500,2 – Mondialisation, Globalisation ; Cosmopolitisme

– « L’immondialisation. » (?)

-« L’âge de la moyennisation. » (Henri Mendras)

– Soyons clair : Mondialisation signifie américanisation, un peuple de maîtres, tous les autres à sa botte. Le seul pays vraiment obstacle (ne parlons pas des Européens qui se prostituent) est la Russie. D’où les provocations, manipulations, coups tordus à son encontre (début en Ukraine) et la haine déclenchée par les médias occidentaux. Pour la guerre, l’Amérique n’a jamais été à court ni de prétextes ni de mercenaires bien camouflés. « C’est par pudeur, espérons-le, que nous nommons ‘mondialisation’ l’américanisation de facto des cœurs et des esprits. » (Régis Debray)

– « L’Amérique détient la maîtrise du symbolique qui lui donne accès à ce que Max Weber nomme la ‘domination charismatique’ … Elle s’est assuré le contrôle du vocabulaire, des concepts et du sens. Elle oblige à énoncer les problèmes qu’elle crée avec les mots qu’elle-même propose. Elle fournit les codes permettant de déchiffrer les énigmes qu’elle-même impose … Elle répand la ‘bonne parole’ … oppression affable ou délicieux despotisme, surtout quand ce pouvoir doucereux se double d’un contrôle des industries culturelles et de la domination de notre imaginaire. » (Ignacio Ramonet) – Ajoutons la puissance économique et militaire dont l’Amérique a toujours abusé pour écraser quiconque (énormes amendes, ou privation de l’accès au marché américain : racket organisé).

– Je date, le terme mondialisation étant déconsidéré, la nomenklatura à l’origine du phénomène a décidé de changer d’expression pour dérouter les gogos. On ne parle donc plus que de globalisation, dont acte, ça change tout. Cependant, si le mot mondialisation se limite à la dimension géographique du processus, le terme globalisation est plus ambitieux, sinon plus contraignant et plus pervers, car il renvoie à une philosophie holiste, c’est-à-dire à l’idée d’unité totalisante ou unité systémique, impliquant le culturel, le civilisationnel… « Symbole du processus général de dépersonnalisation et de dénationalisation, le lien global vide le monde de ses acteurs sociaux. » (Armand Mattelart)

– Tout flexibiliser, et d’abord les individus, tel est à la fois l’objectif et le moyen. Incertitude normalisée, tumulte, mobilité, instabilité, insécurité, adaptabilité, authenticité, créativité, efficacité … « Si un monde sans épreuves est impensable, un monde d’épreuves  perpétuellement renouvelées se révèle vite invivable. » (?) La délocalisation et le déracinement permanents de tout le monde et de tout, quel avenir délicieux avant que tout ne pète.

– Il faut bien en convenir, pour le meilleur et pour le pire, le monde s’est rétréci. Et, malheureusement « la mondialisation n’est pas à prendre ou à laisser. Elle est notre temps. » (Nicolas Baverez) 

– C’est la perte de l’esprit du lieu et de l’esprit du temps (les deux coordonnées qui nous font et nous protègent), l’imposition du vagabondage spatial et temporel. Cela peut facilement entraîner la dissolution de l’Être. Le siège psychologique de toutes les vertus nobles (esprit de sacrifice, moralité, honneur), a disparu, d’où, interactivement, la fin de l’histoire. Dans ce monde lissé où règne l’ennui la négativité (caractéristique de l’humain) est devenue sans emploi. « Ils t’appellent ‘petit homme’, ‘homme moyen’, ‘homme commun’ ; ils annoncent qu’une ère nouvelle s’est levée, ‘l’ère de l’homme moyen’ … Ce sont eux qui le disent, les vice-présidents de grandes nations, les leaders ouvriers ayant fait carrière, les fils repentis des bourgeois, les hommes d’Etat et les philosophes. Ils te donnent ton avenir mais ne se soucient pas de ton passé. » (Wilhelm Reich)

– Comme le reprochait déjà Herder à Voltaire et aux Français (en leur opposant la diversité infinie des situations particulières et en dénonçant l’humanisme inhumain), l’universalisme ambitionne d’uniformiser le monde sous prétexte de l’éclairer (l’obsession actuelle de la démocratie libérale).

– La première mondialisation fut réalisée dés le XVI° siècle par les empires coloniaux. Il n’est évoqué ici que la mondialisation actuelle d’une autre nature, où les anciens colonisateurs risquent bien de se retrouver les colonisés. En effet, le monde se gaussant de notre obsession de l’égalité toute mondialisation débouche sur des prises de pouvoir.

– « Pour comprendre l’essence de la mondialisation libérale, ‘Le Capital’ est assurément un livre plus actuel que la plupart des ouvrages produits à la chaîne par la ‘science’ économique moderne. » (Jean-Claude Michéa)  – Ce devrait être évident.

– Le seul avantage du processus, c’est qu’il fera inéluctablement sauter l’invraisemblable fouillis réglementaire français dû à nos députés professionnels et inconscients. Mais ce sera sans doute trop tard pour sauver le pays.

Voir aussi à la rubrique Modernité, 495,1 – et à la rubrique Histoire, 400,1, sous-rubrique Fin de l’Histoire, idéologiquement proche.

On pourra consulter également le livre d’Alain Supiot, La gouvernance par les nombres à la fin des rubriques Gouvernement, 375,1  ou  Lois, 480, 1

Pour juger et de la naissance du progressisme délirant en Occident  et de l’évolution du communisme, on pourra se référer à l’important article de Driss Ghali à la rubrique Monde,  500,1  

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« Une république pure et vertueuse qui a pour destin de gouverner le globe et d’y introduire la perfection de l’homme. » (John Adams, président des Etats-Unis, considéré comme un père fondateur) – Ses successeurs ont suivi fidèlement ce programme, à l’exception de la pureté et de la vertu, et en faisant quelque réserve sur la perfection obtenue.

« Contre l’hypothèse homogénéisante d’une expansion universelle  de l’idée occidentale … ll faut renoncer à l’idée que la modernisation technique et économique équivaut à l’acceptation des valeurs culturelles et politiques de l’Occident. » (Myriam Revault d’Allonnes) – Après le onze septembre 2001.

« Le monde en devenir de demain répudiera pays natal … et langue maternelle et ne les laissera subsister que comme objets de recherche spécialisée. » (Jean Améry) – Et quelques maîtres domineront sur des millions de zombies errants.

« L’homme moderne troque sa terre contre le monde. La belle affaire ! » (Jean Améry)

« S’il devait se produire qu’un seul peuple survive dans le monde, et s’il devait arriver que tous ses membres perçoivent et comprennent le monde à partir d’une seule perspective, vivant en plein consensus, le monde au sens historico-politique irait à sa perte … Il ne peut y avoir d’hommes au sens propre que là où il y a un monde, et il ne peut y avoir de monde au sens propre que là où la pluralité du genre humain ne se réduit pas à la simple multiplication des exemplaires d’une espèce. » (Hannah Arendt)

« Ce qui est conforme à la nature, c’est que le pouvoir se distribue en une multitude de cités indépendantes les unes des autres. » (Aristote – La politique) – Ce type n’a rien compris aux vertus de la mondialisation.

« Pour la première fois, l’humanité vit une seule et même histoire. » (Raymond Aron) – Rapidité des transports (Suivant un mot classique, Napoléon avait besoin du même temps que César pour aller de Rome à Paris), instantanéité des communications, universalisation des événements et de leur image, l’anglais, jargon dominant…

« Comment caractériser l’idée folle de créer un monde sans frontières, une humanité nouvelle de nomades déracinés et faite d’un mélange infini de cultures et de peuples, un marché unifié ultra concurrentiel élargi à l’échelle de la planète  entière, tandis que les Etats nationaux seraient vidés de toute substance … Penser fabriquer une puissance européenne en niant les nations et en les fusionnant en une purée de pois postnationale est une vision d’illuminé. »  (Les Arvernes)

« Il y  a dans l’idée de globalisation … une idée de l’achèvement du monde et de l’arrêt du temps qui dénote une absence d’imagination et un engluement dans le présent. » (Marc Augé)

« Nature et humanité ressembleront de plus en plus à un énorme échafaudage de production techno-scientifique illimitée où l’on produira de tout : Biens matériels, biens idéels, rêves et sentiments, substance pharmaco-dynamiques, formes de déviance et de révolte, contenus de religiosité et de mystique … Les confusions actuelles seront à la fois châtrées et portées au paroxysme dans le capitalo-socialisme mondial, règne démocratico-totalitaire, c’est-à-dire dictatorial, de l’assouvissement général et de l’insatisfaction universelle. » (Kostas Axelos – Entretiens)

« Toute segmentation de la planète et de l’humanité en sous-ensembles économiques inflige une diminution de l’efficacité et de la prospérité, d’autant plus abrupte que les  sous-ensembles sont moins ouverts les uns sur les autres. » (Jean Baechler) – Eloge purement théorique de la mondialisation qui ne néglige pas les dégâts induits, ni l’utopie du rêve.

« En fait de civilisation rien n’est absolu. Les idées qui conviennent à une contrée (un milieu) sont mortelles dans une autre. » (Balzac – Médecin de campagne)

« Djihad n’est pas seulement l’adversaire de McWorld, elle est son rereton. C’est plutôt Djihad par McWàrld que Djihad contre McWorld. » (Benjamin Barber) – Par Djihad, l’auteur entend plus les résistances pacifiques locales, communautaires (terroirs, langues, traditions… ) que le terrorisme sanglant islamiste. 

« La clameur contre McWorld est provoquée par une exaspération, née non seulement de la société de consommation et de sa technocratie, mais encore de de son incapacité à fonder une existence morale ayant un sens. » (Benjamin Barber)

« McWorld est déjà philosophiquement esquissé, si ce n’est par la Renaissance, du moins par le siècle des Lumières : confiance dans la raison ; passion pour la liberté – non sans lien avec cette passion – fascination pour la contrainte ; conception de l’esprit humain comme ‘tabula rasa’ qui doit être écrite, codée par des élites ; confiance dans le marché ; scepticisme au sujet de la foi et des traditions et universalisme plein de mépris pour l’esprit de clocher. » (Benjamin Barber)  – On croirait décrit l’esprit (si on peut lui en attribuer) du Bobo.  

« Le seul but c’est d’aligner tout le monde sur le plus petit commun dénominateur mondial, le dénominateur démocratique (qui correspond de plus en plus au degré zéro du politique). » (Jean Baudrillard)

« Tout ce qui est singulier et irréductible doit être réduit et ravalé. C’est la loi de la démocratie et du Nouvel Ordre Mondial. » (Jean Baudrillard)

« Il n’y aura plus que la violence virtuelle du consensus, la simultanéité‚ en temps réel du consensus mondial – c’est pour demain et ce sera le début d’un monde sans lendemain. » (Jean Baudrillard)

« Il y a une complicité, non pas secrète, mais affichée entre l’Universel et le capitalisme marchand. C’est le capital qui le premier s’est alimenté … de la déstructuration de tout référentiel, de toute fin humaine, qui a brisé toutes les distinctions idéales du vrai et du faux, du bien et du mal pour asseoir une loi radicale des équivalences et des échanges. » (Jean Baudrillard) – « Gigantesque machine à dissoudre les singularités et les identités fortes, à abolir les différences réelles (de naissance, de statut, etc.) pour en produire des superficielles et des artificielles … Pour que les individus consomment des produits standard, il est impératif qu’ils appartiennent à une culture identique, que leur conception du bien et du mal, du nécessaire et du superflu, soit commune. » (tiré de Jean Baudrillard par Ludovic Leonelli)

« Il n’y a plus de différence entre le mondial et l’universel. L’universel lui-même est mondialisé : la démocratie, les droits de l’homme circulent exactement comme n’importe quel produit mondial, comme le pétrole ou les capitaux … Tout ce qui fait événement aujourd’hui se fait contre l’universel, contre cette universalité abstraite (y compris l’antagonisme éperdu de l’Islam aux valeurs occidentales … c’est parce qu’il est la contestation la plus véhémente de cette mondialisation occidentale que l’Islam est aujourd’hui l’ennemi n° 1). Si on ne veut pas comprendre cela, alors, on s’épuisera dans un bras de fer sans fin entre une pensée universelle, sûre de sa puissance et de sa bonne conscience, et des singularités irréductibles de plus en plus nombreuses … Même chez nous, elles sont simplement passées à la clandestinité. » (Jean Baudrillard – Le paroxyste indifférent)

« Celui-ci a fait ses preuves, on peut lui faire confiance. Il est même plus efficace que le capitalisme dans la liquidation des structures pré-capitalistes ‘sauvages’ et archaïques. » (Jean Baudrillard – sur l’ordre communiste)

« La condition humaine est actuellement soumise à des transformations aux multiples facettes qui sont bien résumées par l’expression ‘compression spatio-temporelle’ … Certains d’entre nous deviennent totalement ‘mondiaux ‘ … Certains peuvent quitter à volonté la localité ; les autres regardent désespérément la seule localité à laquelle ils sont attachés leur glisser des mains … Les centres de décision ont cherché à s’arracher méthodiquement et sans état  d’âme à toutes formes de contraintes territoriales, aux contraintes de la localité … Fin du devoir de contribuer à la vie quotidienne de la communauté et à sa perpétuation … La ‘distance,’ loin d’être un phénomène objectif et  impersonnel, une donnée naturelle, est un produit social ; sa longueur varie en fonction de la vitesse à laquelle elle peut être parcourue, et du coût représenté par la possibilité d’atteindre cette vitesse … C’est bien l’existence de la manière de voyager rapidement qui a déclenché ce processus typique de la modernité qu’est l’érosion progressive de toutes les ‘totalités’ sociales et culturelles enfermées dans un espace local … L’apparition de la ‘toile’ a rendu caduque, en tout cas en ce qui concerne l’information, la notion même de voyage et de distance à franchir (en même temps qu’en annulant le temps lui-même) … Or il existe une connexion étroite entre vitesse de déplacement et cohésion sociale … Loin d’entraîner une homogénéisation des modes de vie, l’annulation des distances spatio-temporelles a pour conséquence de les opposer (Jet-set). » (Zygmunt Bauman – Considérations éparses sur la mondialisation)

« Le multiculturalisme, l’arme culturelle de la mondialisation économique. » (Matthieu Baumier) 

« La mondialisation … c’est la victoire, ou plutôt la croyance en la victoire, du monde maritime contre le monde terrestre. De la société ‘ouverte‘ et ‘liquide’ (La ‘maritimisation du monde’, de Carl Schmitt). » (Matthieu Baumier)  – La société liquide de Zygmunt Bauman (sans racines, ballottée…)

« Et dés lors, unifiée en une immense armée, en une immense usine, ne connaissant plus que des héroïsmes, des disciplines, des inventions, flétrissant toute activité libre et désintéressée, revenue de placer le bien au-delà du monde réel et n’ayant plus pour Dieu qu’elle-même et ses vouloirs, l’humanité atteindra à de grandes choses, je veux dire à une mainmise vraiment grandiose sur la matière qui l’environne, à une conscience vraiment joyeuse de sa puissance et de sa grandeur. Et l’histoire sourira de penser que Socrate et Jésus-Christ sont morts pour cette espèce. » (Julien Benda – La trahison des clercs, fin)

 « Le projet utilitariste vise à établir sur les décombres de la société traditionnelle le règne d’une raison froide, hédoniste et calculatrice … un monde de cauchemar selon les conservateurs, un monde sinistre et ténébreux… Dans la société moderne nul n’est notre prochain. » (Philippe Beneton – évoquant la pensée conservatrice) – C’est le monde de la mondialisation. Vu la stupidité de l’Occident, seuls les changements climatiques réussiront à le faire avorter, mais à quel prix et dans quelle ambiance !

« Dans ‘La loi naturelle’ il mettait en garde contre ce ‘matin’ où la Terre entière pourrait être réduite à l’uniformité. Perspective lugubre … ‘Le matin de l’uniformité, du réflexe conditionné, du meilleur des mondes, de l’ordre absolu, de la réalité égalitaire, de la grisaille, de la réaction uniforme à un stimulus uniforme…’ » (Alain de Benoist – citant Robert Ardrey)

« L’humanité ne saurait se flatter qu’un désastre de notre civilisation serait, comme il le fut à maintes reprises, au cours de l’histoire, compensé par le progrès d’un autre continent ou d’un autre hémisphère … La ruine de l’Occident aurait été inaperçue à Pékin, et inversement, le malheur de la Chine n’eut pas impliqué celui de l’Europe. » (Emmanuel Berl) – Finies ces compensations.

« Désignons par ‘mondialiste’ celui que la dilatation, l’inflation, le grossissement séduisent … Il trouve dans le principe d’excroissance illimitée, dans l’extase tentaculaire, planétaire et pétrolifère du Total de quoi satisfaire son désir … La globalglose ignore les limites territoriales, les frontières et les petits buissons. Elle n’a affaire qu’à des ‘enjeux mondiaux’ et des ‘défis planétaires’ … Amplitude et hauteur de vue. » (Harold Bernat) – Heureusement qu’Emmanuel Macron ne cède pas, lui, au repli nationaliste face, par exemple, au coronavirus qui n’a pas de frontières (Mais  ce sont des personnes qui le transportent)

« Le retour de l’homme à l’animalité est une ‘certitude déjà présente’ et la figuration de ‘l’éternel présent’ qui caractérise la post-histoire consiste à l’évidence dans ‘l’Américan way of life’ … L’homme post-historique qui a cessé d’engager son existence dans la lutte et dans l’action. » (Jean-Michel Besnier – citant et reprenant Alexandre Kojève sur la ré-animalisation de l’homme)

« Leur Illusion, leur pseudo-universalité masque mal la prolifération des intérêts particuliers, critique qui n’est ni de droite ni de gauche, on la  retrouve aussi bien sous la plume de Maistre que de Marx … La mondialisation dissout toute appartenance dans un anonymat mortifère ; elle ne laisse rien intact, ni langue ni culture par-delà les frontières, elle proclame l’équivalence généralisée des biens et des idées. » (Jean Birnbaum – reprenant la critique des droits de l’homme de Christian Jambet)

« La mondialisation ne sera qu’un leurre tragique si elle court-circuite le processus par quoi chaque individu tentait jusqu’alors de s’approprier son humanité au sein d’un cadre culturel certes relativement limité, mais qui n’en était pas moins pour lui un ‘monde’ au sein duquel façonner son identité. » (Françoise Bonardel) – Le cosmopolitisme forcé écrase cette part indispensable d’enracinement.

« Qu’est-ce à cet égard que le cosmopolitisme issu de la globalisation ? Dans sa réalité devenue planétaire, il témoigne en faveur des analyses de Nietzsche et de Heidegger quant à l’irrésistible avancée du nihilisme puisque son empire découle d’une ‘image du monde’ conçue et voulue par un sujet qui, ne pouvant se déjuger à ses propres yeux, n’aura de cesse que cette image devienne de plus en plus totale et totalisante qu’elle ne l’a jusqu’alors été. Le ‘cosmopolitisme’ postmoderne est d’abord la concrétisation de cette ambition démesurée. » (Françoise Bonardel)

« Certaines puissances émergentes font aujourd’hui clairement savoir qu’elles entendent s’ouvrir à la modernité tout en conservant leurs traditions …. Alors que les Européens, entre autres, ont tendance à s’en détourner, obsédés qu’ils sont par la crainte de démériter de l’universel. » (Françoise Bonardel) – Minable Occident qui, lui, se renie.

« La contamination a désormais le champ libre grâce à la mondialisation … Il était de bon ton d’associer le repli sur soi à une forme ‘nauséabonde’ de confinement. Mais ne voilà-t-il pas que les mauvaises odeurs virales viennent de l’extérieur et que, pour s’en protéger, il faut s’enfermer chez soi … Cloisonnant fébrilement après avoir ouvert à tous les vents … L’idée qu’une épidémie touchant la collectivité soit le prix à payer pour une ‘dérégulation de l’ordre des choses’ est une vieille hantise de la conscience occidentale depuis les tragiques grecs. » (Françoise Bonardel)

« La mondialisation qui mêle étroitement les deux dimensions économiques et culturelles. » (Lauent Bouvet) – Chacune cachant l’autre. Les deux servant le même but : écraser les peuples.

« La mondialisation n’est rien d’autre que l’occidentalisation du monde. » (Adrien Boyer)

« La mondialisation, c’est d’abord un changement d’échelle, d’intensité, de célérité … Elle traduit ce moment historique où la terre prend conscience de ses limites et les hommes de leur interdépendance écrasante … Nous sommes privés de l’éloignement nécessaire à toute relation… L’ouverture promise par la modernité, la possibilité merveilleuse de sortir du local, de la famille, du pays natal, se résout en un nouvel enfermement. Non pas élargissement de l’horizon mais appréhension de l’horizon comme clôture. »(Pascal Bruckner )

« La mondialisation, c’est d’abord la mondialisation du doute quant à ses bienfaits. » (Pascal Bruckner)

« Une terre sans ailleurs, où personne ne sera plus ‘étranger’, cette noblesse du monde, où nous ne serons plus nulle part ‘à l’étranger’, cette allégorie de la présence, où nous serons, horreur, partout ‘chez nous’, dans cet ‘at home obèse’ qui déjà dégoûtait Verlaine. » (Renaud Camus)

« Deux forces contraires sont en lutte pour  remodeler notre monde …Tandis que le monde se globalise, les revendications identitaires se multiplient … Cette tension entre le mouvement d’intégration économique et la tendance à l’autonomie sociale est à l’origine de la crise de légitimité que traversent les institutions traditionnelles … La multiplication de sources d’autorité et de pouvoir : coincé entre la logique des réseaux mondiaux et celle des identités particulières ( religieuses, sexuelles, nationales, ethniques ou culturelles), l’Etat-nation n’est plus qu’un lieu de pouvoir parmi d’autres … Plus la tradition perd son emprise, et plus la vie quotidienne se recompose en termes d’interactions dialectiques du local et du mondial, plus les individus sont forcés de négocier des choix de vie parmi toute une série d’options … Il est des mouvements qui refusent la mondialisation dans l’intérêt du capital et l’informationnalisation dans l’intérêt de la technologie. Ces lieux où des passés de rêve et des avenirs de cauchemar hantent un monde chaotique de passions, d’élans de générosité, de préjugés, de peurs, de fantasmes, de violences, de stratégies boiteuses et de coups de chance. L’humanité, en un mot … D’un côté, les élites dominantes mondiales qui habitent l’espace des flux se composent de plus en plus d’individus sans identité (les ‘citoyens du monde’) ; de l’autre, ceux qui résistent à leur asservissement économique, culturel et politique sont de plus en plus attirés par l’identité communautaire. » (Manuel Castells – Le pouvoir de l’identité – considérations éparses sur l’impact de la mondialisation)

 « Aujourd’hui, nous voici devenus les provinciaux des Etats-Unis et c’est à qui s’évertuera le plus frénétiquement à dissimuler et à gommer cette mauvaise naissance … Ce dédoublement  de la personnalité, chez le colonisé que nous sommes, entraîne la honte de soi … Cela ne serait rien si l’Amérique était matrice de haute civilisation et rendait meilleurs les peuples qu’elle hante. Il n’en est rien, elle contamine, elle pervertit, elle abaisse, elle infecte et avilit. Les valeurs qu’elle exporte sont immondes : frénésie haletante de consommation, goût hystérique du ‘nouveau’, compétitivité pesée en son seul poids de dollars ou en contre-conduites, violence, féminisme grinçant, freudisme scolastique. » (Jean Cau)  – Déjà en 1975. Exact, même si un peu exagéré.

« Les Russes ont cette chance de rester russes et de ne pas s e transformer en singes américains … J’approuve la Russie de se défendre contre la putréfaction culturelle décadente que lui expédierait très vite l’Amérique si elle avait l’imprudence de lui ouvrir ses écluses. » (Jean Cau – écrit en 1975, du temps du communisme régnant, que pourtant l’auteur détestait) –  Toujours vrai quarante ans après, témoin la haine des officiels américains contre les dirigeants et le peuple russes, leurs provocations, manipulations, mensonges… La Russie, seul rempart contre l’abjection anglo-saxonne.

« Malgré les conditions d’unification auxquelles nous sommes soumis, l’humanité est encore composée de parties terriblement hétérogènes inégalement maturées, dont la démocratisation ne pourra être effectuée que si l’on use d’imagination et de souplesse … Le profond clivage entre deux types humains de plus en plus différents et irréconciliables, ceux qui croient au progrès et ceux qui n’y croient pas… » (Père Teilhard de Chardin) – Utopiste, la biosphère, la noosphère, grand apôtre d’une mondialisation délirante et du maniement du bâton (ne nous laissons pas abuser par les termes d’imagination, de souplesse). Lui aussi : les élus et les autres.

« Les nations seront liquidées et toute liberté, les peuples agenouillés sous la garde d’un monstre planétaire qui obtiendra l’unification du monde par la science, non pour délivrer les hommes, mais pour les asservir. » (Jacques Chardonne) – Certes, mais le monstre s’écroulera lui aussi dans l’effondrement général.

« La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière. » (Chateaubriand)

« La République n’est plus orgueilleuse, elle accepte enfin un destin adapté à ses moyens, celui de sous-préfecture ‘démocratique’ du Nouvel Ordre mondial qui sait s’agenouiller devant une opinion dont la fabrication lui échappe de plus en plus. » (Gilles Châtelet)

« L’Etat mondial, selon Hegel, l’Etat de la transparence absolue où chacun pourra être libre ou non, s’il le souhaite est très exactement la fin des temps selon l’Apocalypse de saint Jean. » (François Châtelet – sur la filiation entre christianisme et marxisme – cité par Jean-Claude Guillebaud) – La filiation continue avec le libéralisme mondialisateur.

« Le globe-trotter vit dans un monde plus restreint que le paysan. » (Chesterton)

« La civilisation, son œuvre, sa folie, lui apparaît comme un châtiment qu’il s’est infligé et qu’il voudrait à son tour faire subir à ceux qui y ont échappé jusqu’ici. ‘Venez en partager les calamités, soyez solidaires de mon enfer’ …  Quel soulagement de les contempler tandis qu’ils s’embrouillent dans les mêmes problèmes que lui et qu’ils s’ébranlent vers la même fatalité. » (Emil Cioran) – La pourriture pour tous.

« L’auto nous a donné la possession de la terre, l’avion donne la domination de la planète. » (Paul Claudel)

« La prospérité est le véritable but de la tolérance dont la meilleure image reste l’enrichissement financier. ‘Qu’à la bourse d’Amsterdam, de Londres ou de Surate ou de Bassora, le guèbre, le banian, le juif, le mahométan, le déicole chinois, le bramin, le chrétien grec, le chrétien romain, le chrétien protestant, le chrétien quaker trafiquent ensemble : ils ne lèveront pas le poignard les uns sur les autres pour gagner des âmes à leur religion’. Tous les mythes de la ‘pax américana’ sont ici réunis, de la financiarisation mondialisée à la neutralisation des identités, du banc d’essai des religions au supermarché des croyances. » (Jean-François Colosimo – citant Voltaire)

« L’humanité expérimente son affinité planétaire et change de dimension, par une prise de conscience plus intense de sa promotion à l’universel. C’est là précisément le signe crucial du déclin. Toute civilisation qui s’universalise est marquée du sceau de la mort et se trouve atteinte d’une prise de conscience euphorique analogue à celle qui s’empare du corps humain en proie aux ‘paradis artificiels’. » (Marcel de Corte)  

« L’anthropologie américaine, qu’on pourrait prendre pour l’anthropologie moderne par excellence, folklorise les cultures, les réduit à un stock de coutumes sans profondeur existentielle et s’imagine qu’on peut construire un nouvel ordre politique en soumettant simplement un pays à une maquette démocratique universelle universelle, valable pour tous. » (Mathieu Bock-Côté) – Même après l’avoir bombardé (divertissement américain favori), tel l’Irak.

« L’histoire d’avant la mondialisation n’aurait plus rien à nous dire, ce serait celle d’hommes divisés contre eux-mêmes. Les civilisations devraient désormais se fondre dans une même société planétaire et chaque société se convertir au modèle multiculturel. Vingt-cinq ans plus tard on se demande comment on a pu errer ainsi. Il était inconcevable que le monde d’hier pouvait valoir mieux que celui qu’on continue à nous imposer. » (Mathieu Bock-Côté – sur les essais du début des années 90 qui prophétisaient l’avènement de la mondialisation heureuse)

« La migration de masse n’a pas commencé avec l’actuelle crise des migrants, que l’idéologie médiatiquement dominante entend réduire à sa part humanitaire, alors qu’elle représente aussi une révolution démographique majeure … Liée également à l’idéologie multiculturaliste … On croyait émanciper les hommes en les affranchissant de leur culture. On les a plutôt condamnés à une forme terrible d’errance et de dépersonnalisation collective. » (Mathieu Bock-Côté)

« ‘Fanatisme cosmopolite proprement moderne né de la corruption idéologique de l’exigence d’universalité et d’égalité’ … ‘Rejet des valeurs transmises’ … Idée d’un individu affranchi de toutes entraves, nécessairement plus intelligent que ses pères, qui n’aurait aucun compte à rendre au devenir historique d’une communauté temporalisée … Fuite éperdue hors de sa culture, refus absolu d’un quelconque respect vis-à-vis des ascendants, absence de toute dette protectrice. » (Marc Crapez – citant Pierre-André Taguieff et Georg Simmel)

« La mondialisation économique et heureuse débouche sur une balkanisation furieusement culturelle. » (Régis Debray – L’angle mort)

« Babel s’écroulait dés les fondations, le global est une utopie, la pluralité des langues et des nations, un châtiment à perpétuité, sans lendemains chantants. » (Régis Debray)

« Le fort est fluide. Le faible n’a pour lui que son bercail … le prédateur déteste le rempart ; la proie aime bien. » (Régis Debray)

« Un entraînement à la torpeur finale, celle qui nous offrira par mille écrans, et en simultané, langue unique, morale unique, saveur unique, une seule espèce de pommes … Une miss Monde pour tous. Et pourquoi pas à la fin le président global d’un pays global ? » (Régis Debray)

«  La gangrène des conflits ethniques et confessionnels n’est pas une mauvaise fièvre qui nous viendrait d’Afrique. C’est le symptôme du nouveau désordre international qui a remplacé l’ancien équilibre de la terreur. Qui ne voit que la mondialisation économique et financière se double partout d’une tribalisation culturelle et politique ? » (Régis Debray)

« Une monoculture américaine promettrait un sinistre avenir au monde, un avenir dans lequel la planète serait transformée en un supermarché  mondial où les gens auraient à choisir entre l’ayatollah local et Coca-Cola. » (Régis Debray)

« Tout se passe comme si la mondialisation des objets et des   signes portait à son envers une tribalisation des sujets et  des valeurs … L’appauvrissement monotechnique exalte la revendication multiculturelle. » (Régis Debray) – communautarisme, théories du genre…

 « Toynbee tenait l’avènement de l’Etat universel (ou plutôt son aspiration) comme un signe patent du déclin … L’antéchrist est décrit par toute une littérature comme le prince d’un Etat universel. » (Chantal Delsol

« La vague anti mondialisation est un refus de la dilution dans le tout, de la décomposition des parties, comprise comme une mort au sens du retour du chaos … Sentiment diffus d’un rapt d’identité. » (Chantal Delsol

« Dans la double frustration économico-politique d’une part et d’autre part socio-culturelle, la seconde est déterminante autant et souvent davantage que la première. Les collectivités frustrées interpellent : ‘Vous avez pris nos terres, vous avez pris nos dieux’. » (Henri Desroche)

« L’idéologie du totalitarisme à vocation universelle est une dynamique de destruction des structures sociales et culturelles prônant l’abolition de toutes les limites, de toutes les frontières, visant une domination totale. » (Alexandre Devecchio

« Claude Lévi-Strauss explique que la rencontre entre civilisations est enrichissante à proportion de la diversité des civilisations mises en contact, et que, dès leur contact, cette diversité s’érode. » (Jean-Philippe Domecq) 

« La tendance inéluctable de la technique est d’homogénéiser le monde. » (Dostaler et Maris)

« Le ‘narcissisme des petites différences’ dit que plus les peuples sont proches, par le niveau de développement notamment, plus ils ont de chances de se haïr (rivalité franco-allemande, Hutus et Tutsis, ex-Yougoslavie…) La mondialisation a réalisé la proximité, ferment du narcissisme des petites différences. » (Dostaler et Maris) – Contrairement à certaines visions dictées par la propagande dictatoriale, il faut séparer les peuples si on veut éviter des catastrophes ; mais le veut-on ?

« Une réaction du genre de celle de Herder doit vraisemblablement se produire toutes les fois qu’une culture particulière se sent menacée  par la culture universaliste moderne … Herder qui appela ‘volk’ (peuple), la communauté culturelle (plutôt que proprement sociale) … revendiquant la valeur originale, spécifique, de toute communauté culturelle … protestation passionnée contre l’universalisme français des ‘Lumières’, réputé superficiel et vain, réducteur de la complexité, et comme tel oppresseur. » (Louis Dumont) – Comprendre les autonomismes actuels, même les fortes réticences arabes. « Réactions d’immunité identitaire » (Régis Debray)

« L’entreprise de nivellement que requiert une économie mondialisée s’attaque aussi à l’imaginaire, parce que là commence le travail de la liberté. » (Anne Dufourmantelle) – Donc à toutes les cultures.

« Son erreur avait consisté à vouloir édifier une société stable sur une base purement économique. » (Emile Durkheim – sur Saint-Simon) – On perpétue la même erreur, mais consciemment, puisque la stabilité nuirait à la construction de cette nouvelle utopie.

« L’Europe entière, avec ferveur, s’est transformée en sous-province américaine. En témoignent la dégradation de la langue, mais aussi la fierté des journalistes qui se gavent de n’importe quel mot ou concept venu d’outre-Atlantique, comme s’ils en devenaient plus intelligents … On imite le pire de son modèle : ses marques bas de gamme, son langage appauvri, ses obsessions sécuritaires, sa farandole de ‘fiertés’, sa chasse au harcèlement, ses stars hollywoodiennes et son spectacle sportif ininterrompu. Convertie à ses dogmes, la société guerroie contre de supposés archaïsmes et s’applique fiévreusement à ‘déconstruire’ les stéréotypes … dans des programmes citoyens destinés à promouvoir la cause des femmes et des minorités … Telle est la conséquence du double mouvement qui d’un côté, prône la dérèglementation de l’économie et de l’autre, prend en charge l’esprit des gens en leur assénant quantité de mots d’ordre sur la santé, l’hygiène, les activités ‘responsables’, ‘l’ouverture’, le ‘respect’ et autres valeurs … En somme notre monde, comme celui d’Orwell, est une machine totalitaire que chacun préfère ignore tout en se persuadant d’agir pour le bien de l’humanité. » (Benoît Duteurtre – En marche !) – Quelle quiétude dans la servilité.

« Qu’y a-t-il de plus beau que deux milliards de moutons bêlant tous la même chose ? » (Jean Dutourd)

« On leur a apporté d’ailleurs, imposé et persuadé d’accepter la voiture avant qu’ils sachent la construire et la conduire, l’économie de marché avant qu’ils aient découvert ce que produire signifie.  L’ordre cependant venait ‘d’en haut’, d’un pouvoir souvent inconnaissable ou fantasmatique : ‘développez-vous en appliquant les recettes de ceux qui le sont déjà, imitez le résultat et admirez-le !’  Ainsi, la modernité victorieuse a fait un objet de ceux qu’on appelait les habitants du ‘Tiers-monde’. On les a privés de la genèse de notre propre histoire … Arrogance de vainqueurs, satisfaction de privilégiés, délire du pouvoir ? » (Jean Duvignaud) – N’oublions pas la profonde stupidité de l’Amérique, puissance férocement impérialiste et hélas dominante, grâce à notre soumission.

« Le ‘nous’, unité dominante d’intégration et de survie … L’assimilation de son propre groupe du ‘nous’ à un groupe du ’nous’ d’un rang supérieur apparaît … comme la dévalorisation de quelque chose qui était jusque là placé très haut … Tant que ne sont pas associés avec l’unité d’ordre supérieur des sentiments d’identité personnelle, un sens du ‘nous’, l’effacement voire la disparition du groupe de rang inférieur apparaît … comme une menace de mort, une forme de déclin collectif, une profonde perte de sens … On peut se féliciter ou non de l’intégration croissante de l’humanité. Mais une chose est certaine, c’est qu’elle commence par renforcer l’impuissance de l’individu face à ce qui se déroule au niveau supérieur … Il s’agit bien d’une dévalorisation, mais c’est en même temps bien davantage que cela, perte de sens et menace de mort … La disparition de leur propre tradition culturelle par absorption au sein d’une unité d’intégration supérieure (cas des Indiens d’Amérique) représente effectivement, comme dans tous les cas analogues, une espèce de mort collective, rupture de la tradition, effacement de l’identité de groupe, cassure définitive dans la chaîne des générations … Que l’on songe à la différence d’investissement affectif entre les expressions ‘je suis anglais, allemand, français’ et des propositions comme ‘je suis européen, latino-américain’ ou ‘asiatique’. » (Norbert Elias) – Il n’y a que les imbéciles prétendus citoyens du monde et les richissimes apatrides pourris pour ne pas comprendre cela et vomir sur le petit peuple.

« La mondialisation n’est pas un pouvoir occulte, c’est pire, une pure absence de pouvoir. » (Luc Ferry)

« Rien ne se réalise sans se réaliser comme un être déterminé. L’espèce … s’incarnant dans une individualité unique serait un miracle absolu, une suppression arbitraire de toutes les lois et de tous les principes de la réalité. Ce serait en fait la fin du monde. »  (Ludwig Feuerbach)

« Opération en deux temps … déracinement d’abord, arrachement des êtres à ce réseau d’habitudes et d’attitudes qui constitue leur identité collective ; dressage ensuite, inculcation des valeurs dominantes élevées à la dignité de significations idéales. » (Alain Finkielkraut) – Rien de nouveau ; c’est la pensée révolutionnaire des Lumières qui a justifié l’exorbitante mission de nivellement qui a débuté avec la colonisation, laquelle ne fait que se poursuivre autrement.   

« Destituer la souveraineté au nom de l’empire du Bien ou de la morale universelle, cela ne peut conduire qu’à mettre les Etats faibles sous la férule d’un club très fermé d’Etats puissants. Les premiers sont surveillés, jugés et, au besoin, corrigés par une humanité réduite aux seconds. » (Alain Finkielkraut) – Ainsi, selon l’auteur, de l’attitude du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Ainsi font les Européistes à la botte des Etats-Unis.

« Le cosmopolite juge non pas redoutable mais salutaire l’épreuve de l’autre, de l’étranger… Dans l’universelle négociabilité, là où les situations sont échangeables, l’altérité a disparu. Il n’y a plus de dehors. … Leur âme avide ne rencontre jamais rien qu’elle n’ait aussitôt les moyens de se l’approprier et de l’engloutir … Tous les participants du grand jeu ‘high tech’ se disent et se veulent ‘citoyens du monde’ … Le nationalisme est aussi étranger à l’élite du village global que le cosmopolitisme pouvait l’être aux  anciens villageois . »»  (Alain Finkielkraut)

« La globalisation identifiée au cosmopolitisme libéral … Le féminisme et Wall Street, parfaitement incarnés par la personne d’Hillary Clinton … Le néolibéralisme progressiste représente une alliance des principaux mouvements sociaux (féminisme, antiracisme, multiculturalisme, défense des droits LGBT) et des secteurs de pointe à forte valeur ajoutée des industries de la  finance et des services (Wall Street, Silicon Valley et Hollywood). Cette alliance est effectivement celle des forces progressistes et  des forces du capitalisme cognitif … Les premières ayant contribué … au renforcement des secondes en leur prêtant leur aura (et les secondes ayant remboursé cette aide bienveillante et bienvenue en finançant les lobbies et leurs leaders) … L’assaut mené contre la sécurité de l’emploi fut recouvert d’un vernis pseudo-émancipatoire emprunté à la rhétorique des mouvements sociaux … Tandis que les régions industrielles étaient littéralement ravagées, l’Amérique bruissait de délicieux babils au sujet de la ‘diversité’, de ‘l’autonomisation des femmes’ et de la ‘lutte contre les discriminations’ … Les partisans de l’émancipation pactisèrent avec les partisans de la financiarisation faisant dès lors équipe. » (Nancy Fraser)  – « … Les élites urbaines amasser des richesses et défendre les droits des minorités sexuelles et culturelles … Le monde ouvrier a été détruit par le capitalisme financier et a été dévalué par les élites culturelles progressistes. » (Eva Illouz)

« Pour schématiser, la mondialisation, c’est une réserve planétaire de main-d’oeuvre qui passe d’un milliard et demi à trois milliards de femmes et d‘hommes. » (Richard  Freeman) – Y a bon !

« A force de s’universaliser, la civilisation occidentale est même devenue inutile (c’est dire qu’elle est en agonie) … ‘Le décadent ne voit pas et se réjouit de sa décadence’. » (Julien Freund – citant Arthur de Gobineau)

« Les dix forces qui ont aplati le monde : – 9/11/89, chute du mur de Berlin, libération de forces captives, une nouvelle ère de créativité – 1995, le Web devient mondial, une nouvelle ère de connectivité – Fin des années 1990, les logiciels de workflow, travail n’importe où sur des données communes, standardisation de la tuyauterie – Téléchargement vers l’amont, production de données par les utilisateurs, blogs, Wikipedia… – L’externalisation, le transfert des services vers des pays qui ont su développer la formation de leur ressortissants (Inde, centres d’appels, conception de logiciels…)  – La délocalisation, transfert de production – L’harmonisation de la chaîne d’approvisionnement, autorisée par le Web (naissance de géants de la distribution, Wal-Mart, Amazon…) – L’internalisation, la distribution au sens très large, de dizaines de sociétés prise en charge par une seule entreprise de logistique et plus (UPS…) – L’in-formation, les moteurs de recherche, égalité et universalité de l’accès, de plus, on sait tout sur l’utilisateur – L’explosion des nouvelles technologies, .Trop difficile à décrire et à synthétiser. » (Thomas Friedmann – La terre est plate, signifiant par ce titre l’uniformité qui se dessine, donc la mondialisation qui s’accomplit.)

« A la première étape de la mondialisation, les pays devaient se positionner par rapport au reste du monde. A la deuxième étape, ce fut le tour des entreprises. A la troisième étape, ce sont les individus qui doivent prendre en compte la concurrence planétaire … ce qui implique une certaine souplesse intellectuelle et psychologique … Nous sommes maintenant dans un monde qui permet la convergence de milliards d’individus … Pour un individu, la clef de la réussite est maintenant de savoir se transformer en ‘intouchable’, autrement dit avoir un emploi qui ne peut être ni externalisé, ni numérisé, ni automatisé. » (Thomas Friedman)

« J’ai toujours pensé que l’intégration planétaire des échanges économiques et commerciaux pourrait dissuader certains pays d’entrer en guerre avec leurs voisins. Les pays dont la main d’œuvre et l’industrie participent à une grande chaîne d’approvisionnement planétaire savent qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre une heure, une semaine ou un mois à faire la guerre sans perturber d’autres économies dans le reste du monde ; le risque serait de perdre durablement leur place dans cette chaîne d’approvisionnement … Le prix à payer pousse les gouvernements  à réfléchir avant de s’engager dans un conflit. » (Thomas Friedman – cas de l’Inde et du Pakistan notamment) – Par chaîne d’approvisionnement, entendre aussi bien services (centres d’appel, traitements informatiques déportés, etc.) que production matérielle.

« Sur ce grand marché planétaire que les animaux sociaux que nous sommes vendront, négocieront, investiront, marchanderont, choisiront, débattrons, flâneront, se rencontreront … Nous entrons dans l’ère de l’optimisme. » (Bill Gates) – Délire hugolien de cet hypocrite milliardaire, sans le talent.

« La gauche française est internationaliste par définiton. Elle ne peut ni dénoncer les producteurs arabes de pétrole, puisque ces pays sont des victimes de l’impérialisme occidental, ni s’en prendre aux ouvriers japonais qui sortent de la misère grâce à leur travail. L’ouverture généralisée des économies est une nouveauté à laquelle la gauche ne peut pas s’opposer. Elle est condamnée à épouser la mondialisation, avec tout ce que celle-ci implique, la concurrence, la compétitivité. Elle va ainsi se trouver dans une situation schizophrénique : elle est contre les conséquences mais pour la cause ! » (Marcel Gauchet – évoquant les années soixante, soixante-dix) – Mais rien n’est changé, sauf peut-être qu’elle fait semblant d’être contre la cause et maintenant pour les conséquences ; contre la mondialisation et pour les sans-papiers !

« L’Occident se révèle le grand perdant de la mondialisation alors qu’il l’a initiée … Il pensait se réserver les tâches à haute valeur ajoutée (sur la base d’ailleurs d’une sorte de racisme inconscient) … La mutation des nouveaux venus (pays) a été beaucoup plus rapide que prévu et la conséquence en est la perception d’un déclassement relatif et susceptible de s’aggraver tout aussi rapidement car le dynamisme n’est plus de notre côté. D’où le grand désarroi du monde occidental. » (Marcel Gauchet) – Lequel touche même les Etats-Unis, voir l’élection de Donald Trump contre les élites locales, aussi dévoyées qu’en Europe, du moins qu’en France.

« L’occidentalisation du monde, qui est le vrai nom de la mondialisation. Les Occidentaux sont aveugles à l’immense difficulté de cette acculturation obligée pour les peuples qui la subissent. Ceux-ci se voient contraints de digérer en très peu de temps un cadre culturel qui a mis des siècles à à se créer chez nous, qui leur tombe dessus de l’extérieur… » (Marcel Gauchet)

« L’illusion du cantonnement ne peut tenir qu’un temps. La logique de l’ensemble finit toujours par s’imposer. On ne peut vouloir l’économie sans voir surgir dans son sillage les corrélats structurels de son fonctionnement … On peut compter sur les effets déstabilisants de cette contagion pour fissurer la belle harmonie actuelle entre l’amélioration des niveaux de vie, la reconnaissance internationale et la réassurance culturelle. Aucune culture héritée n’est de taille à dominer des outils qui ne sont neutres qu’en apparence … toutes en seront ébranlées. Autrement dit, les problèmes d’identité soulevés par la mondialisation ne font que commencer. » (Marcel Gauchet)

« Le dépérissement des nations au profit d’un enchevêtrement mondial de ‘réseaux’ nous ramènerait très vite au tribalisme à une extrémité, à l’empire à l’autre, à la guerre à la place du commerce, et aux appartenances obligatoires à la place de l’indépendance. » (Marcel Gauchet)  

« L’ethnocentrisme égalitaire est plus sympathique, mais il n’est pas meilleur conseiller, intellectuellement parlant, que  l’ethnocentrisme hiérarchique … Il empêche tout autant de comprendre ceux qui, précisément, ne sont pas nous … La foncière incapacité des Occidentaux à s’interroger sur ce que veut dire l’occidentalisation de la planète pour ceux qui la subissent de l’extérieur de leur culture ou de leur civilisation. » (Marcel Gauchet –sous-entendant que, de ce point de vue, il n’y  a guère de différence avec la conscience coloniale de jadis)

« Le système …  peut subsister en l’absence de toute légitimité théorique ou politique. Il a d’ailleurs été construit pour ça. Vous pouvez le détester, mais vous ne pouvez pas vous en dépêtrer. N’oubliez pas qu’il lui reste une carte maîtresse : la peur du saut dans l’inconnu que représente la perspective d’en sortir. » (Marcel Gauchet – sur Europe et mondialisme)

« Il n’y a de bon pour une nation que ce qui a jailli de son sein même et répond à son propre besoin, sans qu’elle imite en rien les autres pays. Ce qui est salutaire, à un moment donné, pour un peuple, peut être un poison pour un autre. Tout essai en vue d’introduire une nouveauté étrangère là où le besoin de celle-ci n’est pas enraciné au cœur même de la nation est une folie. » (Goethe) – Simple folie ou crime ? De la part de nos fameuses élites socio-culturelles, soit d’un ramassis de Bobos laquais de la Jet set.

« Théofascisme et technofascisme. Il est plus facile aujourd’hui d’employer le terme de ‘fascisme’ pour désigner les mouvements djihadistes hostiles au discours universaliste et rationaliste des Lumières que pour caractériser une civilisation matérialiste, utilitariste et rationaliste, propre à la mondialisation … Même si l’intrication de ces deux formes de totalitarisme n’établit pas pour autant leur équivalence du point de vue des valeurs morales et intellectuelles … Les deux idéologies visent bien à fabriquer un ‘homme nouveau’. Ils encadrent les masses par des dispositifs spécifiques, censurent directement ou insidieusement l’opinion, l’expression de la pensée … répriment violemment, directement ou indirectement les dissidences …  éliminent physiquement ou socialement les ‘étrangers’ ou les adversaires du système … Deux formes de totalitarisme étroitement liés, l’un obscène et affiché, l’autre sournois et souterrain. » (Roland Gori – à propos du néolibéralisme mondialisateur et niveleur)

« Waterloo de la mondialistion … Mais c’est aussi tout le marché du déracinement qui est remis en question. La mondialisation n’est pas seulement la libre circulation des biens et des capitaux, mais aussi celle des dizaines de millions de touristes annuels, élites volantes économiques et migrants. » (Jérôme Blanchet-Gravel – à propos d’une pandémie) – Si on ne s’en souvient pas, ce ne sera qu’un petit début.

« Est-ce le droit d’un peuple quelconque d’empêcher les peuples qui le veulent de vendre d’échanger, en un mot de communiquer entre eux ? » (Hugo Grotius – sur la libre navigation)

« Ce que nous appelons civilisation irait, au fur et à mesure, de sa planétarisation, en perdant de sa valeur, de sa saveur, de sa signification profonde, de l’intérêt même que nous pouvons lui porter, pour nous acheminer vers une médiocrité universelle. » (René Grousset) – Le conditionnel n’est plus de mise. Et encore s’il ne s’agissait que de médiocrité !

« Le sous-entendu de la mondialisation, en tant qu’idéologie, c’est qu’il n’y a rien au-dessus de la dynamique des intérêts particuliers et des appétits … Pas d’intérêt général qui ne soit pas la somme des intérêts particuliers, pas d’espace public qui ne se confonde pas avec l’espace privé, pas de culture qui ne soit pas une marchandise. » (Henri Guaino)

« Le refus de l’américanisation du monde, ce n’est pas le rejet de l’Amérique, mais le rejet d’une idéologie portée par la politique de puissance de l’Amérique : celle d’une république marchande mondiale, qui ferait de la marchandise une fin en soi. » (Henri Guaino)

« Le désordre moderne a pris naissance en Occident, et, jusqu’à ces dernières années, il y était toujours demeuré strictement localisé … Jusqu’à présent, l’envahissement occidental se bornait à une domination plus ou moins brutale exercée sur les autres peuples, et dont les effets étaient limités au domaine politique et économique. » (René Guénon) – Ecrit dans les années 1920, avant la décolonisation et au tout début de l’entreprise de mondialisation sous son aspect culturel (si on peut à ce propos parler de culturel !)

« C’est au nom de leur supériorité que ces ‘égalitaires’ veulent imposer leur civilisation au reste du monde, et qu’ils vont porter le trouble chez des gens qui ne leur demandaient rien ; et, comme cette supériorité n’existe qu’au point de vue matériel, il est tout naturel qu’elle s’impose par les moyens les plus brutaux … En asservissant les peuples, en leur enlevant ce qu’ils ont de plus précieux, soit leur propre civilisation, en les obligeant à adopter des mœurs et des institutions qui sont faites pour une autre race, en les astreignant aux travaux les plus pénibles pour leur faire acquérir des choses qui leur sont de la plus parfaite inutilité ! … N’est-ce point au nom du ‘Droit’, de la ‘Liberté’ et de la ‘Justice’ que les Européens prétendent imposer partout leur domination, et interdire à tout homme de vivre et de penser autrement qu’eux-mêmes ne vivent et ne pensent. » (René Guénon) – L’auteur écrivait avant que les Etats-Unis ne supplantent l’Europe dans l’entreprise d’asservissement mondial.

« L’antinomie du ‘sens inverse’. Ceux qui travaillent pour le temps (sédentaires, agriculteurs…) sont stabilisés dans l’espace, ceux qui vivent selon le temps, élément changeant et destructeur, se fixent et conservent. Ceux qui errent dans l’espace (nomades, éleveurs…), se modifient sans cesse avec le temps, ceux qui vivent selon l’espace, élément fixe et permanent, se dispersent et changent incessamment. » (René Guénon) – Caïn et Abel – L’antique conflit des sédentaires et des nomades, du nomadisme et de la sédentarité. De quoi la mondialisation est-elle porteuse ? La réponse est évidente – Remarque résumant (bien mal) l’auteur cité ci-dessus.

« Deux échecs successifs de l’humanité : La tour de Babel et l’irruption du déluge ont la même caractéristique, elles sanctionnent deux tentatives de massification qui ambitionnaient d’annihiler les personnes, le visage individuel, le principe même de la séparation des êtres qui les fait ce qu’ils sont, distincts de la nature, du divin, de leurs semblables. » (Jean-Claude Guillebaud – interprété)

« Le fantasme qui travaille aujourd’hui les pays occidentaux, c’est celui de l’invasion (immigration, marchandises, violence) … La crainte des peuples la plus répandue, la plus visible, la plus agissante, c’est celle d’une dissolution dans l’uniformité. » (Jean-Claude Guillebaud)

 « Le propre de la mondialisation telle qu’elle est dévoyée par la société marchande est qu’elle menace tout à la fois l’universel et la différence … Elle enserre tous les faits sociaux dans une chaîne de causalité dont le point de départ serait le global et non plus le local … Disqualifiant les appartenances, détruisant les affiliations nationales ou sociales , congédiant les identités collectives … Les peuples sont acculés à un choix impossible : soit une capitulation mimétique qui les détache de leur propre culture, soit une révolte identitaire qui les coupera, à terme, de la modernité … Renonce aux particularismes  mais affirme ton identité !Ce n’est pas tant l’utopie mondialiste qui fait problème que l’arrogance de ses propagandistes … la corruption de ses élites, l’arrogance de ses banquiers, le cynisme de ses riches et la démission de ses intellectuels … Qu’est-ce que c’est que ces pays qui osent avec impertinence s’appeler ‘développés’ ? Développés en quoi ? … « Le beau projet universaliste (du mondialisme) dérape progressivement vers l’élitisme hautain … Il se crispe comme une injonction sacrée, il se fait dédaigneux et, lorsqu’il dénonce le ‘populisme’ qui lui résiste, c’est au peuple qu’il songe … le terme fournit un alibi à un élitisme peu soucieux de démocratie .. la société occidentale … s’emploie moins à universaliser ses valeurs que son propre nihilisme. » (Jean-Claude Guillebaud) – Suite et assemblage de considérations éparses sur la mondialisation qui est aussi culturelle et idéologique qu’économique et financière.

 « La mobilité. A l’heure de la mondialisation, cette notion dépasse la seule question du déplacement dans l’espace. Elle s’apparente bien plutôt à un dogme, à une injonction que Pierre-André Taguieff définit comme la dernière métamorphose du progressisme : le ‘bougisme’ ; tout changement, tout mouvement se confond alors avec le progrès. » (Christophe Guilluy) – Il s’agit de détruire l’attachement au Village, notion considérée abstraitement ; lieu d’habitudes, de racines, de convivialité, de relative cohérence et harmonie culturelle, sociétale, traditionnelle, précieuse et valable en Kabylie, comme en Chine ou en Seine et Marne. Ce au moins pour les classes populaires. Les classes dominantes s’arrangeant parfaitement, elles, pour reconstituer et défendre leur séparation géographique et culturelle.

« En quelques décennies, la mondialisation a permis aux classes dominantes de se délester, en douceur et sans contestation majeure, des catégories  désormais inutiles au nouveau modèle économique. » (Christophe Guilluy) – C’est-à-dire des classes populaires traquées, méprisées, insultées, rendues invisibles.

« Si les métropoles donnent l’illusion d’une mondialisation heureuse (très provisoirement), la France périphérique révèle une face plus sombre du processus … Pour les couches populaires des espaces périurbains, ruraux et industriels, la mondialisation se confond au contraire avec une mobilité contrainte et parfois une sédentarisation imposée par la faiblesse des revenus. » (Christophe Guilluy)

 « Le clivage société ouverte / société fermée place de fait les catégories supérieures dans une position de supériorité morale : toute critique du système économique et des choix sociétaux s’apparente alors à la posture négative du repli … La rhétorique de ‘l’ouverture’ permet de disqualifier toute représentation qui contesterait l’ordre économique et sociétal existant … Ces opinions contestataires sont opportunément réduites à la question du racisme … A ce petit jeu, les classes populaires sont forcément perdantes socialement, culturellement et politiquement … Dans les faits, la société mondialisée est une société fermée où le grégarisme social, le séparatisme, l’évitement et la captation des richesses et des biens n’ont jamais été aussi puissants. » (Christophe Guilluy)

« La ville mondialisée a besoin de catégories supérieures qualifiées et d’exploiter à la marge des catégories populaires immigrées, voilà tout … Les ‘key-workers’. » (Christophe Guilluy)

‘L’adaptation des sociétés européennes et américaines aux normes de l’économie-monde passe donc par la mise en œuvre du plus grand plan social de l’histoire, celui des classes populaires. Procédure de licenciement massive … des classes populaires des pays développés, trop coûteuses, qui n’ont plus leur place. » (Christophe Guilluy)

« Pourrons-nous un jour nous débarrasser de ce préjugé, d’essence chrétienne au départ, avant d’être repris par l’Islam, que l’Universel, à savoir le souhait de loger tout le monde à la même enseigne, est synonyme de progrès ? … Pourquoi cultiver encore le fantasme des constructeurs de la tour de Babel, vouloir que nous parlions tous la même langue et que nous partagions tous la même foi et les mêmes idées ? … L’humanité est ivre de cette aspiration à l’Universel que partagent croyants ou athées, progressistes et réactionnaires. Aveugle au danger qu’elle représente, elle lui apparaît comme l’idéal suprême. Raisons de cette fascination ? » (Gérard Haddad)

« La marche forcée vers une universalisation de plus en plus poussée fait le lit de périodiques explosions de fanatisme. La suppression du particulier, c’est-à-dire d’héritages culturels spécifiques, de coutumes, de modes de vie, d’identités, provoque nécessairement des malaises… » (Gérard Haddad) – Et le Gogo est surpris du terrorisme !

« La société postmoderne se caractérise par la dissolution des corps intermédiaires. Le peuple est un, mais il est à recréer comme corps social unifié …. Certes la population se compose d’une myriade de classes et d’individus différents, mais le peuple synthétise ou réduit ces différences sociales au sein d’une entité unique … La multitude, quant à elle, n’est pas unifiée ; elle demeure plurielle et multiple … Elle se compose d’innombrables différences internes (culture, couleur, ethnicité, genre, sexualité, formes de travail et façons de vivre, visions du monde, désirs…)… Ses limites sont ouvertes … Elle n’agit pas à partir d’un principe d’unité ou d’identité, mais à partir de ce qui lui est commun, qu’elle doit découvrir … tout en maintenant ses différences internes …  L’informe et l’inordonné sont horrifiants … le caractère monstrueux, excessif et inordonné qui caractérise la chair de la multitude. » (Michael Hardt et Antonio Negri – Multitude) – Concept apparaissant semble-t-il avec la déliquescence des Etats-nations  et la montée de la globalisation.

« Il ne s’agit pas d’une nouvelle idée, mais d’une très vieille idée qui est l’impérialisme. Les globalistes, comme les impérialistes d’antan, cherchent à soumettre toutes les nations de la terre à une seule loi et à une seule organisation. Les leurs, parce qu’ils croient savoir ce qui est bon pour nous. » (Yoram Hazony)

« La mer nous donne la représentation de l’indéterminé, de l’illimité et de l’infini… » (Hegel)

 « Ce qui distingue l’hégémonie américaine au XX° siècle, c’est la conjonction sans précédent à l’échelle mondiale des différents domaines de supériorité … militaire et stratégique bien sûr (la puissance pure), mais aussi économique et culturel au sens large de ce dernier terme ; cette conjonction-là n’a pas d’équivalent parmi les impérialismes du millénaire écoulé. La France a pu dominer culturellement du XVII° au XIX° siècle bien au-delà de son poids militaire ou économique dans cette durée ; et l’Espagne a pu dominer le premier empire durable sur lequel le soleil ne se couchait jamais, mais sans que son modèle culturel débordât largement des limites de l’empire … Les Etats-Unis ont été les animateurs au plan économique mais aussi conceptuel et organisationnel de la vague de mondialisation de la seconde moitié du XX° siècle. En Occident, seul l’empire  romain a connu une convergence aussi forte des facteurs de puissance et d’influence, fût-ce sur une aire plus limitée. » (François Heisbourg) – Suivant l’auteur : la force, le hard power ; l’influence, le soft power. A ces deux facteurs hégémoniques il conviendrait d’ajouter la volonté politique ou idéologique.

« On ne peut causer de plus grands dommages à une nation qu’en la dépouillant de son caractère national, de ce qu’il y  a de spécifique dans son esprit et dans sa langue … Les amis de l’humanité et des cosmopolites … Les forts liens matériels des antiques républiques et des anciens temps sont depuis longtemps (et c’est le triomphe de notre époque !) dissous ; quant aux liens plus délicats de notre temps, tout est en train de les ronger. » (J. G. Herder) – Déjà auXVIII° siècle.

 « Il divisa l’esprit capitaliste en deux. D’un côté, se situait l’esprit d’aventure et d’entreprise … le côté allemand du capitalisme. De l’autre, c’était l’esprit calculateur, commercial, bourgeois … ‘Gemeinschaft’ et ‘Gesellschaft’. » (Jeffrey Herf – sur Werner Sombart, économiste allemand) – Distinction assez pertinente, ainsi débarrassée de ses présupposés antisémites. D’une part, le local, l’enraciné, le nationaliste et le concret ; d’autre part, l’universel, le déraciné, l’international et l’abstrait.

« Le travail patient des spécialistes de l’évolution …  a démontré que le progrès est non pas un mythe, mais une constatation scientifique, non pas une simple idée provenant de cette erreur qui consiste à prendre ses désirs pour des réalités, mais un fait véritable» (Julian Huxley – premier président de l’UNESCO) – Qui aboutissait à la conclusion que « le gouvernement mondial est donc sur l’échelle de l’évolution. »

« Dés lors qu’une société croit que la scolarité doit former des citoyens capables de jouer le jeu de la concurrence internationale, elle n’échappe pas à l’avilissement. » (Ivan Illich)

« La mondialisation est génératrice de conflits d’un type nouveau, mus par le ressentiment, l’érosion des identités, l’exode des populations, le choc des cultures … C’est l’ère de ‘la société du risque. Les maux, les menaces et les risques ne viennent plus inquiéter la société de l’extérieur. Ils sont engendrés, manufacturés par cette société elle-même.’ » (Claude Jannoud – citant Ulrich Beck)

« Jusqu’ici les autocraties étaient localisées. On pouvait les détruire du dehors, sinon du dedans (nazisme, communisme…) … Mais si, demain, les peuples tombaient dans une dictature qui serait mondiale, il ne leur resterait aucun espoir de délivrance … Si le monde se précipitait à cette catastrophe, il ne resterait plus de ressource extérieure (d’où il est impératif pour les Etats-Unis de détruire, ou au moins de réduire, la Russie, seul obstacle … la Chine sans doute ensuite),. Un plan total qui enfermerait  le monde entier dans ses formes rigides … anéantirait la liberté et signifierait une ruine sans espoir. » (Carl Jaspers – anticipant) – Une dictature soft reste une dictature. Et, d’ailleurs, elle ne reste soft et ne s’abstient de recourir à la terreur que tant qu’elle ne se sent pas menacée.

« L’idée d’une civilisation donnant un visage commun à tous les hommes n’a pas de sens. Ou plutôt elle n’a qu’une signification négative. Elle n’est que le mouvement de destruction, pas à pas, de toute civilisation, donc, à terme, de l’univers des hommes. Une civilisation ayant prétention à être la Civilisation unique est un système de décivilisation … nécessairement orienté vers la mort. » (Robert Jaulin)

 « L’uniformisation a pris une importance accrue avec la mondialisation … La mondialisation, portant l’uniformisation à sa plus grande extension … la fait passer subrepticement pour de l’universel. » (François Jullien) « Pour sauvegarder l’apparence, l’arête des toits des buildings pékinois sont retroussés… »

« Plus les individus sont désagrégés les uns par  rapport aux autres, moins ils sont enracinés dans des relations stables, plus ils sont susceptibles de se raccrocher à l’organisation étatique, plus celle-ci peut se densifier et vice versa. » (Carl Jung)

« Cela aussi (l’accumulation des fonctions dans l’Etat mondial) Nietzsche l’a prévu, l’éclatement de l’Etat mondial par suite de l’accumulation. » (Ernst Jünger)

« L’ennemi, c’est l’utopie mondialiste qui fait des hommes et des terres des marchandises comme les autres. » (Hervé Juvin)

« Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de la concorde planétaire, mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. » (Hervé Juvin)

« Il y a un fait social global, dont l’initiative est occidentale, qui s‘appelle la mondialisation, qui constitue lui-même une culture, ou qui y prétend, et qui tend à l’imposer à toutes les autres, au nom du bien ; ‘si vous ne savez pas où est votre intérêt, nous le savons, faites-nous confiance’ … Les cultures étaient diverses, elle est une, sa condition est de les embrasser toutes, de les saisir et de les réduire à l’unité … C’en est fini d’être fier de sa culture, la seule fierté est d‘être dans le flux, de se fondre dans le commun, de se soumette à la norme de l’indifférenciation culturelle … La culture de la mondialisation est la première qui réalise à ce point l’association du pouvoir et de l’argent … Elle dissout les questions dans l’action, interdit le recul et le jugement, et se résout en un immense acquiescement à la croissance, au marché et à leurs œuvres … Elle se mêle de tout, par principe, et de tous et ne respecte rien … Devenir auteur du réel ne se joue plus que devant des consoles, derrière des caméras, devant des écrans, et fermez la fenêtre s’il vous plaît, pour que la lumière du jour ne nous dérange pas … Plus question d’être le fait de sa culture, de voir son existence produite par elle … Ma culture est ce qui me plaît, et ce qui me sert. » (Hervé Juvin)

« Un neutralisme militant, autoritaire, règne sans partage. Il est interdit qu’il y ait du sacré, et qu’il y soit fait référence ; il est interdit que rien dépasse l’intérêt individuel, et tout ce qui suggère qu’il est possible de mourir ou de tuer pour autre chose que sa propre vie est interdit … La culture n’en sort pas indemne. Elle est priée de ne plus déterminer. Elle ne doit plus discriminer. Elle est priée d’abandonner toute prétention à la transcendance, toute fonction verticale, pour devenir un produit comme les autres, livrable à la demande … Culture comme rappel à l’ordre, comme remise en ordre d’un monde confus et désordonné … Moyen d’un autre pouvoir sur le monde, plus économique, plus discret, plus efficace ausssi. Culture au moyen de l’oubli et de l’ignorance … qui permettent si bien d’assurer la dictature de l’instant sur les insoumissions du savoir et de l’histoire, qui permettent de liquider le passé et promettent à chacun de fuir la corruption des origines dans la vérité du présent … Industrie de la conformité. » » (Hervé Juvin) – Monde de laquais courbés.

« Nous sommes la première société qui se veut mondiale et qui n’accepte plus d’extérieur … La doctrine américaine de sécurité le dit clairement en n’acceptant plus l’idée d’adversaires légitimes. Contre nous il ne saurait y avoir de guerres justes … Il n’y a plus que des forces de la paix, du contrat et du marché auxquelles s’opposent des combattants du mal ou de la foi ; de l’irréel. » (Hervé Juvin)

« L’idéologie mondialiste qui caractérise le néo-libéralisme a engagé une guerre contre la diversité des sociétés humaines, une guerre dont l’individualisme est le drapeau et les produits culturels l’artillerie lourde … Une guerre qui ne dit pas son nom, celle de l’utopie planétaire … La liquidation des sociétés humaines par l’utopie mondialiste, par la politique des droits de l’homme et de l’effacement des frontières, des identités et des discriminations, est bien le travail constant, acharné, efficace, d’un néo-libéralisme européen qui trouve ses alliés les plus constants à l’extrême gauche … La mondialisation est une dépossession, et nous ne savons rien de ce que la perte de ‘l’entre-soi’, de ‘l’avec-soi’ et du ‘chez-soi’ provoquera … La dynamique du projet libéral est celle d’un projet de transformation de l’homme… » (Hervé Juvin – considérations éparses sur la mondialisation)

« Ce que nous continuons d’appeler ‘mondialisation’, et qu’il faudrait appeler ‘occidentalisation’ du monde, est fini. Pas par échec mais parce que sa course est achevée, les outils et le vocabulaire sont devenus mondiaux … Dorénavant, la trajectoire de la mondialisation est une trajectoire musulmane et engage un milliard de musulmans, l’Oumma communauté qui prime sur l’appartenance nationale … La trajectoire de la mondialisation chinoise est encore inconnue. La diaspora chinoise lui donne consistance. » (Hervé Juvin)

« Si la chute du mur de Berlin mit fin aux dictatures communistes en 1989, nul ne s’est inquiété de cet autre mur qui allait à son tour diviser le monde, ‘le mur de l’ouest’. Celui que les Etats–Unis bâtissent au centre du continent eurasiatique : séparer l’Union européenne de la Russie, le financement de la destruction des unités nationales par les ‘open sociéty foundations’ de Georges Soros, le soutien des mafieux ukrainiens, l’installation d’un Etat mafieux, le Kosovo,  au cœur de l’Europe… Eloigner le cauchemar d’une union eurasiatique, cauchemar des puissances de la mer anglaise et américaine … La corruption est devenue la première arme stratégique américaine, et le premier outil des opérations d’influence ou de contrôle … Le monothéisme du bien ne connaît pas d’adversaires légitimes, ni d’ennemis valeureux. Rien que des terroristes à éliminer ou des populations à terroriser. » (Hervé Juvin)

« Quand on soulève le couvercle de la Nation pour la  déconstruire, on récolte moins souvent l’utopie mondialiste ou la paix entre citoyens que la passion ethnique, religieuse, clanique ou mafieuse … Détruisez la Nation et vous substituez à ce principe d’union des différences et de dépassement des oppositions, un principe de reflux vers ces ‘identités meurtrières’ que dénonçait Amartya Sen … Montée des extrêmes, grandes peurs, grandes solitudes qui provoquent les grandes haines, tout cela n’est que le début des effets délétères mais prévisibles et connus, de la décomposition nationale sous l’effet du mondialisme. »  (Hervé Juvin)

« La mondialisation n’est que le nouveau nom de la politique hégémonique américaine. » (Henry Kissinger – cité par Serge Latouche)

« Si c’était notre destin d’annihiler la variété culturelle du monde au nom d’une civilisation ‘planétaire’, ce destin ne pourrait probablement s’accomplir qu’au prix d’une telle rupture de continuité dans les traditions, que non seulement chaque civilisation particulière, mais la civilisation humaine tout entière seraient en péril mortel. » (Leszek Kolakowski) – Je ne sais si c’est notre destin, mais il s’agit bien de l’objectif de l’oligarchie américaine, s’appuyant sur les stupides Bobos du monde entier, afin d’arriver à l’entière silicolonisation (Silicon valley) du monde, soit, entre autres, à la marchandisation du vivant.

« La globalisation a fait du monde un village, mais ce village vit sous une dictature : la dictature des comparaisons globales. Les gens ne comparent plus leurs vies avec celles de leur voisins : ils se comparent aux habitants les plus prospères de la planète … Pour un nombre grandissant de personnes, l’idée de changement est synonyme de changement de pays et non de changement de gouvernement. » (Ivan Krastev) 

« On entrevoit déjà dans le lointain des âges l’époque heureuse où l’humanité ne formera qu’une seule cité. » (Lamennais) – Quelle horreur. Bien digne de cet illuminé.

« L’impérialisme culturel occidental est d’une nature bien particulière … c’est la religion de l’économie … C’est une ‘invasion’ qui asphyxie et détruit la culture réceptive. » (Serge Latouche)

« Il est possible de conjurer le spectre embarrassant de la transnationalisation monstrueuse en soulignant que la mondialisation, Braudel l’a bien montré,  est une dimension permanente du système capitaliste depuis l’origine. Seulement, la déterritorialisation à laquelle on assiste actuellement représente une mutation nouvelle de la dynamique sociale planétaire. » (Serge Latouche)

 « Des flux culturels à sens unique partent des Etats-Unis et, à un moindre degré, des autres pays développés et inondent la planète ; images, mots, gestes, représentations, pensées, théories, croyances, critères de jugement valeurs morales, normes juridiques, codes politiques, critères de compétence… L’essentiel de la production de ‘signes’ se concentre au Nord … Jeu de massacre interculturel à l’échelle planétaire … Il ne s’agit plus d’acculturer mais bien de déculturer … Se voulant universelle, cette invasion  nie de droit et de fait la pertinence des autres cultures … Avec les droits de l’homme, la démocratie et bien sûr l’économie, les invariants transculturels ont envahi la scène et ne sont plus questionnables. » (Serge Latouche)

« Cette indifférenciation des êtres humains au niveau planétaire est bien la réalisation du vieux rêve occidental … Ce n’est pas tout à fait une fraternité universelle qui est le terme de cette expansion dominatrice. Il ne s’agit pas d’un triomphe de l’humanité, mais d’un triomphe sur l’humanité. » (Serge Latouche)

« Contrairement aux conquérants traditionnels, nous ne nous contentons pas d’assujettir les autres ; nous tenons à nous faire aimer. Tout cela, bien entendu, pour leur plus grand bien. Notre prosélytisme est le plus impitoyable du monde … pas étonnant que beaucoup de gens se sentent menacés par ce que nous représentons. » (Serge Latouche) – Le monde musulman, même modéré, par exemple, excédé par nos transgressions sociétales. Mais il est interdit de le dire en Occident, sujet tabou.

« L’Occident ‘désenchante’ le monde, en faisant de la vie terrestre la valeur par excellence, une lutte inquiète contre le temps … L’exaltation de la vie biologique comme valeur suprême est ‘inhumaine’ en ce sens qu’elle traduit un refus de notre condition de mortel … Le projet occidental de mort à la mort est radical et exclusif. Le combat de la vie pour la vie est véritablement totalitaire et exige un abandon total des pratiques sociales d’intégration du négatif, mort, misère, malheur, maladie… » (Serge Latouche)

« Les autorités politiques des grands Etats-nations se retrouvent sur le même plan que les sous-préfets de province naguère. » (Serge Latouche)

« Ce règne de la guerre de tous contre tous qu’on appelle mondialisation ou gobalisation des marchés, mais qui est bien plutôt le stade suprême de l’omnimarchandisation du monde, détruit les solidarités fondatrices du lien social à quelque échelle que ce soit. Ce ferment destructeur est aussi au cœur de la construction européenne. » (Serge Latouche)

« Avec la mondialisation, c’est à un véritable jeu de massacre interculturel à l’échelle planétaire que l’on assiste. Le démantèlement de toutes les ‘préférences nationales’, c’est tout simplement la destruction des identités culturelles. » (Serge Latouche)

« La séparation des pouvoirs et l’existence de corps intermédiaires sont une manière de créer une relative limitation, comme l’existence d’une religion ou l’antagonisme de jadis entre la papauté et l’empire. » (Serge Latouche) – La mondialisation ne laissera subsister aucun antagonisme, aucun espace de liberté (voir la haine dont on poursuit la Russie qui tente de résister).

« Loin d’entraîner la fertilisation croisée des diverses sociétés, elle impose à autrui une vision particulière, celle de l’Occident et plus encore celle de l’Amérique du Nord … Avec les droits de l’homme, la démocratie et bien sûr l’économie, les invariants transculturels ont envahi la scène et ne sont plus questionnables … Le système blanc est perçu comme un tout, la vision scientifique du monde, l’ingénierie technique et le rituel religieux participent du même ensemble (sous la colonisation, on parlait des trois M : militaires, marchands, missionnaires) … Cernée par les batteries de critères de l’organisation des Nation unies, la société est vaincue, elle s’avoue vaincue … elle réclame même d’être classée parmi les moins avancées. Elle n’est plus bonne qu’à la mendicité internationale … le sous-développement est … ce jugement sur l’autre … déclaré misérable avant de l’être, et le devenant parce que jugé ainsi irrévocablement. Le sous-développement est une nomination occidentale … Dés que l’Occident a posé le progrès comme pierre angulaire de la modernité, tous les pays …  se sont trouvés atteints par le mal incurable du ’retard’ (les pays d’Occident même n’étant pas épargnés) … Il faut se moderniser pour survivre, mais il faut se détruire pour se moderniser … Le totalitarisme aime l’uniforme, et le conforme y mène directement. La mondialisation du processus uniformisant … peut faire craindre les pires détournements. L’empire-monde-fraternel risque fort d’être celui du ‘grand frère, le Big Brother’ d’Orwell. Le risque est d’autant plus grand que cette société mondiale resterait technicienne … ‘La dictature mondiale la plus totalitaire qui puisse exister … le seul moyen pour permettre à la technique son plein essor et pour résoudre les prodigieuses difficultés qu’elle accumule’ (Jacques Ellul). » (Serge Latouche – considérations éparses sur la mondialisation)

« Il faut se méfier non pas seulement des règles universelles mais de ce besoin d’universalité dont témoignent tant de consciences. C’est le moyen le plus sûr pour séparer radicalement tous les êtres les uns des autres et tout d’abord chacun d’eux de lui-même. » (Louis Lavelle) – En simplifiant, on peut dire, que la primauté des idées dites universelles est issue de la révolution de 89, philosophie certes, mais également arme pour briser à l’intérieur toute tradition, culture, coutume, comme pour asseoir et justifier en Europe la domination française d’alors. Même tactique pratiquée par les Etats-Unis, au moins jusqu’à aujourd’hui.

« Un groupe social n’a d’existence concrète que s’il recherche à maîtriser ses conditions d’existence, de vie et de survie, et s’il y parvient. » (Henri Lefebvre) – Maîtrise dont veulent le priver la mondialisation et toutes les formes étatiques, même prétendument démocratiques, tombées aux mains terroristes de tous les gauchismes dictatoriaux.

« C’est la marchandise qui définit le marché, lequel aujourd’hui a conquis le monde ou plus exactement, a produit le mondial … L’extrême complexité et diversité du marché mondial : marchés des capitaux, des matières premières et de l’énergie, de la main d’œuvre et des techniques, des produits finis et des biens de consommation durable, des œuvres d’art, des symboles et des signes, de l’information (arrivée récemment en tant que  produit échangeable), etc. » (Henri Lefebvre)

 « De nos jours, la société américaine est dominée par une logique de fragmentation culturelle, par l’antiuniversalisme des droits des minorités et des politiques de quotas, par la rhétorique véhémente de la différence multiculturaliste … La société qui se pense en termes d’appartenance communautariste, de diversités hétérogènes de races ou de genres exagère et creuse les différences, elle exacerbe les ressentiments et les antagonismes, elle favorise les attitudes victimaires, les suspicions et récriminations de tous les groupes. » (Gilles Lipovetsky) – Voilà ce que veut imposer la mondialisation, une société de haine, de pleurs et gémissements, de coups, sachant que la France est déjà soumise, la première comme toujours.

« Quand le monde entier fut citoyen romain, Rome n’eut plus de citoyens ; et quand citoyen romain fut synonyme de cosmopolite, on n’aima plus Rome ni le monde. » (Giacomo Leopardi) 

« Le fade cauchemar d’un univers de plus en plus homogène où finalement ‘l’un est l’autre’ n’est-il pas en train de nous aspirer dans sa suavité informe ? » (Simon Leys)

« Les droits de l’homme travaillent à individualiser les comportements et les aspirations des êtres tout en planétarisant le même principe de vie en société. Le marché n’est pas seul à unifier le globe : les droits de l’homme vont dans le même sens, quoique d’une tout autre manière, en faisant de l’individualité le principe universel organisant le lien des particuliers à l’ordre social. » (Gilles Lipovetsky)

« En ce qui concerne les perspectives actuelles de développement de notre culture, les conditions sont à peu près celles qui se présentent pour l’évolution d’une espèce animale lorsque la sélection ‘intraspécifique’ fait son ouvrage. » (Konrad Lorenz) – Situation où les interactions avec le milieu se font uniquement, ou presque, entre congénères d’une même espèce, pour l’humanité on pourrait dire entre membres issus du même moule. Sclérose? Condensation de l’agressivité au sein de l’espèce ?

« Pour tuer une culture, il suffit parfois de la mettre en contact avec une autre, surtout si cette dernière est plus évoluée (cas habituel des cultures des nations conquérantes) … Ce sont les normes sociales de plus basse valeur (coca-cola, chewing-gum, physique, attitudes…) qui sont les plus faciles à imiter … Les systèmes traditionnels de comportement social peuvent complètement disparaître au cours d’une génération … Ce qui fait une culture ne supporte aucune interruption de sa continuité. » (Konrad Lorenz)

« La conception marxiste de la mission historique du capitalisme, de la formation d’un marché mondial unique. » (Georg Lukàcs) – Différencions toujours le marxisme, d’abord philosophie interprétative et explicative de l’Histoire, du communisme, action tendue vers un but (utopique).

« On le sait, le rôle décisif, historiquement progressiste, du capitalisme consiste selon Marx à établir le marché mondial, grâce à quoi toute l’économie mondiale devient un tout objectivement cohérent. » (Georg Lukàcs)

« Le capitalisme est le premier mode économique muni de l’arme de la propagande, un mode qui tend à engloutir le globe entier et à balayer toutes les autres économies n’en tolérant aucune à ses côtés. » (Rosa Luxemburg)

« Si nos civilisations éprouvent le besoin d’affirmer bruyamment leur spécificité, c’est justement parce que leur spécificité s’estompe … crépuscule des civilisations distinctes et non leur avènement, ni leur apothéose. » (Amin Maalouf)

 « Cet outil qui devait favoriser le brassage et l’échange harmonieux entre les cultures, devient un lieu de ralliement et de mobilisation pour nos ‘tribus’ globales …  L’une des conséquences les plus néfaste de la mondialisation, c’est qu’elle a mondialisé le communautarisme. La montée des appartenances religieuses au moment même où les communications se globalisaient a favorisé le regroupement des hommes en ‘tribus planétaires’ » (Amin Maalouf – sur Internet)

« Un jour, une civilisation déterminée a pris les rênes de l’attelage planétaire … Emergence en Occident d’une civilisation qui allait devenir, pour le monde entier, la civilisation de référence, tant au plan matériel qu’au plan intellectuel, si bien que toutes les autres ont été marginalisées … menacées de disparaître … Sa science est devenue la science, sa philosophie…, sa médecine…Il s’agit là d’un événement sans précédent dans l’Histoire … Pour tous ceux qui sont nés au sein des cultures défaites, la modernisation a constamment impliqué l’abandon d’une partie de soi-même. Même quand elle suscitait parfois l’enthousiasme, elle ne se déroulait jamais sans une certaine amertume, sans un sentiment d’humiliation et de reniement, sans une interrogation sur les périls de l’assimilation … La mondialisation accélérée, qui risque de conforter la prédominance d’une civilisation ou l’hégémonie d’une puissance provoque, en réaction, un renforcement du besoin d’identité … L’Occident ne voulait pas qu’on lui ressemble, il voulait seulement qu’on lui obéisse (conclusion tirée par les Arabes après l’étouffement violent par les puissances européennes, au XIX° siècle, Angleterre toujours à la pointe de la violence, des tentatives égyptiennes d’occidentalisation et de modernisation, Méhémet-Ali) … On s’imagine qu’avec tant de médias, on va entendre une infinité d’opinions différentes. La multiplicité et la puissance de ces porte-voix ne fait qu’amplifier l’opinion dominante du moment, au point de rendre inaudible tout autre son de cloche … Plutôt que d’être un facteur de diversité culturelle, ce foisonnement mène à l’uniformité. » (Amin Maalouf – considérations éparses sur la modernité et la mondialisation)

« La mondialisation est une forme de civilisation universelle érigée sur les décombres de toutes celles qui avaient auparavant façonné l’histoire humaine. » (Jean de Maillard)

« C’est une idée chère à Nietzsche que l’homme ne peut être créateur que dans un horizon limité. Un travail approfondi suppose une grande concentration (en excluant et oubliant beaucoup de choses, en circonscrivant l’horizon). Dans un monde absolument ouvert, la création serait impossible. Un écrivain, s’il veut produire l’œuvre la meilleure possible … doit pour ainsi dire s’enfermer dans les particularités de sa langue (effort d’expression impossible dans une langue quasi universelle comme l’est aujourd’hui l’anglais international) … L’échange, en se généralisant et en s’intensifiant, tend à effacer les horizons limités dont les hommes ont besoin pour produire les choses qu’ils veulent échanger. » (Pierre Manent) – Tout le monde ressent cela, la mondialisation, c’est la grande castration.

« L’enserrement du monde entier dans un réseau de filouterie financière et d’endettement réciproque. » (Karl Marx) – Et pourtant la mondialisation de son temps !

« Le pays le plus développé industriellement ne fait que montrer à ceux qui le suivent sur l’échelle industrielle l’image de leur propre avenir. » (Karl Marx)

« A un certain degré de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en collision avec les rapports de production existants, ou avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors et qui n’en sont que l’expression juridique. Hier encore formes de développement des forces productives, ces conditions  se changent en lourdes entraves. » (Karl Marx – Critique de l’économie politique) – S’applique parfaitement  à la mondialisation actuelle et son besoin d’éliminer les entités nationales et de désaxer les propriétés locales et identifiables.

 « La marchandise démolira toutes les murailles, bien plus efficacement que les canons des féodaux, elle abolira tous les rapports sociaux … famille… » (Karl Marx – Engels)

« Plus les sphères individuelles qui agissent l’une sur l’autre s’agrandissent dans le cours de ce développement et plus l’isolement primitif des diverses nations est détruit par le mode de production perfectionné, par la circulation et la division du travail entre les nations … plus l’histoire se transforme en histoire mondiale … En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. » (Marx – Engels) – Encore les auteurs ne pouvaient-ils concevoir les navires porte-containers, les avions cargos.

« La mondialisation n’est que la face économique de la socialisation. Ce n’est que dans un monde uniformémént socialisé, dont les comportements des divers groupes humains sont unifiés, que la mondialisation est réalisable. La généralisarion du mode économique dominant, le système libéral, n’est actualisable que sous l’effet de la généralisation du mode existentiel dominant, le système social. » (Jean-François Mattéi) – D’où le rôle indispensable, et préalable, des bouleversements en matière sociétale, donc l’apport des gauchistes et autres excité(e)s en tant qu’idiots utiles suivant la formule de Lénine.

« Roland Barthes parlait de la bourgeoisie comme ‘société anonyme’. Aujourd’hui c’est à la ‘world business class’ qu’il convient d’appliquer le label … Pour taire leurs propres incertitudes, les idéologues du globalisme assènent comme des vérités scientifiques l’issue de processus dont le futur est tout sauf inscrit dans le granit. Au nom de l’impératif catégorique géo-techno-financier, les sociétés se voient intimer l’ordre d’accepter les dérèglements de l’état de droit comme inexorables. Présentés aux citoyens comme des faits accomplis … ces décrets font reculer les seuils de tolérance démocratique. Tirant profit de l’angoisse individuelle et collective face à un monde qui a transformé le travail en un privilège, la globalisation de la menace de la précarité est brandie comme un argument d’autorité pour empêcher toute prise de distance critique à l’égard du cours des choses … L’idéologie de la mondialisation … extrapole au globe entier une vision du monde particulière aux groupes sociaux intégrés à ses bénéfices. » (Armand Mattelart) – Mais qui aurait l’idée saugrenue de croire à la démocratie dans le cadre de la globalisation ? Plus on en parle…

« Pour les tenants de la société de marché, tout se passe comme si les sociétés, libérées des accidents historiques en arrivaient nécessairement au dispositif du marché mondialisé. » (Jérôme Maucourant – interprétant Karl Polanyi) – Fin de la politique, fin de l’Histoire ; on rêve !

« La mondialisation … peut être caractérisée comme le moyen qu’a trouvé la civilisation libérale pour répondre à la saturation locale de ses systèmes et pour différer encore et encore la saturation finale … Mais comme nous vivons dans un monde fini, sa saturation globale est inéluctable, et plus on aura déployé d’ingéniosité pour le prolonger, plus les effets différés seront dévastateurs.» (Bertrand Méheust) – La catastrophe écologique et de civilisation.

« La logistique, le management de la chaîne d’approvisionnement, avec son emblème le conteneur, aura été la condition essentielle et décisive de  la mondialisation industrielle. » (Yves Michaud)

« Le monde change suffisamment par lui-même et malgré nous, il change déjà suffisamment ‘tout seul’ pour que nous n’en rajoutions pas de notre fait. La fameuse mondialisation ou globalisation, c’est précisément cela : l’expérience d’un changement puissant et continuel, d’une ‘révolution’ permanente du monde. » (Yves Michaud)

« La mondialisation, ne sert pas seulement les producteurs, les avocats des droits de l’homme, les ONG, les multinationales et les touristes mais aussi les criminels organisés, les trafiquants et les terroristes, et elle peut aussi se retourner contre ses acteurs et ses bénéficiaires. Les frontières sont largement ouvertes aux délinquants mais difficiles à franchir pour ceux qui sont chargés de la répression … Tous se réclament des libertés et des droits mondiaux, tous profitent de la mobilité globale, tous se servent des réseaux mondiaux de communication et de publicité. » (Yves Michaud) – Le lamentable et honteux Espace Schengen, création d’un groupuscule quasi clandestin pervers, les mondialistes dits Européens.

« Ce système libéral mondialisé qui ne peut croître et prospérer qu’en détruisant progressivement l’ensemble des valeurs morales. » (Jean-Claude Michéa) – Ce pourquoi les destructeurs aveugles de gauche lui sont forts utiles et les grands capitalistes savent très bien les utiliser.

« ‘L’universel c’est le local, moins les murs’ … Une communauté se civilise quand, sans destruction, sans abandon de ce qui la  caractérise (langues, coutumes), elle parvient à s’ouvrir à d’autres groupes … Rien à voir avec l’uniformisation accélérée de la planète par le marché capitaliste, uniformisation dont la vision touristique du monde et le pseudo-cosmopolitisme du show-biz et de la classe d’affaire représentent  une traduction à la fois grotesque et pathétique. » (Jean-Claude Michéa – citant la belle phrase de Miguel Torga)

« Les peuples, pas plus que les individus, n’abdiquent impunément leur originalité. » (Jules Michelet) – La France spécialement soumise à la langue anglaise en particulier et à toutes les pourritures labellisées anglo-saxonnes

« Dans sa prétention à l’universalité, l’islamisme a fédéré une haine de l’Occident qu’on peut comprendre en partie quand on mesure les ravages de l’américanisation (ce qu’entreprend l’Amérique hors de son territoire est, le plus souvent, une œuvre de mort : destruction des valeurs locales, des traditions, des langues … au profit d’un universalisme servile et aliénant) … et la servitude de leurs collaborateurs européens. … La très européenne haine de soi qui débouche sur le matérialisme et le reniement des origines chrétiennes explique en partie le mépris ou la haine qu’éprouvent bien des musulmans pour l’Occident. » (Richard Millet)

« L’Eglise … vend la globalisation planétaire avec le même  contenu et la même ferveur glacée que l’ONU, l’OTAN et les bureaucrates de Bruxelles. » (Thomas Molnar – fervent catholique)

« On ne dira jamais assez combien la laideur de l’époque actuelle nous accable. Une vulgarité de ton doublée d’une absence de style. Une lourdeur bien-pensante qui, chaque jour, envahit les écrans et les librairies. Et cette morgue suicidaire de filmer, de manger, de s’habiller comme tous les autres peuples, résignés à accepter ce destin tragique. La mondialisation a été jusqu’à standardiser nos émotions. » (Thomas Morales)

« Relation entre capitalisme et technologie … Sa crainte était que l’expansion du capitalisme, de la technologie et de la science entraîne le déclin d’une finalité collective et la dissolution des cultures particulières. La logique de ces champs était pour lui transnationale … Dissolution des barrières politiques et culturelles … Système global sans connexion historique ou organique avec quelque culture particulière que ce soit … Ordre mondial reposant sur l’échange commercial … Le sens ne pouvant survenir que d’une particularité naturelle cette perspective équivalait à un non-sens universel … Perte de la cohésion culturelle, menace du subjectivisme.» (Jerry Z. Muller – exprimant les craintes de Hans Freyer ou de Carl Schmitt) – Perspective du début du XX° siècle sur la mondialisation.

« Le nouveau monde post-historique en cours de festivisation totalitaire est basé sur l’unification et la fusion. Planétaires de tous les pays, unissez-vous ! … De même qu’il n’y avait qu’un seul Dieu, il ne doit plus y avoir qu’une seule forme de société. »  (Philippe Muray)

« Il n’y a aucune raison pour qu’un assassinat par un policier de Minnesota provoque des pillages à Stockolm ou des émeutes à Bruxelles. Nous subissons partout les répercussions de problèmes spécifiquement américains. C’est pour cela que la question de la race s’est embrasée si vite… » (Douglas Murray) – La mondialisation de la connerie.

« C’est d’un même mouvement que l’assurance d’un progrès historique s’est suspendue, que la convergence du savoir, de l’éthique et du ‘bien-vivre ensemble’ s’est désagrégée, et que c’est affirmée la domination d’un empire conjoint de la puissance technique et de la raison économique pure. » (Jean-Luc Nancy – La création du monde)

« Le coronavirus en tant que pandémie est bien à tous égards un produit de la mondialisation … il est un libtre-échangiste actif, pugnace et efficace … ‘Notre époque a vu surgir une multitude de maladies inconnues de nos ancêtres ; mais il est fort probable que ces maladies, localisées autrefois, se sont disséminées par suite de la multiplicité et de la rapidité des communications qui existent aujourd’hui entre les contrées les plus distantes.’ » (Jean-Luc Nancy – citant un savant du milieu du XIX° siècle)

« Au contraire de l’impérialisme, l’Empire n’établit pas de centre territorial du pouvoir et ne s’appuie pas sur des frontières ou des barrières fixées. C’est un appareil ‘décentralisé’ et déterritorialisé’ de gouvernement qui intègre progressivement l’espace du monde entier à l’intérieur de ses frontières ouvertes et en perpétuelle expansion. L’Empire gère des entités hybrides, des hiérarchies flexibles et des échanges pluriels en modulant ses réseaux de commandement. Les couleurs nationales distinctes de la carte impérialiste du monde se sont mêlées dans l’arc-en-ciel mondial de l’Empire. » (Toni Negri et Michael Hardt – L’Empire et les multitudes)

« Qu’il y ait eu … une brutale et mystérieuse dénivellation de la production culturelle de la France, c’est une évidence. Mais est-ce mieux ailleurs ? Perry Anderson peut-il citer un seul ‘grand intellectuel’   anglais, espagnol, italien qui rappellerait … Une seule entreprise théorique, un seul mouvement intellectuel, dont l’ambition et le rayonnement dépassent les frontières du pays ? Où sont les grandes cultures nationales ? Qu’est devenu le cinéma italien et même anglais ? Où est passée la tradition de la philosophie allemande ? excepté Habermas … ? Et la situation est-elle plus brillante aux Etats-Unis ? » (Pierre Nora) – Merci la mondialisation anglo-saxonne.

« Anatomie du type humain dominant de l’époque : hâtivement bâti, monté sur quelques pauvres abstractions … vidé au préalable de sa propre histoire, sans entrailles du passé, et qui, par cela même, est docile à toutes les ‘disciplines dites internationales’, un homme sans dedans et sans noblesse … homme d’esprit épais. » (José Ortega y Gasset)

« Le fascisme de naguère … rendait différent. Le nouveau fascisme, qui est tout autre chose, ne rend plus différent : il n’est plus rhétorique sur le mode humaniste, mais pragmatique sur le mode américain. Son but est la réorganisation et le nivellement brutalement totalitaire du monde. » (Pier Paolo Pasolini) – Ce que les gens de gauche n’ont évidemment pas compris, puisqu’évidemment personne ne le leur a dit.

« Michéa dénonce le hiatus qui existe entre les intérêts d’une classe riche et mobile, tirant bénéfice de la ‘mise en concurrence de tous par tous’, et ceux des membres d’une classe populaire qui ont à subir, eux, la concurrence féroce d’autres pays mise en place par la mondialisation. » (Aymeric Patricot)

« Défendez vos nations comme la prunelle de vos yeux. » (Jean-Paul II – à l’ONU)

« Chacun s’adore en adorant tous les autres et il est devenu impossible de douter aussi bien de la valeur insigne de chaque individu que de la réalité d’une société planétaire. » (Perrot, Rist et Sabelli)

« L’américanisme nous submerge … Je crois qu’un nouveau phare de la civilisation s’est allumé là-bas. L’argent qui circule dans le monde est américain et derrière cet argent court le monde de la vie et de la culture. » (Luigi Pirandello -1929)

« L’ambiguïté de Babel, la première ère de mondialisation de l’histoire, c’est de vouloir réaliser une déification du genre humain sans Dieu … Babel prône un monde de clones, unis par un mode de pensée mimétique. » (Père Philippe Plet)

« Plus le système du marché est global et plus il révèle son incapacité à  satisfaire les conditions d’une société stable. » (Karl Polanyi – La grande transformation)

« Ce qu’on a appelé l’uberisation du monde est en fait la mise en concurrence totale de chacun par tous … L’ubérisation est une paupérisation … La globalisation a fait exploser le modèle français. » (Natacha Polony et le comité Orwell) – Et ce n’est qu’un début. Quand on aura fait sauter les notaires, on va entendre les gémissements, les pleurs le vacarme des conflits et les escroqués, les ruinés iront contempler les décombres.

« Normes d’hygiène, normes de sécurité, tout est fait pour que tout accident inhérent à l’existence humaine soit prévu par les textes, encadré par des procédures. L’inflation des normes est indissociable de la judiciarisation des rapports sociaux. Elles orientent le secteur économique en fonction des valeurs que se donne une société. Elles correspondent à une vision du monde. La façon dont les Etats-Unis, à travers les traités de libre échange comme à travers l’extraterritorialité de leur droit, imposent peu à peu leurs normes au reste du monde est une des dimensions les plus cruciales de la globalisation. » (Natacha Polony)

 « Les trois dynamiques qui convergent de manière explosive sur l’humanité : la mondialisation de l’économie, ultime avatar de la modernité occidentale depuis le XV° siècle, la remise en cause de l’Etat providence et de l’Etat tout court, la destruction généralisée des cultures, au Nord comme au Sud … Les principaux fondements théoriques de cette vision empruntent au marxisme (mais en les retournant) certains de ses postulats : prétention naïve à la scientificité (le ‘cercle de la raison’), évocation eschatologique d’un ‘avenir radieux’, et indifférence à l’égard de ses propres échecs. Le plus grave dans cette instrumentalisation idéologique de la mondialisation, c’est de condamner par avance, au nom du réalisme, toute velléité de résistance ou même de dissidence. Sont ainsi frappés d’opprobre ou définis comme ‘populistes’ tous sursauts républicains, toutes recherches d’alternatives, toutes tentatives de régulation démocratique, toutes critiques du marché … De plus en plus de citoyens libres se sentent englués, poissés par une sorte de visqueuse doctrine qui, insensiblement, enveloppe tout raisonnement rebelle, l’inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l’étouffer. Cette doctrine, c’est la pensée unique, la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de l’opinion. L’arrogance, la morgue et l’insolence de cette doctrine … moderne dogmatisme. » (Ignacio Ramonet – Géopolitique du chaos)

« La nouveauté fondamentale est la naissance d’un nouveau mode de domination politique, qui sort du ‘crépuscule de la souveraineté moderne’. Au contraire de l’impérialisme, l’Empire n’établit pas de centre territorial du pouvoir et ne s’appuie pas sur des frontières et des barrières fixes. C’est un appareil décentralisé et déterritorialisé de gouvernement qui intègre progressivement l’espace du monde entier à l’intérieur de ses frontières ouvertes et en pleine expansion. L’Empire gère des entités hybrides, des hiérarchies flexibles et des échanges pluriels en modulant ses réseaux de commandement. Les couleurs nationales distinctes de la carte impérialiste du monde … Un système qui combine capitalisme sans classe ouvrière, un système international sans Etats-nations et un Empire sans puissance impériale dominante, dans lequel les ‘peuples’ sont progressivement dissous au profit de ‘multitudes’ aux configurations infiniment variables … Une administration qui vise à intégrer les conflits non pas en imposant un dispositif social cohérent, mais en contrôlent les différences … L’Empire est forcément inclusif, ‘république universelle’, sans logique de frontière, l’Empire a besoin d’une expansion indéfinie, mais celle-ci a pour base une ‘idée de la paix’ … L’oppression n’est que déplacée … La souplesse du droit et  de l’administration permet une multitude d’opérations de répression et de contrôle, et la fin de la guerre  rend possible la duplication infinie d’opérations de police internationale …. La diplomatie des droits de l’homme et le droit d’intervention humanitaire sont dirigés contre les peuples plus que contre les oppresseurs et le ‘multiculturalisme’ dissimule mal la domination des oligarchies … le ‘droit d’ingérence’ ne servant qu’à légitimer les nouvelles ‘guerres  justes.’ » (Philippe Raynaud – citant, reprenant, s’inspirant de Michael Hardt et Antonio Negri – L’empire) – Ainsi s’explique la haine féroce dont fait l’objet la Russie que, vue son étendue notamment,  l’Empire ne peut laisser subsister hors de son contrôle.

« Spectacle mercantile a destination planétaire, le sport n’est pas marginal, planté au cœur du monde contemporain … La vraie mondialisation apparaît d’abord sportive plutôt que mercantile, la première prépare la seconde (multiples coupes du monde et championnats mondiaux, Barnum circus itinérants des jeux olympiques, du tennis professionnel… ont formé les esprits à trouver naturelle la mondialisation) (Robert Redeker – Le sport est-il inhumain ?)

« Les pratiques alimentaires et culinaires sont actuellement le terrain le plus visible du conflit entre culture et marché mondial. » (Jeremy Rifkin)

« L’Occident ne sait plus que faire, sinon se supprimer. La crise profonde qu’il traverse résulte de cette absence de but et d’idéal …  On parle souvent de ‘racisme systémique’ pour décrire la société occidentale; je parle quant à moi de ‘nihilisme systémique’. Ce nihilisme s’incarne dans la volonté de l’Occident, consciente ou inconsciente, de s’auto-supprimer. Le nihilisme, c’est le désir du néant, du néant en soi-même – du suicide en quelque sorte. L’Occident et l’Europe occidentale semblent souvent tout faire pour se supprimer eux-mêmes, pour supprimer ce qu’ils sont dans leur chair, dans leur matérialité. » (Julien Rochedy)

« Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’identité adéquate pour le faire. » (David Rockfeller) – Merci de nous prévenir.

 « L’américanisation du monde est notre destinée. » (Théodore Roosevelt – au lendemain de l’invasion de Cuba sous le prétexte de libérer les habitants de l’emprise espagnole) – Effectivement l’impérialisme cynique et arrogant des Etats-Unis a commencé avec la guerre américano-mexicaine (1846….), la guerre hispano-américaine (1898…) et l’annexion des Philippines – Rien de nouveau donc.

« Il n’y a point de société naturelle et générale entre les hommes. » (J. J. Rousseau)

« Tout ce qui facilite la communication entre les diverses nations porte aux unes, non les vertus des autres, mais leurs crimes et altère chez routes les mœurs qui sont propres à leur climat et à la constitution de leur gouvernement. » (Jean-Jacques Rousseau)

« Le marqueur religieux n’est plus l’apanage d’un peuple donné … L’universalisation passe par la déconnexion culturelle, mais pas par la rupture religieuse … La mondialisation est un facteur majeur dans le découplage entre les deux marqueurs. »  (Olivier Roy)

« Peu de différence entre la destruction des peuples archaïques opérée par intérêt mercantile au nom de ‘l’utilité mondiale’ ou par prosélytisme religieux au nom du salut des âmes, ou par idéologie politique au nom de l’égalité des droits ou de la désaliénation ou de l’accès des exploités à la conscience. » (Raymond Ruyer) – Même destruction.

 « La mondialisation a commencé par la globalisation marchande, incarnée dans le libre échange, combinée avec la globalisation financière … (la mise en concurrence du travail à l’échelle mondiale n’aurait jamais connu la force destructrice qu’on lui a connue sans la globalisation financière) … Deux explications de la globalisation : -L’adaptation des grandes firmes occidentales et japonaises qui se sont transformées en quarante ans en ‘multinationales’. La course à la taille … clé de la hausse de la productivité générale – L’ouverture a été conçue par les classes dirigeantes afin de faire baisser la pression que les salariés exerçaient au début des années 1970 sur les profits … Ainsi la globalisation marchande s’est historiquement développée à travers deux moteurs, l’un renvoyant à une stratégie de croissance des firmes et l’autre au processus de contre-révolution sociale que l’on a connu, dans tous les pays , à un degré ou à un autre, depuis la fin des années 1970. A ces causes il faut ajouter celles qui sont issues de la globalisation financière qui a accompagné mais n’a pas créé ce mouvement. » (Jacques Sapir – La démondialisation)

 « La globalisation a bien correspondu à ce que les classes dirigeantes en attendaient. Elle a été un puissant instrument de remise en cause des avantages arrachés de haute lutte par les classes populaires de 1945 à 1970. Cela ne signifie pas que telle a été sa seule fonction. Mais ceci signifie que ce fut bien aussi l’une de ses fonctions. » (Jacques Sapir) – Les socialistes ayant manifesté concrètement leur enthousiasme pour la globalisation (voir la construction de l’Europe par exemple), il n’est pas surprenant que la grande bourgeoisie se soit découverte socialiste dans l’âme (comme dans le portefeuille) – « L’élargissement de l’Union européenne de 15 à 27 pays membres a joué un rôle considérable dans la pression qu’exerce la globalisation sur l’économie française … Le processus d’élargissement ne s’est révélé ni profitable aux populations des pays de ‘l’Europe de l’Est’ ni à celles de nos pays (de l’Europe de l’Ouest) … Ce processus ne prend sens que si on le conçoit comme la matérialisation de la volonté des élites de casser le modèle social ouest-européen en le soumettant très brutalement à la concurrence de ces nouveaux entrants. » (Jacques Sapir)

« La globalisation marchande a atteint aujourd’hui les limites du supportable. C’est une évidence du point de vue écologique … Incapable d’aider les pays en voie de développement, elle a aussi conduit à de profondes régressions sociales dans les pays développés. Elle apparaît comme une politique qui ‘appauvrit les pauvres des pays riches et enrichit les riches des pays pauvres’. La globalisation a été une puissante arme dans les mains des dominants pour tenter de reprendre tout ce qu’ils avaient concédé des années 1950 aux années 1970. » (Jacques Sapir)

« Une nation dont les mass média sont dominés par l’étranger n’est pas une nation. » (Herbert Schiller) – Alors la France n’en est plus une ; ce dont on se doutait.

« Si la tour de Babel est une sanction divine contre la volonté de puissance des hommes, elle est aussi une bénédiction. Une humanité hétéroclite et bigarrée est la meilleure garantie contre son unification féroce. De la ‘pax romana’ à la ‘pax américana’, l’abomination d’un ordre unique a fait son temps. » (Christiane Singer) – Hélas, pas si sûr !

« Perte de la distance comme conséquence de la nouvelle communication de masse … mais aussi par l’avion, le téléphone… (écrit avant l’explosion d’internet), la présence simultanée de toute chose … L’espace se rétrécit jusqu’à ne former qu’un point collant, c’est dans ce point là que nous logeons, comme si nous partagions un appartement avec des spectres … Sentiment de perte du monde qui est aussi une perte de soi … le monde est contracté. Toute personne disposant d’un téléviseur peut s’écœurer de tout … ce monde gluant, sans distances, les informations rapides qui affluent de partout, les misères de tous les pays arrivant en temps réel dans nos appartements. » (Peter Sloterdijk)

« Calculé en kilomètres, de nombreuses personnes parcourent de grandes distances, mais le nombre de ceux dont on peut dire qu’ils ont été ailleurs demeure immuablement bas. On le voit très bien avec ces cirques itinérants  …  qui parcourent le monde entier mais ne sortent jamais de leur milieu. Pour ce genre de personnes, la globalisation produit le ghetto mobile, l’hôtel standard, la plage standard, le terrain de sport standard, la salle de conférences standard, et le pidgin cosmopolite pour accompagner le tout. » (Peter Sloterdijk)

« Les sociétés modernes sont organisées comme des bourses à thèmes. On y émet constamment de nouvelles valeurs thématiques qu’on négocie au jour le jour. Le débat public …  forum destiné à régler les affaires que l’on fait avec ces thèmes. Les grands mass-médias … sont engagés dans un combat permanent pour que leurs thèmes aient la cote la plus élevée possible. Et lorsqu’un thème à scandale s’impose dans la société, cela signifie seulement qu’une rédaction est parvenue à émettre une proposition d’émotion  telle  que les concurrents doivent l’imiter à n’importe quel prix, jusqu’au point où toute une société devient quasiment monothématique et se synchronise sur une seule et même émotion … Nous vivons constamment  dans des champs d’excitation collective, dans des épidémies d’opinion dont il est difficile de s’immuniser» (Peter Sloterdijk – Ni le soleil ni la mort)  – C’est ainsi qu’on assiste à la semaine consacrée et obsédée par l’inceste, suivie de la semaine de la catastrophe climatique, suivie de la semaine du remaniement gouvernemental, suivie de la semaine de l’extension de la pauvreté, etc. – « La possibilité d’être contacté en permanence n’est qu’une expression de la mise en réseau ou de la mondialisation Lorsque nous disons ‘globalisation’ ou ‘mondialisation’ … nous parlons de la mise en place du système de stress  synchrone à l’échelle mondiale …  Les thèmes chargés d’une forte énergie emportent presque tout … Passe pour asocial celui qui ne se tient pas disponible en permanence pour le stress synchrone. L’excitabilité est désormais le premier devoir civique. »  (même auteur)

« La menace à l’indépendance que représente la nouvelle électronique en cette fin de XX° siècle pourrait se révéler supérieure à celle du colonialisme lui-même. Nous commençons à comprendre qu’avec la décolonisation et la montée des  entités supranationales on n’a pas mis le point final  aux relations impériales, mais bien jeté un filet géopolitique qu’on tisse depuis la Renaissance. Les nouveaux médias peuvent pénétrer plus profondément une ‘culture réceptrice’ que n’importe quelle technologie occidentale antérieure. Le résultat pourrait être un immense chaos, une exacerbation des contradictions sociales actuelles au sein des sociétés en développement. » (Anthony Smith – cité par Edward W. Said) – L’envahissement par la médiocrité anglo-saxonne, qu’il est bien emphatique  de qualifier du terme de ‘culture’.

« Le Romain et le Grec transportaient toujours par la pensée les conditions vitales de leur ‘polis’ dans les événements étrangers ; l’Européen moderne (aussi l’Américain aujourd’hui) voit partout les destins étrangers à travers ses concepts de constitution, de parlement, de démocratie, bien que l’application de ces représentations à d’autres cultures reste ridicule et insensée. » (Oswald Spengler) – Bombardons les récalcitrants à la démocratie, si enthousiasmante et si propre chez nous pourtant !

« Cette guerre est la mondialisation, où les technologies industrielles sont devenues des armes de destruction des écosystèmes, des structures sociales et des appareils psychiques. » (Bernard Stiegler)

« Pour que les cultures persistent dans leur diversité il faut qu’il existe entre elles une certaine imperméabilité. »(Claude Lévi-Strauss)

« En dépit de son urgente nécessité pratique et des fins morales élevées qu’elle s’assigne, la lutte contre toutes les formes de discrimination participe de ce mouvement qui entraîne l’humanité vers une civilisation mondiale, destructrice de ces vieux particularismes auxquels revient l’honneur d’avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie, et que nous recueillons précieusement dans les bibliothèques et dans les musées. » (Claude Lévi-Strauss – Race et histoire)

« L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. » (Claude Lévi-Strauss – Tristes Tropiques

« On se prononce vertueusement pour une ‘mondialisation ordonnée et solidaire’ … on y rêve de ‘réguler les dérégulations en cours’, de ‘réglementer les déréglementations’ … mais que peut signifier l’appel à s’adapter à l’imprévisible, à l’incertain, au chaos ? L’irrationnelle rationalité techno-scientifico-informationnelle et l’irréligieuse religiosité de la Flexibilité, de la Mobilité et du Changement indéfinis additionnent leurs effets nihilisants. » (Pierre-André Taguieff)

« L’idéologie dominante désormais planétaire est structurée comme une utopie messianique : son contenu central est la croyance que la mondialisation néo-libérale ou libre échangiste, transfigurée par les ‘nouvelles technologies de l’information et de la communication’, est à la fois inéluctable et bonne en elle-même, et constitue à ce titre une méthode de salut – la méthode de salut ! – pour l’humanité. » (Pierre-André Taguieff)

« L’appel à une marche forcée du genre humain vers une unité indifférenciée est une violence faite à l’humanité de l’homme. » (Pierre-André Taguieff)

« Des expéditions punitives sont organisées pour ‘démocratiser’ telle ou telle partie récalcitrante du monde. » (Pierre-André Taguieff)

« Nous avons tous compris que  la finance et la marchandise mondiales ont pour caractéristique, sinon pour objectif, la délocalisation et le déracinement de tout le monde et de tout. » (François Taillandier) – Non, pas tous, pas ceux qui se fient à la propagande de la presse ou des émissions de télévision, pas les Gogos, pas les Bobos, pas les laquais, cela fait beaucoup de monde, même une majorité.

 « Des lois de l’imitation découle la nécessité d’une marche en avant vers un grand but lointain … à savoir … la naissance, la croissance, le débordement universel d’une société unique … Ce qu’il y a d’invincible et d’irrésistible, en vertu des lois de l’imitation, dans l’immense poussée universelle vers l’uniformité. » (Gabriel Tarde)

« L’imitation, grâce à l’invasion de la mode, descend toujours de l’Etat (au sens nation) momentanément supérieur aux Etats momentanément inférieurs, comme elle descend des plus hauts aux plus bas degrés de l’échelle sociale. » (Gabriel Tarde) – Jadis elle descendait d’Europe. Elle ne descend plus aujourd’hui que des Etats-Unis.

« Le pouvoir qui était concentré entre les mains de la noblesse est devenu celui des villes capitales avant d’entrer dans une phase de déterritorialisation. L’heure est à l’Empire et, peut-être à une ‘grande confédération américano-européenne’ … Mais il y a différentes formes d’empire : il y a l’empire qui impose ses particularités en détruisant toutes les autres et l’empire qui est capable de créer un ‘milieu universellement communiquant’. » (Gabriel Tarde – vers la fin du XIX° siècle) – L’empire austro-hongrois, successeur du saint empire romain germanique, dont la destruction était le  principal objectif de la guerre de 1914 relevait de cette dernière forme civilisée. La mondialisation américaine relève de la première forme brutale, impérialiste et castratrice.

« Le concept rousseauiste que c’est le peuple qui doit être le lieu de la souveraineté, c’est-à-dire une entité constituée par un objectif commun ou une identité, quelque chose de plus qu’un simple ‘agrégat’. Herder a développé cette idée mère dans le concept du ‘volk’, dans l’idée que chaque peuple a sa façon particulière d’être, de penser et de sentir, à laquelle il doit être fidèle ; que chacun a le droit et le devoir de réaliser sa propre façon d’être et de ne pas s’en laisser imposer une étrangère. » (Charles Taylor) – Qu’en pensent nos élites-mondialistes-forcenées ?

« Ceux qui désormais privés de rôles sont de fait sans parole … Actrice principale de cette ultime manifestation du tragique que constituait la lutte des classes, la classe ouvrière en fait aujourd’hui la tragique expérience. L’esprit est mis en demeure d’approuver ce qui se donne, s’impose à lui, enregistrement passif. Submergés par le réel nous n’avons d’autre choix que de le fuir… » (Frédéric Tellier) – Le sort de tous, sauf des élites du cercle de la raison.

 « La variété disparaît au sein de l’espèce humaine. Les mêmes manières d’agir, de penser et de sentir se retrouvent dans les quatre coins du monde. Les peuples deviennent semblables. » (Alexis de Tocqueville) – Uniformisation, depuis le début des temps modernes, depuis la Renaissance. « Le résultat de ce processus est un ‘surdéveloppement’ économique pour la puissance séductrice et un sous-développement plus ou moins prononcé pour la population séduite. » (Serge Latouche)

« Ce n’est pas la mondialisation qui dissout les nations, mais l’auto-dissolution des nations qui produit la mondialisation … C’est l’antinationisme (terme de P-A Taguieff) des élites qui mène à la toute-puissance du capital mondialisé. Le retour d’une conscience collective centrée sur la nation suffirait à transformer le tigre de la mondialisation en un chat domestique tout à fait acceptable. » (Emmanuel Todd) – C’est bien pour empêcher ce scandale qu’on a bricolé le monstre Europe.

« Le sens réel des attaques dont la nation est l’objet, de la part des économistes qui célèbrent son dépassement comme des idéologues qui stigmatisent sa barbarie intrinsèque … Son émergence était un effet de l’homogénéisation égalitaire, sa remise en question est une conséquence de la dissociation culturelle. On voit en quoi l’antinationisme est une machine inégalitaire. Car la nation, qui enferme les riches et les pauvres dans un réseau de solidarité, est pour les privilégiés une gêne de tous les instants … L’antinationisme est pour des classes supérieures qui veulent se débarrasser de leurs obligations, fonctionnel, efficace et discret. » (Emmanuel Todd) – Et évidemment sous les nobles prétextes dont se pare toujours la corruption ; en l’occurrence, dépassement du nationalisme prétendûment agressif, solidarité internationale et autres fariboles.

« Le but stratégique fondamental des Etats-Unis est désormais le contrôle politique des ressources mondiales … La Russie devenue un géant débonnaire, Européens et Japonais pourraient se passer des Etats-Unis. Hypothèse audacieuse et douloureuse pour une Amérique qui ne peut plus se passer, elle, des deux pôles industriellement et financièrement productifs de la triade … Si l’ancien monde tend vers la paix, s’il n’a plus besoin des Etats-Unis, et si en revanche ces derniers sont devenus économiquement prédateurs et menaçants … Ce que l’Amérique propose désormais, ce n’est plus la protection de la démocratie libérale, c’est plus d’argent et plus de pouvoir pour ceux qui sont déjà les plus riches et les plus puissants, c’est de consacrer la transformation en cours des démocraties en oligarchies soumises à l’oligarchie américaine. » (Emmanuel Todd – quelques considérations éparses sur le rôle des Etats-Unis – Après l’empire)

« Une publication dans un quotidien de Copenhague provoque le surlendemain une émeute meurteière au Nigéria ! … Le degré d’interconnexion des habitants de la planète. »  (TzvetanTodorov)

« Les voyages océaniques de découverte faites par les marins de l’Europe de l’Ouest il y a quatre ou cinq siècles furent un événement historique faisant époque … A partir de l’an 1500 environ, l’humanité a été rassemblée en une seule société mondiale … Et la seule société locale qui l’a effectivement réalisée est celle qui, de toutes, était le candidat le plus improbable … Société à l’origine  de la grande révolution technique qui fit sa fortune et lui assura  la primauté sur toutes les autres civilisations vivantes … D’abord en substituant l’Océan à la steppe comme principal moyen de communication mondiale … en démontrant à chacune des civilisations séparées qu’elle n’était pas  l’unique société civilisée au monde et que le reste de l’humanité n’était pas composé que de barbares, d’intouchables ou d’infidèles … Tôt ou tard, l’Occident, à son tour, devra accepter la rééducation que l’unification du monde par l’action occidentale a déjà donnée aux autres civilisations … Notre propre histoire est en train d’être engloutie par ses propres résultats … L’élément le plus apparent en Occident est la technique, et l’homme ne peut pas vivre seulement de technique … La religion après tout est l’affaire sérieuse de la race humaine … Un trou spirituel (semblable à celui de la culture héllénique jadis) se remarque dans la culture de notre chrétienté occidentale … (La religion, élément gênant de l’héritage culturel … Pourquoi ne pas se mettre tacitement d’accord pour en finir avec les guerres de religion en en finissant avec la religion elle-même, et pour se consacrer à l’application des sciences physiques aux affaires pratiques, entreprise qui ne soulèverait pas de querelle et promettait d’être lucrative) … Dans les territoires tropicaux ‘ouverts’, la civilisation occidentale a produit un plein économique et politique, mais en même temps un vide spirituel … les institutions primitives ont été pulvérisées par le choc de la lourde machine occidentale … La suprématie de la civilisation occidentale, au début de l’année fatale 1914, l’expansion de la chrétienté Occidentale, était à la fois récente et sans précédent, aucune civilisation n’avait encore jeté son filet tout autour du globe  … Toutes s’étaient étendues à la limite de leurs possibilités, mais sans entrer en collision » (Arnold Toynbee – La civilisation à l’épreuve– 1947)

« Le communisme, hérésie chrétienne, page tirée du livre du Christianisme, page arrachée et mal lue, vidée de la moitié de sa signification … le premier coup tiré dans la contre-offensive antioccidentale ; mais cette décharge, cette riposte russe … pourrait se révéler n’être qu’une petite affaire quand les civilisations probablement bien plus puissantes d’Inde et de Chine répondront à leur tour à notre défi occidental. » (Arnold Toynbee) – Bien vu en 1947.  Mais sous-estimation compréhensible alors des capacités extraordinaires de récupération de l’ultracapitalisme qui est en train de dompter l’ensemble du monde.

« La technique n’agit que sur la surface de la vie et c’est pourquoi il semble plus facile de l’adopter que de courir le risque de n’être plus maître de son âme … Notion qui consiste à croire qu’en adoptant une technologie étrangère on n’assume qu’une responsabilité limitée … Mais ce changement qui a l’air superficiel, ne le restera pas, et pénètrera en profondeur jusqu’à ce que la culture traditionnelle passe au second plan et que l’ensemble de la culture étrangère se fraye peu à peu un chemin par l’entaille ainsi faite … En Chine, en Corée, au Japon, aujourd’hui, plus d’un siècle après que notre technique occidentale a réussi à s’infiltrer dans ces pays, nous voyons les conséquences révolutionnaires de cette technique sur l’ensemble de la culture de ces pays. Comme les Turcs, ils auraient voulu n’emprunter à la technique occidentale que le minimum nécessaire à leur défense militaire et rien de plus, sans soupçonner les forces secrètes dissimulées dans ce cheval de Troie mécanisé, dont, en plus, l’effet met du temps à se faire sentir … Une religion étrangère agressive sera toujours une menace prise plus au sérieux pour la société à laquelle elle s’attaque qu’une technique étrangère agressive … On peut en déduire qu’un fragment de culture, détaché de l’ensemble et diffusé à l’étranger, rencontre vraisemblablement une moindre résistance et se propage plus loin et plus rapidement que si la culture tout entière était diffusée en bloc … Mais dans les rapports culturels, une chose en amène insidieusement une autre … La puissance de pénétration d’un élément culturel est en général inversement proportionnelle à la valeur culturelle de cet élément. La société attaquée oppose moins de résistance à un élément secondaire qu’à un élément d’importance primordiale, la perturbation sur le mode de vie traditionnel étant moins violente et moins douloureuse (et ressentie moins immédiatement). » (Arnold Toynbee – Le Monde et l’Occident – sur la différence avec laquelle les peuples d’Extrême-Orient (de même en Russie au XV° siècle puis ensuite) réagirent aux intrusions de la civilisation occidentale, du XVI° au XVIII° siècles, la civilisation occidentale leur apparut sous la forme d’une religion étrange, d’où expulsion et rupture, au XIX° siècle, elle survint sous la forme d’une technique étrange (résultat de la révolution industrielle en Occident), d’où acceptation (révolution Meiji au Japon, du Kuomintang en Chine, Pierre le Grand en Russie, Ataturk en Turquie…), d’autant plus que des revers militaires subis leur dictaient la voie à suivre) – C’est un peu la version internationale, mondiale, de la subversion par la culture chère à Antonio Gramsci.

« Un des plus frappants stigmates de désintégration est l’apparition d’un phénomène à l’avant-dernière phase du déclin et de la chute ; quand une civilisation se décompose, elle s’octroie un sursis en se soumettant à l’unification politique forcée, sous la forme d’un Etat universel. » (Arnold Toynbee)

« Rien ne se fera plus sans que le monde entier ne s’en mêle. » (Paul Valéry)

– « Même quand ils ne le savent pas, les individus et les peuples ont un besoin vital de racines, de traditions et de civilisations propres, c’est-à-dire de continuités apaisantes, de rites, d’ordre intériorisé, et de spiritualité … Ces vérités … ont souvent été effacées … par les effets conjugués de l’universalisme chrétien et de celui des Lumières (alliés objectifs), transposés dans le cosmopolitisme des sociétés marchandes. » (Dominique Venner)

« Eux aussi voulaient fabriquer un homme nouveau, rationnel et uniforme, délivré de toutes ces ‘entraves’  que sont des racines, une nature et une culture … Ils voulaient imposer leur religion de l’humanité (avec une majuscule) une, uniforme et universelle. Et l’Occident américain, que veut-il ? A peu près la même chose. La différence portant sur les méthodes. Planification et terreur chez les communistes, persuasion clandestine de la pub et ‘laisser faire’ du marché chez les Américains … même vision radieuse du but final. Pour changer le monde, l’uniformiser … changer les hommes, fabriquer … le ‘zombi’, l’homme nouveau, homogène, vidé de contenu … Même religion de l’Humanité et même fringale de déconstruction. » (Dominique Venner)

« On ne parlait plus de gouvernement mais de gouvernance, de loi mais de régulation, de frontière mais d’espace, de peuple mais de société civile. » (Philippe de Villiers)

« Nous disions en 1994, avec Jimmy Goldsmith : ‘La mondialisation est un système de spoliation dans lequel ce sont les pauvres des pays riches qui subventionnent les riches des pays pauvres’. Et nous ajoutions : ‘Dans un premier temps, tout ira bien. Les entreprises iront fabriquer là où c’est le moins cher, et iront vendre là où il y a du pouvoir d’achat. Mais viendra le moment où le piège se refermera’.  Nous y sommes. La mondialisation, dont l’Europe n’a jamais été qu’un cheval de Troie, a favorisé quatre crises mortelles. La crise sanitaire ; mais aussi la crise migratoire avec une immigration non plus de travail mais de peuplement qui installe sur notre sol le face à face de deux civilisations. Songeons que c’est à Erdogan, contre un pourboire de six milliards d’euros, que l’Europe a confié le soin de garder sa frontière. C’est donc à lui d’ouvrir quand il veut, les écluses. Il est le patron. Il n’y a pas de protectorat heureux, il n’y a que des dhimmis. Et puis il y a la crise à venir, la crise financière larvée, puisque nous évoluons tous sans le savoir dans une bulle de savon qui grossit de jour en jour, dont les volutes virtuelles s’enfantent les unes les autres, déconnectée de l’économie réelle ; et enfin la crise économique, la paupérisation des gilets jaunes par la délocalisation systématique qui a substitué aux circuits courts et à la production locale cette folie anti-écologique du circuit long et de la recherche discrète de l’exploitation du plus pauvre parmi les plus pauvres du monde. »  (Philippe de Villiers) – Mais le gang des  Nowhere s’en moque, au contraire, il se félicite de toutes ces nuisances qui ne peuvent que mettre à mal les peuples qu’il déteste.

« Au Kosovo (1999), nous avons assisté à un ‘putsch mondialiste’ … A une prise de pouvoir par un groupe armé anational (l’OTAN) … légitimé, après le stratagème humanitaire quelque peu éventé, par le jugement pour l’exemple d’un chef d’Etat encore en exercice, sorte de ‘fatwa’ à l’occidentale présentant le double avantage de convaincre l’opinion du bon droit de l’intervention militaire alliée et de servir d’avertissement salutaire à tout chef de gouvernement qui… » (Paul Virilio) – à tout dirigeant qui ne se coucherait pas. Les dirigeants français, de n’importe quel bord, n’ont rien à craindre, ils ne sont pas couchés mais vautrés.

« L’idée d’une société globale est purement occidentale et n’appartient nullement au patrimoine abstrait de l’humanité … L’occidentisation est le désir de l’Occident d’assimiler d’autres pays sous le couvert idéologique d’une mission humanitaire, bénévole et libératrice … Le mouvement vers une société globale n’est pas le fruit du rêve … c’est une nécessité vitale pour les pays occidentaux, un moyen obligé de préserver la situation actuelle et de survivre dans un environnement d’une menaçante complexité … Il ne peut pas se soustraire à cette tâche colossale. » (Alexandre Zinoviev)

« Ce long processus de colonisation idéologique, politique et économique de l’Europe par l’Amérique. Europe n’a-t-elle pas été kidnappée une nouvelle fois par l’Occident ? Par la civilisation américaine qui décide aujourd’hui de l’établissement des valeurs mondiales en traitant de facto l’Europe comme sa province ? » (Slavoj Zizek) – Voir le traité transatlantique (Tafta) imposé dans la clandestinité. Aujourd’hui l’Europe, trahie par ses oligarques, n’est vue de Washington que comme une source d’amendes fructueuses (racket éhonté) et un instrument de combat contre la Russie qu’il s’agit d’encercler, de désagréger, de balkaniser.

« J’ai découvert, à cinquante-huit ans,  qu’en perdant sa patrie on perd plus qu’un coin de terre délimité par des frontières. » (Stefan Zweig) – Lequel, personnage et auteur, avait un peu plus de consistance que tous les citoyens de monde en peau de lapin, les mondialistes façon Erasmus et autres alter-cons.

« Jamais, depuis qu’il existe, le monde n’a été aussi globalement énervé, aussi intégralement excité. Une guerre, jusqu’ici n’était qu’une inflammation isolée dans l’immense organisme de l’humanité … Au fur et à mesure de sa conquête du globe, l’humanité a noué des liens de plus en plus intimes, une fièvre secoue à présent tout son organisme, un frisson d’effroi parcourt la totalité du cosmos … Aux plus lointaines extrémités de l’humanité, l’excitation arrive et effarouche le cours paisible de la vie … Personne n’a le droit de dormir tranquillement dans la monstruosité de l’excitation … Aucun ne reste froid dans la fièvre du monde… » (Stefan Zweig – à propos de la première guerre mondiale) – Que dirait-il maintenant dans un monde submergé par la mondialisation et saturé d’informations.

« Les Etats-Unis ne sont pas que la seule et unique puissance mondiale ; leurs valeurs inspirent un consensus mondial, et ils régissent comme jamais encore la formation de la première civilisation mondiale que notre planète ait connue. » (un auteur américain, indigne d’être cité, mais reflétant bien l’ambiance de ce système de fous, hélas admiré par tous les laquais) – On en reparlera demain.

Ci-dessous, extraits de l’ouvrage de Michael Hardt et Antonio Negri, L’Empire

« La souveraineté a pris une forme nouvelle, composée d’une série d’organismes nationaux et supranationaux unis sous une logique de gouvernement. Cette nouvelle forme mondiale de souveraineté est ce que nous appelons ‘l’Empire’ … Le passage à l’Empire sort du crépuscule de la souveraineté moderne. Au contraire de l’impérialisme, l’Empire n’établit pas de centre territorial du pouvoir et ne s’appuie pas sur des frontières ou des barrières fixées. C’est un appareil décentralisé et déterritorialisé de gouvernement, qui intègre progressivement l’espace du monde entier à l’intérieur de ses frontières ouvertes et en perpétuelle expansion … Dans cet espace libre de l’Empire, il n’y a pas de lieu de pouvoir: celui-ci est à la fois partout et  nulle part … IL n’y a plus d’extérieur qui puisse limiter le lieu de la souveraineté … L’Empire gère des identités hybrides, des hiérarchies flexibles et des échanges pluriels en modulant ses réseaux de commandement … Même s’ils détiennent la force (la perspective, l’aspect monarchique du pouvoir) les Etats-Unis ne constituent pas le centre d’un projet impérialiste … L’impérialisme, c’est terminé. Aucune nation ne sera désormais puissance mondiale comme les nations de l’Europe moderne l’ont été … le concept d’Empire est caractérisé fondamentalement par une absence de frontières : le gouvernement de l’Empire n’ a pas de limites … régime qui englobe la totalité de l’espace ou qui dirige effectivement le monde ‘civilisé’ dans son entier … A la fois système et hiérarchie, articulé horizontalement … Construction centralisée de normes et production de légitimité … La loi supranationale surdétermine puissamment la loi domestique … dont un fruit significatif est le ‘droit d’intervention’ … droit de police légitimé par des valeurs universelles … Un ordre mondial, une justice et un droit qui restent virtuels mais ne s’en appliquent pas moins à tous … Les pouvoirs d’intervention de l’Empire ne débutent pas avec ses armes de force létale, mais plutôt par ses instruments moraux … Intervention morale pratiquée par une grande variété de corps organisés incluant les nouveaux moyens de communication de masse et les organisations religieuses, les plus importantes pouvant bien être les fameuses ONG, qui sont censées agir sur la base d’impératifs éthiques ou moraux (rigolade générale) dénonçant publiquement les ‘pécheurs’, l’Ennemi, et laissant au bras séculier le soin de traiter matériellement le problème (L’Inquisition de jadis et le bras séculier à son service) … L’intervention morale devenue force d’avant-garde de l’intervention impériale, premier acte préparant l’étape suivante de l’intervention militaire Interventions exceptionnelles même quand elles surviennent continuellement, prenant la forme d’actions de police parce qu’elles visent à maintenir un ordre interne … Toute guerre impériale est une guerre civile, une opération de police (la répartition des tâches entre armée, instrument extérieur du pouvoir, et police, instrument intérieur,  est de plus en plus vague) … Le pouvoir s’exerce maintenant par des machines qui organisent directement les cerveaux (par des systèmes de communication et des réseaux d’informations…) et les corps (par des systèmes d’avantages sociaux et des activités encadrées…) vers un état d’aliénation autonome … Intensification et généralisation des appareils normalisants de la disciplinarité qui animent de l’intérieur nos pratiques communes et quotidiennes ; mais au contraire de la discipline, ce contrôle s’étend bien au-delà des sites structurés des institutions sociales, par le biais de réseaux souples, modulables et fluctuants … Les différences sont célébrées dans une perspective culturelle, considérées comme contingentes et culturelles et non plus comme biologiques et essentielles. On estime qu’elles n’affectent pas la zone centrale de consensus qui caractérise les mécanismes d’intégration de l’Empire. Ce sont des différences non-conflictuelles, que l’on peut mettre de côté lorsque cela est nécessaire (on reconnaît le fameux ‘vivre ensemble’) … Aux Etats-Unis elles sont célébrées dans le cadre du multiculturalisme et sous couvert d’intégration universelle (jadis, les différences linguistiques, culturelles et ethniques étaient même des facteurs de stabilisation car on pouvait les utiliser comme une arme pour combattre  d’éventuelles organisations syndicales, – Le pouvoir de l’Empire pourrait s’en souvenir). »

Considérations éparses de Suzanne Berger dans son ouvrage, Notre première mondialisation, histoire d’un échec oublié.

« Voici cent ans, les pays développés d’Europe occidentale et d’Amérique étaient engagés dans un processus de mondialisation analogue à celui que nous connaissons aujourd’hui, avant qu’il ne se fracasse sur la première guerre mondiale … La période qui s’étend des années 1870 à la Grande guerre est bien celle de la ‘première mondialisation’. L’internationalisation de l’économie y atteignit, dans les domaines du commerce et de la mobilité des capitaux, un niveau qu’elle ne retrouvera qu’au milieu des années 1990 … Quelques 55 millions d’Européens s’installèrent dans le Nouveau Monde … Des pays comme l’Irlande ou la Suède perdirent au moins 10% de leur population par décennie … Les travailleurs pouvaient franchir les frontières sans qu’on leur demande ni passeport, ni permis de séjour ou de travail (ce bien avant ‘l’espace Schengen’) Les Français envoyaient leur épargne partout dans  le monde, et particulièrement en Russie (grâce à la corruption de la presse financière essentiellement par les Russes, un peu par les banques françaises et même par le gouvernement français – Rien de nouveau donc en matière de corruption, même si on savait dès cette époque que les journalistes étaient payés pour tromper le public), dans l’Empire ottoman et en Amérique latine. Et déjà les industriels français délocalisaient leur production pour s’implanter en Europe de l’Est, en Asie mineure et ailleurs … Le dirigeant socialiste belge Emile Vandervelde exprimait un consensus en soutenant que l’autarcie nationaliste allait à l’encontre de l’idéal internationaliste du socialisme qui voulait abolir les frontières, la gauche internationaliste vit dans cette mondialisation une occasion de sceller la solidarité des travailleurs par-delà les frontières (incorrigible stupidité socialiste, curieusement nos socialistes actuels endossent le même refrain appuyant la mondialisation si plaisant aux oreilles capitalistes quand ils bavent haineusement sur le nationalisme et le populisme) … La fin de la première mondialisation nous apprend que l’intégration économique internationale n’engendre pas forcément un ordre mondial fondé sur des échanges pacifiques entre les nations … les grands acteurs économiques se montrèrent incapables de freiner la course à la guerre … La City de Londres qui s’était opposée à tout engagement britannique, se tut dès la déclaration de guerre … Les liens internationaux d’un système économique mondial ne génèrent pas spontanément l’ordre et la sécurité (au contraire, engendrent-ils le terrorisme d’abord). »

Ci-dessous extraits remaniés et simplifiés de l’ouvrage de Peter Sloterdijk, Le palais de cristal, à l’intérieur du capitalisme planétaire sur la mondialisation-globalisation. Il n’a pas toujours été facile de présenter des citations, aussi certaines des idées intéressantes de l’auteur ont été résumées, synthétisés, différemment (caractères non en italiques)

« Le voyage de Colomb donne le signal de la désorientation des intérêts européens … C’est à elle qu’il faut attribuer le fait que la globalisation signifie toujours  ‘occidentalisation’ … ‘l’Ouest’ qui était la région du déclin du soleil (zone de la mort chez les Egyptiens)  se vit alors attribuer un rôle considérable (jusque à la ruée américaine vers l’ouest) … Chaque parcours  était lié à des espoirs de découvertes, de conquêtes et d’enrichissement … C’est l’origine du basculement entre la pensée continentale et la pensée océanique, la pensée-attitude sédentaire et la perspective nomade, processus de grande portée … L’expansion européenne n’a pas sa racine causale dans l’idée chrétienne de la mission, l’action coloniale et mercantile ont plutôt libéré  l’activité de mission, comme un type d’activité autonome, les missionnaires ont sauté sur les bateaux bien plutôt qu’ils ne les ont armés … A propos des brutalités de la colonisation, considérer la décomposition morale dans l’extériorité … ‘Le ‘méchant’ est précisément le ‘bon’ de l’autre morale … les mêmes hommes qui, ‘inter pares’, sont tenus sévèrement par les mœurs, les usages, le respect … et plus encore par la surveillance mutuelle  … si attentionnés dans leurs rapports entre eux …ne valent guère mieux, à l’extérieur, là où commence le monde étranger,  que des bêtes fauves déchaînées. Là ils jouissent de l’affranchissement de toute contrainte sociale, ils se libèrent de la tension qui résulte de leur long emprisonnement, de leur séquestration dans la paix de la communauté’ (Nietzsche) … Les voyages ‘aller’ des Européens vers les Autres contrebalancés aujourd’hui par un trafic croissant dans le sens inverse (d’où multiculturalisme) … Les sociétés globalisantes multiplient les soi sans lieu (comme jadis les colonisateurs, qui portaient en eux et au loin, outre leurs conceptions religieuses, leurs modèles dynastiques) mais aussi les lieux sans soi (lieux de transit, de circulation, gares, ports, aéroports, centres commerciaux, foyers d’hébergement, villages de vacances, villes touristiques…). »

Ci-dessous, deux extraits de l’ouvrage d’Yves Eudes, La conquête des esprits, l’appareil d’exportation culturelle américain.

 « La raison de fond de l’intérêt évident des Etats-Unis pour l’exportation culturelle est que, au moins depuis la seconde Guerre mondiale, la classe dominante américaine est habitée par un projet cohérent et explicite de leadership planétaire … ‘L’Amérique a toujours été la Cité sur la Colline de laquelle doit rayonner une nouvelle conception de la façon dont les hommes pourraient vivre ensemble et se gouverner’ … On retrouve la ‘nation universelle qui poursuit des idées universelles’ chère à Jefferson … L’envergure et l’intensité de la campagne mondiale autour des droits de l’homme révèle avec éclat l’importance fondamentale du facteur idéologique aux yeux des dirigeants américains … la confiance en soi de la classe dominante américaine et son expertise en matière idéologique : car il s’est agi … pour l’Amérique de monopoliser à son profit la défense des droits de l’homme sur la scène internationale, en dépit de son lourd passif dans ce domaine (Hiroshima, entre autres atrocités américaines) … Culture qui se véhicule grâce à la langue anglaise … qui est surtout la langue des mass média, langue retaillée, refaçonnée pour les mass média, concision, impressionnisme, souplesse, capacité infinie d’innovation, son hégémonie est donc naturelle … ‘Chaque continent et chaque peuple a le droit d’attendre des Etats-Unis des conseils et des inspirations’ et l’Amérique doit s’engager de la même manière’ (Zbignew Brzezinski, fondateur et haut dignitaire de la Commission trilatérale) … promouvoir la naissance ‘d’élites transnationales’ composées d’hommes d’affaires, de savants, de spécialistes et de hauts fonctionnaires … La classe supérieure de chaque société locale nettement identifiable que tout désignait comme la cible idéale, contrôler par le biais des classes dominantes locales … Des sous-stratégies distinctes pour ceux qui détenaient le pouvoir d’une part et les  personnes dites influentes, les leaders d’opinion d’autre part … On renoue avec le schéma classique et même antique de l’organisation impériale informelle où la fiction des souverainetés pouvait être maintenue car les élites locales s’identifiaient au maximum avec les classes supérieures de la métropole et entretenaient la dépendance de leur pays en agissant comme une classe relais plutôt que comme une classe dominante … La gigantesque campagne  internationale pour la ‘libre circulation de l’information’ (a l’avantage de ceux qui en ont les moyens technologiques), et dont le corollaire implicite était de créer tous les obstacles possibles au relèvement (immédiat après-guerre) ou à l’émergence d’appareils culturels et idéologiques internationaux concurrents … Utilisation du capital de prestige de l’UNESCO, l’instrument par excellence de la libre circulation des experts américains, pour implanter leurs écoles de communication, professeurs, méthodes et valeurs … Réseau d’exportation idéologique favorisé par la guerre froide … ‘Cultural package / political freight’, la culture doit constituer l’emballage d’une marchandise politique … Les services psychologiques de l’Armée et surtout la CIA vont constamment accroître leurs activités , en se spécialisant bien sûr dans la propagande ‘noire’ (diffusion de fausses nouvelles, campagne de diffamation, création d’organismes camouflés sous une raison sociale quelconque, soutien matériel et financier d’organismes étrangers… et bien sûr activités plus violentes et plus sanglantes). »

« Le mouvement civilisationnel issu de la dépendance qui se traduit par l’adoption … du ‘modèle américain’ par les classes dominantes locales … Le grand projet futuriste cher aux idéologues américains : la création d’une vaste élite transnationale, d’une nouvelle classe proche, sinon intégrée, à la métropole … vaste système intercontinental … avec l’exclusion pratiquement définitive de la masse de la population … Déplacement intercontinental perpétuel et perte de contact avec le pays d’origine, éloignement culturel et méconnaissance des courants au sein des masses populaires … Immense promotion concrète et symbolique pour les catégories sociales qui se sont délibérément mises au service des Etats-Unis pour des motifs d’intérêts matériels et de calcul politique … La pratique experte de la culture américaine constituant l’un des signes de l’appartenance à l’élite, la recherche délibérée de l’acculturation devient une nécessité pour ceux qui veulent s’approcher du bloc dominant et se démarquer des classes défavorisées … La demande est donc forte … L’anglais, idiome de classe … Il s’agit non de ‘bourgeoisie de richesse et de pouvoir’ mais de ‘bourgeoisie ‘d’idées et de mœurs’ (Alain  Touraine) … C’est par le détour de ‘l’intimité culturelle’ qu’une alliance fondée sur une coalition d’intérêts peut déboucher sur l’émergence d’une bourgeoisie transnationale garante de la cohésion et de la pérennité du système de dépendance … La puissance suzeraine et tutélaire étant justifiée par son énergie, sa créativité, sa capacité à résoudre les problèmes, ce qui implique un message culturel et politique … Combien peut être judicieux un thème  comme celui de l’égalité des sexes : sujet brûlant, les Etats-Unis modèle, progrès importants possibles sans bouleverser les structures existantes, nulle évocation possible de la dépendance (au contraire, celle-ci ne pourrait qu’être désirée pour ceux qui souhaitent cette évolution libération sociale, hautement novatrice) … La dépendance travestie en une espèce de Plan Marshall pour le tiers monde … mais la culture nationale peut devenir un lieu stratégique de la résistance à ‘l’interdépendance’  … Ajoutée à la communauté d’intérêts, la dénationalisation complète des élites périphériques feraient d’elles des segments localement implantés de la classe dominante métropolitaine, des ‘créoles’, des colons, des proconsuls en terre étrangère. Le projet futuriste de ‘l’élite transnationale’ est en fait extrêmement classique, voire archaïque : il vise à rétablir un système d’exploitation et de contrôle aussi vieux que le concept même d’empire. » – L’auteur, Yves Eudes, paraît bien optimiste sur cette possibilité de résistance. Cette ‘élite transnationale’ (dont les Européens Bruxellois) usera de tous les trucages (elle l’a déjà maintes fois montré) pour garder son pouvoir. Si les trucages échouent, reste l’assassinat pur et simple des meneurs des récalcitrants. Les Etats-Unis le pratiquent déjà à l’échelle du monde, leurs laquais locaux ne reculeront pas.

Ci-dessous, extraits du livre d’Ulrich Beck : Qu’est-ce que c’est que le cosmopolitisme ?

« Les identités cosmopolitiques. La logique du ‘ou-bien-ou-bien’ a été remplacée par celle du ‘et-et’, caractéristique de la distinction inclusive (comment ne pas penser au ‘en même temps’ d’Emmanuel Macron). Ici s’ébauche une image de l’identité qui se sert librement dans le grand mécano des identités mondiales, et fait de l’image de soi une inclusivité croissante … La globalisation des émotions ou la formation d’une compassion cosmopolitique qui oblige à agir (le plus souvent à tort et à travers,  interventions dites humanitaires) … Les liens culturels, les loyalismes et les identités ne s’arrêtent plus aux frontières et aux contrôles nationaux … Principes de l’optique cosmopolitique : – Expérience de crise de la société mondiale, interdépendance et communauté de destin civilisationnel, les risques touchant tout le monde et contribuant à l’optique cosmopolitique – Reconnaissance des différences au sein de la société mondiale et curiosité (limitée) pour l’altérité des autres – Empathie cosmopolitique et interchangeabilité virtuelle des situations – Principe de mélange, cultures et traditions locales, nationales, ethniques, religieuses s’imprègnent, s’associent, se mélangent … Le globalisme n’est pas que la mondialisation économique, il déplace sans entraves les capitaux, les produits et les hommes en faisant fi des frontières … La cosmopolitisation inclut l’apparition de loyalismes multiples, ainsi que la multiplication des modes de vie transnationaux variés, l’importance croissante d’acteurs politiques non étatiques (OMC, Amnesty international…) et de mouvements globaux de protestation, avec la création d’opinions publiques qui transcendent les frontières … Il n’est plus possible d’apporter une seule réponse stabilisée à long terme à la question ‘Qui-suis-je ?’, ‘D’où suis-je ?’ … Le cosmopolitisme est lui-même devenu une marchandise, l’attrait de la différence culturelle se vend bien, illustrée dans l’immense brassage de plats, de produits alimentaires, de restaurants et de menus que l’on ne s’étonne plus de trouver dans toutes les villes, aux quatre coins du monde … comme dans la musique où, là aussi, la profusion est de mise. »

Ci-dessous, extraits d’un livre de Flora Montcorbier, Le communisme de marché, de l’utopie marxiste à l’utopie mondialiste, soulignant les rapprochements entre les deux utopies, notamment le caractère universel et autoritaire.

 « Ce communisme de marché, plus communément appelé mondialisme, ne partage pas seulement avec son défunt frère ennemi, le planificateur, la vision radieuse du but final. A mêmes causes, mêmes effets : pour changer le monde, il ne se cache guère lui aussi de devoir changer l’homme. Leçons de morale, famines organisées et tapis de bombes comme il se doit. Le mondialisme ne connaît pas d’ennemis … Il offre à l’humanité tout entière ordre et progrès … mais il lui faut, et à répétition, se croiser au nom de la paix pour tenter de réduire à néant les récalcitrants qui ne s’en satisfont pas … Tout grand centre de développement capitaliste, autocentré d’abord, ne peut que tendre à l’hégémonie sans bornes fixées, c’est-à-dire, tendanciellement, mondiales … Convergence entre l’universalisme de l’utopie communiste, et la dynamique du mouvement déterminé par le besoin d’expansion économique à tout prix … ‘La tendance à créer un marché mondial est incluse dans le concept même de capital’ (Marx), l’universalité devient un fait … comme la centralisation des moyens de production, à commencer par la terre, est le préalable obligé de toute gestion collective, la gestion peut ne pas être centralisée mais elle doit être mondiale, uniforme et potentiellement unifiée … L’utopie du capital comme l’utopie communiste ont à triompher universellement pour réaliser leur essence … Aspect commun aux deux utopies : poser le développement économique comme l’aspiration centrale de l’humanité dont tout le reste découlera … La forme de la propriété est seconde … Le mondialisme lui aussi doit forcer les choses, déporter les populations, annihiler plusieurs siècles de civilisation … Le communisme de marché, le mondialisme, exige de tous, et non plus des seuls dirigeants, une participation active à la réalisation de son utopie …  Si pour le marxisme, l’homme est à créer, à étoffer … pour le mondialisme il est, au contraire, à amenuiser, à réduire, à zombifier. Il doit donc faire appel, en guise de supplément d’âme, à un humanisme moralisateur, à un écologisme de compensation et à un pacifisme universel destinés à masquer sa destruction inévitable de l’homme, de la nature et de la vie sociale … Instaurer une véritable religion de l’humanité (droits de l’homme, bras armé, dogmes, morale pour tous qui a pour nom l’anti-racisme, édifiée par médias et écoles et tout rapport social ou professionnel, saints, martyrs et réprouvés qui cultivent le Mal, par perversité…), se suffisant à elle-même, et capable d’englober, en les dévitalisant, les anciennes religions particulières … Est taxé de racisme tout refus de la zombification, tout attachement à une forme de vie … Son homme nouveau, c’est le zombi … ‘Au gouvernement des hommes doit succéder l’administration des choses’ (formule saint simonienne, puis marxiste, est aussi celle du mondialisme) … Ce qui suppose que l’activité économique parvienne à s’autonomiser de ses propres conditions d’existence : la terre, la vie sociale et l’homme. »

Ci-dessous, considérations simplifiées tirées du très dense livre d’Armand Mattelart, Histoire de l’utopie planétaire reprenant l’immense histoire de l’aspiration à l’unité de l’humanité (pour des raisons nobles ou moins nobles). Ces extraits, je répète très simplifiés, auraient pu se trouver également à la rubrique Idéologies, Utopies, Doctrines, 175, 6

« ‘Le marché est en passe de réussir là où ont échoué les grands empires et les grandes religions : fusionner l’ensemble des êtres humains dans une communauté globale’ : ce leitmotiv a pendant près d’un quart de siècle nourri les discours des nouvelles élites de l’économie mondialisée. Sans le dire, elles ont habillé leur projet de totalité mercantile d’images puisées dans la longue tradition de l’imaginaire du rassemblement du genre humain qui a accompagné l’expansion du capitalisme occidental depuis le XVI° siècle. La crise contemporaine du modèle libre-échangiste d’ordonnancement de la planète repousse les bornes de l’horizon indépassable qu’il fixait à l’humanité et ravive la mémoire des utopies enfouies. »

« La sémantique du global s’est peu à peu installée dans les années soixante-dix comme figure obligée du discours managérial sur l’état et l’avenir du monde. » – Sur le lexique fonctionnel du monde des méga-entreprises : for the Benefit of Mankind (general electric aerospace) ITT at the service of Men and Nations…

« L’image des paradis perdus de la fusion communautaire plane sur les promesses de réconciliation. On y décèle alternativement ou conjointement, la nostalgie de l’unité anté-babélienne, de l’agora platonicienne, des communautés chrétiennes originelles, de l’état du bon sauvage, de l’unité chrétienne perdue après le Moyen Âge et de bien d’autres âges d’or enfouis. »

« Théorie de Tocqueville, du ‘niveau zéro’, d’après laquelle la diffusion sans limites des idées et des coutumes conduirait les peuples à se fondre dans un ‘seul tout mental’ par un phénomène de contagion semblable à celui qui régit la foule. »

« Le projet du messianisme chrétien, ‘toute l’humanité ne sera qu’une famille’ (saint Jean ?), Catholicisme signifie totalité et universalité en grec, le lien chrétien – Romanisation, christianisation, féodalisation, l’humanisation de la Renaissance – Campanella, ‘La cité du soleil’ – Thomas More, ‘L’utopie’ – L’abbé de Saint-Pierre, la société permanente du ‘Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe’, ‘Toute l’Europe ne devrait être qu’une foire générale et commune’  – Louis-Sébastien Mercier, ‘L’an 2440. Rêve s’il en fut jamais’, ‘Accoutumer nos enfants à regarder l’univers comme une seule et même famille rassemblée sous l’œil du père commun’ – Adam Smith, un seul marché, un seul atelier, division du travail et communication – La standardisation des mesures, la définition du ‘mètre’ par la Révolution française – Condorcet et ‘l’illumination générale des esprits’, ‘la réunion générale des savants du globe dans une république universelle des sciences’ – Volney, ‘Aujourd’hui, vous allez délibérer pour l’univers et dans l’univers. Vous allez … convoquer l’assemblée des nations’ – Danton, ‘le patriotisme sans autres bornes que l’univers’ – Anacharsis Cloots, ‘La république universelle (qui remplacera tout) ou Adresse aux tyrannicides’, ‘Souveraineté universelle’, ‘Nation unique’, ‘Peuple humain’, Révolution en France commencement de la ‘révolution du monde’ (cet Internationaliste finira guillotiné en 1794) – Saint-Simon, Gérer la société et le globe comme une grande industrie, ‘‘Tout par l’industrie, tout pour elle’ – Désormais, le globe symbolise un monde en chantier qu’il faut organiser …’l’économisme et le socialisme, ces deux frères ennemis, ont bien plus de points communs qu’on croit d’ordinaire, ils dérivent d’une même source’ (Durkheim) – Les symboliques successives de la route, de la mer, du rail, aujourd’hui celle du ciel, inépuisables sujets des apologistes de la communication et de l’universalité … Par les voies de communication, le brassement des nations et des races, qui ne s’opérait que dans les fournaises de la guerre, s’effectuera dans de douces étreintes – Auguste Comte et la religion de l’humanité, ‘Nous sommes tous les membres des uns des autres’, ‘Quand nos travaux auront assaini la planète humaine’ – Fourier et l’humanité socialiste, l’unité de l’univers, les phalanstères, ‘passage de l’incohérence à la combinaison sociale’ – Le socialisme, doctrine de la conciliation, de la communion, l’avènement du ‘cosmopolitisme démocratique’, comment ne pas admirer la prescience de Marx et Engels qui, plus d’un siècle et demi à l’avance, anticipent la mondialisation de l’économie capitaliste – Les innombrables penseurs et systèmes utopiques de la fin du XVIII° et du XIX° siècles : Owen, Cabet, Pierre Leroux, Louis Blanc, Babeuf… – L’union télégraphique internationale, L’union postale, ‘la société de navigation aérienne’ de Nadar (1863) et Victor Hugo’ ‘Toute la terre sera compatriote’, Jules Verne et ‘Robur le conquérant, maître de l’Icarie’ concluant que ‘les nations n’étaient pas encore mûres pour l’union’ – H. G. Wells, le rapport entre la communauté mondiale et l’aéroplane – Kropotkine et Elisée Reclus, ‘Hâter l’avènement de la Grande Patrie’ où la civilisation aura ‘son centre partout, sa circonférence nulle part’ – La fonction planétaire du cinématographe – Les ligues de paix et la doctrine humanitaire (la Croix-Rouge d’Henri Dunant, 1864) – Anatole France, ‘L’an 220 de la fédération européenne, soit l’an 2270 de l’ère chrétienne’ – Les grandes campagnes bellicistes nord-américaines (invasion du Mexique et son amputation, de Cuba, de Puerto Rico et des Caraïbes, des Philippines…), Théodore Roosevelt et la politique du ‘big stick’, corollaire de la doctrine Monroe, le délire messianique frise le délire, ‘Manifestation de la volonté divine’, ‘Dessein de la Providence’ (Quelque chose a-t-il changé aujourd’hui ?) – Sri Aurobindo et ‘The Ideal of Human Unity’ – Woodrow Wilson, ‘chef spirituel’, ‘Apôtre de l’idée de société des peuples’ en Europe, la ‘Société des Nations’, SDN), homme de la continuation du ‘big stick’ près de chez lui (Haiti, Mexique encore) – A partir de la fin de la première guerre mondiale, le ‘concept historique d’âge de l’impérialisme prend un aspect eschatologique et encourage l’agitation politique pour un nouvel ordre mondial’ – Boukharine, ‘L’Internationale, qui subordonnera les intérêts dits nationaux aux intérêts de la révolution mondiale…’ – Renouant avec la tradition eschatologique, les grands récits de la conquête spatiale ouvrent à la notion de ‘grande famille humaine’ un champ d’expansion infinie, ‘village global’, ‘global thinking’ et ‘global citizenship’ – Le jésuite, Pierre Teilhard de Chardin, ‘le Phénomène humain’, la notion de ‘planétarisation’ ou de ‘prise en masse de l’humanité’ – L’expansion des réseaux de communication et d’information. » (considérations historiques éparses)

Ci-dessous, extraits résumés et simplifiés du livre de l’Américain Benjamin Barber, L’empire de la peur, terrorisme, guerre, démocratie sur l’Amérique, la puissance américaine, son arrogance politico-militaire. Car mondialisation signifie américanisation (mais en tant que valets pour les non-Américains). Ou ce que nous réserve la mondialisation, ou plutôt, ce qui est déjà, aux applaudissements des laquais européens.

« ‘En tant que peuple attaché aux droits civils, nous sommes amenés à définir les droits humains des autres’ (G. Bush) … Depuis sa fondation, l’Amérique s’est attribué un caractère exceptionnel l’exemptant des lois qui gouvernent la vie et le destin des autres nations … Vertu de la ‘pax américana’ et  efficacité de la peur … Au nombre des mythes ‘exceptionnalistes’ qui enflamment l’imagination américaine, celui de l’innocence prime peut-être sur tous les autres … On imagine l’orgueil démesuré avec lequel une nation qui avait d’elle-même cette image (homme nouveau, nouvel essor, nouvelle législation, nouveau mode de vie, nouvelle organisation sociale…) risquait de la projeter un jour au-delà de ses frontières … Une certitude unique : le mal est étranger, la vertu est américaine … Le mythe de l’innocence colore et concourt à expliquer la doctrine de guerre préventive de l’administration Bush … Depuis ses premières entreprises au Mexique avant la guerre de Sécession j’usqu’au Vietnam (en passant par sa guerre de 1898 avec l’Espagne pour s’emparer des Caraïbes), l’Amérique a toujours réussi à tirer de son chapeau des mobiles idéalistes pour justifier des interventions difficilement assimilables à la légitime défense, et que les réalistes imputaient à l’intérêt personnel et à l’ambition … ‘Nous nous étions crus une nation moralement supérieure aux autres, dénués de toute ambition primitive et brutale, interposant notre ‘poids moral’, des rêves ! La nature humaine est partout la même’ (William James) … De la déclaration d’indépendance à ‘l’axe du mal’, les dirigeants américains ont conçu les  intérêts américains en termes de vertu universelle …’L’Amérique est la plus grande nation, peuplée des gens les plus honnêtes sur la surface de la terre’ (G ; Bush) … L’Amérique recourant au même langage biblique (qu’Al-Qaida) pour condamner une Al-Quaida conduite par les agents du mal … Le plaidoyer ‘pro domo’ par lequel elle se persuade elle-même de posséder des prérogatives extralégales de nature unique, fondées sur sa vertu exceptionnelle … Si la guerre préventive est morale pour l’Amérique, le reste du monde devrait avoir le même droit (essayez donc) … Afin de présenter des Etats souverains, qui ne répondent manifestement pas aux caractérisations de la guerre préventive, comme des cibles justifiées, on introduit des qualificatifs flous, comme ‘Etat voyou’ … Leurs droits leur furent confisqués à cause de l’étiquette de ‘voyou’ … La vulnérabilité (des Etats) l’emporte sur la culpabilité (des terroristes, plus difficiles à matraquer) … Ce sont les Etats-Unis qui ont fourni à l’Irak une grande partie de ses armes chimiques et biologiques à une époque où ils soutenaient ce pays contre l’Iran … L’Amérique a armé et soutenu les moudjahidin contre les Soviétiques (et Ben Laden) en Afghanistan  dans les années 80 … Elle accusa les Irakiens de violations explicites que nia le chef des inspecteurs des Nations unies, Hans Blix. Elle fabriqua quelques-unes de ces preuves, manipula et déforma les rapports des services de renseignement, ou mentit simplement (mais historiquement, l’Amérique n’en a jamais été à un mensonge près, d’autres aussi) … ‘Nous vous trouverons, nous vous empêcherons de nuire, nous vous détruirons. Point. Rien ne dépend de vous’ (G. Bush), soit on ne peut même pas négocier, se rendre, se soumettre … L’Amérique use d’un vocabulaire moralisateur et cassant, et s’étonne que ses adversaires se sentent provoqués …Les Américains ne se contentent pas de presser les autres d’écrire leur histoire démocratique, vite et sans compliquer. Ils leur enjoignent aussi de le faire à l’américaine, comme si américanisation et démocratisation étaient une seule et même chose (mais on sait bien que l’important seul est la ‘marchandisation’), comme si les Etats-Unis détenaient les droits de propriété et un brevet politique sur la quintessence du processus démocratique … ‘La promenade de santé’ (qualifiant la conquête de Bagdad), formule bouffie d’orgueil, exercice d’autoglorification de l’impérialisme des gros bras résolus à se montrer à la hauteur de leur propre battage publicitaire. »

Ce qui suit, très succinct, essentiellement tiré d’Ignacio Ramonet dans Propagandes silencieuses ne signifie pas qu’une autre domination (issue du terrorisme, par exemple) serait préférable, encore bien plus brutale, elle serait, et à coup sûr, elle, plus ignoble. Comment peut-on confier le sort de la planète à un pays qui depuis le génocide des Indiens et la tradition des massacres collectifs dans sa conquête de l’Ouest n’a jamais, jamais, cessé d’opérer avec une  brutalité extrême ? Mensonges systématiques, manipulations éhontées, préparation de la guerre totale dés que ses intérêts courent le moindre risque, « Les Américains voulaient cette guerre dés le premier jour » (Jean-Pierre Chevènement, sur le Koweit – mais comme toujours et partout), racisme déclaré et institutionnalisé, massacres de masse (villages vietnamiens, bombardements des villes, Tokyo, villes allemandes passées au phosphore…), humiliantes tromperies adressées à l’ex-URSS (promesses de dissolution de l’OTAN et respect de l’intégrité territoriale), haine féroce contre l’actuelle Russie (le seul obstacle spatial, politique, culturel et religieux à la hideuse mondialisation), ignominies soutenues par Hollywood et toute la machine médiatique mondiale. « Le japonais est le guerrier le plus ignoble, le plus cruel du monde. Il nous faut donc le battre avec ses propres armes » (Consigne de l’US Navy à ses recrues) – « La joie de rôtir les jaunes au lance-flammes. » (John Wayne dans Iwo-Jima) – « Un Vietnamien vivant, c’est un suspect vietcong ; un Vietnamien mort, c’est un véritable vietcong. Un paysan qui s’enfuit est un vietcong, s’il ne s’enfuit pas, c’est un vietcong intelligent ; dans les deux cas, il faut l’abattre.  Comptez les prisonniers seulement à l’arrivée de l’hélicoptère, pas au départ, vous n’aurez pas à rendre compte de ceux qui seraient tombés en vol. » (consignes militaires). Qu’on n’imagine pas que les auteurs des crimes gratuits d’Hiroshima et de Nagasaki se sont conduits différemment sur d’autres théâtres d’opérations. « La logique extravagante qui réglemente les agressions américaines … Des excès de brutalité qui paraissent dériver d’un certain nombre de rites, de règles et de valeurs qui ordonnent le fonctionnement même de la société américaine. » (Peter Davis – Cœurs et Esprits) – Réussir, c’est écraser l’autre.

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