535,9 – Armes

Pour les bombes, il convient de distinguer celles qui apportent le malheur (engins lancés avec joie par les dictatures) qui font beaucoup de mal ; et celles qui apportent la liberté (engins émis à regret par les démocraties) que bénissent les heureux récipiendaires. Celles-ci étant d’ailleurs réglées pour ne causer que de regrettables dommages collatéraux à ceux des locaux de base, répertoriés comme gentils et à libérer, qui auraient imprudemment mis le nez à la fenêtre malgré tous les avertissements. Ne parler que des premières, avec horreur, larmes et frissons.

– L’existence de celles dites sales confère aux autres, par opposition, un haut degré de propreté.

– En ce qui concerne la qualité dite ADM (armes de destruction massive), on n’en trouve pas toujours chez les vilains où on était pourtant persuadé qu’il y en avait (des truqueurs, plus malins que des cow-boys en veston-cravate, auraient songé à en apporter dans leurs bagages). Chez les gentils elles sont appelées de dissuasion. La différence saute aux yeux … bruyamment.

– « Le communisme s’est déjà révélé, entre les mains des Russes, une arme bien plus puissante que ne pourra jamais l’être aucune arme matérielle. » (Arnold Toynbee) – En effet, il y a des armes immatérielles : l’idéologie, la manipulation de l’opinion publique par les média, la si facile corruption des pseudo-intellectuels, les cyber attaques, les procès intentés par les autorités américaines et les amendes faramineuses imposées….

– Le blocus ou l’embargo (sur tout, mais d’abord sur l’alimentaire, sur les médicaments…) ne saurait être rangé dans la catégorie des armes mais plutôt dans la catégorie des mesures bienveillantes visant à établir ou à rétablir la sainte démocratie et la participation joyeuse à la divine mondialisation. Les enfants qui meurent faute de médicaments et de nourriture (un demi-million d’enfants en Irak par suite du blocus américain) ne sont que des victimes collatérales sacrifiées à l’établissement de la liberté dont l’Occident est le dévoué champion. L’Occident se cache pour tuer les innocents.

« Que donnerait une application sereine et impartiale des normes juridiques déployées à Nuremberg aux agissements des chefs d’Etat occidentaux depuis 1945 ? » (Normand Baillargeon) – Aux Américains les premiers certes, mais pas seulement les Occidentaux, songeons aux staliniens.

– Pour les petites armes personnelles, on reconnaît un pays d’impuissants, de couards et de lâches à ce qu’il laisse une meute aussi constipée qu’efféminée demander qu’on en interdise la possession (pourtant déjà bureaucratiquement étroitement contrôlée) aux honnêtes et rigoureux citoyens, afin d’en laisser le monopole aux voyous, aux dingues et aux terroristes. L’interdiction des armes aux Etats-Unis réclamée par toutes les bonnes âmes bien soumises ne résoudrait pas leur problème récurrent de tueries, seule aurait quelque efficacité la rectification d’une société qui ne fabriquerait plus de dingues à la pelle. Les terroristes du Bataclan et d’ailleurs auraient été, et seraient, sérieusement refroidis (à tous les sens du terme), à la pensée d’affronter une foule où les meilleurs éléments pourraient bien être armés. Mais, les bonnes âmes des sociétés de trouillards préfèrent mettre à posteriori des fleurs, des bougies et des peluches  plutôt que d’armer les citoyens conscients et sérieux auxquels il est interdit de se défendre et de défendre leurs proches et voisins. Pays de lâches.

– Toutes les armes ne fonctionnent pas toujours correctement. A titre de triste anecdote, on peut signaler le pistolet dont se serait servi le pauvre M. Pierre Bérégovoy, déprimé sous le chapeau qu’on lui faisait indûment porter, après que son garde du corps lui l’ai laissé négligemment à portée, sans doute pour aller pisser contre un arbre. Le malheureux serait arrivé vivant jusqu’à l’entrée du Val de Grâce après avoir attendu les secours et être venu en ambulance de la banlieue sud de Nevers. Si mes souvenirs de la presse de l’époque sont corrects, l’ex-premier ministre aurait même réussi à se tirer deux balles dans la tête, alors que normalement avec du calibre 45 (magnum ou non), après la première il ne reste de la tête que des morceaux de cervelle dans les frondaisons environnantes. Comble du miracle, de quoi plonger dans la perplexité, ceux qui ont pu manier, ou ont à manier pour service une arme aussi défectueuse, mais pas les journalistes. M. Pierre Bérégovoy, que j’ai un tout petit peu connu jadis, était un homme estimable, un des très rares politiciens socialistes qui ait jamais travaillé de ses mains.

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« L’homme : animal qui emploie des outils … Lorsqu’un anthropologiste écrit ‘outil’ en règle générale, il pense ‘arme’ … Pourquoi l’homme a-t-il perdu ses crocs ? Tous les mammifères ont des crocs, depuis toujours. Tous les primates les ont gardés, sauf les hominidés … Nos canines de combat devinrent superflues avec l’usage des armes … Chez les Australopithèques, les crocs avaient déjà disparu. Ils bénéficiaient donc déjà depuis longtemps de l’usage des armes … L’ancêtre animal de l’homme était un carnivore et un tueur. Sa vie de chasseur traqué et mal armé par la nature avait rendu nécessaire l’usage des armes. Cet usage des armes et ces habitudes de tueur avaient perfectionné l’anatomie de l’homme (dominance de la main droite, dont le contrôle a son siège dans l’hémi-cerveau gauche, et que là aussi se trouve le siège de la parole) et développé une coordination nerveuse complexe jusque-là inconnue dans le monde animal … La pensée et la science ont voulu croire selon la tradition, à l’innocence de l’homme primitif et à la bonté de l’homme ; il n’est pas permis d’attaquer ce postulat … Si cet homme sage, le plus puissant tueur que l’évolution ait élaboré, veut résoudre ses problèmes tragiques en croyant encore au Père Noël il se prépare des lendemains catastrophiques … L’homo sapiens a hérité de cet instinct, de ce goût monstrueux (le goût de tuer et des armes), aussi sûrement qu’il a hérité de l’instinct sexuel et de l’instinct de conservation … Pendant des générations, le mythe romantique de la bonté originelle de l’homme nous a bercés dans notre petit contentement (seule la société le corrompt, refrain connu…) … Il ne peut plus ignorer que, loin d’être né innocent, il émerge, avec son espèce, d’un passé de violence et que ses ancêtres primates n’ont subsisté qu’en devenant et en restant des tueurs dans un monde radicalement dramatique … Qu’allons-nous proposer à l’homme à la place de l’arme, d’autres rêves, d’autres dynamismes, un autre état d’esprit, un autre esprit de compétition … L’ordre moral sombrera, le droit sera vaincu, des querelles insolubles naîtront … L’anarchie s’étalera … Le banditisme tiendra sous sa coupe l’honnête homme et il aura raison puisqu’il est le plus fort … Toute liberté se défend, et dans certaines circonstances pour la sauver il faut se battre, il faut tuer … L’homme est pétri d’instincts ‘sauvages’, chaque nouveau-né est un ‘barbare’ en puissance … L’esprit humain n’est pas compartimenté, il est capable de tout, il peut conjuguer simultanément le pire et le meilleur, lucidité et aveuglement, orgueil et humilité, affection et haine, il est pétri de contradictions … Il est capable de construire des missiles à tête chercheuse , tout en sachant que c’est œuvrer pour la mort du monde et, le même soir, faire œuvre de charité et consoler la souffrance … Je réaffirme que nous sommes issus d’anthropoïdes et non d’anges déchus. Et, qui mieux est, d’un anthropoïde tueur, possesseur d’armes. » (Robert Ardrey – Les enfants de Caïn) – L’auteur, auteur dramatique mais aussi anthropologue de terrain confirmé : l’histoire de la civilisation humaine qui apparaît comme une histoire de l‘art de tuer, l’instinct originel qui a permis au primate préhumain de survivre et d’émerger grâce aux armes.  Hiroshima n’est pas si loin. On n’a jamais cessé de développer des armes ; Evidemment, on n’est pas là dans l’angélisme béat et benêt.

« Il n’est pas d’exemple, à travers l’histoire, que le peuple-maître n’ait pas attribué le triomphe de ses armes à la vertu. » (Raymond Aron) 

 « Du taxi de la Marne à la bombe atomique, il y a quarante ans d’écart. » (Raymond Aron) – Qui  se trompe, si je peux me permettre, trente et un ans seulement ! On voit le progrès ! D’ailleurs on a  appelé, à juste titre, la période 1914-45, la guerre de trente ans, puisqu’il était évident que les conditions imposées par la France en 1919 préparaient automatiquement une nouvelle conflagration, quasiment comme si on la souhaitait.

« Plus les instruments de la force dépassent l’échelle humaine, moins ils sont utilisables. La démesure de la technique ramène la guerre à son essence d’épreuve des volontés, soit que la menace se substitue à l’action, soit que l’impuissance réciproque des Grands interdise  les conflits directs et, du même coup, élargisse les espaces où sévit sans trop de risques pour l’humanité, la violence clandestine et dispersée. » (Raymond Aron – Paix et guerre entre nations) – Ce qui pourrait s’apparenter à la fin des guerres majeures est en réalité un remplacement par une multiplication d’états de violence

« Ce n’est plus celui qui a la plus grosse bombe qui l’emportera dans les conflits de demain, mais celui qui racontera la meilleure histoire. » (John Arquilla, spécialiste américain, eux-mêmes spécialistes du mensonge) – « Un programme que vont illustrer les guerres humanitaires de la fin du XX° siècle et du début du XXI°. » (François-Bernard Huyghe)

 « Avec les nouvelles armes de massacre, les ennemis sont devenus entièrement et constamment invisibles à ceux qui … tirent à travers des écrans … Les armes et stratégies les plus récentes ne visent pas le combat mais le meurtre et le massacre. » (Zygmunt Bauman) – Ce qui allège fortement certains possibles scrupules. Ce, depuis les bombardements de terreur de la dernière guerre mondiale.

« Je suis un non violent ; quand j’entends parler de revolver, je sors ma culture. » (Francis Blanche)

« Accuser l’objet manufacturé de la responsabilité du crime n’est qu’une mascarade idolâtre qui confère à un simple produit inanimé des comportements vivants, conscients, donc jugeables et condamnables, afin de transférer la sanction hors du champ de l’homme. » (Maurice G. Dantec – sur les hurlements des hystériques à propos du fameux contrôle des armes, aux Etats-Unis et ailleurs) – Idem pour la bagnole et l’infrastructure routière. Nos sociétés sont devenus tellement lâches qu’elles cherchent tous les moyens de se défausser des responsabilités des individus qui les composent.

« La meilleure arme n’est pas la bombe atomique, c’est la pensée de Mao Tse-Toung. » (écrit du Drapeau rouge et repris par les laquais de l’époque)

 « L’incompétence qui caractérise tant le travail législatif que réglementaire que le discours médiatique sur les armes … L’auteur (de la réglementation qui n’a manifestement jamais touché une arme) ignorant manifestement que la dangerosité d’un projectile tient plus à sa vitesse initiale et à sa déformation à l’impact qu’à son calibre … croyant qu’une arme qui peut tirer par rafales (automatique) est beaucoup plus dangereuse qu’une arme semi-automatique, c’est-à-dire tirant au coup par coup … Le fait systématiquement occulté par les médias européens, que, chaque année, aux Etats-Unis, plus de criminels sont mis hors d’état de nuire par des citoyens armés que par des policiers… » (Arnaud Le Gall – sur la stupidité et la nocivité des législations européennes, et notamment française, sur les armes)

« Le législateur retire aux citoyens la possibilité matérielle de se défendre, les juges leur refusent le droit à la légitime défense. » (Arnaud Le Gall) – Place libre pour les.

« La corruption est devenue la première arme stratégique américaine, et le premier outil des opérations d’influence ou de contrôle. » (Hervé Juvin)

« ‘Le souci de l’âme’ (Jan Patocka) va parfois de pair avec le souci des armes. » (Alexandra Laignel-Lavastine) – Ce que le pape François n’a pas l’air de bien comprendre.

« Jamais encore nous n’avons été aussi armés médicalement et aussi désarmés moralement ».(Alexandra Laignel-Lavastine) 

« Qui a des armes, a des amis. » (Machiavel)

« La vocation des armes est indissociable de la fraternité. C’est une dimension difficilement explicable à ceux qui n’ont jamais revêtu l’uniforme. Dans la vie courante les relations humaines restent  de façade … Sous l’uniforme, on ne demande ni ton nom, ni… mais seulement que est ton courage …Seul compte le danger partagé. » (Hélie de Saint Marc)

« On a aussi dénoncé en leur temps, les gaz asphyxiants, la mitrailleuse, le sous-marin, la poudre à canon, et même l’arbalète. Toute arme passe pour déloyale tant qu’on ne l’a pas soi-même adoptée. » (George Orwell)

« Le désarmement est toujours le fruit de la détente et non pas la cause de a détente. » (père Antoine de Romanet)

« Les armes attirent à elles tous les droits. » (Tacite)        

« Le poignard est un frère, le fusil, un cousin. » (proverbe kurde)    

« Les armes cèdent à la toge. » (vieille devise) – le militaire cède au civil.

« Armons-nous et partez. » (plaisanterie militaire) – A appliquer aux foules hystériques avides du sang des autres

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