530,1 – Ordre / Désordre ; Discipline ; Limites

– Trois de ces expressions sont à éviter (au choix). Leur connotation est déplorable et ces termes d’ailleurs sont devenus sans objet.

– La loi d’entropie pose que dans tout échange énergétique et dans toute transformation de chaleur en travail une partie de l’énergie est perdue en rayonnement. Plus généralement, elle caractérise le désordre croissant qui se développe dans  tout système à partir de l’unité (tel l’Univers à partir du Bing Bang ou de la Création). Plus l’entropie est élevée, moins les éléments sont ordonnés et liés entre eux, plus grande est la part de l’énergie inutilisée ou utilisée de façon incohérente. Voir nos sociétés modernes et leur avenir.

– De même que les gestes, l’ordre, le rangement (ne serait-ce que l’organisation des fichiers de son ordinateur…), le soin de ses affaires, le non envahissement des placards d’autrui fournissent de bonnes indications sur l’équilibre mental d’une personne, donc sur sa fiabilité.

– Le désordre, qu’on obtient aisément par le changement perpétuel, fonctionne à l’avantage de n’importe quel pouvoir en épuisant les sujets.

– Alternance des longues périodes d’ordre et des explosions de chaos (survivance du carnaval), monde réglé et monde sans règle, inversé (fête des fous) … La fête qui assure la fonction de régénérer le monde réel (répétition du rituel créateur, de l’Âge d’Or, de l’enfance d’un monde prodigue, sans règles ni exigences) … La fête est le Chaos retrouvé et façonné à nouveau … On retourne au Chaos créateur, d’où était né, d’où renaîtra l’univers organisé, période de licence et de gaspillage des ressources accumulées, dépenser et se dépenser (dilapider en tous domaines, matériel, sexuel…) … La fête est terminée (le congédiement du temps usé, de l’année révolue ou de la saison… et en même temps l’élimination des déchets produits par le fonctionnement de toute économie, des souillures attachées à l’exercice de tout pouvoir), l’ordre de nouveau, se trouve institué … La similitude de la guerre avec la fête (celle-ci quasiment terminée dans les sociétés modernes, celle-là paroxysme de l’existence des sociétés modernes) : forte socialisation, outrance, excès, violence, licence, destruction, prodigalité et épuisement des ressources … Même si fête et guerre s’opposent terme à terme, l’une, surabondance de vie, l’autre,  inondation de mort. (Tiré, non textuellement de ce que j’ai compris de Roger Caillois dans L’homme et le sacré)

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« La Création, telle que contée est émergence de l’ordre « à partir du tohu-bohu, de l’informel et du vide, Dieu donne naissance au monde par sa parole. Il crée une ordonnance séparant les eaux  d‘en haut de celles d’en bas, il fait le ciel et la terre, limitant les eaux qui envahissent la terre, il permet au sol de s’assécher et d’accueillir la présence végétale, animale et humaine. Cet ordre est bon parce que, grâce à lui, la vie émerge et se déploie dans sa diversité. » (Paule Amblard – évoquant la Bible, Genèse)  – Rien de bon ne se fait hors de l’ordre.  Des siècles sont là pour nous le rappeler ; en vain semble-t-il.

« L’ordre humain sort toujours du chaos, et retourne au chaos. » (Anaximandre) – Du temps où on ne se faisait aucune illusion sur un prétendu progrès.

« Le désordre n’est pensé que par rapport à l’ordre, et, dans la suite, l’ordre n’est pensé que par rapport au désordre. » (Louis Aragon)

« L’ordre et le désordre sont étroitement entremêlés. Sans l’ordre, que seule la société peut créer, l’individu vulnérable périt. Sans un certain  désordre permettant et favorisant le plein développement de la personnalité de ses membres, la société s’étiole et se désagrège dans les compétitions. » (Robert Ardrey)

« La civilisation, c’est l’élaboration de l’ordre qui tend toujours vers plus de simplification. » (Aristote)

« Le progrès ne se fait qu’avec de l’ordre et il modifie l’ordre continuellement. » (Lucien Arréat)

« C’est laid, un élément qui ne s’accorde pas au tout dont il fait partie. » (saint Augustin)

Socialement, chaque société étant un mélange variable de tradition, d’ouverture et de tyrannie : « On peut distinguer trois formes d’ordres. – Ordre traditionnel : Chaque solution particulière est reçue par l’ensemble des sociétaires comme une donnée naturelle, dont on ne conçoit même pas qu’elle puisse être remise en question … Activités politiques réduites, politiciens et partisans peu nombreux. – Ordre pluraliste, moderniste : aucune solution n’est considérée comme définitive, elle est laissée à l’initiative libre et changeante des sociétaires …  Multiplication des conflits, politisation croissante … Les puissants névrosés entrent en politique … Agitation perpétuelle, mais stabilité sur le long terme, car les plus lésés sont aussi les plus faibles. – Ordre tyrannique : imposition par le recours constant à la force ou à la menace d’en user, d’un ordre parmi tous les ordres possibles. » (Jean Baechler)

« Le pouvoir faisait souhaiter, après la libération de tous les excès et l’effacement de toutes les limites, le retour au règne de la règle et du normal. A travers la fête médiévale des fous, ou ces formes appauvries qu’en sont les carnavals, effaceurs des différences sociales et des censures, le procédé a perduré. Il a maintenant d’autres équivalents ou substituts ; mais il conduit toujours à rendre manifeste et sensible la menace du chaos. » (Georges Bandelier)

« Le rite travaille pour l’ordre, ‘l’harmonie entre les hommes et l’accord au monde’.  Il est associé au mythe dont il traduit en actions, en pratiques, certaines des séquences … Il reporte aux pratiques qui traitent explicitement l’ordre et le désordre … Il est ordre en lui-même. Il est structuré… Il apporte une réponse à l’inattendu, à l’aléatoire … Il opère comme réducteur d’un désordre réel ou supposé. … Aucune société ne peut être purgée de tout désordre ; il faut donc ruser avec lui à défaut de pouvoir l’éliminer. C’est notamment la tâche du mythe et du rite. Ils le traitent afin de lui donner une figure maîtrisable.» (Georges Balandier)

« L’ordre c’est de la lumière qu’on ajoute dans les choses. » (Anne Barratin)

« Qu’est-ce qu’un ordre qu’aucun enthousiasme ne vient plus animer ? »(Maurice Barrès)

« Là, où tout n’est qu’ordre et beauté,

« Luxe, calme et volupté… » (Baudelaire – Les fleurs du mal)

« Là où cesse de s’ordonner une forme vivante, là où cesse de fonctionner une règle du jeu génétique (dans le cancer), les cellules se mettent à proliférer dans le désordre. » (Jean Baudrillard)

« Le nouvel ordre désertique et policier appelé ordre mondial. » (Jean Baudrillard)

« Chacun secrètement préfère un ordre arbitraire et cruel, qui ne lui laisse pas le choix, aux affres d’un ordre libéral où il ne sait pas ce qu’il veut, où il est forcé de reconnaître qu’il ne sait pas ce qu’il veut. Chacun secrètement préfère un ordre si rigoureux et un déroulement tellement arbitraire que le moindre dérangement fait s’écrouler l’ensemble, au cheminement dialectique de la raison, où une logique finale domine tous les accidents. » (Jean Baudrillard) –Si l’auteur veut rejeter l’arrogance des prétendus experts et revendiquer une dose d’imprévisibilité, alors oui.

« L’incertitude est synonyme de peur. Rien d’étonnant à ce que nous rêvions si souvent d’un monde dénué de hasard, d’un monde régulier, d’un monde prévisible, d’un monde fiable, sur lequel on puisse compter. » (Zygmunt Bauman)

« Le message d’Antigone à Créon est que, au-delà de la gestion des biens et  de la consistance, il existe quelque chose qui relève de l’être et sans quoi la vie même n’a pas de raison d’être. Elle nous rappelle que l’être dans le monde (le ‘dasein’) existe dans la mesure où il peut ‘se mettre au service d’une vérité’, hors de toute vision occupationnelle de la chose, en brisant cette caricature de la temporalité érigée par le capitalisme, qui nous fait regarder nos vies comme si elles étaient un capital qu’il faut savoir faire fructifier, sans ‘perdre notre temps’ … Elle est celle qui soutient l’énoncé ‘ce n’est pas forcément comme ça’, face à l’ordre défendu par Créon. » (Miguel Benasayag)

« L’ordre correspond à un équilibre entre des forces diverses. » (Alain de Benoist)

 « L’ordre exige la conformité des actes aux idées … Il vaut mieux offrir des exemples plutôt que de donner des leçons. » (Alain de Benoist)

« On ne peut être libre, non pas libre de faire quelque chose, ce qui ne veut rien dire, mais libre pour faire quelque chose, au sein d’une société, que s’il existe un ordre susceptible de garantir la sécurité de celui… » (Alain de Benoist)

« La cohérence d’un discours ne prouve pas sa justesse : il suffit, pour l’obtenir d’en retirer tout ce qui la dérange, comme il suffit pour mettre de ‘l’ordre autour des choses’ d’éliminer toutes celles qui le troublent. » (Emmanuel Berl) – D’où les bienfaits de la censure.

« Faites de l’ordre à longueur du jour. Faites de l’ordre en pensant que le désordre va l’emporter encore le lendemain parce qu’il est justement dans l’ordre, hélas ! que la nuit fiche en l’air votre travail de la veille ; la nuit appartient au diable. » (Georges Bernanos)

« Le désordre actuel ne saurait nullement se comparer à celui, par exemple, à celui qui dévasta le monde après la chute de l’Empire romain. Nous n’assistons pas à la fin naturelle d’une grande civilisation humaine mais à la naissance d’une civilisation inhumaine … La Barbarie, multipliant les ruines qu’elle était incapable de réparer, le désordre finissait par s’arrêter de lui-même, faute d’aliment … Au lieu que la civilisation actuelle est parfaitement capable de reconstruire à mesure tout ce qu’elle jette par terre … Elle est donc sûre de poursuivre presque indéfiniment ses expériences. » (Georges Bernanos) – Pas si sûr !

« Le parfait dérèglement (l’abandon à l’absence de bornes) est la règle d’une absence de communauté. » (Maurice Blanchot) – C’est la situation de nos communautés occidentales devenues folles.

 « La doctrine éducative récente dite de ‘l’ouverture’ est ouverte à toutes les espèces d’hommes, à tous les styles d’existence, à toutes les idéologies. Il n’y a plus d’ennemi, excepté l’homme qui n’est pas ouvert à tout … D’où il n’existe plus de terrain commun, de buts communs, de vision commune …  Une grande étroitesse n’est pas incompatible avec la santé d’un individu ou d’un peuple, alors qu’avec une grande ouverture d’esprit, il est difficile d’éviter la décomposition … L’ouverture était naguère la vertu qui permettait de rechercher le Bien en se servant de la raison ; elle équivaut maintenant à l’acceptation de tout et à la négation du pouvoir de la raison. » (Allan Bloom – L’âme désarmée) – L’ouverture est quand même limitée à ce qui convient à la doxa, à l’idéologie dominante.

« Avoir de l’ordre, dit-on. – Parole banale entre toutes. Un monsieur a de l’ordre quand il règle ses factures et qu’il est en mesure pour ses échéances. Une dame a de l’ordre quand elle vérifie, chaque jour, les comptes de sa cuisinière… » (Léon Bloy – Exégèse des lieux communs – 2, XXXV)

« Souvent un beau désordre est un effet de l’art.» (Boileau)

« C’est le sexe qui sème l’indispensable chaos dans la hiérarchie du pouvoir, dans celle des statuts sociaux, de la fortune, de  l’intelligence. » (Alain de Botton)

« Personne n’a encore découvert le moyen de préserver l’ordre dans une société sans des principes éthiques traditionnels. » (Max Born)

« Le rapport de la raison et de l’ordre est extrême. L’ordre est ami de la raison et son propre objet. » (Bossuet)  

« Ordre naturel (physis) et ordre social (nomos), distinction due à la civilisation gréco-romaine renforcée par l’influence du christianisme (séparation entre les ordres temporel et spirituel) qui fut la première à établir les règles d’une organisation sociale qui ne répondrait à rien d’autre qu’à la volonté humaine guidée par la raison …  Ce paradigme de distinction s’oppose frontalement au mode de pensée islamique qui repose sur une indistinction totale entre nature et social, organisation de la nature et organisation de la société, deux organisations parfaitement confondues … D’où l’impossibilité de lui opposer des arguments d’ordre rationnel, pas plus d’ailleurs que l’argument de la dignité de la femme quant au port du voile (le vêtement étant relatif à l’époque, au lieu, à la civilisation) … Même en Occident, durant des siècles, l’ordre social, bien que conçu comme distinct de l’ordre naturel, ne lui en restait pas moins étroitement lié. Ce n’est qu’à l’époque contemporaine que nous assistons à une déconnexion progressive (mais excessivement brutale) entre ordre social et ordre naturel ; les éléments de la nature étant vus comme des contraintes, des chaînes dont il faudrait se délier. Ce qui est prôné n’est en effet ni plus ni moins qu’un ordre social nouveau ne reposant sur rien, un ordre social hors-sol … Indifférenciation entre l’homme et la femme, abolition de la figure du ‘pater familias’, procréation sans hommes, etc. » (Diane de Bourguesdon) – Prétention de l’Occident à tout régenter. On verra au résultat. C’est tout vu !

 « Le terme désigne l’ordre et la beauté, plus précisément encore la beauté résultant de l’ordre … Bel arrangement, totalité rangée et harmonieusement articulée. » (Rémi Brague – sur l’étymologie du mot Cosmos) – Il peut y avoir ordre sans beauté, mais il n’y a pas de beauté sans ordre. Voir la laideur et le désordre de nos sociétés s’entraînant l’un l’autre.

« Les mouvements célestes pourraient servir d’exemples d’obéissance : ‘Dieu dit à Israël : considérez les cieux que J’ai créés pour vous servir, ont-ils modifié leur caractère ? Est-il arrivé que la roue du soleil ne se soit pas levée à l’Orient … La terre a-t-elle modifié son caractère ? Est-il arrivé que vous l’ayez ensemencée sans qu’elle ait germé ou que vous ayez semé du blé et qu’elle ait produit de l’orge ?’ » (Rémi Brague – citant le commentaire d’un rabbin)

« Les Etats occidentaux ne sont pas chargés par le reste de l’humanité de faire régner l’ordre. » (Rony Brauman) – Mais si, mais si ! Le colonialisme n’a disparu que de nom.

« Là où rien n’est à sa place, c’est le désordre. Là où à la place voulue il n’y a rien, c’est l’ordre. » (Bertolt Brecht)

« L’ordre est la base sur laquelle repose la beauté. » (Pearl Buck)

« C’est la négation même de l’ordre que l’ivraie jouisse des mêmes droits que le bon grain. » (Roger Caillois) – De nos jours, par la perversion des média majoritaires gauchistes pourris, elle jouit visiblement de plus de droits.

« L’excès ne fait pas seulement qu’accompagner la fête. Il n’est pas un simple épiphénomène de l’agitation qu’elle développe. Il est nécessaire au succès des cérémonies célébrées … contribue à renouveler la nature ou la société … Le temps épuise, exténue, il est ce qui fait vieillir, ce qui achemine vers la mort … Chaque année la végétation … Tout ce qui existe doit alors être rajeuni. Il faut recommencer la création du monde … Il faut chasser le mal, la faiblesse et l’usure, toutes notions qui coïncident plus ou moins … L’élimination des scories que le fonctionnement de tout organisme accumule, la liquidation annuelle des péchés, l’expulsion du vieux temps…A la vie régulière, occupée aux travaux quotidiens, paisible, prise dans un système d’interdits, toute de précaution … s’oppose l’effervescence de la fête … Cet entracte d’universelle confusion … apparaît comme la durée de la suspension de l’ordre du monde. C’est pourquoi les excès sont permis … à l’encontre des règles. Tout doit être effectué à l’envers … La débauche générale rajeunit le monde, encourage les forces vivifiantes de la nature … L’ordre du monde suppose la barrière des inhibitions, l’exemple des dieux ou des héros encourage à passer outre. L’un freine l’action, l’autre provoque l’exploit. Ils règnent à tour de rôle dans la société, l’un pendant la phase atone, le temps ouvrable, l’autre lors de la phase de paroxysme, la fête (ou la guerre). » (Roger Caillois)

« On para de toutes les vertus le merveilleux et l’insolite considérés comme tels … On se plaisait avec Rimbaud à trouver sacré le désordre de son esprit, mais on n’avait pas, comme lui, la lucidité de l’avouer crûment et le courage de se retirer d’un jeu si vain. » (Roger Caillois) – Déjà en 1938. A-t-on noté quelque amélioration depuis quatre-vingt ans ?

« Quand tout le monde aime le dérangement, c’est que ça ne dérange personne … Il est dans l’ordre (actuel du monde) de valoriser le désordre (de façade).» (Belinda Cannone)

 « L’Esprit meurt par les dogmes … Les dogmes veulent, en un mot, éterniser un moment ineffable … Il y entre de bons sentiments et des prétentions qui le sont moins … la lettre tue … L’Esprit ne saurait déférer à qui ne lui défère. Ainsi le désordre est inévitable et même il devient parfois légitime : un ordre trop parfait à sa manière entraînerait la paix de mort … Les hérésies sont nécessaires  et l’on meurt plus souvent de leur défaut que de leur virulence. » (Albert Caraco)

« L’ordre dégénère assez de fois en un sommeil réglé des facultés mentales sans même que les intéressés puissent convenir de leur état … Le désordre est, à sa manière, providentiel … l’esprit humain a besoin de secousses … La fermentation est le climat de beaucoup le plus favorable aux œuvres de l’intelligence et les effets s’en redoublent lorsqu’elle est suivie d’une époque despotique, mais éclairée, où l’on met à profit tant de trouvailles et dans leur jour tant de projets, que le désordre, qui les suscita, n’aura le plus souvent menés à chef  … L’ordre est adorable au moment où le désordre est vaincu, pourtant cet ordre nous avilira (l’Esprit meurt par les dogmes) … au bout de peu de générations (trois ?) quand meurent les témoins de son prélude et que s’efface la mémoire du désordre antécédent … L’ordre et le mouvement s’opposent, leur duel recommence à chaque génération. » (Albert Caraco)

« Le seul monde habitable est un monde formé … Une des fins premières de la présence d’un grand homme sur la Terre  est de conférer au désordre ou au chaos, une structure, une harmonie. Le grand homme est un missionnaire de l’ordre … sa mission est de promouvoir et de promulguer l’ordre … De surcroit c’est un mérite que d’attacher de l’importance aux formes … Il y a chez les Puritains une outrance dans la volonté de supprimer tout ce qui relève de la forme, dans la nudité pure. » (Thomas Carlyle) – Le monde ne peut pas se passe de formes, on le voit bien dans le lamentable chaos et la désespérance actuelle. 

« On imagine toujours l’ordre botté, drapé, avec ses fanfares, ses drapeaux et ses foules. On l’imagine nazi, en somme.  Mais pourquoi pas un ordre froid, gris ; et non point fou mais raisonnable, une raison glacée. » (Jean Cau) – Comme dans le 1984 d’Orwell, dans l’URSS communiste, avec le conformisme, l’unanimisme et la pensée unique de la démocratie occidentale.

« Dés que l’Etat se voit contraint de prendre en charge ‘tout’ l’ordre, celui-ci devient évidemment totalitaire. Si père, prêtre, professeur (etc.) sont démocratiquement niés, l’Etat doit les remplacer et c’est le Policier-Roi. » (Jean Cau) – Beau travail de démolition générale des libertaires qui ensuite gémissent. Quant au policier-roi, dans les démocraties modernes, c’est beaucoup prêter au policier. Les véritables flics sont dans les média.

« Le dieu, voulant que tout fût bon et que rien ne fût mauvais … prit toute la masse des choses visibles, qui n’étaient pas en repos mais se mouvait sans ordre ni règle, et la fit passer du désordre à l’ordre, estimant que l’ordre était préférable à tous égards. » (Platon – Le Timée) – « Et il y eut de la lumière. Et Dieu vit que la lumière était bonne. Et il fit une séparation entre la lumière et l’obscurité. Dieu appela la lumière jour et l’obscurité il l’appela nuit.  … Et il y eut un soir et il y eut un matin, un jour. (Bible – Genèse) – « Tout ce qui vit doit d’abord être séparé, ou encore extrait, de la confusion ténébreuse (le tohu-bohu), dont la nuit est distincte (elle n’équivaut pas aux ténèbres primordiales), afin de pouvoir grandir et exister, mais aussi soustrait à l’empire d’une lumière trop forte … Le deux oriente vers l’un, à condition toutefois que l’un ne cherche pas à anéantir l’autre, à le dominer ou à fusionner avec lui … L’alliance entre la nuit et le jour ; La nuit ne doit pas envahir le jour, mais le jour ne doit pas envahir la nuit. L’un et l’autre sont solidaires, ils se désirent dit même le Zohar … L’unité du jour provient de l’alliance de deux réalités, le matin ne peut venir sans le soir, le soir sans le matin. La dualité partout présente dans la Création (masculin/ féminin) renvoie à une source Unique» (Catherine Chalier – La nuit, le jour) – Mais nous sommes devenus si malins que notre ambition est de tout mélanger, de ne plus rien distinguer, de revenir aux ténèbres initiales. Ce qui ne manquera pas de se produire.

« Plus l’humanité se raffine et se complique, plus les chances de désordre se multiplient et leur gravité s’accentue, car on n’élève pas de montagnes sans creuser des abîmes, et toute énergie est également puissante pour le bien et pour le mal. » (Père Teilhard de Chardin) 

« La France, gardienne des beaux désordres. » (Jacques Chardonne) – La tradition continue, mais on ne peut plus qualifier nos désordres de beaux. Taisons-nous sur les qualificatifs qu’ils méritent.

« Il faut de plus grands efforts de talent pour intéresser en restant dans l’ordre, que pour plaire en passant toute mesure ; il est moins facile de régler le cœur que de le troubler. » (Chateaubriand)

« Il est étrange que les astrophysiciens et les microphysiciens soient les  seuls, aujourd’hui encore, dans leur discipline respective, à risquer la notion de ‘beauté’ comme l’un des critères, et apparemment non des moins opérants, de leurs hypothèses sur la réalité des choses. Ils l’invoquent dans deux cas bien précis : une hypothèse qui sauvegarde le principe de symétrie de l’univers leur semblera ainsi bien plus ‘belle’ qu’une théorie qui, pour ‘fonctionner’ suppose un univers dissymétrique. Une théorie qui réconcilie deux postulats contradictoires sera également plus digne d’être accréditée … Tout se passe comme si le domaine de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le monde des galaxies et le monde des particules, s’ordonnaient suivant une harmonie qui semble en revanche avoir déserté le monde visible, celui que nous habitons et qui est fait à notre échelle. » (Jean Clair)

« L’ordre est le plaisir de la raison ; mais le désordre est le délice de l’imagination. » (Paul Claudel – Le soulier de satin)

« J’aime les choses qui existent ensemble. » (Paul Claudel)

« Même dans le désordre il faut éviter la monotonie. » (Paul Claudel)

« La vie est une bête sauvage qui vous saute à la gorge à tout moment. Les dettes, le désordre, le stress, les vêtements, les courses, les grippes, la literie, les voyages, les moustiques, le téléphone, les voitures, les assurances, le travail, la famille, les médecins, ,la pharmacie, les autoroutes, les démarcheurs, le calendrier, les fêtes, les PV, les avions, les grèves, les impôts, les taxes, la canicule, les ascenseurs en panne, la police, le bruit et l’argent, l’argent ! sont à la vie de l’esprit ce que les fourmis rouges sont au voyageur égaré : ils la mangent … Un intérieur mal tenu, une vie décousue, des finances à vau-l’eau ne sont pas un drame ni une incongruité … Mais c’est une complication inutile de l’existence … Quel gain de temps et d’esprit quand chaque élément trouve sa place fixe : les passeports comme les serviettes de bain, le temps de la douche et des corvées comme les réserves de papier-toilette… Il faut pouvoir mettre la main, sans faire de fouilles, sur une facture de l’année dernière ou sur un adaptateur de prise… que les codes d’accès soient cohérents et se retiennent … Le système de rangement doit être si évident et si léger qu’une fois établi, il se gère sans réfléchir … (sachant que les rangements d’autrui sont toujours incompréhensibles) … Il ne s’agit pas seulement de répartir des objets, mais aussi des  usages, des horaires, des priorités, des réflexes … La finalité de la gestion domestique, c’est de rendre un service continu et comme automatique. Son mode d’emploi est de se faire oublier. » (Luc Dellisse)

« Aujourd’hui, avec l’écologie s’établit à nouveau la conscience de l’existence d’un ordre, hors de nous et s’imposant à nous.  Mais étrangement, cette idée ne  demeure pour l’instant valable … que pour la nature végétale et minérale ; l’homme reste en dehors ; comme si l’homme ne devait pas, lui, se plier à un ordre qui le structure et le fait vivre. D’où cette incohérence : la puissance de l’écologie, et la puissance du transhumanisme. » (Chantal Delsol)

 « Le caractère cyclique du temps répond à la présence permanente du chaos. Le monde est considéré comme le terrain d’une lutte entre l’ordonnancement et le désordre, l’harmonie et la confusion, qui sans cesse se remplacent l’une l’autre, dans un mouvement d’allées et venues … Sans extérieur, le monde est voué à la répétition (du temps circulaire) … Pour la première fois, le zoroastrisme iranien amorce une transformation du temps cyclique en temps linéaire : Zoroastre annonce un combat qui sera le dernier, une victoire définitive sur le chaos. C’est le monothéisme juif qui va engager la civilisation européenne vers le temps fléché. » (Chantal Delsol)

« Le désir d’ordre est le seul ordre du monde. » (Georges Duhamel)

« La confusion contemporaine entre droit et fait, entre moralité et droit institutionnalisé, entre justice et tyrannie, entre public et privé équivaut à un retour à la barbarie. » (Louis Dumont – Homo aequalis) – Nous avons passé le retour, nous y sommes.

« Qui, depuis 2003, a semé le chaos au Proche-Orient ? Assad, Khadafi, Poutine ? Ou les Etats-Unis et leurs alliés anglais  et français ? » (Benoît Duteurtre) – Mieux qu’alliés, le terme de laquais conviendrait mieux pour ces esclaves.

« Tous les tyrans sont nés du désordre. » (Jean Dutourd) – Regarder l’histoire.

« Le bonheur et l’ordre marchent du même pas. Je veux dire que l’ordre, dans une vie, est la forme extérieure que prend le bonheur. » (Jean Dutourd) – A méditer à l’inverse devant certaines vies désordonnées. Malheur derrière ?

« Je ne puis être que dans un certain ordre, et ma liberté n’existe que si elle joue dans un certain ordre … Il n’y a  de sens possible que par rapport et dans un certain ordre. » (Jacques Ellul)

« On a voulu croire que, pour obtenir la paix, il fallait lisser les aspérités, écraser les nuances et éviter les disputes, or c’est exactement le contraire : une société qui redoute les désaccords ou les affrontements … est une société en danger, qui se censure elle-même … Le vivre-ensemble n’est qu’une modalité coercitive de la volonté générale : quiconque refuse d’y obéir ‘y sera contraint par tout le corps social, on le forcera d’être libre.’ » (Raphaël Enthoven – citant J. J. Rousseau)

« Le facteur d’ordre, de forme ou cosmos que la Tradition incarne et réalise face au chaos et au devenir. A travers le ‘dharma’ le monde traditionnel, comme du reste, chaque chose et chaque être se soutient, par les digues élevées contre la mer de la pure contingence et de la temporalité, les vivants participent à la stabilité. » (Julius Evola – Révolte contre le monde moderne – à propos du dharma indien) – Il n’est pas question des multiples traditions locales et temporelles, des us et coutumes, mais de l’unique Tradition qui fait de l’homme un être métaphysique au-delà de son côté physique. De nos jours !!!   – « La Tradition est l’ensemble des connaissances portant sur l’être et ses manifestations dans le monde, telles qu’elles nous ont été léguées par toutes les générations antérieures. Elle porte non pas sur ce qui a été donné une fois dans le temps et dans un espace déterminés, mais sur ce qui est toujours, en Orient aussi bien qu’en Occident. » (Julien Freund)

« Lorsqu’un cycle de civilisation touche à sa fin, il est difficile d’aboutir à un résultat quelconque en résistant, en s’opposant directement aux forces en mouvement. Le courant est trop fort, on serait englouti …  … Il pourrait être bon de contribuer à faire tomber ce qui déjà vacille et appartient au monde d’hier, au lieu de chercher à l’étayer et à en prolonger artificiellement l’existence. C’est une tactique possible, de nature à empêcher que la crise finale ne soit l’œuvre des forces contraires dont on aurait alors à subir l’initiative … ‘Ce qui tombe, il faut encore le pousser. Tout ce qui est d’aujourd’hui tombe et succombe : qui voudrait le retenir ? Mais moi, je veux encore le pousser’. » (Julius Evola – citant Nietzsche – Ainsi parlait Zarathoustra)

« L’ordre pour l’ordre châtre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie. » (Saint-Exupéry)

« Le conservatisme n’est plus une opinion ou une disposition, c’est une pathologie. L’ordre autrefois s’opposait au mouvement, il n’y a plus, désormais, que des partis du mouvement. » (Alain Finkielkraut)

« Il vaut mieux avancer dans la pagaille que piétiner dans l’ordre. » (Claude Fitoussi) 

« Ordre. – Ne pas manquer de dire : ‘Que de crimes l’on commet en ton nom !’ » (Flaubert – Dictionnaire des idées reçues)

« La transgression est un geste qui concerne la limite, limite et transgression se doivent l’une à l’autre la densité de leur être … La limite a-t-elle une existence véritable en dehors du geste qui la traverse et la nie ? » (Michel Foucault) – Plus de limite, plus de transgression.

« Les bienfaits de l’ordre permettent à l’homme d’utiliser au mieux l’espace et le temps tout en ménageant ses forces psychiques. » (Sigmund Freud)

« Pourquoi vouloir imaginer à tout prix un ordre suprême ? Tentation de nos esprits logiciens. Pourquoi vouloir trouver une direction commune à ces mouvements qui ricochent les uns sur les autres, à l’infini. » (Roger Martin du Gard)

« Tous nos repères se sont évaporés, nous n’avons plus que des questions, sur ce qui nous oblige, sur ce dont nous faisons partie, sur le temps où nous nous situons. Ce n’est pas une petite affaire de s’adapter à une situation de déboussolement pareil … nous avons été jetés brutalement en dehors de ce qui faisait la base de l’existence de nos ancêtres et prédécesseurs ; nous ne la comprenons même plus. Nous ne savons pas d’où nous venons et nous n’avons plus l’idée d’aller quelque part, en dehors de sauver notre peau … La désorientation a beau être anesthésiée, elle est sans précédent. » (Marcel Gauchet)

« La liberté n’est pas au commencement, mais à la fin. La liberté est le fruit du bon ordre. » Pierre Gaxotte)  – Le chaos actuel tue la liberté, c’est d’ailleurs fait pour.

« Le mauvais élève en sait beaucoup plus que le professeur sur l’ordre et le désordre. » (René Girard)

« Si l’on en juge par la place occupée par la peste dans toute la littérature occidentale, y compris la littérature contemporaine, cette métaphore s’avère d’une vitalité étonnante, a fortiori depuis que ces épidémies ont disparu … Entre peste et désordre social il y a bien des affinités. Mais celles-ci n’expliquent pas pourquoi d’innombrables mythes mais aussi beaucoup de textes littéraires, anciens ou modernes, vont jusqu’à les confondre … La peste est universellement présentée comme un processus d’indifférenciation, une destruction des spécificités … La peste est la métaphore transparente d’un certain type de violence réciproque qui se propage, au sens littéral du terme, comme la peste (contagion). » (René Girard) – Depuis  Œdipe-roi, la pièce de Sophocle.

« Les dominants profitent du chaos, les opprimés s’en exaspèrent. » (Edouard Glissant – cité par Pierre Veltz)

« J’aime mieux une injustice qu’un désordre. » (Goethe – après le siège de Mayence)   

« L’accusation perpétuelle de la notion d’ordre est la porte ouverte à la barbarie. De là à y voir la dernière ruse d’Hitler, il n’y a qu’un pas que je suis tenté de faire. » (Gilles-William Goldnadel) – On sait pour qui les gauchistes stupides travaillent inconsciemment et qui manipule leurs toutes petites têtes.

« L’ordre, institution dont le but est par définition le maintien de ce qui existe, il est la chose abominable par excellence … Le désordre en soi a une signification précise : l’ordre maintient le monde objectal dans une certaine harmonie à l’intérieur de laquelle chaque facteur possède son individualité par rapport aux autres et aussi par rapport à l’ensemble, alors que le désordre, en détruisant cette harmonie, supprime les individualités et les homogénéise. »  (Béla Grunberger, Janine Chasseguet-Smirgel – évoquant la contestation soixante-huitarde) 

« L’ordre n’apparaît que si l’on s’élève au-dessus de la multiplicité … pour envisager toute choses dans l’unité … Ordre, équilibre ou harmonie, trois termes à peu près synonymes et désignant tous …le reflet de l’unité dans la multiplicité même. » (René Guénon)

« La plupart de nos contemporains se complaisent dans le désordre où ils voient comme une image extériorisée de leur propre mentalité. » (René Guénon)

« Le désordre moderne a pris naissance en Occident, et, jusqu’à ces dernières années, il y était toujours demeuré strictement localisé … Jusqu’à présent, l’envahissement occidental se bornait à une domination plus ou moins brutale exercée sur les autres peuples, et dont les effets étaient limités au domaine politique et économique. » (René Guénon) – Ecrit dans les années 1920, avant la décolonisation et au tout début de l’entreprise de mondialisation sous son aspect culturel (si on peut à ce propos parler de culturel !)

« C’est l’introduction du ‘libre examen’ (notion clé du protestantisme) qui s’oppose absolument à une telle hypothèse (celle de garder la doctrine traditionnelle catholique) puisqu’elle permet toutes les fantaisies individuelles … Refus d’admission d’une autorité supérieure à l’individu, négation des principes qui est l’essence même de l’individualisme … Etats frappants d’anarchie et de dissolution … Partant du ‘rationalisme’ on devait tomber au ‘sentimentalisme’. » (René Guénon – La crise du monde moderne) – L’auteur faisant remonter l’apparition du monde moderne à la Réforme et à la Renaissance.

« Il est très difficile de faire comprendre à nos contemporains qu’il y a des choses qui, par leur nature même, ne peuvent se discuter ; l’homme moderne, au lieu de chercher à s’élever à la vérité, prétend la faire descendre à son niveau. » (René Guénon)

« Dans le monde moderne, où peut-on trouver encore la notion d’une véritable hiérarchie ? Rien ni personne n’est plus à la place où il devrait être normalement ; les hommes ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun pouvoir légitime dans l’ordre temporel … C’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’individu qui se fait la mesure de toutes choses… » (René Guénon) – Du moins, du temps de l’auteur, on pouvait encore parler de domaine spirituel.

« Le changement, n’ayant pas en lui-même sa raison suffisante doit recevoir d’un principe supérieur sa loi, par laquelle seule il s’intègre à l’ordre universel ; si au contraire il se prétend indépendant de tout principe supérieur, il n’est plus, par là même que désordre pur et simple. Le désordre est, au fond, la même chose que le déséquilibre, et, dans le domaine humain, il se manifeste par ce qu’on appelle l’injustice, car il y  a identité entre les notions de justice, d’ordre, d’équilibre, d’harmonie … Chaque fois que le désordre s’accentue, le mouvement s’accélère, car on fait un pas de plus dans le sens du changement pur et de ‘l’instantanéité’. » (René Guénon) – L’auteur n’a rien compris à la vertu du changement-incantation-parfaitement-vide. Il sert à faire élire des incapables, dont le roi fut François Hollande précédant, dans cette catégorie, Jacques Chirac de justesse. Il n’a non plus rien compris à l’utilité du désordre. Il sert à dominer un troupeau de paumés, à dissimuler les malversations. 

« La civilisation moderne, civilisation sans principes … A notre époque, on appelle  ‘principes’ des lois scientifiques qui ne sont que des conclusions et des résultats inductifs, quand elles ne sont pas de simple hypothèses … des considérations morales qui ne sont même pas des idées, mais l’expression de quelques aspirations sentimentales, ou à des théories politiques souvent à base sentimentale également … Ne va-t-on pas jusqu’à parler de ‘principes révolutionnaires’ (contradiction dans les termes) … Chaos inextricable ; les rapports naturels sont intervertis, ce qui devrait être subordonné s’affirme autonome, toute hiérarchie est abolie au nom de la chimérique égalité, dans l’ordre mental comme dans l’ordre social … Fausses hiérarchies , dans lesquelles on met au premier rang n’importe quoi ; science, industrie, morale politique ou finance, faute d’avoir la seule chose à laquelle puisse et doive normalement revenir la suprématie, faute de principes vrais …  Désordre et anarchie … Théories innombrables, hypothèses qui se heurtent, s’entrechoquent, se contredisent, se détruisent, se remplacent… Jusqu’à déclarer que la vérité est inaccessible à l’homme, que peut-être elle n’existe même pas, qu’il n’y a lieu que de se préoccuper de ce qui est utile ou avantageux. » (René Guénon)   

« Là où la puissance de la tradition est absente, et où il n’y a pas même une autorité extérieure pouvant y suppléer dans une certaine mesure, on ne voit que trop, par l’exemple de la philosophie occidentale moderne à quelle confusion aboutit le développement et l’expansion sans frein des opinions les plus hasardeuses et les plus contradictoires ; si les conceptions fausses prennent alors naissance si facilement et parviennent même à s’imposer à la mentalité commune, c’est qu’il n’est plus possible de se référer à un accord avec les principes, parce qu’il n’y a plus de principes au vrai sens du mot. » (René Guénon – Sur l’invraisemblable et grotesque chaos que la pourriture anglo-saxonne impose à l’Occident)

Entropia : retour en arrière. « La tendance naturelle de tout système organisé, comme de l’univers, à s’orienter vers un désordre accru … La flèche du temps dirige irrésistiblement la matière organisée, et, partant, l’univers tout entier, vers une entropie, un désordre, un délabrement grandissants. » (Jean-Claude Guillebaud) – On ne voit donc pas pourquoi nos intellectuels et surtout nos politiques dépensent tant d’efforts pour contribuer à ce qui vient tout naturellement.

« Les têtes précises, dit Novalis, sont des têtes avares et philistines ; c’est dans la confusion que s’élaborera maintenant l’ordre fécond et créateur de la vie. » (Vladimir Jankélévitch)

« Entre le ‘fracas’ et le ‘fatras’ il y a vraiment peu de différence. » (Joseph Joubert)

« Un ‘beau désordre’ (Boileau) est en réalité un désordre apparent et un ordre réel. Par un beau désordre l’esprit est conduit au but désiré et y parvient par un labyrinthe délicieux. » (Joseph Joubert)

« Cet âge, la vieillesse, est ami de l’ordre, par cela même qu’il est ami de son repos. » (Joseph Joubert)  

« Des vertus ne se démarquent (en aval) que parce que la plénitude de la capacité est perdue (en amont) … la capacité ne fait saillie que parce qu’il y a déficience (et où il y a) … ‘C’est parce que la plénitude de la voie (Tao) est perdue qu’on s’est mis à parler d’humanité et d’équité ; c’est depuis que le pays a sombré dans le désordre qu’on voit des ministres loyaux er dévoués … si le pays était de lui-même en ordre, ces ministres loyaux et dévoués, on ne saurait pas où ils sont. » (François Jullien – sur des principes chinois ancestraux) – Effectivement on ne parle d’ordre, d’honnêteté, de toutes vertus que quand elles ont disparu.

 « Notre départ est plus aisé lorsque tout est en ordre. » (Ernst Jünger) – Et ce n’est pas rien.

« Est-ce que la confusion est le salut de l’humanité ? … La réalité, analysée par Pierre-André Taguieff, est que les sociétés multiethniques et multiconfessionnelles sont parmi les plus violentes du monde : Beyrouth, Rio de Janeiro,  Le Cap, Lagos… » (Hervé Juvin)  – Sur le multiculturalisme.

« Un ordre injuste est préférable le plus souvent au désordre. » (Hervé Juvin)

« C’est l’intelligence qui engendre l’ordre, non la discipline. » (Krishnamurti)

« La présence d’un élément anti-institutionnel, un certain défi à la normalisation politique, à ‘l’ordre ordinaire des choses’, utilisant une réserve de sentiments bruts (existants dans toute société) contre le statu quo … Appel aux petites gens … Puisque tout système institutionnel est inévitablement … restrictif et frustrant, il y a quelque chose d’attirant dans toute figure qui lui lance un défi, quelles que soient les raisons et les formes du défi en question. » (Ernesto Laclau – sur les traits communs entre certains populismes et certaines marginalités se plaçant en dehors de la société)

 « ‘En procédant à l’exécution de Louis XVI, les révolutionnaires n’abattent ni une personne, ni un symbole. Ils édifient pour la première fois dans l’histoire des grandes nations une société sans garant transcendant, une société de l’immanence’ … La pyramide organisée hiérarchiquement ne reposait que sur un leurre, une illusion, celle de l’extériorité radicale d’un ‘Autre’ substantiel, en l’occurrence, et ‘in fine’, celle de Dieu, sur l’existence non discutable d’une place d’exception absolue ; démasquée, nous nous sommes retrouvés face à un système qui avait perdu ce qui lui donnait sa consistance … La vie collective ne se soutient plus d’un ordre préétabli qui transmet des règles, mais d’un ordre qui doit émerger des partenaires eux-mêmes, si tant est qu’on consente à ce qu’il émerge. » (Jean-Pierre Lebrun – citant son confrère psy, Eugène Enriquez) – Plus de place d’exception absolue, plus de transmission, plus de hiérarchie, fût-elle fictive, illusoire, plus de discours possible affirmant, plus de contestation édifiante, plus d’être consistant, plus de civilisation, magma pluraliste. Nous y sommes.

« La virginité vient abolir le malheur de la différence et restituer à l’ordre son principe d’être l’Un. » (Pierre Legendre – à propos du Droit canon, les modèles de la mère-épouse inviolée et du castré oblatif) – L’ordre ne saurait résider dans la multiplicité, qui est toujours confusion.

« Il est de plus grand ordre qu’il y ait un petit désordre. » (Leibniz)

« Etablissez l’ordre, l’habitude l’entretiendra. »(duc de Lévis)

« Les rites préviennent le désordre comme les digues les inondations. » (Li-Ki, ouvrage chinois – cité par Roger Caillois) – Ayant supprimé tous les rites, ne nous étonnons pas du résultat !

« C’est de plus en plus l’outrance, la fuite en avant, l’hypertrophie qui apparaissent comme les principes organisateurs-désorganisateurs de notre monde, de notre hyperculture … Règne de l’universalité cosmopolitique, du changement perpétuel, du pléthorique … tout dorénavant est en surabondance et en surchoix dans la culture hypertrophique du toujours plus vite, toujours plus d’offres de nouveautés, d’informations et de communication … Désorganisation de notre être-au-monde, des consciences et des existences … Vies privées de coordonnées structurantes … Il en résulte un état d’incertitude et de désorientation sans pareil, généralisé, quasi-total. » (Gilles Lipovetsky)

« L’ordre social parfait peut être un monde d’âmes mortes. Il a même quelques chances de plus que tout autre d’être de ce monde…. Un paradis social peut être un enfer spirituel ; auquel cas, d’ailleurs, il cesserait bien vite d’être même un paradis social. Il peut être aussi tout simplement un désert spirituel, et s’il dure, alors ce ne peut être qu’au bénéfice d’une humanité diminuée, atrophiée. » (cardinal Henri de Lubac)

« Tout ce mal qui est en l’homme et qui fait si souvent de chacun pour l’autre, ainsi qu’on l’a dit, un enfer, tout cela n’aurait point d’autres causes que l’ordre social ? Mais qui donc a d’abord posé ces causes ? L’homme lui-même n’est-il pour rien dans le fonctionnement actuel de la société ? » (cardinal Henri de Lubac)

« Il en faut dire ce que nous disions déjà de la blessure du péché : ce que n’a point engendré le désordre social, l’ordre social est impuissant à le guérir. » (cardinal Henri de Lubac – sur le Mal) – Il ne disparaîtra pas.

« Quand les valeurs établies sont minées par le scepticisme, les effectifs de la police et de la justice deviennent impuissants à assurer l’ordre. Alors, en démocratie, l’indulgence devient obligatoire. L’Etat affaibli en arrive même, pour ne pas perdre la face, à refuser de constater l’existence du désordre. » (Alfred Fabre-Luce) – S’ouvre l’ère du mensonge officiel et de la terreur exercée contre ceux qui persistent à voir clair et à nommer le chaos.

« Bienheureux les temps qui peuvent lire dans le ciel étoilé la carte des voies qui leur sont ouvertes et qu’ils ont à suivre. » (György Lukàcs) – Les temps où l’organisation du chaos n’est pas devenue l’unique préoccupation sociale.

« Tout ordre étatique et juridique, et au premier chef, l’ordre capitaliste, repose en dernière analyse sur le fait que son existence et la validité de ses règles ne posent aucun problème et sont acceptées comme elles. La transgression de ces règles dans des cas particuliers n’entraîne aucun danger spécial pour le maintien de l’Etat, aussi longtemps que ces transgressions ne figurent dans la conscience générale que comme cas particuliers … L’idéologie n’est pas seulement un effet de l’organisation économique de la société, elle est aussi la condition de son fonctionnement paisible. » (György Lukàcs) – Aujourd’hui, les transgressions sont si nombreuses et si tolérées, sinon même médiatiquement valorisées, par une société devenue lâche qu’un fonctionnement paisible est devenu plus qu’aléatoire.

« Le principe d’unité qui sous-tend l’idéologie de l’ordre et le monothéisme social est ce qui permet de comprendre le projet ‘totalitaire’ de la révolution. Ramener la vie sociale à l’Un, et pour cela inciter à l’identification au parti, au chef, au but final … La révolution est bien alors ce référentiel suprême qui donne sens à une existence jusqu’alors éclatée. C’est ce souci de pureté … qui est … éminemment utopique, C’est ce souci que l’on retrouve chez tous les inquisiteurs sociaux, les ‘parfaits’ d’un catharisme moderne, et qui peut faire dire que ce totalitarisme est effectivement commun à tous les projets de sociétés parfaites qui ponctuent l’histoire … La Terreur de 1793 ou les purges des années trente en Union Soviétique sont dans la logique de l’idéologie égalitaire, elles traduisent d’une manière paroxystique le fantasme de l’unité qui se fonde sur la crainte de la différence. » (Michel Maffesoli – La violence totalitaire)

« Le remède du désordre sera la douleur. » (Joseph de Maistre) – S’il a raison, et il a raison, on peut s’apprêter à souffrir en France.

« L’amour de l’ordre n’est pas seulement la principale des vertus morales, c’est l’unique vertu, c’est la vertu mère. »  (Malebranche)

« L’ordre est la loi inviolable des êtres intelligents. » (Malebranche)

 « Au XVIII° siècle, un nouvel ordre, un nouveau type d’ordre se fait jour, un ordre qui ne repose pas sur le commandement … Il repose sur ce qu’on appelle, avec un enthousiasme croissant depuis le XVII° siècle, ‘l’intérêt’. » (Pierre Manent) – Seuls les laquais de la modernité, les Gogos-Bobos, pensent qu’on a gagné au change. « Qu’est-ce qui lie les hommes quand l’intérêt les sépare autant qu’il les rapproche ? » (Pierre Manent)

« C’est un désordre qui coûte cher de mépriser l’ordre éternel pour attendre un ordre nouveau du seul jaillissement du devenir et du seul mouvement de l’histoire. Mais c’est un désordre également grave que d’oublier que l’ordre humain se fait avec l’histoire, et, pour être ce qu’il doit, exige d’être continûment créé par un effort de raison et de volonté, d’imagination et de vertu. » (Jacques Maritain)

« C’est au-dedans de nous qu’il faut d’abord essayer de rétablir l’ordre, car c’est par l’intérieur que tout commence. » (Jacques Maritain)

« C’est un acte vital que d’adhérer à ce qui est, et de reconnaître par l’intelligence et par l’amour un ordre que nous n’avons pas créé. » (Jacques Maritain)

« L’ordre est en lui-même, comme l’être, un bien. Mais il n’est pas le bien absolu. Il y a un ordre en enfer. L’ordre extérieur et visible est ordonné à l’ordre intérieur et invisible; l’ordre des corps est pour celui des esprits et celui-ci est pour l’ordre de la charité. Mais ces ordres ne se correspondent pas nécessairement … L’ordre d’une bonne police morale et civile veut que les publicains et les prostituées passent après les personnes de vie honorable. L’ordre du royaume des cieux admet que des publicains et des prostituées passent, dans les jugements secrets de Dieu, avant des personnes de vie honorable. » (Jacques Maritain)

« ‘Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin’. » (cri humoristiquement prêté par Karl Marx au bourgeois de 1852 face aux désordres d’alors) 

« La tendance profonde de l’esprit moderne, celui qui toujours nie, aurait dit Goethe, revient en effet à détruire l’ordre, toujours considéré comme répressif, non pas à partir d’un nouvel ordre expressif, mais à partir d’un dés-ordre régressif. » (Jean-François Mattéi) – Ce n’est pas une tendance, c’est une tactique des prétendues élites pour maintenir leur pouvoir. En effet, elles savent bien que les premières victimes du désordre sont les faibles, les classes populaires.

« ‘Le passage de la substance à la procédure, d’un ordre qu’on trouve à un ordre que l’on construit représente une immense intériorisation.’ C’est l’autoproduction du sujet, et donc son autosuffisance. » (Jean-François Mattéi – citant Charles Taylor)

 « Les hommes ont besoin d’un centre distinct de sa périphérie, d’une permanence qui donne son poids au fugitif, et d’une configuration de l’existence qui se relie à la connexion du tout … La déconstruction a fêté un bal des adieux à tout ce à quoi l’homme s’était identifié dans son histoire. L’adieu à l’âme ; l’adieu au corps ; l’adieu au sujet ; l’adieu à l’œuvre ; l’adieu au monde ; l’adieu au sens ; l’adieu à Dieu, enfin, qui sonne le glas des meurtriers. L’adieu à ce qui faisait la substance de l’humanité … l’adieu à la condition humaine … A la lumière de l’être, il faut préférer la nuit du néant … Rien ne semble résister au travail de la taupe qui a sapé les principes sur lesquels reposait la civilisation. Descartes rappelait que la ruine des fondements signe en même temps la ruine de l’édifice … Le monde cassé de Kafka ou la terre dévastée de Kundera n’offrent plus à l’humanité de foyer qui est le sien. » (Jean-François Mattéi – contre les déconstructeurs, les Blanchot, Derrida, Deleuze, Guattari, Foucault, Judith Butler… et leurs ignares disciples, gauchistes démolisseurs de tout)

« Ceux qui ironisent sur de prétendus appels à un ordre moral révolu, en matière d’éducation, de mœurs ou de toute pratique liées à des principes restrictifs, ne font eux-mêmes, mais sans humour, que restaurer à leur profit un ordre moral différent. » (Jean-François Mattéi)

C’est lorsque  l’orientation se perd puis se désagrège au profit de directions multiples que la notion de sens disparaît. » (Jean-François Mattéi – La crise du sens)

« J’aime mieux une injustice qu’un désordre, parce que le désordre est l’injustice même. » (André Maurois – complétant Goethe)

« Lorsque le premier mouvement d’enthousiasme est passé, nul ordre ne peut naître que de l’autorité. » (Charles Maurras – sur les révolutions)

« Pour imposer un ordre, il faut une autorité. » (Charles Maurras)

« L’ordre des sociétés importe plus que la liberté des personnes puisque cela est le fondement de ceci. » (Charles Maurras – s’exprimant en matière politique, son domaine) – Quelle abomination pour un sauvage d’aujourd’hui.

« Pour sortir du chaos moral, il faut rétablir l’ordre mental ; à plus forte raison, sans l’intelligence, ne peut-on débrouiller le chaos social. Ni la bonne volonté ne suffit, ni les bons sentiments. Il est un ordre supérieur qu’il faut connaître et observer si on veut penser et agir. » (Charles Maurras)

« Une des conséquences du paradigme économique est l’inutilité de la morale. La mécanique de l’intérêt bien compris, quand elle fonctionne sans obstacle, suffit, par hypothèse, à garantir tout l’ordre dont une communauté a besoin. » (Jean-Claude Michéa)

« L’infantilisation est un vecteur du nouvel ordre moral. » (Richard Millet)

« Au début des années 90, le Nouvel Ordre moral se mettait en place, irrésistiblement, dans les habits mêmes de l’idéal démocratique, avec la volonté de défaire, en les discréditant et les vidant de leur contenu, les vieilles nations, les langues, le christianisme, la musique savante, la littérature, le secret, toute forme de pensée indépendante, au nom du relativisme généralisé et des lobbys minoritaires qui prenaient le contrôle de la pensée. » (Richard Millet) – D’où la stupidité régnante actuelle dans tout l’Occident.

« Nous n’avons pas changé de meubles, nous avons démoli la maison. » (Thomas Molnar – sur la modernité)

« Le désordre est, tout en demeurant potentiellement dispersion et destruction, inséparable de tout ce qui est création. » (Edgar Morin)

« Il y a moins de désordre dans la nature que dans l’humanité. » (Edgar Morin)

« Comme tous les nouveaux régimes à travers les siècles, ‘l’ordre’ qui vient, après avoir réclamé pour lui-même la tolérance, la refuse absolument à ses insoumis. Il la refusera même à ceux qui ne manifesteraient à son égard qu’un scepticisme poli. » (Philippe Muray) – Sur la dictature de l’unanimisme dans la pensée unique et le politiquement correct.

« Considérer qu’on peut améliorer certaines idées ou certaines façons de vivre héritées de nos ancêtres n’implique pas qu’il faille transmettre à la nouvelle génération une société chaotique, divisée, méconnaissable.  » (Douglas Murray)

« En faisant venir des gens d’autres pays, on fait venir des problèmes d’autres pays, et peut-être de nouveaux problèmes … Un continent qui fait venir les peuples du monde entier fait également venir les problèmes du monde entier. » (Douglas Murray)

« Imagine-toi un ordre humain total, universel, en un mot l’ordre civil parfait … : c’est la mort par le froid, la rigidité cadavérique, un paysage lunaire, une épidémie géométrique ! » (Robert Musil)

« Il faut avoir un chaos en soi-même pour accoucher d’une étoile qui danse. » (Nietzsche) – Belle formule certes, pour un Oscar Wilde, un Gérard de Nerval, un Van Gogh…

« Le goût de l’ordre est une passion utile, puisque, seule, elle permet toutes les autres. » (Roger Nimier)

« Il y a des ordres apparents qui sont les pires désordres. » (Charles Péguy)

« Un désordre vivant est toujours préférable à un ordre mort. » Charles Péguy) 

« Seul l’ordre fait la liberté, le désordre fait la servitude. » (Charles Péguy)

« On se fait une idée précise de l’ordre, mais non pas du désordre. La beauté, la vertu, le bonheur, ont des proportions ; la laideur, le vice et le malheur n’en ont point. » (Bernardin de Saint-Pierre)

« Deux types d’ordre : le délibéré ou organisé et le spontané. L’équipage d’un navire en difficulté sous les ordres d’un capitaine est un exemple du premier, le football est un exemple du deuxième,… Limiter la liberté des éléments ou laisser le champ libre à leurs interactions sont deux méthodes (planificateurs et partisans du laisse-faire) respectivement appropriés à certains types de situations … Les facultés de contrôle d’un système spontané, divisées par le nombre de  ses membres, augmentent proportionnellement à ce nombre (ce qui n’est pas le cas dans un système d’ordre organisé) … Une autorité qui serait chargée de remplacer par une gestion délibérée les fonctions d’un grand système auto-organisé serait placée dans la situation d’un homme chargé de conduire d’une seule main une machine dont le fonctionnement requiert l’emploi simultané de plusieurs milliers de leviers. » (Karl Polanyi – sur le chaos engendré par la planification soviétique dans les années 1920)

« ‘L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté …  Le désordre fait la servitude ‘ (Charles Péguy) …  Il en va ainsi de la licence, c’est-à-dire de la liberté entendue comme allergie à toute espèce d’ordre.» (Sylvain Quennehen)

« L’ordre sans l’Etat. » (Elisée Reclus – évoquant plus la pensée libertaire que l’anarchie proprement dite)

« Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. » (Arthur Rimbaud)

« Le long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. » (Arthur Rimbaud)

« Fatigués du despotisme, les hommes crient à la liberté ; froissés par l’anarchie, ils crient à l’ordre. » (Rivarol)

« Le drame de l’ordre, c’est qu’une fois établi il tend à fondre, comme neige au soleil. » (Jacques Rueff)

Section 1. «  ‘Quel bordel !, désignant un lieu non rangé, une organisation dans laquelle tout marche de travers, une opération qui se déroule à l’encontre ou différemment de ce qui avait été prévu et prévu … sens originel du mot bordel, comme cahute délabrée, ‘borda’. » (Clément Rosset)

Section 2.  « La vie est désordre ; l’ordre est contre –nature, exception à la nature qui est fondamentalement désordre. Le désordre est premier, son aménagement second et secondaire. » (Clément Rosset)

« La foi en l’Ordre est le contraire de la croyance en la Providence, en ce sens qu’elle sait que le monde est difficile, mais non truqué, qu’il n’y a aucune distance entre nos actes et leur résultat, mais seulement une distance naturelle, où se glisse le hasard. » (Raymond Ruyer)

« Le désordre est le meilleur serviteur de l’ordre établi. Toute destruction brouillonne affaiblit les faibles, enrichit les riches, accroît la puissance des puissants. » (Jean-Paul Sartre) – Conseil à ses petits camarades gauchistes ? Ils ne l’ont guère écouté.

« Tout ce qui est créé est entraîné tôt ou tard de l’ordre au désordre. Tout finit par s’affaiblir et se débiliter, tout ce qui était juste devient faux avec le temps, tout ce qui était beau et lisse se craquelle … Mais au lieu de nous en affliger nous devrions voir là la sagesse primordiale de la création qui ne nous livre pas une fois pour toutes un réel achevé, parfait et durable, mais nous invite en permanence à réactualiser, à remettre à neuf ce qui s’étiole, à réinventer des contenants et des contenus, à faire que soit neuf ce qui était hier usé, que soit étincelant ce qui était hier terni. » (Christiane Singer)

  « La modernité  représente le programme paradoxal qui consiste à exécuter un projet infini sur un fondement fini … Le principe central de la dynamique de civilisation, selon laquelle la somme des libérations d’énergie dans le processus de civilisation dépasse régulièrement la capacité qu’ont les forces liantes qui permettent la culture … On peut caractériser la situation avancée moderne comme ‘l’ère des effets secondaires’. L’expression ‘effets secondaires’ désigne l’excédent de conséquences non intentionnelles par rapport aux effets volontairement induits des mesures, des entreprises et des innovations … La foi en une symétrie entre les problèmes et les solutions … remontait aux anciennes Lumières ; mais elle s’érode un peu plus chaque jour … La caractéristique du climat culturel actuel est le soupçon croissant que la somme des effets secondaires dépasse de plusieurs fois celle des effets principaux visés … L’auto-administration de l’impuissance … Et nous nous contentons d’eau bénite pour faire face à l’entropie. » (Peter Sloterdijk)

« Le sentiment authentique de la beauté est l’accord vécu de l’être et du devoir-être. C’est la sensation que toute chose est à sa place. » (Martin Steffens) – Dans l’actuel chaos organisé et entretenu, sentiment  et sensation sont perdus.

« Les lignes de démarcation séparaient le haut du bas, le grand de l’humble, le civilisé du primitif arriéré, le savoir de l’ignorance, le privilège social de l’état servile, les années de la jeunesse, les hommes des femmes. Et, dans chaque cas, le ‘de’ traduisait la supériorité. C’est l’écroulement, plus ou moins complet, plus ou moins reconnu, de ce système d’échelons fondant la valeur (peut-il y avoir valeur sans hiérarchie ?) qui est maintenant le trait dominant de notre paysage intellectuel et social … Un flou généralisé a pour ainsi dire subverti les catégories d’âge, les distinctions de sexe, les classes, l’échelle de l’intelligence eu  du pouvoir. » (George Steiner) – Un magma de médiocrité. Sauf si on excepte la peu regrettée prétendue supériorité des hommes sur les femmes.

« Aux yeux de Voltaire et de Diderot, la jungle de nos conflits sociaux et politiques aurait semblé une régression démente à la barbarie. » (George Steiner)

« Où il n’y a ni forme ni ordre il n’y a rien. » (André Suarès)

« Qu’est-ce donc que ce nuisible chuchotement de l’ennemi ? C’est tout le désordre qu’il fait miroiter en toi et qu’il te persuade d’accepter. » (Jean Tauler)

« Le passage de la substance à la procédure, d’un ordre que l’on trouve à un ordre que l’on construit, représente une immense intériorisation par rapport à la tradition morale platonico-stoïcienne. » (Charles Taylor) – Pas seulement en morale, dans toute notre compréhension- appréhension du monde.

« Deux dangers mortels menacent l’humanité : l’ordre et le désordre. » (Paul Valéry)

« Si ta règle est le désordre, tu paieras d’avoir mis de l’ordre. Suis ta règle. » (Paul Valéry)

« La valeur du monde repose sur les extrêmes, sa solidité sur les moyennes. » (Paul Valéry)

« De quoi était fait ce désordre de notre Europe mentale ? De la libre coexistence dans les esprits cultivés des idées les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus opposés. C’est là ce qui caractérise une époque moderne … Chaque cerveau d’un certain rang était un carrefour pour toutes les races de l’opinion ; tout penseur, une exposition universelle de pensée … Combien de matériaux, combien de travaux, de calculs, de siècles spoliés, combien de vies hétérogènes additionnées a-t-il fallu pour que ce carnaval fût possible et fût intronisé comme forme de la suprême sagesse et triomphe de l’humanité ? » (Paul Valéry – sur l’état en Europe à la veille de 1914) – Est-ce différent aujourd’hui ?

« Deux conceptions du monde (de l’ordre du monde) … ‘Qu’a donc à faire Jérusalem avec Athènes, l’Eglise avec l’Académie ? (Tertullien) … Ce n’est pas un conflit entre la raison et la foi, mais un conflit entre deux fois différentes, l’une dans les règles du cosmos ordonné (tradition d’Athènes) où la volonté divine est subordonnée aux règles éternelles de l’ordre naturel, l’autre (tradition de Jérusalem) dans la seule volonté de Dieu dont la volonté est source indépendante … Cette notion d’une autonomie supranaturelle de Dieu est à l’origine de l’idée d’autonomie et de liberté des hommes qui émergera beaucoup plus tard … Liberté spontanée de Dieu, liberté spontanée de l’homme. » (Dominique Venner)

« Les Grecs pensaient que le beau est harmonie  dans la nature comme dans la société … que chaque chose soit à sa place et qu’ainsi il y ait de l’ordre, de l’équilibre, de la symétrie, dans les choses et chez les hommes … De ce fait, le laid a été défini comme une rupture d’harmonie, un déséquilibre, une dissymétrie, une faute de goût débouchant sur une destruction de la vie sociale par l’irruption d’une violence sauvage. » (Bertrand Vergely) – Où est le Beau aujourd’hui dans notre désordre, notre cacophonie… ?

« L’individualisme libertaire tend à confondre le désordre et la liberté, il s’avère la meilleure justification  de l’esprit d’ordre exacerbé … L’individualisme exacerbé est souvent épris de contrôle, le moi aspirant à tout dominer. » (Bertrand Vergely – interprétant Ernst Cassirer) – C’est exactement ce qui se passe dans nos sociétés  en proie à l’individualisme débridé en même temps qu’à la censure et à la férocité de routes les déviances par rapport à l’impérialisme de la doxa.

« L’argument de Raymond Aron était qu’à tous les coups ce que les individus gagnent à l’ordre tranquille du troupeau l’emporte sur ce qu’ils perdent en frustrations personnelles ; » (Paul Veyne) – C’est bien évident. Mais les dominants détestent l’ordre qui permettrait de percevoir leur corruption.

« L’ordre : un tissu de relations sociales tel que nul ne soit contraint de violer des obligations rigoureuses pour exécuter d’autres obligations … La contemplation des œuvres d’art authentiques, et bien davantage encore celle de la beauté du monde, et bien davantage encore celle du bien inconnu auquel nous aspirons peut nous soutenir dans l’effort de penser continuellement à l’ordre humain qui doit être notre premier objet. » (Simone Weil – L’enracinement)

« L’homme se dévoue toujours à un ‘ordre’. Seulement, sauf illumination surnaturelle, cet ordre a pour centre ou lui-même ou un être particulier (qui peut être une abstraction) dans lequel il s’est transféré (Napoléon pour ses soldats, la Science, le Parti…). » (Simone Weil)

« L’ordre social, quoique nécessaire, est essentiellement mauvais, quel qu’il soit. » (Simone Weil)

« Si l’Empereur a mis sa propre personne en ordre, il pleuvra toujours au bon moment. » (précepte chinois) – L’ordre est un tout. Il se transmet, se communique. 

« Où manque la police abonde la malice. » (proverbe)   

« Il n’est pas de beauté où règne le désordre. » (proverbe grec)

« Notre monde ne vit que dans l’urgence et dans le ‘zapping’, l’obsession du mouvement et de l’action. Tout doit changer et bouger. » (?)

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés de l’ouvrage de Georges Balandier, Le désordre.

 « ‘L’ordre et le désordre sont comme l’avers et le revers d’une monnaie, indissociables. Deux aspects liés du réel, dont l’un apparaît comme la figure inversée de l’autre  … Au commencement était le chaos’ … C’est l’excès qui indique la présence du désordre ou le risque de son irruption … Ordre et norme sont liés, l’ordre est mesure … Les possibilités de désordre croissent à proportion du degré d’autonomie, d’individualité dont disposent les parties … Le désordre devient destructeur lorsqu’il y a perte d’ordre, lorsque les éléments  se dissocient et tendent à ne plus constituer une structure, une organisation, mais une addition, une simple somme … ‘ Plus il y a activité, plus le travail produit des désordres, l’accroissement de complexité et l’accroissement des désordres sont liés’ (Edgar Morin) …  Le désordre devient créateur lorsqu’il entraîne une perte d’ordre accompagnée d’un gain d’ordre, lorsqu’il est générateur d’un ordre nouveau substitué à l’ancien et pouvant lui être supérieur …  L’incertitude vis-à-vis de l’être de la femme se manifeste dans la plupart des cultures, inquiétante altérité. La figure de la femme guerrière, l’Amazone  … Elle est respectée, mais aussi redoutée (magie et parfois sorcellerie) … Le cadet est aussi une figure marquée  d’ambivalence … L’esclave, l’étranger … Toutes figures auxquelles le désordre peut être imputé … Les sociétés laissent toute une place au désordre, à défaut d’avoir la capacité de l’éliminer, ce qui les conduirait à tuer le mouvement en leur sein, énergie encore sauvage, il est irréductible et nécessaire … Le désamorcer, c’est le traiter par le jeu, la dérision, le rire, par l’outrance, par l’inversion, par excès ou démesure  ; substituer la transgression fictive à la transgression réelle ; évocation d’un monde à l’envers, d’un univers dont le désordre s’est emparé ; littérature, arts, divertissements à débordements collectifs, pratiques ritualisées ; l’absurde cantonne le désordre, car il le cantonne à l’intérieur des territoires des phantasmes, des fantaisies, des rêves,  ; la fête (fête des fous, fête de l’âne, carnavals… le charivari manipulant le désordre au profit de  l’ordre et de sa morale en manifestant la réprobation à l’encontre de personnes exclues pour non-respect des normes ou des préjugés, ‘combat du désordre social par  un acte de désordre social’) dans l’inversion, l’effervescence collective, le chambardement qui restent codés, ritualisés, en même temps que festifs … Où chaque participant sait qu’une fois la fête finie, on retournera aux normes, aux codes, à un ordre qui avait été chahuté et non pas brisé  … Réponses au désordre : – La réponse totale, l’ordre totalitaire, système qui soumet et subordonne en visant le contrôle politique de la société tout entière, en se justifiant par une idéologie qui se dit vérité de l’histoire immédiate et à venir, en se réalisant par la violence et la terreur, en excluant toute référence supérieure autre que lui-même, rupture avec le passé, projection dans l’avenir, unification fantasmatique en identifiant le peuple au parti, celui-ci à son organe dirigeant, et ce dernier au maître absolu ; les périodes de transition, de grande transformation et de crise durable ouvrent un champ libre aux tendances constitutives du totalitarisme, ce qui est ressenti comme  désordre nourrit alors le désir d’ordre, l’inquiétude ou l’angoisse individuelle peut conduire à la recherche de certitudes, de remèdes … Face à la dispersion, la séduction de la totalité se renforce … – La réponse de la personne, face à la dérobade du sens : d’un côté la versatilité, le ‘nomadisme’ qui conduit à une recherche incessante sans objectifs définis, aux essais ‘pour voir’, les espaces d’ordre acceptés dans leur précarité, la nouveauté et l’éphémère crédités en raison même de leur peu de durée, futilité, jouissance de l’immédiat tenant lieu de projet, exister sans se référer à des normes (principe d’ordre extérieur) ou à des valeurs (principe d’ordre intérieur) … D’un autre côté, à l’inverse, c’est l’ancrage et non plus l’errance, le repli sur les espaces du social et  de la culture où passé et tradition ont laissé leurs repères, reprise des valeurs reconnues pérennes, revendication de clarté, de normes (contre les brouillages de la modernité), exigence de rigueur (contre l’expérimentation … des possibles) »

Konrad Lorenz recense huit péchés capitaux de notre civilisation, dans l’ouvrage portant ce titre (1973), résumé :

– Le surpeuplement de la terre, qui pousse chacun à s’abriter de la profusion de contacts sociaux, et qui, par l’entassement … provoque inévitablement l’agressivité.

–  La dévastation de l’environnement naturel qui non seulement atteint le monde extérieur … mais détruit en l’homme tout respect de la beauté et de la grandeur d’une création qui le dépasse … Cette aliénation de la nature vivante est en grande partie responsable du retour à la brutalité de l’homme civilisé dans le domaine esthétique et moral.

– La course de l’humanité avec elle-même, toujours plus rapide avec le développement de la technologie. Cette contrainte du dépassement rend les hommes aveugles aux valeurs véritables et les prive du temps de la réflexion … Sous la pression de cette concurrence, ce qui est bon pour l’humanité, et même pour chaque personne, a été complètement perdu de vue … L’homme ainsi pressé n’est certainement pas animé par la seule convoitise … elle ne suffirait pas  à l’inciter à cette autodestruction … l’angoisse (d’être dépassé, de se tromper, de manquer d’argent et d’autres choses…) joue un rôle prépondérant, d’où l’incapacité à rester seul.

– Une tiédeur mortelle. La disparition de tout sentiment fort … par l’amollissement … l’intolérance croissante à tout ce qui peut entraîner le moindre déplaisir … Impatiente exigence d’immédiate satisfaction de tout désir en germe … La disparition de la capacité de l’homme d’éprouver une joie à laquelle il ne parvient jamais qu’en surmontant des obstacles, au prix d’un dur effort. L’hypersensibilité à la peine rendant la joie inaccessible … L’ombre et la lumière tendant vers un gris uniforme, tendance engendrant un ennui mortel … Plus d’obstacle naturel à vaincre, donc plus d’effort, donc plus de joie d’avoir surmonté…

– La dégradation génétique … En dehors de certains restes … il n’existe pas, à l’intérieur de la société moderne, de facteurs de sélection qui viennent exercer leur pression sur le développement et le maintien des normes de comportement bien que celles-ci deviennent de plus en plus nécessaires avec le développement de la société … L’exigence de satisfaire immédiatement un instinct, la carence du sentiment des responsabilités et le manque de considération pour les autres, sont des traits caractéristiques des petits-enfants, pardonnables vu leur âge … Mais plus tard…

– La rupture des traditions, résultant du fait que nous avons atteint un point critique où les jeunes générations n’arrivent plus à s’entendre culturellement avec les anciennes, encore moins à s’identifier avec elles. Il serait erroné de croire que seul ce que nous pouvons comprendre rationnellement ou prouver scientifiquement constitue le capital essentiel du savoir humain.

– La réceptivité croissante de l’humanité à l’endoctrinement … augmentation du nombre d’individus rassemblés en un seul groupe culturel, et perfectionnement des moyens techniques … permettant d’influencer l’opinion publique et de créer l’uniformité de vue … d’autant plus que la puissance de suggestion d’une doctrine progresse peut-être avec le nombre de ses adhérents … Extension de la manipulation … Le dissident érigé alors en cas pathologique.

– L’armement nucléaire, danger plus facile à éviter que les sept processus menaçants décrits ci-dessus.

Ces phénomènes de déshumanisation sont favorisés par une doctrine pseudo-démocratique qui affirme que le comportement social et moral de l’homme est … uniquement influencé par le ‘conditionnement’ qu’il a subi au cours de son ontogénèse du fait de son environnement culturel (L’individu considéré né comme une page blanche).

Ci-dessous, extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage d’Amin Maalouf, Le dérèglement du monde.  

 « Dérèglement intellectuel, dérèglement économique et financier, dérèglement climatique… L’humanité aurait-elle atteint son ‘seuil d’incompétence morale ?’ … Epuisement simultané des civilisations … Un échec peut se révéler à terme, providentiel, et un succès peut se révéler calamiteux. La fin de la Guerre froide appartient, me semble-t-il à cette sorte d’événements trompeurs … Evénement qui était censé apporter paix et réconciliation, mais qui fut suivi d’un chapelet de conflits successifs, de bombardements punitifs et d’actions militaires de moindre ampleur  … Les Occidentaux s’étaient montrés bien plus respectueux de l’Union soviétique de Brejnev que de celle de Gorbatchev, qu’ils ont pillée, humiliée et démantelée  … Reproche au monde arabe : l’indigence de sa conscience morale. Reproche à l’Occident : sa propension à transformer sa conscience morale en instrument de domination … Tentation de l’Occident, et surtout de l’Amérique, de préserver par la supériorité militaire ce qu’il n’est plus possible de préserver par la supériorité économique ni par l’autorité morale … La faute séculaire des puissances européennes (aujourd’hui des Etats-Unis) n’est pas  d’avoir voulu imposer  leurs valeurs au reste du monde, mais à l’inverse : d’avoir renoncé à respecter leurs propres valeurs dans leurs rapports avec les peuples dominés … Partage entre le désir de civiliser le monde et la volonté de le dominer … En Occident, la barbarie n’est pas faite d’intolérance et d’obscurantisme, mais d’arrogance et d’insensibilité … Un gouvernement, celui des Etats-Unis d’Amérique, s’est trouvé investi, dans les faits, du rôle d’autorité planétaire  … Pour la première fois dans l’Histoire on assiste à l’émergence d’un gouvernement dont la ‘juridiction’ couvre la planète entière … Les suffrages des citoyens américains (5% de la population mondiale) sont plus déterminants pour l’avenir de la planète entière que ceux des 95% qui restent … Or, les Etats-Unis n’ont pas persuadé le monde de la légitimité morale de leur prééminence. »

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