Axelos – Entretiens)

« Décider que certaines questions ne doivent pas être débattues, c’est exercer sur les citoyens un droit de censure arbitraire qui définit la tyrannie. » (Jean Baechler) – Comme si on pouvait laisser les gens parler de tout !

« Deux espèces de questions : l’interrogation et la réponse. Ceux qui interrogent posent la question. Ceux qui répondent la déplacent. » (Natalie Clifford-Barney)

« Le temps a la bonté de se charger de beaucoup de nos réponses. » (Anne Barratin)

« Ne croyez-vous pas qu’on a les questions qu’on mérite ? La preuve, c’est qu’on se sent humilié devant quelques unes. » (Anne Barratin)

« Le droit de réponse indique l’absence de dialogue. » (Jean Baudrillard)

« La question n’est pas entre matière et esprit, elle n’est pas entre religion et sacré, pas plus entre spirituel et sacré. Elle est question de l’être ou de l’avoir. » (Matthieu Baumier) – On sait comment la modernité libérale-libertaire l’a tranchée.

« Pour les penseurs contemporains, les questions dites de fondement : la vérité, le progrès, la décision et le sujet ou l’émancipation, par exemple, semblent arbitraires, lointaines et inconséquentes. Le courant post-moderne les trouve, lui, dangereuses et à bannir … ‘Soyez heureux’. Il faut être heureux, profiter de la vie, ‘s’éclater’, s’épanouir, se dépasser, se réaliser … signifiants claironnés dérivant du signifiant maître, jamais mis en cause, le bonheur … Pour pallier l’angoisse, la civilisation marchande propose des images identificatoires du bonheur : propriété privée, voyages, famille, loisirs… véritables mirages. » (Miguel Benasayag) – Encore faudrait-il que l’inculture et la vulgarité des dits penseurs contemporains (les officiels) les rendent quand même capables de penser hors des consignes reçues, pour le moins douteux.

« On place l’individu sur un terrain prédéterminé où les jeux sont faits. Il n’a pas la possibilité de poser ses questions ou, plutôt, de mener les enquêtes nécessaires à la production d’une question. C’est la base du mécanisme d’aliénation du ‘souci’ (dans l’acception d’Heidegger dans le sens ‘d’orientation de la pensée’) ; on leur montre où doivent se situer leurs soucis, vers où les orienter … fabrication de fausses questions où l’individu ne peut répondre qu’à partir des options préexistantes et à sa disposition dans le sens commun. Tout le monde doit être ‘pour ou contre’ … Voilà à quoi se réduit, dans la pratique, l’exercice de la démocratie participative. » (Miguel Benasayag) – « Autre moyen de dissimuler la réalité : donner au ‘pour’ et au ‘contre’ une importance égale, même si le contre représente 80% du pays… afficher une équité obligatoire entre des opinions contraires en dissimulant que l’une écrase l’autre statistiquement, ce qui revient à rehausser l’importance statistique des minoritaires tout en conjurant le spectre de la majorité. » (Christian Combaz) – Là on est hors sondage, plutôt dans la presse.

« On disait : des années d’analyse pour une minute de synthèse. » (Emmanuel Berl)

« Les questions auxquelles je m’achoppe, elle ne les a sans doute pas résolues, mais elle a cessé de se les poser. » (Emmanuel Berl) – Sagesse. Un jour il faut cesser de chercher à savoir.

« On pose des questions à la vie, non dans l’espoir qu’elle y réponde, mais parce que la dignité de l’homme est de les poser. » (Georges Bernanos)

« Lorsqu’une question soulève des opinions violemment contradictoires, on peut assurer qu’elle appartient au cycle de la croyance et non à celui de la connaissance. » (Gustave Le Bon)

« ‘Que faites-vous dans la vie ?’ Une des premières questions qu’on nous pose généralement lors d’une nouvelle rencontre, et c’est de la façon dont nous pourrons répondre que dépendra probablement la qualité de l’accueil qu’on nous fera. » (Alain de Botton – Du  statut social

« Le grand nombre de questions et de pensées auxquelles peut répondre un simple mot banal prononcé d’une certaine manière ; ‘En vérité, tout, je vous assure, peut, absolument, répondre à tout’ ; c’est le grand kaléidoscope des mots humains …  Il est tant de mots vagues, suggestifs, d’une élasticité intellectuelle si étrange et dont le charme et la profondeur dépendent simplement de ce à quoi ils répondent’ » (Jacques Bouveresse – citant Thomas Edison)  

« La réponse est l’avortement de la question. » (Albert Brie)

« Tant que l’on se pose des questions, l’esprit est sauf. » (André Brincourt)

« Nos concepts empiriques usuels peuvent, en général, se partager en deux classes selon qu’ils servent des intérêts pratiques ou théoriques. La première classe est concernée par l‘usage des choses et la question ‘A quoi cela sert-il ?’. La seconde par les causes des choses et la question ‘D’où cela provient-il ?’ » (Ernst Cassirer) – Questions fondamentales.

«Toute société jusqu’ici a  essayé de donner une réponse à quelques questions fondamentales : qui sommes-nous, comme collectivité ? Les uns pour les autres ? Où et dans quoi sommes-nous ? Que voulons-nous et qu’est-ce qui nous manque ? La société doit définir son identité … Sans la réponse à ces questions, sans ces ‘définitions’, il n’y a pas de monde humain, pas de société et pas de culture ; car tout resterait dans un chaos indifférencié … il ne s’agit pas de réponses à des questions posées explicitement…  elles ne sont même pas posées préalablement aux réponses. La société se constitue en faisant émerger une réponse à ces questions dans sa vie, dans son activité. C’est dans le ‘faire’ de chaque collectivité qu’apparaît comme sens incarné la réponse à ces questions. » (Cornelius Castoriadis – cité par Vincent Descombes)

« Ceux qui peuvent se payer des questions et ont ainsi le pouvoir de les faire poser publiquement, et donc de les imposer à tous  comme question à poser, livrent au moins leur vision de monde social, leur point de vue et leur façon de poser les problèmes de société. » (Patrick Champagne – à propos des sondages) 

« La religion répond aux questions insolubles, la philosophie les rumine, la sagesse les oublie. » (Maurice Chapelan)

« Il n’y a qu’un homme mal éduqué au point de vue philosophique ou un homme privé de bon sens qui veuille questionner et chercher indéfiniment … Comme on ne questionne que pour avoir une réponse, il faut donc savoir s’arrêter à temps … Si on veut garder intacte la raison, il faut ne pas la fatiguer avec des questions qui dépassent ses forces … Les questions auxquelles on ne peut répondre sont des questions privées de sens dans leur fond même, donc inexistantes.» (Léon Chestov) 

« S’interroger sur le fond de quoi que ce soit vous donne envie de vous rouler par terre. C’est en tout cas de cette manière qu’autrefois je répondais aux questions capitales, aux questions sans réponse. » (Emil Cioran)

« Nul ne peut rien pour qui ne se pose pas de questions. » (Confucius)

« Ne pas chercher à connaître les réponses, chercher à comprendre les questions. » (Confucius)

« Le sire de Vonved qui part à cheval de par le monde, s’y débat jusqu’à ce que toutes ses questions trouvent leur réponse et qui à la fin, lorsque tous ses mystères ont été résolus, s’en retourne fort désappointé à la maison. » (légende danoise – citée par Heinrich Heine)

« Le noyau de la pensée totalitaire, et post-totalitaire, de la pensée moderne et post-moderne : le refus de notre réalité séparée, la volonté de résoudre, c’est-à-dire de nier le tragique humain … Atteindre une société où les humains seront enfin débarrassés de l’imperfection, de la souffrance et de la mort … Espérance d’un Salut (sortie du tragique humain), devenue immanente et impatiente depuis qu’elle est sans racine spirituelle  ni transcendante … Cette abolition du tragique de la vie représente la dernière phase de l’émancipation totale à laquelle nous convie la Modernité occidentale à la suite des totalitarismes … Les religions constituent des réponses apportées aux énigmes existentielles, que se passe-t-il lorsque elles sont renvoyées à leurs chimères ? … On peut évincer les réponses, les questions restent, et d’autant plus angoissantes si nul ne se propose pour les prendre en compte et en charge … Une solution consiste à réinvestir les anciennes réponses des sagesses antiques (conduites de vie plus que vérités affirmées), leur renoncement, s’installer en repos dans l’immanence, dans un bonheur tiède, dans l’oubli … Une autre réponse consiste à solliciter non plus le passé, mais l’avenir, plus tard les questions posées seront résolues et nous devons y travailler, c’est l’installation du ciel ici-bas, c’est le Progrès (‘les lendemains qui vont chanter’…) … L’une des manières les plus efficaces d’empêcher l’invasion des questions existentielles est le mode de vie matérialiste ; tout en continuant à dénoncer et à stigmatiser les pensées religieuses ou métaphysiques, risquant d’amplifier les inquiétudes humaines. » (Chantal Delsol) – Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Pourquoi moi ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?  Pourquoi ceci et cela?  Ma finitude ? Mon imperfection ?

« Non seulement nous n’avons plus de réponse, mais il devient de plus en plus difficile de trouver des questions. » (Gérard Depardieu)

« Le ‘pourquoi’ est ce que certains scientifiques persistent à éliminer de leur vocabulaire avant de passer le reste de leur vie à tenter d’y répondre. » (André Frossard)

« Nous voyons bien à quoi sert de ne pas croire : à être seul sur cette terre, qui est le moins fixe de tous les domiciles, et à ne jamais entendre, en réponse aux questions que le cœur se pose, une autre voix que la sienne. » (André Frossard)

« Tous nos repères se sont évaporés, nous n’avons plus que des questions, sur ce qui nous oblige, sur ce dont nous faisons partie, sur le temps où nous nous situons. Ce n’est pas une petite affaire de s’adapter à une situation de déboussolement pareil … nous avons été jetés brutalement en dehors de ce qui faisait la base de l’existence de nos ancêtres et prédécesseurs ; nous ne la comprenons même plus. Nous ne savons pas d’où nous venons et nous n’avons plus l’idée d’aller quelque part, en dehors de sauver notre peau … La désorientation a beau être anesthésiée, elle est sans précédent. » (Marcel Gauchet)

« Que signifie le nihilisme ? Que les suprêmes valeurs se dévalorisent. Le but fait défaut ; la réponse fait défaut à la question : pourquoi ? Production pour la production, consommation pour la consommation, l’accumulation sur l’accumulation, volonté de volonté. » (André Glucksmann)

« Celui qui vise trop haut, celui qui se plaît dans les questions compliquées, s’expose à s’égarer. » (Goethe)

« Devant un tel déferlement (médiatique), les questions fondamentales : ‘Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce que je peux en penser ?’ perdent leur consistance, emportées par un zapping permanent. » (Jean-Pierre Le Goff) – D’ailleurs il y a longtemps que les média nous ont appris à se ficher du vrai, du juste, comme du faux et de l’injuste, à se ficher de tout.

« Ce serait une erreur que de croire qu’une ‘récupération’, même ridicule, dispense de répondre à la question initialement posée. » (Jean-Claude Guillebaud) – On répond, c’est tout.

« Vous me jugez sur mes réponses. Si vous croyez que je ne vous juge pas sur vos questions. » (Sacha Guitry)

« Aujourd’hui quand on donne des réponses aux gens, ils ont l’impression qu’on les prend pour des imbéciles et qu’on empiète sur leur liberté. » (Jean Guitton)

« Pourquoi y a-t-il de l’étant et non pas plutôt rien ?» (Martin Heidegger) – La seule vraie question, la question radicale.

« Si vous voulez des réponses, faites des sciences. Si vous voulez des questions, lisez de la poésie. » (Martin Heidegger)

« L’aveuglement idéologique qui permet de ne percevoir de la  réalité que ce qui confirme l’idée (quand ‘la réponse précède la question’ disait Althusser). » (François-Bernard Huyghe)   

« Les adultes ont renoncé au ‘pourquoi’, c’est-à-dire au ‘pourquoi fondamental’. Si on se pose ces questions, c’est justement parce qu’il n’y a pas de réponses possibles. S’il y avait eu une réponse ou des réponses, on aurait les réponses, on ne poserait plus la question. » (Eugène Ionesco)

« Il y a des sujets qui fâchent : les droits de l’homme, le respect de l’Islam, la peine de mort, la colonisation, l’immigration… des questions qui ne se discutent pas à moins d’être néonihiliste ou populiste. » (Roland Jaccard)

« Ce qui manque, aujourd’hui plus que jamais, c’est l’étonnement devant l’incompréhensible. Il a toujours collé aux questionnements des hommes, le stimulant et l’égarant. La logique du discours contemporain est de l’oublier à tout prix. L’accumulation des savoirs est la drogue pour y parvenir … Aujourd’hui, il existe une certaine résignation, une forme de déloyauté à l’égard de l’incompréhensible. Le mieux, c’est de l’oublier en fabriquant à un rythme effréné du compréhensible. » (Claude Jannoud)

« Il est des choses dont on ne peut parler dans le tohu-bohu politique où chacun n’écoute que pour fournir une réponse connue d’avance. » (Abel Jeannière)

« Une question difficile ?Adressez-vous aux jeunes hommes, ils savent tout. » (Joseph Joubert)

« Ne jamais chercher à résoudre une question par le côté qui la montre difficile … Cherchez un de ses autres aspects et tournez-la ou faites-en le tour. »  (Joseph Joubert)

« Nos dispositions ont une certaine fluidité qui fait qu’il est impossible de prédire la réponse d’un homme donné même si nous avons de lui une connaissance profonde. » (Bertrand de Jouvenel) –  Ne préjugeons pas de l’âme humaine, dans un sens ou dans l’autre, celle d’autrui a ses mystères, tout comme la nôtre. L’apparente attitude habituelle ne préjuge pas toujours du comportement en situation imprévue, extrême ou déroutante. Durand que nous ressentions comme proche, attentionné et souple se défilera plus ou moins élégamment en cas de difficulté, échec, épreuve qui nous arriverait, ou, au contraire, ne nous lâchera plus en cas de réussite brillante et fructueuse. Dupont que nous considérions comme distant, inattentif et rigide saura, dans les mêmes  situations, se montrer solidement et intelligemment présent ou au contraire discret sans esprit profiteur. Lors d’une catastrophe, à la guerre, on a vu de présumés braves se conduire lâchement et de soi-disant froussards se comporter en héros.

« Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer. » (Emmanuel Kant)

« Preuve de sagesse et de lumières de savoir ce qu’on doit raisonnablement demander. En effet, si la question est absurde en soi et appelle des réponses oiseuses, non seulement elle couvre de honte celui qui la fait, mais elle a aussi cet inconvénient de porter à des réponses absurdes. » (Emmanuel Kant)

« Je trouve plus important de poser une question que de la résoudre. Trouver la question, la poser et la circonscrire est la seule chose qui vaille ; y répondre n’a finalement pas beaucoup d’intérêt. » (Jean-Paul Kauffmann)

« Ce sont les questions pour lesquelles il n’y a pas de réponses qui marquent les limites des possibilités humaines et qui tracent les frontières de notre existence. » (Milan Kundera)

« Les journalistes avaient compris que le questionnement n’était pas seulement la méthode de travail du reporter, enquêtant le calepin à la main … mais bien une façon d’exercer le pouvoir. Le journaliste n’est pas celui qui pose des questions, mais celui qui détient le droit sacré de les poser, et de les poser à n’importe qui, sur n’importe quel sujet … Mais n’avons-nous pas tous ce droit ? … Le pouvoir du journaliste ne se fonde pas sur le droit de poser une question, mais sur le droit d’exiger une réponse … Après un discours de deux heures d’un homme politique, c’est le journaliste qui décidera laquelle, parmi les  milliers de  phrases prononcées, paraîtra dans les journaux ou sera citée à la radio. » (Milan Kundera) – « Que reste-t-il du journalisme … quand il ne fait plus que compter le nombre de tweets et en commenter le contenu ? … La plupart du temps, on expédie le sujet pour en arriver à ce qui intéresse la presse people … Les interviews  dérivent sur Poutine, sur la France, sur l’alcool, sur n’importe quoi.  Ils sont à l’affût. Ils attendent le dérapage, ils le provoquent s’il ne vient pas. » (Gérard Depardieu)

« Il est plus facile de juger de l’esprit d’un homme par ses questions que par ses réponses. » (duc de Lévis)

« N’importe quel talmudiste du dimanche sait que l’important c’est la question. » (Elisabeth Lévy) – D’où l’importance de disposer idéologiquement (et matériellement bien sûr) des journalistes et autres médiatiques pour ne poser que les questions qui conviennent et de la manière qui convient.

« Ce qu’on nous sert en guise de débat politique. De l’émotion, de l’indignation, de l’offuscation, mais pour l’argumentation, macache bono … Plutôt que de fournir de bonnes réponses à de bonnes questions, on décrète qu’il n’y a pas de questions. » » (Elisabeth Lévy)

« Plutôt que de fournir de bonnes réponses à ses bonnes questions, on décrète qu’il n’y a pas de questions. » (Elisabeth Lévy – sur ce qu’elle appelle la vieille jurisprudence Le Pen) – Censure par la meute.

« Dans toute activité de l’esprit … le plus difficile n’est pas de trouver des réponses mais de formuler les bonnes questions. » (Simon Leys)

« A propos de tout se poser la question : ‘Est ce-vrai ?’, pour ensuite rechercher les raisons de ne pas le considérer comme vrai. » (Georg Christoph Lichtenberg)

« L’ère du vide, une ère dans laquelle on ne se pose plus de questions. » (Gilles Lipovetsky) – Ce qui nous attend.

« Les changements qui comptent ne sont jamais gratuits. Ils proviennent de ce que de nouvelles questions furent posées, exigeant des réponses originales. Le snobisme de modernité n’y fut pour rien. Toute pensée est ainsi nécessairement située. Et comme, à plus ou moins brève échéance, chaque réponse nouvelle engendre de nouveaux problèmes, la pensée est toujours en marche. Toute intelligence est par conséquent nécessairement ouverte. » (cardinal Henri de Lubac)

« Si l’on n’a égard qu’à l’objection courante et vulgaire, on n’y peut apporter aussi qu’une réponse courante et vulgaire ; qui ne sera point une réponse… »(cardinal Henri de Lubac)

 « Qu’en est-il de ‘questionner’ dans ce système du ‘savoir-pouvoir’ où l’on possède a priori la réponse à la question ? Une réponse formulée de telle manière qu’elle implique la défense absolue de questionner, de se questionner. C’est cela la caractéristique des ‘responsables’ de tous poils, ils sont censée répondre de tout, répondre à la place de tous … Les sempiternelles et identiques personnes ‘autorisées’ qui s’emploient à duper les quelques naïfs qui encore les écoutent ou les lisent en leur expliquant comment sauver les meubles alors que c’est la maison en son entier, qui est en feu. » (Michel Maffesoli)

« Les questions auxquelles on répond par oui ou par non sont rarement intéressantes. » (Joseph de Maistre)

« Nous vivons dans une civilisation qui, à la question : qu’est-ce que font les gens sur terre ?, répond ‘je ne sais pas’. Cela n’est jamais arrivé. » (André Malraux – à la fin de sa vie) –Nous sommes les champions du progrès et démontrons ainsi notre haut niveau de civilisation.

« Tiens-toi ferme aux ‘comment’, et laisse dormir les ‘pourquoi’. » (Thomas Mann)

« Il est difficile d’avoir tort quand on fait soi-même les questions et les réponses. » (Groucho  Marx)

« Tu ne peux donner de réponse à toutes les questions, mais tu peux faire une question avec toutes les réponses. » (Thierry Maulnier)

« D’où l’industrie de la distraction obligatoire, moins pour amuser la foule, que pour lui enlever le désir de poser des questions, spectacle ininterrompu (‘la société du Spectacle’ de Guy Debord) … Interdire à l’esprit de s’arrêter et d’approfondir, de parvenir à des questions et à des conclusions en dehors des règles. » (Thomas Molnar) 

« Aucun système, hélas, ne se soucie de la question naïve : Au nom de quoi ? » (Emmanuel Mounier)

« La seule, la bonne question désormais, est de savoir s’il est encore possible de ne pas tout interdire absolument. « (Philippe Muray)

« Les questions sont mal posées. Toujours ‘Qui’, ‘Où’, ‘Comment’, ‘Depuis quand’, ‘Jusqu’où ?’ et jamais ‘Qui suis-je ?’ « (Marc-Edouard Nabe – sur les média, le terrorisme et nous-mêmes) – Voulant dire ainsi que les média (et sur absolument tous les sujets) ne soulèvent jamais les vraies questions et se bornent  intentionnellement au circonstanciel, autant par l’incapacité crasse des journalistes que par servile volonté de dissimulation.

« On n’entend jamais que les questions auxquelles on est capable de trouver une réponse. »(Nietzsche)

« Nombre de questions sont désormais devenues impossibles à poser. Comment dés lors pourrait-on les résoudre ? Interdire une question, c’est empêcher sa réponse. Criminaliser la seule interrogation, c’est transformer en coupable quiconque se contenterait de la poser. » (Michel Onfray – sur la féroce dictature de la meute)

« Convaincus que les questions affaiblissent, de génération en génération nous nous étions méfié des questions. De tout temps, de tout cœur, aux questions sans réponse, nous avions préféré les réponses sans question. » (Jean d’Ormesson)

« Quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l’éternité précédente et suivante … le petit espace que je remplis et même que je vois, abîmé dans l’infinie immensité des espaces que j’ignore et qui m’ignorent, je m’effraie et m’étonne de me voir ici plutôt que là, car il n’y a point de raison pour moi ici plutôt que là, pour moi à présent plutôt que lors. Qui m’y a mis ? Par l’ordre et la conduite de qui ce lieu et ce temps m’a-t-il été destiné ? » (Blaise Pascal)

« On ne peut poser une question et recevoir une réponse qu’en participant à l’expérience. » (Blaise Pascal)

« Ce sont rarement les réponses qui apportent la vérité mais l’enchaînement des questions. » (Daniel Pennac)

« L’homme ne se nourrit pas de vérité, il se nourrit de réponse. » (Daniel Pennac)

« L’essentiel n’est pas de répondre aux questions, mais de faire taire ceux qui les posent. » (un de nos brillants politiciens, as reconnu des réunions publiques et débats)

« Le trait le plus manifeste de l’appareil de croyance est qu’il vient se substituer au travail de la pensée. La pensée questionne … se contredit … polémique avec elle-même … L’appareil de croyance est une réponse (à tout), tranquille ou violente, qui anticipe toute question. ‘La question n‘a pas à être posée’ : telle est la règle de son fonctionnement. » (Jean-Bertrand Pontalis)

« Une fois les théories établies elles entraînent l’oubli de leur propre généalogie … Les épigones ont toujours tendance à prendre pour points de départ des vérités qui ne sont vraies qu’au terme d’un parcours … Quelles questions se posaient alors ? Comment ressusciter ces questions ? … Le passé est raconté comme si l’enjeu était la mise  au jour de la théorie présente et non de répondre aux questions qui se posaient alors … Le besoin d’étendre, de confirmer ou de rétablir le confort d’une vision théorique cohérente est un moteur beaucoup plus puissant que la célèbre curiosité … Certaines questions pourraient disparaître non parce qu’elles auraient trouvé une réponse, mais parce que à l’intérieur d’un édifice théorique suffisamment développé pour retenir en lui toute réalité, elles ne se poseraient plus. » (Olivier Rey – sur la recherche scientifique)

« Pour l’instant, vivez les questions. Peut-être, un jour lointain, entrerez-vous ainsi, peu à peu, sans l’avoir remarqué à l’intérieur de la réponse. » (Rainer Maria Rilke)

« On nous exhibe un enfant mort ou grièvement blessé quand cela paraît opportun. Le petit Aylan envahit les unes en pleine polémique sur l’accueil des réfugiés … La campagne présidentielle de 2017 nous aura appris qu’il y a des questions que l’on n’a pas le droit de se poser (allusion à l’embuscade tendue à François Fillon)… ’Pourquoi maintenant ?’ Il paraît que c’est ‘complotiste’ de se poser cette question … On devrait avoir le droit de s’étonner du moment auquel sort une affaire. On devrait pouvoir se demander qui est à l’origine de telle ou telle fuite … On nous oblige déjà à croire au Progrès continu. Maintenant, on voudrait nous faire croire au hasard permanent … Les journalistes devraient être les premiers à s’interroger … devant tout événement qui arrive trop évidemment à point nommé. Mais ils ne s’étonnent jamais, pire, ils s’interdisent de s’étonner. Ils ont tacitement acceptés d’être manipulés. » (Ingrid Riocreux)

« Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. A chaque réponse on doit joindre un ‘peut-être’. Il n’y a que les questions sans intérêt qui ont une réponse définitive. » (Eric-Emmanuel Schmitt)

« Je résous maintes questions en ne me les posant pas. » (Louis Scutenaire)

« Depuis ‘Qu’est-ce que l’homme ? D’où vient-il ? Où va-t-il ?’, questions auxquelles s’est longtemps attardée l’humanité angoissée, une nouvelle question s’est soulevée, et qui ne s’est point tant greffée sur celles-ci qu’elle ne les bouscule et ne les remplace. Cette question est : ‘Que peut l’homme ? Que peut un homme ?’ Cette question se double de l’appréhension terrible que l’homme aurait pu être autre chose, aurait pu davantage, qu’il pourrait davantage encore ; qu’il se repose indignement à la première étape. » (Victor Segalen – reprenant André Gide)

« Le critique a les mains blanches. Son but final est d’échapper à toute critique possible. Il pose toutes les questions, de sorte qu’on ne peut lui en poser aucune. » (Michel Serres)

« Sois prompt à écouter et lent à donner une réponse. » (Ben Sirac)

« Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies questions. » (Claude Lévi-Strauss)

« Il y a des questions si indiscrètes qu’elles ne méritent ni la vérité ni le mensonge. » (madame Swetchine)

« L’inconvénient des réponses, c’est d’interdire les questions. » (François Taillandier) – Notre époque de continuel et mensonger radotage humaniste et moral pratique parfaitement cette censure.

« Le minoritaire n’est pas celui qui répond différemment aux mêmes questions, mais celui qui en pose d’autres. » (François Taillandier)

« Aujourd’hui, où l’on veut les solutions avant même d’avoir posé les questions. » (Gustave Thibon) – Evidemment puisque éviter de poser les questions permet de s’épargner la peur panique qu’éprouverait l’espèce de froussards que nous sommes devenus.

« Ce qui va déterminer la réponse à la question, ce n’est pas la question en tant que telle, sous la forme où elle a été posée, c’est le sens que va donner à cette question celui à qui elle a été posée, c’est aussi l’idée que se fait le sujet interrogé de la tactique la plus appropriée à adopter pour y répondre en fonction de l’idée qu’il se fait des attentes de l’interrogation. » (Michel Tort – Le quotient intellectuel)

« Peu d’esprits s’inquiètent d’examiner la question avant de fournir la réponse. » (Paul Valéry)

« Nous ne devons raisonnablement questionner que ce qui peut véritablement nous répondre. » (Paul Valéry)

« Dans le passé, on n’avait guère vu, en fait de nouveauté, paraître que des solutions ou des réponses à des problèmes ou à des questions très anciennes, sinon immémoriales … Mais notre nouveauté à nous consiste dans l’inédit des questions elles-mêmes, et non point des solutions, dans les énoncés et non dans les réponses. De là cette impression générale d’impuissance et d’incohérence qui domine dans nos esprits. » (Paul Valéry, en 1935 – cité par Paul Virilio qui ajoute « Un trait, entre tous distinctif, oppose la civilisation contemporaine à celles qui l’ont précédée : ‘la vitesse’. »

« N’est pas philosophe celui qui s’intéresse aux réponses avant de s’intéresser aux questions. » (Pierre le Vigan)

« Notre travail est fait si nous avons dissous une question … Si nous avons montré que la question ne se posait pas, ou bien qu’on pouvait ne pas la poser, ou encore qu’elle était mal fichue et dépourvue de sens. » (Ludwig Wittgenstein – cité par Roger-Pol Droit) – Principalement en matière philosophique, dissoudre ou défaire les problèmes.

« Qui a une question ? J’ai une réponse  ou Il me reste une réponse. » (plaisanterie juive)

« Une réponse qui ne résout pas la difficulté en fait naître mille autres. » (proverbe)

« L’énigme résolue paraît facile. » (proverbe)

« Ne s’égare pas celui qui pose des questions. » (proverbe) 

« Le plus difficile est de savoir quelles questions il faut poser et comment les poser. » (?)

« Bienvenue aux questions sociétales, heureuses substitutions aux questions sociales. » ( ?)

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