475,1 – Liberté, Libération / Servitude, Servilité, Soumission

– Liberté, faculté qui découle de la non-programmation de l’espèce. S’exerce aussi bien dans le négatif (le Mal, prix de la liberté, du libre arbitre) que dans le positif (pour éviter les termes de Mal et de Bien). L’homme, ni ange, ni bête, potentiellement l’un et l’autre.

– A la chute biblique, nous avons reçu en même temps la liberté et le mal.

– Bien suprême, avant la bouffe et l’eau. N’existe qu’en démocratie et que grâce à celle-ci. Mourir pour elle (plutôt, faire mourir les autres).

– Rien ne serait plus effrayant que de vivre sans limites, sans balises.

– Les limites objectives de notre liberté sont assez étroites, nous sommes soumis à :

. Au temps (naissance, mort, notre époque, l’état du monde alors…).

. A l’espace (notre lieu, l’état du monde ici).

. A nous-mêmes : hérédité, corps, esprit, tempérament, qualités, faiblesses…

. Aux interactions entre notre milieu et nous : famille, éducation, hasard, expériences…

. Aux contraintes imposées par chacune de nos décisions, par chacun de nos choix ; par eux nous nous fermons à l’infinité des autres possibles.

Egalement, l’attention qu’on peut porter à quelque vision externe (personne, objet, paysage…) s’impose à nous ; on peut certes voir  la chose comme on l’entend, mais on ne peut pas faire que sa réalité, sa structure, son apparence ne s’imposent, ou s’opposent, à notre perception émotionnelle. Le réel est.

– Suivant Alexis de Tocqueville, la liberté serait incompatible avec l’Etat-providence, lequel engendrerait le despotisme de l’égalité. 

– Il est curieux de constater que le mot de liberté a été réduit à l’aspect politique, de peu d’importance dans la vie quotidienne (sauf excès bien entendu, communisme, pathologie de l’universel ; nazisme, pathologie de la différence…). Alors que beaucoup de gens se sentent quotidiennement et réellement piégés par leurs propres choix personnels ou les circonstances (couple déchiré, engagements, crédit, vieux parents, enfants abusifs, maladie invalidante et son issue, lieu de travail, lassitude…). Cette exclusivité donnée au côté le moins important n’a-t-elle pas pour but de concentrer, comme d’habitude, l’attention du Gogo sur l’accessoire, le politique ?

– Les fameuses libertés individuelles, souvent illusoires, se payent d’insécurité. Ou on les limite un tout petit peu ou la violence, l’horreur, la fraude prolifèrent. On connaît le choix des sociétés suicidaires comme la nôtre (où des excité(e)s refusent même des caméras de surveillance – comme si les faits et gestes de leurs petites personnes présentaient le moindre intérêt).

– Deux formes, quasiment incompatibles de la liberté : l’une, se soustraire au déterminisme, le pouvoir de nier toute situation constituée, de transcender le donné, de s’arracher à tout ce qui est, imposer à l’homme l’impératif de se déraciner continuellement (Rousseau, Kant, Sartre) – ou bien l’autre, problématique du lien, de l’attachement à respecter, pour l’individu et la communauté, somme de fidélités et d’habitudes composant un univers personnel qu’il s’agit à la fois de protéger et de partager (Albert Camus, George Orwell). On voit quel type de liberté privilégie la modernité (le désordre perpétuel et organisé), le capitalisme et son allié le gauchisme, on voit quelles libertés ces doctrines dominantes combattent par tous les moyens.

– Ne pas confondre liberté intérieure (indépendance et d’addictions et d’esprit) qu’on n’évoque surtout pas et liberté extérieure (celle de faire n’importe quoi) objet de tous nos soins.

– La liberté est aussi un poids. Sans se prononcer sur la validité profonde de ces mesures : si je peux décider d’avorter, ou de ne pas avorter, si je peux décider d’exiger l’euthanasie, ou de la refuser, ma décision ou mon refus peuvent  me valoir désapprobation d’autrui et même publiquement ; si je suis seul responsable de ma réussite, je n’ai aucune excuse à échouer, je suis l’incapable… D’où l’utilité évidente de la thématique de la lutte des classes qui rejette la responsabilité de l’incapacité sur un système social injuste et inégalitaire.

– Jadis, chez les Grecs, si on se fie à l’étymologie, le critère de la liberté était dans le ‘Je-peux’ et non dans le ‘Je-veux’.

– « La Renaissance a été une grande époque parce qu’elle n’a pas cherché à résoudre des problèmes sociaux et que ces préoccupations ne l’intéressaient pas ; elle a permis à l’individu de se développer librement, naturellement, dans la beauté ; c’est pour cela qu’elle a produit des artistes immenses et singuliers et des hommes immenses et singuliers. » (Oscar Wilde) – Regardons en comparaison ceux de maintenant.

– « Nous n’aimons plus la liberté. Nous voulons que l’on ménage notre susceptibilité, que l’on interdise par la loi les idées qui nous choquent. Nous observons un incroyable rétrécissement de ce qui peut se dire. Et donc se penser. » (Elisabeth Lévy) 

– « L’homme est acteur dans une pièce qu’il n’a  pas faite. » (Rivarol)

– « Tu verras ce que l’on gagne à vouloir être libre. » (Alphonse Daudet – La chèvre de monsieur Seguin) – Et encore, si les chèvres sont soumises aux périls, elles ne sont sans doute pas susceptibles d’être atteintes de dépression.

« La (prétendue) liberté, pour quoi faire ? » (Georges Bernanos)

-« Car il n’y a pas d’angoisse plus profondément ancrée au cœur de l’homme que le besoin de trouver à qui il pourrait sacrifier au plus vite la liberté que malheureuse créature, il a reçue en naissant. «  (?)  – Tiré de la légende du Grand Inquisiteur (Les frères Karamazov)

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« La liberté n’est pas un moyen en vue d’un objectif politique plus élevé. Elle est elle-même l’objectif politique le plus élevé. » (Lord Acton – cité par Rémi Brague)

« On doit à Benjamin Constant la formulation qui fait de la liberté de l’individu le résultat d’une ‘soustraction’ : parce qu’elle ne se définit plus, comme chez les Anciens, par la ‘participation active et constante au pouvoir collectif’ mais qu’elle réside dans la ‘jouissance paisible’ d’une indépendance privée retirée à  la ‘compétence sociale’, la liberté des Modernes est soustraite à la politique … Le concept de liberté change de sens. Il ne concerne plus l’égale participation des citoyens à l’exercice du pouvoir mais l’indépendance des citoyens à l’égard du gouvernement ; la liberté des Anciens s’exerçait comme pouvoir, celle des Modernes consiste à être titulaire d’un droit … La liberté est la limite que la puissance publique ne doit pas franchir sous peine d’outrepasser la fonction qui lui est assignée. » (Myriam Revault d’Allonnes)  –  Benjamin Constant serait atterré de voir ce que nos libertés sont devenues.

« Être libre, c’est être capable de renoncer, de faire le deuil des options qui ne sont pas choisies, des libertés qui ne sont pas exercées … Si vous avancez sur le chemin choisi, tout encombré de l’amertume et du regret de de n’en avoir pas pris un autre et sans pour autant rebrousser chemin, vous vous ménagez … du temps bien inconfortable … Inconfort pour inconfort, pourquoi ne pas accepter de faire le deuil des options non retenues ? » (Thomas d’Ansembourg)

« L’absolue liberté offense, déconcerte. » (Louis Aragon)

« Le phénomène de la liberté (est) une qualité intrinsèque du je-peux, ou la coïncidence du je-veux et du je-peux, certainement pas un attribut du je-veux ou du je-voudrais. » (Hannah Arendt)

« La contradiction entre notre conscience qui nous dit que nous sommes libres et par conséquent responsables, et notre expérience quotidienne dans le monde extérieur où nous nous orientons d’après le principe de causalité. » (Hannah Arendt)

 « Ne pouvait donc être libre que celui qui était prêt à risquer sa vie, tandis que celui qui tenait à la vie par un trop grand amour avait une âme non libre et esclave. » (Hannah Arendt) – Sur la civilisation grecque, mais seulement ?

« Le couple, être libre et commencer … Cette liberté qui consiste en un pouvoir-commencer … Cette liberté consiste en ce que nous appelons la ‘spontanéité’, soit, d’après Kant, le fait que chaque homme est capable de débuter de lui-même une série. » (Hannah Arendt)

« Le credo libéral : ‘Moins il y a de politique, plus il y a de liberté’ n’était-il pas juste au fond ? N’est-il pas vrai que l’espace laissé à la liberté est d’autant plus vaste qu’est restreint l’espace occupé par le politique … à l’ampleur du champ qu’elle laisse libre aux activités non politiques en apparence, libre entreprise économique, liberté de l’enseignement, de la religion ou des activités culturelles et intellectuelles. » (Hannah Arendt) – Plus l’Etat envahit, plus les hommes sont ficelés.

« C’est parce qu’il est un commencement que l’homme peut commencer ; être un homme et être libre sont une seule et même chose. Dieu a créé l’homme dans le but d’introduire dans le monde la faculté de commencer : la liberté … Le fait d’être libre et la capacité de commencer quelque chose de neuf coïncident. » (Hannah Arendt)

« Antagonisme  entre ceux qui ‘semblent aimer la liberté et ne font que haïr le maître’ et ceux qui savent que ‘qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle-même est fait pour servir’ » (Hannah Arendt – citant Alexis de Tocqueville) – Notre monde est rempli des premiers.

« La liberté n’est jamais entière, le passé de l’individu délimite la marge dans laquelle joue l’initiative personnelle … L’homme est puissant et libre dans les vastes limites du cercle que la Providence a tracé autour de lui. » (Raymond Aron)

« Aujourd’hui, la liberté se définit dans nos sociétés par le refoulement du principe de réalité et la libération du principe de plaisir, la libération ‘d’eros’. » (Raymond Aron)

« Une classe, un parti, un pays qui prétend au monopole de la liberté et entend que la définition de ce mot soit soustraite à toute controverse est certainement exclu du champ de la liberté … L’esprit libre refuse les marchands de sommeil, pour reprendre l’expression d’Alain, comme les sociétés libres refusent une orthodoxie imposée par l’Etat. L’esprit libre n’est pas celui qui promène sur les choses et sur les êtres un regard indifférent. Il avoue franchement les valeurs qu’il respecte, il ne fait pas mystère de ses préférences, de ses affections, de son hostilité, mais il ne soumet pas les événements à une interprétation toute faite à l’avance. Il est assez sûr de sa volonté pour ne pas avoir besoin que le monde la confirme chaque jour. Il n’attend pas que l’Histoire ou quelque autre idole ancienne ou nouvelle lui donne raison. » (Raymond Aron)

Abus, entre mille, du mot liberté, la liberté de la femme invoquée par les partisans de l’avortement « Il est étrange de fonder la liberté sur le meurtre et le refus de la vie. » (Jean Baechler) –Toutes considérations autres mises à part.

« Là où grandit la liberté, grandit aussi la possibilité du démoniaque, c’est sans doute un des enseignements de l’Apocalypse de Jean. » (Père Hans Urs von Balthasar)

« Le despotisme fait illégalement de grandes choses. La liberté ne se donne même pas la peine d’en faire légalement de petites. » (Balzac)

« Tu prends tes désirs pour la réalité, tu prends ton bon plaisir arbitraire et totalitaire pour la liberté. Tu crois prendre le large et tu tombes dans le vide. L’euphorie de la satisfaction illusoire ne dure pas. » (Père Alain Bandelier)

« Nulle part aujourd’hui les abus de la liberté ne sont plus flagrants que dans le secteur du marché mondial ‘made in America’ où, au nom de la liberté, on a lâché la bride au monopole, à la cupidité, au narcissisme et à l’anarchie ; et où le capital privé mondial, le narcissisme du consommateur et le commercialisme exubérant passe pour des signes avant-coureurs de la démocratie mondiale. » (Benjamin Barber) – C’est dire qu’on en a un peu ras-le-bol de la liberté servant de paravent à toutes les dépravations, les violences économiques incluses.

« En l’absence de conversion spirituelle nous serons libres de tout, mais nous serons libres pour rien. » (Georges Bastide)

« Il est entendu en Occident que la liberté est un droit en soi, peu importe ce qu’on en fait. » (Eugénie Bastié)

« L’exercice de la liberté se situe du côté du mal, tandis que la lutte pour la liberté est la conquête d’un bien. » (Georges Bataille)

« Il vaut toujours mieux dépendre dans notre vie de quelque chose qui ne dépend pas de nous. Cette hypothèse nous délivre de toute servitude … De toute façon, il vaut mieux être contrôlé par quelqu’un d’autre que par soi-même. Il vaut mieux être opprimé, exploité, persécuté, manipulé par quelqu’un d’autre que par soi-même … Dans ce sens, tout le mouvement de libération et d’émancipation qui vise une autonomie plus grande, c’est-à-dire une introjection approfondie de toutes les formes de contrôle et de contraintes sous le signe de la liberté, est une forme de régression. Quel que soit ce qui nous vient d’ailleurs, fût-ce la pire exploitation, le fait que cela vienne d’ailleurs est un trait positif  … Il vaut toujours mieux dépendre dans notre vie de quelque chose qui ne dépend pas de nous. Cette hypothèse me délivre de toute servitude. Je n’ai pas à me soumettre à quelque chose qui ne dépend pas de moi. » (Jean Baudrillard)

«  Les peuples ne peuvent que vouloir se libérer. » (Jean Baudrillard – se moquant des poncifs)

« Les Anciens étaient plus malins que nous. Ils avaient confié aux dieux la responsabilité du monde, de ses accidents, de ses caprices, ce qui les laissait libres d’agir à leur guise. » (Jean Baudrillard)

Dans tous les registres, sexe, culture, économie, média, politique, les concepts de liberté et de libération sont diamétralement opposés. La libération inconditionnelle étant la plus sûre voie de dissuasion de la liberté. La liberté se joue dans un champ limité et transcendant, l’espace symbolique du sujet où il est confronté à sa propre finalité , à son propre destin tandis que la libération se joue dans un espace potentiellement illimité … La première confronte le sujet à sa propre aliénation, à son propre  dépassement, l’autre mène aux métastases, aux réactions en chaîne, à la déconnexion de tous les éléments et finalement à l’expropriation radicale de sujet. » (Jean Baudrillard) – En clair, au chaos d’abord, au vide ensuite.

« Toute augmentation de liberté peut être vue comme une diminution de sécurité, et vice versa. » (Zygmunt Bauman) 

«  Les gens étant conditionnés à n’accepter plus que leur statut d’individus ‘se faisant leur opinion eux-mêmes’ … Plus les gens sont déclarés et se sentent libres, plus on obtient d’eux ce qu’on souhaite obtenir. » (Jean-Léon Beauvois – Les influences sournoises)

« Que faire, qui être quand tout est permis ? Il y  a de quoi devenir dingue. C’est pourquoi les villes modernes sont des hôpitaux psychiatriques géants. Tout est possible, donc rien n’arrive. » (Frédéric Beigbeder)

« Pour avoir une chance de devenir libre, il faut naître dans un monde dont quelque chose soit dit, et dont quelque chose soit interdit. » (François-Xavier Bellamy) – Ce qui n’est plus le cas dans la  crétinerie actuelle.

« Ce qui s’oppose à la liberté, ce n’est pas l’oppression politique ou sociale, mais la ‘nécessité’ psychologique, ou encore la  ‘détermination’ des conduites et des pensées notamment (mais pas seulement) par les circonstances … Et aussi les positions sociales de soumission qui impliquent notre obéissance … Le pouvoir social qui définit les places, les fonctions et la position des agents sociaux dans les structures (Voir l’expérience sur l’obéissance et la désobéissance a l’autorité de Stanley Milgram à la rubrique : Obéissance et désobéissance, 520, 1) … Lorsqu’on les déclare libres, les sujets n’en obéissent pas moins mais en viennent à se doter d’idées ou de ressentis qui tendent à justifier leurs actes à posteriori, rendant donc après coup leur acte moins problématique … trouvant en soi  les causes de ce qu’on a fait et de ce qui nous arrive, même quand on n’y est pour rien et qu’on n’a fait qu’obéir … adoptant des idées nouvelles qui s’accordent bien avec ce qu’ils ont fait … Tous trouvent des raisons internes qui justifient ce qu’ils ont fait alors qu’ils se sont contentés d’obéir à des pressions externes … Mais les gens n’ont assez souvent aucune clairvoyance des facteurs qui déterminent leurs comportements, leurs émotions et même leurs jugements sur les choses et sur les gens … Les gens préfèrent donner du sens, trouver des significations permettant de parler de leurs comportements ou de leurs jugements dans les termes de la pensée sociale plutôt que d’en élucider les réelles déterminations » (Jean-Léon Beauvois – Deux ou trois choses que je sais de la liberté)

« Les hommes sont semblables mais ils n’ont plus rien en commun sinon cette égale liberté pure et indéterminée ; ils n’ont plus rien de commun sinon le droit de n’avoir plus rien en commun … Pour que les hommes soient également et radicalement autonomes, il faut qu’ils n’aient rien en commun sinon cette liberté de n’avoir plus rien en commun. » (Philippe Bénéton)

« On ne peut être libre, non pas libre de faire quelque chose, ce qui ne veut rien dire, mais libre pour faire quelque chose, au sein d’une société, que s’il existe un ordre susceptible de garantir la sécurité de celui… » (Alain de Benoist)

« Il n’existe pas de liberté contre l’autre. » (Benoît XVI)

« L’action la plus remarquable du christianisme … a consisté en ce que, grâce au mystère de la rédemption de l’homme et du monde, grâce à l’apparition du Christ, la domination de la nature élémentaire a cessé et l’homme s’est vu arraché, de force pour ainsi dire, à cet état de dépendance dans lequel il était plongé … ‘ La mort du grand Pan’ … Il est devenu un être indépendant … Nouvelle période où l’homme devient le maître de ses destinées en étant un sujet actif en pleine conscience de sa liberté … Divorce avec les forces naturelles … Le sujet ne restait plus plongé dans l’objet. » (Nicolas Berdiaeff) – Détachement de l’esclavage et de la nature magique certes, mais porte ouverte à la domination, abusive, de celle-ci par l’homme.

« Par sa nature, la liberté est un principe tragique ; le dédoublement de l’être humain en est inséparable … Rien ne comporte autant de responsabilité, n’entraîne autant de souffrances. La voie de la contrainte, quelle qu’elle soit, est toujours plus facile et demande moins d’héroïsme, c’est pourquoi l’humanité l’a souvent préférée à celle de la liberté … c’est cette tentation qui a donné naissance dans le passé à l’Inquisition et dans le présent à l’Etat et à la société totalitaire. (les dictatures et les tyrannies de notre époque ne sont que l’envers de l’anarchie intérieure) … L’homme se rend compte qu’en suivant le chemin de la liberté il va au devant d’un épuisement de plus en plus grand… » (Nicolas Berdiaeff)

« Ni sa liberté ni sa dignité n’autorisent l’homme à voir dans le bonheur et la satisfaction la fin et l’unique bien de la vie. A vrai dire, il existe même un antagonisme insurmontable entre la liberté et le bonheur. C’est autour de lui que Dostoïevski créa la ‘Légende du Grand Inquisiteur’ (Les frères Karamazov). » (Nicolas Berdiaeff)  

« L’homme, en tant qu’intelligence euclidienne, complètement rationnelle, ne peut comprendre pourquoi Dieu n’a pas créé un monde sans péché, bienheureux, incapable de mal et de souffrance. Mais un bon monde humain … aurait différé du mauvais monde de Dieu en ce qu’il eût été privé de liberté … L’hommme eût été un bon automate … Le mystère du mal est le mystère de la liberté. » (Nicolas Berdiaeff)  

« Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l’expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu’on trouve parfois entre l’œuvre et l’artiste. » (Henri Bergson)

« Ainsi que le déclarait un écrivain russe du XIX° siècle (Bielinsky ou Tolstoï)), il y a des situations où une paire de bottes passe avant les œuvres de Shakespeare ; la liberté individuelle n’est pas toujours un besoin premier. » (Isaiah Berlin)

« Puisque la justice exige que chaque individu dispose d’un minimum de liberté, il s’ensuit que les autres doivent être empêchés, par la force si nécessaire, d’en priver quiconque. » (Isaiah Berlin)

« Il n’existe pas de lien nécessaire entre liberté individuelle et régime démocratique. La réponse à la question : ‘Qui me gouverne ?’ est logiquement distincte de la question : ‘Jusqu’où le gouvernement s’ingère-t-il dans mes affaires ?’ » (Isaiah Berlin)

« Comme toutes les grandes révolutions, la Révolution française, du moins sous sa forme jacobine, a été une manifestation soudaine du désir de liberté positive de la part de nombreux Français qui, en tant que nation, ont eu le sentiment de s’émanciper, bien que, pour beaucoup d’entre eux, il en est résulté une réduction des libertés individuelles, du domaine de la liberté négative … Les libéraux de la première moitié du XIX° siècle ne se trompaient pas, lorsqu’ils prédisaient que cette liberté ‘positive’ n’aurait aucun mal à détruire bien des libertés ‘négatives’ … que la souveraineté du peuple risquait de l’emporter sur celle des individus … Mill et ses disciples parlaient de la tyrannie de la majorité, de la ‘tyrannie de l’opinion dominante’ et ne voyaient pas de grande différence entre elle et toute les autres formes de tyrannie qui violent les frontières de la vie privée individuelle … Pour un individu, il n’y a guère de différence entre être écrasé par un gouvernement populaire, un monarque ou des lois répressives … Souverainetés qui ne font que déplacer le fardeau de l’esclavage … C’est l’existence même d’un pouvoir absolu qui met en danger la liberté … Certes la démocratie peut désarmer une oligarchie, une caste de privilégiés (pour bien vite en reconstituer une autre), mais aussi écraser les individus avec autant de cruauté qu’un dictateur … Avoir un droit égal d’opprimer ne signifie pas être libre. Si je consens à être opprimé, ou accepte ma condition avec indifférence ou ironie, suis-je pour autant moins opprimé ? … Si la liberté n’implique aucune limite au pouvoir de quiconque de m’obliger à faire ce que je ne veux pas, alors, quel que soit l’idéal au nom duquel je suis contraint, je ne suis pas libre ; une doctrine de la souveraineté absolue est une doctrine de la tyrannie, quel que soit son déguisement. » (Isaiah Berlin – reprenant une argumentation de Benjamin Constant)

«  La liberté, pour quoi faire ? C’est l’angoisse ! » (Georges Bernanos)

 « Un monde gagné pour la technique est un monde perdu pour la liberté. » (Georges Bernanos) 

« Lorsqu’un homme crie : ‘Vive la liberté’ il pense évidemment à la sienne. Mais il est extrêmement important de savoir s’il pense à celle des autres. Car un homme peut servir la liberté par calcul, ainsi qu’une simple garantie de la sienne. » (Georges Bernanos) – Avis à nos démocrates-inquisiteurs-censeurs-dénonciateurs.

« Le scandale de l’univers n’est pas la souffrance, mais la liberté. Dieu a fait libre sa création, voilà le scandale des scandales, car tous les autres scandales procèdent de lui. » (Georges Bernanos) – Effectivement quand on voit ce que les hommes font de leur prétendue liberté !

« En se faisant fasciste ou communiste … tous ces pauvres types en avaient assez d’être nobles, de penser noblement. Ou mieux encore : ils en avaient assez d’être libres, d’avoir à tenir le rôle harassant d’hommes libres dans un monde où la liberté n’est qu’une charge accablante, et bientôt le risque total. »  (Georges Bernanos) – Français si vous aviez)

« Vous attendiez de l’Etat presque tout. Lorsque vous en attendrez tout, vous ne serez plus rien. » (Georges Bernanos)

« Les hommes tiennent leur sort entre leurs mains, qu’en feront-ils ? » (Jean Bernard)

« L’indétermination, l’imprévisible et l’inachevé sont la condition même de notre liberté. » (Jean-Michel Besnier) – Contre l’excès de rationalisation.

« Emancipation : changement de tutelle, de la tyrannie d’autrui au despotisme de soi-même. » (Ambrose Bierce)

« Tenir un discours si libre qu’il en devient irrécupérable ; appeler les choses par leur nom, quitte à dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre ; proclamer une conviction sans lui sacrifier la vérité des faits ; assumer ses propres failles, au point d’admettre qu’un adversaire puisse avoir raison ; opposer l’humour à la bêtise ; refuser de voir le monde en noir et blanc ; se mettre à dos les fanatiques de toutes les couleurs… » (Jean Birnbaum – concluant son livre, Le courage de la nuance, consacré à quelques rares grands esprits indépendants et libres : Albert  Camus, Georges Bernanos, Hannah Arendt, Raymond Aron, George Orwell, Germaine Tillion, Roland Barthes. Espèce disparue, au moins des champs associés politique et médiatique,  lieux où se concentrent et s’épanouissent  stupidité, servilité, lâcheté.

« On ne peut être libre, se sentir libre, se tourner vers la liberté qu’en connaissance de ce qui nous conditionne. » (Baudouin de Bodinat)

« Il ne faut pas abuser du saint nom de liberté pour s’engager dans une mauvaise entreprise. » (Etienne de La Boétie – Sur certains tyrannicides) – Et sur certaines prétendues révolutions. Soi-disant Printemps arabes.

« L’ère de la démocratie libérale touche à sa fin. Elle ne parvient pas à protéger la dignité humaine, est incapable d’offrir la liberté, ne peut pas garantir la sécurité…’ (ViKtor Orbàn). Rarement … aura été aussi clairement dénoncée la ruine, par ‘La Liberté’ à majuscule, des libertés, plurielles et concrètes. La critique populiste met en exergue le processus de déclin des libertés publiques au profit de la liberté individuelle, aporie des ‘droits fondamentaux’. La sécurité qui souffre des politiques libérales en matière d’ordre publique, de répression pénale… La liberté d’expression traquée par  la chasse à toute parole ‘déviante’ ouverte à toute association autoproclamée, à tous les groupes de pression, la prescription allongée… La liberté politique à laquelle s’oppose le gouvernement des juges… » (Jean-Luc Coronel de Boissezon –à propos des démocraties dites illibérales) 

« Les mots de liberté et d’égalité dont on ne parle jamais que chez un peuple où il n’existe ni l’une ni l’autre. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Tant que l’homme a le choix entre le bien et le mal qu’on appelle libre arbitre, il n’a aps encore la liberté, puisque la liberté ne peut exister qu’après avoir choisi. Ainsi la liberté n’existe qu’au moment où le libre arbitre cesse. Car la liberté ne peut exister qu’avec la volonté ; et la délibération, que suppose l’exercice du libre arbitre, n’admet pas encore la volonté. » (Louis-Ambroise de Bonald)

« Quand une fois on a trouvé le moyen de prendre la multitude par l’appât de la liberté, elle suit en aveugle, pourvu qu’elle en entende seulement le nom … Occupés du premier objet qui les avaient transportés, ils allaient toujours sans regarder qu’ils allaient à la servitude, et leur subtil conducteur…» (Bossuet – allusion à Cromwell) – Tant d’autres, Napoléon Bonaparte plus tard, et…

 « Où tout le monde peut faire ce qu’il veut, nul ne fait ce qu’il veut ; où il n’y a point de maître, tout le monde est maître ; où tout le monde est maître, tout le monde est esclave. » (Bossuet – cité par Eric Zemmour)

« C’est un signe d’immaturité de refuser trop énergiquement d’être parfois traité comme un enfant L’obsession libertaire de la liberté ignore à quel point notre besoin originel de contrainte et d’assistance persiste en nous, et donc tout ce qu’on peut apprendre des usages paternalistes. Il n’est ni très charitable ni très libérateur, d’être jugé assez adulte pour être laissé libre de faire entièrement ce que l’on veut. » (Alain de Botton)

 « Sans loi, la liberté n’a pas de sens, non pas parce qu’il faut toujours s’y soumettre, mais parce que c’est en l’acceptant ou en la refusant qu’on devient un homme libre. Une liberté conçue comme l’absence ou la suppression de toute loi est une ‘liberté qui tue la liberté’. » (Pierre Boutang) – Et génère violence aveugle et dépressions. L’auteur a évidement plus en vue les lois non écrites, plutôt que les stupides et nocives élucubrations de nos élus.

« Pour beaucoup de nos contemporains,’ être libre’ c’est l’être à la manière dont un taxi est libre. Cela signifie qu’il est vide, qu’il va nulle part en particulier, qu’il peut être emprunté et hélé par quiconque… » (Rémi Brague) 

« Dieu a dit aux hommes de se débrouiller ; c’est ce que les professeurs de philosophie appellent liberté. » (Robert Brasillach)

« La liberté humaine, la possibilité donnée à chacun de s’extraire d’un code, d’une nature, d’un instinct, d’une origine. » (Pascal Bruckner)

« L’accession à la liberté est l’accession à la ‘peccabilité ordinaire’, à l’obligation de répondre de ses actes, même les moins reluisants … L’entrée dans l’Histoire salit nécessairement. »  (Pascal Bruckner)

« A la fameuse question de Stendhal : ‘Pourquoi les hommes ne sont-ils pas heureux dans le monde moderne ?’, nous pouvons répondre : parce qu’ils se sont affranchis de tout et s’aperçoivent que la liberté est insupportable à vivre. La liberté, parce qu’elle engage et oblige, nous tyrannise par ses exigences. Nous savons, depuis Max Weber (et Marcel Gauchet) que nous vivons dans l’univers du désenchantement … Le système libéral a riposté par une invention tout à fait originale, le ‘consumérisme’. Les loisirs, le divertissement, l’abondance matérielle constituent à leur niveau une tentative pathétique de réenchantement du monde, l’une des réponses que la modernité apporte à la souffrance d’être libre, à l’immense fatigue d’être soi. » (Pascal Bruckner)

« L’homme a voulu faire de l’Egalité et de la Liberté les deux moteurs d’une Cité nouvelle, mais il ne veut pas voir  que la Liberté engendre l’Inégalité et que le règne de l’Egalité tue immanquablement la Liberté. » (Jean Brun)

« Les hommes sont qualifiés pour les libertés civiles en proportion exacte de leur disposition à placer des chaînes morales sur leurs appétits, en proportion du fait que leur amour de la justice est au-dessus de leur rapacité. »  (Edmund Burke)

« Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on  a vu les protecteurs de la liberté se plaindre qu’on leur refusât, pour la maintenir, les avantages attachés à la tyrannie. Montesquieu s’en alarmait déjà. » (Roger Caillois) 

« On est toujours libre au dépens de quelqu’un. » (Albert Camus)

« L’enfant, pense le siècle, n’a pas besoin de leçons de liberté … Bon prétexte pour l’abandonner à son infantile liberté, qui n’est pas plus libre que le naturel prétendu … la liberté s’apprend, c’est l’un de ses paradoxes ; dans un premier temps, elle a besoin de maîtres. » (Renaud Camus)

« Si l’homme suivait simplement ses instincts, il ne rechercherait pas la liberté ; il choisirait plutôt la dépendance. Il est en effet plus facile de dépendre des autres que de penser, de juger et de décider pour soi-même … Liberté fardeau, dont les hommes ont tendance à vouloir se débarrasser dès lors qu’ils ont affaire à des conditions difficiles. C’est là que l’Etat totalitaire et le mythe entrent en scène. » (Ernst Cassirer)

« L’épreuve de la liberté devient intenable dans la mesure où l’on n’arrive à rien faire de cette liberté. Nous voulons la liberté pour elle-même certes, mais aussi pour pouvoir faire des choses. Si l’on ne peut ou ne veut rien en faire, la liberté devient pure figure du vide. Horrifié devant ce vide, l’homme contemporain se réfugie dans le laborieux surremplissage de ses ‘loisirs’, dans un train-train répétitif et accéléré. »  (Cornelius Castoriadis)

« Le lien qui attache l’individu à la société est tellement puissant que même dans la soi-disant ‘société des individus’, ces derniers sont si peu capables de prendre leur distance avec les entraînements collectifs que spontanément, ils consentent à l’anéantissement de ce à quoi ils tiennent le plus : la liberté. » (Bernard Charbonneau)

« Il n’y a pas de liberté sans nature ; plus qu’à un autre il faut à l’homme libre de l’espace, du temps et du silence. » (Bernard Charbonneau)

« Qu’est-ce qu’un homme libre ? C’est un homme qui a plus de goût pour la vérité, dans la mesure où l’on peut la saisir, qu’il n’en a pour ses propres goûts ; c’est un homme capable de faire abstraction de lui-même … Cela suppose certaines conditions matérielles – La misère et la solitude acceptées voluptueusement – Indifférence absolue pour tout avantage immédiat ; et à l’égard de l’opinion – Ne pas craindre de déplaire ; donc, ne demander rien – Ne rien attendre de la société, ni de personne – Indifférence vraie pour tout éloge – Aucun enchaînement intellectuel. Sartre est le type de l’homme enchaîné. » (Jacques Chardonne)

« Un esprit libre le sera dans la mesure où il sépare ce qui peut venir des sentiments et ce qui vient de la raison. Les ‘sentiments’, c’est l’esclavage ; la raison froide permet toute la liberté possible. Un homme de ‘gauche’ ou de ‘droite’ par sentiments, est en servitude … Un homme libre est un homme qui a plus de goût pour la vérité, dans la mesure où on peut la saisir, qu’il n’en a pour ses propres goûts ; c’est un homme capable de faire abstraction de lui-même et de sa servitude naturelle. » (Jacques Chardonne)

« Les Français vont instinctivement au pouvoir ; ils n’aiment point la liberté ; l’égalité seule est leur idole. Or l’égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. » Chateaubriand)

« La tyrannie brise ou fortifie l’individu ; la liberté l’amollit et en fait un fantoche. L’homme a plus de chances de se sauver par l’enfer que par le paradis. » (Emil Cioran)

« Rien n’épuise tant que la possession ou l’abus de la liberté. » (Emil Cioran)

« La liberté est une dépense, elle exténue, tandis que l’oppression fait accumuler des forces, empêche le gaspillage d’énergie résultant de la faculté qu’à l’homme d’extérioriser. » (Emil Cioran)

« Etre libre, c’est s’émanciper de la quête d’un destin, c’est renoncer à faire partie et des élus et des réprouvés ; être libre, c’est s’exercer à n’être rien. » (Emil Cioran)

« Pour qui liberté et vertige se valent, une foi, d’où qu’elle vienne, et fût-elle antireligieuse, est une entrave salutaire, une chaîne souhaitée, dont ce sera la fonction de freiner la curiosité et la fièvre, de suspendre l’angoisse de l’indéfini. »(Emil Cioran)

« Est libre celui qui a discerné l’inanité de tous les points de vue, et libéré celui qui en a tiré les conséquences. »(Emil Cioran)

« Serf, ce peuple, bâtissait des cathédrales ; émancipé, il ne construit plus que des horreurs. » (Emil Cioran) – Exact, son architecture juge une civilisation.

« On est saisi d’épouvante lorsqu’on entend des hommes parler d’affranchir l’Homme. Comment des esclaves affranchiraient-ils l’Esclave ? » (Emil Cioran)

« La liberté est une dépense ; la liberté exténue … On voit pourquoi les esclaves l’emportent toujours à la fin. » (Emil Cioran)

« Les libertés ne prospèrent que dans un corps social malade ; tolérance et impuissance sont synonymes. » (Emil Cioran)

« La liberté … état d’absence … épuisante par la corvée d’être soi … les citoyens n’aspirent plus qu’à s’humilier et à se démettre, qu’à satisfaire leur nostalgie de la servitude. Rien de plus affligeant que l’exténuation et la déconfiture d’une république. » (Emil Cioran)

« Vivre véritablement, c’est refuser les autres : pour les accepter, il faut savoir renoncer, se faire violence, agir contre sa propre nature, s’affaiblir ; on ne conçoit la liberté que pour soi-même ; on ne l’étend  à ses proches qu’au prix d’efforts épuisants. » (Emil Cioran)

« Une société est condamnée quand elle n’a plus la force d’être bornée. Comment avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des risques, des excès  mortels de la liberté. » (Emil Cioran)

« Lorsque les mots perdent leur signification, les hommes perdent bientôt leur liberté. » (attribué à Confucius)

« Le peuple le plus attaché à sa liberté, dans les temps modernes, est aussi le peuple le plus attaché à ses jouissances ; et il tient à sa liberté surtout, parce qu’il est assez éclairé pour y apercevoir la garantie de ses jouissances. » (Benjamin Constant)

« C’est au nom de la liberté qu’on nous a donné des prisons, des échafauds, des vexations innombrables. » (Benjamin Constant – écrivant juste après la révolution de 89)

« Seuls le calcul et la mesure permettent le contrôle des activités humaines par la sanction du résultat, et non plus par ces restrictions à la liberté que constituent la contrainte hiérarchique, la pression idéologique et la manipulation de l’information … Ce type de liberté associé au calcul est extraordinairement difficile à assumer. On commet en général un contresens à ce propos. On suppose que les hommes sont naturellement passionnés de liberté et que c’est l’oppression ou le conditionnement de la société qui les empêche de l’obtenir … Dans la mesure où les privilèges s’amenuisent ou disparaissent, où les barrières cèdent, où les entraves à la liberté de choix disparaissent, la concurrence devient beaucoup plus vive et les individus perdent une bonne part de leur sécurité … Les garanties impersonnelles assurant une sécurité matérielle qu’ils peuvent obtenir n’ont que peu d’impact sur la sécurité psychologique et sur la conscience de soi … Elles ne peuvent résoudre ou atténuer la crise d’identité que provoque la croissance de la liberté, c’est-à-dire la croissance de l’incertitude … La contrainte a beau être d’un ordre tout à fait différent, ne plus être une contrainte de l’homme sur l’homme, mais une contrainte que les individus exercent sur eux-mêmes, il reste que la somme des contraintes est effectivement plus forte et qu’il faut aux individus des ressources plus considérables pour s’en accommoder … Quand l’individu ne peut plus se trouver d’échappatoire ou d’alibi, le problème du risque d’échec et de l’explication de l’échec devient de plus en plus pénible, sinon insupportable. » (Michel Crozier – La société bloquée) – Ce qui explique peut-être, sinon justifie, la prolifération des prétendues victimes et leur avidité.

« Il y a deux manières de combattre la liberté de pensée : sa suppression pure et simple, et le ‘droit’  donné aux abrutis de la recouvrir de leurs bavardages. Elles ne sont évidemment pas antinomiques. » (Maurice G.  Dantec) – D’ailleurs, nos démocraties hystériques pratiquent les deux manières.

« Les fanatiques de la liberté finissent comme techniciens de la police. » (Nicolas Gomez Dàvila) – Dessein caché du révolutionnaire.

« La liberté n’est qu’une forme vide, attendant son contenu. » (Chantal Delsol) – Quel contenu reste-t-il aujourd’hui que tous les idéaux, les valeurs les liens sociaux ont été sciemment massacrés ?

 « L’avènement de la liberté moderne, ce n’était pas seulement la promesse d’un affranchissement, mais aussi l’annonce d’une charge … Elle implique de tout réinventer !» (Chantal Delsol) – Et Dieu sait que nos contemporains ont les épaules trop étroites pour supporter trop de charges.

« La vérité oblige, et donc limite la liberté. » (Chantal Delsol) – Ce pourquoi les modernes haïssent et pourchassent l’idée même de vérité.

« L’absolu de la liberté ne s’accorde qu’avec le néant de la relation. » (Chantal Delsol) 

« Augmentation de liberté, augmentation du sentiment du tragique de la vie. » (Chantal Delsol)

« La sacralisation de la liberté individuelle mène à la déresponsabilisation  à tous les niveaux. » (Chantal  Delsol – évoquant des critiques d’autres civilisations)   

« La chute des totalitarismes et des grands enthousiasmes collectifs nous laisse dans cette ‘liberté décevante et totale’ qu’avait prophétisée Péguy. » (Jean-Marie Domenach)

« La revendication totale et immédiate de liberté engendre l’anarchie politique et celle-ci engendre la terreur. Il y a un accord intime entre le postulat universel et son incarnation particulière dans les factions et les dirigeants terroristes ; l’amour de tous se retourne en haine de chacun ; la positivité absolue en haine absolue. » (Jean-Marie Domenach)

« Partant de la liberté illimitée, j’aboutis au despotisme sans limites. » (Dostoïevski – Les Possédés) – « Sauf qu’aujourd’hui les deux coexistent, qu’on ne part plus de l’un pour arriver à l’autre, qu’on les a ensemble sur le dos. » (Philippe Muray)

« Ils sont naturellement révoltés, est-ce que des hommes révoltés peuvent être heureux ? …   La liberté leur fait peur, car  il  n’y a jamais eu rien de plus intolérable pour l’homme et la société …  En consentant au miracle des pains, tu aurais calmé l’inquiétude universelle de l’humanité … à savoir ‘devant qui s’incliner’ … Il n’y a rien pour l’homme de plus séduisant que le libre arbitre, mais aussi rien de plus douloureux … Il y a trois forces, les seules qui puissent subjuguer à jamais la conscience de ces faibles révoltés, ce sont le miracle, le mystère, l’autorité … Les hommes sont des esclaves, bien qu’ils aient été créés rebelles … L’allégresse des gamins prendra fin et leur coûtera cher. Ils renverseront les temples et inonderont la terre de sang, mais ils s’apercevront enfin, ces enfants stupides, qu’ils ne sont que de faibles mutins, incapables de se révolter longtemps … En acceptant la pourpre de César, tu aurais fondé l’empire universel et donné la paix au monde … L’indépendance, la libre pensée, la science les auront égarés dans un tel labyrinthe, mis en présence de tels prodiges, de  telles énigmes, que les uns, rebelles furieux, se détruiront eux-mêmes, les autres, rebelles, mais faibles, foule lâche et misérable, se traîneront à nos pieds en criant ‘sauvez-nous de nous-mêmes’ … Ils comprendront la valeur de la soumission définitive. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov – morceaux du discours du Grand inquisiteur au Christ revenu sur terre)

« Ils comprendront (les hommes) enfin que la liberté est inconciliable avec le pain de la terre à discrétion, parce que jamais ils ne sauront le répartir entre eux ! » (le grand inquisiteur de Dostoïevski s’adressant au Christ – Les frères Karamazov ; La légende du  Grand Inquisiteur)

« Tu veux aller au monde les mains vides, en prêchant aux hommes une liberté que leur sottise et leur ignominie naturelles les empêchent de comprendre, une liberté‚ qui leur fait peur, car il n’y a rien de plus intolérable pour l’homme et la société ! » (le grand inquisiteur de Dostoïevski s’adressant au Christ – Les frères Karamazov ; La légende du Grand Inquisiteur)

« Il n’y a pas de souci plus constant pour l’homme demeuré libre que de trouver au plus vite devant qui se prosterner. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov ; La légende du Grand Inquisiteur) – Voir nos élections présidentielles.

« C’est un bonheur médiocre que d’atteindre une liberté parfaite. » (Dostoïevski – Les frères Karamazov) – C’est évident, sauf à ressasser des logomachies retardataires pou minus.

« ‘Tu n’as pas voulu priver l’homme de la liberté. As-tu oublié que l’homme préfère la paix et même la mort à la liberté de discerner le bien et le mal ? Il n’y a rien de plus séduisant pour l’homme que le libre arbitre mais aussi rien de plus douloureux. Et au lieu de principes solides qui eussent tranquillisé pour toujours la conscience humaine, tu as choisi des notions vagues, étranges, énigmatiques. Tu as accru la liberté humaine au lieu de la confisquer et tu as ainsi imposé pour toujours à l’être moral les affres de cette liberté.’ » (le grand inquisiteur de Dostoïevski s’adressant au Christ – Les frères Karamazov ; La légende du Grand Inquisiteur) – Il se vante d’avoir, lui et les siens, supprimé la liberté dans le dessein de rendre les hommes heureux. » (Gilles Lapouge)  – Qui peut prétendre que dans nos sociétés occidentales où règnent depuis quelques décennies une prétendue liberté illimitée, du moins de façade (les institutions et la technologie décidant dictatorialement pour nous), les dépressions, l’angoisse, la désespérance, la peur de tout et de n’importe quoi et la violence conséquence ne se sont pas accrues de façon exponentielle ?  Et qu’il ne s’agit que du tout début du processus qui mènera à la folie générale, précédant l’anéantissement dans la lutte de tous contre tous.

« La liberté absolue serait insupportable parce qu’elle exigerait un réexamen constant de tous nos désirs et de toute notre activité. » (René Dubos)

« Où la vertu n’est pas, la liberté n’est pas. » (Jean-François Ducis)

« L’autonomie est une conquête qui exige une véritable ascèse … Le programme d’autonomie est en effet d’une totale exigence philosophique … Les nouveaux sujets du monde postmoderne semblent plutôt abandonnés que libres. » (Dany-Robert Dufour)

« La liberté d’agir n’est qu’infinitésimale en regard de la liberté d’être. Celle qui constitue en propre notre humanité. » (Anne Dufourmantelle)

« La liberté est une valeur insuffisante pour fonder une civilisation ; ‘chacun fais ce qui lui plaît’ ne donne pas un sens à nos vies. La liberté est une condition de possibilité, elle permet de s’accomplir, mais ne dit pas ce qui donne cet accomplissement. Elle ne définit pas un bien supérieur, un but à atteinde … La ‘liberté’ est un projet vide, ce n’est pas une fin, comme l’est la connaissance, la sagesse, l’héroïsme ou la recherche de la transcendance. » (Emmanuel-Just Duits)

« Il n’est pas difficile d’apercevoir, derrière la ‘liberté’ et ‘l’égalité’ leur substrat, la valorisation de l’individu. » (Louis Dumont – Homo aequalis) – Le fou furieux de lui-même et de ses droits !

« La liberté consiste à se soustraire à la tyrannie des hommes pour de soumettre à celle des choses. » (Louis Dumur)

« Le prix à payer par une société qui s’émancipe de toute tutelle vis-à-vis de tout extérieur (de toute transcendance), qui se serait totalement libérée de toute dépendance à l’égard de la nature, du hasard, des forces incontrôlables qui gouvernent l’univers, et qui aurait mis fin à toute domination … une telle société n’offrirait aucune prise symbolique permettant à ceux qui s’y trouveraient en état d’infériorité d’attribuer leur infortune à une cause située en dehors de leur sphère de contrôle. La valeur des hommes s’y lierait à leur seule condition, sans aucune circonstance atténuante. » (Jean-Pierre Dupuy) – D’où la montée de la violence sauvage.

« Il n’y a pas d’action qui exprime plus clairement la liberté de l’homme que de fixer des limites à sa capacité individuelle d’agir, sous forme d’impératifs, de normes et de  règles à validité universelle et de s’y tenir. C’est par cette autolimitation que les individus deviennent des personnes autonomes… » (Jean-Pierre Dupuy – interprétant Hans Jonas) – De quoi faire bondir le troupeau bêlant des libertaires.

« Un esprit libre est celui qui n’est troublé par rien et n’est attaché à rien, qui n’a lié le meilleur de lui-même à aucun mode et ne songe en rien à ce qui est sien. » (maître Eckart) – Vaste programme.

« Je détermine la liberté d’un homme d’après une seule règle : à quel degré et pour quel but est-il parvenu à se libérer du ’Moi’. » (Albert Einstein)

« L’individu est toujours prêt à se soumettre à la nécessité pourvu que le vocabulaire de la liberté soit sauvegardé et qu’il puisse parer son obéissance servile de la glorieuse énergie d’un choix libre et personnel. » (Jacques Ellul)

« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, dit-on. -. Si nous voulons garder la liberté, il ne faut pas la risquer. Il faut la conserver soigneusement à l’abri … c’est une plante fragile. Un peu de vent, un coup de soleil, et il n’y a plus de liberté. … étant le plus précieux de tous les biens il s’agit de ne pas la gaspiller … Qui sont les ennemis de la liberté, puisqu’en définitive personne n’avoue l’être ? Il faut bien que l’étiquette soit fixée du dehors, rédigée, objective. On ne peut laisser ce soin au premier venu ! … Chacun sait combien il est difficile de veiller sur tous, sur la vie et la liberté de chacun. Par conséquent, plus l’Etat sera puissant, plus la liberté de chacun sera garantie … Croissance du pouvoir de l’Etat, preuve, caution et raison même de la croissance de la liberté …  Evidemment seul l’Etat offre des garanties suffisantes puisque c’est lui qui est chargé de défendre la liberté, il convient que ce soit lui qui sache contre qui la défendre, qui établisse qui menace cette liberté, qui en est l’ennemi. Celui-ci peut donc varier suivant les Etats (le communiste, le fasciste, le capitaliste, le bourgeois, le fellagha, le Français, le nationaliste, le moraliste, l’extrémiste…) … L’ennemi de la liberté, c’est celui qui use de la liberté (si on en use, elle s’use, et le premier devoir pour conserver la liberté  c’est de la mettre au musée) … Mais que signifie une liberté qui n’est pas celle de remettre en question des normes et des limites, qui n’est pas aussi la possibilité d’être contre, qui n’est pas reconnaissance de la liberté de l’autre, qui est une pratique normalisée dont les résultats sont connus d’avance, qui ne comporte pas de risques et ne se heurte pas à son inverse ? » (Jacques Ellul – sur ‘pas de liberté pour les ennemis de la liberté’ – Exégèse des nouveaux lieux communs)

« Nous sommes tellement habités par le lieu commun ‘politique d’abord’ que nous n’attachons … aucun prix à une liberté qui ne serait pas politique ; que nous ne concevons pas une liberté réelle et pas seulement mystique, qui ait pu exister dans un régime autoritaire … que nous considérons les formules creuses de souveraineté du peuple, d’indépendance nationale comme des réalités substantielles. » (Jacques Ellul)

« Nous avons toujours une vue fausse de la liberté, quand nous considérons que telle restriction à nos actes est restriction à la liberté, alors que cela peut en être la condition. Pouvoir ‘faire n’importe quoi’, ce qui ‘me passe par la tête’ n’est pas vivable. Je ne puis être que dans un certain ordre, et ma liberté n’existe que si elle joue dans un certain ordre … Il n’y a  de sens possible que par rapport et dans un certain ordre. » (Jacques Ellul)

« Il est ‘de son temps’, il est ‘au courant’, le nouveau est le plus important … Etonnante confusion, ne pas voir à quel point l’obéissance à l’instant, la réaction à l’actualité sont les plus radicales négations possibles de la liberté … la passion de l’actualité qui nous fixe au niveau des vaguelettes. » (Jacques Ellul – L’illusion politique)

«  Les hommes ne veulent généralement ni la liberté ni la soumission mais simplement vivre de la manière la plus apaisante possible … ‘La liberté … les hommes ne la désirent pas’ (La Boétie) … Ils sont prêts à accepter les lois et les coutumes et à obéir à leurs injonctions, sans désir de révolte, désirant seulement que les puissants les laissent vaquer à leurs propres affaires et ne pèsent pas sur eux d’un poids intolérable … Mais, les Etats modernes ne veulent pas seulement exercer une autorité débonnaire et quelque peu relâchée … mais au contraire codifier, règlementer, moderniser, civiliser, pénétrer tous les pores de la société, conduire et maîtriser, faire de chaque homme un administré … L’Etat démocratique finit par lier liberté et soumission … L’homme libre de ses décisions peut entrer dans une compétition mortelle avec les autres hommes … C’est à l’Etat que va être dévolu le rôle de mettre de l’ordre (fiction du contrat social). » (Eugène Enriquez)

« S’affranchir des choses qui ne dépendent pas de nous. ‘Une seule route mène à la liberté, le mépris de ce qui ne dépend pas de nous’. Distinguer entre ce sur quoi nous pouvons agir et ce qui ne dépend pas de notre volonté, à quoi nous devons donc rester indifférent. ‘Ce qui dépend de nous est libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves, ce qui n’en dépend pas … nous est étranger’. » (citations et commentaires par Dominique Venner des principes de base du Manuel d’Epictète)

« La liberté n’est pas une exemption par rapport à toute contrainte, elle est bien plutôt l’application la plus effective de chacune des justes contraintes à tous les membres d’une société libre. » (Alain Ferguson)

« La liberté, ce n’est pas le règne humain accompli, ce n’est pas la coïncidence du réel et du rationnel (selon Hegel), c’est le défi jeté par la raison humaine à cette ambition totalisante. En voulant réduire, jusqu’à la faire disparaître, la part de l’immaîtrisable et de l’incalculable, on bâtit une société d’esclaves. »(Alain Finkielkraut – sur certaines attitudes ‘révolutionnaires’ – commentant Tout passe de Vassili Grossman)

« L’individu postmoderne a oublié que la liberté était autre chose que le pouvoir de changer de chaîne … La télécommande nous apparaît comme le meilleur des mondes possible. » (Alain Finkielkraut)

« Un monde intimiste où aucun comportement public n’est plus anodin est un monde sans refuge où il devient extrêmement difficile d’élaborer sa liberté à l’abri du regard des autres. Car ‘plus les gens sont intimes, plus leurs relations deviennent douloureuses, fratricides, asociables’. » (Marc Foessel – citant Richard Sennett) – Justement l’enfer de la transparence exigée a bien pour but ultime de rogner sur notre liberté.

« L’adversaire d’une vraie liberté est un désir excessif de sécurité. » (La Fontaine) – Les réclamants-gémissants d’aujourd’hui voudraient les deux, et plus encore.

« Tu peux tout, mais tout porte à conséquence. » (Inès de Franclieu)

« Il est certain que la liberté, comme toutes les autres choses, a ses coûts. C’est une erreur que de supposer que la vie d’une personne est nécessairement améliorée, ou qu’elle ne peut pas devenir pire, quand ses options augmentent. » (Harry Frankfurt)

« La liberté qui serait exactement la  même pour tous serait celle d’une société tyrannique. Pareto ne pouvait accepter l’idée d’être esclave d’un seul possible. » (Julien Freund) – Effectivement, ce genre de liberté est contrainte absolue.

« Nous ne voulons être déterminés par rien ni par personne.  Nous voulons une liberté plénière, fondatrice et sans antécédent. Moyennant quoi, les révoltés qui ne veulent pas être éventuellement déterminés par l’amour, le sont par les vents, les marées, les courants, les passions, les tentations, les instincts et les appétits, les illusions, l’éducation, l’hérédité, les hormones, l’erreur ou le mensonge, et vivent finalement sous le régime pénitentiaire et sans issue du déterminisme intégral. » (André Frossard)

« La liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais aussi ce que l’on ne veut pas par sagesse, par respect d’autrui et souvent par amour … Elle surmonte toutes les tendances, les penchants, l’intérêt propre, l’égoïsme, elle vainc tout ce qui peut ‘conditionner’ l’être humain et elle brille d’un magnifique éclat dans le renoncement à soi-même en faveur de l’autre, ou des autres. » (André Frossard)

« Selon Hegel, l’idée de liberté a reçu sa forme pénultième avec le christianisme, parce que cette religion a été la première à établir le principe de l’égalité universelle de tous les hommes au regard de Dieu, sur la base de leur faculté de libre choix ou de croyance … Manifestement inégaux en beauté, talent … ils n’en sont pas moins égaux en tant qu’agents moraux … Le christianisme restant cependant une idéologie d’esclave … en plaçant la réalisation de la liberté humaine non pas ici sur la terre, mais plus tard … vision de ce que la liberté humaine serait. » (Francis Fukuyama)

« Vous êtes libres, mais vous ne pouvez rien sur le monde qui vous environne : telle est la contradiction entre liberté et pouvoir qui s’installe dans notre système politique. » (Marcel Gauchet) – D’où la forte impression justifiée des gens qu’on se moque d’eux.

« La liberté c’est exactement le contraire de ‘ça marche tout seul’. C’est l’obligation de devoir tout choisir et tout aménager. » (Marcel Gauchet)

« La liberté n’est pas au commencement, mais à la fin. La liberté est le fruit du bon ordre. » Pierre Gaxotte)  – Le chaos actuel tue la liberté, c’est d’ailleurs fait pour.

« Tout choix est effrayant … : effrayante une liberté que ne guide plus un devoir. » (André Gide – Les nourritures terrestres)

« Les hommes qui ne peuvent regarder la liberté en face sont exposés à l’angoisse. Ils cherchent un point d’appui où fixer leurs regards. Il n’y a plus ni Dieu, ni roi, ni seigneur pour les relier à l’universel … Ils choisissent des dieux de rechange car ils ne peuvent pas renoncer à l’infini. » (René Girard) – « Plus de transcendance verticale, plus de point d’appui pour sortir de soi-même, c’est dans l’Autre que l’on va chercher le chemin de l’universel. » (Jean-Pierre Dupuy)

« Le mépris et la détestation sont des signes positifs de liberté, et il serait dommageable pour une société soucieuse de liberté de les refouler au nom d’un prétendu droit à la différence … Comme si aucun choix de vie ne pouvait faire l’objet de mépris, comme si aucune idée ne pouvait être récusée, aucune croyance ridiculisée, aucun goût déclaré mauvais… » (Christian Godin) – Mais personne n’a jamais cru au souci de liberté de nos sociétés, incompatible avec la pratique de la domination. 

« Quelle chose singulière que la liberté ! Chacun en a suffisamment pourvu qu’il sache où la trouver et qu’il s’en contente. A quoi nous sert un surcroît de liberté si nous ne savons qu’en faire ? … Il suffit qu’on en ait ce qu’il faut pour vivre et pour faire son métier : et il est facile à chacun d’en avoir assez … Ce qui rend libre, ce n’est point le refus de reconnaître quoi que ce soit au-dessus de nous, mais bien le fait de vénérer ce qui nous est supérieur … En reconnaissant une supériorité, nous manifestons que nous avons en nous le sens de la grandeur et que nous sommes dignes d’être l’égal de ce que nous honorons. » (Goethe) – Totalement incompréhensible à notre époque de pourceaux hystériques, bavants d’envie.

« Alors que chez les Anciens la liberté est le partage du pouvoir social entre tous les citoyens égaux d’une même cité, chez les Modernes la liberté est la sécurité des jouissances privées, c’est-à-dire une liberté de ‘copropriétaires’ de la nation … ‘Les affections domestiques remplacent les intérêts publics’. » ( Roland Gori – citant le sombre pronostic de Benjamin Constant)

« Deux statuts distincts de la liberté, tantôt  définie par une situation ou par une position et tantôt éprouvée comme un sentiment … ‘Avoir la liberté’ consiste à disposer de latitude, de possibilités, de droits, d’occasions, de moyens par rapport à un type d’action à venir (droit de réunion, de parole,  de vote…), ‘être libre’ est un sentiment si absolu qu’il suffit d’en avoir fait l’expérience pour éprouver qu’elle ne cessera plus …  Les premières caractérisent moins des facultés ou des capacités effectivement possédées, que des empêchements, des obstacles, des interdictions, des impossibilités, qui auraient été levées … Il s’agit de libertés locales, régionales, occasionnelles, et par conséquent précaires … qu’on peut recevoir comme on peut nous les ôter, des libertés passives.» (Nicolas Grimaldi)

Liberté situation : « Il suffit de n’avoir pas de libertés pour sentir que nous ne sommes pas libres, quoiqu’il ne suffise pas de les avoir pour que nous le soyons. » (Nicolas Grimaldi)

Liberté sentiment : « A l’exemple du brahmane ou du sage stoïcien, c’est tout naturellement que nous imaginons l’idéal d’une liberté à la fois si intérieure et si absolue qu’elle serait aussi indépendante de toutes conditions qu’inaltérable en toute situation. » (Nicolas Grimaldi)

« On peut appeler liberté l’originaire dissidence qui nous tient toujours séparés du réel. » (Nicolas Grimaldi)

« Le croyant est plus libre. L’incroyant est quelqu’un qui a déjà décidé … Moi, catholique, je suis absolument libre de penser que Bernadette était une hallucinée … tandis qu’un incroyant, il ne peut pas dire que c’est vrai … Renan affirmait que si d’aventure un miracle se produisait, il le nierait au nom des lois de la nature … A partir du moment où vous avez nié la possibilité d’un miracle, vous n’en verrez jamais. Donc je suis plus libre. » (Jean Guitton)

« ‘L’hédonisme suppose un calcul permanent afin d’envisager dans une situation donnée, les plaisirs escomptés, mais aussi les déplaisirs possibles.’ Je croyais enfin me la couler douce et voilà que je dois me faire comptable calculateur et scrupuleux. » (Fabrice Hadjadj – citant Michel Onfray)

« Qu’est-ce que notre volonté, cette débile puissance. Elle veut un jour ce qu’elle ne veut plus le lendemain. Elle décide une chose et s’arrête au milieu de l’obtenir. Quand elle ne se fie plus aux indications de la nature, elle hésite entre mille chemins … Un monde soumis à nos velléités ne serait certainement pas plus libre ni moins périlleux que celui formé par la nature. » (Fabrice Hadjadj)

« Tocqueville a montré que la liberté, dans les démocraties, se trouvait menacée par deux phénomènes caractéristiques des sociétés égalitaires, qui ne sont contradictoires qu’en apparence. D’une part l’individualisme intellectuel, soit la tendance de chacun à s’ériger en juge de toute chose, sans souci de la tradition ou de l’autorité intellectuelle des meilleurs esprits ; d’autre part le despotisme de l’esprit de la masse s’exerçant sur l’intelligence individuelle. » (Jean-Louis Harouel)

« Le libéralisme sociétal, ou encore libertaire, très présent à gauche et à l’extrême gauche, présente la satisfaction pulsionnelle comme l’essence de la liberté. » (Jean-Louis Harouel) – Ce n’est guère ambitieux quand il se limite aux histoires de fesses. La classe dominante est bien à l’abri.

« La liberté individuelle signifie que l’individu est guidé dans ses décisions par des  règles de juste conduite, et non par  des commandements spécifiques … Le socialisme, à qui fait défaut tout principe de conduite individuelle, n’en rêve pas moins à une situation qu’aucune action morale de libre individu ne peut réaliser. » (Friedrich von Hayek)

« Un peuple libre n’est pas nécessairement un peuple d’hommes libres. » (Friedrich von Hayek)

« Quand il est question de liberté, il faut bien prendre garde si ce ne sont pas en réalité des intérêts privés dont on parle. » (Hegel – évoquant les conflits entre royautés et noblesse ou parlements) – Rien de changé, sauf les protagonistes.

 « La liberté universelle ne peut produire ni une œuvre positive ni une opération positive ; il ne lui reste que l’opération négative ; elle est seulement la furie de la déconstruction … Le despotisme de la liberté. » (Hegel – sur la violence révolutionnaire) – Il suffit de voir la fureur nihiliste, la pulsion de mort qui est la motivation profonde et cachée de tous les déconstructionnistes.

« On vit pour aujourd’hui, on vit très rapidement, on vit en pleine irresponsabilité ; et c’est ce qu’on nomme liberté. Ce qui des institutions ‘fait’ des institutions est méprisé, haï, rejeté ; on se croit menacé d’un nouvel esclavage au seul mot d’autorité. » (Martin Heidegger)

« N’espérez pas avoir la liberté et la paix en même temps. » (Robert Heinlein)

« Ce serait Robespierre qui aurait insisté pour ajouter le mot ‘fraternité’ à la devise de la République. Comme s’il avait senti que la liberté et l’égalité étaient deux termes antinomiques ; qu’un troisième terme était absolument indispensable.) … La conciliation raisonnée des égoïsmes, erreur du siècle des Lumières à laquelle les libéraux continuent à se référer dans leur incurable niaiserie (à moins que ce ne soit du cynisme) me paraît une base d’une dérisoire fragilité … comme  le matérialisme dialectique, basé sur les mêmes prémisses philosophiques erronées que le libéralisme est par construction incapable d’aboutir à une morale altruiste. » (Michel Houellebecq)

« Il disait, et en un sens il le croyait vraiment, que l’augmentation du flux d’informations à l’intérieur de la société était en soi une bonne chose. Que la liberté n’était rien d’autre que la possibilité d’établir des interconnexions variées entre individus, projets, organismes, services. Le maximum de liberté coïncidait, selon lui, avec le maximum de choix possibles … Si les relations humaines deviennent progressivement impossibles, c’est bien entendu en raison de cette multiplication des degrés de liberté dont il se faisait le prophète enthousiaste. » (Michel Houellebecq – Extension du domaine de la lutte) – Description de la servilité stupide de notre époque.

« Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité » (Victor Hugo)

« De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ! » (Victor Hugo)

« Nos prétendues libertés individuelles s’exercent dans un milieu où ne règne plus aucune liberté … La schizophrénie démocratique est la marque de notre temps. L’individu aujourd’hui est scindé entre le lopin de son existence privé (liberté très relative) … et l’immense espace dans lequel se déroule sa vie sociale, et sur lequel il n’a aucun titre de propriété, où les individus sont sommés de se plier comme à un destin aux modes de vie non voulus … Clivage entre l’illusion d’indépendance qu’engendre la petite éthique dans la sphère des comportements individuels et notre captivité sans reste à l’égard des modes de vie qui nous aliènent à notre monde social… » (Mark Hunyadi) – Voir la tyrannie des modes de vie à la rubrique, Mœurs, Modes, Modes de vie, 740,4

« Une société dont les libertés individuelles ne cessent de s’étendre à l’infini alors même que l’autonomie de chacun d’entre nous se réduit chaque jour un peu plus … Les modes de vie ne sont pas optionnels, ils imposent des attitudes, des habitus … qui ne sont l’objet d’aucun choix mais qui définissent les  usages et les pratiques qui sont socialement requis  …  Le mode de vie est la face sous laquelle le système se présente aux acteurs en leur imposant des attentes de comportement déterminées … On attend d’eux  qu’ils travaillent, qu’ils consomment, qu’ils sachent s’orienter dans un univers technologique, qu’ils utilisent  des moyens  de télécommunications … qu’ils soient performants, productifs, disciplinés, mais aussi évalués, comparés, et de plus en plus autoévalués … Notre existence prend de plus en plus la forme d’un curriculum vitae, et il est attendu que notre commerce avec autrui se déroule dans le cadre du politiquement correct. » (Mark Hunyadi – La tyrannie des modes de vie – et Jean-Claude Michéa) – Paradoxe et multiplication des contraintes, comportements imposés. Même en dehors des contraintes comportementales, essayez de vivre sans téléphone portable, sans ordinateur, sans voiture….

« A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. Conjointement avec la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence des drogues, du cinéma et de la radio, le dictateur fera bien de l’encourager, car elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort. » (Aldous Huxley – Le meilleur des mondes) Nul besoin de dictateur pour y penser.

« La liberté compromet-elle la possibilité de tisser des liens solides et contractuels, et plus spécifiquement des liens amoureux ?… Si la liberté sexuelle s’est à ce point généralisée, c’est parce que la sphère économique s’en est emparée et l’a adoptée » (Eva Illouz)

« ‘La liberté qui a doté l’homme de l’autonomie et de la raison, l’a également affecté d’un sentiment d’isolement qui a engendré en lui l’insécurité et l’inquiétude’ … L’angoisse qu’elle produit expliquent pourquoi certains préfèrent renoncer à leur liberté pour des  régimes  totalitaires (ou pour des idéologies misogynes, des valeurs familiales … des contraintes communautaristes….) …  L’exercice de la liberté peut créer des formes de détresse, telles qu’une insécurité sur les fondements même de l’existence et un déficit de sens ultime et transcendant … Afin de produire une solidarité sociale, la liberté a besoin de rituels. Les rituels imposent une attention universelle commune qui se passe d’introspection et n’oblige pas à une constante  production et surveillance de ses propres désirs. Or ces rituels  de sociabilité ont pour la plupart disparu, remplacés par des formes d’incertitude nécessitant une gestion psychologique autonome. » (Eva Illouz – citant Erich Fromm) – Autonome et extraordinairement coûteuse.

« Une liberté qui n’a pas encore ou qui n’a plus de servitude à secouer n’est même pas libre et se dissout dans l’indifférence et l’indétermination d’une licence sans obstacles ; une liberté accablée par le poids des déterminismes n’est pas libre non plus. En somme, la liberté est libre au moment où elle secoue et brise ses chaînes ; la liberté est libre dans l’instant de sa libération. » (Vladimir Jankélévitch) 

« Donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises. » (Jean Jaurès) – Prédiction pour nos prétentieuses et impérieuses démocraties d’aujourd’hui qui ne font que créer le désordre chez elles et hors de chez elles.

« L’arbre de la liberté doit être régulièrement arrosé du sang des patriotes et des tyrans. C’est sa nourriture naturelle. » (Thomas Jefferson) – Quel beau programme. Magnifiquement suivi depuis bientôt trois siècles par les libérateurs de tout poil.

« Je suis libre de le faire sur la lancée des tendances (hypothèse de viol), mais sous l’invocation des valeurs je ne suis pas libre : respect d’autrui, fidélité à l’idée que je me fais de moi-même (sans parler des gendarmes) … Inversement, une répulsion que je croyais insurmontable cédera devant les exigences d’un amour ou d’un devoir … Libre pour tout le bien concevable, entravé pour tout le mal imaginable, tel serait bien la condition de l’homme réussi … On serait d’autant plus libre qu’on est moins indifférent puisque l’indifférence nous abandonne au jeu secret de la plus forte tendance. » (Lucien Jerphagnon

« Être libre n’est pas faire ce qu’on veut, mais ce qu’on a jugé meilleur et plus convenable. » (Joseph Joubert)

« On ne parlait que de liberté dans le temps où l’on avait mis la moitié de la nation en prison, et l’autre moitié en sentinelle à la porte. » (Joseph Joubert – sur la Révolution)

« Si le mot de liberté revient sans cesse dans la presse, les éruptions de paroles et de pensées libres … restent exceptionnelles. » (Pierre Jourde)

 « La volonté d’être libre s’éteint en cas de péril et se ranime une fois satisfait le besoin de sécurité. La liberté n’est qu’un besoin secondaire par rapport au besoin primaire de sécurité. » (Bertrand de Jouvenel)

« Si une nation peut trouver dans une révolution une vigueur nouvelle (comme la faible France de Louis XVI y trouva la force de conquérir ses frontières naturelles, comme la Russie, vaincue en 1917, vainquit en 1942), elle n’en doit jamais attendre la liberté. Ce n’est pas pour l’homme, c’est pour le Pouvoir que sont faites les révolutions. » (Bertrand de Jouvenel)

« La liberté spirituelle et morale est, dans une partie du monde, garantie autant que faire se peut, mais parallèlement elle y est menacée d’une désorientation chaotique. » (Carl Jung – évoquant ce qu’on appelait pendant la guerre froide, le monde libre) – La désorientation chaotique n’y a fait que s’accroître et la liberté de moins en moins garantie par la dictature de la pensée.

« Rien ne pose tant d’obligations à l’individu que la liberté. » (Viekoslav Kalèb)

« Être libre, ce n’est pas agir à sa guise, c’est avoir voix au chapitre dans les orientations que prend la communauté à laquelle on appartient. » (Emmanuel Kant)

« Le triomphe ultime de la liberté sera stérile. » (Gottfried Keller) – « Les symptômes de cette stérilité : la désintégration des visions du monde, la réduction de la philosophie à la sociologie. » (Karl Mannheim)

« Ainsi la liberté en direction des bas-fonds, hors de tout ordre de l’esprit, est le but le plus fréquent de tous les efforts vers la liberté. » (Hermann von Keyserling) – L’auteur n’ pas laissé le souvenir d’un optimiste béat tel qu’on en trouve à foison de nos jours.

« L’angoisse est le possible de la liberté. » (Kierkegaard)

L’expansion des pathologies mentales. « L’anxiété, réaction naturelle de l’âme face à l’abîme béant de la liberté (l’image de l’homme au bord de la falaise, état de l’homme confronté à la possibilité de la liberté). » (Kierkegaard)  – « Perturbation psychique dans la recherche de compromis entre des possibilités d’action alternatives … Réponse disproportionnée, inadaptée, associée à l’embarras du choix et à l’anticipation d’une mauvaise décision. » (Karen Horney) – « Sentiment moderne, la peur généralisée et souvent désespérée de la liberté que la modernité ouvre à chaque individu, et le désir d’échapper à la liberté par tous les moyens possibles. » (Marshall Bermann) – « La modernité a tardé à voir que l’épuisement de la capacité de la consommation à produire du bien-être pouvait être l’indice qu’ils est des besoins … de protection qui appellent un souci et un soin sans lesquels la liberté se retourne contre l’individu … Croyant toujours marcher dans la direction d’une émancipation, la modernité pourrait avoir tendu la corde à l’excès et conduite … à outrepasser les limites de l’adaptabilité individuelle. … L’une des sources des pathologies mentale des modernes est l’affaiblissement des protections émotionnelles que fournissaient la famille et la communauté locale. » (Hugues Lagrange) – « Si l’on dit aux enfants qu’ils ont les mêmes chances de réussite pourvu qu’ils se donnent du mal et que les maladies frappent au hasard, on construit des frustrations et du ressentiment. On favorise des pathologies mentales en donnant aux individus l’idée qu’étant foncièrement égaux, ils sont coupables de leur relatif insuccès …  Alors que à, l’encontre du sens commun, à l’âge adulte les différences d’aptitudes cognitives imputables au milieu social sont très faible en regard des héritages génétiques.  » (Hugues Lagrange) – Ce qui est par ailleurs plutôt triste.  

« Un emprisonné est privé de sa liberté mais peut sauvegarder son indépendance. » (Karel Kosik) – les deux notions, situations ne se confondent pas.

« Il voulait condamner sa bien-aimée à la liberté. C’est une chose qu’elles n’acceptent jamais. » (Karl Kraus – cité par Roland Jaccard)

« La liberté d’un jeune et la liberté d’un vieux sont deux continents qui ne se rencontrent pas. » (Milan Kundera)

« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » (Lacordaire) – Vrai du temps où la loi était pensée, et ce dans l’intérêt général.

« La vraie liberté, c’est quand personne ne vous attend. » (Grégoire Lacroix)

« Moins la liberté individuelle est grande ou plus  une société  exige de conformité et moins les prédispositions génétiques influencent le comportement individuel … Selon la même logique, plus les individus ont de choix dans une société, plus les forces biologiques sont responsables des différences de comportement entre les individus. » (Hugues Lagrange) – La liberté contre l’égalité.

« L’utopie s’épanouit dans la vision rassurante et cauchemardesque d’un univers planifié et programmé à l’extrême … et qui correspond au niveau de l’inconscient individuel à un de nos désirs fondamentaux : celui d’être une bonne fois pour toutes délivrés du fardeau de notre liberté qu’on emprisonne dans les réseaux sévères des tabous et des interdits. » (François Laplantine) – Le système dans lequel nous vivons sans rien y voir ni y comprendre.

« Si l’exercice de la liberté humaine doit se confondre avec la question des choix d’un consommateur confronté à un marché donné, chacun se retrouve légitimement fondé, pourvu qu’il y mette le prix, à exiger qu’une offre corresponde à n’importe laquelle de ses demandes, fut-elle la plus absurde ou la plus immorale. » (Christopher Lasch) – Et c’est bien effectivement ce qui se passe et ne saurait durer.

« Le sentiment d’une liberté irresponsable. Le sentiment d’une liberté-fais-comme-ça-te-chante. Et tout ça éperdument dénué d’intérêt. Que pourrait-il y avoir de plus désespérément inintéressant qu’une liberté accomplie ? » (D. H. Lawrence – sur l’Australie) – Mais n’aperçoit-on pas la prétendue liberté errante des modernes ?

« La société a pour but de favoriser, d’accroître la liberté restreinte dont nous jouissons ; c’est à elle d’en réaliser autant que possible l’illusion ; mais ne soyons pas dupes des mots. » (Lefèvre – La libre Pensée)

« La liberté, pour quoi faire ? » (Lénine)

« L’absurde accouplement des mots ‘liberté’ et ‘Etat’. Tant que l’Etat existe, il n’y a pas de liberté. Quand il y aura la liberté, il n’y aura plus d’Etat. » (Lénine)

« Ils auraient craints d’attenter à notre liberté, ce fameux alibi apparu dans les années 1960-70 pour mieux se délester de toute responsabilité. » (Bérénice Levet – à propos de l’éducation des enfants)

« La liberté a un prix. Celui d’être blessé, révolté, atteint, par les opinions contraires. Refuser de payer ce prix, c’est montrer le peu de cas que l’on fait d’elle, c’est préférer en définitive son opinion à la liberté. Il n’y a pas en ce domaine d’accommodements possibles. » (François Sureau) – « Pitié, je ne veux pas vivre dans un monde où plus aucune parole ne pourra me choquer, me blesser ou m’énerver parce que ma susceptibilité aura force de loi. Sous couvert de bienveillance universelle, ce qui s’annonce, c’est la surveillance de tous contre tous, et la surveillance de tous par des robots. Alors qu’on nous laisse nous débrouiller avec la haine. Au moins, la haine est humaine. » (Elisabeth Lévy) – Les deux sur les interdictions de s’exprimer.

« C’est l’individualisation extrême de nos sociétés qui, ayant affaibli les résistances du ‘dedans’, sous-tend la spirale des troubles et des déséquilibres subjectifs … Moins les normes collectives nous commandent dans le détail, plus l’individu se montre tendanciellement faible et déstabilisé … Plus l’individu est libre et maître de soi, plus il apparaît vulnérable, fragile, désarmé intérieurement. » (Gilles Lipovetsky) – L’essentiel est de fabriquer des paumés.

« Plus la sexualité est libre, plus la loi pénale  encadre de près les comportements irrespectueux … La morale sexuelle est libre, elle a perdu sa sévérité antérieure, mais l’univers social en gestation ne s’annonce guère pour autant sous un jour ludique et euphorique. » (Gilles Lipovetsky) – Et de même pour tout. Fausses libertés, destinées à accroître le contrôle des dominants.

« Qui pourrait être libre alors que le caprice de tout autre individu pourrait s’imposer à lui ? » (Locke) – Le caprice de milliers d’élus et de comités, d’autorités, commissions, de groupes de pression bien introduits, etc.

« Les peuples, quand ils sont bien gouvernés, ne cherchent ni ne désirent aucune autre liberté. » (Machiavel)

« Se garder de l’erreur énorme de croire que la liberté soit quelque chose d’absolu, non susceptible de plus ou de moins. Par exemple : plus de repos moins de liberté et… » (Joseph de Maistre)

« La liberté extérieure ne peut pas exister si elle n’est pas fondée sur une solide liberté intérieure. » (Michel Maffesoli) – Il n’est donc pas gênant de concéder (officiellement) celle-là si on garde bien, par média soumis, le contrôle de celle-ci.

« La liberté la plus parfaite est celle des esprits qui peuvent en tout temps surmonter les plus grands plaisirs. » (Malebranche)

« L’expérience de la démocratie moderne nous présente une étrange contradiction : l’homme démocratique est le plus libre qui ait jamais vécu, et il est en même temps le plus domestiqué … On ne peut lui laisser, il ne peut se laisser tant de liberté que parce qu’il est tellement domestiqué. Oui, mais le chien dont le loup envie d’abord le bonheur n’ignore pas le collier dont il est attaché ; pourquoi l’homme moderne est-il si sûr d’être toujours plus libre s’il est en réalité toujours plus soumis ? » (Pierre Manent)

« La liberté en tant que telle a incontestablement des effets sociaux disruptifs. Et on peut dire que c’est une des Grandes réussites, peut-être un des grands mystères, de notre société qu’elle parvienne à conserver sa cohésion tout en garantissant et promouvant tant de liberté, et de libertés. » (Pierre Manent) – L’auteur est parfois un peu illuminé. Où a-t-il vu, ou pris, que notre société concédait d’une part tant de liberté, et de libertés, et conservait un minimum de cohésion ? C’est là aussi un grand mystère que détient seul l’auteur.

« Ou bien j’entre dans une communauté, une association, une relation, un lien, et je me transforme en partie d’un tout … je m’incorpore et je perds ma liberté, ou bien je me refuse à toute association, à toute relation, à tout lien, et je n’exerce pas ma liberté. L’idée même que nous nous faisons de notre liberté et de notre individualité nous place ainsi devant un dilemme tendanciellement paralysant. » (Pierre Manent)

« Le débat de la liberté par la technique et de la liberté par l’ascèse est le grand débat de notre âge. » (Jacques Maritain)

« La véritable liberté n’est ni politique, ni économique, ni religieuse ; la véritable liberté est neuronale ! Elle réside dans le silence à l’intérieur de votre esprit ; là où l’on retrouve une capacité d’écoute dénuée de toute attente et de toute illusion. » (Serge Marquis)

« ‘Il n’est de véritable liberté que dans l’acceptation et dans l’amour de l’inévitable, c’est-à-dire de la nature de la réalité’ (principe spinozien) … Il faut donc, afin de bien entendre les voix de la réalité, être silencieux et écouter avec une grande réceptivité. Il faut donc, si l’on veut permettre aux faits de nous révéler leurs obligations, apprendre une certaine écoute que l’on peut appeler  taoïste (calme, non directive, réceptive, patiente, respectueuse et courtoise envers la question). » (Abraham Maslow – Être humain)

« La liberté n’est pas au commencement mais à la fin. Elle n’est pas à la racine mais aux fleurs et aux fruits de la nature humaine. On est plus libre à proportion qu’on est meilleur. Il faut le devenir. » (Charles Maurras)

« Le prétexte (usé jusqu’à la corde) de ‘sauver les libertés publiques’ établit le despotisme d’un parti et assure l’immunité des camarades prévaricateurs et concussionnaires. » (Charles Maurras) – La corruption s’abrite toujours derrière des épouvantails.

« L’ordre des sociétés importe plus que la liberté des personnes puisque cela est le fondement de ceci. » (Charles Maurras – s’exprimant en matière politique, son domaine) – Quelle abomination pour un ignare d’aujourd’hui.

« L’augmentation du nombre des choix à faire ne va pas forcément de pair avec la réalisation de soi. La liberté d’avoir la vie que l’on veut, par exemple une vie modérée et sage, peut être en contradiction avec un excès de liberté, voire un fardeau de liberté consistant à prendre sans cesse des décisions dans un monde de bien-être placé sous le signe de la consommation. » (Yves Michaud) – Le plus de liberté, le plus de stress.

« La logique d’illimitation libérale (et l’inévitable tendance à légiférer sur tout qui l’accompagne) ne peut que déclencher, à terme, une réaction en chaîne non maîtrisée dont la conséquence la plus probable (comme on ne le voit déjà que trop) est la multiplication indéfinie des interdits et le rétrécissement inexorable des libertés individuelles. » (Jean-Claude Michéa)

« Le paradoxe d’une société dont les libertés individuelles ne cessent apparemment de s’étendre à l’infini alors même que l’autonomie réelle de chacun se réduit chaque jour un peu plus (essayez de vivre sans téléphone portable, sans ordinateur ou sans voiture, sans carte bleue…) (Jean-Claude Michéa) – Personnellement, j’ai essayé certaines de ces impasses.  

« L’humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu’à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres. » (John Stuart Mill) – Mais alors, comment faire pour engendrer la soumission nécessaire à la classe dominante ?

« La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute. » (Thomas Molnar –sur la civilisation technique)

« La vraie liberté c’est de pouvoir toute chose en soi. » (Montaigne)

« Il n’y a point de mot qui ait reçu plus de différentes significations, et qui ait frappé les esprits de tant de manières, que celui de liberté … Chacun a appelé liberté le gouvernement qui était conforme à ses coutumes ou à ses inclinations. » (Montesquieu)

« Comment pourrais-je exiger la liberté extrême ? Moi qui crois que l’excès même de la raison n’est pas toujours désirable et que les hommes s’accommodent presque toujours mieux des milieux que des extrémités. » (Montesquieu)

« Quand dans un Etat vous ne percevez le bruit d’aucun conflit, vous pouvez être sûr que la liberté n’y est pas. » (Montesquieu)

« A l’état de nature, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » (Montesquieu)

« Objecteurs de substitution, rebelles de remplacement, succédanés de perturbateurs, ersatz de subversifs, séditieux de synthèse, agitateurs honoraires, émeutiers postiches, vociférateurs de rechange, révoltés semi-officiels, provocateurs modérantistes, leveurs de tabou institutionnels, insurgés du juste milieu, fauteurs de troubles gouvernementaux, émancipateurs subventionnés, frondeurs bien tempérés, énergumènes ministériels. C’est avec ces supplétifs que l’époque qui commence a entrepris de mener la guerre contre la liberté. » (Philippe Muray) – La meute des censeurs, dénonciateurs, persécuteurs…

« Il y a des libertés ; la liberté n’a jamais existé. » (Mussolini)

« Nous avons été les premiers à affirmer que plus les formes de civilisation sont compliquées, plus la liberté individuelle doit être restreinte. » (Mussolini) – C’est une évidence. Avis aux masses de Gogos qui réclament toujours plus de réglementation.

« Si nous sommes réputés ‘pécheurs’, c’est-à-dire moralement responsables, c’est que nous sommes réputés avoir pu agir autrement que nous avons agi, c’est donc que nous sommes réputés être libres … L’idée même de ‘péché originel’ signifie que l’homme aurait pu faire que le monde ne fût pas ce qu’il est. » (Philippe Nemo)

« Le totalitarisme supprime tout espace de liberté … La base de la liberté sociale est en effet la propriété privée, domaine où chacun est le seul maître de ses actions, à partir duquel il peut nouer librement avec autrui des relations et des contrats, en conservant à tout moment la maîtrise de cet espace … S’il n’y a plus de propriété ni de droit pour la garantir, il n’y a plus de liberté … L’homme perd l’habitude de la liberté et de l’indépendance en proportion de la part de ses affaires  qu’on lui confisque … Des bureaucrates lointains se sont emparés de ses biens et c’est eux qui, à sa place et en son nom, ont fait les choix, pris les décisions … L’abus des réglementations … Dans des itinéraires étroitement balisés, la part de l’initiative individuelle se réduit comme peau de chagrin … la queue devant les prestations collectives va s’allongeant, cependant que leur qualité s’effondre … En France après avoir monopolisé l’éducation, l’Etat fait en sorte de gérer presque entièrement la culture … il subventionne (conformément aux idéologies  régnantes), il organise les fêtes et les loisirs, dicte le logement via la ‘carte scolaire’, il enseigne les règles de vie (hygiène en tout genre) … Tout devient balisé et normé … Il se transforme en une Eglise, maîtresse des pensées intimes et des mœurs … Il organise les vies, entrave la contingence, éteint les étoiles du chemin … Le concept même de liberté comporte la création du Nouveau, donc de l’imprévisible … Encourageant la jalousie et l’aigreur, le système socialiste (et nous sommes en système socialiste, honteux même) crée par sa structure même les conditions d’une permanente ‘foire d’empoigne’ sociale … Violant à tout moment les frontières du ‘tien’ et du ‘mien’, empiétant sur les vies, se mêlant des occupations, s’intéressant aux revenus, aux patrimoines, à l’endroit d’habitation, au comportement, à ce qu’on pense, les sociétés socialisantes sont intolérantes par construction. » (Philippe Nemo)

« Le dernier mot de la liberté, c’est l’égoïsme. » (Gérard de Nerval)

« On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance. Si on a la puissance on veut la suprématie. Si l’on ne réussit pas (si on est trop faible), on veut la ‘justice’, c’est-à-dire une puissance égale. » (Nietzsche)

« Quel est le sceau de l’acquisition de la liberté ? Ne plus avoir honte de soi-même. » (Nietzsche – Le gai savoir)

« Je ne demande pas ‘de quoi’ tu es libre, je te demande ‘pour quoi’ tu es libre. » (Nietzsche)

« Le XX° siècle donne au citoyen à la fois l’esclavage et la divinité. Sa torpeur est douce. Il règne, il obéit comme dans les rêves … Quand on a reçu la liberté on n’a plus besoin d’être libre, baptême de l’esprit, il dispense de toutes les questions. » (Roger Nimier) 

« Vous mettez toutes choses sur le même plan. Vous êtes perdus d’orgueil, vous voulez avoir le droit d’être libres contre vous, contre vos amours mêmes. Chaque adhésion vous paraît une limitation. Vous avez immédiatement envie de vous déjuger pour vous démontrer que vous êtes libres de rejeter ce que vous aviez embrassés … ‘je suis l’esprit qui toujours nie…’ (Goethe) … Quand cessera-t-on de  vivre avec l’idée qu’il n’y a de grandeur que dans le refus, que la négation seule ne déshonore pas ? »  (Paul Nizan – sur l’adhésion au parti et l’acceptation de ce qui paraît des erreurs au militant – La conspiration)

« La liberté est liée à la qualité du langage, et les bureaucrates qui veulent détruire la liberté ont tous tendance à mal écrire et mal parler, à se servir d’expressions pompeuses ou confuses, à user de clichés qui occultent ou oblitèrent le sens … Les relations qu’il y a entre les habitudes de pensée totalitaires et la corruption du langage constituent une question importante qui n’a pas été suffisamment étudiée. » (George Orwell) – Aujourd’hui ce n’est plus une tendance, c’est une volonté d’abrutissement, qui commence à l’école.

« Parler de liberté n’a de sens qu’à la condition que ce soit la liberté de dire aux gens  ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. » (George Orwell) – Décidément un tel personnage n’aurait jamais pu faire un apparatchik convenable ou un énarque utilisable.

« La liberté, c’est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit. » (George Orwell)

 « La contradiction majeure qu’elle a décelée dans sa revue des destins féminins, celle qui oppose liberté et sécurité. Là où la sécurité grandit, la liberté diminue. Là où s’affirme la liberté, en France par exemple, la sécurité dépérit. » (Mona Ozouf – reprenant madame de Staël sur la sécurité féminine matérielle plus que physique) – C’est toujours vrai.

« Tout m’est permis, mais tout ne m’est pas profitable. » (saint Paul)

« Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme … Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. » (saint Paul) – C’est exactement ce qui se passe dans nos sociétés athées.

« La liberté d’être cause des soi. La liberté spirituelle. » (Louis Pauwels)

« Je pense que les grands mécontentements pathologiques qui conjuguent le sentiment apocalyptique et le délire utopique, au sein de notre monde sont, en réalité, les effets d’une peur panique de la liberté. Quel usage vais-je faire de moi-même ? Au secours ! » (Louis Pauwels)

« Le secret du bonheur c’est la liberté mais le secret de la liberté c’est le courage. » (Périclès – cité par Pierre le Vigan) 

« Disparaît alors la liberté qui ne peut subsister que dans la zone d’indifférence qui se déploie entre ce que la société interdit et ce qu’elle rend obligatoire. » (Perrot, Rist et Sabelli) – On comprend mieux le pourquoi de la fureur réglementaire française, européenne, mondialiste. Plus d’intervalle entre l’interdit et l’impératif.

« Les institutions de liberté permettent seules de préserver la possibilité de l’émergence du nouveau. » (Karl Polanyi)

« L’idéal d’une société libre est tout d’abord d’être une société bonne ; un groupe d’hommes qui respectent la vérité, désirent la justice et aiment leurs semblables. » (Karl Polanyi)

« Sans aller jusqu’aux deux extrêmes du nihilisme ou du totalitarisme, on sent bien que la théorie individualiste de la liberté est égoïste ou du moins médiocre, et que, inversement, la théorie de la liberté comme auto-soumission semble inconciliable avec la sympathie que nous inspire tout individu recherchant son propre bonheur selon ses propres voies. » (Karl Polanyi)

« La liberté est le droit qu’a un individu ayant une vocation d’exiger qu’on lui laisse faire ce qu’il a vocation à faire. » (Karl Polanyi)

« L’illusion de la liberté constitue la plus efficace des prisons. » (Natacha Polony – sur le féminisme) – Mais on peut étendre à la démocratie libérale et libertaire.

« Comment une société qui n’a que le mot ‘liberté’ à la bouche, ou sous la plume, peut-elle produire autant d’interdits, de restrictions, de suspicions ? » (Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint) 

« La liberté importe davantage que l’égalité. La tentative d’instaurer l’égalité met la liberté en danger, et à sacrifier la liberté on ne fait même pas régner l’égalité parmi ceux qu’on a asservis. » (Karl Popper)

« Pas de liberté sans discipline – Pas d’égalité sans hiérarchie – Pas de fraternité sans rigueur. » (Raymond Queneau – Triade républicaine présidant au Traité des vertus démocratiques)

« La liberté, en effet, ne consiste pas à n’avoir aucun maître ; elle consiste à être à soi-même son maître …Donc d’abord à devenir tel. …  La liberté est un reliquat. La vouloir sans entraves, c’est désirer l’impossible ; une liberté non bornée est une idée destructrice d’elle-même, comme celle de néant. La liberté illimitée, cela a néanmoins un nom : cela s’appelle la licence, et c’est l’antithèse de la liberté. La tragédie de notre époque se noue alors là : elle croit qu’il n’y a de liberté que dans la licence ; alors qu’elle n’existe qu’en dehors de celle-ci … La licence, répétons-le encore, n’est pas la liberté ; la licence, c’est une liberté exercée dans l’anomie, une liberté pratiquée dans l’indiscipline et le désordre. C’est une liberté dont on jouit sans conscience, une liberté qu’on fait jouer dans le sens du chaos, et qui n’aboutit qu’à s’annihiler elle-même. ‘ L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté …  Le désordre fait la servitude ‘ (Charles Péguy) …  Il en va ainsi de la licence, c’est-à-dire de la liberté entendue comme allergie à toute espèce d’ordre : elle n’affranchit pas l’individu, elle prépare son assujettissement. Aux contraintes fortifiantes de la liberté, fabriquant les âmes fermes et tendues, elle substitue un sybaritisme dissolvant, qui les fait molles et alanguies … La  licence ne prépare pas des régimes libertaires ; mais, consubstantielle à l’État faible, prédispose au contraire à la dictature. »  (Sylvain Quennehen)

« Être libre c’est aussi être en exil. » (Pascal Quignard)

« Maintenant que l’on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l’expression ‘tristesse de ce monde’. Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dés l’instant où ils ne furent plus interdits. Ils semblent fades, parce qu’ils sont tous finis, et qu’il y a en nous une faim d’infini. » (cardinal Joseph Ratzinger)

« Liberté : droit que s’arrogent certains de faire tout ce qui peut empoisonner la vie de leurs contemporains. » (Charles Régismanset)

« Ce n’est que lorsqu’on n’a plus de but dans la vie qu’on est vraiment libre. » (Eric Maria Remarque)

« Bien après lequel nous soupirions, et son absence cause de tous nos maux. Nous les avons conquises ces libertés et nous n’en sommes pas plus avancés, et le lendemain de chaque révolution nous nous hâtons de rédiger le programme de la suivante … mais jamais on n’a pensé avec moins d’originalité depuis qu’on a été libre de le faire … Une liberté reconnue légalement doit être réglée. Or une liberté réglée constitue une chaîne plus étroite que l’absence de la loi. » (Ernest Renan)

« La liberté, refuser une invitation à dîner sans donner de prétexte. » (Jules Renard)

« L’éternelle erreur qui consiste à prendre le libertinage pour la liberté. » (G. K. van Het Reve)

« Plutôt que d’assurer que tout homme naît libre, il serait plus juste de dire que tout homme naît destiné à la liberté et qu’il ne peut répondre à cette vocation que pour autant qu’on lui en a donné les moyens, qui ne se limitent pas à l’absence d’entraves. » (Olivier Rey) – Comme on le prétend stupidement aujourd’hui.

« A quoi aboutit le rejet de toute détermination ? A remplacer des déterminations reconnues par des déterminations non reconnues, d’autant moins maîtrisées qu’elles sont niées, et d’autant plus vulgaires. » (Olivier Rey)

« La liberté des modernes, cet affreux soulagement d’être affranchi de l’histoire et de toute responsabilité par une éternelle ‘première fois’. » (René Riesel)

« L’homme ne jouit jamais d’une liberté plénière, mais seulement d’une liberté de second ordre ; par exemple, il est libre de manger de telle ou telle chose ; mais il n’est pas libre de ne pas manger du tout. » (Rivarol)

« Les Français ont mis la liberté avant la sûreté. Cependant l’homme quitte les bois où la liberté l’emporte sur la sûreté, pour arriver dans les villes, où la sûreté l’emporte sur la liberté. » (Rivarol)

« Fatigués du despotisme, les hommes crient à la liberté ; froissés par l’anarchie, ils crient à l’ordre. » (Rivarol)

« Pour que la liberté soit sans bornes, il faut que tous les vices puissent s’exercer. » (Rivarol)

« Pendant la guerre (1914-18), en Allemagne, les pouvoirs publics étouffaient sous les fleurs les écrivains révoltés, quand il ne pouvait pas sans bruit les étrangler. Mais l’esprit politique de la démocratie française est plus franc et plus borné. Elle ne connaît pas le silence. Bien loin de cacher ses haines, elle monte sur des tréteaux pour les expectorer. La Liberté française est comme celle de Rude : gueule ouverte, elle braille. Qui ne pense pas comme elle, aussitôt est un traître … contre cette voix libre, vingt énergumènes ameuteront contre la fureur des badauds … Une douzaine de chétifs pacifistes, isolés, encerclés, sans moyen de se faire entendre dans aucun grand journal, élevant à peine la voix, honnête, mais sans éclat, déchaînaient une frénésie d’injures et de menaces. A la moindre contradiction, le monstre Opinion tombait en épilepsie … La voix d’un seul qui conservait la raison jetait dans la fureur les autres qui voulaient l’oublier. Ils avaient la terreur que cette voix les réveillât et qu’ils ne se retrouvassent dégrisés et tout nus. » (Romain Rolland – Clérambault) – Avec Internet et les fameux réseaux sociaux, les braillements du dit monstre se sont développés jusqu’à atteindre un niveau de vacarme proprement infernal. – « Le monde les hait parce qu’ils ne sont pas du monde. » (Evangiles)

« Nous avons une peur bleue d’être libres, parce qu’être libre cela veut dire prendre ses responsabilités. » (Denis de Rougemont) – D’où servilité et lâcheté.

« On le forcera d’être libre. » (J. J. Rousseau – sur l’homme nouveau !)

« A force d’écrire (et d’évoquer) le nom Liberté, on finit par oublier la chose. » (Frédéric Rouvillois) – C’est bien pour cela qu’on ne cesse d’en parler.

« L’absence d’obstacle à la réalisation de nos désirs. » (Bertrand Russel – définissant la liberté) – Bravo !

« ‘La liberté dit Lénine est un préjugé de bourgeois’. L’égalité est un préjugé de prolétaire. » (Maurice Sachs)

« ‘Le moins d’Etat possible’ criait Nietzsche qui le peignait ‘comme un piège tendu au plus grand nombre’. ‘Le plus d’Etat possible’, tel semble être le consensus majoritaire unissant les Français … Le temps approche peut-être où l’homme finalement sera débarrassé par la bienveillance étatique de sa liberté, c’est-à-dire de lui-même. Autrefois, le peuple attendait de ses gouvernants qu’ils lui donnent du pain ; aujourd’hui, les gouvernements s’imaginent devoir donner du sens. » (Michel Schneider) – On devine aisément que ce sens ne desservira pas leurs petits intérêts.

« Trois genres de liberté : la liberté physique, la liberté intellectuelle, et la liberté morale, laquelle constitue, à proprement parler, le libre arbitre. » (Schopenhauer) 

« Loin d’être un fondement de l’ordre social, la liberté  est l’un de ses produits non voulus … Elle est la conséquence de pratiques non intentionnelles qui représentent un savoir social transmis de génération en génération. Privez de coutumes et de traditions et vous détruisez le bouclier qui protège de celui qui veut contrôler et parler au nom de tous. » (Roger Scruton – s’inspirant d’Edmund Burke) – C’est bien ce que cherchent tous les déconstructeurs, démolisseurs, saboteurs sociaux, priver de liberté pour assurer leur domination.

« Le fétichisme culturel est caractérisé par sa nature ’standardisée’, sa présentation routinière de matériel prédigéré et son refus de remettre en question son propre statut de marchandise … Le rapprochement du fétichisme de la marchandise et celle de la réification, c’est-à-dire la façon dont les gens perdent leur liberté objective en la plaçant dans des objets extérieurs à eux-mêmes …  Lukàcs prétendait que les gens, dont la liberté était extraite pour être fossilisée en objets, étaient réifiés : leur liberté était transférée et capturée par les objets qui les représentaient … Remplacement de rapports entre sujets par des rapports entre objets. » (Roger Scruton) – Pour expliquer, un peu, l’expression réification, aujourd’hui largement utilisée.

« La liberté, c’est l’indifférence. » (Louis Scutenaire)

« On ne rend pas sa liberté à quelqu’un que l’on délivre, on le rend à la liberté, et c’est beaucoup moins drôle. » (Louis Scutenaire)

« La liberté se détruit plus souvent par ses excès que par ses ennemis. » (Louis-Philippe de Ségur)

« Il n’est nullement obligatoire que la liberté et le bien-être cheminent toujours côte à côte, ni même dans la même direction. Distinguer entre liberté de ‘bien-être’ (grossièrement, niveau de vie, de confort) et ‘liberté d’agent’ (capacité à faire avancer les objectifs que l’agent a des raisons de choisir et de promouvoir) … Un accroissement de la liberté d’agent peut provoquer une réduction de la qualité de bien-être (et un recul correspondant de son bien-être accompli, opérations de type altruiste) … Une assimilation fallacieuse du succès de bien-être et du succès de qualité d’agent peut se produire … dans le modèle de ‘l’idiot rationnel’, postulat comportemental courant en théorie économique selon lequel chaque individu promeut son bien-être personnel dans tous les choix qu’il fait . » (Amartya Sen) – C’est le modèle unique retenu par les sociétés modernes, sous l’impulsion du capitalisme, et notamment encore plus prégnant dans les sociétés socialisantes qui évaluent tout en fric et ne voient aucune autre fin (sens de finalité) à l’action des individus.

« Dans certains cas, augmenter la liberté de choix d’un individu peut le mettre dans l’embarras et la confusion, lui rendre la vie plus pénible … Les tergiversations aussi peuvent tuer, comme l’illustre la triste histoire de l’âne de Buridan, mort de faim parce qu’incapable de choisir entre deux tas de foin … Une autorité susceptible de lui donner un ordre aurait pu lui sauver la vie … l’importance de l’aptitude à s’autocommander … Devoir prendre plus de décisions peut être une source d’inconfort et de tracas … perte de l’option consistant à mener une vie paisible et sans soucis (prolifération de choix mineurs obligatoires) … La multiplication des choix à faire n’est pas nécessairement interprétable comme un élargissement de notre liberté … l’expansion d’un certain type de choix (à la fois possibilités d’agir et corvée) peut réduire notre aptitude à choisir les types  de vie qui nous plaisent. » (Amartya Sen)

« L’évaluation de nos libertés, et de nos inégalités, doit absolument prendre en compte ce que nous choisirions et les mettre en rapport avec ce qui s’est effectivement produit. » (Amartya Sen) – S’il fallait tenir compte de l’avis et des désirs fondamentaux des gens sans les avoir bien dressés au préalable à répondre comme voulu !

« C’est une erreur dangereuse de sacrifier la liberté au nom de l’identité, mais, réciproquement, c’est une erreur non moins désastreuse que de se délester de l’identité au nom de la liberté comme l’ont fait les Européens de notre temps. » (Natan Sharansky)

« Liberté implique responsabilité. » (G. B. Shaw)

« Joseph de Maistre était convaincu que les gens ne sont jamais autant des possédés que lorsqu’ils sont emplis de la conscience de leur liberté. Quand ils donnent le change à leur conscience en friche, ils entendent la voix du diable leur parler en direct. S’ils pensent suivre, ici et maintenant, leur nature véritable, ils sont déjà totalement des marionnettes de l’enfer. » (Peter Sloterdijk)

« Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre. » (Alexandre Soljénitsyne)

« A elle seule, la liberté dénudée ne saurait en aucune façon résoudre tous les problèmes de l’existence humaine, et elle en pose une foule de nouveaux. » (Alexandre Soljénitsyne)

« La distinction entre la liberté formelle et la liberté réelle … la liberté négative, ou absence de domination et la liberté positive, ou puissance d’agir (liberté-puissance). » (Monique Canto-Sperber – reprenant une distinction d’Isaiah Berlin et de Thomas Hill Green)

« Les hommes se croient libres parce qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. » (Spinoza) 

« La liberté est l’intelligence de la nécessité. » (Spinoza) – Origine involontaire du Credo libéral suivant lequel, les individus sont fondés à s’attribuer tout le mérite de leurs succès (le self made man) et, à l’inverse, ne s’en prendre qu’à eux-mêmes de leurs malheurs et de leurs échecs (suivant Jean-Claude Michéa)

« Certaines  conceptions irresponsables de la liberté, qui sont courantes dans la société de marché, ‘en créant l’injustice, l’insécurité et le désordre ouvrent la voie à une résolution autoritaire, totalitaire’ des difficultés. » (J. Stanfield – commentant et citant Karl Polanyi) – C’est évidemment vers quoi notre désordre, voulu et organisé, nous dirige. Depuis cette constatation, la responsabilité en incombe encore plus à la politique devenue folle qu’à la société de marché.

« Seule la certitude que la vie n’a aucun sens permet à chaque individu, à la faveur d’une angoissante souveraineté, de donner à cette vie le sens qu’il veut. » (Martin Steffens) – C’est-à-dire aucun.

« La liberté du peuple n’est pas ma liberté. Un peuple ne peut être libre qu’aux dépens de l’individu, car, dans cette liberté, ce n’est pas ce dernier, mais le peuple qui est l’essentiel. Plus libre est le peuple et plus lié est l’individu ; c’est à son époque de plus grande liberté que le peuple athénien a institué l’ostracisme … et empoisonné son penseur le plus pur. » (Max Stirner) – Ce sont les démocraties qui ont récemment institué la chasse à l’homme, le lynchage médiatique et la mort civile pour qui ne se couche pas devant la pensée dominante et dictatoriale.

« La licence, que les sots appellent liberté. » (Tacite)

« L’école libérale estime que la politique est une question d’approximations successives, et considère les systèmes politiques comme des inventions pratiques … Elle reconnaît aussi différents niveaux d’entreprise personnelle et collective qui se situent hors du champ politique … l’école démocratique totalitaire, par ailleurs, se fonde sur le postulat dune vérité politique seule et unique … messianisme politique supposant un ordre de choses prédéterminé,  harmonieux et parfait vers lequel tendent les hommes et auquel ils sont obligés d’arriver. Elle ne reconnaît qu’un seul plan d’existence, le plan politique, qu’elle étend à l’ensemble de la vie humaine, comprenant toute pensée et action humaine. Ses idées politiques ne constituent pas une série de préceptes pragmatiques … Elles font corps avec une philosophie cohérente et tout embrassante … Le but final de la politique ne sera atteint que lorsque cette philosophie règnera en maître dans tous les domaines de la vie. Ces écoles affirment toues les deux la valeur suprême de la liberté. Mais alors que l’une voit l’essence de la liberté dans la spontanéité et l’absence de contrainte, l’autre ne la conçoit qu’à travers la poursuite et la réalisation d’un but collectif absolu. » (Jacob Talmon – sur les démocraties totalitaires) – « Je pense donc que l’espèce d’oppression dont les peuples démocratiques sont menacé ne ressemblera à rien de ce qui l’a précédée dans le monde  … Les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle… » (Alexis de Tocqueville)

« L’idée d’un credo absolu et universel est incompatible avec la liberté … Tenter de satisfaire simultanément les deux idéaux correspondant aux instincts les plus profondément ancrés dans la nature humaine, le désir de salut et l’amour de la liberté, ne peut qu’aboutir, sinon à la tyrannie et au servage, du moins à l’hypocrisie et aux illusions monumentales qui forment le cortège de la démocratie totalitaire. C’est la malédiction des croyances salutistes : elles naissent des impulsions les plus nobles de l’homme, et dégénèrent en instruments de tyrannie. Une foi exclusive ne peut admettre d’opposition. Elle se sent entourée d’ennemis … D’où protection de l’orthodoxie et usage de la terreur … La liberté ne pourra être concédée que lorsqu’il n’y aura plus d’opposants ni d’avis différents ; autrement dit lorsqu’elle ne servira plus à rien. La liberté n’a pas de sens sans le droit d’opposition et la possibilité d’être d’avis contraire. » (Jacob Talmon)

« L’égalité n’est qu’une transition entre deux hiérarchies, comme la liberté n’est qu’un passage entre deux disciplines. » (Gabriel Tarde)

« Etant bon, l’homme doit être libre … Possédant bonté et liberté, l’homme raisonnable possèdera aussi l’égalité, conséquence de la bonté et garantie de la liberté. » (André Tardieu –ironique – sur le délire meurtrier de 1789, dont notre idéologie gauchiste découle encore)

« Une liberté complète serait un vide où rien ne vaudrait la peine  d’être accompli, rien ne mériterait de se voir attribuer une quelconque valeur … Le moi qui obtient sa liberté en écartant tous les obstacles et toutes les entraves extérieurs est dénué de caractère, il est donc privé de tout objectif défini. » (Charles Taylor) – Aboutissement du relativisme absolu, de l’errance perpétuelle . 

« Le libre-arbitre de Pierre est la fatalité de Paul. » (Edmond Thiaudière)

« On oublie trop que c’est par le dressage des automatismes que se forgent les ressorts de la liberté. » (Gustave Thibon)

« Dieu ne fixe plus à l’homme de limite ni de but. De sorte que La liberté revendiquée se résout, non plus dans l’obéissance à une volonté supérieure, mais dans l’abandon servile à tous les déterminismes intérieurs et extérieurs. Glaciale ironie : tout est permis à l’homme-dieu réduit à l’homme-machine. : du même geste on le délivre de tous ses liens et on l’ampute de son libre arbitre.» (Gustave Thibon)

« Paradoxe de notre temps : d’un côté, libération des instincts, des pulsions, de tout ce qui relève de l’animal … de l’autre, conditionnement presque absolu de l’esprit, foyer de la liberté. Libération des déterminismes et anesthésie de la liberté. » (Gustave Thibon)

« Jadis, l’homme intérieurement libre manifestait son indépendance en violant les interdits sociaux. Aujourd’hui, la même liberté se traduit, non en enfreignant des défenses, mais en refusant des licences. Tout se permettre étant devenu la loi, l’ennemi des lois n’a plus qu’une issue : recréer au-dedans ces mêmes lois que rien ni personne ne lui imposent plus du dehors. Au vieux briseur de tabous, succède le néophyte du sacré. C’est le même défi au Gros Animal social. » (Gustave Thibon)

« Il me semble que ceux qui parlent trop de liberté gardent une mentalité  d’affranchis, ne pouvant y croire tout à fait et enviant ceux qui sont libres de naissance. La ‘révolte de l’esclave’ se prolonge en ‘complexe de l’affranchi’.»  (Gustave Thibon) 

« La liberté est à son terme plus qu’à son principe. » (Gustave Thibon – en matière d’éducation)

« Se reposer ou être libre, il faut choisir. » (Thucydide) – On voit de suite le choix des Français, ce qui arrange bien leurs dirigeants.

« Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle-même est fait pour servir. » (Alexis de Tocqueville – analysant un sentiment aristocratique)

« On semblait aimer la liberté, il se trouve qu’on ne faisait que haïr le maître. » (Alexis de Tocqueville)

« Nos contemporains sont travaillés par deux passions ennemies : ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. » (Alexis de Tocqueville)

« Être libre c’est croire qu’on l’est. » (Miguel de Unamuno)

« Il est significatif que l’on puisse discuter de la liberté, mais pas de l’égalité. Cela … prouve que l’on est prêt à sacrifier la liberté au nom de l’égalité, ce qui fut la tendance des révolutions du XX° siècle. Cette schizophrénie … s’est exprimée au grand jour pendant la révolution française. Dans les mêmes quatre années où l’on élabore la Déclaration des droits de l’homme au nom de la liberté, on instaure la Terreur au nom de l’égalité. » (Philippe Val)

« La liberté n’est sensible, elle n’est conçue, elle n’est souhaitée que par l’effet d’un ‘contraste’ … Je ne suis libre que quand je me sens libre, mais je ne me sens libre que quand je me pense contraint, quand je me mets à imaginer un état qui contraste avec mon état présent. » (Paul Valéry)

« Il faudra bientôt construire des cloîtres, rigoureusement isolés, où ni les ondes ni les feuilles n’entreront. Dans lesquels l’ignorance de toute politique sera présumée et cultivée. On y méprisera la vitesse, les nombres, les effets de masse, de surprise, de contraste, de répétition, de crédulité et de nouveauté. C’est là, qu’à certains jours, on ira, à travers les grilles, considérer quelques spécimens d’hommes libres. » (Paul Valéry)

« La plus grande liberté naît de la plus grande rigueur. » (Paul Valéry)

« La liberté est la plus difficile des épreuves que l’on puisse proposer à un peuple. Savoir être libre n’est pas donné à tous les hommes et à toutes les nations. » (Paul Valéry)

« La liberté politique est le plus sûr moyen de rendre les hommes esclaves, car ces contraintes sont supposées émaner de la volonté de tous, qu’on ne peut guère y contredire, et que ce genre de gênes et d’exactions imposées par une autorité sans visage, tout abstraite et impersonnelle, agit avec l’insensibilité, la puissance froide et inévitable d’un mécanisme. » (Paul Valéry) – « La loi saisit l’homme dés le berceau… »

« La liberté‚ n’est pas de faire ce que l’on veut mais de vouloir ce que l’on fait. » (Père Varillon)

« La liberté est incompatible avec la faiblesse. » (Vauvenargues)

« Le monde de la postmodernité fait croire que la rébellion, l’insoumission, la révolte, le doute, le non sont le signe d’un esprit libre ; Il s’agit là d’une farce, d’une fantasmagorie, d’un canular, d’une mystification. On ne peut pas dire non systématiquement. Quand on le fait … on ne dit pas non. On dit oui (à autre chose) sans savoir que l’on dit oui … Alors qu’on croit douter, on ne doute de rien. » (Bertrand Vergely) – Voir le délire hallucinatoire des comiques de la France insoumise, des anti-n’importe quoi hurlants de toutes espèces, plus soumis à des schémas préétablis (en dehors d’eux-mêmes), tu meurs

« Les hommes veulent d’abord la liberté des corps, puis celle des âmes, c’est-à-dire la liberté de pensée et l’égalité avec les autres ; ils veulent ensuite dépasser leurs égaux ; et finalement placer leurs supérieurs au-dessous d’eux. » (Giambattista  Vico)

« La principale liberté de circulation dont nous sommes privés de nos jours, c’est la libre circulation des idées. » (Pierre le Vigan) – Dans notre société qui censure tout, sauf sa propre bêtise vulgaire.

« La force naît de la contrainte et meurt de la liberté. » (Attribuée  à Léonard de Vinci)

« Votre liberté vaudra justement ce que vous vaudrez. » (Alexandre Vinet)

« Jésus et le Grand Inquisiteur des ‘Frères Karamazov’ de Dostoïevski ont tous deux consacré leur vie à la disparition de la souffrance, et n’en sont pas moins opposés  l’un à l’autre … Jésus, accuse le Grand Inquisiteur, veut une soumission spontanée, créant ainsi un paradoxe dont la résolution dépasse les capacités humaines. Comment le faible peut-il être libre ? Pour le cardinal, l’unique solution consiste à soulager les hommes du terrible fardeau de la liberté. » (Paul Watzlawick) – Ce magistral récit de Dostoïevski dit tout sur la liberté.

« La Liberté : au sens concret du mot, elle consiste dans une possibilité de choix … partout où il y a vie commune, il est inévitable que des règles, imposées par l’utilité commune, limitent le choix. Règles assez raisonnables et assez simples pour que quiconque puisse comprendre, d’une part l’utilité à laquelle elles correspondent, d’autre part les nécessités de fait qui les ont imposées … Emanant d’une autorité … ni étrangère ni ennemie … Règles assez stables, assez peu nombreuses, assez générales pour que la pensée puisse se les assimiler une fois pour toutes. » (Simone Weil – L’enracinement)

« L’homme vraiment libre est celui qui refuse une invitation à dîner sans donner d’excuse. » (Oscar Wilde)

« Obligation à l’esprit de choisir :

« Entre perfectionner l’existence ou l’œuvre. » (W. B. Yeats) – Dilemme existentiel fondamental : mon bien-être ou quelque œuvre à réaliser.

« On n’est pas libre tant qu’on veut, qu’on croit et qu’on désire ; peut-être tant qu’on vit. » (Marguerite Yourcenar)

« Le seul moyen de délivrer les homme sdu mal, c’est de les délivrer de la liberté. » (Zamiatine)

 « La liberté est une divinité de l’idéologie occidentiste considérée comme la valeur suprême de la vie humaine. En Occident, il est bien vu de douter de tout sauf de la valeur absolue de la liberté. » (Alexandre Zinoviev)

« La liberté se manifeste par une capacité à initier quelque chose d’inédit, et à ne pas être en mesure de contrôler ou même prédire ses conséquences. Un acte libre implique par conséquent cet abysse du néant s’ouvrant devant tout acte qui ne peut être expliqué par une chaîne de causalité sérieuse. » (Slavoj Zizek – reprenant Hannah Arendt)

« La liberté ‘formelle’ est une liberté de choix dans les limites des coordonnées propres aux relations de pouvoir existantes … nous pouvons continuer à faire nos petits choix … à la condition que ces choix ne perturbent pas sérieusement l’équilibre social et idéologique … tandis que la liberté ‘réelle’ désigne le site d’une intervention qui fragilise ces coordonnées mêmes (soit qui ne tient pas forcément compte des limites et contraintes du système dans lequel nous sommes insérés) … C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, la démocratie constitue de plus en plus une solution factice, une notion si discréditée par l’usage dominant qui en est fait…» (Slavoj Zizek – qui semble évoquer la restriction du domaine de la liberté réelle qu’opèrent progressivement mais fermement les démocraties)

« Valeur toute négative, au sens où elle n’a jamais rien construit. » (?)

« Il n’y a pas d’éducation de la liberté sans éducation préalable de la volonté. » (?)

« Êtes-vous libre ? Oui, permettez-moi de le rester. » (?) – Réponse d’une dame.

« Il me semble que ceux qui parlent trop de liberté gardent une mentalité d’affranchis … enviant ceux qui sont libres de naissance. » (?) – En effet, on entendra rarement quelqu’un de classe parler de liberté. La revendication elle-même implique la dépendance, quelque servilité.   

« Si la liberté peut disparaître par défaut, elle peut aussi se perdre dans l’excès. » (?)

« On peut préférer la cage au désert. » (?)

« Tocqueville anticipe que l’un des principaux dangers pour les démocraties naissantes est de ne pouvoir protéger la liberté de tous contre l’individualisme de chacun. » (?) – Le danger n’existerait que pour les démocraties naissantes ?

Ci-dessous, extraits simplifiés et remaniés du livre de Jean-Léon Beauvois, Les illusions libérales, individualisme et pouvoir social.

 « Les gens déclarés libres par un agent de pouvoir et ayant accepté de faire à la requête de cet agent quelque chose qui s’avère contraire à ce qu’ils auraient spontanément fait (contraires à leurs valeurs, à leurs motivations, à leurs objectifs ou intérêts du moment) … ont tendance à produire des idées ou des attitudes qui … en viennent à justifier ce qu’ils ont fait (effet dit de ‘rationalisation’, qui est bien le produit d’une soumission rendue paradoxale par la liberté libérale) … C’est en effet par la position de soumis, position impliquant notre obéissance, que nous optons généralement lorsqu’on nous déclare ainsi libres. … Ce choix de position détermine la rationalisation, qui fera apparaître un illusoire choix d’acte comme rationnel.  »

 « Le pouvoir d’une personne A est ce qui permet à cette personne A d’obtenir d’autrui qu’il fasse quelque chose qui convient à un titre ou à un autre à A et qu’autrui n’aurait pas fait sans l’intervention de A et l’usage de son pouvoir … Vu sous l’angle de la relation chacun disposant de quelques cartouches pour obtenir quelque chose d’autrui  entre deux personne s…  le pouvoir est nettement plus distribué (la mine et l’attitude des étudiants influant sur le professeur, les demandes bénignes de la concierge…). » (inspiré de Robert Dahl)

 « La liberté des anciens est la liberté de participer au traitement décisionnel des affaires des groupes auxquels on appartient … La liberté des modernes est la garantie d’être tranquille chez soi, dans son cocon, pour y jouir tranquillement de leur ‘indépendance privée’,  pour y faire et penser ce que l’on veut, indépendamment de ce que l’on est et fait dans la vie sociale (distinction de Benjamin Constant) … L’attirance des valeurs individualistes, se départir des influences malsaines venues du social … Le pouvoir social est à l’œuvre  dans l’univers organisationnel … Coupure libérale entre le politique (dans lequel s’épanouiraient nos libertés) et le civil , l’existence sociale (dans laquelle nous sommes le plus souvent soumis) … Nos organisations (usines, hôpitaux, écoles, prisons, armée…) ne sont pas démocratiques … Les organisations placent les gens sous l’emprise de structures de pouvoir qui n’ont rien de démocratique … Les attitudes de ceux-ci ne sont que de très piteux prédicteurs de leurs comportements … Leur image n’est certainement pas celle d’individus libres donc consistants, se comportant dans la vie sociale dans le sens de leurs attitudes affichées … Seuls les votes sont assez bien prédits par les attitudes politique (précision  des sondages).. Pourquoi ? En raison de l’isoloir,  lieu quasiment magique, anti-situation du point de vue social, réalisant une sorte d’apesanteur sociale dont nous ne jouissons la plupart du temps que dans les fantaisies douces et paisibles qui permettent de s’endormir, où on rencontre l’individu de nos rêves, celui qui se comporte exactement comme il a prévu de le faire … Les pratiques consommatoires reflètent encore une relative consistance entre les attitudes et les comportements (justifiant ainsi la publicité) … Mais nous ne sommes pas que des électeurs ou des consommateurs … Dans d’autres situations où pèsent de multiples déterminations, où le social se réalise presque toujours à travers l’exercice du pouvoir social par les uns et la soumission à cet exercice par les autres   (enfants, élèves, étudiants, travailleurs, tout personnel, militaires, retraités en institution, malades, touristes, et même quelquefois épouses…), les attitudes (croyances, opinions, valeurs…) s’avèrent fort peu prédictives d’un comportement donné. »

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