565,5 – Dérapage

– Anciennement terme de déplacement et de circulation routière (comme : Il a franchi la ligne jaune), maintenant expression appliquée à tout propos ne respectant pas les normes (ne pas confondre avec les normes électriques, du bâtiment…) imposées par le politiquement correct. Certains flics de la pensée, ayant sans doute une âme rentrée de marin, utilisent pour le même crime de lèse pensée officielle (pensée ?), le terme dérive, qui signifie de même qu’on a dit ce que la pensée officielle interdit de dire, et même de penser.

– L’expression est une incitation à la meute médiatique de lâcher les chiens contre qui exprime une opinion personnelle évoquant une réalité non strictement conforme à la Bible officielle (on peut aussi voir le début de la sous rubrique, Haine, 045,4).

– Faire très attention à ne pas généraliser, à ne pas stigmatiser, à ne pas procéder à d’odieux amalgames, donc, ne jamais analyser, ne jamais remonter à d’éventuelles causes, tout est fortuit, hasard… rester dans l’anecdotique… Certes, il y a bien l’influence de l’environnement, de la société… mais ces facteurs ne doivent être évoqués que pour excuser les pires aberrations. Pour le reste : Pad’amalgame, soit interdiction de réfléchir, droitement ou de travers.

-« Dérapage : mot sidérant, caractérisant des propos allant à l’encontre de l’idéologie dominante. » ( ?)  – Dérape, celui qui dit ce qu’il est interdit de dire, qu’importe si cela reflète la réalité, si cela est vrai.

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« La pratique de l’autodénonciation, que la langue de bois qualifiait d’autocritique, est une application de la théorie de la ‘fausse conscience’ : ma conscience est fausse, mais avec l’aide des autorités compétentes, du Parti, de l’idéologue … je puis voir la lumière. » (Raymond Boudon) – La ressemblance est frappante avec les exigences d’excuses implicitement assorties de menaces proférées par la meute bien-pensante au moindre dérapage, c’est-à-dire à la moindre pensée non exactement conforme à la dictature du politiquement correct, soit à l’impératif de soumission à ladite meute  sanguinaire.

« De tous les emplois, le plus lâche aujourd’hui est d’être l’espion des paroles d’autrui. » (Edme Boursault)  – Au nom de la franchise et de la transparence bien sûr.

« Ce concept suppose que les discours doivent suivre un canevas préétabli et que s’en écarter correspond à une sortie de route, une embardée qui disqualifie forcément le propos sujet à polémique et à scandale. Il dénote que des interdits et des impensés peuplent le débat public. » (Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin sur le terme de dérapage) – Du temps où on pensait, on se serait estimé en dictature. Maintenant tous couchés.

« La question qui se pose n’est pas : ‘Ceci est-il vrai ou ne l’est-il pas ?’, mais bien : ‘Peut-on le dire ou ne le peut-on pas ?’ Et le plus souvent on ne le peut pas. La masse de ce qui ne peut pas être dit s‘accroît de jour en jour. » (Renaud Camus)  

« On n’a pas d’opinion quand on sort des rangs ; on dérape. Cela signifie sans ambiguïté : sortir de la route tracée … peur obsessionnelle de la pensée différente, considérée comme une pathologie. »  (tiré de Chantal Delsol) –  Les ‘hôpitaux psychologiques’ du communisme, les démocraties occidentales agissant de même sans hôpitauxVoir la qualification de phobies pour tous les refus de nouveaux délires, soi-disant émancipateurs. 

« La parole est le lieu, en même temps que l’expression, de la liberté … Là où il y a exclusion ou subordination de la parole, il y a élimination de la liberté. » (Jacques Ellul) – Douce France !

« Le nombre de choses qu’il n’y a pas lieu de dire augmente chaque jour. » (André Gide) – Prémonitoire. 

« Intéressant, ce verbe, ‘déraper’. Hors de quel chemin tracé à l’avance ? Par rapport à quelle parole prédéfinie comme acceptable ? » (Elisabeth Lévy)

« Le monde considère comme une injure et une provocation toute affirmation qui n’est pas selon lui … Et jamais il ne manque de réagir. » (cardinal Henri de Lubac – sur le rejet des attitudes de l’Eglise) – Mais aujourd’hui la violence du rejet dépasse largement le cadre ecclésial.

« Il n’y a plus que trois catégories d’individus dont on peut dire le plus grand mal sans risque :  les catholiques, les fumeurs et les chasseurs. » (Il Messagero – cité par Philippe Muray)

« On a peur d’attraper les mots comme on a craint d’attraper la grippe aviaire … Sous la dictature de l’euphémisme, la moindre vérité devient ‘provocation verbale’. » (Philippe Muray)

« Comme tous les nouveaux régimes à travers les siècles, ‘l’ordre’ qui vient, après avoir réclamé pour lui-même la tolérance, la refuse absolument à ses insoumis. Il la refusera même à ceux qui ne manifesteraient à son égard qu’un scepticisme poli. » (Philippe Muray) – Sur la dictature de l’unanimisme dans la pensée unique et le politiquement correct.

« La notion de ’dérapage’ est d’une extensibilité telle qu’elle minimise des fautes graves et transforme en infraction des propos ou des actes qui n’en sont pas (exemples d’un coup de pied au visage donné à un supporter par un footballeur et de propos sur l’importante proportion d’immigrés parmi les dealers) … Vous ne pouvez pas vous défendre contre cette accusation puisque vous ne pouvez espérer être disculpé d’une faute que personne n’est capable de définir. » (Ingrid Riocreux) – Oui, mais ce flou est bien pratique pour exonérer les copains gaucho-médiatiques et accabler les braves gens. S’il fallait traiter tout le monde également, où irions-nous ?

« ‘Dérapage’, verdict de condamnation morale, son emploi a été étendu … de sorte que des comportements violents se retrouvent sur le même plan que des opinions jugées déviantes, minimisation pour les premiers et condamnation d’une forme d’outrance pour les seconds. » (Ingrid Riocreux) – Ce qui n’est pas condamnable à l’identique.

« Aujourd’hui, des censeurs de tous bords guettent le ‘dérapage’ comme le voyeur la fenêtre éclairée de sa voisine, dans l’espoir de s’astiquer la vertu à plusieurs. » (Romaric Sangars)

« Le maître ne dit plus : vous penserez comme moi, ou vous mourrez ; il dit : vous êtes libre de ne pas penser ainsi que moi … mais de ce jour, vous êtes un étranger parmi nous … Vous resterez parmi les hommes, mais vous perdrez vos droits à l’humanité. Quand vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur ; et ceux qui croient à votre innocence, ceux-là même vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix ! Je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort. » (Alexis de Tocqueville) – Prémonitoire, voilà le sort réservé aux allergiques à la doxa (ex. Renaud Camus et bien d’autres). – L’époque de l’auteur était trop généreuse, maintenant on ruine le dissident. Des associations sont là pour çà.

« Le dérapage est devenu un art recherché par le service public. » (Philippe Val) – Garant de ‘buzz’ actuel et d’audimat futur.

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